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samedi 8 juillet 2023

Grand Reset : « Vous ne posséderez rien et vous serez heureux… »/Le “Grand Reset” et les plans pour une guerre mondiale contre l’épargne

Un article de 2020, toujours d'actualité, permettant, notamment, une mise en perspective de la loi de programmation militaire 2024 autorisant des amendes impayables, des peines de prison lourdes voire...la réquisition de votre bien immobilier. 

 "Vous ne posséderez rien et vous en serez heureux" Klaus Schwab

Source : https://leblogalupus.com/2020/12/10/grand-reset-vous-ne-possederez-rien-et-vous-serez-heureux-le-grand-reset-et-les-plans-pour-une-guerre-mondiale-contre-lepargne/

« Vous ne posséderez rien et vous serez heureux… »

10 DÉCEMBRE 2020

Klaus Schwab est né dans l’Allemagne nazie en 1938. On dispose de peu d’informations sur son éducation – c’est-à-dire sur la mesure dans laquelle il a été éduqué pour croire à la doctrine nazie – mais quoi qu’on lui ait enseigné dans sa jeunesse, il est aujourd’hui l’un des plus fervents partisans du régime totalitaire.

Bien que cette description puisse sembler assez alambiquée, le concept était considéré par Wall Street et une grande partie du gouvernement américain dans les années 1930 comme la voie de l’avenir. À tel point qu’ils ont apporté un soutien financier et logistique considérable à l’Allemagne nazie pendant les années 1930 et même dans les années 1940.

Après la guerre, seule une poignée d’Allemands ont été poursuivis pour crimes de guerre lors des procès de Nuremberg. D’innombrables autres ont été pris en charge par l’industrie américaine et le gouvernement après la guerre, afin de former l’industrie américaine à la méthodologie allemande.

Pendant de nombreuses années après la guerre, les concepts nazis sont restés sous le radar, mais ces dernières années, ils sont devenus une force majeure non seulement aux États-Unis, mais aussi dans les États alliés des États-Unis : le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et, plus particulièrement, l’UE.

Les concepts de base sont pérennes dans leur attrait pour ceux qui cherchent à dominer :

  1. Créer une classe supérieure de ceux qui sont très bien placés dans l’industrie et la politique.
  2. Paralyser la classe moyenne sur le plan économique, de sorte qu’elle n’ait plus le pouvoir de prendre ses propres décisions de vie.
  3. Offrir une dépendance considérablement accrue à l’égard de l’État pour soulager les difficultés économiques créées par l’État.
  4. Supprimer les libertés, en échange de la promesse de largesses de la part de l’État.
  5. Instaurer un État policier et un régime totalitaire pour garantir la pérennité du nouveau paradigme.
  6. Une fois que les contrôles seront pleinement mis en œuvre et que la population sera devenue dépendante du nouveau système, commencer à supprimer les droits promis.

L’idée qui sous-tend ce dernier point est que, lorsque la population sera totalement dépendante de l’État, elle aura perdu le pouvoir de s’opposer ou de se rebeller si les droits sont supprimés. Elle est alors totalement dominée.

Bien sûr, si quelqu’un lisait le menu ci-dessus, il dirait immédiatement « Pas question » et rejetterait le programme. Par conséquent, si un régime aussi oppressif devait être imposé à un peuple, il faudrait le lui vendre comme un avantage, et non comme un esclavage virtuel.

Adolf Hitler était fier de dire : « Faites un gros mensonge. Restez simple. Continuez à le dire et ils finiront par le croire. »

Tout à fait. Heureusement, Monsieur Hitler et ses amis ont été retirés du firmament avant que les dernières étapes du programme ne puissent être mises en œuvre.

Mais aujourd’hui, les juridictions énumérées ci-dessus sont maintenant solidement dans la phase d’achèvement du point 2 et ont commencé à fournir l’offre du point 3 : la solution promise à la population.

Et ainsi, nous revenons à notre tête d’affiche pour le totalitarisme : Klaus Schwab.

Sa renommée a été acquise grâce à sa création et à sa présidence du Forum économique mondial (FEM). Au cours des cinquante dernières années, le FEM a gagné en influence pour devenir l’un des principaux leaders dans la proposition d’un nouvel ordre mondial.

Comme pour Monsieur Hitler, pour vendre le Totalitarisme 201 aux peuples des pays en question, la technique consiste une fois de plus à « faire un gros mensonge ».

La vidéo du professeur Schwab offre un état idyllique dans lequel les gens peuvent se débarrasser de toutes les dettes personnelles, des bouleversements politiques et des troubles sociaux qui s’étendent maintenant si rapidement.

La solution proposée est de céder son droit à la propriété de manière permanente, en échange d’une vie où la responsabilité est minimale.

Le gouvernement mondial vous fournira un revenu de base. Vous louerez tout ce dont vous avez besoin : une résidence, un véhicule, des appareils électroménagers et même vos vêtements.

Et surtout, comme le montre le visage du citoyen sur l’image ci-dessus, vous serez heureux.

Il n’y aura plus de guerres.

Une « poignée de pays » dirigera le monde en coopération.

Il n’y aura plus d’attente pour des soins médicaux.

« Il y aura un prix mondial pour les émissions de carbone. » (Cela signifie que ceux qui utilisent des combustibles fossiles – tout le monde – seront taxés pour leur utilisation, bien qu’aucune explication ne soit donnée quant à la façon dont cela empêchera le monde de se terminer dans douze ans à cause des émissions, comme le prétendent les mondialistes).

Le gouvernement aura le contrôle total de tous les aspects de votre vie, ainsi que la tâche d’éliminer tout obstacle à votre bonheur.

Cela semble merveilleux. Où dois-je m’inscrire ?

Mais si nous nous arrêtons et réfléchissons un instant, nous pourrions souhaiter poser quelques questions.

Tout d’abord, vous renoncez à tous vos droits au début de l’accord. Vous aurez perdu tous vos biens et toutes vos libertés. Vous dépendrez à 100 % de l’État. Leur part de l’accord doit être livrée à l’arrière.

Mais une fois que vous serez totalement dépendant et que vous ne pourrez plus vous en sortir, rien ne les empêchera de retirer le bol de punch… Oh-oh.

Toutes les choses qui ont été promises peuvent être retirées une à une, jusqu’à ce que vous soyez à la fois serviable et appauvri. Vous n’aurez pas la capacité de vous rebeller ou même de vous plaindre.

Pendant des générations, les dirigeants politiques ont fait des promesses vides qui n’ont jamais été tenues. Les dirigeants politiques conservateurs et libéraux n’ont cessé de manifester leur désaccord sur la forme de gouvernance qui pourrait le mieux servir le peuple. Pourtant, d’une manière ou d’une autre, le résultat, quel que soit le groupe qui détient théoriquement les rênes du pouvoir à un moment donné, a toujours été un gouvernement plus important et plus puissant et une population de plus en plus privée de ses libertés – sociales, politiques et économiques.

Nous sommes maintenant à un tournant où une grande partie de l’ancien monde libre est tentée de faire le saut vers le « Meilleur des mondes ».

Tous les problèmes sociaux, politiques et économiques qui existent actuellement ont été causés par les dirigeants politiques. Ils vous demandent maintenant de leur faire confiance pour mettre fin à ces problèmes.

La promesse est simple : Vous ne posséderez rien. Et vous serez heureux.

Mais vous n’êtes pas obligé de vous engager. Il vous suffit de rester assis et d’accepter la transformation vers le totalitarisme telle qu’elle se déroule.

Rien n’est plus simple.

Source : International Man – Traduit par Anguille sous roche

Le “Grand Reset” et les plans pour une guerre mondiale contre l’épargne

La dette mondiale devrait s’élever à un niveau record de 277 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, selon l’Institut de finance internationale. La dette totale des marchés développés – gouvernements, entreprises et ménages – est passée à 432 % du PIB au troisième trimestre. Le ratio dette/PIB des marchés émergents a atteint près de 250 % au troisième trimestre, la Chine atteignant 335 %, et pour l’année, le ratio devrait atteindre environ 365 % du PIB mondial. L’essentiel de cette augmentation massive de 15 000 milliards de dollars en un an provient de la réponse du gouvernement et des entreprises à la pandémie. Toutefois, nous devons nous rappeler que le chiffre de la dette totale avait déjà atteint des sommets en 2019, avant toute pandémie et en période de croissance.
 

Le principal problème est que la majeure partie de cette dette est une dette improductive. Les gouvernements utilisent la marge de manœuvre budgétaire sans précédent pour perpétuer des dépenses courantes gonflées, qui ne génèrent aucun rendement économique réel. Le résultat probable est donc que la dette continuera d’augmenter après la fin de la crise pandémique et que le niveau de croissance et de productivité atteint ne suffira pas à réduire la charge financière qui pèse sur les comptes publics.

Dans ce contexte, le Forum économique mondial a présenté une feuille de route pour ce que l’on a appelé “la grande remise à zéro” ou “le grand reset”. Il s’agit d’un plan qui vise à saisir l’occasion actuelle pour “façonner une reprise économique et l’orientation future des relations, des économies et des priorités mondiales”. Selon le Forum économique mondial, le monde doit également s’adapter à la réalité actuelle en “orientant le marché vers des résultats plus équitables, en veillant à ce que les investissements soient axés sur le progrès mutuel, notamment en accélérant les investissements écologiques, et en lançant une quatrième révolution industrielle, en créant des infrastructures économiques et publiques numériques”. Ces objectifs sont évidemment partagés par nous tous, et la réalité montre que le secteur privé met déjà en œuvre ces idées, car nous voyons la technologie, les investissements renouvelables et les plans de durabilité prospérer partout dans le monde.

Nous sommes témoins en temps réel de la preuve que les entreprises s’adaptent rapidement et fournissent de meilleurs biens et services à des prix abordables pour tous, atteignant un niveau de progrès en matière d’objectifs environnementaux et de bien-être qui serait impensable si les gouvernements étaient aux commandes.

Cette crise montre que le monde a échappé au risque de pénurie et d’hyperinflation grâce à un secteur privé qui a dépassé toutes les attentes dans une crise apparemment insurmontable.

Le message global du Forum économique mondial semble prometteur. Seuls trois mots gâchent l’ensemble du message positif : “diriger les marchés”.

Le risque que les gouvernements prennent ces idées pour promouvoir un interventionnisme massif n’est pas mince.

L’idée du Grand Reset a été rapidement adoptée par les économies les plus bureaucratiques et les plus interventionnistes comme une validation de l’implication croissante des gouvernements dans l’économie. Cependant, cela est faux.

L’idée que les gouvernements vont promouvoir un système économique qui réduit l’inflation, améliore la concurrence et donne du pouvoir aux citoyens est plus que farfelue. En tant que tel, le Forum économique mondial ne peut ignorer le risque d’une intervention gouvernementale dans le cadre de cette idée d’un Grand Reset qui n’a pas besoin d’être appliqué, puisqu’il est déjà en place depuis des années.

La technologie, la concurrence et l’ouverture des marchés feront plus pour la durabilité, le bien-être social et l’environnement que l’action gouvernementale, car même les gouvernements les mieux intentionnés tenteront de défendre à tout prix trois choses qui vont à l’encontre des messages bien intentionnés du Forum économique mondial : les gouvernements continueront à essayer de défendre leurs champions nationaux, la hausse de l’inflation et un contrôle accru de l’économie. Ces trois choses vont à l’encontre de l’idée d’un nouveau monde avec des biens et des services meilleurs et plus abordables pour tous, avec une meilleure protection sociale, un chômage plus faible et un secteur privé prospère et hautement productif.

Nous devrions toujours nous préoccuper des idées bien intentionnées lorsque les premiers à les adopter sont ceux qui sont contre la liberté et la concurrence.

Il y a une partie encore plus sombre. De nombreux interventionnistes ont salué cette proposition comme une occasion d’effacer la dette. Tout cela semble bien tant que nous ne comprenons pas ce que cela implique réellement. Le risque est énorme que les gouvernements utilisent l’excuse de l’annulation d’une partie de leur dette pour décider d’annuler une grande partie de nos économies. Nous devons nous rappeler qu’il ne s’agit même pas d’une théorie de conspiration. La plupart des partisans de la théorie monétaire moderne partent du principe que les déficits publics sont compensés par l’épargne des ménages et du secteur privé, il n’y a donc pas de problème… Le seul problème mineur (notez l’ironie) est de faire correspondre la dette d’un individu à l’épargne d’un autre. Si nous comprenons le système monétaire mondial, nous comprendrons alors que l’effacement de milliers de milliards de dettes publiques signifierait également l’effacement de milliers de milliards d’épargne des citoyens.

L’idée d’un système économique plus durable, plus propre et plus social n’est pas nouvelle, et il n’est pas nécessaire que les gouvernements l’imposent. Elle se concrétise en ce moment même grâce à la concurrence et à la technologie. Les gouvernements ne devraient pas être autorisés à réduire et à limiter la liberté, l’épargne et les salaires réels des citoyens, même pour une promesse bien intentionnée. La meilleure façon de s’assurer que les gouvernements ou les grandes entreprises ne vont pas utiliser cette excuse pour éliminer la liberté et les droits individuels est de promouvoir des marchés libres et plus de concurrence. Il n’est pas nécessaire de pousser ou d’imposer des investissements et des idées d’amélioration du bien-être ; les consommateurs poussent déjà les entreprises du monde entier à mettre en œuvre des politiques de plus en plus durables et respectueuses de l’environnement. Cette approche axée sur les marchés est plus fructueuse que le risque d’interventionnisme et d’ingérence gouvernementale, car une fois qu’elle est mise en œuvre, il est presque impossible de la défaire.

Si nous voulons un monde plus durable, nous devons défendre des politiques financières saines et moins d’interventions gouvernementales. Ce sont les marchés libres, et non les gouvernements, qui rendront ce monde meilleur pour tous.

La même intervention massive des gouvernements qui nous a amenés ici ne nous fera jamais sortir d’ici.

Traduction de The Mises Institute par Aube Digitale

jeudi 13 octobre 2022

Guerre orwellienne et Grand Reset – par Nicolas Bonnal 13 octobre 2022

 


"Certains se demandent ce que font les Russes, d’autres se demandent s’ils perdent. Les plus enflammés crient au génie échiquéen et judoka et traitent d’agent de l’Otan ceux qui ne sont pas d’accord. Parfois il y en a qui réfléchissent". (Nicolas Bonnal)

Le Général Delawarde pose les vraies questions

Le général Delawarde a écrit un texte intéressant où il pose les vraies questions.

« Dès le début de l’opération en Ukraine, j’ai commencé à me poser de nombreuses questions sur ses buts, ses objectifs et son résultat final. Les actions de notre armée et de nos autorités ont clairement indiqué que la Russie ne s’efforçait pas d’achever rapidement l’opération.

Voyez comme c’est étrange :

– Retrait volontaire des troupes près de Kiev ;

– Refus de la prise d’initiative ;

– Arrêt des opérations offensives et passage en défensif ;

– Négociations délibérément dénuées de sens ;

– Étranges échanges de prisonniers ;

– Frappes quasi-exclusivement contre des cibles militaires ;

– Refus catégorique d’endommager les infrastructures stratégiques “civiles” ;

– Référendums organisés à la hâte ;

– Refus d’attaquer les QG et centres de décision ennemis. »

Rasoir d’Ockham aidant, la réponse vient vite :

« Évidemment, l’option la plus simple est de considérer que les autorités (russes) sont des imbéciles. Bien sûr, qu’elles sont capables de mener une guerre normale. Pourquoi ne le font-elles pas ? »

Mais le général fait une juste et audacieuse observation :

« De longues réflexions m’ont amené à la conclusion suivante :

Si l’on considère que l’opération n’est qu’une des étapes de la lutte contre l’Occident, il s’avère que la Russie n’a vraiment pas besoin d’une victoire rapide et décisive en Ukraine. L’armée est inutile trop en avant. Une défaite rapide et complète de l’Ukraine ne changera rien pour nous en termes géopolitiques. Nous aurons de nouveaux territoires et de nouvelles populations, mais l’alignement géopolitique mondial restera le même. »

On fabriquerait donc à Moscou donc une guerre qui dure :

« L’objectif semble être complètement différent : forcer l’Occident à jeter autant de ressources financières et militaires que possible dans le brasier. Dans la partie d’échecs, une pièce est sacrifiée afin d’attirer un adversaire dans un piège dont il ne pourra plus sortir. Et si nous gardons cet objectif à l’esprit, il devient clair pourquoi les États-Unis ont fait sauter nos gazoducs : sans eux, l’importance des gazoducs ukrainiens augmente considérablement. Il s’agit d’une tentative d’engager davantage les européens dans le conflit. »

La cible de cette guerre est donc l’Occident qui va passer un hiver très dur, y compris en Amérique. On oublie dans la Résistance que pour l’empire aucune population n’importe, pas plus l’américaine que l’européenne : une lectrice de retour d’Atlanta me raconte qu’une omelette vaut là-bas quinze euros, idem une bouteille de vin, idem un  paquet de cigarettes. Un petit repas dans un boui-boui vaut 80 euros. En Californie le gallon vaut huit dollars : l’essence est à plus de deux euros le litre dans un état grand comme la France, où tout se fait en bagnole. Biden n’a rien à faire de sa population qui reste de toute manière pour lui et ses marionnettistes de Wall Street trop blanche et trop rebelle.

Mais restons-en à cette idée d’une guerre qui dure et qui affaiblit tout le monde : les Russes ont du gaz mais pas de voitures. Les ventes de voitures ont chuté en moyenne depuis avril de 60 à 80%. L’effondrement du niveau de vie sera qualitatif, si la faible baisse quantitative du PNB le masque.

 

Orwell et Thomas Mann meilleurs interprètes de la guerre en cours

Pour moi qui suis toujours dans les livres et les films, cette guerre entre Eurasie et Océanie qui dure et qui nous ruine nous le peuple offre de fâcheux relents orwelliens. Car 1984 reste notre Apocalypse sinon notre livre d’Enoch.

On cite le mage sur cette vraie-fausse guerre qui dure (1984, p. 244, je donne le lien en français):

« La guerre donc, si nous la jugeons sur le modèle des guerres antérieures, est une simple imposture. Elle ressemble aux batailles entre certains ruminants dont les cornes sont plantées à un angle tel qu’ils sont incapables de se blesser l’un l’autre. »

La guerre a changé de cible : on tue son camp, pas l’autre. Orwell :

« Mais, bien qu’irréelle, elle n’est pas sans signification. Elle dévore le surplus des produits de consommation et elle aide à préserver l’atmosphère mentale spéciale dont a besoin une société hiérarchisée. Ainsi qu’on le verra, la guerre est une affaire purement intérieure. Anciennement, les groupes dirigeants de tous les pays, bien qu’il leur fût possible de reconnaître leur intérêt commun et, par conséquent, de limiter les dégâts de la guerre, luttaient réellement les uns contre les autres, et celui qui était victorieux pillait toujours le vaincu. De nos jours, ils ne luttent pas du tout les uns contre les autres. La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets et l’objet de la guerre n’est pas de faire ou d’empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société. »

C’est la vieille andouille De Closets qui se félicitait du rôle retrouvé de l’Etat avec la crise du Covid. Ce rôle se renforce pour Bruxelles et pour Paris avec la guerre contre la Russie qui permet d’accélérer le Reset et l’autoritarisme. Les deux premières guerres mondiales ont établi le mondialisme, celle-ci va numériser le troupeau et liquider « la vieille race blanche » dont j’ai parlé en 2009 (voir lien) pour établir le Reset voulu par les gnostiques de Davos, lieu de la Montage magique de Thomas Mann, relisez ce livre étincelant et programmatique et incompris, où tous les personnages sont des malades et des moribonds entourés de médecins inefficaces.

Sur ce sujet on découvrira mon émission sur la Guerre et le Grand Reset. Je me suis désintéressé des opérations dès le début (et comme j’ai eu raison ! Et comme j’ai eu raison !) en soulignant que la guerre amenait le Reset alors que le vaccin ou le virus demeuraient trop dénués de victimes (cf. Léon Bloy à propos de l’incendie du Bazar de la Charité : « le petit nombre des victimes tempérait ma joie »). 

“Le slogan du Parti: la Guerre, c’est la Paix”. 

 

Orwell poursuit sur ce mot :

« Le mot « guerre », lui-même, est devenu erroné. Il serait probablement plus exact de dire qu’en devenant continue, la guerre a cessé d’exister. La pression particulière qu’elle a exercée sur les êtres humains entre l’âge néolithique et le début du vingtième siècle a disparu et a été remplacée par quelque chose de tout à fait différent. L’effet aurait été exactement le même si les trois super-États, au lieu de se battre l’un contre l’autre, s’entendaient pour vivre dans une paix perpétuelle, chacun inviolé à l’intérieur de ses frontières. Dans ce cas, en effet, chacun serait encore un univers clos, libéré à jamais de l’influence assoupissante du danger extérieur. Une paix qui serait vraiment permanente serait exactement comme une guerre permanente. Cela, bien que la majorité des membres du Parti ne le comprenne que dans un sens superficiel, est la signification profonde du slogan du Parti : La guerre, c’est la Paix. »

Cette guerre sera perpétuelle. Elle concerne en effet des super-Etats – qu’on ne nommera pas – tous  fascinés par le contrôle numérique du troupeau (les données sur l’Inde sont également terrifiantes) et qui ne sont pas pressés d’en terminer. C’est une guerre que nos dirigeants livrent contre nous, avec la collaboration de la population : le football, la bière et le jeu (1984, p. 87) contrôlent le troupeau. Nietzsche le disait : il faut maltraiter le petit peuple. Sinon l’appétit lui vient en mangeant.

Sources :

https://inventin.lautre.net/livres/Orwell-1984.pdf

https://www.mollat.com/livres/579219/nicolas-bonnal-mal-a-droite-lettre-ouverte-a-la-vieille-race-blanche-et-a-la-droite-fille-de-joie

https://www.zerohedge.com/geopolitical/these-are-worlds-most-surveilled-cities

http://www.thule-italia.net/sitofrancese/Libri/Nietzsche.pdf

https://www.ebooksgratuits.com/pdf/mann_la_montagne_magique_1.pdf

https://lilianeheldkhawam.com/2022/08/18/la-russie-a-lheure-du-grand-reset-entre-ambitions-mondiales-et-effondrement-interieur/comment-page-1/

jeudi 1 septembre 2022

Quand Alexandre Zinoviev dénonçait la tyrannie mondialiste et le totalitarisme démocratique

 Source : https://www.toupie.org/Textes/Zinoviev_2.htm

Dernier entretien en terre d'Occident : juin 1999

Entretien réalisé par Victor Loupan à Munich, en juin 1999,
quelques jours avant le retour définitif d'Alexandre Zinoviev en Russie ;
extrait de "La grande rupture", aux éditions l'Âge d'Homme.



Philosophe, logicien, sociologue,
et écrivain dissident soviétique.


Victor Loupan : Avec quels sentiments rentrez-vous après un exil aussi long ?

Alexandre Zinoviev : Avec celui d'avoir quitté une puissance respectée, forte, crainte même, et de retrouver un pays vaincu, en ruines. Contrairement à d'autres, je n'aurais jamais quitté l'URSS, si on m'avait laissé le choix. L'émigration a été une vraie punition pour moi.

V. L. : On vous a pourtant reçu à bras ouverts !

A. Z. : C'est vrai. Mais malgré l'accueil triomphal et le succès mondial de mes livres, je me suis toujours senti étranger ici.

V. L. : Depuis la chute du communisme, c'est le système occidental qui est devenu votre principal objet d'étude et de critique. Pourquoi ?

A. Z. : Parce que ce que j'avais dit est arrivé : la chute du communisme s'est transformée en chute de la Russie. La Russie et le communisme étaient devenus une seule et même chose.

V. L. : La lutte contre le communisme aurait donc masqué une volonté d'élimination de la Russie ?

A. Z. : Absolument. La catastrophe russe a été voulue et programmée ici, en Occident. Je le dis, car j'ai été, à une certaine époque, un initié. J'ai lu des documents, participé à des études qui, sous prétexte de combattre une idéologie, préparaient la mort de la Russie. Et cela m'est devenu insupportable au point où je ne peux plus vivre dans le camp de ceux qui détruisent mon pays et mon peuple. L'Occident n'est pas une chose étrangère pour moi, mais c'est une puissance ennemie.

V. L. : Seriez-vous devenu un patriote ?

A. Z. : Le patriotisme, ce n'est pas mon problème. J'ai reçu une éducation internationaliste et je lui reste fidèle. Je ne peux d'ailleurs pas dire si j'aime ou non la Russie et les Russes. Mais j'appartiens à ce peuple et à ce pays. J'en fais partie. Les malheurs actuels de mon peuple sont tels, que je ne peux continuer à les contempler de loin. La brutalité de la mondialisation met en évidence des choses inacceptables.

V. L. : Les dissidents soviétiques parlaient pourtant comme si leur patrie était la démocratie et leur peuple les droits de l'homme. Maintenant que cette manière de voir est dominante en Occident, vous semblez la combattre. N'est-ce pas contradictoire ?

A. Z. : Pendant la guerre froide, la démocratie était une arme dirigée contre le totalitarisme communiste, mais elle avait l'avantage d'exister. On voit d'ailleurs aujourd'hui que l'époque de la guerre froide a été un point culminant de l'histoire de l'Occident. Un bien être sans pareil, de vraies libertés, un extraordinaire progrès social, d'énormes découvertes scientifiques et techniques, tout y était ! Mais, l'Occident se modifiait aussi presqu'imperceptiblement. L'intégration timide des pays développés, commencée alors, constituait en fait les prémices de la mondialisation de l'économie et de la globalisation du pouvoir auxquels nous assistons aujourd'hui. Une intégration peut être généreuse et positive si elle répond, par exemple, au désir légitime des nations-soeurs de s'unir. Mais celle-ci a, dès le départ, été pensée en termes de structures verticales, dominées par un pouvoir supranational. Sans le succès de la contre-révolution russe, il n'aurait pu se lancer dans la mondialisation.

V. L. : Le rôle de Gorbatchev n'a donc pas été positif ?

A. Z. : Je ne pense pas en ces termes-là. Contrairement à l'idée communément admise, le communisme soviétique ne s'est pas effondré pour des raisons internes. Sa chute est la plus grande victoire de l'histoire de l'Occident ! Victoire colossale qui, je le répète, permet l'instauration d'un pouvoir planétaire. Mais la fin du communisme a aussi marqué la fin de la démocratie. Notre époque n'est pas que post-communiste, elle est aussi post-démocratique. Nous assistons aujourd'hui à l'instauration du totalitarisme démocratique ou, si vous préférez, de la démocratie totalitaire.

V. L. : N'est-ce pas un peu absurde ?

A. Z. : Pas du tout. La démocratie sous-entend le pluralisme. Et le pluralisme suppose l'opposition d'au moins deux forces plus ou moins égale ; forces qui se combattent et s'influencent en même temps. Il y avait, à l'époque de la guerre froide, une démocratie mondiale, un pluralisme global au sein duquel coexistaient le système capitaliste, le système communiste et même une structure plus vague mais néanmoins vivante, les non-alignés. Le totalitarisme soviétique était sensible aux critiques venant de l'Occident. L'Occident subissait lui aussi l'influence de l'URSS, par l'intermédiaire notamment de ses propres partis communistes. Aujourd'hui, nous vivons dans un monde dominé par une force unique, par une idéologie unique, par un parti unique mondialiste. La constitution de ce dernier a débuté, elle aussi, à l'époque de la guerre froide, quand des superstructures transnationales ont progressivement commencé à se constituer sous les formes les plus diverses : sociétés commerciales, bancaires, politiques, médiatiques. Malgré leurs différents secteurs d'activités, ces forces étaient unies par leur nature supranationale. Avec la chute du communisme, elles se sont retrouvées aux commandes du monde. Les pays occidentaux sont donc dominateurs, mais aussi dominés, puisqu'ils perdent progressivement leur souveraineté au profit de ce que j'appelle la "suprasociété". Suprasociété planétaire, constituée d'entreprises commerciales et d'organismes non-commerciaux, dont les zones d'influence dépassent les nations. Les pays occidentaux sont soumis, comme les autres, au contrôle de ces structures supranationales. Or, la souveraineté des nations était, elle aussi, une partie constituante du pluralisme et donc de la démocratie, à l'échelle de la planète. Le pouvoir dominant actuel écrase les états souverains. L'intégration de l'Europe qui se déroule sous nos yeux, provoque elle aussi la disparition du pluralisme au sein de ce nouveau conglomérat, au profit d'un pouvoir supranational.

V. L. : Mais ne pensez-vous pas que la France ou l'Allemagne continuent à être des pays démocratiques ?

A. Z. : Les pays occidentaux ont connu une vraie démocratie à l'époque de la guerre froide. Les partis politiques avaient de vraies divergences idéologiques et des programmes politiques différents. Les organes de presse avaient des différences marquées, eux aussi. Tout cela influençait la vie des gens, contribuait à leur bien-être. C'est bien fini. Parce que le capitalisme démocratique et prospère, celui des lois sociales et des garanties d'emploi devait beaucoup à l'épouvantail communiste. L'attaque massive contre les droits sociaux à l'Ouest a commencé avec la chute du communisme à l'Est. Aujourd'hui, les socialistes au pouvoir dans la plupart des pays d'Europe, mènent une politique de démantèlement social qui détruit tout ce qu'il y avait de socialiste justement dans les pays capitalistes. Il n'existe plus, en Occident, de force politique capable de défendre les humbles. L'existence des partis politiques est purement formelle. Leurs différences s'estompent chaque jour davantage. La guerre des Balkans était tout sauf démocratique. Elle a pourtant été menée par des socialistes, historiquement opposés à ce genre d'aventures. Les écologistes, eux aussi au pouvoir dans plusieurs pays, ont applaudi au désastre écologique provoqué par les bombardements de l'OTAN. Ils ont même osé affirmer que les bombes à uranium appauvri n'étaient pas dangereuses alors que les soldats qui les chargent portent des combinaisons spéciales. La démocratie tend donc aussi à disparaître de l'organisation sociale occidentale. Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Le totalitarisme financier est froid. Il ne connaît ni la pitié ni les sentiments. Les dictatures politiques sont pitoyables en comparaison avec la dictature financière. Une certaine résistance était possible au sein des dictatures les plus dures. Aucune révolte n'est possible contre la banque.

V. L. : Et la révolution ?

A. Z. : Le totalitarisme démocratique et la dictature financière excluent la révolution sociale.

V. L. : Pourquoi ?

A. Z. : Parce qu'ils combinent la brutalité militaire toute puissante et l'étranglement financier planétaire. Toutes les révolutions ont bénéficié de soutien venu de l'étranger. C'est désormais impossible, par absence de pays souverains. De plus, la classe ouvrière a été remplacée au bas de l'échelle sociale, par la classe des chômeurs. Or que veulent les chômeurs ? Un emploi. Ils sont donc, contrairement à la classe ouvrière du passé, dans une situation de faiblesse.

V. L. : Les systèmes totalitaires avaient tous une idéologie. Quelle est celle de cette nouvelle société que vous appelez post-démocratique ?

A. Z. : Les théoriciens et les politiciens occidentaux les plus influents considèrent que nous sommes entrés dans une époque post-idéologique. Parce qu'ils sous-entendent par "idéologie" le communisme, le fascisme, le nazisme, etc. En réalité, l'idéologie, la supraidéologie du monde occidental, développée au cours des cinquante dernières années, est bien plus forte que le communisme ou le national-socialisme. Le citoyen occidental en est bien plus abruti que ne l'était le soviétique moyen par la propagande communiste. Dans le domaine idéologique, l'idée importe moins que les mécanismes de sa diffusion. Or la puissance des médias occidentaux est, par exemple, incomparablement plus grande que celle, énorme pourtant, du Vatican au sommet de son pouvoir. Et ce n'est pas tout : le cinéma, la littérature, la philosophie, tous les moyens d'influence et de diffusion de la culture au sens large vont dans le même sens. A la moindre impulsion, ceux qui travaillent dans ces domaines réagissent avec un unanimisme qui laisse penser à des ordres venant d'une source de pouvoir unique. Il suffit que la décision de stigmatiser un Karadzic, un Milosevic ou un autre soit prise pour qu'une machine de propagande planétaire se mette en branle contre ces gens, sans grande importance. Et alors qu'il faudrait juger les politiciens et les généraux de l'OTAN parce qu'ils ont enfreint toutes les lois existantes, l'écrasante majorité des citoyens occidentaux est persuadée que la guerre contre la Serbie était juste et bonne. L'idéologie occidentale combine et fait converger les idées en fonction des besoins. L'une d'entre elles est que les valeurs et le mode de vie occidentaux sont supérieurs à d'autres. Alors que pour la plupart des peuples de la planète ces valeurs sont mortelles. Essayez donc de convaincre les Américains que la Russie en meurt. Vous n'y arriverez jamais. Ils continueront à affirmer que les valeurs occidentales sont universelles, appliquant ainsi l'un des principes fondamentaux du dogmatisme idéologique. Les théoriciens, les médias et les politiciens occidentaux sont absolument persuadés de la supériorité de leur système. C'est cela qui leur permet de l'imposer au monde avec bonne conscience. L'homme occidental, porteur de ces valeurs supérieures est donc un nouveau surhomme. Le terme est tabou, mais cela revient au même. Tout cela mériterait d'être étudié scientifiquement. Mais la recherche scientifique dans certains domaines sociologiques et historiques est devenue difficile. Un scientifique qui voudrait se pencher sur les mécanismes du totalitarisme démocratique aurait à faire face aux plus grandes difficultés. On en ferait d'ailleurs un paria. Par contre, ceux dont le travail sert l'idéologie dominante, croulent sous les dotations et les éditeurs comme les médias se les disputent. Je l'ai observé en tant que chercheur et professeur des universités.

V. L. : Mais cette "supraidéologie" ne propage-t-elle pas aussi la tolérance et le respect ?

A. Z. : Quand vous écoutez les élites occidentales, tout est pur, généreux, respectueux de la personne humaine. Ce faisant, elles appliquent une règle classique de la propagande : masquer la réalité par le discours. Car il suffit d'allumer la télévision, d'aller au cinéma, d'ouvrir les livres à succès, d'écouter la musique la plus diffusée, pour se rendre compte que ce qui est propagé en réalité c'est le culte du sexe, de la violence et de l'argent. Le discours noble et généreux est donc destiné à masquer ces trois piliers - il y en a d'autres - de la démocratie totalitaire.

V. L. : Mais que faites-vous des droits de l'homme ? Ne sont-ils pas respectés en Occident bien plus qu'ailleurs ?

A. Z. : L'idée des droits de l'homme est désormais soumise elle aussi à une pression croissante. L'idée, purement idéologique, selon laquelle ils seraient innés et inaltérables ne résisterait même pas à un début d'examen rigoureux. Je suis prêt à soumettre l'idéologie occidentale à l'analyse scientifique, exactement comme je l'ai fait pour le communisme. Ce sera peut-être un peu long pour un entretien.

V. L. : N'a-t-elle pas une idée maîtresse ?

A. Z. : C'est le mondialisme, la globalisation. Autrement dit : la domination mondiale. Et comme cette idée est assez antipathique, on la masque sous le discours plus vague et généreux d'unification planétaire, de transformation du monde en un tout intégré. C'est le vieux masque idéologique soviétique ; celui de l'amitié entre les peuples, "amitié" destinée à couvrir l'expansionnisme. En réalité, l'Occident procède actuellement à un changement de structure à l'échelle planétaire. D'un côté, la société occidentale domine le monde de la tête et des épaules et de l'autre, elle s'organise elle-même verticalement, avec le pouvoir supranational au sommet de la pyramide.

V. L. : Un gouvernement mondial ?

A. Z. : Si vous voulez.

V. L. : Croire cela n'est-ce-pas être un peu victime du fantasme du complot ?

A. Z. : Quel complot ? Il n'y a aucun complot. Le gouvernement mondial est dirigé par les gouverneurs des structures supranationales commerciales, financières et politiques connues de tous. Selon mes calculs, une cinquantaine de millions de personnes fait déjà partie de cette suprasociété qui dirige le monde. Les États-Unis en sont la métropole. Les pays d'Europe occidentale et certains anciens "dragons" asiatiques, la base. Les autres sont dominés suivant une dure gradation économico-financière. Ça, c'est la réalité. La propagande, elle, prétend qu'un gouvernement mondial contrôlé par un parlement mondial serait souhaitable, car le monde est une vaste fraternité. Ce ne sont là que des balivernes destinées aux populations.

V. L. : Le Parlement européen aussi ?

A. Z. : Non, car le Parlement européen existe. Mais il serait naïf de croire que l'union de l'Europe s'est faite parce que les gouvernements des pays concernés l'ont décidé gentiment. L'Union européenne est un instrument de destruction des souverainetés nationales. Elle fait partie des projets élaborés par les organismes supranationaux.

V. L. : La Communauté européenne a changé de nom après la destruction de l'Union soviétique. Elle s'est appelée Union européenne, comme pour la remplacer. Après tout, il y avait d'autres noms possibles. Aussi, ses dirigeants s'appellent-ils "commissaires", comme les Bolcheviks. Ils sont à la tête d'une "Commission", comme les Bolcheviks. Le dernier président a été "élu" tout en étant candidat unique.

A. Z. : Il ne faut pas oublier que des lois régissent l'organisation sociale. Organiser un million d'hommes c'est une chose, dix millions c'en est une autre, cent millions, c'est bien plus compliqué encore. Organiser cinq cent millions est une tâche immense. Il faut créer de nouveaux organismes de direction, former des gens qui vont les administrer, les faire fonctionner. C'est indispensable. Or l'Union soviétique est, en effet, un exemple classique de conglomérat multinational coiffé d'une structure dirigeante supranationale. L'Union européenne veut faire mieux que l'Union soviétique ! C'est légitime. J'ai déjà été frappé, il y a vingt ans, de voir à quel point les soi-disant tares du système soviétique étaient amplifiées en Occident.

V. L. : Par exemple ?

A. Z. : La planification ! L'économie occidentale est infiniment plus planifiée que ne l'a jamais été l'économie soviétique. La bureaucratie ! En Union Soviétique 10 % à 12 % de la population active travaillaient dans la direction et l'administration du pays. Aux États Unis, ils sont entre 16 % et 20 %. C'est pourtant l'URSS qui était critiquée pour son économie planifiée et la lourdeur de son appareil bureaucratique ! Le Comité central du PCUS employait deux mille personnes. L'ensemble de l'appareil du Parti communiste soviétique était constitué de 150000 salariés. Vous trouverez aujourd'hui même, en Occident, des dizaines voire des centaines d'entreprises bancaires et industrielles qui emploient un nombre bien plus élevé de gens. L'appareil bureaucratique du Parti communiste soviétique était pitoyable en comparaison avec ceux des grandes multinationales. L'URSS était en réalité un pays sous-administré. Les fonctionnaires de l'administration auraient dû être deux à trois fois plus nombreux. L'Union européenne le sait, et en tient compte. L'intégration est impossible sans la création d'un très important appareil administratif.

V. L. : Ce que vous dites est contraire aux idées libérales, affichées par les dirigeants européens. Pensez-vous que leur libéralisme est de façade ?

A. Z. : L'administration a tendance à croître énormément. Cette croissance est dangereuse, pour elle-même. Elle le sait. Comme tout organisme, elle trouve ses propres antidotes pour continuer à prospérer. L'initiative privée en est un. La morale publique et privée, un autre. Ce faisant, le pouvoir lutte en quelque sorte contre ses tendances à l'auto-déstabilisation. Il a donc inventé le libéralisme pour contrebalancer ses propres lourdeurs. Et le libéralisme a joué, en effet, un rôle historique considérable. Mais il serait absurde d'être libéral aujourd'hui. La société libérale n'existe plus. Sa doctrine est totalement dépassée à une époque de concentrations capitalistiques sans pareil dans l'histoire. Les mouvements d'énormes masses financières ne tiennent compte ni des intérêts des États ni de ceux des peuples, peuples composés d'individus. Le libéralisme sous-entend l'initiative personnelle et le risque financier personnel. Or, rien ne se fait aujourd'hui sans l'argent des banques. Ces banques, de moins en moins nombreuses d'ailleurs, mènent une politique dictatoriale, dirigiste par nature. Les propriétaires sont à leur merci, puisque tout est soumis au crédit et donc au contrôle des puissances financières. L'importance des individus, fondement du libéralisme, se réduit de jour en jour. Peu importe aujourd'hui qui dirige telle ou telle entreprise ; ou tel ou tel pays d'ailleurs. Bush ou Clinton, Kohl ou Schröder, Chirac ou Jospin, quelle importance ? Ils mènent et mèneront la même politique.

V. L. : Les totalitarismes du XXe siècle ont été extrêmement violents. On ne peut dire la même chose de la démocratie occidentale.

A. Z. : Ce ne sont pas les méthodes, ce sont les résultats qui importent. Un exemple ? L'URSS a perdu vingt million d'hommes et subi des destructions considérables, en combattant l'Allemagne nazie. Pendant la guerre froide, guerre sans bombes ni canons pourtant, ses pertes, sur tous les plans, ont été bien plus considérables ! La durée de vie des Russes a chuté de dix ans dans les dix dernières années. La mortalité dépasse la natalité de manière catastrophique. Deux millions d'enfants ne dorment pas à la maison. Cinq millions d'enfants en âge d'étudier ne vont pas à l'école. Il y a douze millions de drogués recensés. L'alcoolisme s'est généralisé. 70 % des jeunes ne sont pas aptes au service militaire à cause de leur état physique. Ce sont là des conséquences directes de la défaite dans la guerre froide, défaite suivie par l'occidentalisation. Si cela continue, la population du pays descendra rapidement de cent-cinquante à cent, puis à cinquante millions d'habitants. Le totalitarisme démocratique surpassera tous ceux qui l'ont précédé.

V. L. : En violence ?

A. Z. : La drogue, la malnutrition, le sida sont plus efficaces que la violence guerrière. Quoique, après la guerre froide dont la force de destruction a été colossale, l'Occident vient d'inventer la "guerre pacifique". L'Irak et la Yougoslavie sont deux exemples de réponse disproportionnée et de punition collective, que l'appareil de propagande se charge d'habiller en "juste cause" ou en "guerre humanitaire". L'exercice de la violence par les victimes contre elles-mêmes est une autre technique prisée. La contre-révolution russe de 1985 en est un exemple. Mais en faisant la guerre à la Yougoslavie, les pays d'Europe occidentale l'ont faite aussi à eux-mêmes.

V. L. : Selon vous, la guerre contre la Serbie était aussi une guerre contre l'Europe ?

A. Z. : Absolument. Il existe, au sein de l'Europe, des forces capables de lui imposer d'agir contre elle-même. La Serbie a été choisie, parce qu'elle résistait au rouleau compresseur mondialiste. La Russie pourrait être la prochaine sur la liste. Avant la Chine.

V. L. : Malgré son arsenal nucléaire ?

A. Z. : L'arsenal nucléaire russe est énorme mais dépassé. De plus, les Russes sont moralement prêts à être conquis. A l'instar de leurs aïeux qui se rendaient par millions dans l'espoir de vivre mieux sous Hitler que sous Staline, ils souhaitent même cette conquête, dans le même espoir fou de vivre mieux. C'est une victoire idéologique de l'Occident. Seul un lavage de cerveau peut obliger quelqu'un à voir comme positive la violence faite à soi-même. Le développement des mass-media permet des manipulations auxquelles ni Hitler ni Staline ne pouvaient rêver. Si demain, pour des raisons "X", le pouvoir supranational décidait que, tout compte fait, les Albanais posent plus de problèmes que les Serbes, la machine de propagande changerait immédiatement de direction, avec la même bonne conscience. Et les populations suivraient, car elles sont désormais habituées à suivre. Je le répète : on peut tout justifier idéologiquement. L'idéologie des droits de l'homme ne fait pas exception. Partant de là, je pense que le XXIe siècle dépassera en horreur tout ce que l'humanité a connu jusqu'ici. Songez seulement au futur combat contre le communisme chinois. Pour vaincre un pays aussi peuplé, ce n'est ni dix ni vingt mais peut-être cinq cent millions d'individus qu'il faudra éliminer. Avec le développement que connaît actuellement la machine de propagande ce chiffre est tout à fait atteignable. Au nom de la liberté et des droits de l'homme, évidemment. A moins qu'une nouvelle cause, non moins noble, sorte de quelque institution spécialisée en relations publiques.

V. L. : Ne pensez-vous pas que les hommes et les femmes peuvent avoir des opinions, voter, sanctionner par le vote ?

A. Z. : D'abord les gens votent déjà peu et voteront de moins en moins. Quant à l'opinion publique occidentale, elle est désormais conditionnée par les médias. Il n'y a qu'à voir le oui massif à la guerre du Kosovo. Songez donc à la guerre d'Espagne ! Les volontaires arrivaient du monde entier pour combattre dans un camp comme dans l'autre. Souvenez-vous de la guerre du Vietnam. Les gens sont désormais si conditionnés qu'ils ne réagissent plus que dans le sens voulu par l'appareil de propagande.

V. L. : L'URSS et la Yougoslavie étaient les pays les plus multiethniques du monde et pourtant ils ont été détruits. Voyez-vous un lien entre la destruction des pays multiethniques d'un côté et la propagande de la multiethnicité de l'autre ?

A. Z. : Le totalitarisme soviétique avait créé une vraie société multinationale et multiethnique. Ce sont les démocraties occidentales qui ont fait des efforts de propagande surhumains, à l'époque de la guerre froide, pour réveiller les nationalismes. Parce qu'elles voyaient dans l'éclatement de l'URSS le meilleur moyen de la détruire. Le même mécanisme a fonctionné en Yougoslavie. L'Allemagne a toujours voulu la mort de la Yougoslavie. Unie, elle aurait été plus difficile à vaincre. Le système occidental consiste à diviser pour mieux imposer sa loi à toutes les parties à la fois, et s'ériger en juge suprême. Il n'y a pas de raison pour qu'il ne soit pas appliqué à la Chine. Elle pourrait être divisée, en dizaines d'États.

V. L. : La Chine et l'Inde ont protesté de concert contre les bombardements de la Yougoslavie. Pourraient-elles éventuellement constituer un pôle de résistance ? Deux milliards d'individus, ce n'est pas rien !

A. Z. : La puissance militaire et les capacités techniques de l'Occident sont sans commune mesure avec les moyens de ces deux pays.

V. L. : Parce que les performances du matériel de guerre américain en Yougoslavie vous ont impressionné ?

A. Z. : Ce n'est pas le problème. Si la décision avait été prise, la Serbie aurait cessé d'exister en quelques heures. Les dirigeants du Nouvel ordre mondial ont apparemment choisi la stratégie de la violence permanente. Les conflits locaux vont se succéder pour être arrêtés par la machine de "guerre pacifique" que nous venons de voir à l'oeuvre. Cela peut, en effet, être une technique de management planétaire. L'Occident contrôle la majeure partie des ressources naturelles mondiales. Ses ressources intellectuelles sont des millions de fois supérieures à celles du reste de la planète. C'est cette écrasante supériorité qui détermine sa domination technique, artistique, médiatique, informatique, scientifique dont découlent toutes les autres formes de domination. Tout serait simple s'il suffisait de conquérir le monde. Mais il faut encore le diriger. C'est cette question fondamentale que les Américains essaient maintenant de résoudre. C'est cela qui rend "incompréhensibles" certaines actions de la "communauté internationale". Pourquoi Saddam est-il toujours là ? Pourquoi Karadzic n'est-il toujours pas arrêté ? Voyez-vous, à l'époque du Christ, nous étions peut-être cent millions sur l'ensemble du globe. Aujourd'hui, le Nigeria compte presqu'autant d'habitants ! Le milliard d'Occidentaux et assimilés va diriger le reste du monde. Mais ce milliard devra être dirigé à son tour. Il faudra probablement deux cent millions de personnes pour diriger le monde occidental. Il faut les sélectionner, les former. Voilà pourquoi la Chine est condamnée à l'échec dans sa lutte contre l'hégémonie occidentale. Ce pays sous-administré n'a ni les capacités économiques ni les ressources intellectuelles pour mettre en place un appareil de direction efficace, composé de quelque trois cent millions d'individus. Seul l'Occident est capable de résoudre les problèmes de management à l'échelle de la planète. Cela se met déjà en place. Les centaines de milliers d'Occidentaux se trouvant dans les anciens pays communistes, en Russie par exemple, occupent dans leur écrasante majorité des postes de direction. La démocratie totalitaire sera aussi une démocratie coloniale.

V. L. : Pour Marx, la colonisation était civilisatrice. Pourquoi ne le serait-elle pas à nouveau ?

A. Z. : Pourquoi pas, en effet ? Mais pas pour tout le monde. Quel est l'apport des Indiens d'Amérique à la civilisation ? Il est presque nul, car ils ont été exterminés, écrasés. Voyez maintenant l'apport des Russes ! L'Occident se méfiait d'ailleurs moins de la puissance militaire soviétique que de son potentiel intellectuel, artistique, sportif. Parce qu'il dénotait une extraordinaire vitalité. Or c'est la première chose à détruire chez un ennemi. Et c'est ce qui a été fait. La science russe dépend aujourd'hui des financements américains. Et elle est dans un état pitoyable, car ces derniers n'ont aucun intérêt à financer des concurrents. Ils préfèrent faire travailler les savants russes aux USA. Le cinéma soviétique a été lui aussi détruit et remplacé par le cinéma américain. En littérature, c'est la même chose. La domination mondiale s'exprime, avant tout, par le diktat intellectuel ou culturel si vous préférez. Voilà pourquoi les Américains s'acharnent, depuis des décennies, à baisser le niveau culturel et intellectuel du monde : ils veulent le ramener au leur pour pouvoir exercer ce diktat.

V. L. : Mais cette domination, ne serait-elle pas, après tout, un bien pour l'humanité ?

A. Z. : Ceux qui vivront dans dix générations pourront effectivement dire que les choses se sont faites pour le bien de l'humanité, autrement dit pour leur bien à eux. Mais qu'en est-il du Russe ou du Français qui vit aujourd'hui ? Peut-il se réjouir s'il sait que l'avenir de son peuple pourrait être celui des Indiens d'Amérique ? Le terme d'Humanité est une abstraction. Dans la vie réelle il y a des Russes, des Français, des Serbes, etc. Or si les choses continuent comme elles sont parties, les peuples qui ont fait notre civilisation, je pense avant tout aux peuples latins, vont progressivement disparaître. L'Europe occidentale est submergée par une marée d'étrangers. Nous n'en avons pas encore parlé, mais ce n'est ni le fruit du hasard, ni celui de mouvements prétendument incontrôlables. Le but est de créer en Europe une situation semblable à celle des États-Unis. Savoir que l'humanité va être heureuse, mais sans Français, ne devrait pas tellement réjouir les Français actuels. Après tout, laisser sur terre un nombre limité de gens qui vivraient comme au Paradis, pourrait être un projet rationnel. Ceux-là penseraient d'ailleurs sûrement que leur bonheur est l'aboutissement de la marche de l'histoire. Non, il n'est de vie que celle que nous et les nôtres vivons aujourd'hui.

V. L. : Le système soviétique était inefficace. Les sociétés totalitaires sont-elles toutes condamnées à l'inefficacité ?

A. Z. : Qu'est-ce que l'efficacité ? Aux États-Unis, les sommes dépensées pour maigrir dépassent le budget de la Russie. Et pourtant le nombre des gros augmente. Il y a des dizaines d'exemples de cet ordre.

V. L. : Peut-on dire que l'Occident vit actuellement une radicalisation qui porte les germes de sa propre destruction ?

A. Z. : Le nazisme a été détruit dans une guerre totale. Le système soviétique était jeune et vigoureux. Il aurait continué à vivre s'il n'avait pas été combattu de l'extérieur. Les systèmes sociaux ne s'autodétruisent pas. Seule une force extérieure peut anéantir un système social. Comme seul un obstacle peut empêcher une boule de rouler. Je pourrais le démontrer comme on démontre un théorème. Actuellement, nous sommes dominés par un pays disposant d'une supériorité économique et militaire écrasante. Le Nouvel ordre mondial se veut unipolaire. Si le gouvernement supranational y parvenait, n'ayant aucun ennemi extérieur, ce système social unique pourrait exister jusqu'à la fin des temps. Un homme seul peut être détruit par ses propres maladies. Mais un groupe, même restreint, aura déjà tendance à se survivre par la reproduction. Imaginez un système social composé de milliards d'individus ! Ses possibilités de repérer et d'arrêter les phénomènes autodestructeurs seront infinies. Le processus d'uniformisation du monde ne peut être arrêté dans l'avenir prévisible. Car le totalitarisme démocratique est la dernière phase de l'évolution de la société occidentale, évolution commencée à la Renaissance.