"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
Frédéric Taddeï est animateur de télévision et de radio, il a animé pendant 10 ans des débats sur France 3, puis France 2 dans la mythique émission « Ce soir (ou jamais !) ». Il a entre autre présenté pendant 4 ans « Interdit d’interdire » sur RT France, qui n’est plus accessible depuis la guerre en Ukraine. Il dirige aujourd’hui une agence de production de contenus de podcastes : Lymédias.
Il livre à Olivier Berruyer pour Élucid son témoignage sur ses années de télévision, sa vision du journalisme et de l’époque, le déclin potentiel de l’occident, rappelant toujours que la meilleure manière de comprendre le monde est de mettre ses opinions de côté, et de penser contre soi-même.
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Frédéric Taddeï reçoit : Pacôme Thiellement, essayiste, romancierEmmanuelle Gave, avocate, directrice de l'Institut des Libertés
Audrey Vernon, humoriste et comédienne
Antoine Buéno, écrivain
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A propos des chambres à gaz, Chouard s'explique sur Sud Radio
Gilad Atzmon rencontre Robert Faurisson - 10 juin 2014 / Gilad Atzmon meets Robert Faurisson - June 10th, 2014. Un entretien entre deux personnalités sulfureuses... qui ne laissera personne indifférent.
Cette rencontre est forcément troublante : Atzmon, musicien et militant antisioniste britannique d'origine israélienne dialogue avec Faurisson, un historien révisionniste vivant en France [décédé en octobre 2018].
L'intérêt de visionner cette rencontre ? Tenter de décrypter l'actualité, s'émanciper, se former, s'informer, (s)'interroger.
Pour paraphraser Luz, cet entretien, démerdons-nous avec, sans la police de la pensée, sans haine et sans violence.
Présentation des deux intervenants selon Wikipédia (bien entendu, ne vous contentez pas de cette source) :
Gilad Atzmon : "Gilad Atzmon (en hébreu גלעד עצמון, né le 9 juin 1963) est un jazzman et militant antisioniste britannique, né en Israël et résidant actuellement à Londres.
Musicalement, il a collaboré avec Shane McGowan, Robbie Williams, Sinéad O'Connor, Robert Wyatt et Paul McCartney.
Politiquement, il est un partisan affirmé de l'antisionisme, et de l'antijudaisme ; il considère ainsi le judaïsme comme une« idéologie qui mène le monde à une catastrophe et nous devons arrêter (la catastrophe) »1. C'est un partisan d'Israël Shamir2 et Paul Eisen2, des anti-sionistes et un pro-palestinien. En 2008, il considère les sionistes comme responsables du krach financier3. Il est également sujet de controverses, qualifié d'antisémite par une autre partie des militants pro-palestiniens et antisionistes4,5, il se défend de tout antisémitisme déclarant n'avoir rien contre les individus6." Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilad_Atzmon
Robert Faurisson : "Robert Faurisson, né le 25 janvier 1929, est un militant négationniste français réputé antisémite et proche de l'extrême droite ainsi que des mouvancesnéonazies. Initialement enseignant en lettres à l'université dans les années 1970, il devient, au début des années 1980, l'acteur continu d'une série de scandales et de procès médiatiques. Sa recherche de célébrité contribue à en faire une icône des négationnismes d'extrême droite mais aussi d'ultra-gaucheen France dans les années 1980 et 1990, puis plus largement d'une partie de l'antisionisme des années 2000, en Occident comme dans le monde arabo-musulman.
Il ajoute au négationnisme fondateur de Paul Rassinier et de Maurice Bardèche, déjà consacré au mythe du « complot juif » destiné à culpabiliser les États occidentaux et à les contraindre à financer l’État d'Israël, la fixation sur le motif emblématique de la négation de l'existence des chambres à gaz. Il y contribue également avec l'apparente crédibilité d'une démarche hypercritique pseudo-scientifique, unanimement disqualifiée sur le plan académique, qui le fait finalement qualifier de « faussaire de l'histoire » par Robert Badinter, notamment à travers plusieurs affaires judiciaires. Il est condamné à plusieurs reprises en France pour « incitation à la haine raciale » et « contestation de crime contre l'humanité »." Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Faurisson
Autre lien de l'entretien :
http://www.dailymotion.com/video/x2e7359_gilad-atzmon-rencontre-robert-faurisson-10-juin-2014_school?start=5
Un autre entretien avec Faurisson
Un site parmi d'autres s'intéressant de près à Faurisson et aux "détails" de la Shoah : http://www.phdn.org/ Chomsky et l'affaire Faurisson
Son droit de le dire
Publié le
Suite à la mort du révisionniste Robert Faurisson, il est bon de rappeler que l'intellectuel américain d'extrême gauche et d'origine juive Noam Chomsky a soutenu son droit à exprimer ses conclusions historiques bien qu'il ne soit pas d'accord avec elles selon le principe de Voltaire "Je ne suis pas d'accord avec vos idées mais je me battrais pour que vous ayez le droit de les exprimer". Outrée par cela, l'intelligentsia française de gauche s'est déchainée contre Chomsky et l'a traité de tous les noms d'oiseau imaginables. Noam Chomsky a alors écrit un article expliquant sa prise de position.
Noam Chomsky en 1977
Note de La Gazette du Citoyen: Nous ne soutenons en rien la thèse de Robert Faurisson comme quoi les chambres à gaz n'auraient jamais existé. Nous croyons en l'existence d'un plan nazi pour exterminer les populations juive d'Europe et en l'utilisation des chambres à gaz pour l'exécuter. Mais nous soutenons Noam Chomsky dans son appel à la liberté d'expression qui ne doit être, selon nous, bafouée dans aucun cas. C’est la raison de la publication de cet article.
Ci-dessous, l'article de Chomsky
Son droit de le dire
Par Noam Chomsky pour The Nation le 28 février 1981
Un article du New York Times concernant mon implication dans "l'affaire Faurisson" était intitulé "French Storm in a Demitasse". Si l'intention était de laisser entendre que ces événements ne méritent même pas d'être qualifiés de "tempête dans une tasse de thé", je suis enclin à accepter. Néanmoins, des torrents d'encre ont été déversés en Europe, et même ici [aux Etats-Unis]. Peut-être, étant donné le caractère obscur de la couverture de cette histoire, il me serait utile de présenter les faits basiques tels que je les comprends et de dire quelques mots sur les principes qui s'en dégagent.
À l'automne 1979, Serge Thion, un érudit socialiste libertaire opposé à toutes les formes de totalitarisme du pouvoir, signa une pétition appelant les autorités à assurer la "sécurité et le libre exercice des droits légaux de Robert Faurisson." La pétition ne dit rien sur ses "études sur l'holocauste" (il nie l'existence de chambres à gaz ou d'un plan systématique de massacre des juifs et met en doute l'authenticité du journal d'Anne Frank), et insiste sur le fait qu'il s'agissait "d’efforts visant à priver le professeur Faurisson de sa liberté de parole et d’expression". Elle ne précisait pas les mesures prises à son encontre, notamment la suspension de son poste d’enseignant à l’Université de Lyon suivit d'une menace de violences et d'un prochain procès en justice pour falsification de l'histoire et des dommages infligés aux victimes du nazisme.
La pétition a suscité de nombreuses protestations. Dans le Nouvel Observateur, Claude Roy a écrit que "l’appel lancé par Chomsky" soutenait les vues de Faurisson. Roy affirmait que ma prétendue prise de position était une tentative de démontrer que les États-Unis ne peuvent être distingués de l'Allemagne nazie. Dans la revue Esprit, Pierre Vidal-Naquet a trouvé la pétition "scandaleuse" au motif qu'elle "présentait les conclusions [de Faurisson] comme s'il s'agissait de découvertes". Vidal-Naquet a mal interprété une phrase de la pétition intitulée "Depuis qu'il a fait ses conclusions publiques, le professeur Faurisson a été soumis à…". Le terme "conclusions" est assez neutre. On peut dire sans contradiction: "Il a rendu ses conclusions publiques et elles ont été jugées sans valeur, sans pertinence, falsifiées…". La pétition n’impliquait en rien la qualité du travail de Faurisson, qui n’était pas pertinente pour les questions soulevées.
Thion m'a ensuite demandé de rédiger une brève déclaration sur les aspects purement civils de cette affaire, qui concernent les libertés civiles. Je l'ai fait, en lui disant de l'utiliser comme il le souhaitait. Dans cette déclaration, j’ai clairement indiqué que je ne discuterais pas de l’œuvre de Faurisson, car je n’en ai qu’une connaissance limitée (et, franchement, j'ai peu d’intérêt pour elle). Je me suis plutôt limité aux questions de libertés civiles et aux implications du fait qu'il était même nécessaire de rappeler les célèbres paroles de Voltaire dans une lettre à M. le Riche: "Je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerais ma vie à rendre possible pour vous de continuer à écrire."
Les conclusions de Faurisson sont diamétralement opposées aux opinions que je soutiens et que j’ai fréquemment exprimées (par exemple, dans mon livre "Peace in the Middle East" où je décris l’holocauste comme "la plus fantastique explosion de folie collective dans l’histoire humaine"). Mais il est élémentaire que la liberté d'expression (y compris la liberté académique) ne soit pas limitée aux vues que l'on approuve et que c'est précisément dans le cas d'opinions presque universellement méprisées et condamnées que ce droit doit être défendu avec la plus grande vigueur. Il est assez facile de défendre ceux qui n'ont pas besoin d'être défendu ou de se joindre à la condamnation unanime (et souvent justifiée) d'une violation des droits civils par un ennemi officiel.
J'ai appris par la suite que ma déclaration devait paraître dans un livre dans lequel Faurisson se défendait des accusations qui devaient être portées bientôt contre lui. Ce n'était pas mon intention, mais ce n'était pas contraire à mes instructions. J'ai reçu une lettre de Jean-Pierre Faye, écrivain et militant anti-fasciste bien connu, qui a souscrit à ma position mais m'a prié de ne pas m'exprimer car le climat de l'opinion en France était tel que ma défense du droit de Faurisson à exprimer ses points de vue seraient interprétés comme un soutien pour ces derniers. Je lui ai écrit que j'acceptais son jugement et demandais que ma déclaration ne paraisse pas. Mais qu'il était trop tard pour arrêter la publication.
Certaines parties de ma lettre à Faye ont paru dans la presse française et ont été largement citées, mal citées et soumises à des interprétations fantastiques. Il a été rapporté, par exemple, que j'avais répudié mes propos après avoir appris qu'il y avait de l'antisémitisme en France et que je changeais d'avis à cause de coupures de presse françaises (dans la même lettre, j'avais demandé à Faye de m'envoyer des coupures sur un autre sujet). Ma lettre personnelle à Faye était incompréhensible pour quiconque n’avait pas lu la lettre originale de Faye pour moi; un appel téléphonique aurait rapidement clarifié les faits.
Le tumulte qui a suivi suscite un certain intérêt. Dans Le Matin (journal soutenant le Parti socialiste), Jacques Baynac a écrit que mon erreur fondamentale a été de "défendre, au nom de la liberté d'expression, le droit de se moquer des faits" - des "faits" déterminés vraisemblablement par un collège de commissaires ou un conseil copiant l'Inquisition. Ma longue discussion sur les implications de cette doctrine provenait de la version parfois reconnaissable de l'entretien avec moi publié dans Le Matin. Dans Le Monde, le rédacteur de la revue Esprit, Paul Thibaud, a écrit que j’avais condamné "toute l’intelligentsia française", en lançant une "accusation générale" contre "les Français" sans réserve. Alberto Cavallari, correspondant à Paris du Corriere della Sera est allé encore plus loin, affirmant que j'avais condamné toute la "culture française". L'article se distingue par une série de citations fabriquées destinées à établir cette allégation et d'autres. Ce que j’ai écrit, c’est que même si je faisais quelques commentaires sévères à propos de “certains segments de l’intelligentsia française" (certes, ce que j'ai dit ne s’applique pas à beaucoup d’autres qui maintiennent un engagement ferme en faveur de l’intégrité intellectuelle) cela allait être mal interprété comme par exemple s'appliquant au-delà de leur champ d'application spécifique." Des qualifications similaires ont été prises dans "l'interview" trafiquée publié dans Le Matin, permettant ainsi aux éditeurs d'alléguer que je décrive la France comme "totalitaire".
Cavallari a ensuite expliqué que ma rage contre "la culture française" tient à son refus d'accepter la théorie selon laquelle la linguistique prouve que "le goulag descend directement de Rousseau" et d'autres idées idiotes qu'il choisit de m'attribuer pour des raisons mieux connues de lui-même que de moi. Dans le Nouvel Observateur, Jean-Paul Enthoven propose une explication différente: je soutiendrais Faurisson parce que ma "théorie instrumentale du langage, la "grammaire générative"… ne permettrait pas de penser à l'inimaginable, à savoir l'holocauste". Cavallari et lui, entre autres, expliquent plus loin que ma défense de Faurisson est un cas d'extrême gauche rejoignant l'extrême droite, un phénomène auquel ils consacrent de nombreux mots d'oiseaux. Dans Le Matin, Catherine Clément explique mon comportement étrange au motif que je suis un "parfait Bostonien", "un homme froid et distant, sans contacts sociaux réels, incapable de comprendre l'humour américano-juif, qui s'appuie fortement sur le yiddish". Pierre Daix explique dans Le Quotidien de Paris que j'ai repris les causes de la gauche pour me "dégager" des implications réactionnaires de mon "innéisme". Et ainsi de suite, à peu près toutes au même niveau.
Pour illustrer la bassesse du débat, après avoir constaté que le commentaire de Vidal-Naquet cité plus haut reposait sur un malentendu, il a réimprimé son article dans un livre (Les Juifs, F. Maspero), en éliminant le passage que j'avais cité et en ajoutant une annexe dans laquelle il prétend faussement que "l'erreur en question n'était apparue que dans un précédent projet", que je suis accusé d'avoir cité de manière illégitime. L'exemple est malheureusement assez typique.
Un certain nombre de critiques (par exemple Abraham Forman de la Ligue anti-diffamation dans Le Matin) soutiennent que le seul problème est le droit de Faurisson de publier et que cela n’a pas été refusé. Le problème, cependant, est sa suspension de l'université en raison de menaces de violence à son encontre et son procès. Il est intéressant de noter que son avocat, Yvon Chotard, qui le défend pour des motifs de liberté d’expression et le droit à avoir un avocat de son choix, a été menacé d’être expulsé de l’organisation antifasciste qui traduit en justice Faurisson.
Comme Faye l'avait prédit, beaucoup se sont montrés incapables de faire la distinction entre défense du droit à la liberté d'expression et défense des opinions exprimées - et pas seulement en France. Dans The New Republic, Martin Peretz a conclu à mon désintérêt exprimé pour le travail de Faurisson que je serais un "agnostique" de l’Holocauste et un "imbécile" quant au génocide. Il affirme en outre que je refuse la liberté d'expression à mes adversaires, évoquant mon commentaire selon lequel on se dégrade en entamant un débat sur certaines questions. En bref, si je refuse de débattre avec vous, je restreins votre liberté. Il prend soin de dissimuler l'exemple que j'ai cité: celui de l'holocauste.
Beaucoup d’écrivains trouvent scandaleux que je soutienne le droit à la liberté d’expression de Faurisson sans analyser soigneusement son travail, une doctrine étrange qui, si elle était adoptée, bloquerait effectivement la défense des droits civils pour ceux qui ont des opinions impopulaires. Faurisson ne contrôle pas la presse ou les bourses françaises. Les moyens et les occasions de réfuter ou de condamner ses écrits ne manquent certainement pas. Comme je l’ai dit, mon propre point de vue opposé au sien est clairement consignés au compte rendu. Aucune personne rationnelle ne condamnera un livre, aussi étrange que ses conclusions puissent paraître, sans au moins le lire attentivement; et dans ce cas, vérifier la documentation proposée, etc. L’une des critiques les plus étranges a été qu’en refusant d’assumer cette tâche, je révèle que je n’ai aucun intérêt pour six millions de Juifs assassinés, critique qui, si elle est valable, s’applique à quiconque partage mon désintérêt pour l’examen du travail de Faurisson. Celui qui défend le droit à la liberté d’expression n’assume aucune responsabilité particulière d’étudier ou même de se familiariser avec les opinions exprimées. Par exemple, j'ai souvent signé des pétitions en faveur de dissidents d’Europe de l’Est soumis à la répression ou à des menaces, ignorant souvent leur point de vue et s'en souciant peu. Je ne me souviens d'aucune critique de cette position.
Ce dernier point mérite d’être commenté plus avant. J'ai adopté des positions beaucoup plus controversées que celles-ci en faveur des libertés civiles et de la liberté académique. Au plus fort de la guerre du Vietnam, j'ai publiquement déclaré que les personnes que je considère comme de véritables criminels de guerre ne devraient pas se voir refuser le droit d'enseigner pour des motifs politiques ou idéologiques, et j'ai toujours adopté la même position à l'égard des scientifiques qui "prouvent" que les Noirs sont génétiquement inférieurs, dans un pays où leur histoire est peu agréable et où de tels points de vue sont souvent utilisés par les racistes et les néonazis. Quoi que l’on pense de Faurisson, personne ne l’accuse d’être l’architecte de grands crimes de guerre ou d’affirmer que les Juifs sont génétiquement inférieurs (bien que cela n’ait aucun rapport avec la question des libertés civiles). Dans ses écrits il parle de "l’insurrection héroïque du ghetto de Varsovie" et loue ceux qui "ont combattu avec courage contre le nazisme" pour "la bonne cause". J'ai même écrit en 1969 qu'il serait erroné d'interdire la recherche sur la contre-insurrection dans les universités, alors qu'elle était utilisée pour assassiner et détruire, une position que je ne suis pas sûre de pouvoir défendre. Ce qui est intéressant, c’est que ces positions beaucoup plus controversées n’ont jamais suscité le moindre mouvement de protestation, ce qui montre que le refus d’accepter le droit à la liberté d’expression sans représailles et l’horreur lorsque d’autres la défendent, sont plutôt sélectifs.
La réaction du PEN Club à Paris est également intéressante. Le PEN dénonce mes affirmations au motif qu’elles ont fait connaître l’écriture de Faurisson à un moment où l’antisémitisme fait son apparition. Il est étrange qu’une organisation consacrée à la liberté d’expression des auteurs soit exercée uniquement parce que la défense de Faurisson contre les accusations portées contre lui est publique. De plus, si la publicité est faite à Faurisson, c'est parce qu'il est traduit en justice (vraisemblablement dans le but de traiter des questions en litige) et parce que la presse a choisi de créer un scandale à propos de ma défense de ses droits civils. À de nombreuses reprises, j'ai écrit de véritables préfaces et mentions pour des livres en France - des livres non lus et inconnus, comme c'est généralement le cas pour mes propres écrits. Ce dernier fait est illustré, par exemple, par Thibaud, qui affirme que je préconisais "de confier la liberté vietnamienne à la bonne volonté supposée des dirigeants du Nord". En fait, mes écrits sur la guerre étaient essentiellement consacrés à l'attaque américaine contre la société paysanne du Sud (et plus tard aussi du Laos et du Cambodge), qui visait à saper les propositions de neutralisation du Front de libération nationale et d’autres, et à détruire la société rurale dans laquelle le FNL était basé, et j’ai justement averti que "cet effort créera une situation dans laquelle, effectivement, le Nord-Vietnam dominera nécessairement l'Indochine, car aucune autre société viable ne restera".
Les falsifications ignorantes de Thibaud mettent en évidence l’un des véritables facteurs à la base de cette affaire. Un certain nombre de ces critiques sont d'anciens staliniens, ou des personnes comme Thibaud, capable d'écrire qu'avant Soljenitsyne, "tous les récits antérieurs" sur le "soviétisme" se situaient dans le cadre trotskiste (revue Esprit). Les intellectuels qui ont récemment pris conscience de la possibilité d'une critique anti-léniniste méconnaissent souvent systématiquement les discussions sur les mouvements révolutionnaires et les tentatives de les écraser qui n'ont jamais utilisé les hypothèses qu'ils associent à la gauche. Thibaud, par exemple, ne comprend pas pourquoi je ne partage pas sa conviction que Lénine, Staline et Pol Pot démontrent "l'échec du socialisme". Beaucoup d'intellectuels de gauche ou d'ex-gauche semblent ignorer que je n'ai jamais considéré les mouvements léninistes comme ayant quelque chose à faire. avec le "socialisme" au sens le plus significatif du terme; ou que, ayant grandi dans la gauche libertaire anti-léniniste, connaissant depuis l'enfance des œuvres dont Thibaud n'a jamais entendu parler, je ne suis pas impressionné par leurs récentes conversions et je ne souhaite pas participer à leurs nouvelles croisades, qui me paraissent souvent moralement douteuses et intellectuellement superficielles. Tout cela a conduit à beaucoup d'amertume de leur part qui n'a rien d'une infime tromperie.
En ce qui concerne la recrudescence de l'antisémitisme ou des atrocités racistes à laquelle se réfère le PEN Club, on peut se demander si la réponse appropriée à la publication d'informations pouvant servir à renforcer la violence et l'oppression racistes consiste à nier les droits civils. Ou est-ce plutôt de rechercher les causes de ces développements pervers et de travailler à les éliminer? Pour une personne qui défend les idées fondamentales professées dans les démocraties occidentales ou qui est sérieusement préoccupée par les véritables maux auxquels nous sommes confrontés, la réponse semble claire.
En fait, il existe des manifestations de "révisionnisme" bien plus dangereuses que celles de Faurisson. Considérez l’effort visant à démontrer que les États-Unis n’ont commis aucun crime au Vietnam et qu’ils n’étaient coupables que "d'erreur intellectuelle". Ce "révisionnisme", contrairement à celui de Faurisson, est soutenu par les grandes institutions et a toujours été la position de la plupart des intelligentsias et a des conséquences politiques très directes et laides. Devrions-nous alors demander que les personnes qui défendent cette position devraient être suspendues d'enseigner et traduites en justice? La question est, bien sûr, académique. Si on compare avec l'affaire Faurisson, si la version de la doctrine Jdanov était mise en avant après avoir été adoptée par des personnes disposant d'un réel pouvoir, ce ne seraient pas les "révisionnistes sur le Vietnam" qui seraient punis.
Je ne veux pas laisser l'impression que l'ensemble de la presse française a été un théâtre de l'absurde ou s'est engagé à défendre des points de vue tels que ceux qui ont été examinés. Quelques personnes ont pris une position claire et honorable. C'est ainsi qu'Alfred Grosser, suivant ce qu'il pense être ma position, écrit dans Le Quotidien de Paris: "Je trouve choquant que M. Faurisson soit empêché d'enseigner la littérature française à l'Université de Lyon sous prétexte que sa sécurité ne peut être garantie."
Barbara Spinelli écrit dans la revue libérale de gauche italienne Repubblica que le véritable scandale de cette affaire est le fait qu'un petit nombre de personnes affirme publiquement leur soutien au droit d'exprimer des idées même si celles-ci se trouvent diamétralement opposées aux idées presque universellement vénérées. Ma propre observation est différente. Il me semble même scandaleux qu'il soit même nécessaire de débattre de ces questions deux siècles après que Voltaire eut défendu le droit à la liberté d'expression pour des opinions qu'il détestait. Adopter une doctrine similaire à celle de leurs assassins n’est guère utile à la mémoire des victimes de l’Holocauste.
Quelques réflexions intéressantes de Tatiana Ventôse pour éviter la division entre les gens du peuple : les beaufs populistes, les fachos, les rouge-bruns, les bobos citadins, les progressistes, les antifas, etc.
François Asselineau nous propose une mise en perspective historique des gilets jaunes en rappelant ce que fut la grande Jacquerie de 1358, une révolte populaire née du sentiment que la France n'était plus dirigée par leur souverain mais par l'étranger (de 00:07 à 24:59)
+ à 1:05:24 François Asselineau invite les Gilets Jaunes à inciter les députés et sénateurs pour qu'ils déclenchent la procédure de destitution du président par l'art. 68 de la constitution
Interdit d'interdire, l'émission de Frédéric Taddéï : les gilets jaunes sont-ils tous ce que l'on dit qu'ils sont ?
Nicolas Hulot, la transition écologique et les gilets jaunes
En résumé, il estime qu'il faut prendre en compte les fins de mois et la fin du monde dans la solidarité et l'équité fiscale
Qui sont les gilets jaunes / Aude Lancelin interroge François Jarrousseau, auteur de l'illusion nationale
https://youtu.be/Kn1l9gTihFo
La gauche kérosène
Une lettre à propos du mouvement des Gilets jaunes
Le 21 novembre 2018
Chers Amis,
Juste ces quelques mots très brefs et donc très lapidaires – car ici, on est un peu débordés par la préparation de l’hiver (bois à couper, plantes et arbres à pailler etc.). Je suis évidemment d’accord avec l’ensemble de vos remarques, ainsi qu’avec la plupart des thèses de Lieux communs (seule la dernière phrase me paraît un peu faible en raison de son « occidentalisme » : il existe aussi, bien entendu, une véritable culture de l’émancipation populaire en Asie, en Afrique ou en Amérique latine !).
Le mouvement des « gilets jaunes » (bel exemple, au passage, de cette inventivité populaire que j’annonçais dans Les Mystères de la gauche) est, d’une certaine manière, l’exact contraire de « Nuit Debout ». Ce dernier mouvement, en simplifiant, était en effet d’abord une tentative – d’ailleurs encouragée par une grande partie de la presse bourgeoise – des « 10 % » (autrement dit, ceux qui sont préposés – ou se préparent à l’être – à l’encadrement technique, politique et « culturel » du capitalisme moderne), pour désamorcer la critique radicale du Système, en dirigeant toute l’attention politique sur le seul pouvoir (certes décisif) de Wall Street et des fameux « 1 % ». Une révolte, par conséquent, de ces urbains hypermobiles et surdiplômés (même si une fraction minoritaire de ces nouvelles classes moyennes commence à connaître, ici ou là, une certaine « précarisation ») et qui constituent, depuis l’ère Mitterrand, le principal vivier dans lequel se recrutent les cadres de la gauche et de l’extrême gauche libérales (et, notamment, de ses secteurs les plus ouvertement contre-révolutionnaires et antipopulaires : Regards, Politis, NP“A”, Université Paris VIII etc.). Ici, au contraire, ce sont bien ceux d’en bas (tels que les analysait Christophe Guilluy – d’ailleurs curieusement absent, jusqu’ici, de tous les talk-shows télévisés, au profit, entre autres comiques, du réformiste sous-keynésien Besancenot), qui se révoltent, avec déjà suffisamment de conscience révolutionnaire pour refuser d’avoir encore à choisir entre exploiteurs de gauche et exploiteurs de droite (c’est d’ailleurs ainsi que Podemos avait commencé en 2011, avant que les Clémentine Autain et les Benoît Hamon du cru ne réussissent à enterrer ce mouvement prometteur en le coupant progressivement de ses bases populaires).
Quant à l’argument des « écologistes » de cour – ceux qui préparent cette « transition énergétique » qui consiste avant tout, comme Guillaume Pitron l’a bien montré dans La Guerre des métaux rares, à délocaliser la pollution des pays occidentaux dans les pays du Sud, selon lequel ce mouvement spontané ne serait porté que par « une idéologie de la bagnole » et par « des gars qui fument des clopes et roulent en diesel », il est aussi absurde qu’immonde : il est clair, en effet, que la plupart des Gilets jaunes n’éprouvent aucun plaisir à devoir prendre leur voiture pour aller travailler chaque jour à 50 km de chez eux, à aller faire leurs courses au seul centre commercial existant dans leur région et généralement situé en pleine nature à 20 km, ou encore à se rendre chez le seul médecin qui n’a pas encore pris sa retraite et dont le cabinet se trouve à 10 km de leur lieu d’habitation. (J’emprunte tous ces exemples à mon expérience landaise ! J’ai même un voisin, qui vit avec 600 € par mois et qui doit calculer le jour du mois où il peut encore aller faire ses courses à Mont-de-Marsan, sans tomber en panne, en fonction de la quantité de diesel – cette essence des pauvres – qu’il a encore les moyens de s’acheter !) Gageons qu’ils sont au contraire les premiers à avoir compris que le vrai problème, c’était justement que la mise en œuvre systématique, depuis maintenant 40 ans, du programme libéral par les successifs gouvernements de gauche et de droite, a progressivement transformé leur village ou leur quartier en désert médical, dépourvu du moindre commerce de première nécessité, et où la première entreprise encore capable de leur offrir un vague emploi mal rémunéré se trouve désormais à des dizaines de kilomètres (s’il existe des « plans banlieues » – et c’est tant mieux – il n’y a évidemment jamais eu rien de tel pour ces villages et ces communes – où vit pourtant la majorité de la population française – officiellement promis à l’extinction par le « sens de l’histoire » et la « construction européenne » !).
Ce n’est donc évidemment pas la voiture en tant que telle – comme « signe » de leur prétendue intégration dans le monde de la consommation (ce ne sont pas des Lyonnais ou des Parisiens !) – que les Gilets jaunes défendent aujourd’hui. C’est simplement que leur voiture diesel achetée d’occasion (et que la Commission européenne essaye déjà de leur enlever en inventant sans cesse de nouvelles normes de « contrôle technique ») représente leur ultime possibilité de survivre, c’est-à-dire d’avoir encore un toit, un emploi et de quoi se nourrir, eux et leur famille, dans le système capitaliste tel qu’il est devenu, et tel qu’il profite de plus en plus aux gagnants de la mondialisation. Et dire que c’est d’abord cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier (et dans tous les « Festival de Cannes ») la bonne parole « écologique » et « associative » qui ose leur faire la leçon sur ce point ! Décidément, ceux qui ne connaissent rien d’autre que leurs pauvres palais métropolitains n’auront jamais le centième de la décence qu’on peut encore rencontrer dans les chaumières (et là encore, c’est mon expérience landaise qui parle !).
La seule question que je me pose est donc de savoir jusqu’où un tel mouvement révolutionnaire (mouvement qui n’est pas sans rapport, dans sa naissance, son programme rassembleur et son mode de développement, avec la grande révolte du Midi de 1907) peut aller dans les tristes conditions politiques qui sont les nôtres. Car n’oublions pas qu’il a devant lui un gouvernement thatchérien de gauche (le principal conseiller de Macron est d’ailleurs Mathieu Laine – un homme d’affaires de la City de Londres et qui est, en France, le préfacier des œuvres de la sorcière Maggie), c’est-à-dire un gouvernement cynique et impavide, qui est clairement prêt – c’est sa grande différence avec tous ses prédécesseurs – à aller jusqu’aux pires extrémités pinochetistes (comme Maggie avec les mineurs gallois ou les grévistes de la faim irlandais) pour imposer sa « société de croissance » et ce pouvoir antidémocratique des juges, aujourd’hui triomphant, qui en est le corollaire obligé. Et, bien sûr, sans avoir quoi que ce soit à craindre, sur ce plan, du servile personnel médiatique français. Faut-il rappeler, en effet, qu’on compte déjà 3 morts, des centaines de blessés, dont certains dans un état très critique. Or, si ma mémoire est bonne, c’est bien à Mai 68 qu’il faut remonter pour retrouver un bilan humain comparable lors de manifestations populaires, du moins sur le sol métropolitain. Et pour autant, l’écho médiatique donné à ce fait effarant est-il, du moins pour l’instant, à la hauteur d’un tel drame ? Et qu’auraient d’ailleurs dit les chiens de garde de France Info si ce bilan (provisoire) avait été l’œuvre, par exemple, d’un Vladimir Poutine ou d’un Donald Trump ?
Enfin, last but not the least, on ne doit surtout pas oublier que si le mouvement des Gilets jaunes gagnait encore de l’ampleur (ou s’il conservait, comme c’est toujours le cas, le soutien de la grande majorité de la population), l’État benallo-macronien n’hésitera pas un seul instant à envoyer partout son Black Bloc et ses « antifas » (telle la fameuse « brigade rouge » de la grande époque) pour le discréditer par tous les moyens, où l’orienter vers des impasses politiques suicidaires (on a déjà vu, par exemple, comment l’État macronien avait procédé pour couper en très peu de temps l’expérience zadiste de Notre-Dame-des-Landes de ses soutiens populaires originels). Mais même si ce courageux mouvement se voyait provisoirement brisé par le PMA – le Parti des médias et de l’argent (PMA pour tous, telle est, en somme, la devise de nos M. Thiers d’aujourd’hui !) ; cela voudra dire, au pire, qu’il n’est qu’une répétition générale et le début d’un long combat à venir. Car la colère de ceux d’en bas (soutenus, je dois à nouveau le marteler, par 75 % de la population – et donc logiquement stigmatisé, à ce titre, par 95 % des chiens de garde médiatiques) ne retombera plus, tout simplement parce que ceux d’en bas n’en peuvent plus et ne veulent plus. Le peuple est donc définitivement en marche ! Et à moins d’en élire un autre (selon le vœu d’Éric Fassin, cet agent d’influence particulièrement actif de la trop célèbre French American Fondation), il n’est pas près de rentrer dans le rang. Que les Versaillais de gauche et de droite (pour reprendre la formule des proscrits de la Commune réfugiés à Londres) se le tiennent pour dit !
Très amicalement,
JC Michéa
Source : Les Amis de Bartleby, Jean-Claude Michéa, 21-11-2018
Source : https://www.les-crises.fr/une-lettre-de-jean-claude-michea-a-propos-du-mouvement-des-gilets-jaunes%e2%80%89/
Augmentation du prix du carburant: les vraies raisons de la rigidité gouvernementale enfin expliquées
Officiellement, les tarifs du carburant augmentent sous l’effet de la TICPE pour freiner la consommation d’énergie fossile. En regardant les chiffres de près, on comprend que la raison est inverse! Et que la rigidité gouvernementale est beaucoup plus commandée par une situation budgétaire explosive que par des préoccupations écologiques. Voici la démonstration en chiffre.
On se propose ici de mener un exercice de « fact-checking », comme disent un peu prétentieusement les journalistes, pour comprendre la situation de blocage qui se profile à l’horizon du gouvernement. Prévenons d’emblée le lecteur: l’ensemble n’est compréhensible que si et seulement si on se préoccupe de la réalité fiscale globale en France. Pour le cas qui nous occupe, l’exercice balaiera la situation à grands traits depuis 2011, c’est-à-dire depuis le départ de Nicolas Sarkozy jusqu’à l’arrivée d’Emmanuel Macron.
Le mythe gouvernemental de la préoccupation écologique
Officiellement, la politique de hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) s’explique par un engagement écologique du gouvernement. Si on veut vraiment lutter contre le réchauffement climatique, il faut réduire notre consommation de carburants routiers.
On retrouvera ici l’appel à la morale et au sacrifice lancé par le Premier Ministre Édouard Philippe:
Face à une telle argumentation digne d’un prêtre janséniste, aucun Français ne peut rester totalement insensible. Et c’est particulièrement vrai dans la upper middle class urbanisée qui a massivement voté Macron en 2017, habituée aux transports en commun et aux trottinettes électriques: comment défendre la planète en prenant sa voiture tous les jours pour aller travailler? L’argument fait mouche chez tous les défenseurs d’un développement soutenable, durable, et autres thèmes à la mode.
Le problème vient de l’examen des chiffres, qui rendent difficile le maintien de l’argumentation officielle.
La consommation de carburant routier en forte baisse depuis 18 mois
On ne rentrera pas ici dans une guerre de chiffres et dans des distinctions sans fin sur les statistiques. Pour comprendre la suite, on notera simplement qu’il existe deux unités de mesure pour savoir si la consommation de carburant augmente ou diminue. L’une d’elle consiste à calculer la consommation de produits pétroliers au sens large (qui inclut le fioul de chauffage, soumis à la TICPE), l’autre limite le calcul au seul carburant routier. Ces nuances expliquent qu’il est parfois difficile de s’y retrouver dans les chiffres.
Toujours est-il que l’Union Français des Industries Pétrolières (UFIP), qui défend les intérêts du secteur, a publié ce communiqué particulièrement éloquent le 16 octobre 2018, comme pour ruiner par une anticipation magique le propos de l’exécutif:
Sur une année mobile, indique le communiqué, c’est-à-dire de septembre 2017 à septembre 2018, « la consommation française de carburants a atteint 50,40 millions de mètres cubes, en baisse de 1,7 % par rapport à la consommation des douze mois mobiles précédents ». Ce chiffre de 50 millions de mètres cubes consommés annuellement est au demeurant en stagnation globale depuis 2010.
En réalité, la consommation de carburant routier par habitant ne cesse de baisser en France depuis 2010: on ne consomme pas plus de carburant routier aujourd’hui qu’il y a dix ans, mais avec plus d’habitants.
Et, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, la consommation a diminué de plus de 10%.
La taxe augmente parce que la consommation de carburant baisse!
Il faut comprendre ici qu’Édouard Philippe ne lance pas un appel à la fibre écologique tapie en chacun de nous parce qu’il trouve qu’on consomme trop de carburant. Il lance au contraire cet appel parce qu’il trouve qu’on n’en consomme pas assez. La taxe n’augmente pas parce que la consommation augmente, mais parce qu’elle décline! Et comme elle décline, les recettes de l’impôt sont fragilisées et font défaut au budget de l’État.
Pour l’illustrer, voici un petit rappel de la situation budgétaire au 30 septembre 2018, tel qu’il est présenté par le « mensuel » du budget de l’État publié début novembre:
On le voit, au 30 septembre 2018, la taxe sur les carburants a rapporté dans l’années moins de 9 milliards €. Facialement, c’est mieux qu’en 2017, où le produit était tombé à 7,5 milliards sur les 9 premiers mois de l’année. Mais ce chiffre était de 10,5 milliards € en septembre 2011! En 2016, il était monté à 11,5 milliards €!
Ce petit graphique donne une mesure du produit de la TICPE dans les caisses de l’État au 30 septembre de l’année depuis 2011:
Comme on le voit, les recettes apportées par la TICPE depuis 2011 se situent sur une tendance baissière. Durant tout le quinquennat de François Hollande, elles oscillaient, au 30 septembre de l’année, entre 9,6 et 10 milliards €. En 2017, le produit est tombé à 7,5 milliards au 30 septembre. Il est certes remonté de 1,4 milliard en un an, mais il reste inférieur d’un milliard à ce qu’il était sous le précédent quinquennat.
On notera avec intérêt que les hausses prévues pour 2019 (notamment avec la suppression du taux réduit pour le diesel non-routier, qui touchera les groupes électrogènes et les paysans) visent à augmenter le produit de la taxe de… 4 milliards. Soit un bond en avant significatif, loin devant les chiffres réels de la taxe aujourd’hui.
Pour mémoire, en 2017, la TICPE à l’année avait rapporté à peine plus de 11 milliards €, soit près de 3 milliards de moins que sous François Hollande.
Première conclusion l’État ment, l’État a besoin d’argent
De ces prémisses, on retirera une première idée claire: si l’État désirait seulement réduire la consommation de carburant, il ne recourrait pas à une hausse de la TICPE pour y arriver. Le carburant routier est en effet en « chute libre » depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Nul besoin d’une hausse des taxes pour y parvenir, et surtout nul besoin de s’y cramponner pour l’obtenir. Même sans hausse de la taxe, la consommation diminue.
En revanche, pour des raisons qui ne sont pas encore clairement expliquées, son produit a baissé et le budget de l’État (on va le voir) en souffre fortement. Ainsi, pour 2018, la TICPE devait, selon le budget initial, rapporter 13,6 milliards. Elle en rapportera péniblement 13,3. La baisse de la consommation n’y est pas pour rien..
En 2019, elle devrait rapporter 17 milliards, soit une ponction sur les particulier de près de 4 milliards €, pour une consommation moindre. La ponction à prévoir est en revanche très douloureuse. Mais redisons-le: plus la consommation baissera, moins la taxe rapportera. C’est son paradoxe existentiel.
En attendant, la vraie raison de la hausse de la taxe n’est pas écologique (puisque l’objectif est atteint sans hausse de taxe). Elle est budgétaire.
Les séismes fiscaux de l’État depuis 2011
Pour mieux comprendre la situation compliquée de l’État aujourd’hui, il faut lire attentivement le graphique qui suit:
Ce tableau récapitule les sommes entrées dans les caisses de l’État au 30 septembre de l’année au titre de 4 impôts majeurs: l’impôt sur les sociétés (IS), la taxe intérieure sur le carburant (TICPE), la TVA et l’impôt sur le revenu (IR). Il faut garder à l’esprit que ces chiffres regroupent environ 80% des recettes de l’État. Mais, en 2011, les recettes nettes totales de l’État au 30 septembre était de 193 milliards €. Elles avoisinent aujourd’hui les 220 milliards, soit près de 15% de hausse de pression fiscale en 7 ans.
Surtout, si on lit bien, on s’aperçoit que l’impôt sur les sociétés apportait près de 27 milliards en 2011, soit l’équivalent d’un quart de la TVA. En 2018, la contribution de l’impôt sur les sociétés est tombée à 15 milliards, alors que la TVA a grimpé à plus de 115 milliards, soit un effort deux fois plus important pour les consommateurs que pour les entreprises en 7 ans d’intervalle.
On ajoutera que les recettes de l’impôt sur le revenu ont pratiqué augmenté de 50% sur la même période.
Autrement dit, la part des entreprises à l’effort budgétaire global s’est effondrée de plus de 10 milliards € (et ce avant les baisses massives d’impôt sur les sociétés), quand celle des ménages battait des records sur tous les fronts: plus 20 milliards de TVA, plus 17 milliards d’impôt sur le revenu.
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre l’origine de la grogne des Français…
Le très inquiétant effondrement de l’impôt sur les sociétés
Face à la véritable implosion de l’impôt sur les sociétés, on s’inquiétera du silence et de la passivité officielle sur le sujet. Là encore, rappelons que cet impôt qui avait rapporté jusqu’à 47 milliards en année pleine en 2013 (sous la folie fiscale hollandaise), en a rapporté moins de 36 en 2017. En 2018, son produit a encore baissé de près de 20%.
Or les baisses de taux massives annoncées sur cet impôt ne sont pas encore entrées en vigueur. À ce stade, elles n’ont guère touché que les très petites entreprises.
Elles demeurent par ailleurs marginales quant aux taux.
Le problème est donc ailleurs. On ne sait pas bien très bien où. Il serait intéressant que Bercy produise une analyse claire sur le sujet, car il est systémique, majeur, capital. Suffisamment capital pour que l’omerta officielle règne sur le sujet.
La spectaculaire explosion du déficit primaire de l’État sous Emmanuel Macron
Le tableau ci-dessous est peut-être le seul à retenir de cette démonstration pas à pas, car il synthétise la difficulté particulière dans laquelle se trouve aujourd’hui l’exécutif.
La ligne rouge indique les dépenses de l’État au 30 septembre de chaque année depuis 2011. Elle montre clairement qu’avec une somme proche de 250 milliards, l’État n’a historiquement jamais autant dépensé en France qu’avec Emmanuel Macron. 2017 est de toute évidence une année de dérapage des dépenses. Emmanuel Macron, président des fonctionnaires, soigne son carré de fidèles et leur évite les sacrifices qu’il impose au reste de la population.
Dans le même temps, les recettes de l’État fléchissent de façon inquiétante et sans qu’une explication claire ne se dégage. D’où la rigidité du gouvernement face à la hausse des prix du carburant: il ne peut reculer sans dégrader encore un peu plus une situation difficile.
À titre anecdotique, et par une politique fiscale agressive, François Hollande avait réduit à 8 milliards au 30 septembre 2014 le différentiel entre les recettes fiscales nettes et les dépenses de l’État. Avec Emmanuel Macron, ce différentiel a explosé à 26 milliards… Autrement dit, 10% des dépenses courantes de l’État ne sont pas couvertes par des recettes fiscales. C’est un peu plus que le 3% de Maastricht.
Vers des difficultés politiques majeures?
Assez rapidement, Emmanuel Macron devra réagir pour rétablir la barre des comptes publics, qui se dégradent structurellement à vue d’oeil. On peut évidemment multiplier les mesures ponctuelles ou d’affichage pour dire que tout va bien… la réalité chiffrée (et par des chiffres officiels) prouve tout le contraire.
Face à lui, Emmanuel Macron a deux solutions, non exclusives l’une de l’autre: tailler rapidement dans les dépenses publiques ou augmenter les impôts. On mesure à la réaction des « gilets jaunes » la difficulté de la deuxième option dans un pays lourdement ponctionné depuis 2011. On a mesuré à l’occasion de l’affaire Benalla la capacité de nuisance d’une grande administration régalienne comme la police lorsqu’elle est poussée dans ses retranchements.
Avec sa sortie sur les migrants Comoriens, Macron a suscité l'indignation, à juste titre. Mais combien de temps, à chaque "faute de com'" ou "dérapage" de nos dirigeants, allons-nous fermer les yeux sur ce qui constitue le cœur véritable du problème : la crasse vulgarité, condescendante et ignorante, de nos "élites" ?
« La vulgarité ne dit jamais "fils de pute" "Enculé d'ta race" ou "va niquer ta mère" La vraie vulgarité ne tient pas ce vocabulaire Elle se cache derrière de belles familles, de belles carrières De sourires hypocrites et de bonnes manières Tu la reconnais au ton condescendant La vraie vulgarité se lâche comme ça, en plaisantant Elle croit que tout lui est dû, que tout s'achète L'argent et le pouvoir lui sont montés à la tête Elle fait son beurre sans scrupules dans la misère La vraie vulgarité sait comment s'en satisfaire Vénale, sans complexe, elle s'étale Dégueulasse, elle a ce mépris de classe qui fait mal Elle est vicieuse, elle est sournoise La vraie vulgarité, elle est bourgeoise »
« La vraie vulgarité, elle est bourgeoise » : par cette formule lapidaire Marc Nammour, plus connu sous le nom de scène de La Canaille, met le doigt sur ce qui est constamment passé sous silence par ceux qui nous dirigent ; à savoir, que ce sont eux, les nantis, les dominants, qui incarnent réellement ce que peut être l’indécence.
Etymologiquement, la vulgarité vient du mot latin signifiant "peuple", mais le terme a peu à peu dévié pour désigner le mauvais goût. Et désormais, pour ce qui est de l’humour notamment, il sert souvent à caractériser les saillies sexistes, racistes, les brimades insultantes : bref, la marque de ce mauvais esprit ignorant, bête et méchant que, dans les hautes sphères, on attribue volontiers au peuple, cette masse de prolétaires sous-éduqués fermés aux délices de la haute culture des élites.
Mais la vulgarité authentique ne se trouve pas dans les bars PMU puant la sueur et le rosé du matin. Elle ne se trouve pas dans les cabines des camions avec lesquels les manœuvres rentrent de leur chantier, le soir. Elle ne se trouve pas dans les vestiaires des usines. Cet humour-là, celui que le peuple pratique au quotidien, en famille, avec les collègues, peut être maladroit, douteux, raciste, sexiste, idiot, inacceptable, mais ce n’est pas à lui que l’on peut faire le reproche de l’indécence.
Qu’est-ce que la véritable indécence, en effet ? Faire des blagues racistes avec nos amis Arabes et Noirs (car oui, ça m’arrive) ou, entouré d’une bande de rupins en costard-cravate, tous vieux, blancs et catholiques, oser une sortie sur « le bruit et l’odeur » ? Ce qui est réellement vulgaire, c’est de rire de gens qu’on ne connait pas, d’une misère que l’on ne connait pas –et, pire encore, que l’on a, en tant que dirigeant, en tant que membre de « l’élite », contribué à créer. La vraie vulgarité, c’est ce jeune énarque éduqué hors-sol, en serre, comme une tomate hydroponique, et qui, bien habillé, sûr de lui, les dents blanches luisantes, les mêmes avec lesquelles il a rayé tous les parquets de la Vème République, se gausse sans honte de 20 000 migrants Comoriens morts en voulant rejoindre Mayotte. Et ce faisant, se moque de toutes les victimes d’une politique migratoire que, en tant que ministre, il a lui-même activement cautionnée. Là se trouve la véritable indécence : dans ce rire des puissants se moquant des exclus, de tous ceux qui souffrent de leur propre incompétence de nantis.
Le racisme des classes populaires existe, bien entendu. De même que le sexisme et l’homophobie. Mais il ne faut jamais oublier que ces aberrations prospèrent aussi dans les hautes sphères, toujours promptes à se présenter comme plus capables que le petit peuple de décider de ce qui est bon, ce qui est vrai, ce qui est beau. Et c’est leur sexisme et leur racisme à eux qui est véritablement indécent, parce qu’il est la marque de leur mépris pour nous, de leur volonté acharnée de ne rien changer à un ordre des choses injuste et inégalitaire, mais qui les engraisse et leur donne richesse et puissance. Leur rire est celui du chasseur humilant sa proie, du bourreau au milieu des charniers. Un rire dégueulasse d'homme que personne n'est là pour contredire et pour brimer.
Quand un camarade de bar ou de chantier sort une vieille blague douteuse, je peux en parler avec lui, tenter de lui montrer que là, non, ça n’est pas drôle, qu’il a dépassé les bornes. Mais qui ira lui expliquer, à Macron, l’horreur de sa déclaration ? Je le sais : ses communiquant, qui ne lui diront pas : « Putain, ce que tu as dit était ignoblement raciste et irrespectueux », mais : « Là, tu as fait une faute de com’ ». Une faute de com’. Au pire, un dérapage, comme ils disent. Une erreur isolée, donc. Sauf que la vulgarité bourgeoise n’est pas un épiphénomène : elle sévit à grande échelle, au parlement, au sénat, à l’Elysée, dans les bureaux des cadres sup’ et des PDG –et si elle ne ressort que rarement dans la presse ou à la télévision, car ces gens-là tâchent de faire attention à leur image, cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas quotidienne. Car, contrairement à ce qui a lieu pour ce peuple qu’ils disent toujours vouloir éduquer, personne n’est là pour leur dire, à eux, qu’ils sont vulgaires, indécents et que ça ne peut plus continuer comme ça. Et c’est pour cette raison que ça continuera encore longtemps. Dans l’ombre. Et nous, peuple grossier, malpoli, mal éduqué, nous ferons semblant de ne rien voir, rien savoir, jusqu’à la prochaine « faute de com’ » qui nous dessillera un instant, le temps d’un micro ouvert au mauvais moment, d’un dérapage, et le temps d’une indignation vouée à ne jamais aller jusqu’au cœur du problème : à savoir que nos « élites » ont sombré, depuis longtemps déjà, dans une indignité qu’entretient leur certitude de ne devoir rendre de comptes à personne, leur impunité de dominants. Et ça, c’est sans doute leur plus mauvaise blague –en ce qui me concerne, cela ne me fait plus rire, mais alors, plus du tout.