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lundi 27 juin 2016

Europe : suicide en direct / Europe : suicide on live

Suicide en direct

28 Juin 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticus

source http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/06/suicide-en-direct.html
Publié dans #Europe#Moyen-Orient#Russie

Suicide en direct

L'info a été soigneusement cachée par les médias grand public, et pour cause : il est difficile de dire s'il faut en rire ou en pleurer...
A peine les Britanniques font-ils leurs valises que les lumineux eurocrates reprennent les négociations sur l'adhésion... de la Turquie ! Sont-ils donc complètement bourrés, masochistes ? Ne comprennent-ils vraiment rien à rien ? Rarement dans l'histoire et dans le monde aura-t-on vu des dirigeants aussi - désolé, il n'y a pas d'autre mot - nullissimes.
Il est vrai que l'Union Ectoplasmique se retrouve prisonnière du piège dans lequel elle s'est elle-même enfermée :
  • que Bruxelles continue de préparer l'adhésion de la Turquie et c'est la révolte généralisée contre l'UE. La cote de popularité de la Turquie dans la population européenne est encore plus basse que celle de Hollande en France, c'est dire. Si Bruxelles passe outre, il n'est pas difficile de prévoir des mouvements de masse, peut-être violents, tandis que le soutien à l'UE s'effondrera.
  • que Bruxelles renonce et Erdogan aura la possibilité de lâcher des centaines de milliers de réfugiés sur le Vieux continent, dont les terroristes daéchiques qu'il contrôle et avec lesquels il fait chanter les europloucs. Et le sultan ne s'en privera sans doute pas, qui a un mépris incommensurable pour l'Europe - voir la une du journal pro-gouvernemental Akit au lendemain du Brexit : "L'union des croisés s'écroule". Là aussi, c'est à terme la disparition de l'UE.
Le choix pour les dirigeants européens se résume à : comment voulez-vous mourir ?
Mais tiendront-ils jusque là ? Selon un sondage continental, huit pays veulent maintenant leur propre référendum (ce qui ne veut toutefois pas forcément dire que les huit souhaitent en sortir) :
Suicide en direct
Même Soros, sans doute dépité d'avoir perdu des milliards, s'y met et prédit la mort dans l'âme la fin de l'Union Européenne. Ses paroles valent de l'or : "Le scénario catastrophe [Brexit, ndlr] s'est matérialisé, rendant la désintégration de l'EU pratiquement irréversible. Elle se dirige vers une désintégration désordonnée qui laissera l'Europe dans un état pire que si l'UE n'avait jamais existé".
Pour la seule fois de ma vie, je suis d'accord avec Soros (ça se fête !) : le réel rattrape cette construction artificielle et passéiste. Le compte à rebours est commencé. Il peut durer longtemps encore, le système peut s'arc-bouter, mais la fin semble inéluctable, Turquie ou pas.
En parlant du sultan, il n'aura échappé à personne qu'il a enfin ravalé sa fierté et présenté, la queue entre les jambes, ses excuses à la Russie pour l'incident du 24 novembre. On pressentait déjà un petit quelque chose hier lorsqu'on a appris que la justice turque rouvrait le dossierd'inculpation d'Alpharslan Celik, accusé d'avoir tué le pilote russe.
Il est vrai que l'aventurisme d'Erdogan a placé son pays dans une situation assez lamentable : isolé d'à peu près tout le monde, en quasi guerre civile, économiquement en chute libre. Désespéré, le sultan veut maintenant réparer les pots cassés, même si c'est sans espoir de retour à la case départ : ce qui est perdu est perdu et Moscou ne renoncera pas à soutenir les Kurdes syriens ni à ses S400 en Syrie.
Les médias russes ont beau jeu de moquer la reddition en rase campagne d'un Erdogan soudain mielleux à souhait après des mois de coups de menton. Ce qui nous intéresse ici, c'est évidemment la réaction du Kremlin. Poutine et son entourage doivent en ce moment peser le pour et le contre.
On se rappelle que les Russes avaient exigé des excuses publiques ET des compensations. Les Turcs ont-ils accédé à certaines demandes secrètes, comme par exemple l'arrêt partiel du soutien aux djihadistes d'Alep ? Rien n'est sûr dans ce théâtre d'ombres, mais cela pourrait peut-être expliquer pourquoi l'actuelle offensive syro-russe sur Alep se fait curieusement dans le silence généralisé alors que la précédente opération soulevait l'indignation des médias officiels turcs (et occidentaux).
Erdogan n'est plus vraiment en état d'exiger quoi que ce soit. Il tombe de Charybde en Scylla depuis quatre ans et tente de se raccrocher à n'importe quelle branche. Son seul atout reste son levier de pression sur l'UE. Ce que nous annoncions il y a six mois se vérifie pleinement. Le sultan est le dindon de la farce syrienne ; les Européens sont les dindons du dindon.

dimanche 22 novembre 2015

Pétition pour une commission d'enquête parlementaire liée au financement de Daesh : signez !! / Petition for a parliamentary commission of inquiry connected to the financing of Daesh: sign!!/

gabbrielleLe 23 novembre 2015 à 05h16
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Bonjour,
Avez-vous vu cette pétition initiée par JF Poisson pour demander une Commission d’enquête parlementaire sur le financement de Daesh,
“Cette proposition de résolution a été soutenue par 146 parlementaires et est inscrite à l’ordre du jour des débats à l’Assemblée le jeudi 3 décembre. Elle sera soumise au vote des députés afin de déterminer si la commission d’enquête doit être créée.
A ce jour, aucun député socialiste ne l’a soutenue, et Elisabeth Guigou, Présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale chargée de se prononcer sur l’opportunité de créer une telle commission d’enquête, a déjà fait savoir qu’elle s’y opposerait.”
source : https://www.les-crises.fr/daech-partenaire-financier-de-la-haute-finance-internationale/

mercredi 18 novembre 2015

Un hélicoptère US escorte un convoi de Daesh / An US helicopter escorts a convoy of Daesh


  


source :  http://www.voltairenet.org/article189279.html

Selon un reportage de l’agence émirati Hour News, un hélicoptère Apache des États-Unis a escorté un convoi d’environ 200 Toyota Hilux de Daesh en Syrie.


lundi 9 novembre 2015

Crash de l'avion russe : le vol 9628 ou le désordre dans le ciel et l'Egypte menacée / Crash of the Russian plane: the flight 9628 or the disorder in the sky and threatened Egypt

Source : http://www.dedefensa.org/article/le-vol-9628-ou-le-desordre-dans-le-ciel-et-legypte-menacee


Il y a une semaine, le vol 9628 de la compagnie MetroJet/Kogalymavia, qui transportait 224 passagers et hommes d’équipage tous de nationalité russe, a explosé en plein vol au-dessus du Sinaï. Les débris ont été retrouvés, identifiés, et idem pour les fameuses boîtes noires qui sont en cours de dépouillement ou qui sont entièrement dépouillées. Au départ, il y avait une sorte d’entente générale pour écarter l’hypothèse d’un tir de missile, d’envisager sans réelle conviction l’hypothèse d’une bombe, et de privilégier l’incident mécanique aux conséquences radicales et extraordinaires. Aujourd’hui, c’est la thèse de la bombe à bord qui émerge de plus en plus précisément, avec les Britanniques extrêmement actifs pour toutes sortes de raisons, mais notamment parce qu’il y a 20.000 de leurs nationaux en vacances à Charm El-Sheikh. Les Britanniques ont pris la décision peu ordinaire d’interrompre tous les vols prévus pour le retour normal de ces touristes, qui restent donc sur place, presque dans l’extraordinaire position d’être comme des “otages” ou des “prisonniers” d’on ne sait quoi. (DEBKAFiles, qui, dès le premier jour, a affirmé qu’il s’agissait d’une attaque terroriste, les désigne ce 5 novembre comme : « 20.000 Britons under siege »)
On a là-dessus une toute petite idée du désordre qui accompagne cet évènement, où chacun joue double, sinon triple jeu, tout cela correspondant à la complexité inouïe de la situation au Moyen-Orient, et la complexité à mesure, multiplié géométriquement par les esprits enfiévrés de narrative, des effets imprévus et inattendus des actions des principaux acteurs.
• ... Mais restons-en à DEBKAFiles. Dès le premier jour, le 31 octobre, le site israélien a privilégié la thèse de l’attentat, accréditant de facto le “communiqué” de Daesh du 31 octobre dans l’après-midi, et continuant à insister sur la possibilité qu’il s’agisse d’une attaque par missile. Le 5 novembre encore, dans le texte cité, la possibilité d’une attaque par missile est explicitée par la référence à l’organisation terroriste opérant en Libye Ansar al Sharia, responsable de l’attaque de Benghazi qui coûta la vie à l’ambassadeur des USA. Ansar al Sharia disposerait de missiles de fabrication russe Buk (code-OTAN SA-11), de moyenne portée (entre 5 et 50 kilomètres), venus des arsenaux libyens du temps de Kadhafi. « Ce groupe terroriste ultra-violent a des liens opérationnels très étroits avec le groupe ISIS dans le Sinaï, et il est tout à fait possible qu’il ait transféré ce système de Libye dans le Sinaï... »
D’abord plutôt “satisfait” de cette attaque présentée comme une riposte efficace à l’activité russe en Syrie qui gêne les opérations israéliennes, DEBKAFiles a changé de ton le 5 novembre, pour se faire plus alarmiste pour un certain nombre pays, y compris Israël, ce qui pourrait refléter effectivement le sentiment des sources du renseignement israélien du site, et leur volonté de le faire savoir... « Alors que de plus en plus de gouvernements occidentaux se rapprochent de la thèse que le crash de l’avion russe a été causé par un engin explosif,  les sources contre-terroristes de DEBKAFiles répètent que l’on ne peut pas écarter la thèse d’un tir de missile. L’argument développé mercredi par Washington et Londres selon laquelle les organisations terroristes ne disposent pas de missiles capables d’atteindre et d’abattre de tels avions est simplement incorrecte. La possession par ISIS-Sinaï de systèmes de missiles sol-air avancés met non seulement en danger les avions dans l’espace aérien de la péninsule, mais aussi les avions volant au-dessus du Canal de Suez ainsi que sur des parties de l’Arabie saoudite, de Jordanie et d’Israël. »
• Le même texte considère d’un œil critique l’absence d’initiative de certains pays particulièrement concernés par la situation à Charm-Sinaï, notamment les Britanniques, qui se sont beaucoup agité et ont affirmé dès mardi leurs doutes quant à la possibilité d’un attentat, jusqu’à la décision de suspendre tout vol de ou vers Charm avec des nationaux britanniques à bord, – effectivement comme s’ils craignaient des tirs de missiles. En attendant, observe DEBKAFiles, ils n’ont préparé aucun plan pour les “20.000 vacanciers britanniques assiégés” à Charm El-Cheikh. Conclusion du site israélien : Jusqu’ici, les hésitations, changements de version, refus de commentaire, etc., des principaux pays concernés n’ont qu’un but : « ...gagner du temps pour ne rien faire contre ISIS dans le Sinaï. Ni les USA, ni la Russie, ni la Grande-Bretagne, ne sont prêts à envoyer des forces dans la péninsule pour affronter directement les terroristes. »
Ces commentaires signalent qu’on est en train de passer de la seule affaire de la destruction en vol (accidentelle ou provoquée) d’un charter russe à celle de la sécurité sur le territoire du Sinaï, qui est un point très important d’affrontement avec le terrorisme, en plus des points classiques (Syrie, Irak, Afghanistan). Si on s’est tant attaché aux évolutions et précisions de DEBKAFiles, c’est parce que le site donne une bonne idée, vues ses connexions directes, de l’évolution des évaluations des services de sécurité israéliens. L’on a donc vu l’humeur passer d’une certaine “satisfaction” que la Russie, qui a pris un certain monopole du contrôle du ciel syrien, ressente un contrecoup de cette opération qui frustre les Israéliens en les privant d’une partie importante de leur liberté de manœuvre ; à une inquiétude affirmée pour la sécurité de l’espace aérien de la région (dont celui d’Israël) devant l’activité des groupes terroristes, sans doute équipés, pour certains dontDEBKAFiles, de systèmes d’armes avancés et dévastateurs, hérités soit des aventures catastrophiques des pays du bloc BAO (Libye), soit de l’incroyable tortuosité de la politique US multidirectionnelle et multi-contradictionnelle. Qui plus est, effectivement, l’affaire du vol 9628 montre, une fois de plus, l’impréparation des acteurs militaro-politiques extérieurs devant certaines actions ou certains théâtres de l’action des terroristes, alors qu’ils sont pour la plupart responsables de la constante aggravation de la situation et du renforcement des groupes terroristes toujours pour les mêmes raisons.
• Un autre point de vue est dominé par le facteur de la concurrence entre la Russie et les pays du bloc BAO. Il est exposédans un texte de Justin Raimondo, sur Antiwar.com, qui détaille les hypothèses et les louvoiements, notamment des USA et de UK, vis-à-vis de la version de la destruction du vol 9628. Raimondo cite diverses interventions, interprétations, etc., essentiellement du côté US, pour en arriver à la conclusion  qu’il s’agissait essentiellement de créer continuellement une situation qui soit le moins favorable à la Russie. Pour lui, si la partie USA-UK n’a pas immédiatement évoqué la thèse de l’attentat, c’est pour éviter un mouvement de sympathie de l’opinion publique en faveur des Russes. Il y a eu aussi les diverses théories plus complexes jusqu’aux plus rocambolesques, comme celle d’un “inside job” du FSB (l’attentat organisé par le FSB lui-même, pour obtenir cet effet de sympathie prorusse), qui a été aussitôt soutenue avec enthousiasme par l’exceptionnel sénateur McCain.
« According to numerous news reports, intercepts of “internal communications” of the Islamic State/ISIS group provided evidence that it wasn’t an accident but a terrorist act. Those intercepts must have been available to US and UK government sources early on, yet these same officials said they had no “direct evidence,” as Clapper put it, of terrorist involvement. Why is that? And furthermore: why the general unwillingness of Western governments and media to jump to their usual conclusion when any air disaster occurs, and attribute it to terrorism?
» The answer is simple: they didn’t want to arouse any sympathy for the Russians. Russia, as we all know, is The Enemy – considered even worse, in some circles, than the jihadists.  Indeed, there’s a whole section of opinion-makers devoted to the idea that  we must help Islamist crazies in Syria, including al-Qaeda’s affiliate, known as al-Nusra, precisely in order to stop the Evil Putin from extending Russian influence into the region.
» In a broader sense, the reluctance to acknowledge that this was indeed a terrorist act is rooted in a refusal to acknowledge the commonality of interests that exists between Putin’s Russia and the West. The downing of the Metrojet is just the latest atrocity carried out by the head-choppers against the Russian people: this includes not only the Beslan school massacre, in which over 700 children were taken hostage by Chechen Islamists, but also thefive apartment bombings that took place in 1999. The real extent of Western hostility to Russia, and the unwillingness to realize that Russia has been a major terrorist target, is underscored by the shameful propaganda pushed by the late Alexander Litvinenko, and endorsed by Sen. John McCain, which claims that the bombings were an “inside job” carried out by the Russian FSB – a version of “trutherism” that, if uttered in the US in relation to the 9/11 attacks, is routinely (and rightly) dismissed as sheer crankery. But where the Russians are concerned it’s not only allowable, it’s the default. A particularly egregious example is Russophobic hack Michael D. Weiss, who, days before the downing of the Russian passenger plane, solemnly informed us that Putin was “sending jihadists to join ISIS.” Boy oh boy, talk about ingratitude! »
• D’une façon générale, les Russes restent extrêmement prudents, se retranchant derrière les procédures de l’enquête, dont l’appréciation officielle était jusqu’à ces derniers jours qu’elles peuvent durer plusieurs mois avant de donner leurs conclusions. Il n’empêche que Poutine vient de décider, sur la recommandation du chef du FSB,d’annuler les vols russes vers l’Égypte, sans qu'on sache précisément pour quelle durée ; par mesure de précaution, certes, mais une précaution qui en dit long dans le climat actuel. Même des partisans décidés de la Russie et de Poutine,comme le Saker-US, concluent d’une façon assez nette, après plusieurs jours de silence pour pouvoir mieux mesurer les éléments de cette affaire, que le vol 9628 a été victime d’un attentat. (Mais le Saker-US rejette absolument l’idée d’un missile sol-air, pour favoriser l’hypothèse d’une bombe posée à bord de l’avion, avec la complicité de l’un ou l’autre membre des services de sécurité égyptiens, ou la très mauvaise qualité de ces services en général.)
Quoi qu’il en soit, les Russes sont furieux vis-à-vis des Britanniques, qui disent avoir eu des indices sinon plus de la préparation d’une attaque avant la destruction du vol 9628. Leur argument est évident et ne porte nullement sur la véracité des indications, mais simplement sur ceci : “Si vous aviez des indices, vrais ou faux, pourquoi ne pas nous les avoir communiqués ?” ... La réponse étant sans doute, simplement : “parce que vous êtes Russes”. La question qui se pose à propos de cet incident est de savoir si les Russes protestent pour la forme, pour avancer dans la guerre de communication avec le bloc BAO, ou bien s’ils croient encore qu’il existe une forme ou l’autre de possibilité de coopération sincère entre la Russie et le bloc BAO (ou, dans tous les cas, certains pays du bloc BAO, essentiellement les Anglo-Saxons). Si c’est la deuxième réponse, il faut alors déplorer chez eux un reste de naïveté dont ils devraient se débarrasser au plus vite.
• Mais, incontestablement, le pays le plus touché par l’attentat est l’Égypte, beaucoup plus que la Russie. Il est d’ailleurs raisonnable de penser que l’attitude des Russes, plutôt embarrassés entre leur prudence sinon le déni de certaines indications, et tout de même certaines mesures de précaution, vient pour beaucoup de leur volonté de ménager au maximum l’Égypte, d’éviter de mettre Sissi dans l’embarras en renforçant l’idée que ce pays n’a pas de système de contrôle de sécurité efficace. La Russie a misé gros sur ses relations stratégiques avec l’Égypte d’une part, et d’autre part elle pourrait calculer qu’à l’occasion de cet incident, au cours duquel le couple USA-UK n’a rien fait pour aider l’Égypte bien au contraire, ce pays devrait se rapprocher décisivement de l’axe Russie-Syrie-Iran-Irak dont il est déjà proche.
(Il ne nous semble pas que ce soit un gros risque de la part des Russes de réagir de façon si mesurée. Notre sentiment est que, pour l’opinion publique, la destruction du vol 9628 a plus à voir avec l’attaque terroriste constante dont la Russie est l’objet depuis plus d’une décennie qu’avec la présence russe en Syrie. Le Saker-US nous semble avoir raison lorsqu’il écrit : « As soon as the Russian military operation in Syria began, officials were asked whether this would not dramatically increase the risks of terrorist attacks against Russian.  Their answer was always the same one: “we already are under maximal threat, this does not make it worse“.  This is forgotten in the West, but Russia is still battling a terrorist insurgency in Dagestan.  Wahabi crazies are regularly arrested even in Moscow! » A notre sens, la réaction de l’opinion publique russe pourrait être contraire à celle que certains pourraient attendre : un durcissement vis-à-vis du terrorisme, une assimilation plus complète de l’intervention russe eh Syrie à la lutte contre le terrorisme qu’elle n’était faite jusqu’alors, – plutôt que comme un simple soutien à Assad.)
Finalement et outre de montrer une fois de plus le désordre général de la situation, et des situations au Moyen-Orient, la destruction du vol 9628 devrait surtout avoir pour effet de faire entrer l’Égypte de plain-pied dans le chaudron moyen-oriental autour de la Syrie, beaucoup plus qu’elle ne l’a fait jusqu’ici, avec des risques d’extension du désordre international et multinational au Sinaï lui-même. L’Égypte va être touchée de plein fouet par l’attaque, avec une réduction supplémentaire du tourisme étranger dans le pays qui constitue une grosse source de revenus. D’autre part, l’attaque met clairement en lumière la connexion entre le centre syrien de la crise d’une part, l’extension libyenne d’autre part, en rappelant le rôle que la Libye joue comme pourvoyeuse de désordre dite “de second rideau”, et l’Égypte coincée entre les deux. On y ajouterait même, cerise énorme sur le gâteau, l’Algérie sur l’aile occidentale de la Libye, qui est particulièrement “travaillée” par les divers groupes terroristes, de contrebande, de crime organisé en ce moment où le pouvoir politique se délite rapidement, et qui constitue actuellement la principale préoccupation interne de certains services de renseignement d’un possible embrasement à venir.
Dans ce cadre absolument menaçant, l’Égypte est pratiquement enfermée dans une position où les choix diminuent et où les urgences s’imposent. Notre appréciation est que l’Égypte ne pourra faire autrement que quitter son attitude passive et défensive, qu’elle devra nécessairement passer à l’offensive, éventuellement hors de son territoire strictement dit, sous peine de connaître des remous internes qui pourrait conduire à un basculement total du pays dans l’anarchie. C’est finalement une situation assez générale, lorsqu’on considère les évènements d’une façon intégrée. Le désordre grandit et s’étend à une telle rapidité, et l’incontrôlabilité de la situation à mesure, qu’il n’est plus possible, le plus souvent, de rester sur des positions défensives, selon une stratégie de la forteresse. Nous pensons qu’il va falloir  très vite accepter l’argument, de la part des Russes, que le principal motif de leur intervention en Syrie est bien un effort pour bloquer l’extension du terrorisme vers le Caucase, directement ou indirectement. L’implication de l’Égypte, si elle se fait, devrait avoir des effets collatéraux importants, notamment sur ses relations avec l’Arabie qui est son principal pourvoyeur de fonds, mais qui se trouve elle aussi dans une situation en constante aggravation interne avec notamment une réduction notable de ses revenus pétroliers et surtout avec le conflit avec le Yemen, avec actuellement une situation militaire inquiétante. (Selon les Iraniens, les attaques et incursions yéménites en territoire saoudiens se multiplient.)
Quoi qu’il en soit, si la destruction du vol 9628 est bien un attentat de Daesh contre la Russie pour riposter contre l’intervention russe en Syrie, ce n’est pas une affaire qu’on peut maintenir dans ce strict cadre. C’est une affaire, une crise dans la crise comme d’habitude, dont les conséquences vont largement dépasser ce seul antagonisme Russie-Daesh, et même le seul théâtre conflictuel de la Syrie. Là aussi, le phénomène de la tache d’huile va jouer à fond, contribuant à élargir encore le cercle maléfique du désordre, avec des acteurs qui, de plus en plus, et même ceux qui paraissent les plus raisonnables, n’ont plus rien à perdre dans un engagement de plus en plus décisif ; il ne s’agit certainement pas d’un embourbement comme certains le prévoit en se référant à un cas classique d’une époque disparue, mais au contraire d’un accroissement de la potentialité explosive de l’ensemble qui constitue l’arrière-plan constant de la situation nouvelle.

Mis en ligne le 6 novembre 2015 à 23H50

jeudi 13 août 2015

Daesh-désordre, et le général Flynn en vedette américaine / Daesh-disorder and General Flynn as american guest

Auteur : Philippe Grasset - Source : http://www.dedefensa.org/article-daesh-d_sordre_et_le_g_n_ral_flynn_en_vedette_am_ricaine_12_08_2015.html


On devra désormais compter avec le Général (à la retraite depuis août 2014) Michael Flynn, ancien de le 82ème division aéroportée, puis un des participants de la création et de la mise en place du JSOC qui est le commandement intégrant toutes les forces spéciales et dont il fut beaucoup question dans des termes polémiques à une certaine époque (voir notamment le 12 mai 2011 et le 5 août 2011). Flynn a été enfin, pour couronner sa carrière, directeur de la DIA de 2012 à 2014 et c’est lui qui eut la responsabilité des fameux documents de la DIA rendus publics en juin dernier, et avertissant l’administration Obama que l’action de soutien aux forces anti-Assad allait provoquer des rassemblements de forces islamiques qui pourraient déboucher sur la création d’une entité puissante, qui pourrait prendre la forme d’un véritable “État terroriste”, – ce qui est fait, effectivement sous la forme de Daesh/EI. Le Général Flynn a donné une interview àAljazeera où il détaille cette affaire, en même temps qu’il donne son avis général sur toute la politique US depuis l’attaque de l’Irak, qu’il condamne en des termes extrêmement clairs.
L’interview, très longue (47 minutes) est visible sur YouTube, à la date du 31 juillet 2015. Nous serions bien en peine d’expliquer pourquoi les commentaires les plus intéressants apparaissent dans la période actuelle, dix jours plus tard, sinon par l’habituelle circonstance qui fait que la presse-Système préfère ne pas donner une trop forte publicité à des déclarations mettant en cause le Système sur des points de très forte polémique. (On ne doit pas oublier également queAljazeera est une chaîne qatarie, qui appartient au gouvernement du Qatar qui a lui-même une politique active en Syrie. Les déclarations de Flynn sont à la fois avantageuses pour lui en le dégageant de sa responsabilité centrale d’avoir favorisé l’émergence de Daesh, et désavantageuses pour lui dans la mesure où il suit une politique similaire à celle des USA.) Quoi qu’il en soit, on trouvera sur RT-français un résumé en français de l’intervention de Flynn (le 10 août 2015). Le rapport le plus intéressant, tout en étant assez court, est celui que fait MK Bhadrakumar, le même 10 août 2015. On en donne ici les extraits les plus significatifs...
• D’une façon générale, les jugements de Flynn sur l’action de la politique extérieure des USA sont donc extrêmement sévères et concernent absolument toutes les initiatives prises dans ce qu’on nomme la “guerre contre la Terreur” depuis 2001. «There could only be a few, if any, US Army generals with such deep and extensive knowledge of operational intelligence and special operations in Iraq and Afghanistan as Michael Flynn, who retired as the director of the Defence Intelligence Agency [DIA] just one year ago. Originally assigned to the famous 82nd Airborne Division, his was a career almost entirely dedicated to military intelligence and special operations. Added to that, Gen. Flynn has a well-earned reputation of being an iconoclast. Remember his extraordinary report of January 2010 on the colossal failings of the hydra-headed US intelligence community in Afghanistan?
»All of which, indeed, makes his interview with Al Jazeera last week regarding the US’ fight against the Islamic State very riveting. Let me put down the key points Gen. Flynn made: * The war in Iraq was a mistake; it led to the rise of the Islamic State. * The US should be held accountable for what happened. History is not going to be kind. * The “entire system” is guilty of war crimes in Iraq and Afghanistan. * The drone attacks have been a ghastly mistake, as they created more terrorists. * Something is wrong with the US’ policies and strategies insofar as the US invested more in conflicts and not in finding solutions to conflicts. That is why terrorism is proliferating. * President Barack Obama should have a different approach — although there are people in the US who believe in “perpetuating conflicts for rest of time”.
• Puis Bhadrakumar aborde la question spécifique du processus de la création/de la constitution de Daesh/EI. Le passage est court mais il nous restitue sans aucun doiute les convceptions du Général Flynn qui se pose pour ce qu’il était : un dirigeant du renseignement, qui informait les autorités civiles, qui leur donnait des analyses voire des conseils, mais n’avait aucune autorité dans ce qui était finalement décidé... Flynn «said he had argued against the US sponsoring foreign militants in Syria, but of no avail. The reason was that the US and its allies were sponsoring terrorists to put pressure on the Syrian government. Of course, the stunning part of the interview was his frank admission that as far back as 2012, the US administration knew about the ascendance of the Islamic State [IS] in Syria, but it was a “willful decision” by the White House to use it to further the ‘regime change’ agenda in that country. Gen. Lynn was associated with an internal DIA study that was recently released, which shows that the Obama administration knew that the actions of “the West, Gulf countries and Turkey” in Syria would create a virulently extremist group like the IS.
»He said he had studied a DIA memo in 2012, which predicted the West’s backing of the IS and was based on very clear intelligence. When the interviewer asked him whether the Obama administration turned a “blind eye” to his analysis, this was Gen. Flynn’s chilling reply: “I don’t know that they turned a blind eye, I think it was a decision. I think it was willful decision… It was a willful decision to do what they’re doing”. He said he had argued against the US sponsoring foreign militants in Syria, but of no avail. The reason was that the US and its allies were sponsoring terrorists to put pressure on the Syrian government.»
• La transcription du passage essentiel de l’interview est à cet égard sans la moindre ambiguïté, telle que nous la donneRealClairPolitic (le 10 août 2015), qui reprend l’entièreté du document d’Aljazeera où Mehdi Hasan interroge Flynn :
Hasan : «You are basically saying that even in government at the time you knew these groups were around, you saw this analysis, and you were arguing against it, but who wasn’t listening?»
Flynn : «I think the administration.»
Hasan : «So the administration turned a blind eye to your analysis?»
Hasan : «I don’t know that they turned a blind eye, I think it was a decision. I think it was a willful decision.»
Hasan : «A willful decision to support an insurgency that had Salafists, Al Qaeda and the Muslim Brotherhood?»
Hasan : «It was a willful decision to do what they’re doing.»
• Bien sûr, on sait depuis deux mois par les documents déclassifiés de la DIA que les USA savaient depuis 2012 qu’un “État Islamique” serait en voie de constitution à partir des mesures qu'ils prenaient. En fait, on le savait indirectement depuis bien plus longtemps, justement depuis 2012 ... On doit rappeler que cette possibilité était déjà évoquée publiquement en 2012, par un article fameux paru sur le site du CFR (Council of Foreign Relations), qui avait fait à l’époque un certain bruit. L’auteur, le Senior Fellow CFR Ed Husain constatait la faiblesse des “rebelles modérés” et préconisait, sans doute à partir de sources de l’administration utilisant cette nouvelle comme un “ballon d’essai”, de renforcer et d’utiliser les groupes islamistes pour abattre le régime syrien et liquider Assad. Déjà, l’on parlait du but des islamistes de constituer unDaesh/EI dans une partie de la Syrie, le “plan” étant alors de les utiliser jusqu’à la chute d’Assad et ensuite de les neutraliser pour les empêcher de créer leur entité (voir le 8 août 2012) :
«The Syrian rebels would be immeasurably weaker today without al-Qaeda in their ranks. By and large, Free Syrian Army (FSA) battalions are tired, divided, chaotic, and ineffective. Feeling abandoned by the West, rebel forces are increasingly demoralized as they square off with the Assad regime's superior weaponry and professional army. Al-Qaeda fighters, however, may help improve morale. The influx of jihadis brings discipline, religious fervor, battle experience from Iraq, funding from Sunni sympathizers in the Gulf, and most importantly, deadly results. In short, the FSA needs al-Qaeda now. […]
»Al-Qaeda is not sacrificing its “martyrs” in Syria merely to overthrow Assad. Liberation of the Syrian people is a bonus, but the main aim is to create an Islamist state in all or part of the country. Failing that, they hope to at least establish a strategic base for the organization's remnants across the border in Iraq, and create a regional headquarters where mujahideen can enjoy a safe haven. If al-Qaeda continues to play an increasingly important role in the rebellion, then a post-Assad government will be indebted to the tribes and regions allied to the Jabhat. Failing to honor the Jabhat's future requests, assuming Assad falls, could see a continuation of conflict in Syria.
»Thus far, Washington seems reluctant to weigh heavily into this issue. […] But the planning to minimize al-Qaeda's likely hold over Syrian tribes and fighters must begin now as the Obama administration ramps up its support to rebel groups...»
... Aussi, le véritable intérêt de l’intervention du Général Flynn est sans aucun doute de détailler le comportement de l’administration par rapport aux informations et aux analyses que la DIA lui faisait parvenir. Il apparaît que l’administration était toute entière braquée sur un seul but, d’ailleurs comme la plupart des pays alliés du bloc BAO engagés dans la crise syrienne, qui était la liquidation du régime syrien, et plus précisément la liquidation d’Assad. Il ne s’agit même pas d’un but stratégique ou de tout autre type, mais d’une décision suivant des actes de communication massifs (on le vit notamment aux diverses et grotesques performances de notre ministre français des affaires étrangères), impliquant une sorte de vendetta à partir d’une logique relevant toute entière de ce que nous avons nommé depuisdéterminisme-narrativiste. Flynn indique bien qu’il n’y avait aucun plan stratégique, aucun “complot” d’aucune sorte, devant une perspective que la DIA annonçait, sans grand mérite d’ailleurs, comme évidemment catastrophique. La communication primait tout, et la communication c’était le président Obama ayant publiquement et personnellement dénoncé Assad, parfois dans des termes s’apparentant justement à une situation de vendetta de la part d’un gangster, et donc il fallait tout faire pour “avoir la peau” d’Assad.
Les révélations de Flynn, qui montrent un chef du renseignement US atterré devant l’irresponsabilité des actes de sa direction civile, renforcent notre conviction que toute la politique du bloc BAO, c’est-à-dire l’opérationnalisation de la “politique-Système”, est faite à partir de concepts primaires, selon une vision extraordinairement étroite, sans aucune vision stratégique, avec comme principale assise la communication autour d’un narrative évidemment tout aussi primaire et, particulièrement pour les USA, le moteur d’un hybris dévastateur dont le porte-drapeau et le porte-voix principal est dans ce cas le président avec sa dialectique courante, pompeuse et furieuse. Il n’y a aucune construction stratégique ni la moindre préoccupation de cohérence opérationnelle, y compris pour une quelconque hégémonie, mais une gestion effrénée et hystérique de l’apparence et des évènements immédiats. Les conséquences à terme, même lorsqu’elles sont détaillées dans un rapport de la DIA, sont considérées comme sans intérêt parce que sans rapport ni intérêt immédiats en termes de communication, notamment pour le statut de l’équipe dirigeante et du premier parmi les dirigeants.
Ce que révèle Flynn est sans doute ce qu’on pouvait imaginer de pire, et dont d’ailleurs divers commentateurs ont avancé l’hypothèse. Une gestion au jour le jour, une absence complète de considération pour les intérêts qu’on est censé protéger sur le terme, un sacrifice complet de toute mesure et de toute rationalité au profit d’un désordre sans cesse grandissant et qui ne cesse d’imposer sa loi. Le résultat, pour l’instant, bien plus qu’hier et bien moins que demain naturellement, se nomme Daesh/État Islamique ; c’est-à-dire bien plus qu’une avancée quelconque dans une bataille donnée, bien plus qu’une victoire décisive de tel ou tel parti, bien plus qu’une ambitions secrète qui se découvre, bien plus qu’une étape d’un plan secret conçu de main de maître, bien plus et de façon complètement différente que toutes ces situations normales de conflits, – le résultat se récite selon un couplet classique, – du désordre, encore du désordre, toujours du désordre...
Dit en termes rationnels et assez modestes de la part de l’homme du renseignement, du Général-baroudeur confronté à des conditions extraordinaires et à des directions-Système qui ont abandonné depuis longtemps toute prétention au contrôle des choses, et au désordre qui domine tout, – cela donne ceci... Il s’agit des réponses que Flynn donnait à une interview qui était encore bien “sage” par rapport à celle d’Aljazeera, faite la veille de son départ à la retraite. Il s’agit plus précisément des extraits des réponses aux premières questions de James Kittfield, de Breaking Defense, le 7 août 2014...
Kittfield : «...Avez-vous jamais vu autant de crises survenant simultanément ?»
Flynn : «Non. J’arrive chaque matin dans ce bureau ... et je passe deux à trois heures à lire les rapports de renseignement. Franchement, je vous dirai que ce que je vois chaque jour est l’environnement international le plus incertain, le plus chaotique et le plus confus de tout ce que j’ai vu dans ma carrière. Il y a eu probablement des temps plus dangereux, comme lorsque les Nazis et les Japonais tentèrent de dominer le monde, mais vraiment nous nous trouvons dans une époque de ce degré de dangerosité. [...] Ce que je vois, c’est la géographie stratégique et les frontières sur la carte du monde qui changent littéralement sous nos yeux. Ce changement est sans cesse en train d’accélérer à cause de l’explosion des médias sociaux. Et nous, dans la communauté du renseignement, nous essayons d’y comprendre quelque chose...»

Mis en ligne le 12 août 2015 à 11H43
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