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mercredi 22 juin 2016

Sylvain Baron : Apocalypse ? No !

source : 
http://sylvain-baron.blogspot.com/2016/06/apocalypse-no.html

S'il est une constante chez un grand nombre de commentateurs de la politique au sein de notre dissidence, cela qu'ils soient connus ou non, c'est bien le discours apocalyptique. Que ce soit sur Facebook ou sur certains médias alternatifs voire mainstream, il ne se passe pas une journée, sans que l'on puisse lire ou entendre que tout est appelé à s'effondrer ; que la troisième guerre mondiale est inévitable ; et que nous connaîtrons à nouveau le chaos et la famine lorsque ce système financier totalement fou exhalera ses derniers râles. 

Je note même que certains - sans doute guère conscients de ce que cela signifie en termes de souffrances ressenties inutilement - appellent littéralement ce chaos de leur vœux. Un désir de suicide social omniprésent au sein d'une dissidence pour grande partie littéralement angoissée de son impuissance supposée.

Et pourtant, rien n'est plus faux. Jamais à travers l'histoire notre peuple n'a été aussi armé pour faire face aux quelques individus qui avec des moyens aussi superficiels que de la monnaie et les apparences d'une impunité judiciaire et électorale, croient pouvoir nous asservir indéfiniment. Je m'insurge donc totalement contre ce discours anxiogène ambiant et tient à rappeler les éléments suivants :

1) Chaque individu dispose en lui-même d'une puissance quasiment illimitée :

Fondamentalement, rien n'empêche un être humain de commettre le plus barbare des crimes si telle est sa volonté. Heureusement, ceci n'est l'apanage que des fous, plutôt rares au sein de tous. Mais au-travers de ce simple constat, il revient dès lors à chacun de comprendre sa propre part de puissance. Nous disposons tous d'une capacité de nuire très sérieusement à qui nous menace individuellement ou collectivement. Entre signer une pétition dénonçant les crimes d'une personnalité politique et pendre haut et court cette dernière, il existe une multitude d'actions qui sont à notre portée. Elles n'exigent le plus souvent qu'un peu de bonne volonté et tant qu'à faire, un minimum de réflexion critique sur l'arme la plus adéquate pour gagner en efficience. A plus forte raison lorsque l'effort devient collectif.

2) Actuellement, tout est encore "sous contrôle" : 

Certes, ce n'est pas le peuple qui est aux commandes d'une façon ou d'une autre, mais malgré la démolition sociale et démocratique actuellement en cours, on ne peut pas dire que des hordes de zombies affamés s'entretuent dans les rues dans un climat radioactif. La troisième guerre mondiale n'est toujours pas arrivée, et globalement, même pour les plus pauvres d'entre nous, il est possible de trouver les moyens de se nourrir, voire un refuge où dormir quand il nous reste quelques amitiés ou associations militantes pour suppléer aux manquements inacceptables de l'Etat. Malgré la corruption de certains magistrats à certains intérêts, on peut malgré tout concevoir être encore dans un état de droit, ce qui nous permet donc de faire saisine d'un grand nombre de textes de lois pour dresser le réquisitoire des mafieux qui sévissent au sommet de nos institutions. Nous avons donc encore la possibilité de prendre le contrôle d'un système juridique et économique qui, malgré ses insuffisances, reste suffisamment fonctionnel pour être totalement transformé de fond en comble, sans que les choses ne dérapent à outrance. Peut-être que cela échappe encore à certains, mais la France est un grand pays par sa puissance économique, militaire et diplomatique. Elle s'est relevée de nombreuses guerres, de grandes dépressions économiques, et à bien des reprises le souffle révolutionnaire de son peuple a poussé celui-ci à conquérir des acquis démocratiques et sociaux chaque fois que l'on nous poussa jusqu'à nos derniers retranchements. Et la France s'est toujours relevée de ses révolutions. Le Peuple n'a aucune crainte à avoir. Il est maître de ce qu'il produit ou décide de cesser de produire pour asseoir ses exigences Souveraines.

3) Non, le sang et les larmes ne sont absolument pas nécessaires :

Ce qui relève d'une organisation sociale et politique, est toujours fondé sur un ensemble de normes que l'on s'impose par le biais d'une constitution, de la loi et de traités internationaux. C'est cela que nous appelons le "Système". Ça n'est rien d'autre qu'un ordre juridique, soit une pure oeuvre de l'esprit. Il en va de même pour ce qui relève des mécanismes monétaires et financiers. Tout cela n'est que pure convention, il n'y a rien qui ne puisse être abrogé, modifié ou ajouté comme norme ou valeur économique, sociale ou démocratique. Et c'est ce qui crée ensuite le Monde que nous désirons, à condition que ceux qui œuvrent à la rédaction des lois et les votent, le fassent bien avec le soucis de l'intérêt commun. Les normes sont des choses de l'esprit. Leur application dans la vie réelle en forme leurs effets. Si nous voulons une vie plus douce, où le peuple puisse disposer à jamais de son droit de faire et défaire autant les lois que ceux qui le gouvernent, nous pouvons l'obtenir indéniablement. Il suffit de le vouloir et de s'y coller. Nous sommes bien assez nombreux...


Depuis le 31 mars dernier, un mouvement s'est créé en France avec ses qualités et ses défauts. Mais il a le mérite de se poursuivre et de réunir sur des places publiques des femmes et des hommes qui se demandent ce qu'ils peuvent faire pour changer les choses. 

C'est cependant une redondance propre aux humeurs citoyennes qu'elles finissent dans l'hécatombe des révolutions avortées parce qu'elles ne trouvaient ni stratégie d'ensemble, ni "leaders" à même de les porter vers leur aboutissement le plus à même de servir la cause du peuple.

De "leaders" potentiels, nous n'en manquons pas. A mon sens, deux portant des ambitions présidentielles en ont les talents chacun à leur façon, mais ceux-là ne jouent pas la même partie d'échec que le peuple dans le moment présent.

Au sein de la dissidence, je pourrais citer volontiers quelques personnalités qui en ont les qualités, lesquelles sont à mon sens :

- La bienveillance et le désintérêt de leur combat
- Une culture politique générale forte et une aisance de communication réelle
- Un engagement profond dans leur combat
- Un minimum de caractère leur permettant d'encaisser les bas-coups de l'adversaire et de trancher lorsqu'il devient nécessaire d'avancer et fournir un élan.
- Une certaine visibilité déjà acquise sur les réseaux sociaux, voire les médias plus généralistes pour être entendus.

De fait, je ne suis pas inquiet sur la question des personnes, quoi que je continue de considérer qu'il nous appartient de nous fédérer politiquement en choisissant la voie du plébiscite populaire d'un gouvernement technique complet, qui se devra d'assurer la transition lorsque nous reprendrons la main. C'est une façon de disposer à la foi de portes-parole pour chaque sujet face aux institutions, ainsi que face aux médias et aux ambassades étrangères. Cela nous permet de jouir aussi de personnalités réellement légitimes et sous contrôle populaire (il nous revient de rédiger les règles constitutionnelles les asservissant), à même de nous aider à rédiger un programme politique commun extrêmement fédérateur. Par exemple, M. Jacques Sapir est une personne qui serait capable de mettre d'accord dans le cadre de la restauration du FRANC, autant de personnes au Front de Gauche qu'au Front National s'il devait occuper une charge que ce soit au Ministère de l'économie et des finances, ou encore en tant que Gouverneur de la Banque de France. Bien sûr il nous revient à tous de proposer d'autres personnalités, mais je ne crois pas que cette idée simple fasse encore sens dans tous les esprits. Je peux signifier pourtant à tous ceux qui rêvent de démocratie, qu'il n'y a pas plus démocratique façon d'investir un Gouvernement, qu'en désignant collectivement chacun de nos ministrables et en élisant ensuite tous ceux qui auront remporté les plus forts taux de plébiscite au Suffrage Universel. C'est ainsi que l'on dilue le pouvoir sans en retirer sa fonction utilitaire qui est de faire tourner des institutions concrètement.
Mais avant d'en arriver là, il nous faut une Révolution !

Pour ceux qui suivent mes travaux, vous savez sans doute que rendez-vous est pris pour le 14 Juillet, afin d'aller manifester sous les fenêtres des grands médias parisiens. J'en rappelle les revendications, car elles restent intangibles depuis désormais près d'une année dans tous les rassemblements que j'ai déclaré en préfecture :

- Destitution de François Hollande pour crimes de haute trahison (justifié en droit pénal)
- Sortie de l'U.E, l'euro et l'OTAN afin de restaurer notre souveraineté et notre indépendance nationale.
- Organisation d'un processus constituant à l'échelon national, soit dans dans toutes les communes de France, avec une participation à la rédaction ouverte à tous les citoyens en âge de voter.

Oui, il nous faut destituer Nunuche !


Le seul point commun que l'on peut attribuer aux révolutions, c'est qu'elles ont toutes conduit à la destitution (voire l'exécution) de l'autorité politique suprême du moment. Ce n'est donc pas un propos excessif et saugrenu que d'exiger en premier lieu dans nos revendications la destitution de François Hollande. C'est même d'une logique révolution affreusement banale et intangible. Nous avons en outre la légitimité pour porter de telles exigences, non seulement parce que François Hollande agit en criminel, que ce soit aux travers des graves atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation dont il se rend régulièrement coupable, ou que ce soit dans sa "politique étrangère" qui manifestement, génère des morts inutiles en Syrie, en Ukraine et en Afrique. Nous pouvons justifier cela par le droit, et avertir les institutions qu'en leur absence d'exercice des contre-pouvoirs qu'elles incarnent, le peuple n'a pas d'autres remèdes que s'en remettre à lui-même pour surseoir au manquement à leurs obligations. Nous pouvons encore sauver des Milliers de vies en mettant hors d'état de nuire cet individu et en le traduisant devant la Haute Cour de la République au titre de l'article 68 de la Constitution.

Mais cela exige que des parlementaires votent à la majorité sa destitution soit deux solutions possibles dans le contexte actuel :

- Soit ces derniers sont littéralement chassés du Parlement, et une Assemblée Nationale Provisoire et réellement représentative, proclame sa Souveraineté pour traduire en justice l'actuel président de la République et l'ensemble de ses ministres.

- Soit nous trouvons quelques alliés parmi les parlementaires, et nous nous assurons que l'ensemble des autres craignent littéralement le peuple.

Ce qui sera de toute façon affaire de mobilisation, mais aussi de combat médiatique. Il nous faut à la foi faire le siège des médias, mais aussi celui de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Ce sera donc le second temps d'un premier moment qui se doit de nous emmener dans la lutte. Nous devrons partir à la bataille contre les traîtres qui sévissent et nous devons détruire totalement le peu d'autorité qui reste au premier d'entre eux. C'est à ces fins que nous entamons une grande Marche depuis Clermont Ferrand, départ place de la Résistance (au sud-ouest de la place de Jaude), Mardi 7 Juin 2016 à 9 h, pour rejoindre le siège de BFM, rue Oradour sur Glane à Paris le 14 Juillet prochain.

Durant un mois et demi, tous ceux qui le veulent pourront parcourir avec nous une moitié de France par 31 étapes. Sur notre route, nous interrogerons les Français que nous croiserons pour leur demander leur avis sur François Hollande que nous filmerons et retransmettrons chaque soir sur les réseaux sociaux. Si vous nous en donnez les moyens dans les plus brefs délais, nous ferons un suivi périscope de qualité de l'ensemble de la Marche jusqu'à Paris. Si parmi mes lecteurs, il se trouve des gens prêts à nous accompagner en voiture sur une partie du trajet, et créer un relais automobile pour entreposer une sono, ainsi que des doléances citoyennes collectées sur papier au fur et à mesure de notre odyssée, nous pourrons presque tous les soirs organiser des conférences et débats publics sur les places des villages où nous atterrirons. Si les organisateurs de Nuit Debout de Clermont Ferrand ; Montluçon ; Bourges ; Orléans et Paris considèrent que notre initiative s'inscrit bien dans la Convergence des luttes tant appelée, alors peut-être nous contacteront-ils pour nous inviter à les rejoindre afin que l'on embarque quelques émissaires de leurs assemblées sur notre route pour monter jusqu'à Paris. Je signale en passant que nous chercherons pour chacune des étapes, des solutions d'hébergement ou à défaut de camping, de restauration, des moyens de se doucher, et enfin un peu d'énergie et de connexion internet pour recharger nos appareils et transmettre nos données. Nous avons écris à tous les élus des communes concernées par notre périple, et l'ensemble des organes de presse et audio-visuels des régions traversées sont aussi contactées en ce moment même. 





































Nous souhaitons être au fil des jours de plus en plus nombreux à grossir cette marche sur Paris, aussi j'appelle l'ensemble des chômeurs, des SDF, des précaires, des gens qui ont du temps libre, ainsi qu'une bonne dose de colère et d'envie dans découdre sans tomber dans les travers de la violence et l'absence de cap, à nous rejoindre tout au long de notre parcours. 

Prévoyez une tente, des changes, de quoi supporter le mauvais temps, de bonnes chaussures, et beaucoup de bonne humeur. Vous pourrez nous rejoindre aux grandes villes-étapes, il vous suffit de vous référer au tableau ci-contre, et de suivre l'actualité de la Marche pour les lieux de rendez-vous précis.

Nous avons besoin, je ne vous le cache pas, de dons pour faciliter l'organisation d'une telle marche et en supporter les nécessaires matérielles, alimentaires et d'hygiène. Vous pouvez trouver ici le mémorandum faisant état des besoins et nécessités logistiques pour évaluer les coûts les plus immédiats pour que nous vous offrions une actualité quotidienne de qualité. Vous pouvez nous aider sur le compte de l'association "Les Décrocheurs" ; et ce faisant, nous nous engageons à utiliser les excédents qui pourraient rester d'un tel appel aux dons, à continuer de financer toutes les initiatives résistantes les plus efficientes contre l'oligarchie aux pieds d'argile.

Pour ceux qui suivent mes travaux ou ont lumon essai qui les synthétise, vous savez quelles sont les voies que je propose pour nous en sortir, et qu'elles ne demandent que relativement peu de moyens financiers et humains à l'échelle de notre pays, pour être parfaitement efficientes.

Mais si j'ai pour habitude de beaucoup communiquer sur mes travaux lorsque je milite, cette fois-ci, jusqu'au 14 Juillet, je compte plutôt récupérer les paroles citoyennes. Si vous avez des doléances à faire porter à la présidence de la République, vous pouvez nous les transmettre à l'écrit (et à l'oral) sur notre trajet, ou encore nous les faire parvenir sur notre boite courriel. Voila quel est le sens de cette Marche. Vous pouvez ne pas être d'accord avec les revendications portées pour le 14 Juillet, et même être un fervent soutien de François Hollande - mais nous comprendrions votre honte à l'exposer publiquement - quoi qu'il arrive, nous collecterons l'ensemble de vos réflexions et les relayerons, y compris lorsque nous ne serons pas d'accord avec vous.

Une grande marche pour donner tort aux apocalyptiques !

Français, il nous faut nous prendre en main ! A l'ère d'internet, des moyens de transport rapide et de l'effondrement des paradigmes les plus mortifères, il est temps de faire un grand bond en avant ! Nous pouvons changer les choses sans haine, sans larmes et sans violence. Nous pouvons même donner une réelle saveur de joie à notre insurrection qui vient. Il nous suffit simplement de le vouloir.

Il nous faudra être quelques milliers le 14 Juillet sous les fenêtres de nos grands médias nationaux, et pourquoi pas quelques dizaines de milliers les jours suivants, si ce n'est millions... Cela dépend des premiers. Un peu de foi, une dose d'abandon, et une envie de marcher un peu, ce peut être un début pour obtenir enfin notre première victoire contre l'oligarchie. Mais attention, la bataille sera (très relativement) longue et réellement intense. Nous ne l'emporterons pacifiquement que si nous acceptons toutes les stratégies d'occupation mobile et non violentes nous permettant d'éviter la confrontation avec les forces de police (le fait de fonctionner en bonne intelligence avec les institutions régaliennes est une obligation insurrectionnelle pour aboutir vite et proprement), mais nous amenant très clairement à faire chanceler le pouvoir. Je me fais garant de pouvoir en proposer et coordonner les directives les plus essentielles, mais j'en appelle autant à la puissance de tous qu'à notre raison : A capacité individuelle de nuisance co-existe le principe de responsabilité. Il ne s'agira plus de revendiquer l'auto-gestion, mais de l'appliquer avec une réelle discipline personnelle malgré les moments de tension inévitables. 

Nous allons tout changer si nous sommes suffisamment nombreux à le vouloir et le faire (il ne s'agit au départ que de quelques milliers de personnes sur des dizaines de millions encore une fois), et je vous propose que nous fraternisions tous pour commencer au-travers de cette grande marche vers Paris.

Aux apocalyptiques prêchant l'auto-destruction et le renoncement, nous montrerons notre enthousiasme, nos sourires, notre foi en l'avenir et notre certitude de pouvoir contribuer à l’avènement d'une nouvelle ère qui s'affranchira de l'essentiel des souffrances que les oiseaux de mauvais augure appellent de leurs vœux.

Dans l'espoir que vous nous rejoindrez,

Sylvain Baron



vendredi 17 juin 2016

Keny Arkana : « Sans un effort de bienveillance, la guerre civile nous attend » / Keny Arkana: "without an effort of benevolence, the civil war waits for us"

Violences policières, Notre-Dame-des-Landes, Front national, Nuit debout mais aussi écologie, Pierre Rabhi, spiritualité et zapatisme… la rappeuse marseillaise Keny Arkana a accordé àReporterre un entretien. Redoutant une guerre civile, elle souhaite une ouverture des consciences à la bienveillance.
Keny Arkana a grandi à Marseille. Militante altermondialiste, elle a confondé le collectif La Rage du peuple et réalisé Un autre monde est possible(2006), documentaire tourné au fil de ses voyages au Brésil, au Mali, au Mexique et en France. Son nouvel album, État d’urgenceest disponible en ligne à prix libre.

source : https://www.reporterre.net/Keny-Arkana-Sans-un-effort-de-bienveillance-la-guerre-civile-nous-attend

Reporterre — Ton nouvel opus s’intitule «  État d’urgence  ». Parles-tu de l’état d’urgence du gouvernement, de l’état d’urgence social, de l’état d’urgence écologique  ?
Keny Arkana — En vérité, j’aurais pu l’appeler «  hymne à la paix  ». J’ai écrit ces textes suite aux événements de novembre, dans le contexte de la mise en place de l’état d’urgence. C’est un état d’urgence national mais aussi mondial. Depuis le 11 Septembre, il y a eu toute cette conjoncture de lois liberticides et antiterroristes, et puis la France est partie en guerre, ça fait 15 ans maintenant. Mais la guerre, c’est dans les deux sens : c’est facile de la faire du haut de ton avion, en envoyant des missiles et en tuant plein de gens. Mais, à un moment donné, on se la mange en retour, et c’est toujours des innocents qui payent. Pour moi, il y a vraiment un avant et un après 11 Septembre  et on vit cette continuité, avec notre  11 Septembre  à nous aussi.

Le 13 novembre, c’est un 11 Septembre français   ?
Certains diront Charlie Hebdo, d’autres le 13 novembre, mais ce qui est sûr, c’est que tout le monde est dans la peur maintenant, on cherche des coupables tout le temps, on est dans la division et la haine, on se communautarise à fond. On en est arrivé à des pensées hyper-violentes, la majorité des gens serait presque pour la peine de mort maintenant  ! Mais comme on est représenté par Sarko ou Valls, qui sont eux-mêmes hyper-violents et hyper-bas… Peut-être qu’on a les représentants qu’on mérite, mais je trouve qu’on tombe dans une vague d’obscurantisme.
Et pour moi, c’est devenue une urgence de se poser les bonnes questions. Je crois qu’il est important de canaliser cette violence et d’insuffler un peu de paix. Il faut qu’on arrive à faire un effort de bienveillance, parce que sinon, ce n’est pas la révolution qui nous attend, mais la guerre civile.

Violence d’État, policières, politiques : le climat s’est dégradé ces derniers mois.
Plus il y aura cette escalade de la violence, plus il y aura des lois ultrasécuritaires qui donneront justement raison à cette violence-là. Bien sûr que je comprends les manifestants qui n’en peuvent plus de toutes ces lois, on a toujours l’impression que notre violence est légitime. Mais si on prend une grille de lecture plus haute, j’ai l’impression que tout est instrumentalisé. Y’a un truc où je me dis qu’on joue le jeu du gouvernement.

Mais que faire face aux violences policières  ?
J’en ai parfois parlé avec mes amis militants, qui me traitent d’ailleurs de grosse naïve, mais je pense qu’il faudrait faire des actions de sensibilisation dans les commissariats. Sensibiliser les policiers et leur expliquer pourquoi nos luttes sont justes, et pourquoi elles les concernent eux et leurs enfants. Aller dans les commissariats et discuter, parce que, face aux barricades, chacun est dans son rôle, ça devient compliqué. T’imagines si demain, en pleine manifestation, un CRS décidait, devant ses collègues, d’arrêter, de poser son casque et de passer de notre côté  ? Ça casserait une division à laquelle on veut nous faire croire. C’est le truc qui ferait le plus peur au gouvernement.
Mais j’espère juste qu’à ce moment-là, il n’y aurait pas un lâche qui en profiterait pour aller savater le flic. Parce qu’à un moment, la lutte n’est pas seulement politique et sociale, elle est aussi humaine. Et il faut savoir où est vraiment ton ennemi et où est vraiment ton camarade. Bien sûr qu’on a toutes les raisons d’avoir la haine des flics surtout lorsqu’on a subi ses violences — moi, j’avais 13 ans lors de mon premier passage à tabac, ils m’ont frappée pendant des heures et j’avais la rage. Mais veut-on se venger ou veut-on changer les choses  ? Il faut savoir avaler sa rancœur, la transmuter, pour l’intérêt général et collectif.
De toute façon, on ne gagnera pas dans le rapport de force d’aujourd’hui. Et même si on y arrivait, on reproduirait les mêmes schémas après. Parce que, malheureusement, la plupart des gens n’ont pas fait ce travail intérieur de changement de conscience, au service de la bienveillance.

Ne vois-tu pas une forme d’espoir avec Nuit debout  ?
Si, c’est clair  ! On touche justement cette humanité-là quand on résiste comme cela à plusieurs. Depuis les Indignés, il y a cette nouvelle forme de résistance où il n’y a plus besoin d’être encarté ni de donner son petit pouvoir à un représentant politique ou syndical. On crée des outils, des assemblées populaires, des tours de parole, on apprend à s’exprimer et à s’écouter, etc. C’est super important de récupérer son petit pouvoir et de construire un truc horizontal. C’est quelque chose qui n’existait pas il y a dix ans. Donc oui, Il y a un éveil des consciences, une nouvelle manière de voir les choses, plus solidaire et plus horizontal, et c’est très positif.

Faut-il ensuite s’institutionnaliser à l’image de Podemos, qui est l’une des formes héritées des Indignés  ?
Personnellement je suis contre, j’ai toujours dit que le changement se construirait par le bas. Pourquoi faudrait-il prendre les outils de Babylone pour lutter contre Babylone  ? À partir du moment où tu te structures autour d’un parti, à chercher des financeurs, tu retombes dans le jeu.
J’ai été au Chiapas pendant un an, en 2014. Les zapatistes sont pour moi le meilleur exemple d’autonomie et de politique au service de l’humain. Et ils sont très à cheval sur le concept de la révolution totale : apprend à te changer toi-même avant de vouloir changer quoi que ce soit !
Mais aussi en France : partout il y a ce mouvement de retour à la terre, de construction en autonomie, sous forme de petits collectifs d’une trentaine de personnes, chacun récupérant son pouvoir créatif. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’organisation : il faut les gérer, les trente personnes  ! Il faut trouver les bons outils.
C’est important dans sa propre réalisation, cette idée de pouvoir créateur, parce qu’à la base, l’humain est fait pour créer. Mais vu qu’on évolue dans un monde qui ne nous donne pas cet espace-là, il y a une distorsion. Du coup, on se détruit nous-mêmes, on détruit les autres.
Aujourd’hui, la plupart des gens, si tu leur demandes ce que serait la maison de leur rêve, ils vont te sortir un truc préfabriqué, la villa avec la piscine… Mais non, frère  ! Je te parle de toi, la maison qui te ressemble, toi  !
Peut-être que toi, ton kiff ce serait une maison dans les arbres, et toi, une grande maison sans angle droit avec un toit-terrasse. Et moi, ce serait une maison toute bleue ou peu importe. Chacun peut aller au fond de son imaginaire, on est tous singulier. Mais aujourd’hui, on est vampirisé jusque dans nos imaginaires.
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Keny Arkana lors du festival Solidays de 2013.

Comment faire pour toucher la partie de la population qui n’est pas aussi politisée  ?
Sensibiliser les gens passera toujours par l’exemple. La plupart des gens rêvent d’un autre monde. Juste, ils ont peur, ils n’y croient pas, il n’y a pas de références auxquelles s’accrocher. Mais si demain, ils voient à côté d’eux qu’il y a une autre manière de vivre, que tous ces petits villages qui se mettent en réseau partout créent de l’autonomie alimentaire, que les gens sont plus épanouis, qu’il y a un truc juste et sain, eh bien, petit à petit, ça va se contaminer. C’est important de résister et de pousser les murs, mais il faut aussi construire derrière. Sinon on s’essouffle.

On dirait le proverbe de Gandhi, «  soyez vous-même le changement que vous voulez voir dans le monde  »  ?
Exactement. Pour moi, dans la désintoxication des imaginaires, on a besoin de spiritualité. Ça n’a rien de dogmatique ou de religieux. Tout le monde fait un truc mystique du spirituel, mais c’est juste l’adjectif du mot esprit… Il s’agit de pouvoir se regarder et creuser un peu en soi-même, pour se libérer de tous nos schémas.
Gandhi, il était puissant. On se moque du petit Indien, mais dans le pays le plus divisé du monde, avec les castes et l’empire anglais, il a tout retourné avec la parole, la force de la compassion et de la tolérance, il a su casser les schémas.
On peut avoir les meilleures valeurs et défendre les meilleurs principes du monde, il y aura toujours dans notre quotidien une part de jalousie et d’ego qui reviendra. Et tant qu’il y aura ça, j’aurai du mal à croire qu’on peut vraiment changer les choses. Parce qu’on sera toujours à l’image de ce qu’on combat.

Spiritualité, révolution des consciences, changement individuel : connais-tu Pierre Rabhi et le mouvement des Colibris  ?
J’ai énormément de respect pour Pierre Rabhi, il a fait des choses incroyables, autant par sa pensée que dans ses actes : il a fait pousser des rizières dans le désert… Ce mec-là est puissant.

Le renouveau politique passe-t-il forcément par la terre  ?
Si tu n’es pas autonome sur le plan alimentaire, tu n’es pas autonome tout court. C’est une de nos premières fonctions vitales, le reste est forcément superflu. C’est une évidence qu’il faut reconnecter l’humain à la terre pour de vrai.

Te qualifierais-tu d’écologiste  ?
Je n’aime pas ce terme. Je trouve que c’est encore trop compris comme au service de l’homme. D’ailleurs, je ne me considère pas comme humaniste au sens occidental du terme, qui met tout au service de l’humanité. Une fois, on m’a dit que c’était humaniste de détruire la moitié de l’Amazonie, puisque c’est pour le besoin des humains… alors si c’est ça, je ne suis pas humaniste !
Moi, je suis «  vivantiste  », je suis pour le vivant. Je vois la terre comme les Amérindiens, une vision maternelle de la Pachamama : j’entends la détresse de la Terre, je sens les espèces vivantes, les plantes. Ce n’est pas pour mon intérêt d’humaine que j’ai envie de défendre la Terre. Dans ma conception, la Terre ne m’appartient pas, c’est nous qui appartenons à la Terre. Je crois que, dans tous les écosystèmes, il y a une harmonie. Et nous, dans notre instinct de domination, on casse cette harmonie.
C’est le Vatican et l’inquisition qui nous ont coupés de la nature en nous faisant croire qu’elle était une menace, que c’était le diable. Au contraire, si tu connais vraiment la nature, tu sais que là où tu te fais mordre par un serpent, à côté il y a la plante anti-venin. La nature est bien faite. Il y a un truc beau, un truc aimant. Elle te soigne, la nature, si tu es un peu connecté aux énergies, tu sens qu’elle est puissante, vivante…

Tu es végétarienne  ?
Oui. Mais je ne veux pas être trop rigide non plus : si je suis chez des indigènes qui ont tué un poulet pour moi, je ne vais pas faire la tendax.

En France, l’une des luttes emblématiques pour la terre, c’est Notre-Dame-des-Landes…
La dernière fois que j’y étais, c’était en 2013, ça fait un petit moment. Je trouve ça super, tout le mouvement des Zad en France, mais des fois, ça me met aussi un peu en colère. Une colère de grande sœur, tu vois, mais j’ai envie de leur dire : « Les frères, soyez vraiment des gardiens de la Terre  ! » Je suis désolée, mais la lutte, c’est sérieux, c’est pas boire des bières et fumer des pétards. D’ailleurs, quand tu vas chez les zapatistes, c’est interdit. Je suis moi-même une fumeuse, je suis pas en train de juger. Mais je dis ça parce que j’ai vu trop de fois des pollutions de Babylone-système sur la Zad. Il suffit pas de faire le révolté, il faut aussi être à l’image du changement.

Mais défends-tu tout de même l’occupation  ?
Bien sûr qu’il faut occuper  !

Et pour la consultation, tu voterais non si tu pouvais  ?
Non à l’aéroport  ? Ah oui ! D’ailleurs, ça fait chier de devoir voter pour ça : ça devrait être une évidence  ! La France, c’est tout petit : vous voulez mettre combien d’aéroports  ? L’aéroport, il y en a déjà un à Nantes. Là, il y a un super écosystème, préservé. Sans parler de toutes les familles, de tous les agriculteurs, de tous les paysans. Et puis, il y a le problème du financement aussi. Les contribuables qui paient un truc dont ils n’ont pas forcément envie, pour les bénéfices d’un privé [Vinci]. Et si ce privé-là ne rentre pas dans ses chiffres, il y a encore l’État qui lui donne des subventions  ! Il faudrait plus qu’un référendum local.

C’est-à-dire  ?
Pour moi, le meilleur moyen de se faire entendre dans le rapport de force, c’est de bloquer l’économie. C’est l’exemple des piqueteros en Argentine : ils ont réussi à le faire dans un pays qui fait huit fois la France. La France, c’est petit : il y a cinq autoroutes principales… C’est Vinci, l’ennemi : on pourrait faire une action « péages gratuits », des concerts et des teufs sur les autoroutes pour les bloquer. Si tu bloques ne serait-ce qu’une journée, tu bloques toute l’économie du pays, et tu fais perdre des millions à Vinci  ! Il y a de vraies actions à faire, et quand tu touches au nerf de la guerre, on t’écoute un peu plus.

Le « collectif de Tarnac » dit qu’il faut que tout s’arrête pour pouvoir tout recommencer. Es-tu d’accord avec cette approche  ?
Oui. Le seul problème, c’est qu’il y aura toujours des gens qui le prendront comme un acte violent. Parce que c’est une frustration et parce qu’ils n’en sont pas là dans leur conscience. C’est compliqué : au bout d’un moment, où s’arrête l’autoritarisme  ?

La grande difficulté des mouvements de contestation aujourd’hui, c’est de toucher les classes populaires…
C’est compliqué. Un mec de quartier a toujours été exclu, pourquoi il se sentirait concerné ? Qui est là pour lutter à ses cotés contre la discrimination, la ghettoïsation, les abus policiers et toutes les portes qu’on lui ferme à la gueule ? En voyant les manifs, il peut se dire que c’est les bourgeois contre les bourgeois, que ces mêmes gens qui militent n’en ont jamais rien eu à faire de lui. Il y a un désintérêt du fait de l’exclusion. Le manque d’humanité pousse au manque d’humanité, c’est un cercle infernal. Et puis, il y a aussi toute cette pression capitaliste, dans les quartiers, une sorte de culte de l’argent. Quand ta famille a tout sacrifié, qu’elle a quitté son pays, ses proches, pour pouvoir t’offrir une situation et un certain confort de vie, c’est difficile de mettre une croix sur toute cette douleur et tout cet espoir sous prétexte qu’il faut faire la « révolution ». C’est dans les quartiers qu’on subi toutes les pires galères dans ce pays. Quand ton grand-père s’est battu pour la France et que, trois générations après, on te parle encore de rentrer chez toi, il y a de quoi cultiver quelques rancœurs. Ça rend la convergence beaucoup plus compliquée. Je pense qu’il va falloir une génération ou deux encore, pour faire évoluer cette situation.
Forcément, ceux qui viennent de la classe moyenne n’ont pas tout cet héritage, ils sont forcément plus libres. Et puis, en France, il y a toujours eu ce côté élitiste chez les militants. Leurs brochures, c’est pas donné à tout le monde de les lire. Quand tu vas en Grèce, il y a un truc beaucoup plus populaire dans le militantisme. Il n’y a pas la même histoire d’immigration aussi, parce qu’il n’y a pas toute cette histoire des colonies. C’est compliqué, la France, et c’est pour ça que, tant qu’il n’y aura pas eu des guérisons entre les gens, j’ai peur que pousser à la révolte ne rapporte que la guerre civile. Et ne fasse le jeu des identitaires, qui prennent à fond du galon depuis quelques années.

Certains mouvements d’extrême droite noyautent les quartiers populaires, autour de Dieudonné ou de Soral, par exemple. Le FN a déjà tenté à certains moments de récupérer tes chansons. Que fait-on face à cela  ?
Je suis pour l’humain et donc pour le débat. Pas avec des Marine Le Pen, parce que c’est des manipulateurs, ces gens-là. Mais avec les petites gens. Souvent, les gens qui ont les idéologies et les pensées les plus nauséabondes ont aussi des blessures de ouf. Est-ce qu’on continue à alimenter cette blessure  ? Je veux que les gens comprennent bien mon discours, sans faire d’amalgame, parce que c’est subtil ce que je raconte. Je pense qu’on se trompe à faire des camps. L’exclusion ne fait que renforcer les fractures.
Franchement, si demain, avec mes potes du quartier, on voit débarquer des fachos, plutôt que d’aller se «  fighter  », je préférerais dire : « Venez, on se pose et on discute, c’est quoi le problème en fait  ? Elle vient d’où, toute cette haine  ? Pourquoi  ? Tu connais l’histoire  ? La France, si c’est un pays riche, c’est grâce aux minerais de l’Afrique noire, encore aujourd’hui. Vous êtes sûrs de vouloir faire chacun chez soi  ? Parce que c’est vous les perdants  ! »
Dans l’histoire de la France, on ne peut pas enlever la colonisation. S’il y a une dette, c’est les pays coloniaux qui doivent beaucoup… Je me dis qu’il faut parler, aller au fond des choses, mettre les mecs face à leur contradiction. Alors que dans le rejet, tu donnes raison à l’autre. On est semblable dans nos cœurs. Tu vois, même le raciste, peut-être que si tu connais son histoire et que tu as un peu de compassion, tu peux te dire : «  Ah, okay, il en est arrivé là, pour ça, il a eu telle expérience de vie.  » La compassion, c’est important pour notre guérison générale. Parce que vraiment, on est tous un peu malade. Il faut être tolérant. Et ne pas être comme ceux que l’on combat.

As-tu prévu de voter en 2017  ?
Je ne sais pas. On ne changera jamais rien par ça. J’aime bien le dicton : « Voter, c’est lécher le fouet de son maître. » En même temps, je me dis qu’au nom de tous les gens qui se sont battus pour ce droit, les femmes qui n’ont voté qu’en 1945… C’est clair qu’ils n’ont pas lutté pour cette mascarade-là. Mais ça ne nous coûte rien de mettre un bulletin dans l’urne. Le XXᵉ siècle, c’était gagner des droits, le XXIᵉ, faire qu’ils ne nous les enlèvent pas  ! Notre acte citoyen devrait être au quotidien. Je ne ferai pas la promotion pour les grandes campagnes de vote, mais peut-être que j’irai à titre personnel.

« ÉTAT D’URGENCE », UN EP À PRIX LIBRE

Keny Arkana — Ça faisait longtemps que j’avais envie d’essayer pour être plus en direct avec le public. L’accès aux chansons est gratuit, mais sans dire gratuit, car en France, on a un problème avec ça : la gratuité sous-entend quelque chose de bâclé, qui n’a pas de valeur… Donc là, si tu veux participer, tu participes.
J’aimerais pouvoir tout faire en prix libre, mais c’est compliqué dans ce système. T’imagines du « prix libre » à la Fnac… ? Du coup, c’est moi qui ai tout produit, et j’ai laissé Because Music [sa maison de disque] le mettre sur Itunes, pour qu’ils s’y retrouvent.
J’ai décidé de rentrer dans l’industrie pour sensibiliser des gens qui ne seraient pas touchés sinon. Ma maison de disque comprend la démarche et valide depuis le début la profondeur du projet. On ne m’a jamais dit « il y a une phrase que je n’aime pas » et ça, c’est le plus important.
- Propos recueillis par Barnabé Binctin et Vladimir Slonska-Malvaud