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"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
jeudi 26 octobre 2023
lundi 18 juillet 2022
Journal Kairos : ON PARLE DU 55
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Pour ce dernier numéro du journal Kairos (55), nous inaugurons une nouvelle forme d'interview qui aura lieu à chaque publication: "On parle du…" Une discussion avec Jean-Marc Cuvelier autour de quelques articles du journal. Pour vous donner envie de vous abonner ou d'aller chez votre libraire.
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mercredi 25 mai 2022
Stop à la diabolisation ! Le Préfet manipule les élections par les nuanciers politiques.
jeudi 9 décembre 2021
dimanche 19 septembre 2021
mpOC-Liège Mouvement politique des objecteurs de croissance Groupe de Liège - Lettre ouverte aux membres des conseils d’administration d’Attac-Liège et du Beau-Mur
Mesdames,
Messieurs,
Le 24 juillet 2021, j’avais pris contact avec Attac-Liège pour organiser une conférence-débat « par le mpOC-Liège avec le soutien d’Attac » comme nous avons commencé à le faire régulièrement à partir de janvier 2014, Attac-Liège et le mpOC-Liège partageant un certain nombre de points d’intérêt. C’était aussi un échange de bons procédés, Attac-Liège s’occupant généralement de trouver une salle tout en faisant valoir ces conférences auprès de la Communauté française comme association reconnue d’éducation permanente (ce que le mpOC-Liège n’est pas). Quelques jours plus tard, l’annonce de la conférence du 25 août avec Michel Weber, « Covid-19(84) – La vérité politique du mensonge sanitaire » était diffusée sur le web[i] et elle aura lieu dans une des salles du Beau-Mur.
Le 24 août en début de soirée, la veille de la conférence, Attac-Liège me faisait savoir par courriel : « Le CA d’Attac s’est prononcé contre le soutien et la participation à la conférence de Michel Weber de demain ». Renseignements pris par téléphone, il s’avère aussi que l’accès à la salle nous (le mpOC-Liège) est retiré et que la décision est celle conjointe des conseils d’administration d’Attac-Liège et du Beau-Mur.
La surprise est totale, jamais je n’aurais cru une telle manœuvre de censure et de sabotage possible à l’égard du mpOC-Liège qui collabore avec Attac-Liège depuis près de 10 ans, sans parler de moi-même pour qui cela remonte à plus loin encore, avec la mise en place du collectif de résistance au traité de Lisbonne fin 2007. Je vous laisse imaginer la difficulté et le stress dans lesquels cette décision nous a mis. Que faire ? Annuler ou réorganiser le tout en le faisant dans un parc en plein air ou en trouvant une autre salle le jour même ? Finalement nous avons réussi à trouver une salle in extremis : merci, nous avons ainsi accueilli 120 personnes pour un exposé et un débat qui se sont déroulés dans la meilleure des ambiances (la conférence a été filmée, à voir ici : www.liege.mpoc.be/covid.htm#mw ).
Dans le courriel précité, une seule petite phrase pour expliquer cette décision qui n’en reste pas moins incompréhensible : « Les propos révisionnistes sur la comparaison du vaccin avec le zyklon B ayant été déterminant dans notre changement de position ».
Il est difficile de comprendre que des personnes qui nous connaissent de longue date aient pu penser ne fût-ce qu’une seule seconde que nous aurions pu tenir des « propos révisionnistes » ou soutenir quelqu’un qui les tiendrait. Cette allusion au Zyklon B est doublement absurde : d’une part, quand bien même Michel Weber aurait écrit, comme il me l’a été dit par téléphone, que la 3e dose de vaccin serait l’équivalent d’une injection de Zyklon B, ce ne serait jamais qu’une dose d’humour à la Hara Kiri, « journal bête et méchant », en n’oubliant pas cependant que les vaccins anti-covid sont toujours en phase d’expérimentation [ii], que les essais cliniques de ces vaccins sont sous le contrôle exclusif de l’industrie pharmaceutique[iii] et que donc nous participons ou assistons à une expérimentation de masse sous la vigilance certainement bienveillante de cette industrie. D’autre part, vérifiant le commentaire en question, force est de constater qu’il n’y est même pas question de vaccin ! [iv]
Quel est le propos de Michel Weber (et le nôtre) ? Faire référence à une période historique – en l’occurrence le nazisme – pour proposer une interprétation de ce qui nous arrive depuis le début de l’année 2020. En quoi cela serait-il « extrémiste » ou « abject » (termes employés sur le site web d’Attac-Liège et par un « sonneur de tocsin », respectivement – voir ci-dessous) ? D’une part là réside la liberté d’expression et de recherche et, d’autre part, tirer des leçons de notre histoire est la moindre des choses que nous devons faire, même au risque de se tromper. Malheureusement, les événements se succèdent pour nous donner raison, comme l’interdiction faite en France aux soignants non vaccinés d’exercer, les appels explicites ou dissimulés [v] pour faire de même en Belgique et l’utilisation de plus en plus prégnante du pass sanitaire (« Covid Safe Ticket » et autres), qui font que nos gouvernements sont en train de créer une catégorie de citoyens qui ne pourront pas vivre comme les autres – les nouveaux parias. Ça ne vous évoque rien ?
Nous sommes loin d’être les seuls à faire ce parallèle. Dans un article intitulé « Le chemin vers la liberté », la philosophe Nadia Lamm n’hésite pas à l’illustrer d’une photo de déportés lisant une inscription où l’observance des vertus du parfait déporté est présentée comme « le chemin vers la liberté » (l’inscription dit : « Il y a un chemin vers la Liberté. Ses étapes se nomment obéissance, assiduité, ordre, propreté, humilité, véracité, esprit de sacrifice et amour de la Patrie ! »)[vi]. Elle s’inquiète aussi de la posture de ceux qui critiquent à mots feutrés et sans grand risque la politique de nos gouvernements car « elle exclut par principe une intention de mal faire du gouvernement alors que des textes directeurs existent tels que l’Agenda 2030 sur le site du Forum économique mondial, le manifeste du président du Forum économique mondial, Klaus Schwab assisté de Thierry Malleret : “ Covid 19 : la grande réinitialisation” ; un projet du Sénat français – qui permettent de s’interroger sur le caractère bienveillant de l’intention qui préside aux actes du gouvernement. Sans oublier les livres de Jacques Attali qui annonce depuis longtemps l’entrée de l’Occident dans un Nouvel Ordre mondial, ordre marchand de fer sans contrepouvoir ». De même, Ariane Bilheran dans une brillante interview « Nommer le Mal » (Ariane Bilheran est normalienne, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, chargée de cours à l’Université et l’auteure de nombreux essais)[vii]. Et encore, Vera Sharav, survivante de l’Holocauste : « Je dois dire que, depuis cette période de ma vie [période nazie], jusqu’à aujourd’hui, je ne me suis jamais sentie aussi anxieuse à l’idée qu’une situation politique soit générée par la peur des maladies infectieuses […] Lorsque les gouvernements s’en sortent avec des crimes, avec la suppression des droits de l’Homme, des droits constitutionnels, dans ce qu’ils considèrent comme une urgence, eh bien, les gouvernements vont simplement créer des urgences, déclarer l’urgence et supprimer les droits. C’est un parallèle majeur entre le régime nazi et aujourd’hui »[viii].
Nous, au mpOC-Liège, nous sommes des décroissants et, comme chacun sait, le projet sociopolitique de la décroissance est un projet de gauche [ix]. Certes, mais pas de la gauche institutionnelle régulièrement au pouvoir, ni celle à laquelle vous contribuez aujourd’hui, une gauche frileuse, sectaire, sacralisant la « vie »[x] et hygiéniste à l’extrême, déroulant le tapis rouge à un pouvoir de plus en plus discrétionnaire et en même temps à l’extrême droite, par son aveuglement, l’abandon de la pensée critique et le refus du débat. Confirmation par un membre du CA d’Attac-Liège qui me recommande la lecture d’un article « sensé » commis par un certain Philippe Marlière qui, dans le titre, s’empresse d’utiliser un des derniers néologismes à la mode pour tout qui veut propager la doxa du pouvoir : « Gauche et pass sanitaire : les impasses d’un combat confusionniste »[xi]. « La gauche devrait militer en faveur de la vaccination » dit-il d’emblée, car « les avis scientifiques convergent sur la question : seule la vaccination de tout ou partie de la population française et mondiale permettra de vaincre la pandémie ». La « gauche » n’a-t-elle pas mieux à faire que de s’occuper des vaccins en voulant nous priver d’une liberté supplémentaire, du droit naturel d’être seul juge de ce qui est bon pour notre santé ? Ne devrait-elle pas dans ce cas aussi militer pour interdire l’accès aux restaurants aux personnes en surpoids ou obèses au prétexte qu’elles sont majoritaires à occuper les lits de soins intensifs ? Et tant qu’à faire, punir d’une façon ou d’une autre les cohortes de ceux qui sont drogués au sucre, au tabac et à l’alcool au prétexte qu’ils grèvent lourdement le budget de la santé publique ? Quant aux avis scientifiques qui convergeraient, ce n’est apparent que pour ceux qui ne lisent ou n’écoutent que la RTBF et tous les autres médias mainstream : parmi de nombreux exemples, ce n’est pas l’avis d’un virologue liégeois bien connu, ancien recteur de l’Université de Liège, pour qui « Omettre de la pensée scientifique et populaire les risques associés à un traitement, comme ce fut le cas pour le vaccin contre la Dengue, est extrêmement risqué », « le risque à long terme des vaccins “à matériel génétique” (à ARNm et à adénovirus vecteur) est inconnu » et « le bien-fondé d’une vaccination réside dans une comparaison des risques connus de la maladie naturelle d’une part et de la vaccination d’autre part, de manière à établir une balance risques-bénéfices de la vaccination, propre à chaque individu [je souligne] »[xii]. Le risque à long terme des vaccins géniques contre le covid n’étant pas connu, il est alors impossible d’évaluer aujourd’hui la balance risque-bénéfice de cette vaccination qui ne relève donc que de l’expérimentation et disqualifie sa campagne mondiale. Quant aux risques à court terme, ils s’avèrent de plus en plus nombreux (décès inclus), dépassant de loin tout ce qu’on a vu pour les autres vaccinations [xiii], et de ce fait auraient dû avoir pour conséquence l’arrêt total de la campagne de vaccination contre le covid dès les premiers avertissements.
Il apparaît que vous avez subi des « pressions » de la part de « sonneurs de tocsin » comme ils se nomment eux-mêmes, pressions auxquelles vous n’avez pas pu ou voulu résister. Sur un réseau « social » que je ne nommerai pas, un conseiller communal de la ville de Liège à la tête d’un nanoparti de « gauche » et connu pour son opportunisme écrit : « On prend acte, avec horreur, que le Mouvement politique des objecteurs de croissance » [mpOC-Liège], a versé dans le confusionnisme le plus abject. Avec, comme cerise sur le gâteau, une comparaison entre les mesures sanitaires et le nazisme. Rien que ça […] A près avoir pas mal sonné le tocsin durant la journée […] Le Centre liégeois du Beau-mur, qui n’avait pas été informé du contenu de cette conférence confusionniste, a décidé ce soir de refuser de l’accueillir. Je m’en réjouis. No pasarán ! ». Les républicains et antifascistes morts à Madrid en 1936 doivent se retourner dans leur tombe ! Heureusement pour lui, jamais le moindre révolutionnaire d’opérette n’a été tué par le ridicule.
Toujours sur ce réseau « social », sur une page intitulée « Front AntiFasciste Liège 2.0 » (sic) : « Bien que l’auteur [Michel Weber] ne soit pas d’extrême droite, il livre de fausses informations (l’exact opposé de l’esprit critique), ses thèses participent d’une lecture complotiste de la séquence pandémique, et œuvrent – volontairement ou non – à une confusion idéologique, qui touche également une fraction de la gauche […] Après ces recherches, nous avons contacté, depuis plus d’une semaine maintenant, ATTAC Liège et le Centre liégeois du Beau Mur (tous deux signataires de l’appel du Front Antifasciste) afin de les mettre au courant ».
Personne ne devrait se laisser influencer par une argumentation aussi indigente qui renvoie toute forme de contestation à l’extrême droite ou à ces néologismes du pouvoir que sont complotisme et confusionnisme, et ainsi, en toute logique, faire leur lit.
Que vous ayez décidé de censurer et saboter cette conférence à la manière de n’importe quel pouvoir totalitaire est inacceptable et indigne de ceux que vous représentez. Aussi le conseil d’administration d’Attac-Liège prendra-t-il note de ma démission de membre.
Francis Leboutte
Membre du mpOC-Liège
www.liege.mpOC.be
[i] L’annonce est toujours visible dans les archives du site du mpOC-Liège : www.liege.mpoc.be/agenda-ancien.htm#25aout2021
[ii] – Pfizer/BioNTech : clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04368728 (fin de la phase 3 le 2 mai 2023).
– Moderna : clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04470427 (fin le 27 octobre 2022).
– AstraZeneca : clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04516746 (fin le 14 février 2023).
– Janssen : clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04505722 (fin le 2 janvier 2023)
[iii] Ce qu’en dit le Dr Michel de Lorgeril, chercheur au CNRS, dans son livre Les vaccins à l’ère de la covid-19, page 341 (il s’agit du vaccin Pfizer, mais le constat est le même pour les autres vaccins) :
« Je note d’emblée que cet essai clinique est en fait une étude commerciale puisque la très grande majorité des investigateurs sont liés de près ou de loin aux industriels qui ont financé l’étude.
De plus, l’étude est sous le contrôle total des industriels. Je copie un paragraphe de la page 2 de l’article [www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2034577] :
Pfizer était responsable de la conception et de la conduite de l’essai, de la collecte des données, de l’analyse des données, de l’interprétation des données et de la rédaction du manuscrit. BioNTech était le commanditaire de l’essai, a fabriqué le matériel d’essai clinique BNT162b2 et a contribué à l’interprétation des données ainsi qu’à la rédaction du manuscrit.
Peut-on être plus explicite ? C’est une étude conduite par des employés des industriels impliqués. Aucune trace de la moindre indépendance ».
[iv] Le commentaire de Michel Weber sur sa page Facebook, le 14 juillet 2021 :
« Zyklon B et variant delta
L’évolution de la crise de la C19 se poursuit sans accident de parcours. Afin de comprendre comment et pourquoi cela est possible, il peut suffire de se concentrer sur une seule proposition : la vérité du covidisme est le nazisme.
Je ne vais pas reprendre la discussion que j’ai menée tambour battant ces derniers mois, ou citer le travail de Chapoutot. Souvenons-nous simplement que le noyau de l’idéologie nazie était un hygiénisme et un eugénisme : il fallait préserver, quoi qu’il en coûte, la pureté de la race de toutes les formes de contaminations (raciales, morales, culturelles…).
Les Juifs étaient perçus comme de la vermine à éliminer.
Le Zyklon B était un pesticide ; son usage tardif était donc aussi symbolique que pragmatique ».
Vient ensuite une série de références bibliographiques.
[v] Par exemple, les récentes déclarations de Sophie Wilmès, Première ministre à la manœuvre lors des 6 premiers mois de la crise du covid, ensuite vice-première ministre et ministre des Affaires étrangères. Précédées en août de celles du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, tout à fait explicites elles.
[vi] Nadia Lamm. Le chemin vers la liberté. liege.mpoc.be/doc/divers/covid-19/analyses/politiques/Nadia-Lamm_Le-chemin-vers-la-liberte_2021.pdf
[vii] Ariane Bilheran. Nommer le mal. liege.mpoc.be/doc/divers/covid-19/analyses/politiques/Ariane-Bilheran_Nommer-le-Mal_1sept2021.pdf
[viii] Vera Sharav. L’holocauste s’est produit car les gens ont détourné le regard ! liege.mpoc.be/doc/divers/covid-19/analyses/politiques/Vera-Sharav_L-holocauste-s-est-produit-car-les-gens-ont-detourne-le-regard_sept2021.pdf
[ix] La décroissance comme projet politique de gauche . Conférence de la journée de réflexion sur l’objection de croissance, Bruxelles, le 21 février 2009, liege.mpoc.be/doc/ecologiepolitique/Latouche-Serge_La-decroissance-comme-projet-politique-de-gauche_AdOC-21fev09.pdf
[x] La vie « nue », biologique, c’est-à-dire juste le fait d’avoir le cœur qui bat et un corps fonctionnel, rien à avoir avec le « buen vivir » des Amérindiens qui inspire le mouvement de la décroissance ! Le « buen vivir » prime les relations avec les autres et la nature, l’être sur l’avoir.
[xi] blogs.mediapart.fr/philippe-marliere/blog/200821/gauche-et-pass-sanitaire-les-impasses-d-un-combat-confusionniste . Philippe Marlière se recommandant au passage de Philippe Corcuff, l’auteur de « La Grande Confusion » (mars 2021), une brique de 670 pages encensée par Le Monde et les autres « grands » médias et très populaire auprès d’une certaine « gauche » qui ne voit pas la contradiction. Normal, dans son livre Philippe Corcuff absout ces médias de tout rôle dans cette « confusion ». Au contraire, il dénonce la critique des médias « manichéenne » et « complotiste » d’Acrimed (Observatoire des médias), de Noam Chomsky et d’autres (acrimed.org/Et-ma-lumiere-fut-par-Philippe-Corcuff). Voir aussi la réponse de Vincent Cheynet (du journal La Décroissance) à Philippe Corcuff, vincent.chey.net/reponse-a-philippe-corcuff.htm.
[xii] liege.mpoc.be/covid.htm#vaccinenfants
[xiii] Le VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting System) est le système étasunien qui permet d’enregistrer les événements indésirables liés aux vaccins. Il a été mis en place en 1990. Ces événements étant enregistrés sur base volontaire, tout le monde s’accorde pour dire que tous ne sont pas rapportés, loin de là même selon certaines études.
Aux États-Unis, le nombre de morts rapportés au 30 juillet 2021 suite à l’injection des quatre vaccins géniques anti-covid est de 6183, alors que le total des décès associés à la vaccination depuis 1990 est de 10 672. Ces six mois de vaccination anti-covid représentent donc à eux seuls 58 % du total des morts rapportés sur 31 ans, c’est énorme. Le taux de létalité du vaccin anti-covid est d’environ 1 pour 27 000, environ 120 fois celui du vaccin antigrippe (un vaccin très utilisé aux États-Unis – 650 millions de doses sur les quatre dernières années). Ces données concordent avec celles de l’UE et de la Suisse.
Ces décès semblant se répartir également selon les tranches d’âge, le constat pour les enfants (de 0 à 14 ans) est terrible, car, à ce jour, aucun enfant en bonne santé (c’est-à-dire sans comorbidité) n’est mort du covid. Pour les moins de 65 ans sans comorbidité, « le vaccin apparaît délétère » (reinfocovid.fr/science/benefice-risque-des-vaccins-covid-par-tranche-dage-donnees-du-1er-juillet-2021/).
Par le passé, on a arrêté des vaccins pour beaucoup moins.
Page d'accueil du site mpOC-Liège (groupe local de Liège du mpOC) – Site du mpOC : www.mpOC.be
Réinformation covid : https://liege.mpoc.be/covid.htm
vendredi 22 mars 2019
[Gilets jaunes] Ce que l’extrême droite ne nous prendra pas, un texte de Frédéric Lordon
source : https://blog.mondediplo.net/2013-07-08-Ce-que-l-extreme-droite-ne-nous-prendra-pas
par Frédéric Lordon, 8 juillet 2013
La colorimétrie des demi-habiles ne connaissant que deux teintes, toute mise en cause de l’Europe, fût-elle rendue au dernier degré du néolibéralisme, est le commencement d’une abomination guerrière, toute entrave au libre-échange est la démonstration manifeste d’une xénophobie profonde, toute velléité de démondialisation l’annonce d’un renfermement autarcique, tout rappel au principe de la souveraineté populaire la résurgence d’un nationalisme du pire, tout rappel au principe de la souveraineté populaire en vue d’une transformation sociale, la certitude (logique) du… national-socialisme, bien sûr ! Voilà sur quel fumier intellectuel prospère le commentariat européiste quand, à bout d’argument, il ne lui reste plus que des spectres à brandir.
Le pire cependant tient au fait que ces imputations, où le grotesque le dispute à l’ignoble, font sentir leurs effets d’intimidation jusque dans la gauche critique, terrorisée à l’idée du moindre soupçon de collusion objective avec le FN, et qui se donne un critère si bas de cet état de collusion que le moindre regard jeté sur une de ses idées par les opportunistes d’extrême droite conduit cette gauche à abandonner l’idée – son idée – dans l’instant : irrémédiablement souillée. A ce compte-là bien sûr, la gauche critique finira rapidement dépossédée de tout, et avec pour unique solution de quitter le débat public à poil dans un tonneau à bretelles. Comme on sait, sous couleur de ne pas donner prise aux accusations de « repli national », elle a laissé tomber de fait toute idée de mettre quelque entrave que ce soit au libre-échange puisque toute restriction à la libre circulation des conteneurs est une offense égoïste faite aux peuples des pays exportateurs – et la démondialisation y a été vue comme une inacceptable entorse à un internationalisme de principe. En bonne logique ne faudrait-il pas, à cette partie de la gauche, renoncer également à la critique de la déréglementation financière internationale au motif que l’extrême droite, elle aussi, en fait l’un de ses thèmes de prédilection, en conséquence de quoi la chose ne pourrait plus être dite ?
Souverainisme de droite, souverainisme de gauche
« Repli national », en tout cas, est devenu le syntagme-épouvantail, générique parfait susceptible d’être opposé à tout projet de sortie de l’ordre néolibéral. Car si cet ordre en effet se définit comme entreprise de dissolution systématique de la souveraineté des peuples, bien faite pour laisser se déployer sans entrave la puissance dominante du capital, toute idée d’y mettre un terme ne peut avoir d’autre sens que celui d’une restauration de cette souveraineté, sans qu’à aucun moment on ne puisse exclure que cette restauration se donne pour territoire pertinent – n’en déplaise à l’internationalisme abstrait, la souveraineté suppose la circonscription d’un territoire – celui des nations présentes… et sans exclure symétriquement qu’elle se propose d’en gagner de plus étendus !
Prononcer le mot « nation », comme l’un des cas possibles de cette restauration de la souveraineté populaire, peut-être même comme l’un de ses cas les plus favorables ou du moins les plus facilement accessibles à court terme – précision temporelle importante, car bien sûr le jacquattalisme du gouvernement mondial, lui, a le temps d’attendre… –, prononcer le mot « nation », donc, c’est s’exposer aux foudres de l’internationalisme, en tout cas de sa forme la plus inconséquente : celle qui, soit rêve un internationalisme politiquement vide puisqu’on en n’indique jamais les conditions concrètes de la délibération collective, soit qui, les indiquant, n’aperçoit pas qu’elle est simplement en train de réinventer le principe (moderne) de la nation mais à une échelle étendue !
En ce lieu de la souveraineté, qui donne naissance à toutes les confusions politiquement intéressées, il pourrait être utile de commencer par montrer en quoi un souverainisme de gauche se distingue aisément d’un souverainisme de droite, ce dernier se concevant généralement comme souveraineté « de la nation », quand le premier revendique de faire droit à la souveraineté « du peuple ». Les tenants de la « souveraineté nationale » en effet ne se posent guère la question de savoir qui est l’incarnation de cette souveraineté, ou plutôt, une fois les évocations filandreuses du corps mystique de la nation mises de côté, ils y répondent « tout naturellement » en tournant leurs regards vers le grand homme, l’homme providentiel – l’imaginaire de la souveraineté nationale dans la droite française, par exemple, n’étant toujours pas décollé de la figure de de Gaulle. L’homme providentiel donc, ou tous ses possibles succédanés, comités de sages, de savants, de compétents ou de quelque autre qualité, avant-gardes qualifiées, etc., c’est-à-dire le petit nombre des aristoi (« les meilleurs ») à qui revient « légitimement » de conduire le grand nombre.
La souveraineté vue de gauche, elle, n’a pas d’autre sens que la souveraineté du peuple, c’est-à-dire l’association aussi large que possible de tous les intéressés à la prise des décisions qui les intéressent. Le souverainisme de droite n’est donc rien d’autre que le désir d’une restauration (légitime) des moyens de gouverner mais exclusivement rendus à des gouvernants qualifiés en lesquels « la nation » est invitée à se reconnaître – et à s’abandonner. Le souverainisme de gauche est l’autre nom de la démocratie – mais enfin comprise en un sens tant soit peu exigeant.
Faute de ces élémentaires distinctions, une partie de la gauche en est venue à ostraciser l’idée de souveraineté quand elle prétend par ailleurs lutter pour une extension de la démocratie… qui n’en est que le synonyme ! Démocratie, souveraineté populaire : une seule et même idée, qui est celle de la maîtrise par une communauté de son propre destin. On mesure donc les effets de captation et de terrorisme intellectuels de l’extrême droite, et les effets de tétanie de la gauche critique, à cette aberration d’auto-censure et d’intoxication qui a conduit cette dernière à abandonner l’idée de souveraineté, faute d’être simplement capable de se souvenir que, sous l’espèce de la souveraineté populaire, elle est l’une de ses propres boussoles idéologiques depuis la Révolution française !
Contre l’« armée de réserve » des sans-papiers : la régularisation !
Il est bien vrai cependant que le FN se montre d’une redoutable habileté dans le pillage éhonté des idées de la gauche critique. Il aurait tort de se gêner puisqu’il ne vient personne pour lui rappeler les orientations foncièrement reaganiennes de sa « pensée économique » jusqu’au début des années 2000, ni lui faire observer les légères traces de pneu qui résultent d’un tête-à-queue idéologique aussi parfait – mais les journalistes politiques qui disent déplorer le dépérissement du « débat d’idées » ne sont visiblement pas très intéressés par ce genre d’idées… Le terrain de l’imposture intellectuelle ainsi grand ouvert, le FN s’avance gaiement, sans le moindre complexe ni la moindre vergogne, se goinfrant de thèmes de gauche pour mieux semer une réjouissante confusion, mais affinant également son art de couler ses obsessions xénophobes de toujours dans une critique du néolibéralisme de fraîche date.
Ainsi, dans cette veine, sa nouvelle empathie pour les travailleurs revient-elle périodiquement souligner que l’immigration irrégulière constitue une « armée de réserve » prête à s’employer aux pires conditions, et vouée par là à faire une concurrence déloyale aux salariés réguliers (on est invité à comprendre nationaux), notamment à tirer vers le bas les salaires. Il n’y aurait pas pire objection que celle qui se réfugierait dans le pur et simple déni de tout effet de cette sorte. Car il est hautement vraisemblable que l’entretien d’une armée de réserve, et même d’une « sous-armée de réserve », constituée de travailleurs rendus au dernier degré de la précarité pour être exclus de toute protection légale, offre au patronat une formidable masse de main d’œuvre corvéable à merci avec, oui, pour effet de tirer vers le bas tous les standards sociaux, en tout cas de faire une concurrence directe aux salariés « réguliers » du niveau juste au dessus.
Le MEDEF, lui, ne s’y trompe pas qui défend l’immigration avec des accents que ne renierait pas Harlem Désir : « Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage » déclare la main sur le cœur Laurence Parisot (1), inquiète des tours de vis de l’équipe Guéant-Sarkozy en 2011 qui pourrait bien tarir la source miraculeuse aux exploitables. « Je ne crois pas qu’il faille faire de l’immigration un problème », ajoute-t-elle avec un humanisme criant de sincérité. Bien sûr – il ne s’agit tout de même pas de se mettre le gouvernement d’alors à dos –, Parisot ne manque pas de préciser que l’immigration à laquelle elle pense est l’immigration de travail légale – mais c’est celle dont Guéant se propose de réduire les volumes... Il suffirait cependant de pas grand-chose pour imaginer que Parisot étendrait volontiers le métissage et l’accueil de toutes les cultures à une immigration moins légale, celle, précisément qui fait les meilleures (sous-)armées de réserve.
On remarquera au passage que, dans une asymétrie caractéristique, l’endos enthousiaste de l’immigration par le MEDEF est un de ces rapprochements bizarres qui pose curieusement moins de problème que la récupération de la démondialisation par le FN… Mais l’essentiel est ailleurs. Il est dans l’instrumentation éhontée de l’immigration par le patronat telle qu’elle donne symétriquement sa matière à la xénophobie d’extrême droite, qui trouve ici le moyen idéal de se rendre présentable en se ripolinant de critique sociale. Vu de loin, on admirera l’habileté tactique, car c’est indéniablement une manœuvre très réussie que de faire cheminer ainsi un fond inaltérable de racisme sous les dehors les plus honorables de la préoccupation pour la condition ouvrière, la seconde, protestée de bonne foi, permettant alors de faire vibrer implicitement toutes les cordes du premier sans avoir l’air d’y toucher – parfois aussi sans prendre la peine de ne pas avoir l’air...
Rien n’oblige cependant à tomber dans des stratagèmes aussi grossiers, et ceci d’autant plus que les capacités de récupération idéologique de l’extrême droite atteignent assez vite leur limite, en tout cas ici on va les leur faire atteindre, et rapidement. Car, au-delà de l’immigration légale à laquelle Laurence Parisot affecte de s’en tenir, on fera observer à Marine Le Pen qu’on règle très facilement le problème de la sous-armée de réserve des clandestins : par la régularisation intégrale ! Plus de clandestinité, plus de vulnérabilité ; plus de vulnérabilité, plus de chantage patronal, donc plus de salaires de misère ni de traitement de quasi-esclaves. Les régularisés auront les mêmes salaires et les mêmes droits que les nationaux et les résidents légaux – auxquels ils appartiendront –, cessant par là même de créer cette poche de sous-salariat dépressionnaire qui produit objectivement tous ses effets de dumping social intérieur, et ceci d’autant plus violemment qu’on a poussé plus loin la déréglementation du marché du travail.
Faucher la nation au FN
Mieux encore : s’il est évident que l’abandon de toute régulation des flux de population est une aberration indéfendable, il n’est pas moins évident que les résidents et les régularisés qui le souhaitent ont pleinement vocation à être intégrés dans la nationalité française. Ce sont des femmes et des hommes qui travaillent, qui contribuent à la vie matérielle et sociale de la collectivité, qui payent leurs cotisations et leurs impôts – eux.
Au lieu de se laisser défaire en rase campagne et de tout abandonner sans même combattre, la gauche critique ferait mieux non seulement de se tenir un peu fermement mais aussi de songer à quelques contre-mesures, manière de retourner contre le FN ses propres procédés. Cette question de l’immigration et de la régularisation offre peut-être l’occasion idéale de lui faucher la nation, dont elle s’est fait le monopole et qu’elle a constitué en pôle toxique du débat public, mais au prix bien sûr d’en avoir défiguré l’idée. Par un effet de tétanie aussi navrant que caractéristique, la gauche critique n’a pas même fait l’effort de s’y attaquer et, là encore, comme à propos de la souveraineté dont elle est évidemment profondément solidaire, la nation s’est trouvée de fait rendue à l’idée que s’en fait l’extrême droite – et à ses seuls usages.
Là contre, il faut dire que la nation n’est en aucun cas le fantasme ethnique que propage le FN, et qu’on ne voit pas au nom de quoi la gauche devrait abandonner l’idée de la nation ouverte, jouant le sol contre le sang, assise sur la citoyenneté et sur elle seule, qui lui a été, elle aussi, léguée par la Révolution. S’il est vrai que, sous couleur de « République », on a longtemps bourré les crânes avec « nos ancêtres les Gaulois », ce temps-là est révolu. A quelque chose malheur étant bon, l’époque de crise profonde est on ne peut plus propice à expliquer, et dès l’école !, qu’appartenir à la nation s’apprécie en tout premier lieu par le respect de ses devoirs fiscaux, que cette appartenance n’est pas une affaire de naissance, encore moins de lignée (pour ne pas dire de souche…), mais d’une démonstration simple et permanente de citoyenneté comprise comme participation à une forme de vie commune dont la reproduction emporte naturellement des sujétions contributives. A ce compte-là, pour parler comme Le Pen, et aussi pour parler très différemment d’elle, on voit très vite qui est « vraiment français » et qui ne l’est pas – et c’est un nouveau crible qui va sans doute lui faire tout drôle, on attend de voir si elle va le récupérer celui-là.
Car voilà le nouveau paysage de la nationalité : Bernard Arnault ? Pas français. Cahuzac ? Pas français. Johnny et Depardieu qui se baladent dans le monde comme dans un self-service à passeports ? Pas français. Les Mamadou et les Mohammed qui triment dans des ateliers à sueur, font les boulots que personne d’autre ne veut faire, et payent leurs impôts sont mille fois plus français que cette race des seigneurs. Le sang bleu évadé fiscal, dehors ! Passeport et bienvenue à tous les basanés installés sur le territoire, qui, eux contribuent deux fois, par leur travail et par leurs impôts, à la vie collective, double contribution qui donne son unique critère à l’appartenance de ce qui, oui !, continue de s’appeler une nation – mais pas la même que celle du Front « National ».
Immigration et chômage ?
Il y a peu de crainte que le FN vienne nous chercher sur ce terrain-là. Davantage que, dans sa comédie de néo-macroéconomiste, il vienne nous objecter que si la régularisation fait disparaître le « dumping interne » et la concurrence intra-salariale déloyale, elle ne règle rien à la concurrence intra-salariale « ordinaire », et même l’intensifie en faisant grossir une population active déjà confrontée à une pénurie objective d’emplois. Mais d’où vient cette pénurie elle-même ? Il faut toute l’emprise du biais xénophobe pour refuser de poser cette simple question et, par défaut – en fait par propos délibéré – faire des immigrés la cause générale, voire unique, du problème du chômage.
Or on ne répond à ce genre de question qu’en commençant par remarquer combien les liens entre démographie et emploi sont autrement plus complexes que ne le supposent ceux dont l’outillage intellectuel s’arrête aux quatre opérations de l’arithmétique élémentaire, pour conclure que si la démographie augmente alors le chômage aussi « puisqu’il y a plus de gens pour le même nombre d’emplois »… Il faudrait d’ailleurs que le FN finisse par arrêter une position car ce même argument qui cherche à singulariser les immigrés s’appliquera tout autant aux bonnes familles françaises, invitées par lui à croître et à se multiplier... Petits français de souche, ou immigrés, ça ne va pas changer grand-chose à ses équations simplistes du chômage…
En vérité il n’y a aucune détermination univoque aussi rudimentaire entre démographie et chômage. On le sait bien depuis le fordisme qui a connu simultanément une démographie salariale galopante, notamment du fait du mouvement de salarisation des femmes, et un plein-emploi éclatant… au point d’ailleurs que le patronat français n’a pas manqué d’aller faire de massives campagnes de recrutement en Afrique du Nord. Dans cette affaire, loin de se combattre, croissance démographique et emploi se soutiennent : l’afflux de nouveaux salariés employés injecte plus de revenu dans l’économie, donc plus de consommation, plus de demande… et plus d’offres d’emploi. La croissance démographique vient donc intensifier les propriétés vertueuses, établies par ailleurs, du régime d’accumulation fordien.
Le régime qui succède au fordisme est tout autre. A l’exact opposé de ce que soutient la doctrine néolibérale, la déréglementation généralisée ne produit aucune croissance : il suffit de comparer en longue période le taux de croissance moyen en Europe sur les périodes 1945-75 et 1985-2013 pour que l’affaire soit vite entendue. Les mondialisateurs libéraux répondent en général à ce genre d’objection en préférant détourner le regard vers les BRICS et autres pays émergents… à ceci près, comme l’a montré Rodrik (2), que le succès de ces pays doit tout ou presque… au fait qu’ils ont pris bien soin de n’appliquer aucune des recettes que leur préconisait le FMI, la Banque mondiale et l’ensemble des prescripteurs autorisés du néolibéralisme !
Dans le dispositif néolibéral tel qu’il s’est appliqué aux pays les plus industrialisés, un élément s’est révélé particulièrement nuisible, il s’agit du pouvoir actionnarial qui est l’un des « charmes » de la déréglementation financière. Les exigences de rentabilité des fonds propres en constant relèvement ont en effet conduit à passer à la trappe tous les projets d’investissement qui ne passent plus la barre des 15 %, et forcent les entreprises à se saigner en dividendes ou en buy-back pour rétrocéder leur cash « oisif » aux actionnaires – forcément il est « oisif » puisqu’on lui interdit de travailler à moins de 15 %... Le néolibéralisme est donc un régime d’accumulation dépressionnaire par inhibition actionnariale de l’investissement.
Il suffit d’y ajouter toutes les pertes d’emploi liées à la large ouverture aux délocalisations et à la concurrence très distordue du libre-échange, plus les politiques économiques aberrantes d’austérité en période de crise, pour avoir toute les données structurelles de la pénurie d’emploi – dont on voit alors qu’elle est le propre des orientations profondes de l’accumulation du capital en régime néolibéral, et qu’elle n’a pas grand-chose à voir avec la présence des immigrés sur notre sol. Toutes choses égales par ailleurs, l’occupation des emplois par des immigrés nourrit la boucle macroéconomique « revenu-consommation-demande » et contribue à la création d’emplois pour tout le monde – raison pour quoi, en passant, le renvoi instantané de tous les immigrés que fantasme le FN n’améliorerait en rien la situation de l’emploi, au contraire !
Mais toutes choses ne sont pas égales par ailleurs. Diffèrentes, donc, les caractéristiques structurelles du régime d’accumulation en vigueur. C’est de ce côté-là, et de ce côté-là seulement, qu’il faut aller chercher les causes du chômage, et non du côté de la couleur de peau de ceux qui occupent les postes. C’est la forme dépressionnaire prise par l’accumulation du capital en régime néolibéral qui donne toute l’explication de la pénurie d’emploi. Et ce sont ces structures-là le problème de première instance – pas l’immigration.
Le FN ou la « réconciliation nationale »... sous l’égide du capital
Mais ce problème-là, le FN a-t-il quelque envie sérieuse de s’y attaquer ? Tout à son nouveau rôle, il clame vouloir faire la peau à la mondialisation et à la finance. Voire. Comme l’attestent ses revirements de longue période, le FN est un invertébré idéologique quand il s’agit d’économie, où il n’a d’autre boussole que l’opportunisme. Il se trouve qu’il peut compter avec une paire d’effrayés et d’éditorialistes décérébrés pour que tout lui profite. Mais on n’est pas forcés de s’y laisser prendre. Ni d’oublier de rappeler ce que sont les grands invariants de l’extrême droite en France (et sans doute ailleurs) : loin d’être, comme une lobotomie médiatique en entretient l’idée, l’apanage du peuple affreux, sale et méchant, l’extrême droite est un projet qui plaît beaucoup à une certaine fraction de la bourgeoisie, et dont d’autres, la bourgeoisie d’affaire notamment, s’accommoderaient très bien s’ils ne font pas œuvre de soutien manifeste.
L’histoire a suffisamment montré que la bourgeoisie avait le libéralisme politique qui s’arrêtait là où commence sa liberté de valoriser le capital. Rien ne permet d’exclure formellement une remise au goût du jour du « Hitler plutôt que le Front populaire » si la situation « l’exigeait ». Mais surtout rien ne permet de douter que la sociologie de ses élites dirigeantes, et de celles qu’elles recruteraient dans l’hypothèse d’une arrivée au pouvoir, conduirait le FN à mener une politique conforme aux intérêts du capital, ou disons à passer avec le capital un compromis politique, sans doute différent de celui de la mondialisation néolibérale, mais tout à fait satisfaisant pour la préservation de ses intérêts.
Lire le dossier « Les extrêmes droites à l’offensive », Le Monde diplomatique, janvier 2011 L’extrême droite prête à défier le capital pour les travailleurs est une fable qui ne résiste pas un instant à l’analyse. Ni encore moins aux enseignements de l’histoire. Car très loin de tout anticapitalisme, l’extrême droite est plutôt un rêve de « réconciliation nationale »… autour d’un ordre social dominé de fait par le capital. Aucun des fascismes n’a jamais cherché la confrontation avec le capital, tout au contraire : ils n’ont cessé de poursuivre la chimère d’un corps national fondu dans l’unité affective d’une appartenance mystique, cette fusion étant d’ailleurs explicitement conçue comme le moyen d’un dépassement de toutes les (inutiles) divisions « secondaires » – au premier rang desquelles le conflit de classes bien sûr…
C’est peut-être le Metropolis de Fritz Lang qui en donne la représentation la plus frappante, puisque, commençant à la manière d’un Marx cinéaste, campant la lutte des classes entre le sous-sol des prolétaires asservis et la surface de la bourgeoisie jouisseuse, il finit dans l’exaltation pré-nazie (3) de la réconciliation du capital et du travail, dont les personnages représentatifs finissent par triompher de leurs animosités respectives et se donner la main… sous le porche de la cathédrale !, soit exactement la trajectoire prévisible d’une Marine Le Pen qui tiendrait presque le discours de la lutte des classes, et emprunte tout ce qu’elle peut au discours de la gauche critique, mais finira à coup sûr dans le plus complet déni du conflit capital-travail – dont on sait qu’il est bien fait pour garantir et la domination et la tranquillité du capital –, et ceci au nom du « rassemblement » dans la « communauté nationale unanime ».
Récupérations lepénistes et braiements médiatiques
Faute de ces rectifications élémentaires, les erreurs intellectuelles et politiques s’enchaînent les unes aux autres. La gauche critique abandonne la souveraineté populaire et la nation-citoyenne à l’extrême droite qui les défigure en souveraineté du chef et nation ethnique ; et l’incapacité à qualifier, c’est-à-dire à affirmer le qualificatif pertinent – populaire pour la souveraineté, citoyenne pour la nation – suffit à rabattre ces deux idées sur les usages qu’en fait l’extrême droite, qui ne les fait plus exister implicitement que sous ses propres qualificatifs à elle – où l’on retrouve incidemment que les entreprises de récupération trouvent aussi leur possibilité dans la passivité de ceux qui se laissent dépouiller.
Or la souveraineté du peuple inscrite dans une citoyenneté élective, constituée dans et par le consentement fiscal, est cela-même qui ne cesse d’être attaqué par le néolibéralisme, comme l’attestent et les confiscations technocratiques (augmentées du pur et simple pouvoir des marchés…), et la généralisation de l’évasion fiscale des possédants. Il est certain que la lutte contre le néolibéralisme s’en trouve singulièrement compliquée lorsqu’on abandonne à l’ennemi les deux thèmes à la fois les plus centraux politiquement et les plus susceptibles de faire, à raison, levier dans l’opinion publique…
On comprend mieux alors, dans ce vide créé par une désertion intellectuelle, que des militants, voire des publicistes, sincèrement de gauche, finissent par s’égarer sérieusement en louchant du mauvais côté – mais le seul restant qui fasse vivre, quoique pour le pire, des thèmes qui leur sont chers, mauvais côté auquel ils cèdent sous l’habileté captieuse d’une extrême droite qui, comme toujours en période de grande crise, sait s’habiller des oripeaux de la révolution sociale.
Il leur suffirait pourtant d’aller creuser sous ces convergences trompeuses, et d’interroger ceux qu’ils envisagent de se donner pour nouveaux compagnons de route sur la régularisation des sans-papiers, sur leur intégration entièrement justifiée dans la nationalité, sur la profonde bêtise de la « théorie » qui lie chômage et immigration, pour recueillir des réactions qui leur montreraient le primat de la compulsion xénophobe, la manière dont elle ordonne et même dont elle subordonne toute la « doctrine », et pour voir combien ce qu’on pourrait appeler le délire de l’homogène nourrit un fantasme de « communauté nationale », littéralement parlant le fantasme d’une communauté et non d’une société, c’est-à-dire d’une fusion qui impose son principe (mystique) à tous les clivages, à tous les dissensus… à commencer bien sûr par celui qui oppose le capital et le travail.
Le voile est bien mince qui sépare cet arrière-plan de toujours de l’extrême droite de la comédie « sociale » qu’il nous joue à l’avant-scène. La stratégie de la récup’ est à coup sûr d’une grande habileté ; elle n’a cependant rien d’irrésistible, il est même assez simple de remettre quelques pendules à l’heure, pour peu qu’à gauche, on n’ait pas le désir de se laisser contraindre à un strip-tease intégral. La chose n’est pas seulement simple : elle est de la plus urgente nécessité. Elle l’est pour conserver des éléments de fond pertinents de la critique du néolibéralisme, elle l’est au moins autant pour ôter leur fourrage aux braiements médiatiques intéressés, trop content de se précipiter – « ah ! vous voyez bien ! » – sur la dernière récupération lepéniste, et dont l’empressement opportuniste à l’amalgame est le symétrique de celui du FN, l’un et l’autre également obstacles objectifs à la perspective de la transformation sociale.
Frédéric Lordon
Un autre texte de Charvin à propos de Marine comme roue de secours du capitalisme...
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- ROBERT CHARVIN