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mercredi 6 octobre 2021

PROJETS D'ATTENTATS, LISTES DE CIBLES, AGRESSIONS : L'ULTRA-DROITE NOUS MENACE

Ok... mais après visionnage de cette vidéo, un petit rappel sur les responsabilités de nos gouvernements 

ici  Bruno Guigue : La «crise des migrants» et le poids des structures - 24 sept. 2018



 BLAST - Le souffle de l'info

Soutenez Blast, nouveau média indépendant : https://www.blast-info.fr/soutenir Le danger de l'extrême droite est bien réel, même si on lui fait moins de publicité qu'à d’autres attaques. S’il est encore marginal, les autorités prennent ce risque terroriste très au sérieux. Le 10 septembre Laurent Nuñez, le coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme a annoncé que cinq projets terroristes rattachés à ce courant ont été déjoués en France depuis le début du quinquennat. Projets d’attentats déjoués, procès des membres du groupe OAS, groupes Telegram racistes ou agressions dans les rues de Lyon, y a-t-il réellement une résurgence de la violence d'extrême droite dans notre pays ? Des attentats terroristes d’ultra droite sont-ils à craindre ? Le climat actuel favorise-t-il ces groupes et les pousse-t-il à passer à l’action ? On va faire le point tout de suite, puis nous en discuterons avec Thierry Vincent, journaliste spécialisé dans l’ultra droite. Journaliste : Antoine Etcheto Montage : Delfina de Oliveira Cézar Images : Arthur Frainet Son : Baptiste Veilhan Graphisme : Adrien Colrat Réseaux Sociaux : Maxime Hector Production : Thomas Bornot Direction des programmes : Mathias Enthoven Le site : https://www.blast-info.fr/ Facebook : https://www.facebook.com/blastofficiel Twitter : https://twitter.com/blast_france Instagram : https://www.instagram.com/blastofficiel/

mardi 10 octobre 2017

Une attaque délibérée dans nos centrales (nucléaires) ? "Nous devons regarder ce risque en face" / An attack deliberated in our nuclear power plants? " We have to face this risk "

Par Catherine Delvaux. 10/10/17 - 11h20
© belga.
Mandatés par Greenpeace, sept experts internationaux nous mettent en garde contre des failles de sécurité importantes dans les centrales nucléaires de France et de Belgique.
Détails sensibles et confidentiels
Les responsables de Greenpeace France et Belgique ont remis ce mardi matin aux autorités compétentes un nouveau rapport sur la sécurité de nos centrales nucléaires. Il a été établi par sept experts indépendants de France, d'Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis, des spécialistes en sûreté nucléaire, sécurité, radioprotection et économie. En raison des détails trop sensibles contenus dans ce rapport, seule une version résumée ( http://www.greenpeace.org/belgium/Global/belgium/report/2017/171009_NUCLEAR_Summary_FR.pdf) a été rendue publique. En Belgiques, les analyses complètes ont été transmises à l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), au Centre de crise, et au ministre Jan Jambon, compétent en matière de sécurité nucléaire.

Bassins vulnérables aux attaques
Pour les experts internationaux, les bassins de refroidissement des centrales nucléaires en Belgique et en France ne sont pas suffisamment protégés contre une attaque extérieure comme un attentat ou un accident d'avion. Situés à l'extérieur des bâtiments blindés du réacteur, ils sont même extrêmement vulnérables. "Ces bassins de refroidissement sont de grandes piscines où les barres de combustible sont entreposées pour les refroidir après avoir été utilisées dans le réacteur", lit-on sur le site de Greenpeace. "Un tel bassin contient plusieurs centaines de tonnes de combustible nucléaire, soit deux à trois fois plus que le réacteur lui-même."

Catastrophe nucléaire
Si des dégâts devaient entraîner la vidange de l'eau de refroidissement, les barres de combustible seraient mises à nu, entraînant une hausse de la température et des rayonnements. Dans le pire des scénarios, on peut craindre une catastrophe nucléaire par la libération de grandes quantités de radioactivité. Dans son rapport, l'ONG rappelle que les installations nucléaires ont été conçues à une époque où les menaces pour la sécurité étaient bien différentes d'aujourd'hui. "Il est incompréhensible que l'AFCN n'ait pas imposé de mesures de protection additionnelles lorsqu'elle a autorisé la prolongation pour dix ans des réacteurs les plus anciens et les moins protégés, Doel 1, Doel 2 et Tihange 1", a déclaré Eloi Glorieux, spécialiste nucléaire chez Greenpeace Belgique.

Conséquences incalculables à Anvers, Liège ou Namur
"Après les attentats du 11 septembre 2011 et ceux, plus récents, en France et en Belgique, nous ne pouvons plus exclure une attaque délibérée. Nous devons avoir le courage de regarder ce risque en face", poursuit Greenpeace. Chez nous, les conséquences d'un tel attentat pour des villes comme Anvers, Liège et Namur seraient "incalculables". L'organisation demande aux autorités et aux opérateurs concernés, Engie Electrabel et EDF, de prendre leurs responsabilités, au lieu de se retrancher derrière l'excuse du secret défense. "Il faut briser l'omerta sur les risques qui planent sur les centrales nucléaires", estime Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France.

source : http://www.7sur7.be/7s7/fr/2765/Environnement/article/detail/3279730/2017/10/10/Une-attaque-deliberee-dans-nos-centrales-quot-Nous-devons-regarder-ce-risque-en-face-quot.dhtml?utm_medium=rss&utm_content=belgiquepar7sur7be24%2F247%2F7toutesvosinfosnationales

lundi 18 septembre 2017

A Barcelone, la colère éclate contre la guerre et les complicités officielles avec le terrorisme / In Barcelona, the anger bursts against the war and the official complicities with the terrorism



La marche officielle organisée samedi après l’attentat terroriste du 17 août à Barcelone s’est transformée en une manifestation d’hostilité publique sans précédent aux guerres impérialistes au Moyen-Orient, ayant engendré les réseaux islamistes qui mènent les attaques terroristes en Europe.
Les manifestants, qui criaient « Vos politiques, nos morts », ont hué le roi d’Espagne Felipe VI et le Premier ministre Mariano Rajoy. Lors de ce rassemblement de 500.000 personnes on a aussi dénoncé les ventes d’armes espagnoles à des pays comme l’Arabie saoudite aux cris de: « Felipe, si tu veux la paix, ne fais pas de trafic d’armes » ou « Mariano, nous voulons la paix, pas des ventes d’armes ». Des manifestants criaient également « Dehors, dehors » en voyant le roi et Rajoy, qui furent copieusement sifflés.
Le gouvernement du Parti populaire (PP) et les autorités régionales de Catalogne avaient supposé que le rassemblement serait une manifestation de droite qui dénoncerait le terrorisme et appellerait à l’unité derrière la police et l’État. Cela s’est retourné contre eux : un grand nombre de manifestants ont dénoncé la guerre et les complicités officielles avec le terrorisme.
Le quotidien sur Internet de droite, El Español, a avoué que « les pancartes bleues officielles toutes préparées appelant à la paix ont été submergées par d’autres, qui dénonçaient les chefs d’État et de gouvernement pour le trafic d’armes et faisaient le lien entre le monarque espagnol et l’Arabie saoudite, un pays accusé de financer l’État islamique, » qui a organisé l’attentat à Barcelone.
Les manifestants brandissaient des photos de Felipe VI avec le roi saoudien, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, ou de l’ex-Premier ministre du PP, José Maria Aznar, avec le président américain George Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair alors qu’ils menaient l’invasion de l’Irak en 2003.
Les manifestants citaient aussi des preuves que l’État était au courant, voir complice, de l’attentat, sur fond de rivalités entre Madrid et Barcelone avant le référendum catalan sur l’indépendance, le 1er octobre. Un homme, qui a dit à El Pais que « le roi ne peut pas venir à une manifestation pacifiste et vendre des armes à l’Arabie Saoudite », a ajouté que « le gouvernement a caché des informations sur les terroristes aux Mossos d’Esquadra », la police régionale catalane.
Dimanche, Rajoy a dû répondre aux reportages sur sa débâcle à Barcelone. Il a refusé de répondre aux critiques des manifestants, mais il a affirmé avec arrogance : « Les insultes de certains, nous ne les avons pas écoutées » et ajouté: « Hier, nous étions là où nous devions être et avec ceux avec qui nous devions être, pour exprimer notre soutien aux victimes de la terreur et montrer notre solidarité avec l’immense majorité de Catalans sensibles et modérés ». Il a exigé que la Catalogne abandonne le référendum sur l’indépendance du 1er octobre et les « projets pour une rupture ».
Les responsables catalans, stupéfaits par l’opposition à la guerre, ont voulu la minimiser. « Nous ne devrions pas l’exagérer », a dit Carles Puigdemont, le président de la Generalitat de Catalogne sur les huées contre le roi. « Les gens se sont exprimés en liberté, en convivialité et en paix ».
La maire de Barcelone, Ada Colau, l’un des « maires du changement » soutenu par le parti Podemos a refusé de discuter du sentiment anti-guerre. « La citoyenneté ouvre la voie à la cité », a-t-elle dit benoîtement, pour saluer le soutien de Barcelone à la « convivialité, à la diversité et à la paix ». Elle a ajouté : « Dans une si grande manifestation, il y a une liberté d’expression et beaucoup de gens sortent avec leurs propres symboles et leurs questions complémentaires ».
La déclaration de Colau évite les questions politiques soulevées par l’attentat dans sa ville. Cet attentat horrible qui a fait 15 morts et plus de 100 blessés, est le dernier en date d’une vague d’attentats islamistes qui ensanglantent l’Europe depuis 2015, de Paris et Bruxelles à Berlin et Manchester. Les guerres impérialistes ne sont pas une question « complémentaire », mais la principale force motrice dans l’éruption d’attentats terroristes islamistes en Europe.
Washington et l’Union européenne se sont appuyés sur les milices islamistes en 2011 en Libye puis en Syrie, collaborant avec les pétromonarchies du Golfe, dont l’Arabie saoudite, pour injecter des milliards de dollars dans les réseaux islamistes. Ils ont recruté des dizaines de milliers de personnes en Europe, au Moyen-Orient et en Asie pour mener des attentats contre des régimes ciblés par l’OTAN. En 2012, le Pentagone a désigné un de leurs mandataires, la milice Al Nosra, comme un groupe terroriste lié à Al-Qaïda, mais elle a continué à recevoir le soutien de l’OTAN.
Les événements de Barcelone exposent les tensions de classe explosives qui montent en Europe. Depuis 2015, la classe dirigeante tolère les réseaux terroristes en tant qu’outil de politique étrangère, tout en utilisant les attentats menés par ces réseaux en Europe comme prétexte pour des mesures policières — l’état d’urgence en France, le verrouillage de Bruxelles, ou l’envoi des forces armées dans les rues de Grande-Bretagne — présentées comme étant des mesures antiterroristes. A présent, ce mensonge est de plus en plus décrédibilisé.
Les travailleurs, confrontés au chômage de masse et aux coupes sociales imposées par l’aristocratie financière en Europe, sont hostiles aux politiques militaristes et antidémocratiques de l’élite dirigeante. Cette opposition est d’autant plus explosive qu’elle met les travailleurs objectivement en conflit avec l’ensemble de la classe politique, y compris ses factions prétendument « à gauche ».
Les partis de pseudo-gauche comme Podemos – qui veut développer son influence parmi les officiers de l’armée et a recruté le général Julio Rodríguez Fernández qui a commandé les forces espagnoles dans la guerre de Libye en 2011 — sont profondément pro-guerre. Podemos a défendu agressivement la vente de navires de guerre espagnols en Arabie Saoudite. Le maire de Puerto Real, Antonio Romero, affirmait que ces ventes d’armes étaient essentielles pour créer des emplois.
Interrogé sur les huées contre le roi à la manifestations de Barcelone, le chef de Podemos, Pablo Iglesias, a fait le silence sur la guerre. Il a dit, « Les gens ont sorti leurs bannières, c’est beau ».
De même, l’attentat de Barcelone démasque les nationalistes catalans, qui continuent d’attaquer Madrid en avant du référendum d’indépendance catalane. Vendredi, Puigdemont a donné une interview au Financial Times de Londres pour attaquer le gouvernement Rajoy et accuser le PP d’avoir empêché les autorités catalanes d’arrêter les attaques.
« Nous leur avons demandé de ne pas exploiter la sécurité à des fins politiques. Malheureusement, le gouvernement espagnol avait d’autres priorités » a-t-il dit. Il a cité des responsables catalans qui, selon le Financial Times, mettent en cause « la décision de Madrid de bloquer l’embauche de nouveaux policiers catalans cette année et de faire traîner l’accès de la police locale aux informations d’Europol ».
Jusqu’à présent, personne n’a expliqué quel rôle le blocage par Madrid de l’accès de la police catalane aux bases de données internationales a joué dans l’attentat. Malgré l’attentat de Barcelone, Puigdemont a affirmé que la police catalane faisait un excellent travail. « La police catalane, même si elle n’a pas tous les outils dont elle a besoin… et est mal financée, a bien réussi à gérer la crise », a-t-il déclaré au Financial Times.
Ces remarques, après la marche de Barcelone, démasquent le caractère politique des forces qui cherchent à créer un État capitaliste indépendant en Catalogne. S’ils lancent des accusations explosives contre Madrid et développent des rivalités financières et stratégiques avec la bourgeoisie espagnole, ils sont hostiles à tout appel à l’opposition des travailleurs à la guerre ; ce sont de solides défenseurs de leurs propres forces de police. Ils s’avéreraient profondément hostiles à la classe ouvrière s’ils établissaient un pouvoir indépendant.
Alex Lantier

Article paru d’abord en anglais, WSWS, le 28 août 2017

jeudi 19 novembre 2015

Paris-Beyrouth : la compassion à géométrie variable / Paris-Beirut: the variable-geometry condolence

http://rue89.nouvelobs.com
24 heures avant Paris, l’Etat islamique autoproclamé frappait Beyrouth, sans susciter la même solidarité internationale avec les 

24 heures avant Paris, l’Etat islamique autoproclamé frappait Beyrouth, sans susciter la même solidarité internationale avec les victimes. De quoi s’interroger sur les raisons de ces perceptions différentes.
 Publié le 
source : http://rue89.nouvelobs.com/2015/11/15/paris-beyrouth-pourquoi-cette-compassion-a-geometrie-variable-262107
Il y a, dans le jargon journalistique, une « loi » bien connue, celle du « mort kilomètre » ; une règle qui veut que deux morts dans un accident de métro à Paris ou Londres pèsent plus lourd que 100 morts dans un accident de train à l’autre bout du monde, en Inde ou en Bolivie.
Une loi absolument cynique mais qu’un rédacteur en chef de 20 heures télé connaît parfaitement : un téléspectateur français s’identifiera avec un « commuter » anglais qui a le même mode de vie que lui, pas avec un habitant de Bombay qui, pourtant, va lui aussi bosser.
Appliquée au terrorisme, cette règle connaît quelques variantes qui montrent que ce que nous considérons parfois comme des « émotions collectives planétaires » sont effectivement à géométrie variable : toutes les victimes du terrorisme ne se valent pas dans la bourse aux émotions, et les terroristes l’ont bien compris en ciblant Paris et ses habitants.
Deux exemples de ces perceptions, qui en disent long sur les lignes de fracture et les fossés qu’elles engendrent.
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Beyrouth-Paris, même souffrance ?


24 heures avant Paris, l’Etat islamique autoproclamé a frappé à Beyrouth, plus précisément dans le quartier chiite de Borj el-Barajneh, faisant 43 morts et 239 blessés. C’est l’attentat le plus sanglant dans la capitale libanaise depuis plus de vingt ans.
Le lieu du double attentat à Beyrouth, le 13 novembre 2015
Le lieu du double attentat à Beyrouth, le 13 novembre 2015 - Bilal Hussein/AP/SIPA
Mais cette attaque n’a pas suscité la même émotion que les attaques de Paris par les mêmes auteurs, 24 heures plus tard. Pas de monuments illuminés avec un cèdre, pas de photos de profil barrées de noir sur les réseaux sociaux, pas de veillées à la bougie aux quatre coins du monde.
Très vite, de surcroît, l’attentat de Beyrouth a été occulté par les événements de Paris, sans précédent par leur ampleur et le modus operandi, terrifiants par la froideur de leur exécution.

Pourquoi cette différence de traitement ?

Il aura fallu que quelques personnes s’en émeuvent pour que commence à apparaître le lien entre deux capitales endeuillées : Paris-Beyrouth, même souffrance. D’abord des Libanais, mais aussi ailleurs dans le monde, avec des appel à ne pas oublier le Liban.
Pourquoi cette différence de traitement ? De fait, c’est le même mécanisme de l’identification sociale qui est à l’œuvre, comme dans le « mort kilomètre » des accidents de train.
Tout le monde, de San Francisco à Sydney en passant par Varsovie, peut s’identifier à un jeune Parisien présent à un concert de rock, se souvenir qu’il est allé ou rêve d’aller en vacances à Paris ; personne ne s’identifiera avec l’habitant d’un quartier chiite de Beyrouth (donc « pro-Hezbollah »...), même si c’est un jeune du même âge pas très différent de la victime parisienne...
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Vraies et fausses symétries


Si l’absence relative de compassion pour les victimes de l’attentat de Beyrouth résulte des représentations forgées au fil du temps, il est un autre débat sur la différence de traitement des victimes qui, lui, est plus dérangeant.
C’est celui qu’entretiennent les pro-djihadistes sur les réseaux sociaux. Le site de veille des réseaux djihadistes en ligne Site (Search for International Terrorist Entities) donne ainsi des extraits de discussions autour de cette question.
Un internaute demande à Israfil Yilmaz, un Néerlandais décrit comme combattant de l’Etat islamique, s’il est favorable aux attaques de Paris. Réponse :
« Je suis favorable aux attaques de Paris autant que le gouvernement français est pour le bombardement et la terreur de musulmans innocents en Syrie, en Irak et ailleurs. Ça te va ?
Est-ce que ça te semble cohérent que le sang musulman coule depuis des décennies sans que personne ne s’indigne ? Et pourtant, dès que nous répondons, que nous leur prenons ce qu’ils nous prennent en employant les mêmes méthodes qu’eux, ça devient une grosse affaire. »
Le site recense de nombreuses autres prises de position du même ordre sur les plateformes et réseaux sociaux djihadistes qui, toutes, mettent sur le même plan les victimes d’attaques comme celles qui viennent de se produire à Paris, et les victimes des guerres « impérialistes » dans le monde musulman.

Le discours émoussé des démocraties

Cette symétrie sera jugée insupportable par tout lecteur occidental qui refusera de mettre sur le même plan un acte de terreur absolue comme l’attaque d’une salle d’un concert ou d’un restaurant, et des opérations militaires menées par une armée régulière contre des objectifs théoriquement ciblés et légitimes.
Il est évident, pourtant, que les aventures militaires occidentales de la dernière décennie, en Afghanistan où les « libérateurs » de 2001 se sont imperceptiblement mués en « occupants » aux yeux d’une partie de la population, et surtout l’Irak en 2003 et la Libye en 2011, qui ont provoqué l’effondrement des Etats et un chaos sanglant sans fin, ont affaibli le noble discours des grandes démocraties.
La légitime compassion des Occidentaux pour « leurs » victimes du terrorisme ne devrait pas faire oublier les autres victimes du terrorisme ailleurs, ni l’introspection sur leur propre comportement, en particulier dans les pays arabo-musulmans eux-mêmes.
Ce message de compassion et de solidarité est non seulement « normal », humain pourrait-on dire ; il est aussi le seul moyen de déconstruire le discours des extrémistes qui dénoncent nos hypocrisies pour mieux couvrir leurs propres crimes.

mercredi 18 novembre 2015

Lettre ouverte à François Hollande : "Vous êtes tombé dans le piège, Monsieur le Président" / Open letter to François Hollande: " you fell into the trap, Mister President "

source : http://deredactie.be/cm/vrtnieuws.francais/Politique/1.2496898

Belga
dim. 15/11/2015 - 12:47 David Van Reybrouck (traduction Eric Steffens)L’historien et écrivain flamand David Van Reybrouck publie ce dimanche sur le site de la VRT (deredactie.be) une lettre ouverte adressée au Président français François Hollande. Il estime que la terminologie "d’acte de guerre" utilisée par le président de la République dans son discours de samedi est particulièrement imprudente.
"Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint-Denis près du Stade de France est un acte de guerre et face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées. C’est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech, une armée djihadiste, contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde, contre ce que nous sommes : un pays libre qui parle à l’ensemble de la planète. Un acte de guerre préparé, planifié, depuis l’extérieur avec des complicités intérieures. Un acte de barbarie absolue" a déclaré le Président Hollande.
Dans sa lettre ouverte, David Van Reybrouck écrit partager entièrement la dernière phrase du président, mais que le reste de son discours est la répétition presque mot pour mot de ce que le président américain G.W. Bush déclarait peu après les attentats du 11 septembre devant le Congrès : "Le 11 septembre, les ennemis de la liberté ont commis un acte de guerre contre notre pays".
"Les conséquences de ces paroles sont connues. Celui qui en tant que chef d’Etat qualifie un événement d'acte de guerre doit avoir une réaction en conséquence. Cela a conduit à l’invasion de l’Afghanistan, ce qui peut encore être justifié puisque ce régime avait donné asile au mouvement Al Qaïda et que l’ONU avait donné son accord. Mais ensuite ce fut l’invasion complètement folle de l’Irak, sans mandat de l’ONU, simplement parce que les Etats-Unis soupçonnaient ce pays de posséder des armes de destruction massive. Mais il n’y en avait pas, et cette invasion a conduit à une totale déstabilisation de la région, aujourd’hui encore. Après le départ des troupes américaines en 2011, il y eut un vide de pouvoir.
Et lorsqu’éclata quelques temps après une guerre civile dans la Syrie voisine, dans le sillage du Printemps arabe, on s’est rendu compte à quel point l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis avait été néfaste. Au Nord-Ouest de l’Irak et à l’Est de la Syrie, il y avait à présent assez d’espace pour la création d’un troisième acteur sur le terrain, l’Etat Islamique, l’IS.
En résumé, sans la stupide invasion de l’Irak par George Bush, il n’y aurait jamais eu d’Etat islamique. Nous étions des millions dans le monde à manifester contre cette invasion, j’y étais aussi", écrit David Van Reybrouck, "et nous avions tout simplement raison. Non pas que nous pouvions lire l’avenir. Mais à présent c’est clair : ce qui s’est passé vendredi soir à Paris est une conséquence indirecte de la rhétorique guerrière de votre collègue George Bush en septembre 2001.
Et que faites-vous de votre côté ? Comment réagissez-vous moins de 24 heures après les attentats de Paris ? En utilisant exactement la même terminologie que votre homologue américain de l’époque.
Vous êtes tombé dans le piège, les yeux grands ouverts, Monsieur le Président, parce que des élections se profilent, en France, et que vous sentez dans votre cou le souffle de Nicolas Sarkozy et de Marine Le Pen". (…)
"Votre analyse d’une armée terroriste n’est pas correcte. Le terme que vous utilisez d’acte de guerre est particulièrement tendancieux, même si cette rhétorique guerrière est reprise de manière éhontée par Mark Rutte aux Pays-Bas, et par Jan Jambon en Belgique.
Dans votre tentative d’apaiser la nation, vous rendez le monde moins sûr. Dans votre tentative d’utiliser un langage belliqueux, vous avez montré votre faiblesse. Il y a d’autres formes de fermeté que le langage guerrier. Après les attentats en Norvège, le Premier ministre Stoltenberg avait appelé à plus de démocratie, à une plus grande ouverture et plus de participation. Dans votre discours vous avez cité la liberté. Vous auriez dû aussi faire référence aux deux autres valeurs défendues par la République : l’égalité et la fraternité. Deux valeurs dont nous avons plus besoin en ce moment que de votre inquiétante rhétorique guerrière".
David Van Reybrouck est l'auteur de "Congo, une histoire" chez Actes Sud, pour lequel il a obtenu le Prix Médicis Essai 2012.

mardi 17 novembre 2015

Morts pour le pétrole – Communiqué d’A Manca / Died for the oil - Communiqué of A Manca


source : http://www.anti-k.org/2015/11/16/morts-pour-le-petrole-communique-da-manca/


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Communiqué paru le 15 novembre – Site NPA

A Manca condamne sans réserve aucune les actions criminelles perpétrées à Paris. Nos pensées vont aux familles et aux proches des victimes. Frappées par la douleur, l’incompréhension, en proie à la révolte et  à la colère, ces familles rejoignent le sinistre cortège qui s’étire depuis des décennies sous d’autres cieux.
Les assassinats de masse qui se sont déroulés dans les rues de Paris sont aussi subis par les populations de Palestine, d’Irak, de Syrie, du Niger , du Nigeria et du Cameroun, pour ne citer que ces pays. C’est en effet par centaines de milliers que des femmes, des hommes et des enfants sont déjà tombés. Et il est à craindre que faute de solutions politiques, les mêmes causes produisent les mêmes effets, y compris au sein de pays éloignés des épicentres actuels.
Notre indignation n’est pas sélective. Elle vaut pour tous les peuples, pour tous les êtres humains qui sont pris en étau dans des logiques infernales. Pris en étau en effet, entre les politiques poursuivies par les Etats occidentaux, eux mêmes instruments des multinationales, et des mouvements politiques fondamentalistes fondés sur l’obscurantisme et des thèses propres à toutes les idéologies réactionnaires et totalitaires.
Une origine sur le théâtre proche-oriental
Le sort infligé au peuple palestinien, les guerres dites du Golfe, le soutien permanent à des dictatures, à des bandes armées, sont autant de faits directement à l’origine des événements que nous vivons aujourd’hui et qui manqueront pas de se produire à nouveau. Les Etats occidentaux, leurs gouvernements successifs et leurs complices locaux portent une responsabilité originelle écrasante dans les carnages actuels.
Depuis les lendemains de la Première Guerre mondiale, les puissances impérialistes, américaine, française et britannique, exercent leur domination sur l’ensemble de la région. Le pétrole constitue rappelons-le l’essentiel des motivations de ces Etats. Depuis lors, tout a été mis en œuvre pour garantir les intérêts des grandes compagnies pétrolières.
Ces politiques scélérates ne peuvent en aucune manière être occultées. La propagande qui vise à présenter les conflits du Moyen-Orient comme un « choc » de civilisations, ne vise qu’un objectif : souder les populations des pays riches sous la bannière de leurs Etats et plus précisément sous celle des classes dirigeantes.
Le discours sur les « vertus  démocratiques » de l’actuelle république française n’est pas sans rappeler le discours de la propagande coloniale qui visait lui à promouvoir au XIXème et XXème siècles les « vertus civilisatrices »  de la France, « patrie des droits de l’Homme ». L’histoire témoigne d’une autre réalité : celle de l’exploitation des hommes et des richesses naturelles par la plus grande entreprise mafieuse qui soit: l’impérialisme.

Mettre en œuvre une politique alternative
La récupération du drame survenu à Paris par les dirigeants occidentaux consiste à obtenir un consensus afin de poursuivre leur politique au Moyen-Orient.
Nous dénonçons ces tentatives démagogiques et nous appelons à refuser cette logique impérialiste qui ne peut qu’engendrer encore plus d’injustice et  donc de violences meurtrières.
Une politique alternative passe par la reconnaissance des droits du peuple palestinien et kurde et par le soutien aux forces progressistes de ces régions. Elle passe tout autant par des mobilisations afin d’exiger l’arrêt des logiques prédatrices perpétrées par les Etats occidentaux et leurs maîtres  issus du monde de la finance.
Une politique alternative passe nécessairement par la prise de conscience du plus grand nombre  des citoyens au sein des sociétés occidentales : ce qui est advenu à Paris se situe à un degré largement dépassé, et ce depuis des années, à Gaza, et à Bagdad, pour ne citer que ces lieux. Cela n’enlève rien aux horreurs commises à Paris mais personne n’ignore dans quel chaos vivent des millions de femmes et d’hommes dans les pays du Moyen-Orient.
Ce sont, faut-il encore le préciser, les gouvernements américains qui ont armé Ben Laden et les talibans. Ce sont les Etats américains, français et britanniques qui ont armé les troupes de Saddam Hussein en entretenant ainsi le conflit Irako-Iranien. C’est Georges Bush qui a déclenché une guerre en envahissant pour la deuxième fois l’Irak, et ce en usant de contre-vérités, aujourd’hui connues de tous. L’État théocratique et ultra-libéral d’Arabie Saoudite et ses homologues du Golfe, violent sans vergogne tous les droits de l’Homme et sont néanmoins protégés par les puissances impérialistes. Dans ces pays, les exécutions sommaires, le déni des droits des femmes, l’interdiction de se constituer en parti ou syndicat fondent la carte d’identité politique des régimes en place.
Les États laïcs d’Irak, de Lybie et de Syrie n’ont donc pas été démantelés par les Occidentaux sur le critère de respect des droits de l’Homme.
Depuis cinquante ans, le Peuple palestinien est spolié, exilé et privé d’existence. Cette politique est certes poursuivie par l’État israélien, mais elle bénéficie également du soutien politique, économique et militaire des États-Unis et de la complicité de la majorité des États Occidentaux.
Nous tenons à rappeler que les mouvements progressistes et/ ou révolutionnaires du monde arabe ont fait l’objet d’une impitoyable répression organisée par les Etats occidentaux qui n’ont pas hésité pour se faire à armer et soutenir des systèmes dictatoriaux. Des courants fondamentalistes minoritaires ont été également les instruments de ces politiques, qu’ils soient au pouvoir comme dans les Etats du Golfe, ou constitués en bandes armées comme c’est le cas aujourd’hui en Syrie.
La propagande et son florilège de mensonges et de manipulations ne peuvent en aucun cas dissimuler que c’est pour le pétrole au Moyen-Orient et les richesses minières dans d’autres contrées d’Afrique que sont organisés, mis en œuvre et entretenus tous les conflits régionaux. Les vrais maîtres du monde sont les multinationales et les cercles de la finance qui tirent des profits colossaux de l’exploitation des hommes et des ressources naturelles.
La guerre est effectivement une réalité pour des centaines de millions d’hommes et de femmes. La logique infernale veut que le théâtre des affrontements  se trouve également au cœur même de nos sociétés. Cette logique se nourrit aussi de la précarité croissante, de la dépolitisation de masse et du consumérisme généralisé  qui touche l’ensemble de nos sociétés européennes en voie de dé-idéologisation, cibles de choix du capitalisme mondialisé triomphant. Dans les Etats occidentaux, on voit d’ailleurs partout se réduire comme peau de chagrin toutes les politiques publiques sociales, d’éducation ou de santé à même de contrecarrer les effets délétères de ce libéralisme. Mais des questions restent en suspens : qui vend les armes? Qui commerce avec les dictatures théocratiques? Qui achète, y compris à Daesh, le pétrole?

Les pièges de l’unité nationale
En tant que travailleurs, en tant que militants du droit à l’autodétermination du peuple corse, en tant que militants anti-impérialistes et anticolonialistes, nous rejetons l’appel à l’unité nationale, lancé par la classe politique française. Nous refusons d’exiger des moyens supplémentaires destinés à renforcer les appareils, policiers, judiciaires et militaires comme viennent de le demander Jean-Luc Mélenchon et ses amis.
Nous condamnons sans ambiguïté aucune tous les propos racistes, toutes les stigmatisations et tous les amalgames dont sont déjà victimes les personnes, croyantes ou non, issues du monde arabe. Nous dénonçons les actions des fascistes  qui  brandissent l’argument prétendument religieux et cherchent à couper les hommes et les femmes issues de l’immigration du reste de nos sociétés.
Nous nions à toutes les religions le droit d’intervenir directement ou indirectement dans le champ des affaires publiques.
Ces guerres ne sont pas les nôtres. En repoussant toute forme de démagogie, nous affirmons que les faits qui viennent de se dérouler sont également la conséquence de la faiblesse des mobilisations, dans le champ des luttes, qu’elles soient sociales, antiracistes ou anti-impérialistes. Nos sociétés consomment les produits directs ou dérivés de l’industrie pétrolière. Les richesses produites ne sont pas équitablement redistribuées. Captées par des forces économiques, elles sont confisquées y compris par le moyen des armes.
Chaque fois qu’une bombe éclate à Damas, chaque fois qu’un hôpital ou des habitations sont rasés à Gaza, chaque fois que des combattants kurdes espèrent notre solidarité, il nous faut répondre présents.
Comme il nous faut répondre présents, chaque fois que le racisme, la xénophobie et toutes les formes de discriminations confinent des populations entières à la périphérie de nos sociétés.
C’est à ces seules  conditions que l’espoir d’une paix durable peut émerger.
A Manca
http://www.npa2009.org/idees/societe/communique-da-manca-morts-pour-le-petrole