vendredi 26 septembre 2014

L’opinion publique est dominée par un égrégore, par Pascal Roussel / The public opinion is dominated by an egregore, by Pascal Roussel

21 août 2014
Source : http://www.les-crises.fr/invite-lopinion-publique-est-dominee-par-un-egregore-par-pascal-roussel/
C’est avec plaisir que je vous propose ce billet de Pascal Roussel, un des invités vétérans de ce blog…Pascal Roussel est chef d’unité au sein du département des risques financiers au sein d’une grande banque située au Luxembourg Plus d’infos sur lui et le livre qu’il a publié sur son blog www.pascalroussel.net      Olivier Berruyer
August Landmesser (1910-1944 ; wikipedia en fr, et ici en anglais), travailleur à l’arsenal Blohm & Voss de Hambourg, refusant d’effectuer le Salut nazi lors de l’inauguration navale d’un vaisseau d’entraînement, le Horst Wessel, le 13 juin 1936
Même si certains obéissent probablement à un agenda caché ou que d’autres n’osent pas se démarquer, il est stupéfiant de voir que des journalistes ou des politiciens a priori intelligents, équilibrés, cultivés et sincères s’enferment dans une grille de lecture unique! Et de là, on peut difficilement blâmer la vaste majorité de la population de se retrouver avec les mêmes œillères que les faiseurs d’opinion.
On peut se demander si, en Europe et aux États-Unis, le monde politique et les grands médias qui couvrent les questions financières ou géopolitiques ne sont pas collectivement sous l’influence malfaisante d’un égrégore (“concept désignant un esprit de groupe, une entité psychique autonome ou une force produite et influencée par les désirs et émotions de plusieurs individus unis dans un but commun. Cette force vivante fonctionnerait alors comme une entité autonome”) ? La position atlantiste poussant alors les autres pays à se radicaliser.
Or l’Histoire a montré qu’une opinion publique dominée par un même esprit de groupe peut rapidement se retrouver confrontée à une guerre qu’elle n’a pas souhaitée.
L’État américain est de facto dirigé par la CIA et par des lobbies dont le plus puissant est le complexe militaro-industriel qui représente énormément d’emplois et pèse lourd dans l’économie américaine (1). Même si la stratégie pour y arriver est floue, il demeure que la volonté américaine est d’établir un monde unipolaire, répondant prioritairement aux intérêts propres d’une seule super-puissance, les États-Unis. Cette volonté, pourtant ancienne, apparait de plus en plus choquante alors que la politique américaine visible est de plus en plus éloignée des valeurs démocratiques et de liberté que la nation américaine a longtemps incarnée. De nombreux dirigeants ou faiseur d’opinions européens dont le statut et les revenus dépendent plus ou moins de leur allégeance à l’Etat américain ont de plus en plus de mal à présenter l’Amérique comme une super-puissance soucieuse d’œuvrer au bien commun dans le monde.  Pour combien de temps encore, les États-Unis conserveront leur pouvoir attractif sur de nombreux jeunes ?
En ligne avec la philosophie « ce qui est bon pour l’Amérique doit forcément être bon pour le reste du monde », en 1997, le très influent Zbigniew Brzezinski (ancien conseiller national à la sécurité des États-Unis) recommandait de ne pas laisser l’Ukraine sous l’influence de la Russie. Selon ce politologue, sans l’Ukraine la Russie ne pourrait jamais diriger un empire eurasien et par là inquiéter la suprématie mondiale des États-Unis (2). De là découle, les centaines de millions de dollars versés directement ou indirectement par les États-Unis pour soutenir en Ukraine, des ultra-nationalistes (dont des néo-fascistes),  attiser une haine radicale contre la Russie et pousser l’actuel président ukrainien à mener une guerre à l’encontre d’une partie de sa population. Inutile d’approfondir dans ce billet les étapes du conflit ukrainien, ces faits étant largement exposés en détail sur l’excellent blog d’Olivier Berruyer (3)
Bien entendu Poutine n’est pas un Saint, mais ceux qui tentent d’avoir une vision plus objective, qui veulent faire preuve d’empathie pour les camps opposés, qui souhaitent des débats contradictoires afin de comprendre les différents points de vue sont marginalisés. Le cas de l’avion MH17 abattu au-dessus de la zone de guerre en Ukraine (et quels que soient les coupables, j’espère qu’il s’agit uniquement d’une tragique erreur) est significatif : très rapidement et sans la moindre preuve, les médias et responsables politiques atlantistes ont désigné la Russie comme co-responsable. Les versions alternatives (4) pourtant dignes d’intérêt sont ignorées et même si elles devaient se révéler vraies un jour, on peut craindre que les grands médias n’en fassent jamais écho. L’égrégore est si puissant que rien ne semble pouvoir arrêter l’escalade, il a désigné la Russie comme l’ennemi à abattre et il veut l’accélération du désordre mondial.
Et pourtant de nombreuses personnalités crédibles tirent vainement la sonnette d’alarme (5), mais rien n’y fait.
L’extrême fragilité du monde financier
Ce qui rend l’égrégore encore plus dangereux, c’est qu’il se développe alors que le système financier mondial n’a jamais été aussi fragile. Les risques de ruptures sont très réels même si les banques centrales et les autorités publiques se veulent rassurantes.
Jaime Caruana, le General Manager de la BIS (la banque centrale des banques centrales située à Bâle) craint un « Lehman » dû à la flambée de la dette dans le monde entier et déclare que les investisseurs ignorent la perspective de taux d’intérêt plus élevés dans leur quête aux rendements. (6)
Maximilian Zimmerer le Chief Investment Officer d’Allianz (le plus gros assureur en Europe) déclare quant à lui que « rien n’est résolu et tout le monde le sait ». (7)
On pourrait multiplier les mises en garde officielles de ce genre, car loin de l’illusion des performances boursières (8), il suffit de gratter un peu sous la surface pour comprendre ce qui inquiète ces hautes personnalités du monde financier. Citons de manière non exhaustive et dans le désordre :
  • Même si depuis l’effondrement de Bretton Woods, le monde a déjà connu des crises bancaires et des faillites étatiques, la situation actuelle est unique (9), car jamais le monde financier et économique n’a été aussi interdépendant, jamais le niveau global de l’endettement n’a été aussi élevé, jamais le « shadow banking » n’a été aussi important (10), jamais les produits dérivés n’ont à ce point cimenté les institutions financières mondiales, jamais nos économies n’ont été aussi dépendantes du gaz, du pétrole et de l’électricité, jamais les décideurs économiques et financiers n’ont à ce point basé leur décision sur des modèles mathématiques inadaptés face à la multitude de variables qui entrent en jeu.
  • Aux États-Unis on observe une baisse constante du taux de participation de la population active sur le marché du travail, la bourse atteint des sommets principalement parce que des sociétés rachètent leurs propres actions (et certaines empruntent même massivement pour le faire) (11), les assurances anti-crash boursier deviennent de plus en plus chères (12), les classes moyennes désertent même les commerces « low cost » (13), 70% des Américains pensent que la crise n’est pas terminée ou que le pire est à venir (14), les ventes de Caterpillar qui représente bien l’économie réelle, sont constamment en baisse (15), la bulle des prêts étudiants n’en finit pas de gonfler (16), mis à part quelques niches il n’y a pas de reprise sérieuse de l’immobilier commercial ou pour particuliers (17) et même l’investissement pour le marché locatif qui a largement contribué à amortir la chute (18) montre des signes de faiblesse (eh oui, depuis 2008 les investisseurs savent qu’un Américain sans revenu ne peut pas payer son emprunt hypothécaire, mais ils découvrent maintenant qu’il est tout autant incapable de payer son loyer !) (18), le gouvernement américain ne montre aucun signe de sevrage de sa dépendance à la dette (19), la côte Ouest est frappée par une sècheresse catastrophique (20), étonnamment (!)  les prêts automobiles subprime qui ont contribué à donner une illusion de relance du marché automobile américain donnent des signes de faiblesse (21), la Fed qui doit se douter que l’avenir n’est pas aussi rose qu’elle veut le faire croire, s’apprête à imposer des restrictions sur les retraits d’argent de certains fonds obligataires (22), … etc.
  • En Chine, il y a principalement 6 domaines essentiels qui soulèvent de très grosses inquiétudes: la plus grande bulle de crédit au monde (23), la bulle immobilière astronomique qui aurait fait pâlir d’envie Dubaï, Londres (23a) et les États-Unis réunis (24), l’importance colossale du shadow banking avec toutes ses dérives, illustrées par exemple par le dernier scandale de la multiple réutilisation de stocks de matières premières pour garantir plusieurs prêts différents (25), la volonté de la Chine d’étendre sa zone d’influence maritime (26), l’état réel de l’économie chinoise qui est bien plus malade qu’il n’y paraît (28), le traficotage permanent des statistiques officielles (29), …etc.
  • La situation en Europe est probablement bien connue des lecteurs,  il est donc inutile de faire une longue liste de ce qui va mal. Allemagne (30), Italie (31), etc. la situation est fragile. J.Stark, ancien vice-président de la Banque Centrale allemande déclarait en mai dernier que le système économique actuel est une pure fiction (32) ! À titre d’exemple, citons simplement le récent dépeçage, suivi d’une nationalisation des « bons morceaux restants» de la première banque portugaise, le tout en un week-end (33). Les taux souverains sont ultra-bas pour le moment, il faut bien que la monnaie de banque centrale distribuée généreusement serve à quelque chose. En plus les titres souverains offrent bien des avantages: pas besoin de mettre de capital en réserve pour les conserver, ils sont souvent très liquides et représentent un très bon collatéral dans un monde financier qui subit une pénurie de collatéral. Fin octobre, la Banque Centrale Européenne (BCE) terminera son analyse de la qualité des actifs de 130 banques (34). Bien entendu cet exercice dépend grandement de la bonne volonté des banques auditées, mais il se murmure que cette fois, les résultats ne seront pas aussi roses …
    Les soldes des comptes Target 2 auprès de la BCE(35) (à ce niveau, ne devrait-on pas parler de chambre de compensation) témoignent de la méfiance dans le secteur interbancaire.
  • En Amérique du Sud, on peut se demander quel vont être l’impact et le risque de contagion lié au défaut de paiement de l’Argentine et de l’hyperinflation qui se développe ? (36)
  • Le statut du dollar comme monnaie de réserve mondiale est de plus en plus attaqué (37)
  • Ebola: un danger qui pourrait potentiellement devenir très grave  (38)
  • Au niveau mondial, les prix de la nourriture sont repartis à la hausse (39)
  • L’indice Baltic Dry (40) qui reflète le commerce maritime international ne cesse de baisser depuis le début de l’année
Que faire ?
Devant ce catalogue des horreurs (41), il me semble évident que nous avons tout à perdre à laisser l’égrégore grandir jusqu’à nous mener à une confrontation armée avec la Russie. Il est clair que toutes les techniques modernes de manipulation de l’opinion (stratégie du choc, social learning, fabrication du consentement, tittytainment, mind control, virtualisme, reality-building, management négatif, etc.) sont pleinement à l’œuvre pour nourrir cet égrégore et nous mener progressivement vers le chaos (42).  Pour autant je ne prône pas une révolution violente, mais plutôt la nécessité de s’informer, de ne pas céder à la facilité du conformisme et de ne pas avoir peur de prendre position.
Mon but n’est pas de faire peur, ni de déprimer les lecteurs, mais de les prévenir. Pour ma part je suis convaincu que de nombreuses bonnes opportunités surviendront une fois que le système sera remis à plat.
Les opinions exprimées dans ce billet sont PERSONNELLES et ne représentent pas forcément les opinions de mon employeur. Les sources utilisées sont souvent anglophones, car l’anglais est la langue de la finance mondiale.
Pascal Roussel le 8 août 2014
==============================================================================
Sources
1) En 2013, le budget de Défense américain (USD 640 milliards) était équivalent à celui combiné de la Chine, la Russie, l’Arabie Saoudite, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud (énumérés par ordre croissant). Lire l’article sur Wikipedia ENG FR
« Qui tient qui à Washington ? Question inutile, question dépassée… »  Defensa.org
2) La véritable raison pour laquelle les États-Unis se préoccupent tant de l’Ukraine tout en se foutant éperdument des Ukrainiens par le Général (2S) et dirigeant d’entreprise, Jean-Bernard Pinatel FR
4) Flight 17 Shoot-Down Scenario Shifts by Robert Parry ENG FR
5) Citons quelques professeurs, journalistes, diplomates et experts financier : Stephen F. Cohen et John Mearsheimer, Robert Parry, Simon Jenkins,Chris MartensonPierre MaillartV.FédorovskiNeil Clark,M.K. Bhadrakumar, Nouriel Roubini, Kyle Bass, Hugo Salinas Price, Charles Nenner, James Dines, Jim Rogers, David Stockman, Marc Faber, Jim Rickards, Paul Craig Roberts, Martin Armstrong, Larry Edelson, Gerald Celente, etc. (liste non exhaustive). Lire par exemple Top Financial Experts Say World War 3 Is Coming … Unless We Stop It ou Obama Should Release Ukraine Evidence ou The US Needs to Stop Meddling in Russia-Ukraine Politics
8) La bourse du Zimbabwe a progressé de 12000% de mars 2006 à mars 2007 alors que le pays était frappé à l’époque d’une inflation de 1700% soit 7 fois moins importante que la croissance boursière. Tout cela pour dire que des performances boursières s’expliquent parfois bien plus par de la création monétaire que par une « reprise économique » …
9) Debt: Eight Reasons This Time is Different ENG
10) Près de 71.000 milliards de dollars ont été brassés par le ” shadow banking ” en 2012. La finance de l’ombre, représente des intermédiaires de crédit impliquant des entités et des activités en dehors du système bancaire régulier ( par ex. les entités qui font de l’intermédiation ou la distribution de crédit, mais n’acceptent pas de dépôts et ne sont pas régulées comme des banques, les fonds (capital-investissement, des fonds spéculatifs, des fonds d’investissements et autres fonds monétaire), les assureurs qui fournissent des garanties de crédits et enfin, les véhicules d’investissement ou de financement spécifiques. http://www.financialstabilityboard.org/publications/r_131114.pdf
23) En 2008 la taille du secteur bancaire Chinois était d’environ 10 000 milliards de USD, début 2014 il était d’environ 25 000 milliards de USD. Cette augmentation de 15000 milliards, en quelques années représente la totalité du secteur bancaire américain qui s’est construit en un siècle ! Lire également No Money Down Mortgages Another Sign of Gigantic Credit Bubble in Chinala Chine va lancer son propre quantitative easing ou comment l’Asie croule sous les dettes  ou les sociétés chinoises émettent plus d’obligations que les américaines ou les mauvais payeurs sont de plus en plus nombreux
25) pour voir comment plusieurs prêteurs différents s’imaginent avoir sécurisés leur prêt avec un stock de matière première (métaux, coton métaux précieux, etc.) alors que sans le savoir ils ont tous reçu le même stock en gage et pour voir que c’est une pratique courante lire ici et ici et ici  et ici et ici et ici etici et ici et ici
26) Pour se remémorer l’historiques des tensions en mai dernier entre la Chine et le Vietnam lire ici etici et ici et ici et ici et ici et ici
37) On lit souvent l’argumentaire trompeur qui voudrait que des contrats de matières premières de plus en souvent facturés dans d’autres devises que le dollar soient un signe de la fin du dollar. Or il n’y a là rien de nouveau, ce n’est pas parce que les cours des matières premières sont communément affichés en dollar que le paiement s’est toujours fait en dollar. Si nécessaire, les devises peuvent être échangées entre elles. On pourrait demain décider d’afficher les cours des matières premières en franc Suisse (par exemple) et cela ne changerait rien. Les signes réels de la perte d’influence du dollar sont plutôt la mise en chantier la nouvelle banque de développement des BRICS ou le rôle grandissant du yuan sur les marchés internationaux (lire ceci et ceci et ceci et ceci). Notons que la Chine devra choisir entre l’arrimage (mou) actuel au USD ou un régime de change flottant si elle veut que sa devise soit utilisée librement dans le monde. Et ce choix ne sera pas sans conséquence sur ses entreprises.
38) L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété une «urgence de santé publique de portée mondiale». http://www.bbc.com/news/health-28673380
39) Sous l’effet de la spéculation et de la sécheresse sur la côte Est des EU et au Brésil lire ceci ou ceciou ceci
41) Pour ce qui est des bonnes nouvelles je renvoie les lecteurs aux grands media financiers traditionnels qui sont toujours les premiers à voir des signes de reprises
42) « Gouverner par le chaos », de M.Milo aux Editions Max Milo

Egrégore... Quelques explications complémentaires
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Égrégore

Égrégore

Un égrégore (ou eggrégore) est, dans l'ésotérisme, un concept désignant un esprit de groupe, une entité psychique autonome ou une force produite et influencée par les désirs et émotions de plusieurs individus unis dans un but commun. Cette force vivante fonctionnerait alors comme une entité autonome. Le terme, apparu dans la tradition hermétiste, a été repris par les surréalistes, qui l'ont chargé d'un fort potentiel subversif.
L'Égregore est également le titre d'une émission radiophonique d'inspiration libertaire diffusée par plusieurs radios associatives françaises.

Étymologie[modifier | modifier le code]

En latin, egregius signifie « remarquable, illustre, exceptionnel ». Cependant, c'est dans le grec ancien1 qu'il faut chercher l'étymologie et la logique du vocable "égrégore". Celui-ci s'entend aussi bien dans έγρήγορα (égrègora), parfait d'έγείρω, faire lever, éveiller, réveiller, que dans le verbe dérivé έγρηγοράω (égrègoraô), être éveillé, ou le substantif féminin έγρήγορσις,εως (égrègorsis), veille, ou encore les adverbes έγρήγορότως (égrègorotôs) et έγρηγορτι (égrègorti), signifiant tous deux en veillant[réf. nécessaire].
Le terme égrégore apparaît en 1857 dans la langue française sous la plume de Victor Hugo dans La Légende des siècles (L'Italie - Ratbert)2. La très large diffusion du poème au xixe siècle assure la pérennité du mot qui aurait pu rester un hapax poétique nécessité par une rime avec mandragore.
À la graphie créée par Victor Hugo s’ajoute la variante eggrégore mais on trouve aussi des graphies pseudo-latinisantes comme egrigor ou égrigore.

Tentatives de définition[modifier | modifier le code]

Pour Stanislas de Guaita, le terme désigne l'idée de la « personnification » de forces physiques ou psychophysiques non surnaturelles. Le mot est souvent aussi synonyme de forme-pensée. Robert Ambelain3, définit le terme comme « une force engendrée par un puissant courant spirituel et alimentée ensuite à intervalles réguliers, selon un rythme en harmonie avec la Vie universelle du Cosmos, ou à une réunion d'entités unies par un caractère commun. Dans l'invisible hors de la perception physique de l'homme, existent des êtres artificiels, engendrés par la dévotion, l'enthousiasme, le fanatisme, qu'on nomme des égrégores. »
Le médecin Pierre Mabille, compagnon de route du surréalisme et auteur de plusieurs ouvrages sur ce mouvement, définit le terme égrégore comme un « groupe humain doté d'une personnalité différente de celle des individus qui le forment. Bien que les études sur ce sujet aient été toujours, ou confuses, ou tenues secrètes, je crois possible de connaître les circonstances nécessaires à leur formation. J'indique aussitôt que la condition indispensable, quoique insuffisante, réside dans un chaos émotif puissant. Pour employer le vocabulaire chimique, je dis que la synthèse nécessite une action énergétique intense4. »
Pour Gaetan Delaforge, c’est un « esprit de groupe qui lie les membres, les harmonise, les motive et les stimule afin de réaliser les objectifs du groupe. Il leur permet également de faire des progrès “spirituels” qu’ils ne feraient pas s’ils travaillaient seuls. Un égrégore peut cependant être perturbé par la pensée négative de personnes qui ne sont pas en accord avec les objectifs. Par conséquent, les groupes ésotériques tentent de se protéger de pensées négatives qui pourraient affecter leur égrégore5. »
En franc-maçonnerieJack Chaboud le décrit comme un moment d'exaltation collectif, souvent vécu en fin de tenue lors de la chaîne d'union regroupant les maçons formant cercle, mains enlacées, évoquant le lien qui les unit aux maçons du monde entier, à ceux qui les ont précédés et à ceux qui les suivront6.
René Guénon précise quant à lui : « Tout d'abord, nous devons faire remarquer que nous n'avons jamais employé le mot « égrégore » pour désigner ce qu'on peut appeler proprement « une entité collective »; et la raison en est que, dans cette acception, c'est là un terme qui n'a rien de traditionnel et qui ne représente qu'une des nombreuses fantaisies du moderne langage occultiste. Le premier qui l'ait employé ainsi est Eliphas Lévi et, si nos souvenirs sont exacts, c'est même lui qui, pour justifier ce sens, en a donné une étymologie latine invraisemblable, le faisant dériver de grex, « troupeau », alors que ce mot est purement grec et n'a jamais signifié autre chose que « veilleur ». On sait d'ailleurs que ce terme se trouve dans le livre d'Hénoch, où il désigne des entités d'un caractère assez énigmatique, mais qui en tout cas, semblent bien appartenir au « monde intermédiaire »; c'est là tout ce qu'elles ont de commun avec les entités collectives auxquelles on a prétendu appliquer le même nom7

Création ou destruction des égrégores[modifier | modifier le code]

Un égrégore naîtrait, par exemple, d'une fervente prière collective, d'une thérapie de groupe, d'un soin énergétique, d'un rituel qui pourrait être chamanique par exemple, mais qui pourrait tout autant être la résultante d'extrémismes religieux, politiques ou nationalistes.
À chaque époque, naissent de nouvelles formes d'art, de religion, d'architecture ou des systèmes politiques et philosophiques. Ces transformations, traditionnellement liées aux Ères astrologiques, s'opposent aux égrégores censés reproduire toujours le même schéma, les mêmes identifications et les mêmes croyances. Elles sont considérées comme le fruit d'impulsions spirituelles et/ou cosmiques. Ces impulsions périodiques se répandent alors sur l'humanité et l'influenceraient parfois en contrant les égrégores anciens construits par l'humanité.

Références[modifier | modifier le code]

  1.  Bailly, M.A., Abrégé du dictionnaire grec-français, Paris, Librairie Hachette, 1901.
  2.  Lire en ligne [archive]
  3.  Robert Ambelain, La Kabbale pratique
  4.  Egrégores ou la vie des civilisations, 1938
  5.  Gaetan Delaforge, "Gnosis" n°6 [archive]
  6.  Jack ChaboudLa Franc-maçonnerie, histoire, mythes et réalité, Librio, 2004, p.69
  7.  Influences spirituelles et Égrégores in Revue les Éditions Traditionnelles no 259 avril-mai 1947 et repris dans l'ouvrage posthume Initiation et Réalisation Spirituelle, Chapitre VI, pp 59-64 (réédition année 2008), Éditions Traditionnelles,(ISBN 978-2-7138-0058-0)

lundi 22 septembre 2014

Le "Davos pour l'Ukraine" ou Oligarques de tous les pays unissez-vous! / " Davos for Ukraine " or Oligarches of all the countries unite!

Ci-dessous un très bon article de Karine Bechet-Golovko... qui me rappelle cette citation de Paul Valery : 

« La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »


vendredi 19 septembre 2014
Publié par Karine Bechet-Golovko à 11:28
Source : http://russiepolitics.blogspot.ru/2014/09/le-davos-pour-lukraine-ou-oligarques-de.html



Ce dimanche 14 septembre, 16 personnes représentant le grand business, venus des Etats Unis, d'Allemagne, de Russie et d'Ukraine ont répondu à l'invitation du fondateur du sommet de Davos, à une réunion "privée" pour une sortie de crise de l'Ukraine.

Jusque là, tout va bien. En effet, le business ayant le plus à perdre, les hommes d'affaires sont les premiers intéressés à voir la fin de la crise en Ukraine et pour être totalement honnête, la fin des sanctions. Car, en lisant le plan pour l'Ukraine, qui est sortie de la tête de ces personnes, il est évident qu'ils se moquent totalement des intérêts des gens qui risquent leur vie. Ils s'en moquent presque autant que des intérêts de la Russie - ce qui vaut également pour les représentants russes. Ce qu'ils veulent, c'est revenir à la situation antérieure, la Pax Americana, à n'importe quel prix. En fait pourquoi pas au prix de la Crimée s'il le faut, car rien n'est plus important que le business. Et la question s'est posée.

Simplement parce que les oligarques ont plus de points communs entre eux qu'avec leur propre peuple. Oligarques de tous les pays unissez-vous!

Davos comptait, dimanche dernier, des personnalités intéressantes: en plus du fondateur du Forum, on notera Philipp Rösler, ancien ministre de l'économie allemand, qui est le directeur en charge du Forum; pour l'Allemagne, les dirigeants de Siemens et de BASF; pour la Russie, les dirigeants de Rosnano (Chubais), de Sberbank (Gref), de VTB (Kostine) et de Severstaly (Mordachov); pour les Etats Unis, étaient présents PepsiCo, Alcoa et Ernst and Young. Côté européen, on notera la présence du président de la Banque européenne d'investissement. En ce qui concerne l'Ukraine, on ne peut passer à côté de la présence du gouverneur E. Taruta, présenté comme gouverneur de la région de Donetsk. C'est justement avec cet individu que des soupçons de négociations secrètes avaient été révélées, négociations qui auraient conduites à écarter I. Strelkov et affaiblir politiquement Novorossia. Il y avait également le milliardaire V. Pintchuk, les dirigeants de Horizon Capital, de EastOne Group et de KM Core.

Toutes ces personnes ont adopté une résolution, un plan du business pour sortir de la crise. Vous trouverez ici ce document en anglais. Pour l'essentiel, ils se prononcent pour la réalisation des accords de Minsk. Pour cela, ils demandent la sécurisation totale du Donbass, la normalisation du discours et de prendre les mesures nécessaires pour éviter l'escalade future des sanctions. Arrêtons nous ici un instant, car le meilleur est encore à venir. En traduction: il faut abandonner le Donbass, c'est une région ukrainienne, peu importe la volonté de la population - cette population-là n'entre pas dans les intérêts stratégiques de la Russie. Et d'une manière générale, le business international ne va pas se battre pour les droits des gens, ça coûterait trop cher. Soit, c'est possible, simplement il aurait fallu agir autrement dès le départ pour, au minimum, éviter l'escalade du conflit et des victimes. Mais en lisant la suite on comprend à quel point ce "détail" humain est négligeable pour le grand business international. Car sous couvert de respect du droit international, ils appellent à la protection de la souveraineté ukrainienne, ce qui pourrait aller jusqu'au retour de la Crimée en Ukraine - sans que cela ne soit évidemment précisé. Et pour finir en beauté, évidemment la neutralité de l'Ukraine est souhaitable, certes, il faut y travailler, mais si elle veut entrer dans un bloc, c'est son droit.

Le document a été signé également par Chubaïs, la tête de file du clan libéral russe. Mais il a refusé de faire des commentaires à ce sujet.

En résumé, ce plan de paix est un renoncement total de la Russie, sur tous les plans. Il faut laisser les populations du Donbass se faire massacrer, il faut garantir la sécurité de l'Ukraine (plus concrètement de qui?), il est même envisageable de rendre la Crimée. A ce prix donc, une réelle désescalade des sanctions est envisageable. Maintenant le prix est posé. La Russie doit rentrer dans le rang et baisser la tête. Car les grands dirigeants, qui ne sont pas les Chefs d'Etat, ont enfin précisé le tarif et les règles du jeu. Et l'on ne touche pas à la prééminence du Business.

Etrangement, ou peut être pas, cette rencontre et la décision qui en a suivie n'ont pas été trop médiatisées, ni en Russie, ni alleurs. Pourtant, l'équilibre des forces intérieures russes semble à nouveau pencher en faveur des "libéraux". Et l'hésitation à répondre aux sanctions, autrement qu'en paroles, est un signe.

La déclaration de V. Poutine lors de la dernière réunion du Conseil d'Etat le souligne. En substance, le but de la Russie est de renforcer son système économique et toutes les mesures qu'elle prendra iront en ce sens. Ce qui est plus significatif était l'insistance avec laquelle le Président russe affirme que, si pour l'Occident il y a des choses plus importantes que l'équilibre économique, c'est leur affaire.

Cette phrase est soit malencontreuse, soit dangereuse. Car comment la Russie peut-elle justifier les sanctions qu'elle a adoptées, autrement dit comment peut-elle demander au nom de principes politiques à la population et aux petites entreprises de faire un effort, si le plus important est "l'équilibre économique"? Il fallait, dans ce cas, refuser d'intégrer la Crimée, il fallait laisser les gens mourir dans le Donbass, il n'est alors pas nécessaire d'envoyer un convoi humanitaire à Lugansk, envoyez-le à Kiev. Bref, il faut faire un choix, s'il n'est pas déjà fait, mais il va être délicat à formuler.

Car normaliser le discours veut-il dire aller jusqu'à nier l'existence des crimes de guerre alors que Amnesty International commence à se réveiller? Garantir la souveraineté ukrainienne veut-il dire rendre la Crimée ou juste abandonner les gens qui se battaient pour défendre leur droit à la culture russe? Comment, sans se discréditer, les "libéraux" imaginent-ils expliquer à la population, notamment russe, que finalement le pouvoir ukrainien est légitime, qu'il n'est pas si mal que ça, qu'il n'est plus du tout extrême, qu'il devient même très fréquentable et que donc, on tourne la page et on peut passer à autre chose. Quand on aura à nouveau besoin de vous on vous appellera, en attendez laissez-nous maintenant régler nos petites affaires.

Ca ne se passe pas comme ça. Et si les libéraux russes veulent régler la sortie de crise d'une manière aussi vulgaire, comme la réunion de Davos, après les accords de Minsk, le font craindre, ils courent à la catastrophe. Et la Russie va vers une nouvelle crise intérieure.

Il est vrai que le business "occidental" a intérêt à voir le marché russe se réouvrir. Quelques exemples. La compagnie américaine Alcoa (usines métallurgiques) a un chiffre d'affaire de 23 milliards de dollars en Russie. La Russie est le 2e marché de PepsiCo. Leur intérêt est évident. Mais l'intérêt de la Russie est-il de renoncer, juste comme ça? Pourquoi ne peut-elle pas défendre sa position? Elle le peut, mais ce n'est pas dans l'intérêt du gros business russe, dont le poids est considérable également dans les processus de prise de décision.

En d'autres termes, la collision des intérêts étatiques-nationaux et commerciaux-mondialisés vient d'être officialisée à Davos.

Publié par Karine Bechet-Golovko à 11:28


... Quelques compléments d'infos en anglais sur : 
http://cassad-eng.livejournal.com/98004.html

Et cette affiche qui en dit long sur l'Etat de nos démocrassies  :