Affichage des articles dont le libellé est crise climatique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est crise climatique. Afficher tous les articles

dimanche 15 janvier 2023

Appel de 1000 scientifiques « Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire »

Source : https://rebellionscientifiques.wordpress.com/home/

Cet appel s’inspire de tribunes similaires dans The Guardian et Le Temps. Avec plus de 2000 signataires, il a donné lieu à la création du collectif Scientifiques en rébellion.

Texte de l’appel

Nous, soussignés, représentons des disciplines et domaines académiques différents. Les vues que nous exprimons ici nous engagent et n’engagent pas les institutions pour lesquelles nous travaillons. Quels que soient nos domaines d’expertise, nous faisons tous le même constat : depuis des décennies, les gouvernements successifs ont été incapables de mettre en place des actions fortes et rapides pour faire face à la crise climatique et environnementale dont l’urgence croît tous les jours. Cette inertie ne peut plus être tolérée.

Les observations scientifiques sont incontestables et les catastrophes se déroulent sous nos yeux. Nous sommes en train de vivre la 6e extinction de masse, plusieurs dizaines d’espèces disparaissent chaque jour, et les niveaux de pollution sont alarmants à tous points de vue (plastiques, pesticides, nitrates, métaux lourds…).

Pour ne parler que du climat, nous avons déjà dépassé le 1°C de température supplémentaire par rapport à l’ère préindustrielle, et la concentration de CO2 dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée depuis plusieurs millions d’années. Selon le rapport de suivi des émissions 2019 du Programme des Nations unies pour l’environnement et le développement (PNUE), les engagements pris par les pays dans le cadre de l’accord de Paris de 2015 nous placent sur une trajectoire d’au moins +3°C d’ici 2100, et ce à supposer qu’ils soient respectés. L’objectif de limiter le réchauffement sous les +1,5°C est désormais hors d’atteinte à moins de diminuer les émissions mondiales de 7,6% par an, alors qu’elles ont augmenté de 1,5% par an au cours des dix dernières années. Chaque degré supplémentaire renforce le risque de dépasser des points de basculement provoquant une cascade de conséquences irréversibles (effondrement de la banquise, dégel du pergélisol, ralentissement des courants océaniques…). Les études préparatoires au prochain rapport du GIEC (CNRS-CEA-Météo France) suggèrent que les rapports précédents ont sous-estimé l’ampleur des changements déjà enclenchés. Un réchauffement global de plus de 5°C ne peut plus être exclu si l’emballement actuel des émissions de gaz à effet de serre se poursuit. À ces niveaux de température, l’habitabilité de la France serait remise en question par des niveaux de température et d’humidité provoquant le décès par hyperthermie.

Les sociétés humaines ne peuvent continuer à ignorer les conséquences de leurs activités sur la planète sans en subir les conséquences, comme l’ont montré de longue date et chaque jour plus clairement de nombreuses études reflétant le consensus scientifique. Si nous persistons dans cette voie, le futur de notre espèce est sombre.

Notre gouvernement se rend complice de cette situation en négligeant le principe de précaution et en ne reconnaissant pas qu’une croissance infinie sur une planète aux ressources finies est tout simplement une impasse. Les objectifs de croissance économique qu’il défend sont en contradiction totale avec le changement radical de modèle économique et productif qu’il est indispensable d’engager sans délai. Les politiques françaises actuelles en matière climatique et de protection de la biodiversité sont très loin d’être à la hauteur des enjeux et de l’urgence auxquels nous faisons face. Loin de confirmer une prétendue opposition entre écologie et justice sociale, le mouvement des gilets jaunes a dénoncé à juste titre l’inconséquence et l’hypocrisie de politiques qui voudraient d’un côté imposer la sobriété aux citoyens tout en promouvant de l’autre un consumérisme débridé et un libéralisme économique inégalitaire et prédateur. Continuer à promouvoir des technologies superflues et énergivores comme la 5G ou la voiture autonome est irresponsable à l’heure où nos modes de vie doivent évoluer vers plus de frugalité et où nos efforts collectifs doivent être concentrés sur la transition écologique et sociale.

L’absence de résultats de cette politique est patente : comme l’a relevé le Haut Conseil pour le climat, le budget d’émissions de gaz à effet de serre fixé par la Stratégie nationale bas carbone française n’a pas été respecté entre 2015 et 2018. En dépit des déclarations de bonnes intentions, l’empreinte carbone par habitant de la France (incluant les émissions importées) reste aujourd’hui encore supérieure à son niveau de 1995, à 11 tonnes d’équivalent CO2 par habitant et par an, alors qu’elle doit descendre à 2 tonnes d’ici 2050.

La prochaine décennie sera décisive pour limiter l’ampleur des dérèglements à venir. Nous refusons que les jeunes d’aujourd’hui et les générations futures aient à payer les conséquences de la catastrophe sans précédent que nous sommes en train de préparer et dont les effets se font déjà ressentir. Lorsqu’un gouvernement renonce sciemment à sa responsabilité de protéger ses citoyens, il a échoué dans son rôle essentiel.

En conséquence, nous appelons à participer aux actions de désobéissance civile menées par les mouvements écologistes, qu’ils soient historiques (Amis de la TerreAttacConfédération paysanneGreenpeace…) ou formés plus récemment (Action non-violente COP21Extinction RebellionYouth for Climate…). Nous invitons tous les citoyens, y compris nos collègues scientifiques, à se mobiliser pour exiger des actes de la part de nos dirigeants politiques et pour changer le système par le bas dès aujourd’hui. En agissant individuellement, en se rassemblant au niveau professionnel ou citoyen local (par exemple en comités de quartier), ou en rejoignant les associations ou mouvements existants (AlternatibaVilles en transitionAlternatives territoriales…), des marges de manœuvre se dégageront pour faire sauter les verrous et développer des alternatives.

Nous demandons par ailleurs aux pouvoirs publics de dire la vérité concernant la gravité et l’urgence de la situation : notre mode de vie actuel et la croissance économique ne sont pas compatibles avec la limitation du dérèglement climatique à des niveaux acceptables. Nous appelons les responsables politiques nationaux comme locaux à prendre des mesures immédiates pour réduire véritablement l’empreinte carbone de la France et stopper l’érosion de la biodiversité. Nous exhortons également l’exécutif et le Parlement à faire passer les enjeux environnementaux avant les intérêts privés en appliquant de manière ambitieuse les propositions issues de la Convention citoyenne pour le climat et en prolongeant son mandat pour lui donner un pouvoir de suivi de leur mise en œuvre.

Tribune initiée par :

Joana Beigbeder, Enseignant-chercheur en science des matériaux, Institut Mines-Télecom – Mines Alès (IMT Mines Alès)
Frédéric Boone, Chercheur en astrophysique, Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP)
Milan Bouchet-Valat, Chercheur en sociologie, Institut national d’études démographiques (Ined)
Julian Carrey, Enseignant-chercheur en physique, Institut national des sciences appliquées de Toulouse (INSA Toulouse)
Agnès Ducharne, Chercheuse en climatologie, CNRS – Institut Pierre-Simon-Laplace (IPSL)
Tanguy Fardet, Chercheur post-doctorant en neurosciences computationnelles, Max Planck Institute for Biological Cybernetics – Université de Tübingen
Kévin Jean, Enseignant-chercheur en épidémiologie, Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)
Jérôme Mariette, Ingénieur d’études en bioinformatique, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE)
Françoise Roques, Chercheuse en astrophysique, Observatoire de Paris

samedi 28 mars 2020

Dominique Bourg à propos du coronavirus : par rapport à ce qui nous attend avec le climat, c'est peanuts !


"On ne veut réagir que lorsqu'on est confrontés à des enjeux immédiats ce qui par rapport aux questions écologiques n'a aucun sens (...) en 2040 (...) dans les tropiques (...) on aura déjà plusieurs journées où la température et l'humidité sont telles qu'on ne peut plus évacuer la chaleur de notre corps et donc en 7 à 8 min on meurt quel que soit son état de santé "

Nous disposons d'un moment exceptionnel pour amorcer des politiques de transition qui rompent avec des politiques néolibérales d'une stupidité sans nom. 
Retour du souverainisme, retour des quotas.



mercredi 24 juillet 2019

«Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va»: quand Michel Onfray s’en prend à la «cyborg suédoise» Greta Thunberg


Greta Thunberg à l’Assemblée nationale mardi 23 juillet

«Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va»: quand Michel Onfray s’en prend à la «cyborg suédoise» Greta Thunberg

© REUTERS / PHILIPPE WOJAZER
FRANCE
URL courte
431357
Invitée de l’Assemblée nationale mardi 23 juillet, Greta Thunberg a annoncé aux élus français «de mauvaises nouvelles» sur le changement climatique. Ce discours de la militante écologiste de 16 ans n’a pas convaincu le philosophe Michel Onfray qui l’a critiquée pour avoir prononcé «le texte d’autres qui n’apparaissent pas».
Âgée de 16 ans, le militante écologiste suédoise Greta Thunberg a appelé ce mardi les élus français à «écouter les scientifiques» pour ne pas arriver au point où l’humanité ne sera plus «en mesure de revenir en arrière sur le changement climatique». 
Ni la personnalité, ni le discours de la jeune fille n’était au goût du philosophe Michel Onfray qui s’en est violemment pris à ce qu’elle représente dans un article intitulé «Greta la science» publié sur son site.

«La jeune fille qui ne sourit jamais»

Ironisant au sujet de François de Rugy, le philosophe estime que la végane Greta Thunberg pourrait bien remplacer l'ex-ministre de la Transition écologique car elle «n’aurait jamais pu causer la mort de ces pauvres crustacés géants» ni vider «la cave du contribuable», en outre M.Onfray reste sceptique quant au côté humain de sa personnalité.
«Cette jeune fille arbore un visage de cyborg qui ignore l’émotion: ni sourire, ni rire, ni étonnement, ni stupéfaction, ni peine, ni joie. Elle fait songer à ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du posthumain. Elle a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’un cyborg du troisième millénaire: son enveloppe est neutre. Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va», estime le philosophe.

Écrit-elle elle-même ses discours?

M.Onfray s’interroge ensuite sur les connaissances de cette jeune fille qui appelle sans cesse à «respecter la science» tandis qu’elle sèche régulièrement l’école et a même annoncé son intention de ne pas aller en cours pendant un an afin de poursuivre son engagement contre le changement climatique.
«Pour Greta Thumberg, il semble que la science se réduise au compendium de passages à réciter», poursuit l’écrivain en faisant allusion aux rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) que la jeune fille citait lors de son discours.
Et d’ajouter:
«Ce qu’elle lit, à défaut de le dire librement, n’est pas écrit par une jeune fille de son âge. La plume sent trop le techno. Sa voix porte le texte d’autres qui n’apparaissent pas. Qu’est-donc d’autre qu’un cyborg, si ce n’est le sujet d’acteurs invisibles?»
Pour M.Onfray, la militante suédois n’est que la représentante d’une attitude qui se substitue à la raison des Lumières et opte selon le philosophe allemande Hans Jonas pour «une heuristique de la peur». «Autrement dit: il faut dramatiser, inquiéter, amplifier, exagérer, faire peur, c’est-à-dire tout le contraire de penser, examiner, réfléchir, débattre».

Adultes qui se font mépriser

Michel Onfray s’indigne également des élus «qui jouissent à se trouver des maîtres et à jouir dans la soumission».
«À la tribune, il semblait que c’était Mélenchon dans le corps d’Alice au pays des merveilles […] elle a tapé les élus, elle a cogné les politiques, elle a frappé les chefs d’entreprise, elle a giflé les adultes, elle a molesté les journalistes, et le public a applaudi, la regardant comme s’il s’était agi d’une nouvelle apparition de Thérèse à Lourdes.»
À la fin de son article, le philosophe reconnaît qu’«il n’y a rien à reprocher à une enfant qui veut voir jusqu’où va son pouvoir d’agenouiller les adultes c’est dans l’ordre des choses». Le pire, selon lui, «se trouve chez ces adultes qui jouissent de se faire humilier par l’une de leur créature».

vendredi 22 février 2019

Clive Hamilton "Nous sommes, chacun à notre façon, climatosceptiques"

Professeur d’éthique publique au Centre for Applied Philosophy and Public Ethics de l’Université Charles-Sturt (Canberra), le philosophe Clive Hamilton a aussi été membre de la Climate Change Authority du gouvernement australien, dont il a claqué la porte en 2017 en raison des trop nombreux renoncements du gouvernement sur la lutte contre le changement climatique. Il expose à L’Echo sa vision d’une écologie de combat.

Interview par
Johann Harscoët

Vue en plein écran

L’idée de "fin du monde" est de plus en plus ouvertement exprimée par les personnalités politiques ou médiatiques. Ont-ils raison d’utiliser cette expression?

Les gens doivent connaître la vérité. Depuis trop longtemps, nous avons fonctionné à partir de la croyance que pour agir, les gens devaient toujours être mus par l’espoir. Mais de quel espoir parlons-nous? Tout démontre que nous ne pourrons pas éviter un réchauffement spectaculaire de la planète, avec toutes sortes de conséquences négatives. C’est désormais inévitable, et cela durera plusieurs milliers d’années car le dioxyde de carbone se maintient dans un temps long et les masses de glace qui fondent ne pourront pas geler de nouveau, sauf dans un intervalle de temps millénaire.

Ce catastrophisme à la fois réaliste et extrême est-il le meilleur moyen pour encourager les citoyens à faire évoluer leurs comportements?

Nous devons traiter les citoyens comme des adultes, qui peuvent accepter et gérer la vérité. C’est ensuite à l’individu de décider s’il va s’approprier cette vérité ou déployer différents moyens de la relativiser, l’éviter ou la dénier. Nos leaders politiques ont l’absolue obligation de transmettre cette vérité et d’agir. Certains le font. Ils écoutent – et entendent – ce que disent les scientifiques.

Vous affirmez que "nous sommes tous devenus des climatosceptiques"…

Une majorité de citoyens ont recours à des stratégies d’évitement psychologique pour dénier les faits scientifiques. Et même la minorité qui accepte cette vérité du changement climatique a des difficultés pour vivre avec chaque jour. C’est tellement difficile à accepter que nous préférons la mettre de côté et détourner notre attention. Ce sont des mécanismes de protection inconscients. Nous sommes tous humains… Quand on regarde l’avenir auquel nous et nous enfants ainsi que les animaux seront confrontés, y penser chaque jour devient insupportable. C’est pourquoi nous sommes, chacun à notre façon, climatosceptiques.

Est-il pertinent de condamner ceux qui ne croient pas au changement climatique? La liberté d’opinion et d’expression doit-elle rester au-dessus de tout?

Condamner ceux qui dénient la science climatique n’enlève rien à leur liberté d’expression. Mais le dommage qu’ils font aux futures générations est monstrueux, bien plus que le négationnisme de l’Holocauste. On dit souvent que la liberté d’expression ne donne pas à quiconque le droit de tuer quelqu’un dans une salle de cinéma. Cela ne donne pas non plus le droit d’éteindre la sonnette d’alarme s’il y a le feu dans cette salle. C’est ce que les dénégateurs du changement climatique font.

Vue en plein écran

Comment analysez-vous l’émergence d’un mouvement comme celui des gilets jaunes?

Le changement climatique implique des politiques qui doivent être appliquées de manière juste. En d’autres termes la protection environnementale et la justice sociale doivent aller de pair. La justice sociale se construit sur le court et le moyen terme alors que la protection environnementale est une question de long terme. C’est de là que naît ce conflit. Les gouvernements doivent trouver un bon compromis sinon les gens tendent à privilégier les intérêts de court terme sur les intérêts de long terme.

Les théories du complot prospèrent dans le monde occidental. Sachant que les Européens ne sont pas directement témoins des effets du changement climatique, ou de façon relative, les médias doivent-ils modifier leur approche?

Si vous considérez que les conclusions des scientifiques sont tellement inconfortables que vous préférez les nier, vous devez malgré tout expliquer pourquoi des dizaines de milliers de scientifiques sont arrivés à ses conclusions. Le seul moyen de le faire est de croire à une théorie du complot géante. La théorie du complot est en fait un développement naturel du déni.

La propagation de certaines théories du complot contre les scientifiques a été facilitée par des idéologies politiques situées très à droite, et qui à l’origine étaient en fait véhiculées par des idéologies de gauche, notamment dans les critiques sur la société industrielle dans les années 60-70. Les scientifiques ont été mal perçus par rapport au développement d’armes nucléaires ou à l’usage de produits chimiques dans l’agriculture. Il était, et il est encore, légitime de reprocher aux scientifiques de travailler avec des industriels à des fins mercantiles, sans se soucier de la destruction de l’environnement. Mais les critiques doivent être nuancées.

La lutte contre le changement climatique peut-elle mener à des excès, comme par exemple, des oppositions violentes entre catégories aisées de la population, qui polluent davantage, et catégories plus pauvres?

Il est possible que la colère soit de plus en plus dirigée contre les plus riches, ce qui pourrait amener ces derniers à s’isoler de plus en plus pour se protéger, non seulement des possibles pressions sociales mais aussi des conséquences de l’environnement (inondations, incendies, etc.). C’est d’ailleurs ce que l’on observe en Nouvelle-Zélande, où de plus en plus d’Américains achètent des terres protégées.

Quoi que l’on fasse, en tant qu’humain, on contribue au changement climatique. Comment reconsidérer notre place et notre rapport à la Terre au-delà de cette culpabilité?

Vue en plein écran

Il y a toujours des moyens plus légers de vivre et de ne pas endommager l’environnement. Si nous voulons que l’humanité continue de vivre dans quelques centaines d’années, nous devons continuer de changer nos habitudes. Par exemple, ne plus répandre le plastique dans les océans.

Le chemin sera néanmoins très long et nous sommes encore au tout début de ce processus. L’ensemble de nos valeurs doivent être transformées. Toutes les études démontent en effet que les gens matérialistes et focalisés sur leurs revenus sont moins heureux que ceux qui vivent plus modestement. C’est une double peine, car non seulement nous sommes dans une civilisation qui ne nous rend pas intrinsèquement heureux mais qui en plus détruit l’environnement. Tout l’enjeu sera de réussir à fabriquer une mécanique de désirs différente. Le capitalisme consumériste ne mène pas au bonheur par nature puisqu’il repose sur le manque.

Vue en plein écran

André Malraux a un jour affirmé que le XXIe siècle serait spirituel, ou bien cesserait d’être. Avons-nous absolument besoin de spiritualité?

Même les religions ne sont plus spirituelles. Elles ne donnent que des ersatz de spiritualité. Leurs dieux se sont retirés avec dégoût et les religions se sont ainsi éloignées des réalités terrestres. Nous n’avons pas besoin de spiritualité. Nous avons uniquement besoin de remettre en question ce concept contestable d’Illumination. C’est-à-dire d’utiliser notre raison pour rassembler les faits, déterminer ce qui va dans le sens de nos intérêts et prendre les actions nécessaires. Mais nous en sommes loin. Les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître, alors que les scientifiques tirent toujours plus fort sur la sonnette d’alarme. Le philosophe Bruno Latour a dit: "Nous n’avons jamais été modernes." Nous pouvons surtout dire que l’Illumination n’a jamais eu lieu.

Vue en plein écran

L’éléctronification du monde, l’arrivée prochaine des robots et les progrès de l’informatique et de l’intelligence artificielle semblent transformer insidieusement la psychologie humaine, qui est de plus en plus "mécanique" et de moins en moins naturelle. Cette distanciation avec ce que l’on est, avec notre nature profonde, est-elle inquiétante dans la lutte contre le changement climatique?

Les robots sont programmés pour se protéger des dangers dans leurs opérations. Si seulement les humains faisaient la même chose…

Dans une tribune publiée par le quotidien britannique The Guardian, vous avez dit que "l’homme est l’environnement de l’homme". Qu’avez-vous voulu signifier?

Quand cette citation a été faite pour la première fois dans les années 50, elle faisait référence au caractère profondément social des êtres humains. Je l’ai réutilisée pour l’Anthropocène, où l’ensemble du fonctionnement de la Terre est bouleversé par l’activité humaine. Chaque événement météorologique a désormais une empreinte humaine, car l’atmosphère est plus chaude et plus humide en raison de l’effet de serre.

Même dans les parties les plus éloignées du globe, si vous savez où regarder, vous verrez l’impact humain. L’ancienne distinction entre "naturel" et "humain" n’est plus valide. L’homme est littéralement l’environnement de l’homme.

Johann Harscoët

source : https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/Clive-Hamilton-Nous-sommes-chacun-a-notre-facon-climatosceptiques/10101282

jeudi 30 août 2018

Démission de Hulot.... un vent d'espoir ? Resignation of Hulot... a wind of hope?

Nicolas Hulot semble sincère concernant les enjeux climatiques. 
On pourra lui reprocher ses multiples moyens de locomotion et ses produits dérivés. 
Paradoxalement, son hélicoptère lui a permis de contribuer à un début de prise de conscience des problèmes environnementaux au sein d'une partie non négligeable de la population.
Des contradictions, qui n'en a pas, même si elles sont proportionnelles à nos revenus... un vol Ryan Air pour se dorer la peau... et à un prix qui n'a rien de libéral. Par exemple.
Il nous parle de cohérence individuelle et collective à aller chercher au-delà des récupérations partisanes et veut cesser de se mentir à lui-même. Compte tenu des enjeux et de cette recherche de "cohérence pour tous", je ne lui reprocherai pas ce moment de lucidité et ce ton  solennel. 
Pour ce qui est de sa loyauté envers macron et le gouvernement, hum, humainement je peux comprendre mais moi je crois que macron est un missionnaire formidable du système marchand que Hulot dénonce. Je crois que Hulot le sait. Je crois aussi que macron est un sociopathe. 


Pour la suite, des avis contrastés, et intéressants à plus d'un titre

intéressant cette question des lobbys.... 

quelle maturité :-)

Ah ce cher François, toujours le mot pour rire :-)