lundi 21 février 2022

Crise ukrainienne : «L’agresseur n’est pas celui que l’on pense», estime Karine Bechet-Golovko


 RT France

⚡️ EN CONTINU : https://francais.rt.com/international... Entretien du 21/02/2022 avec Karine Bechet-Golovko, professeur invitée à l'université d'Etat de Moscou. Elle était conviée à revenir sur le conseil de sécurité extraordinaire qui s'est tenu à Moscou sur la crise ukrainienne entre Vladimir Poutine et les principaux responsables militaires et des services de renseignement. La question de la reconnaissance des Républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk a notamment été évoquée. Rejoignez-nous sur Telegram : 🔵 https://t.me/rtfrance_officiel Abonnez-vous à la chaîne YouTube de RT France : https://www.youtube.com/rtenfrancais RT en français : http://rtfrance.tv Facebook : https://www.facebook.com/RTFrance Twitter : https://twitter.com/rtenfrancais Instagram : https://www.instagram.com/rtfrance/

"Mc Kinsey France me menace de poursuites !" - 21/02/22


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Tweet de Me Fabrice DI VIZIO ce lundi 21 Février 2022 - ▶️https://jenesuispasundanger.com/ ▶️ADSPE : https://www.adspe.fr/ ▶️Site Web : https://www.divizio.fr/ ▶️Twitter de Maître Di Vizio : https://twitter.com/DIVIZIO1 ▶️Twitter de la chaîne YouTube : https://twitter.com/TV_Izio_Shorts ▶️Twitch : https://www.twitch.tv/divizio1 ▶️Discord : https://discord.gg/9pabmtww ▶️Instagram : https://www.instagram.com/tv_izio/?hl=fr - #Divizio #Twitter #Short⁩
MOINS

Oliv Oliv : Ukraine et élections présidentielles en France ... quels liens possibles ?


 

L’Ukraine et la vérité du passé

 dimanche 20 février 2022

• Aujourd’hui, une “vérité du passé” est très souvent une “vérité-de-situation” du présent, tant toute notre vie mentale et affective est structurée par les mensonges, travestis en simulacres, du Système. • Cela vaut bien entendu et plus que jamais, pour la prémisse fondamentale de la ‘subcrise’ de l’Ukraine. • L’insupportable RT apporte de nouvelles preuves de la véracité complète de l’engagement occidental des premières années 1990 de ne pas élargir l’OTAN (les forces armées de l’OTAN) au-delà de la frontière Est de l’Allemagne (« au-delà de l’Elbe »).

Faisant parfaitement son travail, RT.com (insupportable) vient de publier, en deux jours de suite, deux intéressants documents (l’un indirect, l’autre direct) qui confirment évidemment l’engagement occidental de 1990-1991 de ne pas élargir l’OTAN d’« un pouce à l’Est de l’Elbe », initialement en échange de l’acceptation de Gorbatchev de la réunification des deux Allemagnes, puis au nom de la logique de l’équilibre et de la sécurité en Europe post-Guerre Froide. Ce point de l’histoire de l’immédiat après-Guerre Froide, quand les dirigeants occidentaux (Bush-père, Kohl, Mitterrand, Thatcher) avaient encore une certaine dimension historique quoi qu’on jugeât de leurs politiques, est complètement intéressant, sinon décisif ; et cela, malgré que le dossier considéré ici soit déjà très largement documenté à cet égard. Une source française indépendante, observant en se référant à ses souvenirs combien la France jouait alors un rôle important, fait cette observation du plus grand intérêt :

« Les deux papiers de RT ont véritablement de l’importance : ils montrent notamment que la promesse de la non-expansion n’était pas simplement une parole un peu vague, lancée en l’air au cours d’une rencointre, du secrétaire d’État Baker à Gorbatchev, mais bel et bien un élément fondamental de la bureaucratie occidentale et de l’OTAN dans les années 1990-1993, figurant un aspect absolument structurel de la politique qui était alors suivie. »

On comprend par ailleurs l’importance objective dudit dossier puisque cela concerne le péché originel de l’OTAN et du bloc-BAO de l’expansion vers l’Est amenant la dégradation accélérée de la situation de la sécurité européenne comme nous la voyons aujourd’hui, et menant précisément à l’actuelle subcrise ukrainienne, un des brandons enflammés de la Grande Crise dans nos temps-devenus-fous... Peut-être, à force de bêtise, parviendront-ils à avoir “leur” guerre, nos actuels dirigeants, – mais cela est un autre propos qui n’empêche absolument pas, bien au contraire qui encourage à commenter cette marche spirituelle pour retrouver la “vérité du passé”.

La déclaration récente du Secrétaire Général de l’OTAN Soltenberg, affirmant que n’existe pas un tel engagement (« même en coulisses », précise-t-il pour relever les allégations faites) du début des années 1990 de s’interdire l’expansion vers l’Est, est tout simplement un mensonge extrêmement pur, de la pureté du diamant, sans doute par mésinformation plus que par omission, et encore moins par intention de tromper puisqu’il s’agit de personnages dont la foi est avérée. Sans doute personne n’a-t-il expliqué la chose à Stoltenberg, sans doute ne s’est-il montré ni intéressé ni empressé à en savoir plus là-dessus. Avant de poursuivre, nous noterons qu’ainsi le Secrétaire Général de l’OTAN fait-il partie de cette catégorie dite des « colins froids » que dénonçait Jean-Edern Hallier, dont le type de visage comprend le regard morne, néanti (anéanti) plus que mort, la mine impassible, le parler monotone, l’absence de passion par ignorance et non par inconnaissance, le désintérêt pour l’ardeur, l’horreur mal dissimulée pour la vérité ; les « colins froids » semblent avoir proliféré depuis 1979, comme si l’Occident, devenue bloc-BAO, s’était transformé en une immense frayère :

• ‘Frayère’ : « Une frayère est un lieu aquatique où se reproduisent les poissons et les amphibiens et par extension les mollusques et les crustacés. »

• « À l'automne 1979, Jean-Edern Hallier publie un pamphlet anti-giscardien, ‘Lettre Ouverte au colin froid’ (Albin Michel), qu'il présente comme “un outrage au président de la République”, coupable à ses yeux, d'être un suppôt de “l'imposture du libéralisme”, cette “nouvelle barbarie abstraite”. » 

RT, qui « fait du bon boulot »

Les deux documents sont publiés par RT.com successivement les 18 et 19 février 2022, – cette succession comme preuve de l’indignité de RT.com ; la chaîne russe, effectivement de ce point de vue, comme actif suppôt des vérités russes dont on ne voit nullement l’intérêt qu’elles peuvent présenter au regard de la narrative du bloc-BAO ; la narrative du bloc-BAO, lisse, bien rangée, avec ‘gentil’ et ‘méchant’ parfaitement identifiés... Pendant ce temps, et nul n’est censé devoir distinguer précisément le rapport, – la situation des bombardements et des évacuations de réfugiés poursuit son aggravation mesurée dans le Donbass...

• Il s’agit d’abord d’un document de travail interne de l’OTAN, d’origine britannique, datant du printemps 1991, et affirmant d’une façon catégorique que la non-extension de l’OTAN vers l’Est était une nécessité stratégique absolument fondamentale.

« Un document récemment découvert, datant de mars 1991, montre des responsables américains, britanniques, français et allemands discutant d'une promesse faite à la Russie que l'OTAN ne s'étendra pas à la Pologne et au-delà. Sa publication par le magazine allemand Der Spiegel, vendredi, donne raison à Moscou et donne tort à l’OTAN sur cette question. »

• Il s’agit deuxièmement d’une interview de RT publiée le 19 février, de Willy Wimmer, homme politique allemand de la CDU ayant occupé diverses fonctions, notamment adjoint de la présidence en exercice de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Wimmer confirme cet engagement de non-expansion à l’Ouest de l’OTAN, à partir de la position qu’il occupa et de  ses rapports avec le chancelier Kohl.

« Malgré leurs dénégations [actuelles], les dirigeants occidentaux avaient bien promis à l'URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l'Europe centrale et orientale lorsque Moscou accepta la réunification de l'Allemagne, a affirmé Willy Wimmer, ancien vice-président de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dans une interview accordée à RT samedi. »

Le déni de cet engagement, devant le développement et le dévoilement de preuves concomitantes et corrélatives de son caractère totalement mensonger, devrait devenir, si le Système ne parvient pas à le contrecarrer par « colins froids » interposés, un handicap de plus en plus pesant pour la bonne diffusion et la crédibilité de la narrative du Système. Si un mensonge est très lourd, il doit être parfaitement adapté aux capacités mentales de la psychologie, exactement comme l’est, pour le corps, un costume de si bonne coupe sorti de l’atelier du ‘Tailleur de Panama’ (devenu film en 2000) de John Le Carré, ce Harry Pendel devenu à Panama correspondant manipulateur et affabulateur du MI6 ; sinon ce mensonge pèse affreusement lourd et constitue un terrible handicap pour tous les actes de celui qui est contraint de le supporter...

“Rien de nouveau”, mais “nouveauté complète”

Il s’agit donc de lutter contre ce “mensonge historique”, certes grossièrement affirmé par les « colins froids » occidentaux, lutter comme fait le ‘Constant Gardener’ (autre bouquin de Le Carré) arrosant chaque jour ses plantes préférées, c’est-à-dire chaque jour poursuivant sa quête de la vérité. Poutine, cet être diabolique et vil, l’a dit lors de son discours de Munich du 10 février 2007, la première fois où il affirma de façon solennelle que la Russie avait été « trompée » par l’Occident. Outre les mensonges, Poutine dénonçait ce que nous nommons depuis le printemps 2009 “politiqueSystème”...

« L'ancien vice-président de l'OSCE a également fait écho au ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, en décrivant l'état actuel des relations entre la Russie et l'Occident comme “une conversation entre un sourd et un muet”. Le plus haut diplomate russe a fait ces remarques il y a quelques jours, à l'issue d'entretiens avec la ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss.

» Les États-Unis et leurs partenaires européens sont “certainement sourds” depuis des décennies puisqu'ils n'ont “tiré aucune conclusion” du discours historique prononcé par le président russe Vladimir Poutine lors de la conférence de Munich sur la sécurité en 2007, lorsqu'il a montré très clairement “où se situent les problèmes sur le continent eurasiatique”, a déclaré Wimmer.

» À l'époque, le dirigeant russe avait prévenu que l'hégémonisme unilatéral des États-Unis et le recours “incontrôlé” à la force dans les relations internationales érodaient le système de sécurité mondial et affaiblissaient le droit international. C'était également l'une des premières fois qu'il mentionnait la promesse faite par l'OTAN à la Russie de ne pas s'étendre à l'est. »

En un sens, nous dirions qu’il n’y a “rien de nouveau” dans les “révélations” (guillemets nécessaires, donc) dont nous parlons ici, sinon la précision martelée plus haut que la promesse de la non-expansion était un fondement bureaucratique de la politique otanienne à cette époque. Toute personne raisonnablement informée, avec un peu d’expérience hors des sentiers battus et piétinés de a presseSystème, et personne avec un peu d’intuition d’où l’on trouve le vrai, ne peut trouver dans ces documents qu’une nième confirmation de la vérité historique. Mais il s’agit de renforcer cette “vérité historique”, de la dire et de la redire, sans cesse, absolument sans cesse ... Nous-mêmes, nous participons à l’entreprise, comme ceci, du 15 février 2022 :

« ...Présenter [en 1993, aux USA] cette idée comme une promesse de l’administration doit ramener les Polonais-Américains, qui réclament à grands cris cette mesure, du côté du parti démocrate. Cette idée implique évidemment le principe de l’élargissement de l’OTAN, qui devient ainsi, subrepticement, la politique de l’administration Clinton...

» Cela [était] en complète contradiction avec la politique suivie jusqu’alors. Dans notre numéro de notre Lettre d’Analyse ‘dd&e’ du 10 octobre 1994, nous écrivions :“ L’année dernière, à la même époque (le 21 octobre 1993 exactement, à la réunion des ministres de la défense de l’Organisation [l’OTAN]), les États-Unis présentaient l’idée du ‘Partnership for Peace’ (PfP, ou ‘Partenariat pour la Paix’). Le but  [opérationnel]  était clair et double : apaiser les pays d’Europe de l’Est qui réclamaient leur entrée dans l’OTAN, sans inquiéter ni isoler la Russie. L’interprétation politique du PfP était également claire : l’initiative renvoyait aux calendes grecques le problème de l’élargissement.” »

“Mais il s’agit de renforcer cette ‘vérité historique’, de la dire et de la redire, sans cesse, absolument sans cesse”, disons-nous... L’art de la répétition, sans nul doute ! Le but secret de ces répétitions est de miner comme font les termites la formidable forteresse de mensonges qu’ils ont édifiée pour consacrer le simulacre.

La répétition sans cesse d’un nouvel éclair de la même vérité, la vérité-une-et-indivisible, affaiblit la psychologie du menteur-simulateur, devenu ainsi par la force écrasante du Système, “force des choses” du Système, emprisonné par cette forêt de mensonge générant le déterminisme-narrativiste comme le plus terrible des geôliers que l’on puisse craindre. Il s’en déduit que tout élément supplémentaire éclairant la vérité, tout en étant “rien de nouveau”, se révèle comme une “nouveauté-complète”. C’est notamment une des raisons, mais pour nous la raison essentielle, selon lesquelles il faut voir dans la diffusion de ces nouvelles rien de moins qu’un événement de grande importance.

Le document OTAN

Le chronologiquement premier document présenté par RT, venu d’un article du ‘Spiegel’ publié le 18 février, est basé sur un compte-rendu interne à l’OTAN et d’origine britannique, dont RT publie une image. Il s’agit du procès-verbal d’une réunion de travail de l’OTAN datant de mars 1991, alors que le processus de réunification de l’Allemagne est en cours de réalisation, après la décision très rapide du chancelier Kohl de 1990. Les participants à cette réunion sont des “responsables politiques” des gouvernements allemand, français, UK et US. Les références aux pourparlers dits “2+4” sur la réunification allemande sont nombreuses, toutes avec l’affirmation de la non-extension de l’OTAN vers l’Est, au-delà de la frontière orientale de l’Allemagne réunifiée.

« Le document cite le secrétaire d'État adjoint américain pour l'Europe et le Canada, Raymond Seitz : “Nous avons clairement fait savoir à l'Union soviétique, – dans les pourparlers 2+4, ainsi que dans d'autres négociations, – que nous n'avions pas l'intention de bénéficier du retrait des troupes soviétiques d'Europe de l'Est”. Seitz ajoute : “L'OTAN ne devrait pas s'étendre à l'Est, que ce soit officiellement ou officieusement”, ajoute Seitz.

» Un représentant britannique mentionne également l'existence d'un “accord général” selon lequel l'adhésion à l'OTAN des pays d'Europe de l'Est est “inacceptable”.

» “Nous avions clairement indiqué lors des négociations 2+4 que nous n'étendrions pas l'OTAN au-delà de l'Elbe”, a déclaré le diplomate ouest-allemand Juergen Hrobog. “Nous ne pouvions donc pas proposer à la Pologne et aux autres pays d'adhérer à l'OTAN”.

» Le procès-verbal précisait ensuite qu'il faisait référence à l'Oder, la frontière entre l'Allemagne de l'Est et la Pologne. M. Hrobog a ajouté que le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl et le ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher avaient également approuvé cette position. »

Cette publication du ‘Spiegel’ reprise par RT.com vient par le plus classique des cheminements d’une recherche opiniâtre d’un universitaire de Boston, USA, dans les archives britanniques de la période. Le professeur Joshua Shifrinson, qui enseigne les sciences politiques à l’université de Boston, signale que le document était classé ‘Secret’ avant d’être récemment déclassifié.

« Joshua Shifrinson a tweeté vendredi qu'il était “honoré” de travailler avec ‘Der Spiegel’ sur ce document montrant que “les diplomates occidentaux croyaient avoir effectivement pris un engagement de non-élargissement de l'OTAN”.

» “Les hauts responsables politiques nient qu'un engagement de non-élargissement ait été proposé. Ce nouveau document montre le contraire”, a déclaré Shifrinson dans un tweet de suivi, notant que “au-delà” de l'Elbe ou de l'Oder selon toute appréciation géographique normale comprend les pays d'Europe de l'Est vers lesquels l'OTAN a commencé à s'étendre seulement huit ans plus tard. »

L’interview Wimmer

Il est manifeste que RT a fait suivre l’article du ‘Spiegel’ de ses propres recherches, qu’il a ainsi rencontré un ancien haut fonctionnaire national et international, l’Allemand Wimmer, qui a accepté de jouer le “lanceur d’alerte” comportant une “vérité historique” saccagée par le Système.

« Cet homme politique chevronné [Wimmer], qui a été secrétaire parlementaire du ministre allemand de la défense entre 1985 et 1992, a déclaré avoir été personnellement témoin de cette promesse de non-extension vers l’Est] lorsqu'il a “envoyé au chancelier Helmut Kohl la déclaration sur la Bundeswehr dans l'OTAN et sur l’OTAN en Europe, qui a été complètement intégrée dans les traités de réunification”.

» La décision de Berlin à l'époque ”de ne pas stationner de troupes de l'OTAN sur le territoire de l'ancienne Allemagne de l'Est et d'arrêter l'OTAN près de l'Oder” faisait partie de cette promesse, a ajouté. Wimmer. »

Ensuite, Wimmer replace ces péripéties initiales de la décision de non-extension dans une logique contraire, annoncée par « la tristement célèbre ‘doctrine Wolfowitz’ de 1992 ». On sait ce dont il s’agit si l’on consulte le texte resté pour nous fameux dans la validité de sa vision stratégique et politique, et dans la qualité littéraire de son exposition que montrait William Pfaff : « To Finish in a Burlesque of Empire », dans l’‘International Herald Tribune’ du 12 mars 1992, repris, sauvegardé sur ce site le 23 novembre 2003.

Wimmer explique fort justement que cette doctrine fut dénoncée par le Pentagone, dès que la fuite au New York ‘Times’ l’ait exposée. Il indique simplement que des éléments en furent repris plus tard, ce qui est l’évidence dès lors que les neocons (néo-conservateurs) qui furent à la base du document, avec Wolfowitz comme un de leurs leaders, revinrent en force avec l’administration GW Bush de début 2001, puis, évidemment avec l’attaque du 11-septembre et ce qui suit. Tout cela formate essentiellement ce que nous nommerions “politiqueSystème”. Mais, comme nous l’avons rappelé très récemment, la ‘doctrine Wolfowitz’ n’est pas la cause de l’expansion vers l’Est de l’OTAN, mais bien la ‘politique électoraliste’ de Clinton et des démocrates en 1993-1994. La ‘doctrine Wolfowitz’ monta ensuite avec délice et graqnde excitation dans le train en marche, et la dérision originelle s’équipa d’une charge mortelle de pseudo-“stratégie du chaos”. Partout règne en maître la bêtise, avec à ses côtés le mensonge et dans sa trousse de maquillage le simulacre de la poudre aux joues.

RT/Wimmer : « Cette [“doctrine Wolfowitz”] était en fait une directive de planification de la défense pour les années fiscales 1994-1999, qui a fait l'objet d'une fuite au New York Times à l'époque et a suscité une vague de critiques aux États-Unis même. Le document décrivait la politique d'unilatéralisme et d'actions militaires préventives destinée à supprimer les menaces potentielles et à empêcher tout État supposé autoritaire de devenir une superpuissance. Le texte officiel des directives a ensuite été modifié à la suite du tollé, mais de nombreux principes de la “doctrine” ont tout de même trouvé leur place dans la politique étrangère de l'ancien président américain George W. Bush.

» Depuis lors, les États-Unis et leurs alliés sont sur la “mauvaise voie”, car ils font pratiquement tout pour donner à Moscou l'impression, assez “justifiée”, que les nations occidentales cherchent à “chasser la Russie d'Europe, à construire un nouveau mur entre la Baltique et la mer Noire” et finalement à “détruire" la Russie au lieu de coopérer avec elle, a souligné Wimmer.

» La racine de tous les problèmes de sécurité actuels en Europe réside dans la politique américaine consistant à contrarier continuellement la Russie, selon Wimmer. “Toute la misère à laquelle nous sommes confrontés a commencé avec les États-Unis qui ont mené la politique visant à chasser la Russie de l'Europe au cours des 20 ou presque 30 dernières années”, a-t-il déclaré.

» Tant que les États-Unis continueront à “tout faire pour atteindre cet objectif”, que ce soit par le biais de l'OTAN ou d'accords bilatéraux, les problèmes de sécurité de l'Europe pourront difficilement être résolus, a averti Wimmer, ajoutant que c’est Washington qui devrait changer fondamentalement ses habitudes. »

Dans de telles conditions venues de si loin, et parfaitement connues des Russes, il n’y a nulle surprise, comme l’observe Wimmer, à ce que le dialogue entre Russes et “partenaires” occidentaux ressemble, selon le mot de Lavrov le 11 février après sa rencontre avec la secrétaire au Foreign Office Truss, à une conversation entre un sourd et un muet...

« Pour être honnête je suis déçu qu’on ait eu une conversation qui soit un dialogue de sourd. On entend mais on ne s’écoute pas. Au moins, nos explications sont arrivés sur un terrain mal préparé. C’est à peu près la même chose que quand on dit que la Russie attend que le sol gèle et soit dur comme de la pierre pour que ses chars puissent entrer calmement sur le terrain ukrainien. Il me semble que c’était le même terrain chez nos collègues britanniques aujourd’hui. »

 Mis en ligne le 20 février 2022 à 14H35

Source : https://www.dedefensa.org/article/lukraine-et-la-verite-du-passe

Que préparent Poutine et Macron ?

 Par The Saker – Le 20 février 2022 – Source The Saker’s Blog

Tel est le gros titre de RT : « Poutine et Macron s’accordent sur des mesures pour mettre fin à l’escalade en Ukraine. »

Voici une traduction automatique de la déclaration officielle française :

Entretien téléphonique avec Vladimir POUTINE, président de la Fédération de Russie.

Le président de la République a eu un entretien téléphonique avec le président de la Fédération de Russie, M. Vladimir POUTINE, ce dimanche 20 février.

 

Ils se sont mis d’accord sur les points suivants :

– la reprise des travaux dans le cadre du format Normandie sur la base des échanges et des propositions faites par l’Ukraine ces derniers jours.

– un travail intensif pour permettre la tenue d’une réunion du groupe de contact trilatéral dans les prochaines heures avec l’objectif d’obtenir de toutes les parties prenantes un engagement de cessez-le-feu sur la ligne de contact.

– la nécessité de donner la priorité à une solution diplomatique à la crise actuelle et de tout faire pour y parvenir. Pour cela, un travail diplomatique intensif sera mené dans les jours et semaines à venir. Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Jean-Yves LE DRIAN, rencontrera son homologue M. LAVROV dans les prochains jours et plusieurs consultations auront lieu à Paris à cet effet.

– ce travail diplomatique doit permettre d’avancer sur la base des derniers échanges en impliquant toutes les parties prenantes (Européens, alliés, Russes et Ukrainiens) afin d’aboutir, si les conditions sont réunies, à une rencontre au plus haut niveau en vue de définir un nouvel ordre de paix et de sécurité en Europe.

– Pour mener ces travaux dans des conditions sérieuses, les deux chefs d’État se sont fermement engagés à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter l’escalade, réduire les risques et préserver la paix.

Que se passe-t-il donc ici ?

Tout d’abord, l’évidence : Macron veut gagner la prochaine élection présidentielle en France et être le « sauveur de l’Europe » lui fournirait matière à fierté.

Deuxièmement, ce qui n’est pas moins évident : Macron essaie de court-circuiter ses « partenaires » anglo-saxons, puisque ni les États-Unis ni le Royaume-Uni ne veulent autre chose qu’une intervention militaire russe ouverte en Ukraine. Remarquez les mots « toutes les parties prenantes (Européens, alliés, Russes et Ukrainiens) » qui ne mentionnent ni les États-Unis ni le Royaume-Uni (ici, « alliés » n’est qu’un terme de remplacement vide mais politiquement correct).

Troisièmement, et c’est aussi évident : les Anglos se fichent éperdument de Macron et de ses projets.

Ce qui nous amène à la question suivante : pourquoi Poutine s’en préoccupe-t-il ?

La réponse, cependant, renvoie à une logique différente du côté russe.

Premièrement, Poutine et Lavrov ont pour politique de parler à (presque) tout le monde (« Ze » étant l’exception actuelle). C’est la façon russe de faire de la diplomatie : parler à des pays qui sont les ennemis mortels les uns des autres, comme Israël et l’Iran, et parler à des non-entités comme Schultz ou Truss. Le Kremlin ne se soucie pas de savoir si Lavrov ou Poutine doivent se « retenir mentalement » lorsqu’ils parlent à des menteurs éhontés et lâches, si cela leur procure un avantage tangible (nous y reviendrons plus tard).

Et les Russes feront toujours tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter une guerre, petite ou grande.

Les Occidentaux sont habitués à la « diplomatie occidentale », dans laquelle vous ne parlez (c’est-à-dire « donnez des ordres ») qu’à vos colonies, ne parlez jamais à vos adversaires (qui sont toujours diabolisés) et où NE PAS négocier est considéré comme un signe de « force ».

En Russie, ne pas négocier par principe est considéré comme tout simplement stupide et contre-productif.

En outre, alors que Macron veut clairement répéter l’« exploit » de Sarkozy qui a prétendu (à tort !) avoir arrêté la guerre du 08.08.08 [en Géorgie, NdT], les Russes voient un autre avantage très tangible à parler à Macron : créer encore plus de divisions dans l’Occident dans son ensemble et en Europe spécifiquement.

Considérez ceci : l’ultimatum russe a déjà eu beaucoup d’effets très positifs :

  • Les États-Unis et l’OTAN, après avoir ignoré totalement la Russie pendant des années, sont non seulement disposés à parler au Kremlin, mais ils reprennent même d’anciennes propositions russes et les présentent comme les leurs.
  • L’Europe a peur, très peur. Non seulement d’une guerre majeure avec tout ce que cela implique (y compris des vagues de réfugiés), mais aussi d’un effondrement énergétique/économique en cas de victoire des États-Unis et du Royaume-Uni.
  • Les Ukros au pouvoir ont soudainement réalisé qu’ils pourraient être visés. Personnellement. D’où la fuite des oligarques Ukies vers l’UE et « Ze » « voyage en Europe pour participer à la conférence de Munich ».
  • Les Chinois voient maintenant que la Russie est engagée (je préciserai à quoi exactement ci-dessous) et ils jettent leur poids considérable derrière la Russie.

On pourrait utiliser une expression russe et dire que Poutine a planté un gros bâton dans la « fourmilière » occidentale et que les fourmis courent maintenant comme des folles.

En un seul geste, la Russie a accompli plus que pendant plusieurs décennies et, jusqu’à présent, elle l’a fait à un prix vraiment modeste.

Cela dit, je dois répéter quelque chose d’essentiel ici :

==>>Il ne s’agit PAS, je répète, il ne s’agit PAS de la LDNR ou même de l’Ukraine.

La Russie (et la Chine !) veulent un ordre mondial multipolaire différent, un ordre basé sur la pleine souveraineté de tous les pays, un ordre dans lequel le droit international sert de base aux relations entre les États souverains, un ordre dans lequel la sécurité est toujours définie et comprise comme une sécurité collective et un ordre dans lequel les Nations unies restent la seule autorité supérieure pour faire appliquer les règles du droit international.

Le Kremlin dit souvent qu’il veut un nouvel arrangement de sécurité en Europe. Et c’est vrai. Mais, ne soyons pas naïfs, la domination américaine sur ses colonies européennes est la pierre angulaire de la domination mondiale anglo-saxonne, donc si les États-Unis et le Royaume-Uni « perdent » l’Europe, ils seront finis en tant que prétendus hégémons mondiaux.

Les Russes et les Chinois mènent actuellement l’ensemble de la zone B vers cet objectif grâce à un savant mélange de politiques unilatérales, notamment la dédollarisation progressive de l’Eurasie et des marchés de l’énergie, la pression militaire sur les États-Unis et leurs colonies et le développement de leurs économies réelles (par opposition aux économies basées sur la finance et les services de l’Occident).

D’accord, mais qu’est-ce que cela signifie en pratique ?

Il est trop tôt pour le dire.

Tout d’abord, nous verrons ce qui ressortira, le cas échéant, de l’initiative française.

Deuxièmement, les initiatives de Macron n’auront aucun impact sur la Ligne de front dans la LDNR, où des échanges de tirs ont lieu en permanence mais où, du moins jusqu’à présent, les Ukies n’ont pas lancé d’assaut terrestre en traversant la Ligne de front. Mais ils pourraient le faire d’une seconde à l’autre, les deux parties étant pleinement préparées à un tel événement.

Ensuite, il y a le risque très réel d’un événement majeur sous fausse bannière organisé par les Anglos. L’ensemble de la machine de propagande anglo-sioniste est maintenant prête à « récupérer » instantanément une telle fausse bannière et à tout mettre sur le dos de la Russie. Je ne vois pas ce que Macron pourrait faire contre cela, même en supposant qu’il le veuille vraiment.

Ne tirons donc pas de conclusions hâtives et voyons ce qui se passe la semaine prochaine avec Macron et Blinken.

Pendant ce temps, les Ukies essaient d’effrayer la planète avec des rumeurs selon lesquelles ils abandonneraient leur statut de pays non nucléarisé et développeraient des armes nucléaires. Ne vous inquiétez pas, les Ukies peuvent tout au plus fabriquer une « bombe sale », mais ils n’ont aucune chance d’acquérir de vraies armes nucléaires (et d’ailleurs, si ce risque était un tant soit peu réel, la Russie prendrait toutes les mesures nécessaires pour éliminer cette possibilité).

Les Ukies ont également envoyé un groupe de diversion dans la LDNR mais les forces de sécurité de l’état local les ont rapidement interceptés : 1 Ukrainien mort, un autre fait prisonnier. Deux blessés légers dans les forces spéciales de la LDNR. Vous trouverez ci-dessous la vidéo de cette opération anti-terroriste.

Andrei

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

Source  : https://lesakerfrancophone.fr/que-preparent-poutine-et-macron

Crise ukrainienne : La responsabilité de l’hubris occidental et de l’idéalisme libéral

21.février.2022 // Les Crises

Le plus tragique concernant les craintes d’une invasion potentielle par la Russie est qu’elles auraient pu être évitées très facilement.

Par Stephen M. Walt, chroniqueur à Foreign Policy et professeur de relations internationales au centre Robert et Renée Belfer de l’université Harvard.

Source : Foregin Policy, Stephen M. Walt
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Bill Clinton et Joe Biden lors d’une réunion de la délégation du Congrès américain au sommet de l’OTAN en Espagne, le 7 juillet 1998.

Le plus tragique est que toute cette affaire aurait pu être évitée, si les États-Unis et leurs alliés européens ne se berçaient pas d’illusions et n’avaient pas succombé à leur hubris et à l’idéalisme libéral [NdT : il s’agit ici du sens américain, qui fait essentiellement référence, pour cet aspect géopolitique, à la pensée dominante du parti Démocrate, à la façon de Bill Clinton mais aussi de certains néo-conservateurs républicains]. S’ils s’étaient plutôt appuyés sur les principes fondamentaux du réalisme, la crise actuelle n’aurait pas eu lieu. En effet, la Russie ne se serait probablement jamais emparée de la Crimée, et l’Ukraine serait plus sûre aujourd’hui. Le monde paie le prix fort pour s’être appuyé sur une théorie erronée de la politique mondiale.

Au niveau le plus élémentaire, le réalisme part du constat que les guerres se produisent parce qu’il n’existe pas d’institution ou d’autorité centrale qui puisse protéger les États les uns des autres et les empêcher de se battre s’ils choisissent de le faire. Étant donné que la guerre est toujours possible, les États se disputent le pouvoir et ont parfois recours à la force pour tenter d’accroître leur sécurité ou d’obtenir d’autres avantages. Les États ne peuvent pas savoir avec certitude ce que les autres peuvent faire à l’avenir, ce qui les rend réticents à se faire confiance et les encourage à se protéger contre la possibilité qu’un autre État puissant tente de leur nuire dans l’avenir.

Le libéralisme voit la politique mondiale différemment. Au lieu de considérer que toutes les grandes puissances sont plus ou moins confrontées au même problème – le besoin d’être en sécurité dans un monde où la guerre est toujours possible – le libéralisme prétend que les actions des États sont principalement déterminées par leurs caractéristiques internes et la nature des liens entre eux. Il divise le monde en « gentils États » (ceux qui incarnent les valeurs libérales) et en « méchants États » (à peu près tous les autres) et soutient que les conflits résultent principalement des pulsions agressives des autocrates, des dictateurs et autres dirigeants non libéraux. Pour les libéraux, la solution consiste à renverser les tyrans et à répandre la démocratie, le libre marché et des institutions basées sur le principe que les démocraties ne se font pas la guerre, surtout lorsqu’elles sont liées par du commerce, des investissements et un ensemble de règles convenues.

Après la guerre froide, les élites occidentales ont conclu que le réalisme n’était plus approprié, et que les idéaux libéraux devaient guider la conduite de la politique étrangère. Comme l’a déclaré Stanley Hoffmann, professeur à l’université de Harvard, à Thomas Friedman du New York Times en 1993, le réalisme est « un non-sens total aujourd’hui ». Les responsables américains et européens pensaient que la démocratie libérale, l’ouverture des marchés, l’État de droit et d’autres valeurs libérales se répandaient comme une traînée de poudre et qu’un ordre libéral mondial était à portée de main.

Ils partaient du principe, comme le disait Bill Clinton, alors candidat à la présidence, en 1992, que « le calcul cynique de la pure politique de puissance » n’avait pas sa place dans le monde moderne et qu’un ordre libéral émergent apporterait de nombreuses décennies de paix démocratique. Au lieu de se faire concurrence pour le pouvoir et la sécurité, les nations du monde se concentreraient sur leur propre enrichissement dans un ordre libéral de plus en plus ouvert, harmonieux et fondé sur des règles, façonné et protégé par la puissance bienveillante des États-Unis.

Si cette vision optimiste s’était avérée exacte, la diffusion de la démocratie et l’extension des garanties de sécurité des États-Unis dans la sphère d’influence traditionnelle de la Russie auraient posé peu de risques. Mais ce résultat était peu probable, comme tout bon réaliste aurait pu vous le dire. En effet, les opposants à l’élargissement n’ont pas tardé à avertir que la Russie considérerait inévitablement l’élargissement de l’OTAN comme une menace et que sa réalisation empoisonnerait les relations avec Moscou.

C’est pourquoi plusieurs experts américains de premier plan – dont le diplomate George Kennan, l’auteur Michael Mandelbaum et l’ancien secrétaire à la défense William Perry – se sont opposés à l’élargissement dès le départ. Le secrétaire d’État adjoint de l’époque, Strobe Talbott, et l’ancien secrétaire d’État, Henry Kissinger, étaient initialement opposés à l’élargissement pour les mêmes raisons, bien qu’ils aient tous deux changé de position par la suite et rejoint le mouvement en faveur de l’élargissement.

Les partisans de l’élargissement ont remporté le débat en affirmant qu’il contribuerait à consolider les nouvelles démocraties en Europe centrale et orientale et à créer une « vaste zone de paix » dans toute l’Europe. Selon eux, il importait peu que certains des nouveaux membres de l’OTAN aient une valeur militaire faible ou nulle pour l’alliance et qu’ils soient difficiles à défendre, car la paix serait si solide et durable que tout engagement à protéger ces nouveaux alliés n’aurait jamais à être honoré.

En outre, ils ont insisté sur le fait que les intentions bénignes de l’OTAN étaient évidentes et qu’il serait facile de persuader Moscou de ne pas s’inquiéter alors que l’OTAN se rapproche de la frontière russe. Ce point de vue était extrêmement naïf, car la question essentielle n’était pas de savoir quelles pouvaient être les intentions de l’OTAN dans la réalité. Ce qui importait vraiment, bien sûr, c’était ce que les dirigeants russes pensaient qu’elles étaient ou pourraient devenir. Même si les dirigeants russes avaient pu être convaincus que l’OTAN n’avait aucune intention malveillante, ils ne pouvaient jamais être sûrs que ce serait toujours le cas.

Bien que Moscou n’ait eu d’autre choix que d’accepter l’admission de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque au sein de l’OTAN, les préoccupations de la Russie se sont accrues à mesure que l’élargissement se poursuivait. Cela n’a rien arrangé que l’élargissement soit en contradiction avec l’assurance verbale donnée par le secrétaire d’État américain James Baker au dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, en février 1990, que si l’Allemagne était autorisée à se réunifier au sein de l’OTAN, l’alliance ne se déplacerait pas « d’un centimètre vers l’est » – un engagement que Gorbatchev a naïvement omis de codifier par écrit. (Baker et d’autres contestent cette caractérisation, et Baker a nié s’être engagé officiellement).

Les doutes de la Russie se sont accrus lorsque les États-Unis ont envahi l’Irak en 2003 – une décision qui a montré un mépris délibéré pour le droit international – et encore plus après que l’administration Obama a outrepassé l’autorité de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies et a aidé à évincer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2011. La Russie s’était abstenue sur la résolution – qui autorisait la protection des civils mais pas le changement de régime – et l’ancien secrétaire américain à la Défense Robert Gates a commenté plus tard que « les Russes avaient l’impression d’avoir été pris pour des pigeons. » Ces incidents, ainsi que d’autres, contribuent à expliquer pourquoi Moscou insiste désormais sur des garanties écrites.

Si les responsables politiques américains avaient réfléchi à l’histoire et aux sensibilités géographiques de leur propre pays, ils auraient compris comment l’élargissement est apparu à leurs homologues russes. Comme l’a récemment noté le journaliste Peter Beinart, les États-Unis ont déclaré à plusieurs reprises que l’hémisphère occidental était interdit aux autres grandes puissances et ont menacé ou utilisé la force à de nombreuses reprises pour faire respecter cette déclaration. Pendant la guerre froide, par exemple, l’administration Reagan était tellement alarmée par la révolution au Nicaragua (un pays dont la population était inférieure à celle de la ville de New York) qu’elle a organisé une armée de rebelles pour renverser les Sandinistes socialistes au pouvoir.

Si les Américains pouvaient s’inquiéter à ce point d’un minuscule pays comme le Nicaragua, pourquoi était-il si difficile de comprendre pourquoi la Russie pouvait avoir de sérieux doutes sur le mouvement constant de la plus puissante alliance du monde vers ses frontières ? Le réalisme explique pourquoi les grandes puissances ont tendance à être extrêmement sensibles à l’environnement sécuritaire dans leur voisinage immédiat, mais les architectes libéraux de l’élargissement n’ont tout simplement pas pu le comprendre. Il s’agit d’un manque monumental d’empathie aux conséquences stratégiques profondes.

L’erreur est encore aggravée par l’insistance répétée de l’OTAN sur le fait que l’élargissement est un processus ouvert et que tout pays répondant aux critères d’adhésion peut y adhérer. Ce n’est pas tout à fait ce que dit le traité de l’OTAN, d’ailleurs ; l’article 10 stipule simplement : « Les parties peuvent, par accord unanime, inviter à accéder au Traité tout autre État européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord. »

Le mot clé ici est « peut » – aucun pays n’a le droit d’adhérer à l’OTAN et certainement pas si son entrée réduirait la sécurité des autres membres Les détails mis à part, crier cet objectif sur tous les toits était imprudent et inutile. Toute alliance militaire peut intégrer de nouveaux membres si les parties existantes sont d’accord pour le faire, et l’OTAN l’a fait à plusieurs reprises. Mais proclamer ouvertement un engagement actif et illimité en faveur d’un déplacement vers l’Est ne pouvait qu’accroître les craintes de la Russie.

Le faux pas suivant a été la décision de l’administration Bush de proposer la candidature de la Géorgie et de l’Ukraine à l’adhésion à l’OTAN lors du sommet de Bucarest en 2008. L’ancienne responsable du Conseil national de sécurité des États-Unis, Fiona Hill, a récemment révélé que la communauté des services de renseignement américains s’était opposé à cette décision, mais que le président américain de l’époque, George W. Bush, avait ignoré leurs objections pour des raisons qui n’ont jamais été pleinement expliquées. Le moment choisi était d’autant plus étrange que ni l’Ukraine ni la Géorgie n’étaient proches de satisfaire aux critères d’adhésion en 2008 et que d’autres membres de l’OTAN s’opposaient à leur inclusion.

Il en est résulté un compromis difficile, négocié par les Britanniques, dans lequel l’OTAN a déclaré que les deux États finiraient par adhérer, sans toutefois préciser quand. Comme l’a déclaré à juste titre le politologue Samuel Charap : « [C]ette déclaration était le pire des mondes. Elle n’a pas apporté de sécurité accrue à l’Ukraine et à la Géorgie, mais a renforcé l’opinion de Moscou selon laquelle l’OTAN était décidée à les intégrer. » Il n’est pas étonnant que l’ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN, Ivo Daalder, ait décrit la décision de 2008 comme le « péché capital » de l’OTAN.

L’épisode suivant a eu lieu en 2013 et 2014. Alors que l’économie ukrainienne chancelait, le président ukrainien de l’époque, Viktor Ianoukovitch, a encouragé une surenchère entre l’Union européenne et la Russie pour obtenir une aide économique. Sa décision de rejeter un accord d’adhésion négocié avec l’UE et d’accepter une offre plus lucrative de la Russie a déclenché les manifestations de l’Euromaïdan qui ont finalement conduit à son éviction. Les responsables américains ont visiblement penché en faveur des manifestants et ont participé activement à la sélection du successeur de M. Ianoukovitch, accréditant ainsi les craintes russes qu’il s’agisse d’une révolution de couleur parrainée par l’Occident.

De façon remarquable, les responsables européens et américains ne semblent jamais s’être demandé si la Russie pourrait s’opposer à ce résultat ou ce qu’elle pourrait faire pour le faire échouer. Ils ont donc été pris au dépourvu lorsque le président russe Vladimir Poutine a ordonné la prise de la Crimée et soutenu les mouvements séparatistes russophones dans les provinces orientales de l’Ukraine, plongeant le pays dans un conflit gelé qui perdure à ce jour.

Il est courant en Occident de défendre l’expansion de l’OTAN et de rejeter la responsabilité de la crise ukrainienne uniquement sur Poutine. Le dirigeant russe ne mérite aucune sympathie, comme le montrent très clairement sa politique intérieure répressive, sa corruption évidente, ses mensonges répétés et ses campagnes meurtrières contre les exilés russes qui ne représentent aucun danger pour son régime.

La Russie a également foulé aux pieds le Mémorandum de Budapest de 1994, qui offrait des garanties de sécurité à l’Ukraine en échange de l’abandon par celle-ci de l’arsenal nucléaire hérité de l’Union soviétique. Ces actions, ainsi que d’autres, ont suscité des inquiétudes légitimes quant aux intentions de la Russie, et la prise illégale de la Crimée a fortement retourné l’opinion ukrainienne et européenne contre Moscou. Si la Russie a des raisons évidentes de s’inquiéter de l’élargissement de l’OTAN, ses voisins ont de nombreuses raisons de s’inquiéter également de la Russie.

Mais Poutine n’est pas le seul responsable de la crise actuelle en Ukraine, et l’indignation morale à l’égard de ses actions ou de son caractère n’est pas une stratégie. Des sanctions plus nombreuses et plus sévères ne sont pas non plus susceptibles de l’amener à se plier aux exigences occidentales. Aussi déplaisant que cela puisse être, les États-Unis et leurs alliés doivent reconnaître que l’alignement géopolitique de l’Ukraine est un intérêt vital pour la Russie – un intérêt qu’elle est prête à défendre par la force – et ce n’est pas parce que Poutine se trouve être un autocrate impitoyable ayant un penchant nostalgique pour l’ancien passé soviétique.

Les grandes puissances ne sont jamais indifférentes aux forces géostratégiques déployées à leurs frontières, et la Russie se soucierait profondément de l’alignement politique de l’Ukraine même si quelqu’un d’autre était aux commandes. La réticence des États-Unis et de l’Europe à accepter cette réalité fondamentale est l’une des principales raisons pour lesquelles le monde se trouve aujourd’hui dans une telle situation.

Cela dit, Poutine a rendu ce problème plus difficile en essayant d’obtenir des concessions majeures sous la menace d’une arme. Même si ses exigences étaient tout à fait raisonnables (et certaines ne le sont pas), les États-Unis et le reste de l’OTAN ont de bonnes raisons de résister à sa tentative de chantage. Une fois encore, le réalisme permet de comprendre pourquoi : Dans un monde où chaque État est en fin de compte livré à lui-même, signaler que l’on peut être victime de chantage peut encourager le maître-chanteur à formuler de nouvelles exigences.

Pour contourner ce problème, les deux parties devraient transformer cette négociation, qui ressemble à du chantage, en une négociation qui ressemble davantage à un échange de faveurs. La logique est simple : Je ne voudrais pas vous donner ce que vous voulez si vous me menacez, car cela crée un précédent inquiétant et pourrait vous inciter à répéter ou à intensifier vos demandes. Mais je pourrais être disposé à vous donner quelque chose que vous voulez si vous acceptez de me donner quelque chose que je veux tout autant : donne moi la rhubarbe je te passerai le séné. Il n’y a rien de mal à créer un tel précédent ; c’est, en fait, la base de tous les échanges économiques volontaires.

L’administration Biden semble tenter quelque chose dans ce sens en proposant des accords mutuellement bénéfiques sur les déploiements de missiles et d’autres questions secondaires et en essayant de retirer de la table la question du futur élargissement de l’OTAN. J’ai beaucoup de respect pour la fermeté, la perspicacité et les talents de négociateur de la secrétaire d’État adjointe américaine Wendy Sherman, mais je ne pense pas que cette approche puisse être adoptée. Pourquoi ? Parce qu’en fin de compte, l’alignement géopolitique de l’Ukraine est un intérêt vital pour le Kremlin et la Russie insistera pour obtenir quelque chose de tangible.

Le président américain Joe Biden a déjà clairement indiqué que les États-Unis n’iraient pas en guerre pour défendre l’Ukraine, et ceux qui pensent qu’ils peuvent et doivent le faire – dans une région qui se trouve juste à côté de la Russie – croient apparemment que nous sommes encore dans le monde unipolaire des années 1990 et que nous avons beaucoup d’options militaires avantageuses.

Alors qu’elle joue avec de mauvaises cartes, l’équipe de négociation américaine insiste apparemment toujours pour que l’Ukraine conserve la possibilité d’adhérer à l’OTAN à un moment donné dans le futur, ce qui est précisément le résultat que Moscou veut exclure. Si les États-Unis et l’OTAN veulent résoudre ce problème par la diplomatie, ils vont devoir faire de réelles concessions et n’obtiendront peut-être pas tout ce qu’ils souhaitent. Je n’aime pas cette situation plus que vous, mais c’est le prix à payer pour une expansion imprudente de l’OTAN au-delà des limites raisonnables.

Le meilleur espoir d’une résolution pacifique de ce triste désordre est que le peuple ukrainien et ses dirigeants se rendent compte que la bataille entre la Russie et l’Occident pour obtenir l’allégeance de Kiev sera un désastre pour leur pays. L’Ukraine devrait prendre l’initiative et annoncer qu’elle a l’intention de fonctionner comme un pays neutre qui ne rejoindra aucune alliance militaire.

Elle devrait s’engager formellement à ne pas devenir membre de l’OTAN ni à rejoindre l’Organisation du traité de sécurité collective dirigée par la Russie. Elle serait toujours libre de commercer avec n’importe quel pays et d’accueillir les investissements de n’importe quel pays, et elle devrait être libre de choisir ses propres dirigeants sans interférence extérieure. Si Kiev prenait cette décision de son propre chef, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ne pourraient pas être accusés de céder au chantage russe.

Pour les Ukrainiens, vivre comme un État neutre à côté de la Russie n’est pas une situation idéale. Mais compte tenu de sa situation géographique, c’est le meilleur résultat que l’Ukraine puisse raisonnablement espérer. Elle est certainement bien supérieure à la situation dans laquelle les Ukrainiens se trouvent actuellement. Il convient de rappeler que l’Ukraine a été effectivement neutre de 1992 à 2008, année où l’OTAN a imprudemment annoncé que l’Ukraine rejoindrait l’alliance. À aucun moment au cours de cette période, elle n’a été confrontée à un risque sérieux d’invasion. Toutefois, le sentiment anti-russe est aujourd’hui très fort dans la majeure partie de l’Ukraine, ce qui rend moins probable l’utilisation de cette éventuelle voie de sortie de crise.

L’élément le plus tragique de toute cette triste saga est qu’elle aurait pu être évitée. Mais tant que les décideurs américains ne tempéreront pas leur hubris libérale et ne comprendront pas mieux les leçons inconfortables mais vitales du réalisme, ils risquent de se heurter à des crises similaires à l’avenir.

Source : Foregin Policy, Stephen M. Walt – 19/01/2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Source : https://www.les-crises.fr/crise-ukrainienne-la-responsabilite-de-l-hubris-occidental-et-de-l-idealisme-liberal/