source : https://www.dedefensa.org/article/lame-des-usa-392-guerres-en-243-ans
• RapSit-USA2022 . • Un travail de compilation, de documentation et d’analyse fait par deux chercheurs nous informe des activités guerrières des USA depuis leur fondation ,
selon des données et des références scientifiquement précisées qui
définissent ce qu’on entend par “guerre” (ou “intervention militaire”). •
Le résultat est impressionnant et sans aucun équivalent : 392 “interventions militaires” en 243 ans d’existence (données de 1776 à 2019) . • Notre époque 9/11 domine évidemment le lot . • Avec un article de Nick Turse, de ‘ Antiwar.com ’.
Voilà
un document intéressant parce qu’il détaille selon un recensement
nouveau des chiffres les plus officiels concernant les activités
guerrières des USA depuis leur fondation, avec nombre de détails sur les
diverses opérations. La conclusion est bien connue pour ceux qui font
l’effort de tenter de connaître les USA ; mais lorsqu’on parle des USA
“fauteur de guerre” et “utilisateurs de la force militaire”, on énonce
un jugement général et à l’emporte-pièce qui n’engage pas trop... Il
faut réaliser combien il est véridique et d’un poids formidable.
Avec
la documentation que détaille l’article que nous citons, à partir d’un
compte-rendu général sur leur propre travail de deux chercheurs (Sidita
Kushi et Monica Duffy Toft), dans la fameuse revue ‘Journal of Conflict Resolution ’ ,
dans le numéro du mois d’août disponible depuis une dizaine de jours,
on dispose d’éléments qui nous font quitter le domaine de
l’emporte-pièce. Le travail exposé fait partir d’un programme spécial,
le Military Intervention Project (MIP), qui est conduit par une institution de haut standing, le Center for Strategic Studies de la Fletcher School of Law and Diplomacy de
l'université Tufts. Les “conflits” sont compris dans le sens le plus
large du terme : les événements où la force militaire est impliquée pour
ce qu’elle est, qu’elle soit ou non utilisée, et désignés par les
chercheurs par l’expression “intervention militaire”. Ils sont recensés,
détaillés, explicités, etc., à partir d’une définition d’une
“intervention militaire” fortement affinée à l’aide de 200 variables
On donne ici quelques précisions parmi les plus remarquables :
• Depuis
la fondation des États-Unis en 1776, les USA ont été impliqués dans 392
“interventions militaires” , ce qui est sans le moindre doute le
chiffre de loin le plus haut enregistré par une puissance sur un laps de
temps (246 ans) relativement court par rapport aux durées historiques
des nations jouant un rôle politique important.
•
La géopolitique des interventions n’apporte guère de surprise, avec une
forte majorité effectuée dans les pays d’Amérique Latine,
l’“arrière-cour” ou la “basse-cour” des USA “protégée” par la doctrine
Monroe.
« Les
États-Unis ont mené 34% de leurs 392 interventions contre des pays
d'Amérique latine et des Caraïbes, 23% en Asie de l'Est et dans la
région du Pacifique, 14% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et
seulement 13% en Europe et en Asie centrale ... »
• Dans
l’ordre d’importance, les trois périodes les plus guerrières, selon une
périodicité chronologique définissant une “période” établie par les
chercheurs et répondant à une cohérence historique sont : 1) 1946-1989,
l’époque de la Guerre Froide ; 2) 1868-1917, l’époque du “capitalisme
sauvage” à l’intérieur et à la première vague d’expansionnisme
impérialiste à l’extérieur (Cuba, les Philippines, etc.) ; 3) notre
époque depuis 1990, symboliquement considéré comme la période-9/11 (11
septembre 2001).
• Les
chiffres examinés étant ceux qui sont disponibles jusqu’en 2019, notre
époque (toujours en développement) s’étend donc sur 29 ans contre 43 ans
(Guerre Froide) et 49 ans pour les deux époques précédentes. Il ne fait
aucun doute qu’en termes relatifs, notre époque depuis 1990 et 9/11 est
la plus guerrière, et dans tous les cas la plus directement
interventionniste, par exemple au contraire de la Guerre Froide où
certaines “interventions militaires” se constituèrent en “menace
d’emploi de la force militaire” sans passage à l’acte. Les
“interventions militaires” jusqu’aux plus extrêmes (“guerres”) de la
période-9/11 commencé en 1990 comportent un quart de toutes les
“interventions militaires” des USA depuis 1776 : un quart des près de
400 “interventions militaires” pour un huitième de la durée de
l’existence des USA.
« Contrairement
aux époques antérieures où l’on recourait à des démonstrations et à des
menaces de recours à la force sans y recourir, ces dernières années ont
été marquées par l’utilisation systématique de toutes les formes de
violence militaire. Les deux auteurs constatent que les États-Unis se
sont [durant cette période] “engagés dans 30 interventions de niveau 4 (usage de la force) ou 5 (guerre)” . »
• Le
constat définitif pour cette période-9/11 reste de savoir jusqu’où l’on
fera durer la période pour en donner tout le poids interventionniste et
guerrier ; une suggestion autant qu’une remarque d’évidence pourrait
être, par exemple, de la faire durer jusqu’à l’effondrement des
États-Unis d’une part, en arguant d’autre part qu’elle durera
d’elle-même jusqu’à cet événement du fait de son extrême proximité :
“PolitiqueSystème” et « the burlesque of an Empire » Il apparaît ainsi clairement que le développement de ce que nous nommons la “politiqueSystème ”
a atteint sa période de surpuissance qui la définit complètement durant
notre époque, et par conséquent la “politiqueSystème” définit
absolument les USA dans la modernité-tardive et durant son processus de
dégénérescence et d’effondrement. Cela, au moins, correspond au destin
habituel des empires qui ne sont jamais aussi agressifs et guerriers que
dans la période de déclin, avec un emploi de forces de plus en plus
composites, de plus en plus douteuses (emploi de “forces spéciales”, de
mercenaires dont des contractants civils, de bandes du crime organisé,
de divers “proxies ”,
etc.). Les USA parviennent même à des pratiques qui font de moyens
non-militaires des catégories qui devraient correspondre à des
“interventions militaires” (la politique des sanctions) et des
directives secrètes (“127e”, “Section 1202” selon nos auteurs)
permettant des interventions secrètes.
Le
plus remarquable avec les USA dans cette période considérée est la
constance presque absolue des échecs et des défaites dissimulées dans
une folle activité de la communication et du simulacre, en même temps
que l’absence complète d’une stratégie cohérente jusqu’à des situations
de perversion et d’inversion. En même temps, l’irrespect complet,
arrogant et complètement irresponsable des règles du droit international
établies à l’origine par ces mêmes USA, est la marque de ces années où
l’activisme confine à la folie. C’en est au point où la diplomatie est
devenue une “diplomatie cinétique” dont l’un des deux auteurs (Monica
Duffy Toft), qui propose cette expression, écrivait en 2018 :
« Cette
progression est importante car elle souligne une tendance qui
s'intensifie : la réduction du leadership américain dans la politique
mondiale à ce que j’appelle la ‘diplomatie cinétique’ : la diplomatie
par les forces armées. Deux statistiques le montrent clairement. En mai
2018, l'administration Trump a nommé 75 ambassadeurs sur 188, tandis
qu'elle a déployé des forces d'opérations spéciales dans 149 pays (une
augmentation par rapport à 138 sous l'administration Obama en 2016). Dit
autrement, alors que les ambassadeurs américains opèrent dans un tiers
des pays du monde, les opérateurs spéciaux américains sont actifs dans
trois quarts d'entre eux. Et s'il est vrai que les États-Unis
maintiennent des ambassades dans des pays sans ambassadeur, et que tous
les opérateurs spéciaux déployés ne sont pas en mission de combat, le
symbolisme compte : “La tuerie oui, la diplomatie non” . »
Cette
“diplomarie cinétique” vient de loin, certainement d'Henry Kissinger
dans sa position de conseiller pour la sécurité nationale puis de
secrétaire d'Etat (1969-1976) ; il avait l'habitude, lorsqu'une crise se
déclenchait, de poser aussitôt la question: « Where are the carriers ? »
(le porte-avions constituant le meilleur moyen de pression militaire,
il s'agissait d'en rameuter au moinds un à bonne portée de la
crise). Dans ce cas de notre époque de “diplomatie cinétique” décidément
complètement assumée, la méthode de la “politiqueSystème“ rejoint dans
un mouvement complètement irrationnel la prévision faite par William
Pfaff en 1992, que nous citions encore récemment :
« ...Et aussitôt nous vient à l’esprit l’article visionnaire de notre vieux compagnon William
Pfaff. Il l’écrivit le 12 mars 1992, en commentaire du fameux
plan-Wolfowitz de “domination mondiale” des États-Unis par la force,
sous le titre de “To Finish in a Burlesque of an Empire ?” :
» “Il
s'agit d'un plan de leadership mondial américain par l'intimidation.
C'est un programme politiquement et moralement informe et stérile, dont
l’issue logique serait de faire des États-Unis eux-mêmes cette “menace
mondiale résurgente/émergente” que le Pentagone prétend combattre
justement grâce à ce plan. Est-ce là ce que veulent les Américains ?
Finir dans la caricature burlesque d’un Empire ?” »
Il
restera à observer une fois encore que cette étude doit être considérée
par rapport à ce qui est constamment dit des États-Unis, grâce à un
réseau de communication dans tous les domaines d’une puissance inouïe,
un art contraignant de la répétition, une persuasion au consentement à
l’opinion présentée et perçue comme “dominante”, une exaltation
quasi-religieuse du conformisme, – qui pourrait être le surnom donné
aussi bien à l’“atlantisme” qu’au “proaméricanisme”... La “torche de la
liberté”, la “Maison sur la Colline”, la nation “exceptionnelle”, tous
ces lieux communs ont été dotés par une exceptionnelle capacité
communicationnelle d’un simulacre grossier mais très puissant de
sacralité qui semble les protéger de toute agression que serait
l’expression d’un esprit critique à son égard (on ne dit même pas “à son
encontre”, l’esprit critique ne pouvant s’exprimer dans ce cas, que
dans un seul sens possible qui est celui de l’évidence).
Les
États-Unis ont ainsi établi à l’origine une sorte de modèle
archétypique du simulacre auquel le temps de la modernité a suggéré
pendant plus de deux siècles à l’essentiel des populations étrangères et
surtout de leurs élites de le prendre pour vrai sans une hésitation, et
même avec un enthousiasme qui semblait défier l’usure du temps.
(L’emploi de l’imparfait est au moins une incantation d’espérance.) Sur
le tard et dans le chaos inverti de la dégénérescence apparaît l’une de
leurs plus puissantes productions qui est l’institution de la “guerre”
comme un état naturel des relations internationales, et non plus comme
un accident, encore moins comme « la poursuite de la politique par un autre moyen ». Ce faisant, ils confirment qu’ils ont bien été les messagers préférés, et le bras armé de ce que nous identifions comme “le déchaînement de la Matière ”. C’est cette situation notamment, mais principalement sinon essentiellement, qui est devenu avec Ukrisis l’enjeu principal de la GrandeCrise .
« L’emploi de la force militaire dans l’histoire des USA Le texte sur le palmarès guerrier des États-Unis est de Nick Turse , – très utile, bonne référence et excellent auteur. Il est publié sur ‘Antiwar.com ’ le 10 août 2022 .
« Les
États-Unis ont mené près de 400 interventions militaires [392
exactement] depuis 1776, selon des recherches menées par les
universitaires Sidita Kushi et Monica Duffy Toft.
» La
moitié de ces conflits et autres utilisations de la force, – y compris
les démonstrations et les menaces de force ainsi que les opérations
secrètes et autres, –- ont eu lieu entre 1950 et 2019, la dernière année
couverte par un nouvel ensemble de données. Ce constat est présenté par
Kushi et Toft dans un article du Journal of Conflict Resolution publié [la semaine dernière]. Plus d'un quart d'entre elles ont eu lieu depuis la fin de la guerre froide.
» Les
États-Unis ont mené 34% de leurs 392 interventions contre des pays
d'Amérique latine et des Caraïbes, 23% en Asie de l'Est et dans la
région du Pacifique, 14% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et
seulement 13% en Europe et en Asie centrale, selon une version récemment
affinée de l'ensemble de données du Military Intervention Project (MIP), une initiative du Center for Strategic Studies de la Fletcher School of Law and Diplomacy de l'université Tufts.
» En
plus de fournir le compte le plus précis jamais réalisé des
interventions militaires américaines, – doublant [par rapport aux
évaluations acceptées jusqu’ici] le nombre de cas trouvés dans les
données existantes, tout en utilisant des sources et des méthodes
d’évaluation rigoureuses, – le MIP décompte 200 variables qui permettent
des analyses complexes des descriptions et des effets des guerres et
autres utilisations de la force.
» Fait
crucial, Kushi et Toft, le directeur du Centre d'études stratégiques de
la Fletcher School, ont constaté que les interventions américaines ont “augmenté et se sont intensifiées ”
au cours des dernières années. Si l'époque de la guerre froide
(1946-1989) et la période entre 1868 et 1917 ont été les plus
“militairement actives” pour les États-Unis, l'ère 1990 et post-11
septembre a déjà pris la troisième place dans toute l'histoire des
Etats-Unis.
» Contrairement
aux époques antérieures où l’on recourait à des démonstrations et à des
menaces de recours à la force sans y recourir, ces dernières années ont
été marquées par l’utilisation systématique de toutes les formes de
violence militaire. Les deux auteurs constatent que les États-Unis se
sont en fait “engagés dans 30 interventions de niveau 4 (usage de la
force) ou 5 (guerre)”.
» Jusqu'à
la fin de la guerre froide, notent Kushi et Toft, l'hostilité militaire
des États-Unis était généralement proportionnelle à celle de leurs
rivaux. Depuis, “les
États-Unis ont pratiqué l’intensification de leurs opérations hostiles à
mesure que leurs rivaux pratiquaient la désescalade, marquant ainsi
l’installation d’une politique étrangère cinétique des Etats-Unis ”. Ce modèle récent de relations internationales menées en grande partie par la force armée, que Toft a appelé “diplomatie cinétique ”,
a de plus en plus ciblé le Moyen-Orient et l'Afrique. Ces régions ont
été le théâtre de guerres américaines à grande échelle, comme en
Afghanistan et en Irak, et de combats discrets dans des pays comme le
Burkina Faso, le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad et la
Tunisie.
» Les
données du MIP intègrent des opérations secrètes confirmées et des
interventions discrètes des forces d'opérations spéciales, mais la
combinaison du secret du gouvernement américain et des normes
d'approvisionnement scrupuleuses de la base de données garantit que les
chiffres de l'après-11 septembre sont sous-estimés, selon Kushi,
professeur adjoint de sciences politiques à l'université d'État de
Bridgewater et chercheur non résident au Centre d'études stratégiques de
Tufts.
» Récemment, par exemple, Alice Speri et moi-même avons révélé l'existence de programmes dissimulés de
guerre par procuration menés en Afrique, au Moyen-Orient et dans la
région indo-pacifique. Alors que les experts affirment que le Pentagone a
probablement utilisé la directive secrète “127e” pour mener des combats
au-delà de toute autorisation de recours à la force militaire ou de
légitime défense, en violation de la Constitution, ces opérations
hautement confidentielles peuvent échapper à la saisie dans l'ensemble
de données MIP. Si les programmes “127e” en Somalie et au Yémen, par
exemple, se recoupent avec des interventions militaires américaines
connues, d'autres utilisations de cette directive, comme en Égypte et au
Liban, peuvent ne pas l'être. Il en va de même pour des pouvoirs moins
connus comme la Section 1202 , qui fournit un soutien aux forces irrégulières étrangères visant des forces jugées antagonistes des USA.
» Au
fur et à mesure que le PIM est développé et affiné, Kushi et Toft
espèrent déterminer une compréhension plus nuancée des conditions qui
poussent les États-Unis à lancer des interventions militaires et des
effets sur les États-Unis et les nations qu'ils ciblent, y compris le
bilan économique et humain et les effets involontaires.
» Ils demandent « quels
ont été les coûts à long terme et les conséquences involontaires de
l'intervention en Afghanistan et comment cette intervention a influencé
les engagements des États-Unis en Irak, en Libye, en Syrie et au Yémen ? ». Les réponses, espèrent-ils, permettront d'améliorer les données et, en définitive, la politique étrangère des États-Unis.
Mis en ligne le 15 août 2022 à 14H55
Les
États-Unis ont mené près de 400 interventions militaires depuis 1776,
selon les recherches innovantes des universitaires Sidita Kushi et
Monica Duffy Toft.
La
moitié de ces conflits et autres recours à la force – y compris les
démonstrations et les menaces de force ainsi que les opérations secrètes
et autres – se sont produits entre 1950 et 2019, la dernière année
couverte par un nouvel ensemble de données, présenté par Kushi et Toft
dans un Journal of Conflict Resolution article publié en début de semaine. Plus d'un quart d'entre eux ont eu lieu depuis la fin de la guerre froide.
Les États-Unis ont mené 34 % de leurs 392 interventions contre des pays d'Amérique latine et des Caraïbes ; 23 % en Asie de l'Est et dans la région du Pacifique ; 14 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ; et seulement 13% en Europe et en Asie centrale, selon une version récemment affinée de l' ensemble de données du Military Intervention Project (MIP) - une entreprise du Centre d'études stratégiques de la Fletcher School of Law and Diplomacy de l'Université Tufts.
En
plus de fournir le décompte le plus précis jamais réalisé des
interventions militaires américaines - doublant le nombre de cas trouvés
dans les données existantes, tout en utilisant des méthodes
d'approvisionnement rigoureuses - le MIP propose 200 variables qui
permettent des analyses complexes des moteurs et des résultats des
guerres et d'autres utilisations de force.
Fondamentalement,
Kushi et Toft, le directeur du Centre d'études stratégiques de la
Fletcher School, ont constaté que les interventions américaines ont «
augmenté et intensifié » ces dernières années. Alors
que l'ère de la guerre froide (1946-1989) et la période entre 1868-1917
ont été les plus « actives sur le plan militariste » pour les
États-Unis, l'ère post-11 septembre a déjà occupé la troisième place
dans toute l'histoire des États-Unis.
Contrairement
aux époques antérieures où les démonstrations et les menaces de force
étaient employées, de telles postures sans violence militaire ont été
absentes ces dernières années. Les
États-Unis, ont-ils découvert, se sont en fait "engagés dans 30
interventions de niveau 4 (usage de la force) ou 5 (guerre)".
Jusqu'à
la fin de la guerre froide, notent Kushi et Toft, l'hostilité militaire
américaine était généralement proportionnelle à celle de ses rivaux. Depuis
lors, "les États-Unis ont commencé à intensifier leurs hostilités au
fur et à mesure que leurs rivaux les désamorçaient, marquant le début
d'une politique étrangère américaine plus cinétique". Ce modèle récent de relations internationales menées en grande partie par la force armée, ce que Toft a appelé la « diplomatie cinétique », a de plus en plus ciblé le Moyen-Orient et l'Afrique. Ces
régions ont connu à la fois des guerres américaines à grande échelle,
comme en Afghanistan et en Irak, et des combats discrets dans des pays
comme le Burkina Faso , le Cameroun , la République centrafricaine, le Tchad et la Tunisie .
Les
données du MIP intègrent des opérations secrètes confirmées et des
interventions discrètes des forces d'opérations spéciales, mais une
combinaison du secret du gouvernement américain et des normes
d'approvisionnement scrupuleuses de l'ensemble de données garantit que
le décompte après le 11 septembre est un sous-dénombrement, selon Kushi,
professeur adjoint de Sciences politiques à la Bridgewater State
University et chercheur non résidentiel au Tufts' Center for Strategic
Studies.
Récemment, par exemple, Alice Speri et moi avons révélé l'existence de programmes discrets de guerre par procuration menés à travers l'Afrique, le Moyen-Orient et la région Indo-Pacifique. Alors
que les experts disent que le Pentagone a probablement utilisé
l'autorité secrète du 127e pour mener des combats au-delà de toute
autorisation d'utilisation de la force militaire ou d'autodéfense
autorisée, en violation de la Constitution, de telles opérations
hautement classifiées peuvent échapper à la capture dans le MIP base de
données. Alors
que les programmes du 127e en Somalie et au Yémen, par exemple,
chevauchent des interventions militaires américaines connues, d'autres
utilisations de l'autorité, comme en Égypte et au Liban, peuvent ne pas
l'être. Il en va de même pour des autorités encore moins connues comme la section 1202 , qui fournit un soutien aux forces irrégulières étrangères visant des concurrents proches.
Au
fur et à mesure que le MIP est développé et affiné, Kushi et Toft
espèrent qu'il permettra une compréhension plus nuancée des conditions
qui poussent les États-Unis à lancer des interventions militaires et les
effets sur les États-Unis et les nations qu'ils ciblent, y compris les
conditions économiques et le bilan humain et les résultats
involontaires.
Quels
ont été, demandent-ils, « les coûts à plus long terme et les
conséquences imprévues de l'intervention en Afghanistan et comment cette
intervention a-t-elle influencé les engagements américains en Irak, en
Libye, en Syrie et au Yémen ? Les
réponses, espèrent-ils, conduiront à de meilleures données et, en fin
de compte, à une meilleure politique étrangère américaine.
Présentation
du projet d'intervention militaire : un nouvel ensemble de données sur
les interventions militaires américaines, 1776-2019 Sidita Kushi, Monica Duffy ToftPremière publication le 8 août 2022 Article de recherche https://doi.org/10.1177/00220027221117546 source: https://journals.sagepub.com/eprint/NSBIKPXYGT4U3VRBTPMM/full
Résumé Bien
que les universitaires aient fait de nombreuses déclarations sur les
interventions militaires américaines, ils ne sont pas parvenus à un
consensus sur les principales tendances et conséquences. Cet
article présente un nouvel ensemble de données complet de toutes les
interventions militaires américaines depuis la fondation du pays, ainsi
que plus de 200 variables qui permettent aux chercheurs d'évaluer les
propositions théoriques sur les moteurs et les résultats de
l'intervention. Il
compare le nouvel ensemble de données du Military Intervention Project
(MIP) à l'actuel principal ensemble de données, les Militarized
Interstate Disputes (MID). En
somme, MIP double l'univers des cas, intègre une gamme de définitions
et de sources d'intervention militaire, élargit la chronologie de
l'analyse et offre une plus grande transparence de l'approvisionnement
grâce à des récits de cas historiquement documentés de chaque Intervention militaire américaine incluse dans l'ensemble de données. Selon
le MIP, les États-Unis ont entrepris près de 400 interventions
militaires depuis 1776, dont la moitié entre 1950 et 2019. Plus de 25 %
d'entre elles ont eu lieu dans la période de l'après-guerre froide.
Les
interventions militaires étrangères sont désormais des activités
courantes dans les relations internationales, en particulier en réponse à
des conflits intra-étatiques ( Pickering et Mitchell 2017 ). Les États-Unis (É.-U.) ont facilement appliqué cette tendance cinétique. Selon
nos recherches, les États-Unis ont entrepris près de 400 interventions
militaires depuis la fondation du pays en 1776. De plus, ces
interventions n'ont fait qu'augmenter et s'intensifier ces dernières
années, les États-Unis étant intervenus militairement plus de 200 fois
après la Seconde Guerre mondiale et plus de 25 % de toutes les
interventions militaires américaines survenues pendant l'après-guerre
froide. 1
Certains
chercheurs ont expliqué ces tendances interventionnistes croissantes
comme faisant partie de la nouvelle norme de « souveraineté
contingente », qui remet explicitement en cause le principe traditionnel
de non-intervention dans les affaires intérieures des autres États ( Ramos 2013 , 143). En
ce qui concerne les États-Unis en particulier, une perspective est que
le pays évolue au-delà de sa doctrine d'endiguement de la guerre froide
vers une action sur les normes liées à l'intervention humanitaire ( Finnemore 2003 ; Haass 1994 , 14). En
effet, les interventions militaires en Bosnie, au Kosovo, en Libye et
en Somalie avaient toutes des justifications humanitaires, mais ces
interventions ont généralement échoué à atteindre leurs objectifs
humanitaires et de démocratisation ( Pickering et Kisangani 2006 ; Walker et Pearson 2007 ; Gleditsch, Christiansen et Hegre 2007 ). D'autres
chercheurs soutiennent que les interventions militaires américaines
nuisent aux citoyens étrangers et diminuent les objectifs de sécurité
américains, affaiblissant les explications à la fois humanitaires et
fondées sur les intérêts des interventions ( Peksen 2012 ; Aslam 2010 ; Dimant, Krieger et Meierrieks 2017 ). Au
lieu de répandre la démocratie, ces interventions tendent à transformer
les États cibles en démocraties illibérales — au mieux ( Walker et Pearson 2007 ; Gleditsch et al. 2007 ).
Pourtant,
les récits d'interventions militaires américaines pour promouvoir des
intérêts géopolitiques ne peuvent pas non plus expliquer la dynamique de
l'après-guerre froide. Si
les États-Unis interviennent principalement lorsque leurs intérêts en
matière de sécurité sont menacés, nous nous attendons à ce qu'ils
interviennent moins dans une ère dépourvue de concurrents pairs où moins
d'intérêts vitaux sont sans doute en jeu ( Taliaferro 2000 ; Waltz 1979 ; Art et Jervis 1973 ).
La
littérature sur la restriction soutient en outre que la politique
étrangère et de sécurité des États-Unis depuis la guerre froide a été un
échec hyper-militarisé, souvent en opposition aux intérêts
géopolitiques vitaux des États-Unis ( Posen 2014 ; Gholz, Press et Sapolsky 2017 ; Mearsheimer et Walt 2016 ; Layne 2017 ). En
outre, certains chercheurs soutiennent que les États-Unis utilisent la
force à l'étranger sans principe d'organisation clair, et que leurs
missions militaires ont donc eu des conséquences désastreuses à long
terme et imprévues ( Arreguín-Toft 2001 ; Aslam 2010 ). Toft (2018) a qualifié les modèles actuels d'engagement militaire américain de diplomatie cinétique, diplomatie uniquement par la force armée. En
effet, ces dernières années, « alors que les ambassadeurs américains
opèrent dans un tiers des pays du monde, les opérateurs spéciaux
américains sont actifs dans les trois quarts ». Cela
soulève d'importantes questions empiriques qui nécessitent des données
complètes sur l'interventionnisme militaire américain à travers
l'histoire : les États-Unis contemporains se sont-ils de plus en plus appuyés sur la force comme « instrument » de politique étrangère ? À quoi ressemblent les modèles d'interventions militaires américaines dans le temps et dans l'espace ? Ces schémas favorisent-ils les intérêts nationaux américains ?
L'examen de ce recours à la force motive le projet d'intervention militaire (MIP). MIP est un ensemble de données complet de toutes les interventions militaires américaines depuis la fondation du pays. Le
MIP mesure les facteurs potentiels d'intervention et les coûts
nationaux et internationaux des engagements militaires américains,
combinant plus de 200 variables qui permettent aux chercheurs d'évaluer
les principales propositions théoriques. Comparé
aux ensembles de données existants les plus solides sur les
interventions militaires américaines, le MIP double l'univers des cas,
intègre une gamme de définitions et de sources d'intervention militaire,
élargit la chronologie de l'analyse et offre plus de transparence grâce
à des récits de cas historiques de chaque Intervention militaire américaine incluse dans l'ensemble de données. Le
MIP repose sur une analyse méticuleuse des études de cas de chaque
intervention afin de vérifier les détails d'au moins trois sources
scientifiques. Ces
études de cas comprennent un résumé de l'intervention, une discussion
des objectifs et des résultats, et une section sur les données
existantes ou les divergences de définition.
Ce mémoire se déroule en quatre parties. Nous introduisons d'abord les principes fondamentaux de l'ensemble de données MIP. Ensuite,
nous comparons la liste des interventions militaires américaines à
l'étranger du MIP aux ensembles de données d'interventions militaires
existants, en nous concentrant particulièrement sur une analyse
comparative entre le MIP et l'ensemble de données Militarized Interstate
Disputes (MID), actuellement l'ensemble de données le plus complet sur
le sujet. Cet
exercice comparatif présente également l'univers des cas MIP et une
gamme de modèles importants d'intervention militaire américaine au fil
du temps. Notre
troisième section applique des statistiques descriptives, des
graphiques et des tests de moyens pour illustrer comment les chercheurs
peuvent utiliser le MIP pour évaluer les arguments théoriques clés
expliquant pourquoi les interventions se produisent, révélant comment
les arguments théoriques existants sont insuffisants. La
dernière section fournit les principales conclusions et les prochaines
étapes pour l'application de l'ensemble de données MIP.
Ensemble de données du projet d'intervention militaire Le
MIP mesure tous les cas d'intervention militaire américaine de 1776 à
2019, ainsi que les principaux moteurs et conséquences de ces
interventions. Le MIP améliore considérablement les ensembles de données d'intervention militaire existants en mesurant chaque cas
confirmé d'utilisation de la force par les États-Unis, y compris les
démonstrations et les menaces de force et les opérations secrètes
sous-explorées, en analysant des études de cas individuelles de chaque
intervention militaire. 2 De
plus, il associe ces cas à des variables liées aux conséquences et aux
causes de l'intervention, allant des coûts économiques et politiques aux
coûts humains. S'appuyant
sur une large perspective historique des interventions militaires
américaines, le projet aborde également les tendances à long terme, les
changements dramatiques et les coûts et avantages durables pour la
politique nationale et internationale. En
conséquence, MIP peut tester de manière plus complète le pouvoir
explicatif des théories d'intervention des relations internationales
ainsi que l'attractivité des grandes stratégies américaines
concurrentes, informant ainsi les débats politiques critiques concernant
les intérêts américains. 3
MIP apporte au moins six innovations aux ressources existantes :
1. Étend la chronologie des données de 1776 à 2019 ;
2. Utilise une gamme de définitions pour l'intervention militaire, y compris l'utilisation et la menace de la force ;
3. Compare les définitions et les cas dans différentes bases de données ;
4. Mesure les coûts d'intervention à court et à long terme pour les États-Unis et les États cibles ; et
5. Inclut les opérations secrètes et des forces spéciales ;
6.
Complète les données quantitatives avec de nombreuses études de cas
historiques de chaque intervention, fournissant plus de 500 nouveaux
récits de cas qui confirment l'intervention à travers trois sources et
offrent des détails sur les objectifs et les résultats de l'intervention
Définitions de l'intervention militaire Un aspect difficile de la mesure des interventions militaires est de savoir comment définir une intervention. Les
ensembles de données existants sur les interventions militaires offrent
leurs propres définitions, allant des types d'interventions aux degrés
d'intervention. Pour
résoudre ces problèmes de définition, le MIP a intégré et examiné des
cas d'interventions militaires américaines à partir de ces ensembles de
données et de nombreuses autres sources, en codant la définition
d'intervention correspondante de chaque cas, conformément à la liste
ci-dessous (les définitions ne sont pas mutuellement exclusives).
L'unité
d'analyse du projet d'intervention militaire est une intervention
militaire américaine dans un pays cible, y compris les dates de début et
de fin. Conformément
à la définition du MID, la définition la plus large et la plus générale
de l'intervention américaine du MIP englobe des cas unis de conflit
international ou de conflit potentiel en dehors des activités normales
en temps de paix dans lesquels la menace, l'affichage ou l'utilisation
délibérée de la force militaire par les canaux officiels du gouvernement
américain est explicitement dirigée vers le gouvernement, les
représentants officiels, les forces officielles, la propriété ou le
territoire d'un autre acteur étatique ( Palmer, D'Orazio, Kenwick et Lane 2015 ; Gibler 2018 ). Cette
définition inclut les interventions militaires américaines dans les
guerres civiles, si les États-Unis ont utilisé la force sur le
territoire d'un autre acteur étatique. Le
MIP comprend également une variable distincte qui tient compte des
interventions américaines contre des acteurs non étatiques à l'intérieur
des frontières d'un État cible, telles que les interventions
américaines contre des groupes terroristes. La
mise à l'échelle des niveaux d'hostilité permet aux chercheurs
d'agréger et de désagréger différents types d'interventions et même de
suivre la progression d'une menace américaine à toute augmentation des
niveaux d'hostilité par la suite.
La
définition d'« intervention militaire américaine » peut appartenir à
l'une des catégories suivantes, qui correspondent chacune à au moins un
ensemble de données existant :
1.
"Le mouvement de troupes ou de forces régulières (aéroportées,
maritimes, bombardées, etc.) d'un pays à l'intérieur d'un autre, dans le
contexte d'un problème ou d'un différend politique." Pour
séparer les interventions de plus haute intensité des escarmouches
mineures, cette définition exclut les paramilitaires, les milices
soutenues par le gouvernement et les autres forces de sécurité qui ne
font pas partie de l'armée régulière en uniforme d'un État. De même, « les événements doivent être intentionnels et non accidentels ». Les
franchissements de frontières par inadvertance ne sont pas inclus dans
cette définition, pas plus que les affrontements involontaires entre
avions ou navires de guerre. La
définition exclut les soldats participant à des exercices dans un pays
étranger, transportant des forces à travers les frontières ou sur des
bases étrangères. Par ailleurs, Pearson et Baumann 1993 ). – ensemble de données d'intervention militaire internationale (IMI);
2.
"Les cas dans lesquels les États-Unis ont utilisé leurs forces armées à
l'étranger dans des situations de conflit militaire ou de conflit
potentiel ou à des fins autres que normales en temps de paix… Les
opérations secrètes, les secours en cas de catastrophe et les exercices
de stationnement et d'entraînement de routine de l'alliance ne sont pas
inclus ici, ni sont les guerres civiles et révolutionnaires et
l'utilisation continue d'unités militaires américaines dans
l'exploration, la colonisation et la pacification de la partie
occidentale des États-Unis » ( Salazar Torreon 2017 ). - Service de recherche du Congrès (CRS);
3.
"Une utilisation politique de la force militaire impliquant des troupes
terrestres de l'armée américaine ou du Corps des Marines dans une
tentative active d'influencer le comportement d'autres nations" ( Blechman et Kaplan 1978 );
4.
"Tout déploiement de troupes terrestres américaines sur le territoire
d'un autre pays qui comprenait au moins 100 années-personnes" ( Kavanagh, Frederick, Povlock, Pettyjohn, O'Mahony, Watts, Chandler, Meyers et Han 2017 ). - jeu de données RAND RUGID ;
5.
« Une utilisation de la force armée qui implique le déploiement
officiel d'au moins 500 militaires réguliers (terrestres, aériens ou
navals) pour atteindre des objectifs politiques à court terme par une
action contre un adversaire étranger. Les
mouvements et opérations militaires de routine sans cible définie,
comme les exercices d'entraînement militaire, le déploiement de routine
vers l'avant de troupes militaires, les opérations d'évacuation de
non-combattants et les secours en cas de catastrophe, devraient être
exclus » ( Sullivan et Koch 2009 ). – Interventions militaires d'États puissants (MIPS) ; et
6.
"Les différends interétatiques militarisés sont des cas historiques de
conflit dans lesquels la menace, l'utilisation ou l'utilisation de la
force militaire en dehors de la guerre par un État membre est
explicitement dirigée contre le gouvernement, les représentants
officiels, les forces officielles, la propriété ou le territoire d'un
autre État » ( Palmer et al. 2015 ; Gibler 2018 ). – Ensemble de données sur les corrélats de la guerre (COW) Militarized Intrastate Disputes (MID).
Perspective comparative sur le projet d'intervention militaire Les
ensembles de données existants sur les interventions militaires
américaines offrent de nombreux avantages et constituent des ressources
précieuses pour recouper les cas et coder les variables. Nous
comparons les ensembles de données existants à MIP dans le seul but
d'illustrer les contributions et l'approche de MIP, sans négliger
l'importance de ces ressources. Alors
que plusieurs ensembles de données offrent des informations sur les
engagements militaires étrangers américains, les principaux acteurs et
les types de forces employées (aériennes, navales ou terrestres), par
rapport au MIP, chacun présente des limites ou des portées et des
objectifs différents. Les
plus grands défis résident dans (1) les délais des ensembles de
données, (2) les définitions variables de l'intervention militaire, (3)
le manque de détails et de documentation des cas, et (4) la manière dont
les différentes mesures ont été codées. Fondamentalement,
aucun des ensembles de données alternatifs ne contient de variables
complètes sur les résultats, les conséquences,
Ci-dessous,
nous soulignons les sources les plus pertinentes de données existantes
sur les interventions militaires américaines. Nous
expliquons comment ces ensembles de données existants se comparent au
MIP avant d'entreprendre une comparaison empirique entre le MIP et le
premier ensemble de données actuel sur les interventions militaires, le
MID.
Ensembles de données existants sur l'intervention militaire américaine Actuellement,
l'ensemble de données le plus complet sur les interventions militaires
américaines est le Correlates of War (COW) Militarized Interstate
Disputes (MID), que nous avons examiné en détail dans le cadre de la
compilation de l'univers de cas du MIP. MID couvre la période de 1816 à 2010 ( Palmer et al. 2015 ). Alors
que certaines versions de l'ensemble de données incluent des étiquettes
d'acteurs étatiques, aucune n'inclut les détails de chaque conflit
répertorié (du moins pas avant 1993). Le codage de l'intervention se limite à une entrée numérique. Heureusement,
COW a récemment lancé une version dyadique mise à jour des ensembles de
données MID, nous permettant d'obtenir des informations sur les
interventions répertoriées via les paires dyadiques ( Maoz, Johnson, Kaplan, Ogunkoya et Shreve 2018 ). Le livre de Gibler (2018) , Conflits internationaux, propose
des descriptions en phrases longues de chaque intervention dans
l'ensemble de données, mais sans sources ni documentation.
Le MID est une puissante source d'informations sur les interventions militaires américaines. Néanmoins, il a des limites, dont beaucoup ont été discutées en détail par Fordham et Sarver (2001) et ne seront pas répétées ici. Nous avons revu Fordham et Sarver (2001) ,
mais comme leur étude n'est mise à jour que jusqu'en 1995 et ne mesure
pas les différends militaires de la même manière agrégée, nous nous
sommes toujours appuyés sur le MID proprement dit pour remplir notre
liste initiale de cas. Certaines
limites techniques du MID sont qu'il n'a pas de seuil pour la durée de
la mission, ce qui biaise l'échantillon d'interventions. Le MID manque également de variables sur la taille de l'intervention. Plus
important encore, cependant, MID n'offre pas de descriptions détaillées
ni de sources pour son univers de cas d'interventions. En
examinant le MID, nous avons remarqué que plus de 82 cas
d'interventions militaires américaines codées étaient des cas de
non-intervention américaine, car nous n'avons pas pu trouver de
confirmation d'une menace, d'une démonstration ou d'un recours à la
force par les États-Unis. Pour être clair, la
comparaison à suivre entre MID et notre nouvel ensemble de données MIP
ne sert qu'à présenter les nouvelles contributions de MIP et en quoi il
diffère des autres ensembles de données. La comparaison ne vise pas à juger de la supériorité d'un ensemble de données sur un autre.
Le
projet d'intervention militaire s'est appuyé sur l'analyse d'études de
cas pour confirmer ou rejeter des cas d'interventions militaires
américaines fondés sur des ensembles de données existants et d'autres
sources, telles que la liste des « Forces armées américaines à
l'étranger » du Service de recherche du Congrès (CRS). 4 Dans
le cadre de ce processus, le MIP a fortement modifié l'univers des cas
du CRS et du MID en agrégeant, désagrégeant ou supprimant les
interventions. Ces altérations sont décrites dans les études de cas individuelles. Par
exemple, le document du CRS répertorie Cuba 1814 comme un exemple d'une
nouvelle intervention militaire américaine, mais ce cas dénote un
schéma d'affrontements entre des navires américains et des pirates qui
ont eu lieu dans toutes les Caraïbes de 1814 à 1825. Cependant, les
États-Unis n'ont pas déployer des navires de guerre en mission concertée
pour arrêter cette activité jusqu'en 1822 ; nous supprimons donc ce cas, tout en gardant Cuba 1822 et Cuba 1825 dans le jeu de données. Un autre exemple est notre agrégation d'Espagne 1818 (MID 1567). Nous avons fusionné ce cas avec l'Espagne 1816 car les deux cas se réfèrent aux événements de la première guerre séminole. Un autre exemple de MID est France 1835 (MID 301). Cette
affaire fait référence à une situation où les États-Unis exigeaient des
paiements de la France en réparation de torts passés. En
réponse à l'intransigeance française, le président Jackson a envisagé
une gamme d'options, notamment l'imposition de sanctions commerciales et
la saisie de navires français. À
un moment donné, Jackson a demandé au Congrès d'autoriser l'utilisation
de navires de guerre dans ces efforts, mais le Sénat a refusé de le
faire et finalement la France a cédé avant que les États-Unis ne
prennent des mesures concrètes en vue de représailles. Tout
au plus, nous trouvons des indications que les États-Unis ont entrepris
des "préparations" pour un déploiement naval potentiel, mais cette
étape est en deçà de la menace, de l'affichage ou de l'utilisation de la
force dont nous avons besoin pour inclure le cas dans le MIP. Nous
listons nos agrégations, désagrégations et suppressions dans le livre
de codes, Section V, avec des explications détaillées. En
réponse à l'intransigeance française, le président Jackson a envisagé
une gamme d'options, notamment l'imposition de sanctions commerciales et
la saisie de navires français. À
un moment donné, Jackson a demandé au Congrès d'autoriser l'utilisation
de navires de guerre dans ces efforts, mais le Sénat a refusé de le
faire et finalement la France a cédé avant que les États-Unis ne
prennent des mesures concrètes en vue de représailles. Tout
au plus, nous trouvons des indications que les États-Unis ont entrepris
des "préparations" pour un déploiement naval potentiel, mais cette
étape est en deçà de la menace, de l'affichage ou de l'utilisation de la
force dont nous avons besoin pour inclure le cas dans le MIP. Nous
listons nos agrégations, désagrégations et suppressions dans le livre
de codes, Section V, avec des explications détaillées. En
réponse à l'intransigeance française, le président Jackson a envisagé
une gamme d'options, notamment l'imposition de sanctions commerciales et
la saisie de navires français. À
un moment donné, Jackson a demandé au Congrès d'autoriser l'utilisation
de navires de guerre dans ces efforts, mais le Sénat a refusé de le
faire et finalement la France a cédé avant que les États-Unis ne
prennent des mesures concrètes en vue de représailles. Tout
au plus, nous trouvons des indications que les États-Unis ont entrepris
des "préparations" pour un déploiement naval potentiel, mais cette
étape est en deçà de la menace, de l'affichage ou de l'utilisation de la
force dont nous avons besoin pour inclure le cas dans le MIP. Nous
listons nos agrégations, désagrégations et suppressions dans le livre
de codes, Section V, avec des explications détaillées. Jackson
a demandé au Congrès d'autoriser l'utilisation de navires de guerre
dans ces efforts, mais le Sénat a refusé de le faire et finalement la
France a cédé avant que les États-Unis ne prennent des mesures concrètes
en vue de représailles. Tout
au plus, nous trouvons des indications que les États-Unis ont entrepris
des "préparations" pour un déploiement naval potentiel, mais cette
étape est en deçà de la menace, de l'affichage ou de l'utilisation de la
force dont nous avons besoin pour inclure le cas dans le MIP. Nous
listons nos agrégations, désagrégations et suppressions dans le livre
de codes, Section V, avec des explications détaillées. Jackson
a demandé au Congrès d'autoriser l'utilisation de navires de guerre
dans ces efforts, mais le Sénat a refusé de le faire et finalement la
France a cédé avant que les États-Unis ne prennent des mesures concrètes
en vue de représailles. Tout
au plus, nous trouvons des indications que les États-Unis ont entrepris
des "préparations" pour un déploiement naval potentiel, mais cette
étape est en deçà de la menace, de l'affichage ou de l'utilisation de la
force dont nous avons besoin pour inclure le cas dans le MIP. Nous
listons nos agrégations, désagrégations et suppressions dans le livre
de codes, Section V, avec des explications détaillées. ou l'utilisation de la force, nous avons besoin d'inclure le cas dans le MIP. Nous
listons nos agrégations, désagrégations et suppressions dans le livre
de codes, Section V, avec des explications détaillées. ou l'utilisation de la force, nous avons besoin d'inclure le cas dans le MIP. Nous
listons nos agrégations, désagrégations et suppressions dans le livre
de codes, Section V, avec des explications détaillées.
Un
deuxième ensemble de données d'intervention militaire, les données des
interventions militaires internationales (IMI), se limite à la période
plus étroite 1946-2015. Il comprend tous les mouvements de troupes, mais sans mesure de taille et de durée. De
cette façon, les données incluent souvent des escarmouches
frontalières, sans séparer correctement ces cas d'interventions plus
étendues ( Kisangani et Pickering 2008 ; Pearson et Baumann 1993 ). Comme le MID, l'IMI répertorie également les cas d'intervention qui ne peuvent pas être confirmés via ses sources documentées. Malgré
ses limites temporelles et définitionnelles, cependant, l'IMI propose
27 variables différentes liées aux résultats de l'intervention et aux
caractéristiques de l'état cible. L'ensemble de données MIP utilise certaines de ces mesures, codant ces variables pour tous les nouveaux cas.
La
base de données sur les conflits armés (ACD/PRIO) répertorie les
conflits armés avec au moins un État-nation impliqué, mais n'inclut que
les cas postérieurs à 1945 et compte peu de cas d'implication américaine
( Pettersson et Wallensteen 2015 ; Gleditsch et al. 2002 ).
L'ensemble
de données d'intervention militaire par des États puissants (MIPS),
tout en utilisant une chronologie étroite de 1945 à 2003 et en se
concentrant sur les interventions de plusieurs grandes puissances, offre
une gamme de conceptualisations sur «l'efficacité de la force militaire
en tant qu'instrument politique», que le MIP a adapté pour coder les
variables liées à son univers de cas d'interventions ( Sullivan et Koch 2009 ).
L'ensemble
de données d'intervention au sol des États-Unis (RUGID) de la RAND, de
1898 à 2015, est l'un des efforts les plus récents pour documenter les
interventions et les résultats militaires américains ( Kavanagh et al. 2017 ). Pourtant, RUGID n'inclut que des interventions terrestres américaines plus importantes, ce qui diminue et biaise l'échantillon. RUGID inclut 145 cas de 1898 à 2016 dans sa deuxième itération ( Kavanagh et al. 2017 ; Kavanagh, Frederick, Stark, Chandler, Smith, Povlock, Davis et Geiss 2019 ).
Enfin,
nous connaissons l'ensemble de données International Crisis Behavior
(ICB), mais cet ensemble de données rend compte de 66 à 72 crises
impliquant les États-Unis (selon la version), et il se concentre sur une
unité d'analyse connexe mais différente, la crise, et non intervention
militaire ( Brecher et al. 2020 ).
Le tableau 1 ci-dessous
offre une comparaison entre tous les principaux ensembles de données
discutés, y compris les définitions, la portée temporelle et le nombre
de cas qui se chevauchent avec le MIP, ainsi que le nombre de cas non
confirmés selon la recherche d'étude de cas du MIP. 5
Tableau 1. Tableau de comparaison des ensembles de données.
Tableau 1. Tableau de comparaison des ensembles de données.
Par
rapport aux ensembles de données existants, le MIP double l'univers des
cas en élargissant la gamme des définitions d'intervention et en
explorant davantage de sources de documentation, confirmant des
interventions supplémentaires via une recherche historique approfondie. Au moins trois sources savantes confirment chaque cas. Une analyse comparative révèle que les conflits interétatiques militarisés (MID) ( Palmer et al. 2015 ; Gibler 2018 )
ne contient qu'environ 65 % des cas trouvés dans MIP, dont beaucoup ont
été complétés pour inclure des mesures d'études de cas mises à jour. De
plus, le MID contient 324 cas dyadiques d'intervention militaire
américaine, mais nous rapportons seulement 268 cas dans le MID en tant
qu'interventions militaires américaines directes avec au moins une
menace de force. Sur les 268 cas totaux d'intervention américaine du MID avec un certain niveau d'hostilité, le MIP n'a pu en confirmer que 186. Les
données du CRS, qui constituent la liste la plus complète des
interventions militaires américaines depuis 1776, comprennent toujours
moins de cas confirmés d'intervention que le MIP. Les
ensembles de données restants offrent peu de cas relatifs au MIP en
raison de leurs délais postérieurs à 1945 et/ou des conditions de portée
limitée. 6
Comparaisons empiriques MIP-MID MIP
élargit l'univers et les variables sur les interventions militaires
américaines, tout en offrant également la référence en matière de
documentation de cas via des études de cas écrites de chaque instance
d'intervention militaire américaine. Cette
approche méthodologique permet au MIP d'ajouter plus de cas, de
modifier les données manquantes ou incorrectes provenant d'autres
sources, de supprimer les cas qui ne correspondent pas à la définition
de l'intervention militaire américaine et d'incorporer plus de
variables. En
conséquence, MIP révèle de nouveaux modèles distincts d'intervention
militaire américaine, qui sont vitaux pour les débats théoriques et les
débats politiques contemporains.
Dans
cette section, nous comparons les modèles importants d'interventions
militaires américaines dans les ensembles de données MID et MIP. Nous
avons choisi MID car il est le plus comparable à MIP, possède la
meilleure documentation et est le plus largement utilisé par les
universitaires. Néanmoins, il a des limites qui masquent des tendances importantes de la politique étrangère américaine. Comme
cela deviendra évident, le MIP et le MID sont en désaccord sur
plusieurs tendances, du nombre d'interventions au lieu et à la nature de
ces interventions.
Comme indiqué dans le tableau 1 ci-dessus,
le MIP contient un total de 392 cas d'intervention militaire américaine
tout en supprimant 178 cas qui ont été trouvés dans d'autres ensembles
de données mais qui n'ont pas pu être confirmés comme une intervention
militaire américaine par notre analyse approfondie des études de cas. 7 Le
MID contenait 134 de ces cas supprimés, mais 52 d'entre eux étaient
déjà correctement marqués par le MID comme caractérisés par une
hostilité américaine nulle, ce qui signifie que les États-Unis n'ont pas
répondu à l'utilisation de la force par un autre pays. Par conséquent, seuls 82 cas MID ont été retirés du MIP en raison de l'incapacité de confirmer une réponse américaine. En
d'autres termes, sur les 268 cas totaux d'intervention américaine MID
avec un certain niveau d'hostilité, MIP n'en a confirmé que 186. Même
avec ces cas supprimés, MIP contient 200 cas d'intervention de plus que
MID.
L'univers
de cas de MID donne l'impression que les États-Unis ne se sont
fortement appuyés sur la puissance militaire que pendant la guerre
froide, mais nos données révèlent le contraire, comme le montre la figure 1. .
Lorsque
l'on compare la composition temporelle de l'univers des cas MIP et MID,
MID contribue un nombre relativement inférieur de cas avant 1956 et
après 1989, mais un plus grand nombre de cas dans les années 1980. Cependant,
comme documenté dans notre livre de codes et nos études de cas, nous
pensons que de nombreux cas de la MID Cold War représentent des cas
d'intervention non confirmés, des cas de désagrégation inappropriée des
opérations et des exemples de non-intervention américaine lors d'une
intervention dyadique.
Le
projet d'intervention militaire offre plus de cas dans l'univers
d'intervention militaire américain, ce qui lui permet de capturer des
cycles d'interventions américaines dont la fréquence d'intervention a
progressivement augmenté au fil du temps, en particulier dans les années
1980 et au-delà. MID, en revanche, ne révèle pas de tels schémas cycliques dans le temps.
Figure 2 compare
notre nouvel univers de données MIP à l'univers MID existant des
interventions militaires américaines à toutes les époques. 8 Dans
l'ensemble, le MID et le MIP suivent des tendances macroéconomiques
similaires en ce qui concerne la région et l'époque, mais le MID se
concentre davantage sur les différends européens et, en raison de la
durée, il ne reflète pas les tendances militaires post-11 septembre.
Cette
comparaison entre les époques révèle que le MID surdéclare les
interventions pendant la guerre froide et les sous-déclare pour toutes
les autres périodes, par rapport au MIP. Les
deux ensembles de données rapportent que l'ère de la guerre froide
(1946-1989) est la plus active sur le plan militariste pour les
États-Unis, suivie de près par l'ère 1868-1917. Cependant,
MIP révèle également que l'ère post-11 septembre, allant de 2001 à
2019, est la troisième plus active pour les interventions américaines. Les
données du MID conduisent à la conclusion opposée - que les États-Unis
ont diminué la fréquence de leurs interventions à partir de 1990. 9
De
plus, en raison du codage par MID uniquement de l'état cible de
l'intervention américaine et non de la région ou du pays où
l'intervention a eu lieu, l'ensemble de données surévalue les
engagements européens par rapport aux autres régions du monde, comme le
montre la figure 2. . Selon le MIP, les États-Unis ont entrepris 34 % de leurs interventions contre des pays d'Amérique latine et des Caraïbes ; 23 % en Asie de l'Est et Pacifique ; 14 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ; et seulement 13 % en Europe et en Asie centrale. En revanche, MID montre que les États-Unis ont entrepris 26 % de leur intervention contre des pays d'Europe ; 33 % en Amérique latine et dans les Caraïbes ; 24 % en Asie de l'Est et Pacifique ; et 17 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. De
plus, alors que le MIP montre que plus de neuf pour cent des
interventions américaines ont eu lieu en Afrique subsaharienne, le MID
enregistre à peine une activité dans ces pays. En
d'autres termes, le MID ne saisit pas l'une des tendances régionales
les plus importantes apparues dans les années 1990 et 2000. dix
MID affiche plus de conflits européens, peut-être en raison de son orientation sur la guerre froide. Ce
résultat pourrait également provenir du système de codage des pays du
MID, qui code les conflits qui surviennent en Amérique latine ou dans
les Caraïbes comme des interventions ciblant les États européens chaque
fois que les États-Unis interviennent dans un conflit européen connexe. Le MIP code plutôt l'état, le pays et la région d'intervention ciblés. La
région est basée sur l'état/territoire cible physique de l'intervention
militaire, et l'ensemble de données MIP ajoute une variable distincte
indiquant si ledit état cible était la cible principale de
l'intervention. En incluant les cas d'intervention non confirmés collectés par le MID ( n =
82), nous constatons une concentration encore plus forte sur les
interventions contre les pays d'Europe et d'Asie centrale et les pays
d'Amérique latine, tandis que d'autres régions restent
sous-représentées.
Par
conséquent, MIP révèle que les récentes interventions américaines ont
de plus en plus ciblé le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (MENA) et
l'Afrique subsaharienne. En
peu de temps, ces interventions représentent désormais plus d'un quart
du total des interventions militaires américaines à travers l'histoire. Cette
expansion régionale de l'usage de la force est également parallèle à la
montée des États-Unis vers l'hégémonie mondiale après la fin de la
guerre froide.
Au-delà
des fréquences d'intervention, les ensembles de données MID et MIP
évaluent la réponse de chaque pays sur une échelle de 1 à 5, du niveau
le plus bas d'aucune action militarisée (1), à la menace de recourir à
la force, à la démonstration de force, à l'utilisation de la force et,
enfin, la guerre (5). Dans certains cas, les États répondent, mais dans d'autres, ils ne le font pas. Le
MIP illustre un nombre beaucoup plus élevé de cas dans lesquels les
États-Unis ont eu recours à la force que le MID, plus de deux fois plus
souvent, le MIP mesurant 160 cas d'usage direct de la force et le MID
76.
Dans
l'ensemble de données MIP, près de la moitié des interventions
militaires américaines codées ont inclus l'usage direct de la force à
l'étranger (41 % des cas) et plus de la moitié d'entre elles (52 %)
ont inclus des démonstrations de force. Les menaces de force ne représentent que quatre pour cent de l'univers des cas de MIP.
MID,
d'autre part, montre que les États-Unis se sont principalement appuyés
sur des démonstrations de force, et moins sur l'utilisation directe de
la force à l'étranger. Il
est également important de noter que dans l'univers de cas du MID,
environ 30 % des incidents marqués comme des interventions militaires
américaines ne présentent aucune menace, démonstration ou utilisation de
la force par les États-Unis après une analyse détaillée de l'étude de
cas - les retirant ainsi de la échantillon tout à fait. Des données détaillées et des graphiques supplémentaires sont disponibles dans l' annexe supplémentaire .
Fait
intéressant, l'ère post-11 septembre, allant de 2001 à 2019, semble
être la troisième plus active pour les interventions américaines avec
des niveaux d'hostilité relativement plus élevés. À cette époque, les menaces de force sont absentes, tandis que les usages de la force sont extrêmement courants. Depuis 2000 seulement, les États-Unis se sont engagés dans 30 interventions de niveau 4 (usage de la force) ou 5 (guerre). L'ère
de l'après-guerre froide a produit moins de conflits entre grandes
puissances et d'instances dans lesquelles défendre les intérêts vitaux
des États-Unis, mais les interventions militaires américaines se
poursuivent à un rythme élevé et des hostilités plus intenses. Ainsi,
ce modèle militariste persiste pendant une période de paix relative,
l'une des menaces directes sans doute les moins nombreuses pour la
patrie et la sécurité des États-Unis.
Nous
visualisons en outre les hostilités comparatives entre les États-Unis
et l'État cible (État B) en mesurant l'action militaire la plus élevée
entreprise par chaque camp au cours de l'année de l'intervention, une
catégorie qui décompose les niveaux d'hostilité plus généraux que nous
avons introduits ci-dessus. 11 Pour
certains contextes, dans le graphique ci-dessous, la mesure de 1
équivaut à aucune action militaire, tandis que 14 (la plus élevée dans
le graphique des moyennes de l'époque mais pas dans l'échantillon
complet d'interventions) dénote une utilisation de la force par
violation des frontières. La
mesure 7 représente une démonstration de troupes, 9 une démonstration
de navires, 10 désigne une démonstration de force Alerte et 12 désigne
une mobilisation dans la catégorie plus large de démonstration de
force. Des
actions militaires plus importantes telles que des affrontements (18),
des raids (19) et des guerres interétatiques (23) existent dans
l'ensemble des interventions américaines, comme le montre notre livre de
codes, mais elles ne sont pas représentées sous forme de moyennes à
travers les époques.
Selon les mesures du MID, les États-Unis semblent beaucoup moins agressifs dans leurs interventions avant la guerre froide. Mais le MIP et le MID présentent les mêmes schémas généraux d'escalade de l'hostilité depuis 2001. Figure 3 révèle
un écart grandissant des actions militaires entre les États-Unis et
l'État B, en particulier depuis 2001. Alors que les États-Unis ont
toujours compté sur la force militaire, ils ont généralement suivi les
niveaux d'hostilité de leurs rivaux jusqu'à la fin de la guerre froide. Par
la suite, les États-Unis ont commencé à intensifier leurs hostilités
alors que leurs rivaux les désamorçaient, marquant le début d'une
politique étrangère américaine plus cinétique. Bien
que MID présente des macro-tendances similaires, sa chronologie et son
codage suscitent toujours différents modèles d'intervention dans
l'ensemble. Néanmoins, il y a un écart grandissant entre les actions américaines par rapport à ses adversaires.
Une application du projet d'intervention militaire aux débats théoriques Comme
indiqué ci-dessus, l'univers élargi des interventions militaires
américaines du MIP génère des résultats distincts, souvent contrastés,
du MID, le principal ensemble de données actuel sur les interventions
militaires. Au-delà
de cela, MIP offre également un large éventail de variables liées aux
interventions militaires, y compris des mesures des intérêts nationaux
américains, des droits de l'homme, des résultats des interventions et
des variables nationales. Ci-dessous,
nous évaluons les attentes théoriques dans les relations
internationales, montrant davantage l'applicabilité du MIP aux débats
sur le terrain. De
façon sommaire, nous considérons d'abord la relation entre les
interventions américaines et la poursuite des intérêts nationaux, selon
la théorie du réalisme. Ensuite,
nous évaluons la relation entre la démocratisation, les institutions et
les interventions américaines, selon le libéralisme. Dernièrement,
Intérêts nationaux Selon
les spécialistes réalistes, les intérêts nationaux géopolitiques
sous-tendent généralement une ingérence énergique dans la souveraineté
des États ( Carr 1939 ; Morgenthau 1948 ; Buzan 1996 ). Cette
littérature assimile l'intérêt national au maintien et à l'expansion
mondiale de l'influence géopolitique, à une répartition favorable du
pouvoir et à la poursuite d'intérêts politiques ( Bellamy et William 2005 ; Gilligan et Stedman 2003 ; Perkins et Neumayer 2008 ; Neack 1995 ; Huth 1998 ). Les
États peuvent intervenir pour soutenir un allié, bloquer une puissance
régionale ou contrebalancer l'intervention d'un autre État. À
moins que des intérêts vitaux ne soient en jeu, le réalisme prédit que
les États interviendront rarement militairement car ils risquent des
coûts économiques, politiques et humains élevés ( Buzan 1996 ).
Les chercheurs mesurent les intérêts nationaux géopolitiques à travers une variété d'indicateurs. La contiguïté est une dimension courante dans la mesure de ces intérêts géopolitiques. Comme le montrent Souva et Prins (2006) , plus un État a de frontières terrestres, plus il est susceptible d'employer la puissance militaire. En
effet, comme le prédisent les réalistes, la plupart des interventions
de tiers proviennent de la même région que l'État cible - et dans de
tels cas, la prévention de la diffusion régionale des conflits ou des
réfugiés semble être l'objectif principal ( Mullenbach et Matthews 2008 ). Les interventions semblent avoir un impact sur la probabilité que le conflit se propage aux régions voisines. Peksen et Lounsbery (2012) montrent
que les interventions pro-gouvernementales réduisent la propagation du
conflit tandis que les interventions pro-rebelles l'augmentent.
Les
alliances ou les rivalités interagissent également avec la
territorialité, limitant la capacité des dirigeants à rechercher un
compromis à la place de la force militaire ( Colaresi et Thompson 2005 ). Les
alliances défensives et celles qui règlent les différends territoriaux
peuvent servir à dissuader les conflits et à prolonger la paix ( Fang, Johnson et Leeds, 2014 ; Gibler et Vasquez 1998 ). En revanche, la neutralité et les pactes offensifs semblent renforcer le risque de violence entre les États concernés ( Leeds 2003 ). De plus, les alliances servent de proxy pour l'intérêt stratégique existant au sein d'un pays.
Selon
des universitaires réalistes, les différences de puissance et de
capacités de l'État, mesurées par les scores de l'indice composite des
capacités nationales (CINC) des corrélats de la guerre, déterminent
également les modèles d'intervention militaire. En effet, De Nevers (2007) constate
que les grandes puissances ciblent massivement les États faibles, par
rapport aux États protégés, forts ou défendables. Pour les États protégés, la force de leurs alliances détermine s'ils sont la cible d'une intervention d'une grande puissance. Ces
résultats renforcent les hypothèses réalistes selon lesquelles la
dynamique du pouvoir détermine les modèles d'intervention militaire. Pourtant,
des incohérences persistent car certaines études montrent que les
conflits entre les états de capacités de puissance symétriques ont
tendance à s'aggraver à des taux plus élevés ( Choi et James 2016 ; Pickering et Mitchell 2017 ).
Enfin, un autre indicateur réaliste des intérêts nationaux géopolitiques est l'histoire coloniale antérieure. Les pays puissants sont plus susceptibles d'intervenir militairement dans leurs anciennes sphères coloniales ( Pickering et Mitchell 2017 ). Stojek et Chacha (2015) montrent
en outre que les liens coloniaux augmentent les chances d'intervention
même en tenant compte de nombreux autres facteurs partagés entre
l'intervenant et le pays cible, notamment le commerce et la langue.
Il
est intéressant de noter qu'une étude montre une vision beaucoup plus
simpliste de l'argument stratégique - une vision qui inverse la
causalité de plusieurs affirmations ci-dessus. Fordham (2004) soutient
qu'une plus grande capacité militaire à elle seule a rendu les élites
américaines plus désireuses d'intervenir militairement à l'échelle
internationale. En
d'autres termes, l'important investissement des États-Unis dans leur
puissance militaire a créé des dépendances de trajectoire qui incitent
désormais les États-Unis à intervenir davantage.
Pour
élucider les causes et les conséquences de l'intervention, le MIP
mesure plusieurs variables liées aux intérêts nationaux de 1776 à 2019.
Nous appliquons un indice des intérêts nationaux à travers les époques
qui additionne des mesures distinctes sur la contiguïté, l'histoire
coloniale, les alliances et les ressources naturelles. 12 Cet
indice additif contient des mesures relatives de l'importance
géopolitique entre les dyades de pays, y compris des facteurs tels que
la continuité géographique, les alliances partagées, l'histoire
coloniale et la présence de pétrole et de gaz. 13 Nous calculons l'indice ordinal, en utilisant les données cibles de l'État B, comme suit :
OilDummy + ColonialDummy + AllianceDummy + ContiguityDummy.
Comme l'illustre le tableau 2 ,
les États-Unis se sont impliqués dans des conflits militaires avec des
intérêts nationaux élevés jusqu'aux années 1860, luttant généralement
pour préserver la nouvelle nation et étendre son territoire national et
sa sphère d'influence. Les
intérêts nationaux ont plongé dans les époques suivantes à l'époque des
guerres de la banane et de la révolution mexicaine, mais ont ensuite
augmenté pendant la guerre froide parallèlement à la fréquence des
interventions.
Tableau 2. Interventions américaines, intérêts nationaux et pouvoir, 1776 - 2019.
Tableau 2. Interventions américaines, intérêts nationaux et pouvoir, 1776 - 2019.
Dans
l'ère de l'après-guerre froide, les États-Unis sont intervenus dans la
poursuite de moins d'intérêts nationaux vitaux alors que les rivalités
géopolitiques et les menaces vitales pour la sécurité intérieure se sont
estompées. L'ère
de l'après-guerre froide a vu les États-Unis exercer leur puissance
militaire vers davantage de missions de démocratisation, d'application
des droits de l'homme, d'interventions humanitaires et d'interventions
de tiers dans les crises intérieures à travers le monde. Les États-Unis ont plus fréquemment répondu aux crises existantes en tant qu'acteur tiers. Le tableau 2 révèle
que les États-Unis ont connu des fréquences et des taux d'intervention
plus élevés par an, même lorsque des niveaux d'intérêt plus faibles
étaient en jeu.
Les
taux d'intervention à travers les époques sont particulièrement
intéressants car le taux annuel a considérablement augmenté pendant la
guerre froide, puis n'a continué à croître - doublant après la guerre
froide - tandis que les intérêts nationaux ont diminué. Dans les tableaux 3 et 4 ci-dessous,
nous mettons en évidence le résultat de deux ANOVA avec les tests de
comparaisons multiples de Bonferroni pour vérifier si les différences de
moyennes des fréquences d'intervention et des moyennes d'intérêt
national à travers les époques sont statistiquement significatives. Les
tests de comparaisons multiples de Scheffe et Sidak, qui révèlent les
mêmes modèles de signification statistique, sont disponibles dans l' annexe supplémentaire (tableaux 13 et 14 ) aux côtés de statistiques descriptives et de graphiques.
Tableau 3. ANOVA à un facteur par époque, série chronologique 1776 - 2019.
Tableau 3. ANOVA à un facteur par époque, série chronologique 1776 - 2019.
Tableau 4. Tests de comparaison multiple de Bonferroni, fréquence d'intervention et intérêts nationaux par époque.
Tableau 4. Tests de comparaison multiple de Bonferroni, fréquence d'intervention et intérêts nationaux par époque.
Analyse des variables Comme le montre le tableau 3 ,
nous trouvons des différences statistiquement significatives dans la
fréquence des interventions et l'indice d'intérêt national à travers les
époques.
Dans le tableau 4 ,
nous voyons en outre que lorsque l'on compare les moyennes de fréquence
d'intervention, les époques ultérieures sont significativement plus
interventionnistes en fréquence que les époques précédentes, les époques
post-Seconde Guerre mondiale présentant des augmentations
statistiquement significatives.
Le
seul changement non significatif provient de la différence moyenne
entre les époques 1990-2000 et 2001-2019, mais cela pourrait être dû à
des données d'intervention limitées dans les années 2001-2019. Lorsque
l'on compare les moyennes de l'indice d'intérêt national, nous
constatons une signification statistique uniquement entre les époques
1990-2000 et 2001-2019 par rapport au reste, avec des intérêts nationaux
inférieurs par rapport aux époques de la guerre froide et d'avant la
guerre froide. Ces tests de comparaison confirment les tendances observées dans les statistiques descriptives du tableau 2 .
Le tableau 2 présente cependant une autre énigme. Depuis
le début de la guerre froide, la part des capacités de puissance
matérielle des États-Unis dans le système a progressivement diminué,
tandis que son interventionnisme dans les conflits d'intérêt national
inférieur a augmenté. Ce déclin des capacités de puissance des États-Unis, mesuré par l'indice CINC 14 ,
peut être attribué à la montée en puissance de l'Union soviétique après
1945, car ce seul facteur prive les États-Unis d'une grande partie des
ressources du système international. Une
autre explication est qu'un tel indicateur des capacités matérielles
nationales traditionnelles ne parvient pas à saisir de nouvelles sources
d'énergie à l'époque de la guerre froide non liées à la production de
métaux, à la consommation d'énergie, à la population, à l'urbanisation
ou au personnel ou aux dépenses militaires.
Les récits réalistes sont donc contradictoires. Les
réalistes défensifs ne prédiraient pas l'utilisation croissante de la
force et des hostilités par les États-Unis dans l'après-guerre froide,
étant donné la diminution des menaces vitales pour la sécurité et le
manque de concurrents pairs ( Taliaferro 2000 ; Waltz 1979 ; Art et Jervis 1973 ). Les
réalistes offensifs ne peuvent pas expliquer pourquoi les États-Unis
interviennent si fréquemment dans des régions sans hégémon régional
aspirant ( Mearsheimer 2001 ). Néanmoins,
les réalistes de tous bords remarqueront que l'absence d'un concurrent
pair est ce qui permet aux États-Unis d'intervenir si largement dans
toutes les régions du monde.
Institutions libérales, interdépendance et normes des droits de l'homme Le
projet d'intervention militaire intègre également plusieurs facteurs
qui permettent de tester des alternatives libérales aux explications
réalistes ( Deudney et Ikenberry 1999 ). Du
point de vue libéral, les interventions militaires étrangères reflètent
des obligations morales internationales, en particulier pour les États
démocratiques ( Lischer 2005 ; Walker et Pearson 2007 ; Herbert 2005 : 30). De
telles perspectives libérales sont devenues plus courantes depuis la
fin de la guerre froide, avançant la position selon laquelle les États -
en l'absence d'intérêts vitaux en matière de sécurité - sont justifiés
et même censés lancer des interventions militaires multilatérales à
l'étranger en réponse à des catastrophes humanitaires ( Talentino 2005 ; Hoffmann 1996 ; Walzer 1977 ). De
plus, les gouvernements démocratiques sont susceptibles d'exporter les
valeurs libérales par le biais d'interventions militaires humanitaires
multilatérales ( Lebovic 2004 ; Doyle 1997 ; Russett 1994 ). En
mettant davantage l'accent sur les institutions internationales, les
libéraux considèrent également l'interdépendance comme un facteur clé du
comportement de l'État. En
effet, certaines études montrent que l'interdépendance réduit la
probabilité de force interétatique, en particulier lorsqu'une grande
partie du commerce des États est intra-industriel ( Kinne 2012 ; Peterson et Thies 2012 ). Pourtant,
dans les situations d'asymétries commerciales et de similarités des
exportations, l'usage de la force entre partenaires commerciaux augmente
( Gartzke et Westerwinter 2016 ; Chatagnier et Kavakli 2017 ).
L'un des principaux comptes rendus constructivistes du comportement de l'État, Finnemore (2003) soutient
que ni les modèles réalistes ni les modèles libéraux des relations
internationales ne tiennent compte des tendances observables de
l'intervention militaire. Le
réalisme ne parvient pas à expliquer l'évolution de l'éventail complet
des interventions, des missions militaires unilatérales de recouvrement
de créances aux missions humanitaires multilatérales, qui ne
correspondent pas aux changements de polarité ou de répartition du
pouvoir du système interétatique. Le
libéralisme est également mal équipé pour expliquer comment les États
illibéraux et non démocratiques ont tendance à suivre des normes
similaires en matière de comportement d'intervention ( Finnemore 2003 : 52-56). De plus, les perspectives idéalistes ou normatives ne peuvent expliquer le manque d'intervention pendant le génocide rwandais. En
fin de compte, les constructivistes voient les normes des droits de
l'homme - bien que souvent cooptées et abusées - encapsulées par la
responsabilité de protéger comme moteur des interventions militaires
américaines dans les régions de violence interne ( Choi et James 2016 ). Ainsi,
toute évaluation empirique des interventions militaires des États-Unis
doit également tenir compte d'un vaste contexte institutionnel et des
droits de l'homme ( Lyon et Dolan 2007 ).
Comme le montre le tableau 5 ,
au début des années 1990, les États-Unis sont passés d'interventions
unilatérales à des interventions principalement multilatérales, souvent
sanctionnées par l'ONU.
Tableau 5. Interventions militaires américaines par type, avant et après 1945.
Tableau 5. Interventions militaires américaines par type, avant et après 1945.
Les
États-Unis sont brièvement revenus à leurs anciennes méthodes
unilatérales de 1997 à 1999, car l'ONU n'a pas pu parvenir à un
consensus sur de nombreuses interventions humanitaires pour lesquelles
les États-Unis et d'autres acteurs occidentaux ont réclamé. Dans
l'ère post-11 septembre, les interventions unilatérales ont fait leur
retour au détriment de la nouvelle tendance des interventions militaires
multilatérales qui a émergé dans le passé. Plus de détails sur ces tendances sont disponibles dans l' annexe supplémentaire .
Ci-dessous, nous traçons les niveaux de démocratie à travers les cibles de l'intervention américaine dans la figure 4 .
Contrairement
aux attentes libérales, depuis 2000, les États-Unis sont intervenus
dans les pays avec des niveaux de démocratie plus élevés, selon les
scores de Polity allant de +10 (démocratie totale) à -10 (autocratie
totale). 15
Nous
devons également nous demander quels objectifs les États-Unis ont-ils
poursuivis lorsqu'ils ont décidé d'utiliser la force à l'étranger ? Ces objectifs appuient-ils l'argument des droits de l'homme en faveur d'une intervention ? MIP révèle qu'un large éventail de motivations a prévalu. Il
est important de noter que ces objectifs ne sont pas mutuellement
exclusifs et que les États-Unis peuvent intervenir et interviennent pour
plus d'un objectif à la fois. En fait, nous codons la plupart des interventions avec de multiples objectifs qui se chevauchent. Seuls 38,78% des cas d'intervention présentent un seul objectif principal. Par exemple, dans les exemples d'études de cas donnés dans notre codebook, nous
codons l'opération Restore Hope (UNITAF) en Somalie de 1992 à 1993
comme ordre social et protection et intervention humanitaire parce que
la résolution 794 du Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé
les États-Unis à utiliser tous les moyens nécessaires pour créer un
environnement sûr pour les opérations de secours humanitaire en
Somalie. Dans
le deuxième exemple d'étude de cas de l'intervention de la guerre
civile grecque de 1948 à 1949, nous codifions les objectifs comme
Maintenir/Construire l'Autorité du régime étranger parce que les
États-Unis cherchaient à défendre l'État grec contre les rebelles
communistes. Nous
codons également le cas comme Protéger ses propres intérêts militaires
et/ou diplomatiques puisque les États-Unis ont également cherché à
garantir que la Grèce reste dans la sphère d'influence occidentale et
puisse servir de rempart contre l'influence soviétique et la Yougoslavie
de Tito. Toutes les données d'intervention comprennent une étude de cas comme celles-ci,
La répartition objective est la suivante :
• Les objectifs territoriaux sont survenus 58 fois (15 % des interventions militaires)
• Protection sociale : 130 fois (33%)
• Suppression d'un régime : 23 fois (6 %)
• Protection des propres citoyens et diplomaties des États-Unis : 192 fois (49 %)
• Changement de politique : 36 fois (9 %)
• Empire : 48 fois (12 %)
• Économique : 126 fois (32 %)
• Construction du régime : 24 fois (six pour cent)
L'objectif
de protéger les citoyens américains, les diplomates, les ambassades et
les biens à l'étranger pendant une crise était l'objectif le plus
fréquent des interventions américaines, suivi de près par la protection
sociale et les objectifs économiques. La
protection sociale implique la protection d'une faction socio-ethnique
dans le pays cible, la protection générale des civils contre les
violations des droits de l'homme via une intervention humanitaire, le
rétablissement de l'ordre social en cas de crise ou la suppression des
combats entre groupes armés. 16 Mais
après la Seconde Guerre mondiale, la construction d'un régime étranger
est devenue l'un des trois principaux objectifs des interventions
militaires américaines, comme le révèlent les graphiques de l' annexe supplémentaire .
Par conséquent , les
interventions de protection sociale sont devenues beaucoup plus
courantes après la guerre froide, tandis que les objectifs de protection
de notre personnel et de nos biens diplomatiques, de construction du
régime, de suppression du régime étranger, de territoire et de
changement de politique dominaient en proportion des objectifs à
l'époque de la guerre froide. Néanmoins, les objectifs humanitaires sont relativement rares.
Ces
instantanés de données témoignent des explications incomplètes offertes
par différentes traditions théoriques et de l'importance des tendances
d'intervention spécifiques à l'époque. Avec
sa richesse de cas, à la fois dans un format quantitatif et qualitatif,
ainsi qu'une gamme de variables connexes, le MIP peut commencer à
démêler les nombreuses énigmes inhérentes au phénomène de
l'interventionnisme militaire américain à travers le temps et l'espace, y
compris les dimensions nationales et internationales.
Conclusion Les
résultats préliminaires du MIP montrent que les États-Unis ont accru
leur recours militaire à la force à l'étranger depuis la fin de la
guerre froide. Au
cours de cette période, les États-Unis ont préféré l'usage direct de la
force aux menaces ou aux démonstrations de force, augmentant leurs
niveaux d'hostilité tandis que leurs États cibles ont diminué les
leurs. En cours de route, les régions d'intérêt ont également changé. Jusqu'à
la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont fréquemment intervenus
en Amérique latine et en Europe, mais à partir des années 1950, les
États-Unis se sont installés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
(MENA). Dans
les années 1990, il a doublé ses efforts sur la région MENA et s'est
également concentré sur l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud.
En
conséquence, MIP met en évidence différentes tendances d'intervention
par rapport à l'ensemble de données actuellement principal sur
l'intervention militaire américaine, l'ensemble de données Correlate of
War's (COW) Militarized Interstate Disputes (MID). Ces
tendances distinctes et précédemment ignorées apportent des
informations importantes à la fois aux débats théoriques sur les
relations internationales et aux discussions politiques sur l'avenir de
la grande stratégie américaine.
Cet
article présente l'ensemble de données MIP, ses principales tendances
et contributions, ainsi que la gamme potentielle de questions de
recherche futures. Au
fur et à mesure que nous développerons le MIP, nous nous efforcerons de
discerner les conditions qui conduisent aux interventions ainsi que les
conséquences de ces interventions sur les États-Unis et les États dans
lesquels les États-Unis interviennent. Nous évaluerons davantage le
pouvoir explicatif des principales théories des relations
internationales. à travers les indicateurs présentés ci-dessus, ainsi
que de nombreux autres tels que les polarités guerre froide versus
post-guerre froide, en utilisant des modèles longitudinaux robustes. De
plus, nous nous intéressons aux coûts directs mesurables (humains et
économiques), ainsi qu'aux conséquences imprévues des interventions
américaines. Les
mesurer impliquera une analyse statistique, ainsi qu'une analyse
historique de la façon dont les différents cas et périodes
d'intervention se sont informés les uns les autres.
Nous
avons l'intention que l'ensemble de données MIP et l'analyse qui suit
fournissent une ressource importante à ceux qui souhaitent comprendre la
dynamique des interventions américaines dans le passé et dans
l'avenir. Nous
soutenons que de meilleures données conduiront à de meilleurs tests
théoriques et, idéalement, à une meilleure formulation des politiques,
au sujet de l'intervention militaire américaine.
Remerciements Sidita Kushi et Monica Duffy Toft. Le
projet d'intervention militaire (MIP) n'aurait pas été possible sans le
soutien de notre équipe au Centre d'études stratégiques (CSS), la
Fletcher School of Law and Diplomacy de l'Université Tufts. Nous sommes particulièrement reconnaissants à Nils Hägerdal, qui a dirigé la dernière année du MIP. Nous
sommes également reconnaissants à tous les boursiers postdoctoraux CSS
passés et présents Karim Elkady, Benjamin Denison et Stephen Moncrief
pour leur soutien à la recherche ainsi que pour leur révision des
ébauches d'articles. Les
boursiers de recherche CSS passés et actuels David Kampf, Lima Ahmad,
Zoltan Feher et Neha Ansari ont soutenu cette recherche via la recherche
d'études de cas et l'examen des ébauches d'articles. Nous
remercions les coordonnatrices passées et présentes du programme CSS
Anna Ronell et Polina Beliakova pour leur travail sur les initiatives de
recherche du Centre, la gestion des subventions, parmi de nombreux autres efforts. Une
merveilleuse équipe d'assistants de recherche de la Fletcher School of
Law of Diplomacy a joué un rôle déterminant dans la recherche de cas de
MIP, en prenant des notes sur des études de cas et en analysant des
données en attente. Nous
sommes reconnaissants envers nos dirigeants et chercheurs de la PR
Bryan Cassella, Mario Zampaglione, Dylan Farley, Andrew Hogan et Emily
Kennelly. Nous
remercions également le reste de notre superbe équipe RA pour leur
travail acharné, y compris nos RA seniors Daniel Creamer, Jacqueline
Faselt, Moriah Graham, Daniel Morton et Nate Dobbin, ainsi que : Samuel
Carletta, Emilio Contreras, David Folsom, Ian Franckling , Camille
Freestone, Becki Glawe, Rachel Goretsky, Michael Gradus, Sam Green,
Nicholas Guarnaccia, Chelsea Hanlon, Madeleine Herr, Grady Jacobsen,
Alex Kersten, Abby Kukura, Jack Lashendock, Rachael Lew, Claire
McGillem, Meagan Reid, Stefan Shover, Carson Thal, Michael Vandergriff et Cassandre Zavislak. Nous tenons à remercier la Fondation Charles Koch pour son généreux financement de l'ensemble de données et du projet MIP. Enfin, nous remercions les réviseurs et l'éditeur de la revue pour leurs commentaires éclairés.
Déclaration d'intérêts conflictuels L'auteur
ou les auteurs n'ont déclaré aucun conflit d'intérêts potentiel en ce
qui concerne la recherche, la paternité et/ou la publication de cet
article.
Financement L'auteur
ou les auteurs ont déclaré avoir reçu le soutien financier suivant pour
la recherche, la paternité et/ou la publication de cet article : Ce
travail a été soutenu par la Fondation Charles Koch.
Matériel supplémentaire Le matériel supplémentaire pour cet article est disponible en ligne.
Remarques 1 Ces chiffres proviennent de l'ensemble de données du Military Intervention Project (MIP).
2 Le
MIP étendra son univers de cas à la guerre des drones en tant que
sous-échantillon distinct du type d'intervention américain. Nous
évaluons actuellement comment agréger nos données sur les frappes de
drones par pays et par année d'une manière parallèle aux opérations
militaires traditionnelles et secrètes. Notre source est la base de données sur la guerre des drones du Bureau of Investigative Journalism, https://www.thebureauinvestigates.com/projects/drone-war .
3 Le
MIP comprend également des interventions militaires américaines ciblant
plus de 100 nations amérindiennes à l'époque des guerres frontalières,
bien que nous n'explorons pas ces guerres dans cet article. En
effet, ces unités d'analyse diffèrent des interventions américaines
ultérieures et biaisent l'échantillon vers la dynamique des guerres
frontalières compte tenu du grand nombre de conflits. Nous prévoyons d'explorer ces dynamiques Frontier War séparément. La
source de ces données est Friedman, Jeffrey A. 2015. "Using Power Laws
to Estimate Conflict Size," Journal of Conflict Resolution, Vol. 59, n° 7 : 1216-1241.
4 Notez que le document CRS ( Salazar Torreon 2017 )
n'est pas un ensemble de données lisible par machine mais une liste
d'interventions américaines avec des agrégations de plusieurs
interventions au cours de chaque année.
5 La
colonne des cas non confirmés indique le nombre final de cas que nous
avons pu confirmer en toute confiance avec au moins trois sources. Si
des preuves devenaient disponibles grâce à la publication de nouvelles
archives ou d'autres sources de données, nous conservions néanmoins les
cas non confirmés dans le livre de codes. La
dernière colonne répertorie le nombre total de cas dans l'ensemble de
données correspondant, qui peut être supérieur au nombre de cas
directement inclus par MIP à partir de cet ensemble de données. Le
MIP a peut-être d'abord inclus un différend provenant d'autres sources,
et non tiré directement de l'ensemble de données répertorié.
6 La
documentation en ligne supplémentaire contient un traitement complet
des efforts de collecte de données du MIP et notre livre de codes pour
des mesures variables détaillées, des sources, des cas incertains et des
comparaisons plus complètes avec d'autres ensembles de données.
7 Des récits de cas complets sont disponibles sur demande.
8 Le
MID inclut d'autres acteurs étatiques dans son univers d'intervention,
mais nous n'utilisons que le sous-échantillon des interventions
américaines. De plus, l'échantillon MID d'interventions n'inclut que celles jusqu'à l'année 2010.
9 Nous
classons les époques en fonction des résultats significatifs qui ont
façonné les aspirations et les capacités militaires des États-Unis. La
période de 1776 à 1864 voit les États-Unis s'élever au-dessus de leurs
dépendances coloniales et de leurs débuts isolationnistes pour devenir
une puissance régionale ; 1865
à 1917 désigne l'ère d'avant la Première Guerre mondiale, les
États-Unis se transformant en une puissance impérialiste en Amérique
latine ; 1918 à 1945 marque la période de l'après-guerre à la seconde guerre mondiale ; 1946 à 1989 marque la guerre froide. Les États-Unis connaissent leur « moment unipolaire » de 1990 à 2000 ; tandis que la période de 2001 à 2019 est définie en grande partie par la guerre mondiale contre le terrorisme.
10 Voir
MIP Descriptive Statistics dans la documentation en ligne
supplémentaire pour des données plus nuancées sur la composition
régionale des interventions américaines à travers les époques.
11 Veuillez vous référer au livre de codes MIP pour le codage complet des actions les plus élevées. Nous avons adapté cette mesure du livre de codes MID.
12 Reportez-vous à la documentation supplémentaire pour un tableau de fréquence des mesures d'intérêt national. Cet indice est introduit par MIP, mais ses indicateurs individuels dérivent de Correlates of War Project ( a , b , c , d ) et de Ross et Mahdavi (2015) .
13 Des recherches antérieures soulignent l'importance géopolitique et militaire des frontières terrestres ( Souva et Prins 2006 ), de la région géographique partagée ( Mullenbach et Matthews 2008 ), des alliances formelles ( Colaresi et Thompson 2005 ; Fang, Johnson et Leeds 2014 ; Gibler et Vasquez 1998 ) , et l'histoire coloniale ( Stojek et Chacha 2015 ).
14 Voir Singer (1987) et Correlates of War Project ( d ) pour plus de détails sur les mesures des capacités matérielles nationales.
15 Marshall et Gurr, 2018
16 Se référer au livre de codes pour un codage complet et les définitions des types d'objectifs d'intervention.
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