jeudi 15 octobre 2015

Dossier Pic pétrolier – Cul par dessus tête... ou les liens entre la dette et l’énergie / Peak oil - Bottom by top head... or the links between the debt and the energy


Pétrole pas cher – Pourquoi faut-il s’inquiéter?
http://lesakerfrancophone.net/petrole-pas-cher-pourquoi-sinquieter/

«La fin du modèle de croissance perpétuelle équivaut à ce qui pourrait être appelé un pic des ressources de toutes sortes, à peu près au même moment.» Gail Tverberg





Par Gail Tverberg – Le 29 septembre 2015 – Source OurFiniteWorld

Note du Saker Francophone Gail est décidément très prolifique en ce moment, signe que sa réflexion évolue avec la dégradation de la situation. Du coup son style qui n'est pas toujours extraordinaire, en pâtit encore. La traduction est donc parfois un peu lourde, nous nous en excusons par avance, mais ne vous y trompez pas. Pour avoir suivi assidûment le sujet des prix du pétrole depuis trois ans maintenant, je constate que le présent semble donner raison à ses analyses. L'autre aspect de son travail, c'est la production de statistiques, ajustées des variations de change, de l'inflation et l’agrégation de sources. C'est un travail exceptionnel qui ouvre des pistes de réflexions à d'autres analystes. L'article vaut donc autant pour les graphiques que pour l'analyse qu'elle en fait.




La plupart des gens croient que les prix bas du pétrole sont bons pour les États-Unis, puisque le revenu discrétionnaire des consommateurs va augmenter. C’est un élément supplémentaire qui indique que le pic pétrolier doit être loin devant nous, puisque les partisans du pic pétrolier parlaient de prix élevés du pétrole. Aussi, les prix bas du pétrole sont considérés comme un point positif, tout compte fait.

En fait, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. L’histoire du pic pétrolier qui nous a été racontée est fausse. L’effondrement de la production de pétrole provient de prix du pétrole qui sont trop bas, pas trop élevés. Si les prix du pétrole ou les prix des autres produits sont trop bas, la production ralentira et finira par s’arrêter. La croissance de l’économie mondiale va ralentir, diminuant le taux d’inflation ainsi que le taux de croissance économique de chaque pays. Nous avons rencontré ce genre de problème dans les années 1930. Nous semblons nous diriger dans la même voie aujourd’hui. La Figure 1, utilisée par Janet Yellen dans son discours du 24 septembre, montre un ralentissement du taux d’inflation des dépenses personnelles de consommation (PCE), merci aux prix de l’énergie plus bas, aux prix à l’importation plus faibles, et au coup de mou général de l’économie.


Figure 1. «Pourquoi l'inflation des dépenses personnelles de consommation (PCE) est-t-elle tombée au-dessous de 2%?» Extrait du discours de Janet Yellen, le 24 Septembre 2015. Note : L'inflexion de l'inflation du PCE de 2% est totalement ou en partie attribuable à des facteurs spécifiques. Les autres facteurs incluent des effets de change sur le prix relatif de la nourriture.


Ce que Janet Yellen voit dans cette la figure 1, même si elle ne le reconnaît pas, est la preuve d’un ralentissement économique mondial. L’économie ne peut plus soutenir des prix de l’énergie élevés comme ils l’étaient, et ils ont progressivement reculé. Les taux de change ont également été réajustés, conduisant à une baisse des prix des marchandises importées aux États-Unis. Les deux, prix de l’énergie et baisse des prix des biens importés, contribuent à abaisser le taux d’inflation.

Au lieu d’atteindre le pic pétrolier par une limitation due au prix élevé du pétrole, nous l’atteignons par l’effet opposé, parfois appelé «Halte à la croissance». Cela décrit la situation lorsque l’économie cesse de croître parce qu’elle ne peut pas absorber les prix élevés de l’énergie. À bien des égards, «Halte à la croissance» avec des prix bas du pétrole est pire que le pic pétrolier avec des prix élevés. Le ralentissement de la croissance économique conduit à un prix des matières premières qui ne peut jamais remonter beaucoup, ni très longtemps. Aussi, ce malaise économique conduit-il à une compression assez rapide de la production des matières premières. Il peut aussi conduire à des défauts de paiement massifs.

Regardons quelques-uns des éléments de notre prédicat actuel.

Partie 1. Remonter les prix du pétrole à un niveau élevé, et y rester, semble difficile. Les prix élevés du pétrole ont tendance à conduire à une contraction économique.

La figure 2 montre une illustration que j’ai réalisée il y a plus de cinq ans :


Figure 2. Graphique réalisé par l’auteur en février 2010, pour un article intitulé Pic pétrolier: recherchez les symptômes du mal / http://www.theoildrum.com/node/6226.

La théorie dit que le prix du pétrole peut augmenter, mais notre porte-monnaie n’est pas d’accord.

La figure 2 exagère manifestement certains aspects d’un changement du prix du pétrole, mais elle montre un point important. Si les prix du pétrole augmentent, même si c’est après avoir chuté d’un niveau supérieur, c’est susceptible d’avoir une incidence défavorable sur nos portefeuilles. Nos salaires (représentés par la taille des cercles) ne vont pas augmenter. Les frais fixes, y compris les prêts hypothécaires et autres remboursements de dette, ne changeront pas non plus. Les dépenses dont le prix augmente sont les produits pétroliers, comme l’essence et le diesel, et la nourriture, puisque le pétrole est utilisé pour créer et transporter la nourriture. Lorsque le coût de la nourriture et de l’essence augmente, les dépenses discrétionnaires (en d’autres termestout le reste) se rétrécissent.

Lorsque les dépenses discrétionnaires sont compressées, les licenciements sont probables. Les serveuses dans les restaurants sont mises à pied; les travailleurs dans les industries du bâtiment et de l’automobile peuvent voir leur emploi supprimé. Certains travailleurs, perdant leur emploi, peuvent faire défaut sur leurs prêts ce qui cause des problèmes à leurs banques. Nous commençons un cycle de récession et de chute des prix du pétrole auquel nous devrions être familiers, après la chute des prix du pétrole en 2008.

Donc, au lieu d’obtenir que le prix du pétrole augmente de façon permanente, tout au plus, nous obtenons un effet zigzag. Les prix du pétrole augmentent pendant un certain temps, deviennent difficiles à maintenir, puis retombent, puisque les effets récessionnistes ont tendance à réduire la demande de pétrole et à ramener le prix du pétrole vers le bas.

Partie 2. L’économie mondiale a été maintenue debout par l’augmentation de la dette à des taux d’intérêt toujours plus bas depuis de nombreuses années. Nous atteignons les limites de ce processus.

Si on revient dans la seconde moitié de 2008, les prix du pétrole avait fortement baissé. Un certain nombre de mesures ont été prises pour permettre à l’économie mondiale de repartir. Les États-Unis ont commencé leur Quantitative Easing (QE / assouplissement quantitatif) à la fin de 2008. Cela a rendu possibles les taux d’intérêt à long terme, permettant aux consommateurs de s’offrir des maisons et des voitures. Comme construire des voitures et des maisons exige du pétrole (et les voitures en exigent aussi pour rouler), l’augmentation de leurs ventes pouvait stimuler l’économie, et donc aider à élever la demande de pétrole et d’autres matières premières.

Prix et Volume mondial de pétrole Figure 3. Approvisionnement pétrolier mondial (production y compris ceux des biocarburants, liquides de gaz naturel) et Brent prix au comptant mensuel moyen, selon les données de l’EIE.

Après le krach de 2008, il y a eu d’autres efforts de relance. La Chine, en particulier, a augmenté sa dette après 2008, comme l’ont fait de nombreux gouvernements dans le monde entier. Cette dette gouvernementale supplémentaire a conduit à une augmentation des dépenses dans les infrastructures et le bâtiment. Ces dépenses ont ainsi accru la demande de pétrole, contribuant à faire monter son prix.

Ces effets de relance ont progressivement amené les prix jusqu’à $120 le baril en 2011. Après cela, les efforts de relance ont progressivement été réduits. Le prix du pétrole a progressivement glissé vers le bas entre 2011 et 2014, et la poussée vers des niveaux d’endettement toujours plus élevés s’est étiolée. Lorsque les États-Unis ont cessé leurs QE et que la Chine a commencé à réduire le montant de la dette ajouté en 2014, le prix du pétrole a entamé une chute sévère, pas trop différente de la manière dont ils a chuté en 2008.

J’ai signalé plus tôt que le crash de juillet 2008 correspondait à une réduction du niveau d’endettement. Les deux dettes US, sur les cartes de crédit (Fig. 4) et sur la dette hypothécaire (Fig. 5), ont diminué à partir du moment précis du krach de 2008.


Figure 4. Encours de la dette sur les crédits revolving (principalement de la dette de carte de crédit) sur la base des données mensuelles de la Réserve fédérale.


Figure 5. Encours de la dette hypothécaire, sur la base du rapport de la Réserve fédérale Z1.

À ce stade, les taux d’intérêt sont à des niveaux bas records ; ils sont même négatifs dans certaines parties de l’Europe. Les taux d’intérêt sont en baisse depuis 1981.


Figure 6. Graphique préparé par la Fed de St. Louis en utilisant les données au 20 Juillet 2015.

J’ai montré dans un post récent (Comment notre problème énergétique conduit à un problème d’effondrement de la dette) que lorsque le coût de production du pétrole est de plus de $20 le baril, nous avons besoin de ratios d’endettement toujours plus élevés par rapport au PIB pour produire de la croissance économique. Cette nécessité d’endettement croissant des producteurs de matières premières exige de maintenir des prix des matières premières de plus en plus élevés pour satisfaire les besoins des producteurs, ce qui n’est pas supportable.

Partie 3. Nous atteignons un goulot d’étranglement démographique avec la retraite desbaby-boomers. Ce goulot d’étranglement démographique a un impact négatif sur la demande de matières premières.

La demande représente la quantité de produits que les clients peuvent se permettre d’acheter. Ce montant ne peut évidemment pas croître à l’infini. Un des problèmes principaux de la baisse de la demande est la baisse du salaire médian corrigé de l’inflation. J’ai écrit précédemment à propos de cette question dans l’article Comment la croissance économique échoue.


Figure 7. Revenu familial médian ajusté de l'inflation, dans le tableau préparé par la Réserve fédérale de Saint-Louis.


Une autre partie du problème de la baisse de la demande est la baisse du nombre de personnes en âge de travailler, quelque chose que je calcule en utilisant des estimations de la population âgée de 20 à 64. La figure 8 montre comment la population de ces personnes en âge de travailler a changé aux États-Unis, en Europe et au Japon.


Figure 8. Croissance annuelle en pourcentage de la population âgée de 20 à 64 ans, sur la base des estimations de population de l'ONU de 2015.


La Figure 8 indique que la population en âge de travailler au Japon a commencé à diminuer en 1998 et se contracte maintenant de plus de 1% par an. La population en âge de travailler en Europe a commencé à faiblir en 2012. Aux États-Unis, ce ralentissement n’a pas commencé, mais son taux de croissance démographique a commencé à se réduire en 1999. Ce ralentissement du taux de croissance est probablement une partie de la raison pour laquelle le taux de participation au marché du travail chute aux États-Unis depuis 1999 environ.


Figure 9. Taux de participation de la force de travail US. Graphique préparé par la Réserve fédérale de Saint-Louis.

Quand il y a moins de travailleurs, l’économie a tendance à ralentir. Les niveaux d’imposition des retraités sont susceptibles de commencer à augmenter. Comme le ratio des retraités augmente, ceux qui travaillent encore ont de plus en plus de difficultés à acheter de nouvelles maisons et des voitures. En fait, si la population de travailleurs âgés de 20 à 64 ans rétrécit, il y a peu de besoin d’ajouter de nouvelles résidences pour ce groupe; tout ce qui est nécessaire, c’est la réparation des maisons existantes. Beaucoup de retraités âgés de 65 ans et plus aimeraient avoir leur propre maison, mais fournir des habitations indépendantes à cette population devient de plus en plus inabordable, au fur et à mesure que la population des personnes âgées augmente par rapport à la population en âge de travailler.

La figure 10 montre que la population âgée de 65 ans et plus égale déjà ou presque 47% de la population en âge de travailler au Japon. (Ce fait explique sans doute certaines des récentes difficultés financières du Japon.) Les rapports des personnes âgées à la population en âge de travailler sont plus faibles pour l’Europe et les États-Unis, mais ils ont tendance à monter. Cela peut être une raison pour laquelle l’Allemagne est ouverte à l’idée d’ajouter de nouveaux immigrants à sa population.

Figure 10. Ratio des personnes âgées (65 ans et plus) par rapport à la population active (20 à 64 ans) sur la base des estimations de la population de l’ONU de 2015.

Pour les régions les plus développées (cela comprend les États-Unis, l’Europe et le Japon), au total, les projections de l’ONU montrent que les personnes âgées de 65 ans et plus seront égales à 50% de celles âgés de 20 à 64 d’ici 2050. La Chine devrait avoir un pourcentage similaire de personnes âgées, par rapport à ceux en âge de travailler (51%), en 2050. Avec un si grand nombre de personnes âgées, deux personnes âgées de 20 à 64 (et tous ne peuvent pas travailler) devront supporter une personne de plus de 65 ans, en plus des enfants qu’ils soutiennent.

La demande en matières premières provient de travailleurs ayant un revenu pour acheter des produits fabriqués à partir de celles-ci, et de la construction d’infrastructures, des routes, des maisons neuves, de nouvelles écoles et de nouvelles usines. Les économies qui tentent de prendre soin d’un pourcentage de plus en plus grand de personnes âgées ne nécessitent pas beaucoup de nouvelles maisons, de routes et d’usines. Cette baisse de la demande fait partie de ce qui tend à maintenir les prix des matières premières à la baisse, y compris les prix du pétrole.

Partie 4. La demande mondiale en pétrole, et en fait la demande d’énergie en général, ralentit.

Si nous calculons la demande d’énergie en fonction des changements dans la consommation mondiale, nous voyons un modèle précis du ralentissement de la croissance (Fig.11). Je commente ce ralentissement de la croissance dans un post récent,Les données de BP suggèrent que nous atteignons un pic de demande d’énergie.


Figure 11. Pourcentage de changement annuel mondial de consommation d'énergie et de pétrole, basée sur BP Statistical Review of World Energy 2015 data.


Le modèle que nous voyons est le seul auquel on peut s’attendre si le monde est entré dans une nouvelle récession. Les économistes peuvent manquer ce point s’ils sont axés principalement sur les indications du PIB des États-Unis.

Les taux de croissance de l’économie mondiale ne sont pas faciles à mesurer. La croissance économique de la Chine semble ralentir maintenant, mais ce changement ne semble pas être pleinement pris en compte dans les mesures récentes de son PIB. L’évolution rapide des taux de change rend aussi le taux de croissance économique réel du monde plus difficile à cerner. Les pays dont les monnaies ont chuté par rapport au dollar sont désormais moins en mesure d’acheter nos produits et nos services, et sont moins en mesure de rembourser leurs dettes libellées en dollars.

Partie 5. Le problème des prix bas affecte maintenant de nombreuses matières premières en plus du pétrole. Le caractère généralisé du problème suggère que la question est un problème de demande (abordable ou non), et c’est une difficulté difficile à corriger.

Beaucoup de gens se concentrent uniquement sur le pétrole, estimant qu’il est en quelque sorte différent des autres matières premières. Malheureusement, presque toutes les matières premières affichent une baisse des prix:

Figure 12. Indice mensuel des prix des matières premières depuis Commodity Markets Outlook, July 2015. Utilisée sous licence Creative Commons.


Les prix de l’énergie sont restés élevés plus longtemps que les autres, peut-être parce que l’énergie était dans un certain sens plus essentielle [Il y a aussi la spéculation, NdT]. Mais maintenant, ils ont baissé autant que les autres prix. Le fait que les prix des matières premières, qui ont tendance à se déplacer ensemble, tendent à se maintenir sur le long terme, suggère que la demande (tirée par la croissance de la dette, la population en âge de travailler, et d’autres facteurs) faiblit et explique la tendance des prix des matières premières.


Figure 13. Prix ajustés corrigés de l'inflation avec le prix 1999 = 100, basé sur les données de la Banque mondiale «Pink Sheet». Brent Oil / Pétrole de la mer du Nord. LNG - Jap / Gaz naturel liquéfié - Japon. NG - Eur / Gaz naturel - Europe. Coal - So Af. / Charbon - Afrique du Sud. Copper / Cuivre. Iron ore / Minerai de fer


Le modèle des prix de nombreuses matières premières bougeant simultanément correspond bien à ce que nous pourrions attendre s’il y avait un problème de demande conduisant à des prix bas. Ce problème de la demande est probablement le reflet de plusieurs questions :
L’économie mondiale ne peut pas tolérer des prix de l’énergie hauts à cause du problème montré par la figure 2. Nous avons de plus en plus utilisé une dette de moins en moins chère et en plus grande quantité pour répondre à ce problème de base, mais les banques centrales sont à court de solutions.
Le coût de production des produits énergétiques ne cesse de monter parce que nous avons extrait le pétrole le moins cher à produire (et le charbon et le gaz naturel) en premier[Principe des rendements décroissants, NdT]. Nous n’avons plus d’autre solution que d’utiliser les produits énergétiques les plus chers à produire.
Beaucoup de coûts autres que les coûts de l’énergie sont aussi orientés à la hausse en termes corrigés de l’inflation. Ceux-ci comprennent les coûts de l’eau douce, le coût de l’extraction des métaux, le coût de la lutte contre la pollution et le coût de l’enseignement supérieur. Tous tendent à compresser les revenus discrétionnaires dans un modèle similaire au problème indiqué dans la figure 2. Ainsi, ils ont tendance à s’ajouter à la conjoncture récessionniste.
Nous atteignons aussi maintenant un goulot d’étranglement au niveau de la population active, comme décrit dans la partie 4.

Partie 6. Le prix du pétrole semble devoir être inférieur à $60, et peut-être même $40 le baril pour favoriser la croissance de la demande aux États-Unis, en Europe et au Japon.

Si nous regardons l’impact historique des prix du pétrole sur la consommation aux États-Unis, en Europe, et au Japon réunis, nous constatons que chaque fois que les prix du pétrole sont au-dessus de $60 le baril en prix corrigés de l’inflation, la consommation a tendance à baisser. Cette consommation tend à être stable dans la gamme de $40 à $60 le baril. C’est seulement quand les prix sont à moins de $40 le baril que la consommation générale augmente.


Figure 14. Historique de la consommation par rapport aux prix pour les États-Unis, le Japon et l’Europe. Sur la base d’une combinaison de données EIA et BP.

Il n’y a pratiquement pas de pétrole qui peut être produit pour moins de $40 ou 60 $ le baril, si les impôts des gouvernements sont inclus. Ainsi, nous nous retrouvons avec des plages qui ne se chevauchent pas :
Le montant que les consommateurs dans les économies avancées peuvent dépenser.
Le montant dont les producteurs, avec leur structure actuelle à coût élevé, ont réellement besoin.

Avec des prix du pétrole plus bas, la question est: «Quels types d’utilisations sont-ils encouragés par les prix bas du pétrole?»

De toute évidence, personne ne va construire une nouvelle usine utilisant du pétrole, à moins que son prix ne soit suffisamment faible à long terme pour cet usage. Voir apparaître de nouvelles industries sera probablement difficile, même si le prix du pétrole baisse pendant quelques années. Nous notons également que les États-Unis semblent avoir commencé à perdre leur production industrielle dans les années 1970 (fig. 15), au moment ou leur propre production de pétrole a chuté. En dehors d’une utilisation temporaire plus grande du pétrole provenant du forage de schiste, la tendance de la production industrielle à délocaliser devrait se poursuivre, quel que soit le prix du pétrole.

Figure 15. Consommation d'énergie par secteur et par habitant aux USA, sur la base des données de l'EIAE. Inclus tous les types d'énergie, y compris la quantité de combustibles fossiles qui auraient besoin d'être brûlé pour produire de l'électricité.


Si nous ne pouvons pas attendre des faibles prix du pétrole un effet favorable sur le secteur industriel, le principal impact des prix du pétrole plus bas se verra probablement dans le secteur des transports. (Peu de pétrole est utilisé dans les secteurs résidentiels et commerciaux.) Les marchandises expédiées par camion seront moins chères. Cela rendra les produits importés, qui sont déjà bon marché (grâce à la hausse du dollar), moins chers encore. Les compagnies aériennes pourront proposer plus de vols, ce qui peut créer quelques emplois. Mais plus que tout, les prix du pétrole vont encourager les gens à faire plus de kilomètres dans leur voiture personnelle et seront encouragés à utiliser des véhicules plus gros, moins sobres en carburant. Ces utilisations sont beaucoup moins bénéfiques pour l’économie que l’ajout d’emplois industriels bien rémunérés.

Partie 7. L’Arabie saoudite n’est pas en position d’aider le monde avec son problème de pétrole à bas prix, même si elle le voulait.

Beaucoup des croyances communes à propos de la capacité pétrolière de l’Arabie saoudite ont une validité douteuse. L’Arabie saoudite affirme avoir d’énormes réserves de pétrole, mais en pratique, la croissance de sa production de pétrole a été modeste. Ses exportations de pétrole sont, de fait, en baisse par rapport à ses exportations des années 1970, et par rapport à la période 2005-2006.

Figure 16. Production, consommation, et exportations de pétrole de l'Arabie saoudite sur la base BP Statistical Review of World Energy 2015 data.


La faiblesse des prix du pétrole a un impact négatif sur les revenus que l’Arabie saoudite reçoit pour ses exportations. En 2015, l’Arabie saoudite a ainsi émis des obligations pour $5 Mds, et prévoit d’en émettre plus pour combler l’écart dans son budget provoqué par la chute des prix du pétrole. L’Arabie saoudite a vraiment besoin d’un prix du baril du pétrole à $100 et plus pour financer son budget. En fait, presque tous les autres pays de l’OPEP ont également besoin d’un prix de $100 et plus pour financer leurs budgets. L’Arabie saoudite a aussi une population croissante, donc elle a besoin d’augmenter ses exportations de pétrole uniquement pour maintenir son niveau d’exportation par habitant. L’Arabie saoudite ne peut pas réduire ses exportations de 10% à 25% pour aider le reste du monde. Ce serait perdre des parts de marché qu’elle serait susceptible de ne pas récupérer. La perte de parts de marché pourrait laisser définitivement dans son budget un trou qui ne pourrait jamais être comblé.

L’Arabie saoudite et un certain nombre d’autres pays de l’OPEP ont publié des chiffres deréserves prouvées que l’on soupçonne être largement gonflés. Même si ces réserves représentent une perspective raisonnable pour le très long terme, il est impossible que la production de pétrole saoudien puisse augmenter beaucoup sans un gros investissement en capital, chose impensable dans un environnement de prix bas.

Aux États-Unis, on peut espérer que lorsque les estimations sont publiées, les auteurs ont fait de leur mieux pour produire des chiffres corrects [Par exemple, la rectification à la baisse des réserves en Californie de -96%, NdT]. Dans le monde réel, il y a beaucoup d’exagérations. La plupart d’entre nous ont entendu parler du récent scandale Volkswagen des émissions polluantes et de l’incertitude concernant les taux de croissance du PIB de la Chine. L’Arabie saoudite, sur une base mensuelle, ne donne pas de chiffres de production de pétrole véridiques à l’OPEP qui publie régulièrement des estimations de tierces parties, qui sont considérées comme plus fiables. Si on ne peut pas faire confiance à l’Arabie saoudite pour donner mensuellement des quantités précises de production de pétrole, pourquoi devrions-nous croire les autres chiffres non vérifiés qu’elle fournit?

Partie 8. Nous semblons être à un point où les défauts majeurs sur la dette vont bientôt commencer dans le secteur du pétrole et dans d’autres secteurs des matières premières. Une fois que cela se produira, les licenciements qui en résulteront et les problèmes bancaires mettront une pression encore plus forte à la baisse sur les prix des matières premières.

Wolf Richter a récemment écrit à propos des sauts énormes sur les taux d’intérêt qui sont demandés à certains emprunteurs. Olin Corp., un fabriquant de produits à base de chlore-alcalin, a récemment tenté de placer des obligations pour $1,5 Mds sur huit et dix ans avec des rendements de 6,5% et 6,75% respectivement. Au lieu de cela, il a fini par placer $1,22 Mds avec les mêmes échéances, mais avec des rendements de 9,75% et 10,0%, respectivement.

Richter mentionne aussi des obligations existantes de compagnies d’énergie qui se négocient avec de gros rabais, indiquant que les acheteurs ont des doutes importants quant à savoir si ces obligations seront payées comme prévu. Chesapeake Energy, le deuxième plus grand foreur de gaz naturel aux États-Unis, a des obligations de 7%, échéance 2023, qui se négocient maintenant à 67 cent le dollar. Halcon Resources en a à 8,875%, échéance 2021, qui se négocient à 33,5 cents le dollar. Lynn Energy en possède à 6,5%, échéance 2021, qui se négocient à 23 cents le dollar. De toute évidence, les investisseurs obligataires pensent que les défauts sur la dette ne sont plus très loin.

Bloomberg rapporte le 23 Septembre:


La dernière série de réévaluations semestrielles est en cours, et près de 80% des producteurs de pétrole et de gaz naturel verront une réduction du montant maximum qu’ils peuvent emprunter, selon un sondage réalisé par Haynes et Boone LLP, un cabinet d’avocats avec des bureaux à Houston, New York et d’autres villes. Les lignes de crédit des entreprises seront réduites en moyenne de 39% comme l’a montré l’enquête.

Les dettes des sociétés minières sont également touchées avec les prix bas des métaux en ce moment. Ainsi, nous pouvons nous attendre à des défauts et des compressions de personnel dans des domaines autres que ceux du pétrole et du gaz.

Une croyance répandue veut que si les prix restent bas, quelqu’un va intervenir pour acheter les actifs en difficulté à bas prix, et augmenter la production dès que les prix augmenteront à nouveau. Si les prix ne remontent pas avant très longtemps, cependant, cela ne se produira pas. Les faillites qui se produiront signifieront la fin de ce jeu spécifique autour de ces ressources. Nous ne serons jamais vraiment en mesure de revoir des prix au niveau auquel ils doivent être pour permettre d’extraire ces ressources.

D’aussi bas prix, sans aucun moyen de les faire remonter, et aucun espoir de réaliser un bénéfice sur l’extraction, sont probablement le moyen pour atteindre les limites dans un monde fini. Parce que la faible demande affecte tous les produits en même temps, Halte à la croissance équivaut à ce qui pourrait être appelé Pic des ressources de toutes sortes, à peu près au même moment.

Gail Tverberg

Traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone


Peak Oil : Les éléments de base
source : http://lesakerfrancophone.net/peak-oil-les-bases/

Note du Saker Francophone Cet article vient compléter la série précédente sur le démontage de la théorie classique du Peak Oil. Comme il est court et assez synthétique, on vous le propose en digestif alors qu'il aurait mieux été à sa place en apéritif. L'ensemble étant maintenant disponible, on vous laisse donc y goûter à votre guise, bon appétit.

Par Allan Stromfeldt Christensen – Le 1er septembre 2015 – Sourcefromfilmerstofarmers.comPréambule Contrairement à l'opinion reçue, nous ne vivons pas à l'ère de l'information. Nous vivons à l'âge du pétrole. Regardez autour de vous et essayez de trouver quelque chose qui ne soit pas lié au pétrole, tâche pratiquement impossible, que ce soit une arthroplastie de la hanche, les petits morceaux de plastique enroulés autour des extrémités de vos lacets ou la vaste infrastructure qui rend possible le soi-disant âge de l'information. Le Saker Francophone


Le parallèle entre les prix alimentaires (en bleu) et ceux du pétrole (en rouge) Les prix des aliments et du pétrole. Ils sont étroitement liés. Après une période de stabilité à bas prix dans les années 1990, les deux ont maintenant atteins des sommets. Le récession de 2008 a poussé les prix vers le bas brièvement.

Nous dépendons du pétrole non seulement pour le superflu, mais aussi pour ce qui ne l’est pas, comme la nourriture. Ce n’est pas simplement une question de nourriture expédiée dans le monde entier grâce aux combustibles fossiles, le fait est que les combustibles fossiles sont utilisés pour planter et récolter nos aliments, et pour bien d’autres étapes. Les engrais que nous étalons sur nos champs sont extraits du sol et dérivés des combustibles fossiles eux-mêmes (l’ammoniac et l’urée que nous appliquons à nos champs pour l’azote sont des produits d’atomes d’azote appariés dans l’air autour de nous qui ont été subdivisés et combinés avec de l’hydrogène à partir de gaz naturel). Autrement dit, le pétrole et le reste des combustibles fossiles sont la pierre angulaire de la civilisation industrielle et de notre mode de vie moderne.

Découvrez le pic pétrolier.Prévision en 1956 de Hubbert des futurs niveaux d’extraction pour les USA (source pdf)

D’abord conceptualisé par le géologue pétrolier M. King Hubbert dans les années 1950, le /pic pétrolier est une méthode dans laquelle Hubbert a utilisé les caractéristiques de production des champs de pétrole et prédit quand ils atteindraient leur mi-point d’extraction, un baromètre approximatif pour déterminer le sommet de leurs niveaux de production. Tout en travaillant pour Shell Oil à Houston, Hubbert a prédit en 1956 que sur la base du pic de découvertes de champs de pétrole dans les 48 États américains, soit le pic des niveaux de production des États-Unis, aurait lieu vers 1970. Pour faire court, il a été ridiculisé mais cela n’a eu aucun effet sur ses prédictions qui se sont réalisées en… 1970 [Pour être exact, il a aussi fait d’autres prédictions erronées, mais pas celle-là, NdT].

Peu de temps après, alors que les États-Unis ne pouvaient plus augmenter leurs niveaux de production de pétrole, ils ont perdu leur position de premier producteur mondial. Le rôle de producteur d’appoint, le ou les pays en mesure d’ouvrir et de fermer les robinets à volonté, est échu à l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Il s’en est suivi des embargos sur le pétrole du Moyen-Orient et toutes sortes de manigances géopolitiques à travers le monde au cours des décennies suivantes.





Niveaux de découverte de pétrole à travers le monde par rapport à l’extraction (source)

Bien que beaucoup de gens aient fait de grands efforts pour nier le pic pétrolier, d’une manière ou d’une autre, le pic de production de pétrole des États-Unis en 1970 est la preuve de sa réalité, qui n’est pas une théorie bizarre, mais un fait. En outre, alors que le pic de découverte de champs de pétrole dans le monde a eu lieu en 1964, 1981 est la première année où les niveaux d’extraction à travers le monde ont dépassé celui des nouvelles découvertes. Si on saute à 2008, et alors que 31 milliards de barils ont été pompés cette année là, seulement 7 milliards ont été découverts. En termes strictement géologiques, la question principale est alors : quand est-ce que le pic pétrolier va se produire à l’échelle mondiale ? Ou même, quand a-t-il déjà eu lieu ?

Le fait que ce soit une question litigieuse est dû aux définitions variables du pétrole. Si nous regardons ce qu’on appelle le pétrole conventionnel, qui est issu de forage et de pompage sous le sol, les déserts et autres surfaces assimilées, le pic a réellement eu lieu en 2005. (Un nombre croissant d’auteurs prend d’ailleurs ce pic de 2005 comme l’élément déclencheur principal pour les effondrements économiques récents et les récessions en cours, vues partout dans le monde, puisque les économies fondées sur la croissance nécessitent une augmentation du niveaux d’extraction de pétrole afin de continuer à croître.)



La croissance de l’approvisionnement en pétrole augmente temporairement en raison du pétrole de schiste US (source)

Cependant, depuis 2005, la forme statistique des approvisionnements mondiaux de pétrole est représenté sous forme d’un plateau ondulé, en légère augmentation, grâce aux sources de ce qui est connu comme le pétrole non conventionnel, les sables bitumineux, le pétrole en eau profonde, et en particulier, les pétroles de schiste. Il y a un problème, cependant, c’est que ces sources non conventionnelles de pétrole sont loin d’être aussi nombreuses [et rentables, NdT] que les sources conventionnelles, et leur ajout ne va pas compenser très longtemps la baisse des niveaux d’extraction du pétrole conventionnel.

En outre, alors que les champs de pétroles de schiste ont vu une forte augmentation des niveaux d’extraction (d’où la récente révolution du pétrole de schiste), les courbes d’extraction montrent aussi une diminution très rapide du volume par tête de puits. En d’autres termes, alors que les sources non conventionnelles ont seulement repoussé un peu plus le jour du jugement dernier – profitant des bulles spéculatives autour des pétroles de schiste, dont certains prédisent un éclatement proche – Wall Street ayant, jusqu’à présent, suivi scrupuleusement son script depuis la récente bulle immobilière, l’effet de la baisse globale d’approvisionnement sera encore pire. (Quand la bulle des pétrole de schiste va-t-elle éclater ? Quelque part entre 2015 et 2017 semble être le consensus parmi les moins épris des oracles de Wall Street et de ses profiteurs.)


Enfin, et contrairement aux espoirs et aux attentes des évangélistes technologiques et de nombreux écologistes, les énergies ditesrenouvelables sont loin d’être capables de remplacer l’énorme quantité de combustibles fossiles que nous utilisons actuellement (près de 90 millions de barils de pétrole par jour, et seulement pour le pétrole). Cela étant dit, les énergies renouvelables ne sont même pas renouvelables. Les installations de fabrication photovoltaïque ne sont pas alimentées par des panneaux solaires sur leurs toits, elles sont construites avec des combustibles fossiles. En d’autres termes, l’énergie renouvelable produite ne suffit pas à répondre à nos besoins ni même à entretenir, réparer et remplacer ses équipements de façon autonome (les panneaux solaires, onduleurs et batteries sont à changer tous les vingt ans, par exemple).

De même, les biocarburants exigent des engrais pétrochimiques pour les cultures, du diesel pour les tracteurs qui font la récolte, des combustibles fossiles pour construire les installations de traitement ainsi qu’une vaste puissance à base d’autres carburants pour le transport des combustibles obtenus jusqu’à leur point d’utilisation. Leur EROEI (Retour énergétique sur énergie entrante, le rapport de ce qui entre et de ce qui sort) sont si bas, au point d’être négligeables pour les besoins des sociétés fondées sur des exigences élevées en matière d’énergie, et entraînent même dans certains cas une perte globale d’énergie (les subventions gardent ces entreprises en activité). Alors que les premières découvertes de pétrole ont donné des EROEIs de 100:1, et un approvisionnement en pétrole pour le monde entier, maintenant, on atteint péniblement un rendement d’environ 20:1. Les sources de renouvelables comme les panneaux photovoltaïques ont un EROEI d’environ 2,5:1, et pas du tout autour de 15:1, estimation nécessaire pour maintenir la civilisation industrielle et tous ses accoutrements auxquels beaucoup d’entre nous se sont habitués et prennent pour acquis, la santé, l’éducation, les importations mondiales pas chères, les voyages pas chers, et ainsi de suite.Mettons les niveaux de consommation d’énergie actuels en perspective (source)

L’un des deux grands enjeux de notre temps, alors, est de savoir comment nous allons gérer le début de la fin des énergies fossiles et de notre civilisation industrielle.

Allan Stromfeldt Christensen

Traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

Pic pétrolier – Cul par dessus tête [1/3]
http://lesakerfrancophone.net/pic-petrolier-marche-arriere-13-le-pic-petrolier-a-la-rencontre-des-reserves-fractionnaires-bancaires/

Le pic pétrolier à la rencontre des réserves fractionnaires des banques, ou les liens entre la dette et l’énergie

Par Allan Stromfeldt Christensen – Le 1er septembre 2015 – Sourcefromfilmerstofarmers.comNote du Saker Francophone Je vous présente aujourd'hui le premier d'une série de trois articles qui reprennent la tonalité des textes récents de Gail Tverberg ou de Gérard Foucher, en liant énergie, dette et économie. Il aborde aussi un élément cardinal de la réinformation, appliquée à ces trois domaines : la prise de conscience.

image de Viktor Hertz

Cette année, l’effondrement des prix du pétrole, auquel s’est ajouté la semaine dernière son effondrement sur les marchés boursiers, m’a pris au dépourvu concernant les implications économiques du pic pétrolier.

Je présente dans cet article ce que j’en ai appris puis m’étendrai davantage à ce sujet dans les articles qui suivront.

Dès 2006 j’ai fait le lien entre les réserves fractionnaires bancaires et le pic pétrolier. Cependant, j’ai en fin de compte sombré dans ce qu’on pourrait appeler l’orthodoxie du pic pétrolier. Pour l’illustrer, je prendrai comme exemple l’auteur et ancien économiste en chef à la Banque CIBC (une des principales banques au Canada), Jeff Rubin.

Dans le premier de ses deux livres sur le pic pétrolier, Rubin insiste sur le contraste entre la réduction (Pic du Pétrole) de l’approvisionnement en pétrole et l’augmentation de la demande finale d’une économie qui continue sa croissance. La loi de l’offre et de la demande rendra alors le pétrole hors de prix. Ensuite, le retour de balancier se fera sentir : le prix du pétrole tendra à s’effondrer, car sa demande aura brusquement diminué. Par à-coups successifs, on observerait des flambées puis des effondrements du prix du pétrole.


Pour le meilleur ou pour le pire, c’est ce qu’on appelle maintenant l’«orthodoxie du pic pétrolier», et c’est pourquoi, pour ma part, je m’attendais à la Seconde Venue d’un prix élevé du pétrole après le pic de $147 en juillet 2008. Mais après avoir attendu patiemment pendant six ans, il ne vint jamais. (Les gens qui en 2012 annonçaient une date fixe devraient chercher un job chez Disneyland). En fait, non seulement le prix du pétrole a passé quelques années à rebondir autour du niveau de $100 après être remonté de son plus bas de $32.40, atteint le 19 décembre 2008, mais à partir de juin 2014, il a commencé à plonger jusqu’à son niveau actuel d’environ $40 (revenu à 50 depuis que j’ai écrit cet article). Bien que le plongeon du prix initial m’aie d’abord troublé, un peu de lecture vers la fin de l’année 2014 – je ne me souviens malheureusement pas des sources exactes – m’a fait comprendre ce que recouvre la notion de destruction de la demande.

Cette destruction de la demande a pris tellement de sens pour moi que j’ai écrit mon premier post concernant le pétrole sur ce sujet : Le pic pétrolier et la bulle du pétrole de schiste cela pourrait-il justifier la bulle immobilière de 2004 à 2008? Je n’avais apparemment pas compris correctement les facteurs sous-jacents et les conséquences ultimes de cette destruction de la demande alors que j’attendais encore, à terme, l’augmentation des prix du pétrole, tout au moins son arrimage dans la zone des $70 ou plus. Même si je savais que mon expérience en économie nécessitait un approfondissement, et surtout mes prédispositions mêmes à penser en termes économiques, je suppose que je dois me confondre en excuses pour avoir été un idiot complet sur ce coup-là. En d’autres termes, bien que j’avais au moins réussi à remarquer les incongruités apportées par le pic pétrolier dans le monde des banques à réserves fractionnaires, ce n’est que tout récemment que j’ai pleinement pris conscience des implications sous-jacentes, et à long terme, de la destruction de la demande. Toutes mes excuses si vous m’avez déjà lu l’expliquant, mais je vais me répéter ici pour la postérité.

Tout d’abord, l’essentiel de l’argent autour de nous, disons 95% de celui-ci, n’est pas créé par les gouvernements, mais par les banques privées quand elles font des crédits. Ensuite la méthode par laquelle cet argent est créé par l’intermédiaire des banques à réserves fractionnaires et à comptabilité à double entrée, est basée sur la création de nouveaux crédits. En d’autres termes, l’argent est créé sous forme de dette. En outre, c’est parce que les banques créent le capital et non pas les intérêts qu’il n’y a jamais assez d’argent dans l’existence pour payer toutes les dettes plus les intérêts. En conséquence, la bulle de la dette doit être continuellement élargie via un crédit en constante expansion, de sorte que les prêts précédents puissent être entretenus, de peur que le système n’implose [c’est la définition de la pyramide de Ponzi, NdT]. Voyez cette dette comme un tapis roulant, et c’est pourquoi la croissance économique doit être maintenue à tout prix, même au prix de la destruction complète de la planète sur laquelle nous vivons.

Donc, en plus d’être estomaqué quand j’ai appris la façon dont la plupart de notreargent était créé, ce qui m’a tout de suite frappé, c’est que, puisque la croissance économique nécessite une augmentation de l’approvisionnement en énergie pour alimenter cette croissance, et alors que le pic pétrolier implique un niveau maximal d’extraction de l’énergie, cette limite à l’approvisionnement en énergie va nous amener à une impasse.



Heureusement, il s’est avéré que je suis seulement à moitié défoncé. 

Dans le même temps, voyant que le seul ami avec lequel j’avais la possibilité de bavarder sur ces sujets vivait à mi-chemin du bout du monde en Nouvelle-Zélande, et considérant que j’avais quitté Internet (ce qui effectivement finit par être un hiatus de cinq ans), je n’ai plus disposé d’un forum comme Oil Drum ou autre pour faire mijoter ces pensées et il s’est passé un certain temps avant que je ne croise un livre qui mette en relief ces deux questions (la première fois que je l’ai vu, c’est dans l’ouvrageFleeing Vesuvius, je pense).

Donc, comme nous vivions tous les deux à Toronto, à l’époque, j’ai pensé qu’il pourrait être utile de passer à l’une des conférences que Jeff Rubin donnait pour la sortie de son deuxième livre La fin de la croissance, car il ne s’agissait pas d’un gars écrivant un énième livre sur le pic pétrolier, mais d’un économisteécrivant sur ce thème! A la fin d’une discussion ouverte – avec David Suzuki ! – et alors que les deux auteurs en étaient à la partie dédicace du livre, je me suis avancé patiemment dans la queue jusqu’à rencontrer Rubin et je lui ai posé la question qui suit :


Allan : Si le pic pétrolier signifie la fin de la croissance, et si le système de banques à base de réserves fractionnaires exige une croissance perpétuelle pour continuer ce système, cela ne signifie-t-il pas que nous devrions nous éloigner d’un système de banques à réserves fractionnaires?

Rubin : Mais ce n’est pas ce dont je parle.

Allan : Bien ouais. Mais encore. Est ce que le pic pétrolier n’implique pas un sérieux problème concernant la façon dont notre système bancaire et monétaire opère actuellement, car il a besoin de plus en plus d’énergie pour continuer à grandir?

Rubin : Vous parlez de l’effet multiplicateur de l’argent, non?

Allan : Euh, ouais. [Je n’ai entendu qu’une fois avant lui une référence à cela]

Rubin : Bien ce n’est pas ce dont je parle.

Il m’a ensuite dit quelque chose que j’avais déjà lu dans son livre (mais qui n’a pas du tout répondu à ma question), et comme je venais de toute évidence de me cogner à un mur de briques, ça ne me dérangeait pas de laisser tomber pour suivre mon propre chemin.

J’aurais du m’attendre à ma passe d’arme avec Rubin, car si vous jetez un coup d’œil à son premier livre, le résumé de son pronostic sur le pic pétrolier se résume à peu près ainsi : Les californiens mangeront moins de sirop d’érable de l’Ontario, les Ontariens mangeront moins d’avocats de Californie, et nous allons tous manger des carottes cultivées localement. En bref, cela concerne avant tout les mécanismes de base du marché de l’offre et de la demande, ce qui signifie que nous ne devons pas vraiment faire quelque chose nous-mêmes, ni changer nos habitudes, puisque les marchés vont travailler proprement cette question du pétrole pour nous. Mais en attendant, nous devrions nous attaquer à la fabrication locale de postes de télévision (selon son deuxième livre)! En d’autres termes, si vous êtes à la recherche d’une histoire ennuyeuse sur le pic pétrolier, ne cherchez pas plus loin que
Jeff Rubin.

.

Un bien meilleure livre sur la fin de la croissance, également par un ex-banquier canadien

Néanmoins, même si j’avais remarqué la banalité de presque tous les propos de Rubin sur le pic pétrolier, je me suis malheureusement fait attraper par sa notion d’escalade des prix du pétrole. Ainsi, bien que je n’était pas dogmatique sur l’économie et peu disposé à remettre en question la méthode selon laquelle la plupart de notre argent est créé, je me suis effectivement menotté tout seul m’empêchant d’être en mesure de comprendre les ramifications économiques du pic pétrolier et du système de banques à réserves fractionnaires, même si, comme mentionné, j’avais déjà écrit des posts sur la destruction de la demande venant derrière le récent plongeon des prix du pétrole.

Malgré tout, depuis un certain temps maintenant, j’ai eu l’intuition, fondée sur rien de précis, mais une intuition, que le prix du pétrole allait se diriger vers $20. J’ai même joué au technophile et j’ai tweeté, avant même le récent crash du marché boursier et du prix du pétrole (qui, comme déjà mentionné, a subi une légère reprise depuis) :

Ma prévision totalement sans fondement, sans argument et pour ainsi dire débile sur le prix du pétrole : $20. Je vais effacer ce tweet quand il apparaitra finalement trop stupide.


– Allan S. Christensen (@ filmers2farmers) Août 4, ici à 2015 / https://twitter.com/filmers2farmers/status/628443444797571072

Puis vint l’étincelle. Quelques jours après avoir lu les commentaires d’un article surresilience.org, cela m’a finalement frappé : « Attendez une seconde, la destruction de la demande ne signifie pas un plongeon mineur et/ou temporaire des prix vers une valeur moyenne tiède. Il signifie le contraire d’une inflation – une déflation. Ils vont donc continuer à baisser! »

En d’autres termes, non seulement j’ai mijoté quelque peu dans la marmite déflationniste pendant presque une décennie, mais je ne savais même pas qu’il y avait un contre-argument, et même un contre-argument qui vous renvoyait mijoter dans une autre marmite!

Ayant fini de fouiner dans tout cela, j’ai compris les implications de ma volonté à mettre deux et deux ensemble il y a près d’une décennie, et cela m’a finalement conduit quelque part. En plus de cela, ma volonté m’a permis de passer à une nouvelle étape que je recherchais pour, justement, mettre deux et deux ensemble. Ce nouveau deux étant l’argent comme intermédiaire pour l’énergie.

C’est ce que je développerai dans la partie 2.

Allan Stromfeldt Christensen

Lien

Je vous conseille de lire cet article de Charles Sannat sur l’Indéflation ou comment la dette détruit la demande sur certains produits pendant que les produits de base continuent a être sous pression

Traduit par Hervé, relu par Diane et Denis pour le Saker Francophone


Pic pétrolier – Cul par dessus tête [2/3]
http://lesakerfrancophone.net/pic-petrolier-marche-arriere-23/

L’effondrement des prix du pétrole n’est pas dû à une surproduction de pétrole, mais à une destruction de la demande et à un pic du crédit

Par Allan Stromfeldt Christensen – Le 11 septembre 2015 – Sourcefromfilmerstofarmers.comNote du Saker Francophone Ce second épisode permet de relier les problématiques de crédit et d'endettement à la production d'énergie, base de notre système économique.



Confusion naissante chez les hommes les plus intelligents de la salle
(photo de Rafael Matsunaga)


Comme j’avais commencé à l’évoquer à la fin de la première partie de ce triptyque, je suis très récemment venu à la conclusion que les prix du pétrole ne vont pas avoir une tendance haussière, en raison du resserrement de l’approvisionnement imposé par le pic pétrolier, mais vont au contraire se déprécier. Bien sûr, cela va à l’encontre de la logique commune de l’offre et de la demande, mais lorsque l’on tient compte de la méthode par laquelle la majorité de notre argent est créé, on peut voir entrer en jeu un effet déflationniste. Bizarrement cela m’a pris longtemps pour le deviner, car bien qu’ayant amassé un tas d’éléments divers, je n’avais pas réalisé qu’ils faisaient en fait tous partie du même puzzle.

Avec le pic pétrolier et les banques à réserves fractionnaires comme les deux premières pièces de ce puzzle, la troisième pièce que je devais prendre en compte (et curieusement, j’avais déjà écrit à ce sujet) est le fait que l’argent est un intermédiaire pour l’énergie. Comme je l’écrivais dans un précédent post, l’argent: intermédiaire populaire.


Autrement dit… la fonction de base de l’argent est de nous permettre de domestiquer l’énergie – celle utilisée pour déplacer nos corps, pour alimenter nos machines, pour nourrir les animaux domestiques dont nous utilisons l’énergie ensuite pour faire le travail (ce qui de nos jours signifie généralement nous divertir), etc. En d’autres termes, même si c’est difficile et / ou incommode, on peut se passer d’argent. Mais pas d’énergie[pensez au soleil qui nous chauffe, et permet la vie, NdT].

En d’autres termes, à la base, nos économies ne fonctionnent pas sur l’argent, elles fonctionnent sur l’énergie. En outre, la forme de monnaie n’a, à la limite, pas vraiment d’importance, que vous utilisiez des pièces de monnaie, des morceaux de papier, de l’or, des digibits (zéro et un), des coquillages, ou quoi que soit d’autre, parce que si vous ne disposez pas de l’énergie nécessaire pour effectuer le travail et / ou créer les produits que votre société attend, l’argent est pratiquement inutile et sans valeur.

Bien qu’il serait exagéré de dire que tous nos problèmes économiques ont toujours été, à la base, des problèmes d’énergie, le pic pétrolier (et le pic de combustibles fossiles en général) combiné avec le fait que l’argent est un intermédiaire pour l’énergie, impliquerait, à l’inverse, une sorte de pic de l’argent. En d’autres termes, cela implique donc une limite à la création de crédit. Par conséquence, comme les banques créent l’argent sous forme de dette via le système des réserves fractionnaires et doivent continuellement créer de nouveaux crédits de sorte que les intérêts puissent rembourser les crédits précédents (pour que le système n’implose pas), eh bien, le système est un peu dans un cul de sac. En outre, les prix du pétrole et les marchés boursiers à travers le monde ayant pris récemment un bouillon, la situation en Grèce et dans les pays dans une situation similaires restant encore une question épineuse, cette potion diabolique commence à faire son effet.

Quoiqu’il en soit, aucune de ces questions de fond et de ces problèmes ne sont volontiers reconnues (ni même mentionnées) par les médias traditionnels. Comme Business Insiderl’a souligné fort à propos, mais peut-être un peu trop adroitement (en ce qui concerne la confusion actuelle du marché):


… ce qui est vraiment au cœur de la confusion des marchés à l’heure actuelle, c’est qu’il n’y a rien à montrer du doigt. Il n’y a aucune bulle technologique prête à éclater ou d’implosion du marché des subprimes… [Il y a quand même une grosse bulle sur les valeurs mobilières et les dérivés, NdT] Et donc les médias, comme par exemple Business Insider, et les acteurs du marché ne peuvent simplement que constater ce qui est arrivé, sans être en mesure de l’expliquer.


Ce qui était autrefois un approvisionnement apparemment inépuisable de jouets en plastique chinois et en gadgets électroniques (photo David Grant)

Jusqu’à présent, les médias grand public ont surtout mentionné que nous sommes dans une époque de surabondance de pétrole, due à l’augmentation massive de la production de pétrole de schistes aux États-Unis au cours des dernières années, et à l’augmentation de la production de l’OPEP l’année écoulée, ajoutant encore la possibilité de l’arrivée sur le marché du pétrole iranien suite à la levée des sanctions. Toutefois, cette notion d’une surabondance de pétrole est plutôt douteuse pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la consommation mondiale de charbon augmente à son taux le plus faible depuis la crise asiatique de 1998. En plus de cela, plus tôt cette année, le Baltic Dry Index (un indice qui mesure le prix du transport maritime) a atteint son plus bas sur 28 ans. Pendant ce temps, les commandes à l’exportation des usines chinoises viennent de baisser pour le onzième mois consécutif, avec l’activité du mois d’août baissant à son rythme le plus rapide depuis trois ans, ce qui à son tour a conduit à une augmentation des licenciements.

Ce genre de choses ne se produit pas parce qu’il y a trop de pétrole, une surabondance supposée, cela se produit parce que les gens achètent moins. C’est cela entre autre qui a amené certaines personnes à penser que le problème n’est pas tant une surabondance de pétrole que l’absence de demande, autrement dit la destruction de la demande.

Dans le passé, la chute des prix du pétrole a finalement conduit à son propre rétablissement, lorsque la demande est revenue, stimulée par la baisse des prix. Mais ces chocs étaient souvent induits géopolitiquement, tandis que la situation actuelle est un choc sur les prix du pétrole induit géologiquement. Autrement dit, depuis plusieurs années maintenant, le pétrole a été vendu dans une gamme de prix plutôt élevée, de l’ordre de 100 dollars, en raison de conditions d’extraction plus difficiles [rendements décroissants, NdT]. Maintenant il est extrait des sables bitumineux, des plate-formes en haute mer, du pétrole de schiste, et ces sources exigent des prix plus élevés pour permettre aux producteurs de faire des profits. Le pétrole à 100 dollars le baril permettait aux foreurs et aux autres acteurs du marché de faire des bénéfices, rendant possible, pendant assez longtemps, de payer une main d’œuvre importante. Mais le Projet national pour l’emploi et le travail vient d’annoncer que «le salaire moyen en termes réels a chuté de 4% sur la période 2009-2014».

À son tour, la réduction de la demande a contribué à une dépression des prix du pétrole, ce qui a conduit au licenciement massif d’un personnel bien payé («Il est facile de gagner au moins 100 000$ par an»), une perte de 100 000 postes aux États-Unis jusqu’à présent, et 900 autres au Canada la semaine dernière, et ainsi de suite.


Ce qui ressemble à une surabondance de pétrole agit comme une surabondance de pétrole, mais est ce une surabondance de pétrole? (photo par Joris Louwes)

Du coup, le nombre croissant de consommateurs laissés en route a fini par avoir moins d’argent à dépenser, conséquence de la perte de l’accès à la forme la plus classique du crédit, l’emploi, tandis que d’autres ne cherchent plus et / ou acceptent autant de crédit que les banques tentent désespérément de distribuer, soit parce que les gens essaient de rembourser les dettes qu’ils ont déjà soit qu’ils se réveillent face aux risques d’en prendre encore plus. Comme le Toronto Star en convient ,


Les difficultés économiques pourraient commencer à peser sur leurs résultats [ceux des grandes banques canadiennes], sinon directement, du moins au travers des défauts plus élevés sur les crédits, avant – indirectement – de réduire la croissance des crédits et des autres sources de revenus.

Si vous êtes comme moi, alors vous avez probablement reçu des cargaisons d’offres de cartes de crédit avec des taux d’intérêt à 0% (avec une taxe initiale de 1%, plus une marge sur les transferts) de toutes sortes de banques. En d’autres termes, les banques sont de plus en plus désespérées pour amener les consommateurs à s’endetter pour éviter que la spirale de la dette ne s’arrête et que le système se grippe en fin de compte. De même, c’est la raison pour laquelle les gouvernements [en réalité les banques centrales, NdT] pratiquent l’assouplissement quantitatif (QE) [planche à billets,NdT], pour augmenter la liquidité.

Dans l’intervalle, tandis que le crédit au consommateur final pose un problème, la situation du crédit pour les industries d’extraction et de production d’énergie n’est pas meilleure. Les sables bitumineux canadiens fournissent ainsi un bon exemple pour l’expliquer.

Si on laisse de côté la destruction écologique terrible laissée dans le sillage des projets autour des sables bitumineux, les opérations industrielles massives mises en place pour réaliser des profits nécessitent un prix relativement élevé du pétrole (avec le corollaire que ces prix contribuent à l’insolvabilité de beaucoup de consommateurs). Actuellement, avec des prix aussi bas pour le pétrole, seulement 450 000 des 2,2 millions de barils de brut synthétique produits par jour sont rentables. Cela place de nombreuses sociétés travaillant sur les sables bitumineux entre le marteau et l’enclume. Car, comme l’écrit le Toronto Star :


Le problème est que ces entreprises ne peuvent tout simplement pas cesser de produire. Elles en ont encore besoin pour payer leurs factures, et pour assurer que leurs engagements obligataires soient respectés.


On n’arrête pas un mastodonte avec une pièce de cent sous (photos par Shell)

En d’autres termes, avec autant d’argent investi à perte dans leurs opérations, et avec autant d’obligations vendues (en parallèle à toutes les obligations pourries vendues par les opérateurs autour de la fracturation hydraulique, en particulier aux États-Unis), les projets pétroliers non rentables doivent continuer l’extraction pour obtenir un strict minimum de revenus quotidiens, de peur d’avoir à renier leurs paiements et faire faillite.

Cela étant dit, certains producteurs de pétrole ont couvert leurs paris jusqu’en 2015 avec un prix médian de 87,51 dollars, et s’en sortent donc pour le moment. Néanmoins, ces couvertures expirent et les remboursements venant à échéance, les producteurs ont besoin de trouver plus de 500 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Ce qui va se passer d’ici là est l’objet de conjectures. Est-ce que les foreurs de puits de pétrole et autres entreprises vont pouvoir restructurer leurs crédits et / ou accéder à de nouveaux crédits s’ils sont saignés à blanc ? Vont-ils faire faillite en masse et se vendre pour quelques centimes par dollar investi et très probablement jeter l’économie mondiale dans une récession induite encore une fois par une autre bulle ? Est-ce que les banques exposées aux dérivés de crédits vont obtenir d’être renflouées encore une fois après avoir fait gonfler et vu éclater leur deuxième bulle en moins d’une décennie ?

D’autre part, avec le problème des prix bas du pétrole, est-il encore possible que certains types d’intervention et / ou de politiques gouvernementales puissent provoquer une remontée des prix du pétrole et sauver les marchés (et, euh… la civilisation industrielle) ? Eh bien, comme il se doit, les gouvernements ont fait deux choses la semaine dernière qui ont entraîné la hausse du prix du pétrole de 27% en trois jours. Tout d’abord, l’Arabie saoudite a annoncé qu’elle était disposée à discuter du prix du pétrole. Cela a rendu le marché heureux et a donc contribué à augmenter les prix. Mais c’était juste histoire de baratiner les marchés car l’Arabie saoudite n’a en réalité rien dit de nouveau, car elle avait depuis longtemps indiqué qu’elle était prête à engager un dialogue (dans le but de restreindre la production courante avec d’autres, pas unilatéralement). Deuxièmement, la branche de New York de la Réserve fédérale a laissé entendre que la prochaine hausse des taux d’intérêt que beaucoup avaient prévue était susceptible d’être retardée. Ainsi les marchés boursiers ont obtenu une autre dose de dopamine et ont regagné la plupart de leurs pertes, tandis que le prix du pétrole a simultanément rebondi. Cependant, vous ne pouvez pas baratiner les marchés trop longtemps.

De même, un certain nombre de circonstances pourraient orienter le prix du pétrole à la hausse, un ouragan bien placé ou le déclenchement d’une guerre dans une partie optimale du monde. En réalité, deviner les prix et les mouvements du pétrole est finalement un jeu de dupes, joué par des imbéciles néanmoins plutôt grassement payés.

Indépendamment de la façon dont tout cela va se terminer, toutes choses étant égales par ailleurs, la tendance est maintenant à ce que les prix du pétrole continuent à diminuer. Nous ne sommes plus dans un cycle de haut plus hauts et de bas plus bas, suivis par des hauts toujours plus élevés et des creux, mais des plus hauts en baisse et des creux inférieurs, suivant leur chemin vers le bas dans la direction opposée de l’économie des niais qui professent dans des journaux comme le New York Times : «Cela se résume à une simple économie de l’offre et de la demande.»


Il est temps de mariner! (photo par Jacki Gallagher)

Pour clore tout cela, et pour souligner une question assez juste – et tout à fait pertinente –, est-ce que cela signifie que le pétrole va se planter tout en bas à 0 $ et être libre ? En bref, non, et les circonstances actuelles peuvent l’expliquer. Bien sûr, si les gouvernements et les banquiers ont décidé de laisser tout le système se gérer seul, alors oui, la chaîne de Ponzi irait probablement à sa ruine en implosant, et le prix du pétrole serait à 0 dollars – ou plutôt à ?? dollars. Cela bien sûr ne sera pas autorisé à se produire. Car puisque le système de crédit est un intermédiaire pour le système énergétique que la civilisation industrielle maintient, cela signifie que le tri des peuples et des nations par la machine industrielle du crédit les trie efficacement pour la fourniture de combustibles fossiles. En supposant que nous puissions même nous le permettre, cela signifie qu’il y aura moins de combustibles fossiles pour eux et plus pour nous afin de maintenir le fonctionnement de nos économies industrielles et continuer à vivre le XXIe siècle avec nos vies alimentées par les combustibles fossiles auxquels nous sommes accros (jusqu’à ce que le tri frappe à notre porte comme il l’a déjà fait pour certains). Et la méthode par laquelle le tri se fait est la méthode bien connue maintenant de l’austérité sur une micro échelle, avec des Grexits et d’autres variantes à une échelle macro.

Aussi ambigu que cela puisse être, il y a cependant une troisième option pour laquelle il peut valoir le coup de se battre. C’est celle que je vais développer dans la partie 3.

Allan Stromfeldt Christensen

Traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone


Pic pétrolier – Cul par dessus tête [3/3]
http://lesakerfrancophone.net/pic-petrolier-marche-arriere-33-oubliez-lausterite-et-le-grexit-cest-lheure-du-gretaway/

Oubliez l’austérité et le Grexit – C’est l’heure du Gretaway !

Par Allan Stromfeldt Christensen – Le 30 septembre 2015 – Sourcefromfilmerstofarmers.comNote du Saker Francophone Dans ce dernier épisode, Allan propose un constat douloureux : sans énergie, des gens et même des pays peuvent se trouver exclus de la civilisation industrielle. Je vous laisse le plaisir de découvrir son Gretaway et la fin de son analyse.

« Prenez mon argent! Pleeeeeease! »

Donc nous sommes ici devant une sorte de précipice, en regardant le crépuscule de l’économie industrielle, dû au pic des approvisionnements énergétiques mais aussi au pic de l’offre de crédit (comme expliqué dans la partie 2 de cette série en 3 parties).



Autrement dit, puisque l’on est sur la phase de plateau du pic pétrolier, et avec des fournitures en combustibles fossiles qui, en général, atteignent leurs limites (et sont de plus en plus chers à extraire), il y en aura de moins en moins pour les besoins. Il faudra donc partager de manière de plus en plus parcimonieuse entre tous les participants. Mais puisque les gens à l’Ouest – et en particulier ceux des régions les plus riches – se sont largement habitués à un mode de vie à forte intensité énergétique et semblent n’avoir aucune intention de l’abandonner, cela implique probablement la mise en œuvre d’une autre approche que le partage : réduire, si ce n’est pas carrément couper, les livraisons de carburant aux personnes et aux nations de rang inférieur dans la hiérarchie de la civilisation industrielle. De cette façon, comme le gâteau des combustibles fossiles continue à se rétrécir, ceux des rangs supérieurs n’auront pas à réduire leur part de manière trop drastique, ils pourront conserver leurs consommations de Net-Flix et de gadgets juste un peu plus longtemps, jusqu’à ce que le tri les frappe inévitablement eux-aussi ou que le fond se dérobe complètement.

Ce tri peut être accompli de différentes façons, mais pour le moment, deux méthodes se démarquent comme étant les plus populaires [chez nos dirigeants, NdT].

La première forme est ce que nous connaissons sous le nom d’austérité, des coupes sont faites sur les pensions, les heures travaillées, les chèques de l’aide sociale, etc., de sorte que nous ayons moins de crédits (comprendre : argent) pour acheter et satisfaire nos passions sur les dépouilles de l’industrialisation. Malheureusement, notre mode de vie dans le monde moderne est tel que les nécessités vitales (comme la nourriture) sont aussi tributaires de l’industrialisation, de sorte que ce tri peut nous entraîner bien plus loin qu’une simple perte de nos gadgets.

Utilisons l’Europe comme exemple. La Grèce est tout en bas de la civilisation industrielle européenne car non seulement elle n’est pas une superpuissance de l’énergie fossile [Pas encore… des découvertes récentes pourraient changer la donne, NdT], mais elle n’est pas non plus une superpuissance industrielle. Il y a beaucoup d’huile d’olive à vendre ou échanger, mais l’huile d’olive (et le reste de leurs exportations) ne permettent pas aux Grecs d’obtenir du pétrole brut (et autres produits dérivés) au niveau où les pays des rangs supérieurs les absorbent. Les prouesses industrielles de l’Allemagne l’ayant placée sur la marche la plus élevée de la civilisation industrielle européenne, celle-ci peut distribuer largement des crédits et des prêts à sa base industrielle. La Grèce, elle, ne peut pas faire pareil, parce que non seulement l’huile d’olive ne fournit pas beaucoup de valeur ajoutée, mais après avoir abandonné la drachme pour l’euro il y a quelques années, elle a aussi renoncé à sa souveraineté financière et mis son destin économique entre les mains des autres. (Penser à cette question en termes de souveraineté financièrepeut être un peu trompeur, mais je vais y revenir dans un instant). Le résultat de tout cela est que la Grèce a encore plus de difficultés pour s’offrir le minimum indispensable à la civilisation industrielle, les combustibles fossiles.

Ceci dit, lorsque l’approvisionnement en énergie deviendra trop faible, le penchant de l’Allemagne à accorder des crédits à des pays comme la Grèce en sera considérablement amoindri, ce qui diminuera encore le contrôle de la Grèce sur ses approvisionnements en énergie. Mais pour le moment, l’Allemagne est disposée à alimenter la Grèce avec d’autres prêts, non pas pour que les vieilles retraitées grecques puissent se nourrir, mais surtout afin que la Grèce ait les moyens d’assumer le service de sa dette à l’Allemagne et ainsi éviter de contribuer à l’implosion finale de l’Allemagne, de l’Europe et de la pyramide de Ponzi que constitue le système bancaire. En outre, tandis que les bénéfices du renflouement de la Grèce ne sont principalement accordés qu’à la classe supérieure de la société, ils sont bien sûr accordés à des conditions draconiennes. Et ces conditions sont du genre suivant :


Eh bien, oui… Cette chose là, le Parthénon, bien sûr que c’est magnifique! Mais vous savez ce qui le mettrait encore mieux en valeur? Qu’il se trouve en Allemagne.



Blague à part, ça c’est l’austérité, et vous faites ce qu’on vous dit de faire. Car si vous ne faites pas ce qu’on vous dit, et que vous essayez de donner aux nécessiteux (afin qu’ils puissent manger) une partie des crédits qui vous ont été accordés pour l’énergie, alors vous risquez de voir votre pays privé du total de ses lignes de crédit. Toute légalité mise à part, ceci est ladeuxième forme de tri (qui est en train de s’appliquer à une nation industrielle) : plutôt que de priver les plus pauvres du pays on va priver la nation toute entière.

Dans le cas de la Grèce, cette forme de tri est la version imposée de ce qui a été appelé Grexit (mot inventé par l’économiste Ebrahim Rahbari de Citigroup), qui est à l’opposé de la forme volontaire de Grexit dans laquelle c’est le gouvernement grec lui-même qui sort volontairement de la zone euro et reprend l’usage des drachmes. Le peuple grec s’est prononcé avec force contre un Grexit volontaire, puisque plus que tout, le peuple grec veut maintenir sa position dans le monde du progrès promis par la civilisation industrielle (indépendamment de savoir si, oui ou non, ils comprennent que c’est là leur désir profond).

La population grecque (comme d’ailleurs chaque population) croit généralement que le monde d’aujourd’hui fait face à une crise d’ordre politique. Donc, ils procèdent à un vote pour amener au pouvoir un démagogue qui leur dira qu’ils peuvent maintenir leur prospérité industrielle (ou la récupérer selon le cas). Cependant, et comme je l’ai expliqué précédemment (voir ici et ici), ce à quoi la Grèce (et en fin de compte le reste du monde) est confrontée n’est pas une crise politique, mais une crise de ressources. En d’autres termes, il n’y a aucune variante de magouilles politiques qui soit en mesure d’éviter à ceux sur le point d’être triés de revenir à leur ancien niveau de prospérité industrielle.

Dans le même temps, les partis politiques ont promis la lune pendant les périodes électorales. Syriza a été initialement élu sur une plate-forme de non renflouement [des banques, NdT] et a ensuite démontré que ce n’était que du vent. Dans le cas de Syriza, sa promesse de référendum pour gagner l’électorat grec et permettre un meilleure compromis lors du troisième sauvetage de la Grèce a été une imposture complète, probablement parce que ce parti a été menacé par la Troïka : soit vous acceptez les termes sur la table, soit on vous coupe vos lignes de crédits (comprendre : énergie), renvoyant la Grèce à une économie agraire du jour au lendemain. Ne voulant pas entrer dans l’histoire comme cela, le premier ministre, Alexis Tsipras a capitulé et accepté les conditions dictées – qui étaient encore pires que celles refusées par Tsipras quelques semaines plus tôt.

En effet, tout ce que les soi-disant politiciens progressistes (et leurs homologues) peuvent réellement obtenir n’est, à la rigueur, qu’une légère baisse de leurs taux d’intérêt et l’allongement de leur échéancier de remboursement. Ainsi, alors que le dernier Premier ministre grec, Tsipras, avait été initialement élu pour relancer l’économie infirme du pays, il a tourné casaque passant de rebelle à exécuteur du plan de sauvetage. Il vient d’être réélu avec le mandat de mettre en œuvre des hausses d’impôts et des réductions de dépenses encore plus sévères.


(photo de Alehins)

Pour continuer avec l’exemple grec, tous les partis politiques ne semblent pas être si hostiles à un Grexit, alors que les extrêmes, le Parti communiste à l’extrême-gauche et les néo-nazis d’Aube dorée à l’extrême-droite, semblent prêts à sortir la Grèce de la zone euro. Une montée en puissance de l’un d’eux, ce qui devrait arriver, serait certainement un tournant extrêmement malheureux. Mais voyant à quel point il ne se passe rien en Grèce ni dans d’autres pays qui soit à la hauteur des enjeux, et anticipant que Syriza et les autres partis qui viendront ensuite seront incapables d’endiguer la marée de l’austérité, on espère que les frustrations des populations affamées et désespérées ne conduiront pas au pouvoir des partis xénophobes tels qu’Aube dorée.

Comment peut on éviter ces conséquences? Pour commencer, il faudrait comprendre que les crises de ressources sont à la base de la prolifération des politiques d’austérité. En supposant qu’une telle prise de conscience soit effectivement possible dans un avenir proche – ce qui est extrêmement peu probable – qu’est-ce qu’on fait? Eh bien, comme on va voir la Grèce finir par quitter la zone euro d’une manière ou d’une autre, la meilleur chose à faire serait de se préparer à un tel événement. Revenir simplement à la drachme n’est pas vraiment une option. Pourtant, comme un seul homme, les médias progressistes ont dit :


Je pense que le problème fondamental [avec la capitulation de Syriza] est le fait que Syriza ne s’est jamais exprimé sur une alternative à l’Union européenne. Les membres de Syriza ont accepté l’Union européenne comme cadre ; ils ont accepté de payer la dette dans ce cadre, et ils n’ont jamais formulé une politique indépendante. Ils ont surestimé leur capacité à négocier une solution progressiste au sein de l’Union européenne, et absolument rien suggéré d’autre.

Si les partis progressistes – en particulier ceux au pouvoir, comme Syriza – n’ont pas réussi à parler ouvertement d’une alternative à l’Union européenne (comme si les progressistes n’étaient tout simplement pas assez progressistes), c’est que cela entraînerait probablement rapidement leur pays dans un monde chaotique de souffrance, allant d’un coup d’État fomenté par les intérêts financiers pour renverser les titulaires (afin de protéger leurs prêts et la chaîne de Ponzi), à un effondrement assez rapide du pays sur les marchés boursiers et la progression exponentielle du nombre de jours de banque fermés.

Au lieu de cela, et en travaillant sur ce que j’ai mentionné plus tôt, ce dont les progressistes doivent se rendre compte, c’est que la question ne consiste pas uniquement en une souveraineté financière, mais en une souveraineté énergétique. En effet, l’argent est un intermédiaire pour l’énergie. A cause de cela, plus nous avançons dans cette voie de la réduction de l’approvisionnement en énergie, plus ce dernier devra se trouver proche de son point de récolte (récolte pas simplement comme une métaphore sympathique). L’argent n’étant qu’un intermédiaire pour l’énergie, il est logique que les monnaies suivent un mouvement parallèle.

En d’autres termes, et pour ceux qui sont conscients des facteurs sous-jacents de la situation actuelle, une action cruciale serait la mise en place de monnaies alternatives locales. Pas seulement au niveau national (comme une drachme rééditée), mais aussi aux niveaux régionaux et communautaires. Alors que les monnaies internationales et même nationales seront de moins en moins accessibles à ceux qui se trouvent en marge de la société – ce qui arrive quand le tri vous élimine des approvisionnements mondiaux et nationaux en énergie – il est vital de contourner autant que nous le pouvons ces devises en réduisant notre dépendance envers elles. C’est peut-être la meilleure option pour un nombre croissant de personnes, ainsi qu’une bonne idée pour ceux qui veulent prendre de l’avance sur ce qui va nous arriver – ou plutôt, ne plus arriver dans les tuyaux de gaz ou d’eau.

Ce que je propose alors comme une nécessité à la place d’un Grexit, c’est un Gretaway, un mouvement concerté hors des systèmes financiers internationaux (et même dans une certaine mesure nationaux). Cela implique une tentative délibérée de voler sous le radar des banques internationales en même temps que la mise en place d’amortisseurs pour le nombre croissant de personnes qui seront jetées hors du circuit des devises et donc de l’accès aux ressources de base, en supposant que ces ressources soient encore disponibles – et il n’y a aucune garantie pour cela.

Même le New York Times l’a souligné, la monnaie alternative TEM à Volos, en Grèce, était «inspirée […] par un besoin de solidarité dans les moments difficiles», une monnaie qui serait «prête à monter au créneau […] si la Grèce prend un virage pour le pire et finalement cesse d’utiliser l’euro». Cela ne veut pas dire que le TEM est simplement un plan de repli, il a déjà permis de relancer des activités locales : vétérinaires, opticiens, couturières, professeurs de musique, professeurs de langues, comptables, techniciens en informatique, coiffeurs et, bien sûr, agriculteurs. Et, pourrais-je ajouter, le tout approuvé légalement par le gouvernement fédéral de la Grèce.


« Madonna !? Honte à toi! »

Ne vous méprenez pas cependant, les monnaies alternatives ne signifient pas une continuation du business as usual (ni de la culture). Comme l’a dit un boucher qui avait beaucoup de succès avec une autre monnaie alternative en Grèce : «Une personne a voulu négocier un CD de Madonna contre un poulet. Mais j’ai dit non. Le CD de Madonna ne vaut certainement pas un poulet.»

En fin de compte, et comme Jan Lundberg (qui vit en Grèce) a récemment écrit dans sa pièce :Pourquoi l’économie monétaire en Grèce pourrait disparaître« ,


À un certain point, la monnaie peut devenir tout à fait secondaire dans une économie du partage basée sur la mise en œuvre de la résilience locale.

Pour prendre l’histoire en marche? Il n’y a pas de meilleur moment que le présent pour se mettre au travail sur nos Gretaways.

Allan Stromfeldt Christensen

Traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone


Tout savoir sur les dessous du prix du pétrole (2 vidéos), Thomas Veillet

Voici 2 vidéos édifiantes sur les dessous de la fixation du cours du pétrole. Thomas Veillet, un spécialiste des marchés financiers explique clairement et franchement comment la spéculation est au coeur de la bourse.
Secrets, manipulation, impuissance du consommateur,…Tout y passe.
Ce qui est sûr c’est que le marché est juteux et qu’il  a encore de belles années devant lui. Même les Etats y trouvent leur compte avec toutes les taxes dont ils usent et abusent pour compenser les trous des caisses publiques, conséquence de l’échec de leur politique.
La Suisse, par exemple, a planifié pour le 1er janvier 2016 sa énième augmentation de taxes sur le pétrole… Une rentrée financière facile grâce à des clients captifs…
Ces vidéos de 2011 restent d’actualité.
LHK

Comment se fixe les prix du pétrole à la Bourse? Deux vidéos de 2000watts.org 

source : https://lilianeheldkhawam.wordpress.com/2015/09/23/tout-savoir-sur-les-dessous-du-prix-du-petrole-2-videos-thomas-veuillet/