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lundi 20 décembre 2021

Crise Covid: comment rester juste ? Carte blanche du philosophe Jean-Michel Longneaux. Une analyse potentiellement fédératrice pour vaccinés et non-vaccinés. C'est une bonne nouvelle.

14/12/21 à 11:17

  • Mise à jour à 11:16

La crise sanitaire exige que des décisions soient prises. Mais pour Jean-Michel Longneaux, philosophe, chargé de cours à l'Université de Namur, le véritable enjeu est que celles-ci soient justes. "Comment s'assurer qu'on ne cherche pas à apaiser nos peurs ou à défendre des intérêts privés au détriment des autres, ou qu'on ne se laisse pas emporter par des discours séducteurs qui nous aveuglent et font de nous les complices d'injustices ?"

Crise Covid: comment rester juste ? (carte blanche)

Dans cette crise Covid qui n'en finit pas, beaucoup ne savent plus quoi penser. Peut-on encore se fier à la science pour nous guider ? Tout le monde constate qu'en cette fin d'année 2021, les pays actuellement les plus impactés par une recrudescence des infections au Sars-Cov-2 sont majoritairement les pays riches qui ont misé sur les "vaccins"[1].

Par ailleurs, si l'on prend la peine d'écouter tous les experts, et pas seulement ceux qui nous confortent dans nos opinions, on doit bien constater qu'ils ne sont pas d'accord entre eux sur à peu près tous les sujets. Pour ne citer que les plus évidents : les produits utilisés sont-ils réellement des vaccins ? Est-on ou pas en phase expérimentale ? Ces produits sont-ils efficaces face aux variants actuels ? Sont-ils dangereux ? La pharmacovigilance est-elle fiable ? L'immunité naturelle procure-t-elle une bonne protection ? Les traitements précoces donnent-ils de bons résultats ? Les études de Pfizer ont-elles été bien menées ? On reste perplexe devant autant de questions élémentaires qui ne trouvent pas de réponse assurée.

Mais pour tout dire, même si les experts parlaient d'une seule et même voix, nous ne serions guère plus avancés car la science est sans doute extraordinaire pour comprendre le monde et développer des moyens techniques (par exemple une bombe nucléaire ou un médicament), mais reste incompétente pour nous dire s'il est judicieux ou non d'utiliser ses inventions.

Pour le dire simplement, la science s'occupe du vrai et du faux, du "comment ça fonctionne" - et en ce qui concerne la crise Covid, elle cherche encore -, alors que notre problème est éthique ou politique : comment, dans l'incertitude, agir d'une façon qui reste juste ? Car dans la panique ou l'impatience, il est tentant de faire n'importe quoi pour s'en sortir. Y compris au détriment des autres.

Existe-t-il donc un critère qui puisse nous guider pour éviter le pire ? Entre un principe qui défend le bien de quelques-uns ou qui défend le bien de tous, il semble que le second soit préférable. Est donc juste le principe qui vaut non seulement pour moi, mais aussi pour mes adversaires, qui défend notre commune humanité par-delà nos divisions et qui est donc en quelque sorte universalisable. Est par conséquent injuste un principe qui crée, au contraire, de la discrimination ou de la soumission, qui vise mon bien en sacrifiant celui des autres ou qui impose une décision aux autres mais à condition que je ne doive pas m'y soumettre moi-même.

Dans le cas de la crise Covid, quels peuvent être ces repères qui valent tout à la fois pour les vaccinés et les non-vaccinés, pour les partisans des politiques de santé publique actuelles ou leurs détracteurs ? En voici trois parmi d'autres.

  • Le consentement libre et éclairé de chacun, et donc le droit de refuser des traitements. Quand les non-vaccinés ou ceux qui refusent une troisième dose se battent au nom de ce principe, ils défendent un droit qu'ont légitimement exercé ceux qui ont librement opté pour la vaccination complète... Personne, pas même un militant de l'obligation vaccinale, ne peut vouloir se retrouver lui-même dans une situation où des autorités le contraindraient à des soins qu'il estime injustifiés. Même s'il s'agit de sauver d'autres vies ? Un autre principe universalisable rentre ici en concurrence : celui de la solidarité. En temps normal les deux principes sont respectés ensemble. Dans des situations exceptionnelles, le second peut primer : qui pourrait en effet vouloir que quelques individus, au nom de leur liberté, menacent l'ensemble de la communauté ? Mais pour qu'une telle décision grave de suspendre la liberté de choix des individus soit juste et non pas arbitraire, au moins quatre conditions doivent être remplies : qu'il y ait une menace réelle et importante pour l'ensemble de la communauté ; que le traitement imposé réponde efficacement à cette menace ; qu'on ait la garantie que ce traitement ne met personne en danger ni à court terme, ni à long terme ; qu'on ait d'abord tenté toutes les alternatives qui permettraient de respecter les deux principes ensemble. Les débats entre les différentes écoles d'experts démontrent qu'actuellement personne ne peut garantir que ces quatre conditions sont rencontrées. En conséquence, se montrer intraitable pour proposer des solutions solidaires qui respectent le consentement de chacun, c'est se battre pour que jamais personne ne soit privé de manière injustifiée ou arbitraire de sa liberté de choix... y compris ceux-là qui aujourd'hui, souvent par peur, n'ont manifestement pas ces scrupules et sont prêts à discriminer ou à soumettre une partie de la société.
  • L'accès libre à des soins. Le caractère universalisable de ce principe est évident : vacciné ou pas, qui peut raisonnablement vouloir un système de soins qui serait contraint d'exclure certains patients en fonction des enjeux ou des sensibilités du moment ? Chacun pourrait potentiellement en devenir la victime : aujourd'hui ceux dont les soins ne sont pas prioritaires sont menacés. Certains voudraient mettre à leur place les non-vaccinés. Mais demain pourquoi pas les trop vieux, les fumeurs, les alcooliques, ceux qui mangent mal, ceux qui ne font pas de sport, qui n'ont pas les moyens de payer, les sans-papiers, les personnes en situation de handicap, les délinquants, les pollueurs, etc. ? Ce sont pourtant les décisions politiques ou les logiques managériales qui, en sous-finançant le secteur de la santé, en excluant les soignants non vaccinés, en interdisant aux médecins généralistes de donner des traitements précoces, etc. mettent en péril la capacité hospitalière de prendre en charge tous les patients qui ont besoin de soins. Dénoncer et combattre de telles mesures, c'est défendre le droit pour tous, y compris pour les responsables du délabrement de notre système de santé et leur famille, d'accéder aux soins chaque fois qu'ils en ont besoin.
  • La liberté de la recherche scientifique, et par extension la liberté de pensée et d'expression. Ce principe pour le moins exigeant est en effet universalisable : il protège aussi celles et ceux avec qui on n'est pas d'accord. Actuellement, les autorités (comme l'Ordre des médecins), les Gafam (Facebook, Youtube, etc.) ou certains médias empêchent le débat scientifique, et donc la circulation des informations contradictoires (sous couvert par exemple de lutter contre ce qu'ils décrètent arbitrairement, en l'absence de consensus scientifique, être des fake news). Mais ceux qui dictent aujourd'hui le narratif officiel de la crise accepteraient-ils que demain - autres temps, autres moeurs -, on les réduise à leur tour au statut de parias en les condamnant au silence ? On peut s'attendre au contraire à ce qu'ils tentent par tous les moyens de défendre leur droit de continuer à exprimer leur point de vue - et ils auraient raison. Parce que ceux qui se battent pour la liberté de la recherche et de la pensée défendent des principes qui permettent y compris aux partisans de la censure de défendre leurs propres opinions, leur combat est juste.

La situation sanitaire exige que des décisions soient prises. Le vrai défi, pour chacun d'entre nous, vaccinés ou non, décideurs ou simples citoyens, est de savoir si nous voulons que ces décisions soient justes. Comment s'assurer qu'à travers elles, on ne cherche pas à apaiser nos peurs ou à défendre des intérêts privés au détriment des autres, ou qu'on ne se laisse pas emporter par des discours séducteurs qui nous aveuglent et font de nous les complices d'injustices ? Une seule maxime pour l'action peut nous empêcher de céder à la panique et à nos fausses certitudes : le bien que nous visons est-il universalisable, défend-il notre commune humanité à tous, y compris celle de ceux avec qui nous ne sommes pas d'accord ?

[1] Cfr le site Johns Hopkins University (JHU), Coronavirus Resource Center

samedi 16 octobre 2021

Mais pourquoi donc refusent-ils de se faire vacciner ?

Source :  https://notrebondroit.be/mais-pourquoi-donc-refusent-ils-de-se-faire-vacciner-

Une carte blanche de Jean-Michel Longneaux, philosophe, chargé de cours à l’université de Namur, que la presse n'a pas voulu publier.

La vaccination généralisée garantit l’immunité collective ; elle ne présente aucun danger et elle est la seule solution envisageable. Ce n’est pas très compliqué à comprendre.

Alors pourquoi certains s’obstinent-ils à refuser les vaccins ?

La seule explication plausible, c’est que ce sont tous des ignares [1] – ils n’entendent rien aux évidences de la vraie science – et des égoïstes [2] – ils préfèrent leur petite liberté à la solidarité. Puisque discuter avec de tels individus se révèle inutile, que faire d’autre sinon les culpabiliser par tous les moyens [3], leur rendre la vie impossible [4] en les pourchassant jusque dans les écoles, sur les campus, dans les grandes surfaces et sur leur lieu de travail, et en étendant l’usage du Covid safe Ticket afin de les priver de vie sociale ? Et s’ils résistent encore, certains songent à suspendre leurs droits fondamentaux au nom du bien commun, afin de disposer de leurs corps pour les vacciner de force.

Pourtant, en discutant avec certains d’entre eux, je constate tout d’abord qu’ils sont une majorité à n’être ni « antivax » ni complotistes. Ils ne sont pas non plus mal informés, mais au contraire plus informés que la moyenne sur les publications scientifiques.

Et tout comme d’ailleurs de nombreux vaccinés, ils font le constat que sur certaines questions essentielles, les virologues, les épidémiologistes ou les médecins – c’est-à-dire ceux qui sont qualifiés pour prendre la parole – ne sont en réalité pas d’accord entre eux. Parmi les plus éminents, il s’en trouve de plus en plus qui soutiennent qu’étant donné ce qu’est un virus, et vu la baisse d’efficacité des vaccins actuels en termes de propagation face au variant Delta, l’immunité collective est un horizon qui recule au fur et à mesure que le nombre de vaccinés avance [5].

En commandant 23 millions de doses pour 2022 et 2023, il semble que même le gouvernement et les experts qui le conseillent se résignent à voir le virus circuler encore longtemps [6].

Beaucoup se montrent aussi très réservés par rapport aux risques encourus à moyen et long terme par une vaccination massive. Selon eux, ceux qui les nient catégoriquement et ceux qui prophétisent des hécatombes parlent sans savoir [7].

De cette ignorance, ils en déduisent un minimum de prudence. Enfin, parmi ces experts, ils sont de plus en plus nombreux à promouvoir l’existence de traitements préventifs et précoces scientifiquement documentés [8], à partir de molécules déjà connues, et dont certaines, manifestement, limitent la propagation du virus [9].

Alors, ces non-vaccinés s’interrogent (avec d’ailleurs de nombreux vaccinés) : les scientifiques et médecins qui développent pareilles études sont-ils tous des imposteurs ou des incompétents ?

Pourquoi les experts officiels (spécialistes en vaccination mais sans aucune qualification pour juger des autres voies possibles) et nos autorités ne jurent-ils que par la vaccination de masse et évitent soigneusement tout débat scientifique ?

Même nos universités, qui devraient être des lieux de réflexion et de recherche, se taisent.

J’observe aussi que les non-vaccinés avec lesquels je discute ne sont pas les égoïstes que l’on dit. Au contraire, leurs prises de position leur attirent de plus en plus d’ennuis. S’ils ne pensaient qu’à préserver leur zone de confort, leurs habitudes et leur petite liberté, ils se feraient vacciner.

Je constate que pour eux, la solidarité est une valeur qu’ils tiennent en haute estime. Mais ils l’envisagent de façon réfléchie : premièrement, puisqu’à défaut d’empêcher la transmission du virus, les vaccins protègent des formes graves de la maladie, continuer à proposer la vaccination à toutes les personnes pour qui la balance coût/bénéfice penche clairement en faveur des bénéfices.

Deuxièmement, pour tous les autres, qui restent de toute façon libres de préférer la vaccination, mettre à leur disposition les traitements préventifs scientifiquement documentés. Cette stratégie utilisant des molécules connues, elle permettrait de surcroît de faire de sérieuses économies – ce qui est une autre façon de se soucier aussi du bien commun.

Seraient notamment concernés les soignants des hôpitaux qui ne veulent pas se faire vacciner, ainsi que tous les métiers de contact, en y incluant les établissements scolaires. On peut faire l’hypothèse que les communautés (bruxelloises) réticentes aux vaccins seraient aussi plus enclines à accepter ces alternatives.

Troisièmement, organiser une prise en charge précoce des symptômes en impliquant les médecins généralistes.

Enfin, au nom d’un principe élémentaire de solidarité, une grande partie des 23 millions de doses de vaccins réservées par la Belgique pourrait être rendue disponible pour les populations à risques des pays pauvres. Tout l’inverse de l’égoïsme national dont font actuellement preuve les pays riches, malgré quelques gestes symboliques consentis dans le cadre du programme Covax, pour se donner bonne conscience.

En vérité, pour mes interlocuteurs, refuser de se faire vacciner, c’est défendre une solidarité intelligente, qui ne sacrifie ni le respect dû à chacun, ni les avancées de la science, ni la protection des plus vulnérables. Est-il absurde de privilégier une diversité de stratégies pour lutter contre ce virus, plutôt que d’en imposer une seule qui montre ses limites ?

Bien sûr que non. Ce n’est pas très compliqué à comprendre.

Alors pourquoi nos autorités s’obstinent-elles au point de préférer diaboliser pour mieux les soumettre celles et ceux qui pourraient devenir de précieux alliés ?


[1] Par exemple : Vaccination à Bruxelles: «Les gens viennent parfois avec des mythes, nous, on répond avec des faits» - Le Soir Plus

[2] Cfr entre mille : Conner Rousseau estime que les non-vaccinés sont des "égoïstes" (rtbf.be)

[3] Cfr « Di Rupo appelle les non vaccinés à faire leur examen de conscience », La Libre Belgique, le 19 septembre 2021. A la suite d’Alexandre De Croo, il explique que l’épidémie perdure à cause des non vaccinés. Ce qui sera fort heureusement démenti par Y. Coppieters qui s’en tient aux données scientifiques ; cfr La libre Belgique, du 18 septembre 2021 : « Alexandre De Croo se trompe quand il dit que ce sont les non vaccinés qui sont responsables de l’épidémie ». Mais le mal est fait, nos responsables politiques désignent à la foule les coupables tout trouvés d’une situation qui pourtant s’améliore.

[4] Marc Noppen, « Il faut rendre la vie des non-vaccinés aussi difficile que possible » in La Meuse.Sudinfo, le 12 août 2021

[5] Il faut aussi tenir compte du retard pris par les pays pauvres, et le fait que le virus peut muter par l’intermédiaire de certains animaux comme les visons, avant de revenir chez l’homme. Faudra-t-il vacciner tous les vivants ? Cfr en guise de porte d’entrée pour accéder facilement aux débats et à certains articles scientifiques : « Vaccin et variants : seulement 66% d’efficacité face au variant Delta », sur le site de lintern@ute, le 25 août 2021.

[6] Coronavirus : la Belgique a commandé 23 millions de doses pour une troisième injection (rtbf.be) A la lecture de ce titre, deux possibilités s’offrent à nous : soit on nous avait caché qu’il y a en vérité 23 millions d’habitants en Belgique ; soit nos autorités prévoient déjà une quatrième dose.

[7] On ne le répétera jamais assez, pour savoir si des complications apparaîtront dans 5 ou 10 ans, il faut attendre 5 ou 10 ans. Cf Le Soir du 24/08/2021 « Des non-vaccinés confrontés à des experts ». A la question qui leur est adressée de promettre qu’il ne peut y avoir de conséquences à long terme avec les vaccins, aussi bien Muriel Moser immunologue à l’ULB que Jean-Michel Dogné, professeur à l’université de Namur, pro-vaccins, répondent qu’ils ne peuvent évidemment rien garantir : « un scientifique ne peut jamais dire jamais. » Quant à la pharmacovigilance censée relever les effets à court terme, on lui fait dire tout et son contraire : il est actuellement impossible d’avoir la moindre certitude en la matière.

[8] FLCCC, I-MASK+ Prevention & Early Outpatient Treatment Protocol for COVID-19 https://covid19criticalcare.com/covid-19-protocols/i-mask-plus-protocol/. Il semble par ailleurs que l’Europe va bientôt autoriser des traitements précoces.

[9] Cfr par exemple : « Une étude israélienne affirme que l’Ivermectine pourrait réduire drastiquement la transmission du Covid-19 », in Le Figaro du 15 juillet 2021, mis à jour le 04 août 2021.

Jean-Michel Longneaux