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lundi 17 janvier 2022

René Girard, la vérité mimétique


 KTOTV

René Girard est considéré comme l'un des grands penseurs de la seconde moitié du XXème siècle. Ce documentaire est un voyage au coeur de son oeuvre, de sa réflexion et de sa vie. Il explore et révèle les multiples aspects de sa fascinante « théorie mimétique ». Proches et fins connaisseurs de Girard se succèdent pour mettre en lumière sa pensée. Celle-ci affirme que le désir et l'imitation alimentent depuis toujours la mécanique du comportement humain, menant à la rivalité et la violence mimétiques, puis à la désignation du bouc-émissaire. A travers les mythes, les sociétés anciennes, les religions, l'Histoire de l'humanité, et jusque dans notre actualité, René Girard apporte l'éclairage singulier de sa vérité universelle. Où souffle aussi l'Esprit car, pour lui, tous les chemins de l'Homme mènent au Christ. René Girard, la vérité mimétique - Une coproduction KTO/CRESCENDO MEDIA FILMS 2021 - Réalisée par Yves Bernanos

mardi 19 juin 2018

[Thinkerview] Jon Palais Non violence VS urgence climatique / [Thinkerview] Jon Palais Non violence VS climatic urgency

Plus largement, un chouette débat à propos de la violence et de la non-violence comme outils de changement de paradigme




Diffusé en direct le 8 juin 2018

Interview de Jon palais en direct le 08/06/2018 à 14h. SOURCEZ, VERIFIEZ LES FAITS EN DIRECT : ✅ https://captainfact.io/videos/gzqq S'inscrire : https://captainfact.io/signup?invitat... SOUTENEZ-NOUS : ▶️ https://tipeee.com/thinkerview ECOUTER EN PODCAST AUDIO : 🎙️ https://thinkerview.com/feed/podcast/ 🎙️ https://itunes.apple.com/fr/podcast/t... 🔗 SITE : https://thinkerview.com 🔗 YOUTUBE : https://youtube.com/Thinkerview 🔗 FACEBOOK : https://facebook.com/Thinkerview 🔗 TWITTER : https://twitter.com/Thinker_View 🔗 PEERTUBE : https://thinkerview.video (CC BY-NC-SA 4.0) https://creativecommons.org/licenses/... Cette œuvre vidéo et sonore de Thinkerview est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Mettre obligatoirement un lien vers la source originale entière en cas de réutilisation. Merci.

mardi 27 juin 2017

Sortir des crises et de leur violence en passant du raisonnement binaire au raisonnement ternaire (2) / Take out crises and their violence in passing of the binary reasoning to the ternary reasoning (2)


Je ne peux que recommander cette nouvelle série de vidéos à toutes les personnes qui veulent lutter contre la haine et la violence, y compris celles qui peuvent se développer en chacun de nous.  
Merci à l'auteur pour cet outil d'éducation populaire. 

Petite citation de Proudhon pouvant illustrer les propos de David, l'auteur de ces vidéos :

 "Puisque les deux principes sur lesquels repose tout ordre social, l'autorité et la liberté, d'un côté sont contraires l'un à l'autre et toujours en lutte, et que d'autre part ils ne peuvent ni s'exclure ni se résoudre, une transaction entre eux est inévitable. quel que soit le système préféré, monarchique ou démocratique, communiste ou anarchique, l'institution ne se soutiendra quelque temps qu'autant qu'elle aura su s'appuyer, dans une proportion plus ou moins considérable, sur les données de son antagoniste" (Fédératif, 67)

En gros, nous n'aurions pas d'autres choix que de concilier les contradictions, de les équilibrer.

Dans Pierre-Joseph Proudhon, l'anarchie sans le désordre, Isabel Thibault précise qu' "Il existe en l'homme des aspirations antinomiques, divergentes, qui rendent la vie difficile. Nous désirons en même temps une chose et son contraire, et ne pouvons donc être pleinement satisfaits. Les faiseurs d'utopie sont dangereux parce qu'ils nient le caractère tragique de l'existence. En réalité, nous ne verrons jamais naître un pays de cocagne où tout le monde sera heureux. L'admettre constitue le premier pas en dehors des sentiers de perditions Car, à rêver d'une société idyllique, on ne crée jamais que des royaumes de cauchemar, et les "lendemaisn qui chantent" assurent surtout la prospérité des dictateurs." p71-72. 

Je crois que l'utopie et le rêve sont nécessaires... mais qu'il faut tenir compte, aussi, du caractère tragique de l'existence.

Pour mieux comprendre les propos qui suivent, je vous recommande de visionner d'abord la première partie sur  http://trodetou.blogspot.be/2017/06/sortir-des-crises-et-de-leur-violence.html








mercredi 14 juin 2017

Sortir des crises et de leur violence en passant du raisonnement binaire au raisonnement ternaire (1) / Take out crises and their violence in passing of the binary reasoning to the ternary reasoning (1)


Je ne peux que recommander cette nouvelle série de vidéos à toutes les personnes qui veulent lutter contre la haine et la violence, y compris celles qui peuvent se développer en chacun de nous.  
Merci à l'auteur pour cet outil d'éducation populaire. 







vendredi 3 juin 2016

Michel Onfray : «Nous sommes déjà en guerre civile»... "la guerre civile c'est une partie du pays qui déteste une autre partie" / Michel Onfray: "we are already at war a civilian" ...The civil war, it is the part of the country that hates another part

https://francais.rt.com/france/21513-michel-onfray-nous-sommes-deja-en-guerre-civile


Michel Onfray a reçu RT France dans son domicile de Caen, sa ville de toujours.
Michel Onfray a reçu RT France dans son domicile de Caen, sa ville de toujours.
Le philosophe a reçu RT France pour un entretien : contestation sociale en France, Etat islamique, politique intérieure et extérieure de l’Hexagone... Michel Onfray nous livre une analyse de l'actualité sombre, mais qu’il veut réaliste.
Il a mis fin à sa période de retraite médiatique. Attaqué de toutes parts pour ses prises de positions iconoclastes, Michel Onfray exècre toujours autant le politiquement correct. Cela tombe bien, il nous a ouvert ses portes pour un entretien détonnant. Une France au bord du chaos, un président qui ne pense qu’à se faire réélire, des politiques sans vision, l’avenir dépeint par le philosophe est peu enthousiasmant.



Durant cet entretien, il a longuement été question de l’islam, dont Michel Onfray a traité dans son dernier ouvrage, Penser l’islam. Une occasion d’aborder les positions explosives de celui qui pense qu’il faut «négocier avec Daesh».

vendredi 1 janvier 2016

Stratégie pour les Peuples / Strategy for the Peoples

strategie-peuples-300








La Terre est un Paradis.
La Terre est un Purgatoire.
La Terre est un Enfer.
Sur quelle Terre vivez-vous ?
La théorie du 99% au service du 1% semble aujourd’hui faire l’unanimité, factuellement, par coercition, et non par le souhait et la volonté des peuples. Cf. notamment « Of the 1%, by the 1%, for the 1% » par Joseph E. Stiglitz et la naissance du mouvement international « Occupy movement » avec leur fameux slogan « We are the 99% ».
Le destin du 1% est lié au sort des 99% qui acceptent de moins en moins leur condition, et ces inégalités qui ne cessent de croître par la paupérisation des populations, et le font savoir. Cf. Anti-austerity_movement_in_Spain,Occupy_Wall_StreetList_of_riots_in_London2011_England_riots,  Anti-austerity_movement_in_Greece, etc.
Que faire, puisque comme vous le constatez tous les jours le bateau des 99 % prend l’eau de toutes parts alors que le 1% se porte encore et toujours de mieux en mieux ?
Ne me croyez pas sur parole, vérifiez par vous-même. Le nombre de milliardaires augmente. Faîtes une recherche « nombre de milliardaires augmente ».
Ainsi la « crise » financière se révèle très rentable et ce n’est qu’un début.
En France, nous avons battu en 2014 le record du nombre de milliardaires !
Y a-t-il un lien entre la paupérisation des populations et l’augmentation du nombre des milliardaires ? Et qu’en est-il des millionnaires ? Sauf erreur, la croissance est à deux chiffres, merci bien.
Nous, les 99%, constatons que parallèlement, notre pouvoir d’achat diminue d’année en année (merci à Jacques Delorsd’avoir supprimé l’échelle mobile des salaires qui consistait à augmenter les salaires en fonction de l’augmentation des prix afin de conserver le pouvoir d’achat des salariés face à l’inflation (dès 1982) car les opérations de « privatisation des profits » et de « socialisation des pertes » restent une règle d’or, au moyen notamment de structures de défaisance. Nous savons également que notre Agence France Trésor gère notre dette au lieu de faire fructifier nos richesses, que la France est en faillite et que nos impôts sur le revenu ne couvrent plus les intérêts de notre dette, et cela depuis 2005 environ. La charge de la dette devenant le deuxième poste budgétaire de la France et ayant pour vocation de passer un jour en première position. Pour le moment, je ne vais pas m’étendre sur le sujet de la répartition des richesses et des solutions gagnant-gagnant pour changer la tendance actuelle, car il ne constitue pas le sujet de cet article. Un autre monde est possible et heureusement pour nous, n’est ce pas :) ?
Toutefois, comme le dit, Warren Buffet, la lutte des classes menée par les riches est en train d’être gagnée par les riches. C’est un fait.
Donc que faire ?
Comprendre quelles sont les stratégies utilisées par le 1% pour le « bien commun » des 99% ?
C’est très difficile, mais ce n’est pas impossible.
Est-ce si difficile ? Non, car avec l’expérience, vous constaterez que les processus sont à chaque fois identiques et que vous les retrouvez également dans les films et les séries.
Vous pouvez utiliser la clef des médiamensonges et creuser le sujet par vous même.
Comprendre quelle est la finalité et les objectifs de ces stratégies.
Si en toute bonne foi et en conscience, vous considérez que ce sont des stratégies qui servent le bien commun, alors tout va bien, vous n’avez qu’à profiter des joies de l’existence.
Si ce n’est pas le cas, que faire ?
Cherchez et vous trouverez. Car celui qui cherche, trouve.
Ne souriez pas. Ne soyez pas agacés. Le hasard n’existe pas, et si vous lisez ces lignes, vous savez que ce n’est pas par hasard. Vous devez penser par vous même et si votre démarche est honnête, vous savez qu’une seule personne peut répondre à la question « que faire ? ». Et c’est vous, le lecteur.
Vous êtes libre et vous avez le choix.
Les peuples sont le 99%. Même si je souhaite concéder que pour certains sujets, comme le jeu d’échecs, une minorité de 1% aura toujours raison par rapport aux 99%. Dit autrement, les 99% auront les plus grandes difficultés à réussir à trouver le meilleur coup dans une position donnée. Toutefois ce 1% ne s’est pas auto-proclamé, ni coopté, ni hissé par la force ou la coercition. Ce 1% est naturellement doué et/ou a acquis et développé cette compétence par l’effort et le travail.
Nous les 99%, base de la pyramide, avons besoin des leaders politiques dont la plupart sont en fonction grâce aux peuples et en théorie, pour le peuple, et non pour les étages supérieurs.
Vous, leaders politiques, vous êtes en charge au nom de ceux qui vous ont accordé leur confiance et leurs espoirs (gratuitement !); et non pas pour ceux qui vous ont financé et/ou aidé par leurs réseaux.
Je ne suis pas né de la dernière pluie, et je conçois que ma démarche peut paraître bien risible et naïve à plus d’un titre. Toutefois, si vous voyez que le monde actuel et les forces temporelles actuelles reproduisent un même schéma depuis la nuit des temps, alors prenons le temps de le changer aujourd’hui, maintenant, tout de suite. Car la totalité du temps est dans l’instant présent, et ce que nous n’avons pas fait dans les 50 000 ans passés, nous ne le ferons pas dans les 50 000 ans à venir (Cf. J. Krishnamurti).
Comprenez qu’il ne s’agit pas de tout casser et de faire un tabula rasa. Mais de changer le monde, tout de suite par le dialogue, par un monde véritablement multi-polaire, par un monde coopératif (et non pas compétitif), par l’engagement de tous sur des objectifs communs; et non par la force et la coercition, qui servent trop souvent à maintenir dans le sang, l’ordre de préséance des nations (Cf. « Le Principe de Lucifer », Howard Bloom, chapitre 38, page 231).
Arrêtons le, « Delenda Carthago ! », « Il faut détruire Carthage ! » (Cf. Dialogue entre les civilisations : le message d’OHRID).
Dit autrement, plus simplement, arrêtons de suivre la voie du plus fort. Prenons le chemin de l’intelligence et de l’amour. Vous, lecteur, le souhaitez-vous ?
En France, vous ne pouvez pas raisonnablement prôner et marteler le bien vivre ensemble dans un monde qui quotidiennement ne vit pas bien ensemble, ni côte à côte, ni aux côtés des autres.
Dans l’histoire de l’humanité, des hommes et des femmes, ont réussi par le Verbe à changer positivement le monde. C’est le Verbe qui change le quotidien de votre entourage. Vous pouvez changer positivement votre microcosme et vous savez que cela fonctionne. Nous, les peuples, pouvons changer positivement le monde par le Verbe. À moins que vous ne trouviez plus distrayant de continuer à le faire par la force, la coercition, par le sang versé, ad nauseam.
Cela implique une prise de conscience des 99% afin de réaliser que le monde est tel qu’il est parce que les 99% acceptent de gré ou de force, ou bien passivement, ce qui est, et sont par conséquent complices du 1%. Rien n’est possible sans les 99% et c’est à nous les 99% de re-conquérir pacifiquement, avec ténacité, le pouvoir que nous avons laissé le soin à d’autres de s’occuper des affaires qui nous concernent.
Je souligne que cela doit se faire pacifiquement, pour esquiver le cycle infernal violence-répression-rébellion car vous pouvez utiliser votre colère de façon positive et constructive (Cf. « Mon grand-père était Gandhi », Arun Gandhi, page 24 et 25, et le film « Vice-versa »).
Votre serviteur,
José Manuel Cojest

source : http://www.cercledesvolontaires.fr/2015/12/20/strategie-pour-les-peuples/

dimanche 1 novembre 2015

Minuit moins deux. Crises sociales, environnementales, financières, migratoires, etc. Un article exceptionnel et édifiant de Chris Hedges - "Le grand dénouement" - pour comprendre les origines du cercle vicieux de la violence et tenter d'en sortir... / Midnight less two. Social, environmental, financial, migratory crises, etc. Chris Hedges's exceptional and edifying article - " The great unraveling" to understand the origins of the vicious circle of the violence and try to go out of it...

Le grand dénouement

Hedges Chris, in http://partage-le.com/2015/09/un-terrible-denouement-chris-hedges/, V.O. in http://www.truthdig.com/report/item/the_great_unraveling_20150830
Un article édifiant au service de la paix. A diffuser sans modération.

Christopher Lynn Hedges (né le 18 septembre 1956 à Saint-Johnsbury, au Vermont) est un journaliste et auteur américain. Récipiendaire d’un prix Pulitzer, Chris Hedges fut correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, ses écrits paraissent maintenant dans la presse indépendante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Il est éditorialiste du lundi pour le site Truthdig.com.

Le joug idéologique et physique de la puissance impériale États-unienne, soutenu par l’idéologie utopique du néolibéralisme et du capitalisme mondialisé, se désagrège. Beaucoup, dont nombre de ceux évoluant au cœur de l’empire états-unien, reconnaissent que chaque promesse faite par les partisans du néolibéralisme est un mensonge. La richesse mondiale, au lieu d’être équitablement répartie comme l’ont promis les partisans du néolibéralisme, a été siphonnée entre les mains d’une élite oligarchique vorace, entraînant ainsi d’immenses inégalités économiques. Les travailleurs pauvres dont les syndicats et les droits ont été éliminés et dont les salaires stagnent ou baissent depuis 40 ans, ont été condamnés à la pauvreté chronique et au chômage, transformant leur vie en une crise interminable, source d’un stress permanent. La classe moyenne s’évapore. Des villes qui produisaient et offraient autrefois des emplois en usine se changent en villes fantômes. Les prisons sont surpeuplées. Les corporations ont orchestré la destruction des barrières commerciales, engrangeant ainsi plus de 2.1 billions de dollars en profits dans des banques offshores pour éviter de payer des taxes. Et l’ordre néolibéral, malgré sa promesse de construire et de répandre la démocratie, a éviscéré les systèmes démocratiques, les transformant en Léviathans corporatistes.
La démocratie, particulièrement aux États-Unis, est une farce, vomissant des démagogues d’extrême-droite comme Donald Trump, qui pourrait devenir le candidat républicain à la présidentielle, et peut-être même le président, ou d’insidieux et malhonnêtes larbins corporatistes comme Hillary Clinton, Barack Obama, et, s’il tient sa promesse de soutien au candidat démocrate, Bernie Sanders. Les étiquettes « libéral » et « conservateur » sont dépourvues de sens dans l’ordre néolibéral. Les élites politiques, républicaines ou démocrates, servent les intérêts des corporations et de l’empire. Elles sont des facilitatrices, tout comme la majorité des médias et des universitaires, de ce que le philosophe politique Sheldon Wolin appelle notre système de « totalitarisme inversé ».
L’attraction exercée par Trump, comme celle de Radovan Karadzic, ou de Slobodan Milosevic, lors de l’éclatement de la Yougoslavie, s’explique par sa bouffonnerie, qui s’avère dangereuse, moquant la faillite totale de la charade politique. Elle expose la dissimulation, l’hypocrisie, la corruption légalisée. Nous percevons, à travers cela, une insidieuse — et pour beaucoup, rafraîchissante — honnêteté. Les nazis utilisèrent cette tactique pour prendre le pouvoir lors de la république de Weimar. Les Nazis, même aux yeux de leurs opposants, avaient le courage de leurs convictions, quelle qu’ait pu être l’immondice de ces convictions. Ceux qui croient en quelque chose, aussi répugnante soit elle, se voient souvent respectés à contrecœur.
Ces forces néolibérales détruisent également rapidement les écosystèmes. La Terre n’a pas connu de perturbation climatique de cette envergure depuis 250 millions d’années et l’extinction permienne, qui a annihilé jusqu’à 90% de toutes les espèces. Un pourcentage que nous semblons déterminés à reproduire. Le réchauffement climatique est inarrêtable, avec la fonte rapide des calottes polaires et des glaciers, le niveau des mers s’élèvera d’au moins 3 mètres lors des prochaines décennies, noyant sous les eaux nombre de villes côtières majeures. Les méga-sécheresses laissent d’immenses parcelles de la Terre, dont des parties de l’Afrique et de l’Australie, la côte Ouest des USA et du Canada, le Sud-Ouest des USA, arides et en proie à d’incontrôlables feux de forêts. Nous avons perdu 7.2 millions d’acres à cause des nombreux incendies qui ont ravagé le pays cette année et les services forestiers ont d’ores et déjà dépensé 800 millions de dollars dans leurs luttes contre les incendies en Californie, à Washington, en Alaska et dans d’autres états. Le mot même de « sécheresse » fait partie de la supercherie, sous-entendant que tout cela est en quelque sorte réversible. Ça ne l’est pas.
Des migrants fuyant la violence et la famine régnant dans des pays comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, et Érythrée, affluent en Europe. 200 000 migrants, sur les 300 000 ayant rejoint l’Europe cette année, ont atterri sur les côtes grecques. 2500 sont morts depuis le début de l’année en mer, sur des bateaux surpeuplés et délabrés ou à l’arrière de camions comme celui que l’on a découvert la semaine dernière en Autriche, qui contenait 71 corps, dont des enfants. C’est le plus important flux de réfugiés en Europe depuis la seconde guerre mondiale, une augmentation de 40 % depuis l’an dernier. Et le flot ne fera que croître. D’ici 2050, selon nombre de scientifiques, entre 50 et 200 millions de réfugiés climatiques auront fui vers le Nord, pour échapper aux zones rendues invivables par les températures croissantes, les sécheresses, les famines, les maladies, les inondations côtières et le chaos des états en faillite.
La désintégration physique, environnementale, sociale et politique s’exprime également à travers une poussée de violence nihiliste motivée par la rage. Des tireurs fous commettent des massacres dans des centres commerciaux, dans des cinémas, des églises et des écoles aux États-Unis, Boko Haram et l’État islamique, ou ISIS, sont en pleine frénésie meurtrière. Des attentats suicides sont méthodiquement perpétrés et entraînent des chaos meurtriers en Irak, en Afghanistan, en Arabie Saoudite, en Syrie, au Yémen, en Algérie, en Israël et dans les territoires palestiniens, en Iran, en Tunisie, au Liban, au Maroc, en Turquie, en Mauritanie, en Indonésie, au Sri Lanka, en Chine, au Nigeria, en Russie, en Inde et au Pakistan. Ils ont frappé les États-Unis le 11 septembre 2001 et en 2010 lorsqu’Andrew Joseph Stack III a détourné un petit avion dans un bâtiment d’Austin, au Texas, qui abritait des agents du fisc. Le fanatisme est alimenté par la détresse et le désespoir. Ce n’est pas le produit de la religion, bien que la religion devienne souvent le vernis sacré de la violence. Plus les gens seront désespérés, plus cette violence nihiliste se propagera. « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », écrivait le théoricien Antonio Gramsci.
Ces « monstres » continueront à se propager jusqu’à ce que l’on reconfigure radicalement nos relations entre nous et nos relations avec les écosystèmes. Mais rien ne garantit qu’une telle reconfiguration soit possible, particulièrement si les élites parviennent à s’accrocher au pouvoir à l’aide de leur appareil de surveillance et de sécurité mondial, omniprésent, et de l’importante militarisation de leurs forces de police. Si nous ne renversons pas le système néolibéral, et ce, rapidement, nous libérerons un cauchemar hobbesien de violence étatique croissante et de contre-violence. Les masses pauvres seront condamnées à la misère et à la mort. Certains tenteront de résister violemment. Une petite élite, vivant dans une version moderne de Versailles ou de la cité interdite, aura accès à des commodités refusées à tous les autres. La haine deviendra l’idéologie dominante.L’attrait exercé par l’État islamique, qui compte plus de 30 000 combattants étrangers, s’explique en ce qu’il exprime la rage ressentie par les dépossédés de la Terre et en ce qu’il s’est libéré des entraves de la domination occidentale. Il défie la tentative néolibérale de transformation de l’opprimé en déchet humain. Vous pouvez condamner sa vision médiévale d’un état musulman et ses campagnes de terreur contre les shiites, les yazidis, les chrétiens, les femmes et les homosexuels — ce que je fais — mais l’angoisse qui inspire toute cette sauvagerie est authentique ; vous pouvez condamner le racisme des suprématistes blancs qui se rallient à Trump — ce que je fais — mais ils ne font eux aussi qu’obéir à leur propre frustration et désespoir. L’ordre néolibéral, en transformant les gens en main d’œuvre superflue et par extension en êtres humains superflus, est responsable de cette colère. Le seul espoir restant réside en une réintégration des dépossédés dans l’économie mondiale, afin de leur donner un sentiment d’opportunité et d’espoir, de leur donner un futur. Sans cela, rien n’endiguera le fanatisme.
L’État islamique, à l’instar des chrétiens de droite aux États-Unis, vise un retour vers une pureté inatteignable, un utopisme, un paradis sur terre. Il promet d’établir une version du califat du 7ème siècle. Les sionistes du 20ème siècle, en cherchant à former l’État d’Israël, ont utilisé la même stratégie en appelant à la recréation de la nation juive mythique de la Bible. ISIS, à l’instar des combattants juifs ayant fondé Israël, cherche à construire son état (maintenant de la taille du Texas) à travers la purification ethnique, le terrorisme et l’utilisation de combattants étrangers. Sa cause utopique, tout comme la cause républicaine de la guerre civile espagnole, attire des dizaines de millions de jeunes, en majorité des jeunes musulmans rejetés par l’ordre néolibéral. L’État islamique offre une vision recomposée d’une société brisée. Il offre un lieu et un sentiment d’identité — ce que n’offre pas le néolibéralisme — à ceux qui embrassent cette vision. Il appelle à se détourner du culte mortifère du moi qui est au cœur de l’idéologie néolibérale. Il met en avant le caractère sacré du sacrifice personnel. Et il ouvre une voie à la vengeance.
Jusqu’à ce que nous démantelions l’ordre néolibéral, afin de recouvrer la tradition humaniste rejetant la perception des êtres humains et de la Terre comme marchandises à exploiter, notre forme de barbarie industrielle et économique affrontera la barbarie de ceux qui s’y opposent. Le seul choix qu’offre la « société bourgeoise », comme le savait Friedrich Engels, est « le socialisme ou la régression vers la barbarie ». Il est temps de faire un choix.
Nous ne sommes pas, aux États-Unis, moralement supérieurs à l’État islamique. Nous sommes responsables de la mort de plus d’un millions d’Irakiens et de la migration forcée de plus de 4 millions d’autres. Nous tuons en plus grand nombre. Nous tuons avec encore moins de discernement. Nos drones, nos avions de combats, notre artillerie lourde, nos bombardements navals, nos mitrailleuses, nos missiles et forces prétendument spéciales — des escadrons de la mort dirigés par l’état — ont décapité bien plus de gens, enfants inclus, que l’État islamique. Lorsque l’État islamique a brûlé vif un pilote jordanien dans une cage, cela faisait écho aux agissements quotidiens des États-Unis, lorsqu’ils incinèrent des familles dans leurs maisons, avec les frappes aériennes. Cela faisait écho à ce que font les avions de combats israéliens à Gaza. Oui, ce que l’État islamique a fait était plus brutal. Mais moralement ça n’était pas différent.
J’ai un jour demandé au cofondateur du groupe militant Hamas, le Dr Abdel Aziz al-Rantisi, pourquoi le Hamas cautionnait les attentats suicides, qui entraînaient la mort de civils et d’enfants israéliens, alors que les palestiniens dominaient du point de vue de la morale, en tant que peuple occupé. « Nous arrêterons de tuer leurs enfants et leurs civils dès qu’ils arrêteront de tuer nos enfants et nos civils », m’a-t-il répondu. Il souligna que le nombre d’enfants israéliens qui avaient été tués s’élevait à ce moment-là à deux douzaines, tandis que les pertes palestiniennes s’élevaient à plusieurs centaines d’enfants. Depuis 2000, 133 israéliens et 2061 enfants palestiniens ont perdu la vie. L’attentat suicide est un acte de désespoir. C’est, à l’instar des bombardements incessants de Gaza par Israël, un crime de guerre. Mais lorsqu’on le considère comme la réponse à une terreur étatique incontrôlée, il est compréhensible. Le Dr Rantisi fut assassiné en Avril 2004 par Israël qui fit tirer sur sa voiture à Gaza un missile Hellfire depuis un hélicoptère Apache. Son fils Mohammed, qui était dans le véhicule avec lui, fut aussi tué dans l’attentat. La spirale de violence qui en résulte, plus d’une décennie après ces meurtres, perdure encore.
Ceux qui s’opposent à nous offrent une vision d’un monde nouveau. Nous n’offrons rien en retour. Ils offrent un contrepoids au mensonge néolibéral. Ils parlent pour ses victimes, prisonnières de bidonvilles sordides au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. Ils condamnent l’hédonisme grotesque, la société du spectacle, le rejet du sacré, la consommation débridée, la richesse personnelle en tant que fondement principal du respect et de l’autorité, la célébration aveugle de la technocratie, la réification sexuelle — y compris une culture dominée par la pornographie — et la léthargie (largement appuyée par l’abondance des médicaments) utilisée par tous les régimes agonisants, pour détourner l’attention des masses et leur confisquer le pouvoir. De nombreux djihadistes, avant de devenir de violents fondamentalistes, ont été victimes de ces forces. Il y a des centaines de millions de gens comme eux, qui ont été trahis par l’ordre néolibéral. Une véritable poudrière, et nous ne leur offrons rien.
« Quand sa rage éclate, il retrouve sa transparence perdue, il se connaît dans la mesure même où il se fait ; de loin nous tenons sa guerre comme le triomphe de la barbarie », a écrit Frantz Fanon dans Les Damnés de la Terre, « mais elle procède par elle-même à l’émancipation progressive du combattant, elle liquide en lui et hors de lui, progressivement, les ténèbres coloniales. Dès qu’elle commence, elle est sans merci. Il faut rester terrifié ou devenir terrible ; cela veut dire : s’abandonner aux dissociations d’une vie truquée ou conquérir l’unité natale. Quand les paysans touchent des fusils, les vieux mythes pâlissent, les interdits sont un à un renversés : l’arme d’un combattant, c’est son humanité. Car, en le premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre. »
Ceux au pouvoir apprennent-ils l’histoire ? Ou peut-être est-ce ce qu’ils veulent. Une fois que les Damnés de la Terre se changeront en État islamique, ou adopteront la contre-violence, l’ordre néolibéral pourra supprimer les dernières entraves qui le retenaient et commencer à tuer en toute impunité. Les idéologues néolibéraux, après tout, sont eux aussi des fanatiques utopistes. Et eux aussi ne savent s’exprimer qu’à travers le langage de la force. Ils sont notre version de l’État islamique.
Le monde binaire que les néolibéraux ont créé — un monde de maîtres et de serfs, un monde où les damnés de la terre sont diabolisés et soumis par une perte de liberté, par « l’austérité » et la violence, un monde où seuls les puissants et les riches ont des privilèges et des droits — nous condamnera et nous entraînera vers une dystopie effrayante. La révolte émergente, mal définie, paraissant éparse, surgit des entrailles de la terre. Nous apercevons ses éclairs et ses tremblements. Nous voyons son idéologie pétrie de rage et d’angoisse. Nous percevons son utopisme et ses cadavres. Plus l’ordre néolibéral engendre de désespoir et de détresse, que ce soit à Athènes, à Bagdad ou à Ferguson, plus les forces de répression étatique sont utilisées pour étouffer l’agitation et extraire les dernières gouttes de sang des économies exsangues, plus la violence deviendra le principal langage de la résistance.
Ceux d’entre nous qui cherchent à créer un monde un tant soit peu viable disposent de peu de temps. L’ordre néolibéral, pillant la Terre et asservissant les vulnérables, doit être anéanti. Cela n’arrivera que si nous le confrontons en opposition directe, en étant prêts à entreprendre des actes de sacrifices personnels et de révolte prolongée qui nous permettent de faire obstruction et de démanteler tous les aspects de la machinerie néolibérale. Je crois que l’on peut accomplir cela à travers la non-violence. Mais je ne peux nier l’émergence inéluctable de la contre-violence, provoquée par la myopie et l’avarice des mandarins néolibéraux. La paix et l’harmonie n’embraseront peut-être pas la Terre entière si nous y parvenons, mais si nous ne destituons pas les élites dominantes, si nous ne renversons pas l’ordre néolibéral, et si nous ne le faisons pas rapidement, nous sommes perdus.
Chris Hedges - Traduction: Nicolas Casaux
Édition & Révision: Héléna Delaunay

Quelques sites ou blogs à découvrir :
http://chroniquesdugrandjeu.over-blog.com/, http://www.dedefensa.org/section/bloc-notes, https://www.les-crises.fr/, http://cadtm.org/Francais, https://stop-ttip.org/fr/blog/,
http://www.michelcollon.info/, http://leblogalupus.com/,

http://russeurope.hypotheses.org/, http://www.les-oc.info/2014/08/transition-energetique-poilly/, https://mrmondialisation.org/, http://www.cdlt.be/, http://sechangersoi.be/, http://www.amisdelaterre.be/spip.php?article552