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vendredi 11 novembre 2022

Une cicatrice sur le coeur

 source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/11/une-cicatrice-sur-le-coeur.html

Parmi les hypothèses que j'évoquais dans mon dernier article sur Kherson, la pire, c'est a dire le retrait des forces russes de Kherson a été choisie par le général Sourovikine, ce 9 novembre 2022. 

Mais ce général d'experience arrivé depuis 1 mois avait-il vraiment le choix ? 

Malheureusement il semble que non. Car Sourovikine a hérité des fruits pourris de cette  stratégie du "trop peu trop tard" qui caractérise de mars à octobre ces "opérations spéciales" russes en Ukraine...

Ce retrait probable des forces russes de leur tête de pont sur la rive droite au Nord de l'embouchure du Dniepr flottait dans l'air de plus en plus lourdement depuis quelques jours et les optimistes dont je suis avaient du mal à lui accorder de la crédibilité, tout en l'évoquant dans sa dimension catastrophique.

Voici ma réaction. "à chaud" publiée sur mon canal Telegram où je m'efforce d'informer tout au long de la journée des événements liés à ce conflit.

MERDE !

L'Etat-Major russe vient d'annoncer l'abandon imminent de Kherson ! 

SOUROVIKINE : "En raison des bombardements constants, Kherson et les colonies adjacentes ne peuvent pas être approvisionnées et fonctionner, la vie des gens est constamment en danger — L'option la plus rapide est d'organiser la défense le long de la ligne de démarcation du Dniepr — La décision de défendre sur la rive gauche du Le Dniepr n'est pas une tâche facile, en même temps, nous maintiendrons la vie de nos militaires et l'efficacité au combat du groupement de troupes . - La manœuvre sera effectuée dans un avenir proche"

CHOÏGOU : "Je suis d'accord avec vos conclusions et propositions. Procéder au retrait des troupes."

C'est le résultat de cette stratégie du "trop peu trop tard" que je dénonce depuis mars 2022.

1/ Retrait de Kiev, Tchernigov, Soumy...

2/ Défaite à Balaklaïa

3 / Retrait d'Izioum et Koupiansk

4 / Défaite à Krasni Liman 

5 / Et là, retrait de Kherson !

Des dents vont grincer et parler de trahison !

______________________________

Je ne reviendrai pas ici sur les réactions passionnelles en avalanche qui ont fusé sur les réseaux à l'annonce du retrait de Kherson. Toutes ces réactions, que je salue, depuis celles qui défendent aveuglément le fantasme d'une stratégie russe sans faille à celles qui versent dans un fatalisme sombre et défaitiste, démontrent l'intérêt et une prise de conscience lucide des enjeux et des menaces que ce conflit fait peser sur l'Europe et même le Monde.

Pendant cette nuit blanche passée à mon poste à surveiller un horizon grondant dans les premiers frimas de l'hiver, je n'ai pas cessé de ressasser ce choc majeur que constitue le retrait de Kherson:

Kherson est le chef lieu administratif cette région éponyme située au Nord de la Crimée et le seul centre régional à avoir été libéré par l'armée russe dès le 2 mars 2022 soit 1 semaine seulement après le commencement des opérations militaires en Ukraine.

Voyons pour commencer les réactions de 2 hommes qui sont connus pour ne pas garder leur langue dans leur poché :

SUR LE RETRAIT DE KHERSON:

Tout d'abord Yevgeny Prigozhin, le patron de Wagner, a commenté la décision du retrait des troupes russes de Kherson

« Ni moi ni les groupes Wagner à Kherson ne se sont rendus. Bien sûr, ce n'est pas une étape victorieuse dans cette guerre, mais il est important de ne pas agoniser, de ne pas se battre dans la paranoïa, mais de tirer des conclusions et de travailler sur les erreurs. Et ensuite comprendre qui a raison, qui a tort et quelle est l'essence du problème.

Sourovikine doit retirer ses troupes et sauver des milliers de soldats qui sont en fait encerclés sur le territoire ennemi, qui est complètement coupé des voies d'approvisionnement. Qui et pourquoi a donné des instructions pour prendre cette position est une autre question.

La décision prise par Sourovikine n'est pas facile, mais il a agi comme un homme qui n'a pas peur des responsabilités. Il l'a fait de manière organisée, sans crainte, prenant sur lui l'entièreté de la prise de décision.

Je tiens à souligner que l'opération de retrait des troupes est toujours extrêmement difficile. Tourner le dos à l'ennemi est impossible pour quitter la position.

Le retrait des troupes avec des pertes minimes est la plus grande réussite de Sourovikine, il ne fait pas honneur aux armes russes, mais met l'accent sur les qualités personnelles du commandant.

Lorsque Sourovikine a été nommé à ce poste, il a parfaitement compris ce qui se passerait en octobre-novembre et savait parfaitement quelles seraient les étapes à venir."

Ensuite, le Président de la Republique de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, qui a également soutenu la décision du général Sourovikine de retirer les troupes de Kherson:

«Kherson est une zone très difficile sans la possibilité d'un approvisionnement régulier et stable en munitions et la formation d'un arrière solide et fiable. Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait dès les premiers jours de l'opération spéciale ? C'est une autre question.

Mais dans cette situation difficile, le général a agi avec sagesse et clairvoyance - il a évacué la population civile et a ordonné un regroupement"

Ceci dit, ce retrait reste une cicatrice au cœur que l'Etat Major devra rapidement soigner car: 

Kherson est un symbole politique 

Cette ville de près de 300 000 habitants est aussi un symbole de l'histoire et l'identité russes de cette rive septentrionale de la Mer Noire. Fondée en 1778 par le prince Potemkine sous l'égide de l'impératrice Catherine II, cette ville devient le centre administratif et culturel de la Novorossiya abritant également les chantiers navals d'où sortira la première flotte russe de la Mer Noire, basée à Sébastopol. Potemkine sera d'ailleurs inhumé en sa cathédrale apres sa mort.

 Kherson est un point stratégique 

Située sur la rive droite du Dnieor et à proximité de son embouchure, cette ville est essentielle pour protéger les accès continentaux vers la Crimée, mais aussi organiser des offensives en direction de Nikolaïev puis Odessa ainsi que vers Krivoï Rog, 

Enfin il ne faut pas oublier que Kherson est indissociable des rares franchissements existant par dessus le Dniepr dans ce secteur 2 routiers et 1 ferroviaire), et du barrage hydroélectrique de Kakhovka d'où part également le canal de Crimée alimentant la péninsule russe en eau potable. 


Pourquoi cette humiliation

Appelons un chat un chat et une défaite, même anticipée par un retrait volontaire, une defaite. Mais au lendemain des discours patriotiques célébrant le rattachement référendaire de cette région à sa Mère Patrie, son abandon est même ressenti par beaucoup comme une humiliation, et à juste titre.

Je pense qu'avec Kherson, la Russie paie le prix fort de la demi mesure de sa stratégie que j'ai résumé depuis mars à ce "trop peu, trop tard", auquel se rajoutent les inevirables dysfonctionnements et impérities  d'un commandement (englué dans une rigidité proceduriale) déouvrant les modes opératoires d'un nouveau type de conflit pour lequel les forces ukro-atlantistes se préparaient depuis 8 ans. 

Pour rester sur ce front de Kherson, le retrait auquel nous assistons était prévisible du moment où les forces russes n'avançait plus au milieu d'une steppe ressemblant à un champ de tir sans localités ou coupure naturelle pour y solidifier une vraie défense. 

La fragilité de cette tête de pont russe était prévisible dès mars, lorsque les colonnes russes, trop peu nombreuses avait échoué à prendre le contrôle de Nikolaïev en traversant, plus en amont le Boug Méridional sur laquelle cette ville est posée comme un verrou sur la route vers Odessa. Non seulement Nikolaïev est resté sous le contrôle des forces ukro-atlantistes mais elle est devenue la base arrière de toutes leurs offensives sur Kherson commencées fin août 2022.

Par manque d'effectifs, l'Etat Major russe en concentrant ses moyens offensifs sir le Donbasd a pris le risque de laisser pourrir les situations bancales des fronts Nord et Sud. Et devant les difficultés à progresser dans le Donbass cesx2 fronts latéraux ont fini par céder, d'abord dans le Nord en septembre, puis en octobre dans le Sud. Et avant que n'arrivent les renforts des mobilisés appelés trop tardivement  pour compter les brèches.

Et maintenant ?

Alors que les pluies embourbaient les offensives ukro-atlantistes, que les forces russes leur infligeaient des pertes de plus en plus lourdes, le général Sourovikine a suand même décidé du rerait de la rive droite du Dniepr, donc de Kherson. 

Il est clair qu'il y a derrière cette "décision difficiles" pour reprendre mes termes du Chef d'Etat Major des ordres politiques s'inscrivant certainement dans le cadre d'accords "secrets" entre Moscou et Washington, et qui vraisemblablement ne dureront que le temps du dépouillement des votes du Midterm étasunien

Sur le front, nous entrons dans la période boueuse et, à part dans les villes, peu de mouvements operatifs sont à attendre avant l'arrivée du général Hiver "durcissant la steppe devant les pas des chevaux"

Pendant cette période, le général Sourovikine réorganiser ses corps de bataille qui seront alors renforcés par les renforts arrivant pour, je l'espère de tous mes vœux lancer cette offensive d'hiver dont les russes ont le secret, libérer ma totalité du Donbasd et reprendre Kherson jusqu'à Odessa, sans ou lier Karkhov...

Mais  ne faudra pas trop tarder car le temps profite aussi à l'ennemi et la cicatrice sur le cœur saigne.

Erwan Castel


samedi 29 octobre 2022

samedi 29 octobre 2022 L'OTAN en guerre contre la Russie

 Source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/10/lotan-en-guerre-contre-la-russie.html


L'évènement militaire de ce 29 octobre 2022 est une nouvelle série d'attaques ukrao-atlantistes réalisées contre la base navale de Sébastopol en Crimée.

Je ne reviendrai pas ici sur la stratégie exponentielle d'équipement des pays occidentaux au profit des forces armées ukrainiennes mais de la stratégie d'engagement des forces de l'OTAN sur le théâtre d'opérations russo-ukrainien et qui vient de franchir ce 29 octobre 2022 un nouveau cap avec une série d'attaques contre la base de la flotte russe de la Mer Noire, à Sébastopol.

Cette nuit une vague de drones aériens (entre 12 et 16 selon les sources) a attaqué sans succès la base de la flotte de la Mer Noire, abattus par la défense antiaérienne de Sébastopol. 
L'artillerie antiaérienne de Sébastopol en action

Plus tard, aux premières heures matinales, une seconde attaque a été lancée cette fois avec des drones marins dont certains ont réussi à traverser la défense russe pour toucher 2 bâtiments de surface : la frégate lance missiles de classe 11356R "Amiral Makarov, qui a été endommagée ainsi que le dragueur de mines "Ivan Golubets" qui escortait les exportations céréalières quittant Odessa. En outre une digue du port a été également touchée dans la baie voisine de Yuzhnaya.

Or il s'avère dès à présent que cette attaque contre la base navale russe de Sébastopol a été non seulement faite avec l'assistance d'un soutien aérien électronique de l'OTAN, mais également avec des drones d'attaque marins britanniques très vraisemblablement pilotés à distance par des spécialistes de sa majesté le roi de la perfide Albion.

Attaque des drones marins britanniques 

Alors que les propagandistes pro-russes racontaient comme à leur habitude ridiculement contre productive que tous les drones avaient été abattus ou pire que les fumées qui s'élevaient sur la côte étaient celles de pneus  brulés pour un exercice des mobilisés, les propagandistes ukro-atlantistes tentaient de nous faire croire que la flotte de la Mer Noire n'existait plus pour donnait plus de crédit à une victoire médiatique certaine.

Ce qui est sûr, c'est que l'OTAN est ici l'acteur principal des attaques, tout comme lors de celle contre le croiseur Moskva le 13 avril dernier et qui devait provoquer son naufrage. 

1 / L'assistance aérienne électronique 

Les aéronefs de renseignement de l'OTAN reniflent le conflit depuis 2015, drones d'observation stratégiques ou avions de guerre électronique, de plus en plus fréquemment et en plus grand nombre jusqu'à assurer une permanence quotidienne le long des frontières russes et de la ligne du front du Donbass pendant 8 ans. Le Pentagone a reconnu plusieurs fois que les informations collectées par ses ressources aériennes mais aussi satellitaires été transmises à l'Etat-Major ukrainien lorsqu'elles le concernaient.

Depuis février les aéronefs de l'OTAN qui au dessus de l'Ukraine ont passé le relais à une constellation de satellites militaires et privés, se sont repliés dans l'espace international de la Mer Noire ou ceux de pays de l'OTAN (Pologne, Roumanie, pays baltes etc)

Ainsi, au même moment que se déroulaient les attaques contre Sébastopol des aéronefs de l'OTAN étaient en mission dans le même secteur !


2 / L'armement spécialisé de l'OTAN

Concernant les drones marins qui ont atteint leurs cibles, ce ne sont pas des armes ukrainiennes comme l'étaient par exemple les missiles anti-navires "Neptune" qui ont frappé le "Moskva" en avril, mais des drones "high tech" de la Royal Navy.


A priori le type de drone utilisé est un modèle de drone "ultra" perfectionné de conception britannique et dont il 
est hautement improbable que le service maitrisé soit assuré par des opérateurs ukrainiens mais bien par des spécialistes de l'OTAN.

Comme pour les drones aériens, plusieurs drones marins semblent avoir été lancés vers leurs cibles certainement pour obtenir plus d'effet destructeur mais aussi saturer les systèmes de défense russe et réussir pour quelques uns d'entre eux à traverser leurs boucliers. 

Ici un drone marin britannique qui a été détruit
par un hélicoptère MI 8 des gardes côtes russes 

De la co-belligérance à la belligérance 

Non loin de la Crimée se trouve la base d'Ochakov (dans l'embouchure du Boug Méridional à l'Ouest de Kherson) qui abrite le "73ème centre des opérations spéciales maritimes", qui avant février était encadré par environ 300 membres des SBS et SAS britanniques, officiellement "instructeurs". Cette base officieuse de l'OTAN a ouvert en 2017 et je doute fort que tous les SBS soient partis en février !

En réaction à cette nouvelle attaque contre Sébastopol, la Russie a décidé de suspendre sa participation à "l'accord sur les céréales" et a interpeller l'ONU au sujet de cette attaque d'aujourd'hui et celle contre les North Stream I et II de la Baltique qui portent sans conteste la signature de l'OTAN dans leur exécution et constituent donc de facto un "casus belli" contre la Russie.

L'OTAN participe directement depuis avril à des attaques "ukrainiennes" contre les ressources et les forces russes, dans une probabilité croissante devenue aujourd'hui certitude. Quelle sera la réponse de la Russie sachant qu'elle a été déjà promise en cas de ce type de scénario. 

Moscou se doit de réagir vite et fort car sinon les discours forts du Kremlin sur la défense forte du sanctuaire national se dégonfleront comme des ballons de baudruche invitant les ukro-atlantistes à pousser toujours plus loin dans l'inadmissible leurs attaques provocatrices. 

Le temps des "opérations spéciales" est bel est bien terminé, celui de la guerre doit commencer !

Erwan Castel

lundi 24 octobre 2022

dimanche 23 octobre 2022 - Kherson sera t-il un nouveau Stalingrad ?

 Source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/10/kherson-sera-t-il-un-nouveau-stalingrad.html

Photo: Vyacheslav Madiyevskyy/Reuters

Malgré leur défaite cuisante subie lors de leurs dernières attaques sur le front de Kherson, les forces ukrainiennes, poussées par un régime de Kiev lui-même pressé par Washington, semblent vouloir lancer une nouvelle offensive contre cette ville stratégique située sur l'embouchure du Dniepr, espérant la conquérir avant l'arrivée de l'Hiver qu'annoncent depuis quelques jours des pluies automnales de plus en plus froides.

Véhicules blindés ukrainiens détruits lors d'attaques 
menées sur le front de Kherson en octobre 2022.

Le nouveau Commandant en chef des opérations militaires russes, le général Sourovikine, n'est pas seulement en train de mettre en œuvre un nouveau format stratégique sur le front russo-ukrainien mais également d'imposer un nouveau style de communication dans lequel il n'hésite pas à dire la vérité, même lorsqu'elle déplait. Ainsi a t-il déclaré sans ambages que la situation sur le front de Kherson était "tendue" 

Dans une malhonnêteté outrancière les médias occidentaux annoncent la défaite imminente de la Russie à la simple annonce faite par le Commandement russe de "conseiller aux  habitants de Kherson d'évacuer la ville" en raison de la menace d'une offensive ukrainienne imminente. "L'armée russe assurera avant tout l'évacuation en toute sécurité de la population" a déclaré le Général Sourovikine commandant en chef des opérations militaires russes sur le front russo-ukrainien. Ces évacuations ne sont pas forcées mais proposées et sur la base du volontariat.

Evacuation des civils de Kherson

Si ces journalistes occidentaux n'étaient pas ces chiens de garde fanatiques d'une propagande ukro-atlantiste stupide, ils remarqueraient qu'une fois encore les forces russes donnent une priorité à la sécurité des populations civiles en créant des corridors humanitaires dans les villes qu'il assiègent ou défendent, contrairement aux forces ukrainiennes qui par exemple à Marioupol ont délibérément bloqué une grande partie des habitants pendant la bataille meurtrière qui s'y est déroulée en mars-avril. 

La menace qui pèse aujourd'hui sur les populations de Kherson est double: à la fois l'offensive potentielle des forces ukro-atlantistes qui ne manqueront pas de bombarder la ville, et d'autre part la destruction possible du barrage hydro-électrique de Kakhovka qui déclencherait une inondation du secteur (voir § plus bas)

Evacuation des civils de Kherson loin de la zone potentielle des combats 

Justifiant tragiquement l'initiative russe d'organiser l'évacuation volontaire de la population civile de Kherson avant une probable bataille, les forces ukro-atlantistes ont commis sur les bords du Dniepr un nouveau crime de guerre, bombardant un embarcadère où se trouvaient justement des civils en cours d'évacuation. Les forces ukro-atlantistes ont tiré dans la soirée du 20 octobre plusieurs roquettes chargées de shrapnels anti personnels sur une évacuation de civils en cours. 

Bilan provisoire : 4 tués 11 blessés dont plusieurs enfants et des journalistes

Bombardement nocturne de Kherson par des
roquettes HIMARS de l'OTAN, 4 roquettes dont
3 interceptées et 1 qui va frapper l'embarcadère 

Près de 20 000 civils volontaires ont déjà été évacués de la ville de Kherson.

Sur le front autour de Kherson, il y aurait un corps de bataille ukro-atlantiste de plusieurs dizaines de milliers de soldats (60 000 selon certaines sources et sur le point de lancer une offensive imminente sur la ville, avant les élections étasuniennes du "Midterm" pour lesquelles Biden veut justifier les aides militaires par une victoire stratégique et aussi avant l'arrivée du général Hiver qui va compliquer les offensives dans une steppe inondée.

Situation générale du front de Kherson au 21 octobre 2022
Ici sont cerclés les 3 secteurs où les ukro-atlantistes ont mené des attaques depuis le 15 octobre

Depuis la semaine dernière, sur plusieurs secteurs du front de Kherson, les forces ukro-atlantistes sont passés à l'attaque en menant des reconnaissances offensives lourdes au Nord Est, le long du Dniepr et sur la rivière Ingoulets et au Nord-Ouest venant du front de Nikolaïev.

Vraisemblablement l'objectif de ces attaques renforcées n'est pas seulement d'évaluer les défenses russes et de les affaiblir, mais de créer une brèche dans leur dispositif par où pourrait s'engouffrer une offensive plus importante.

Résumé vidéo "Rybar" des opérations sur le
front de Kherson du 15 au 19 octobre 2022.

Les principales attaques ukro-atlantistes se sont faites en direction de Berisav / Novaïa Kakhovka pour tenter d'obtenir le contrôle de la centrale hydroélectrique de Kakhovka et du passage par dessus le fleuve qu'elle offre et par lequel passe actuellement un grande partie de la logistique russe (également via des pontons flottants posés près du barrage endommagé par les HIMMARS). Cet axe offensif a été activé dès le 15 octobre avec 2 Groupes Bataillonnaires Tactiques issus principalement des 60e Brigade mécanisée et 17e Brigade blindée ukrainiennes.

Pour le moment, à part la capture temporaire de 2 ou 3 petits hameaux agricoles au Sud de Davidov Brod, ces attaques ukrainiennes ont été repoussées avec de lourdes pertes. 

Ukrainiens avant l'attaque sur le front de 
Kherson, dans un M113 de l'oncle Joe.

Les mêmes après leur attaque repoussée par les forces russes




Etc.... des dizaines d'images macabres de soldats ukrainiens 
apparaissent chaque jour sur les réseaux russes et ukrainiens.

Chacune de ces reconnaissances offensives renforcées ukro-atlantistes a été repoussée par les unités de défense russes, notamment celles du 45ème régiment parachutiste et les autres unités des 83e, 11e et 80e brigades aéroportées, sans oublier les troupes de marine de la 126e Brigade de défense côtière qui ont encaisser le premier choc ennemi. 

M113 A étasunien abandonné sur le front de Kherson

Les forces ukro-atlantistes, lors de ses offensives "n'ont pas réussi à atteindre leurs objectifs" de l'aveu même d'Arestovitch, le porte parole du président ukrainien, et ont subi des pertes humaines et matérielles très importantes.

Par exemple, le long du Dniepr, dans le secteur de Berisav, les forces ukro-atlantistes qui avaient engagé 2 groupes bataillons renforcés avec un total d'environ 50 véhicules blindés en direction de Novaya Kamenka et Sukhanovo ont été brisées par les forces terrestres, l'artillerie et l'aviation russes en moins d'une journée de combat. Contraintes de se replier en catastrophe sur leur positions de départ, les forces de Kiev ont laissé sur le terrain 15 chars et 10 véhicules blindés, de nombreux tués et blessés. Leurs pertes sur ces deux seuls secteurs du front s'élèvent à plus de 200 soldats (tués et blessés) auxquels il faut rajouter de nombreux prisonniers dont plusieurs officiers.


Les combats qui se déroulent autour de Kherson sont particulièrement violents et les forces russes paient également très cher le prix de leurs victoires. Sur ce secteur de Berislav, les forces russes en repoussant les attaques ennemies ont perdu 43 soldats, 6 chars 9 véhicules blindés 2 obusiers calibre 152 mm.

Voici une courte vidéo d'un combat d'infanterie menée par une unité russe sous le feu ennemi et qui vous montre l'extrême difficulté du terrain, cette steppe plate et ouverte jusqu'à l'horizon, ou les unités doivent se mettre à découvert dès qu'elles progressent. 

Assaut de l'infanterie russe sur le front de Kherson
Ici un groupe russe progresse vers un hameau. 
Plusieurs blessés ("300") mais le combat continue

L'hémorragie ukrainienne continue de plus belle

Les force ukro-atlantistes lorsqu'elles passet à l'offensive subissent logiquement des pertes encore plus importantes et sans pouvoir les justifier par des victoires stratégiques ni même tactiques significatives. Ces pertes sont cachées aux médias par le commandement politico-militaires et mêmes aux familles des tués qui pour certaines commencent à poser des questions dérangeantes.
 
Ainsi des familles de la 24e Brigade ukrainienne, un "bataillon punitif" considéré comme étant une unité d’élite. Mais ces derniers temps, les autorités de la région de Lvov, où elle est basée ne cessent d'envoyer des nouveaux soldats, pour remplacer des "disparitions" qui s’enchaînent et deviennent massives, Les familles sortent dans la rue et demandent des comptes.
Derrière les communiqués, la réalité de la guerre 

Dans le seul secteur de Kherson, une estimation porte à 9600 le nombre des soldats ukrainiens tués au cours des deux derniers mois pour quelques arpents de steppes sans importance militaire... 

Une hécatombe !

Arestovitvh, le porte parole de la marionnette Zelensky a reconnu que les forces ukrainiennes n'avaient pas atteint leurs objectifs...

Vu les pertes subies, cette déclaration reste un doux euphémisme....

La réalité est que la servilité sacrificielle du pouvoir kiévien à la stratégie russophobe et europhobe des USA va tout simplement sortir l'Etat ukrainien de l'Histoire et la faire redevenir cette "Ukraïna" : ces "marches" ("limes") bordant traditionnellement les contours de l'empire russe et lui offrant la profondeur stratégique nécessaire pour protéger ses centres névralgique (et ceux des autres "empires" voisins) qui sont sur sa façade occidentale.

Combien de morts, de temps perdu, de destructions, de sang et de larmes faudra t-il encore pour que l' "homo" de moins en moins "sapiens sapiens" revienne à respecter ce "bon sens" commun qui est fils des lois de la Nature.

Si Kiev ne capitule pas l'Ukraine disparaît !


Sur fond de chantage nucléaire, une menace bien réelle 

Alors que de chaque côté du front les catastrophistes se cristallisent sur l'emploi potentiel nucléaire dans un false flag occidental destiné a engager à son tour une réaction nucléaire russe, une menace majeure encore plus plausible qu'un bombardement grave de la centrale d'Energodar entraînant une contamination régionale, pèse sur la région de Kherson.


En amont de Kherson se trouve le barrage hydroélectrique de Kakhovka

Depuis plusieurs semaines, la potentielle destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka, en amont de Kherson est au coeur des préoccupations russes et de la propagande ukro-atlantiste qui, comme d'habitude cherche à incriminer par avance la partie russe de la rupture potentielle du barrage que les forces ukrainiennes bombardent pourtant régulièrement depuis juillet.

Cette centrale hydroélectrique de Kakhovka est l'une des dix plus grandes centrales hydroélectriques d'Ukraine. Il s'agit de la sixième étape de la cascade d'installations hydroélectriques sur le fleuve Dniepr. Le barrage de Kakhovka a généré en amont une retenue d'eau de plus de 13 milliards de mètres cubes dont la superficie du réservoir (2 155 km²) est approximativement égale à celle de Moscou.  .

Que se passera-t-il si le barrage est détruit par l’armée ukrainienne? 

Un tsunami fluvial qui inondera au minimum 65 km2 dont une grande surface urbaine!
  • La hauteur de la vague pourrait atteindre 4,8 mètres et la largeur du déversement pourrait être de 5 kilomètres,
  • 2 heures et demi après la rupture du barrage, la vague atteindra sa pleine puissance, 
  • L'eau se précipitera à environ 25 km/h, inondant très rapidement les quartiers bas de la ville comme le micro-district d'Ostrov,
  • La vague déferlante atteindra la périphérie de Kherson en 2 heures, le niveau d'eau maximal (+ 5 mètres) en 14 heures,
  • L'inondation durera 3 jours et détruira la quasi totalité de Kherson.
Le Pentagone avait déjà simulé ce scénario sachant qu'il était connu également des concepteurs soviétiques qui avait renforcé la structure pour résister à des frappes de missiles.. En 2004, le journal de Kherson "Gryvna" avait évoqué à nouveau ce scénario catastrophe dans un article intitulé "Pas prêt pour une apocalypse locale".

Parmi les scénarios imaginés: tirs massifs de missiles sur le barrage, mouillage de mines  flottantes en amont, sabotage ...

Aujourd'hui les menaces qui pèsent sur le barrage de Kakhovka dans le contexte des combats qui se déroulent juste en amont du site, sont devenues plausibles.

Et la centrale nucléaire d'Energodar, toujours dans le collimateur de Kiev

Dans le contexte des frappes russes ciblant les ressources énergétiques ukrainiennes, l'envie de reprendre le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporodje (qui fournissait 25 % de l'électricité ukrainienne avant février), libérée par les forces russes début mars, est devenue une obsession du commandement ukro-atlantiste. 

2 assauts fluviaux ont été déjà déjoués, partant du secteur de Nikopol, sur la rive opposée du Dniepr, et des attaques terrestres sont également régulièrement tentées ou en préparation depuis le Nord Est et le Sud Ouest afin de longer la rive Sud du fleuve jusqu'au site nucléaire.

Le 21 octobre 2022, les forces ukro-atlantistes ont à nouveau tenté de s'emparer par un 3ème assaut fluvial du site d'Energodar où se situe la centrale nucléaire de Zaporodje (la plus grande de la région) et qui est située en amont du barrage de Kakhovka, sur la rive Sud de la retenue d'eau éponyme.

Vers 4h du matin, deux escadrons de l’armée ukrainienne ont essayé de débarquer sur la rive gauche du réservoir de Kakhovka pour s’emparer du site. L’opération impliquait 37 embarcations, 12 lourdes et 25 légères, chargés de militaires ukrainiens.

Les forces russes qui sécurisent le périmètre de la centrale, ont repoussé l’attaque en éliminant plus de 90 militaires et 14 embarcations.

En outre, la partie nord de la ville d’Energodar et les environs du site nucléaire ont essuyé 13 tirs de la part de l’armée ukrainienne. Par tir de riposte, tous les points d’artillerie ennemis ont été neutralisés.

Le bâtiment administratif d'Energodar (1 km de 
la centrale) frappé lors du bombardement précédant
l'assaut des commandos ukro-atlentistes sur le site

En conclusion 

Les forces russes quant elles ne progressent pas comme sur les fronts de Donetsk ou d'Artemovsk, bloquent les attaques ukrainiennes en leur infligeant de lourdes pertes, comme sur les fronts de Koupiansk et Kherson.

Kherson est un verrou essentiel à la tenue du front Sud qui ne l'oublions pas protège aussi l'accès à la Crimée, et on risque d'observer durant ces prochains jours des batailles très dures dans cette steppe pontique où les enjeux des opérations en cours sont autant politiques que militaires et ont des répercussions jusqu'aux élections du "Midterm" étasunien pour lequel Biden voudrait se présenter avec les lauriers d'une victoire ukro-atlantiste...

Kherson sera probablement la bataille à partir de laquelle tout basculera vers la capitulation de Kiev, ou l'enlisement dans la durée de ce conflit mondial qui se cache encore derrière de doux euphémismes propagandistes. L'Ukraine, ce grand pays d'Europe est aujourd'hui territorialement disloqué, est humainement saigné, économiquement détruit et plongé dans l'obscurité à l'approche d'un hiver qui risque d'être très très long pour les familles ukrainiennes attendant l'arrivée de front des cercueils...

De son côté, étape par étape la Russie monte en puissance sur le front, telle la force tranquille d'un ours réveillé mais confiant: mobilisation partielle, loi martiale, et maintenant économie de guerre pour augmenter la pression offensive sur Kiev jusqu'à la capitulation de ce laquais de l'OTAN.

Cependant l'optimisme ne doit pas sous estimer l'adversaire qu'affrontent les forces russes : une armée fanatisée qui n'a plus rien à perdre et soutenue par plus de 40 pays occidentaux qui la droguent de leurs aides militaires, financières, narcotiques et médiatiques...

Plus la Russie s'approche de la Victoire plus son ennemi international est dangereux car son amoralité l'autorise à toutes les folies suicidaires inimaginables

Erwan Castel

"Je ne suis plus disposé à sacrifier des soldats russes dans
une guerre de guérilla contre des hordes de fanatiques armés
par l'OTAN. Nous avons suffisamment de forces et de moyens
techniques pour conduire l'Ukraine à une capitulation totale"
Général Sourovikine, Commandant du front russo-ukrainien

mercredi 19 octobre 2022

mercredi 19 octobre 2022 Plongée profonde en eaux troubles

 source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/10/plongee-profonde-en-eaux-troubles.html


Voici un retour dans le passé, un rappel essentiel pour comprendre le conflit actuel qui déchire l'Europe. C'est une étude détaillée signée Gerald Sussman et qui démontre sans conteste l'ingérence de la CIA en Ukraine au service d'une stratégie totalement amorale qui n'hésite pas à protéger et aider les pires crapules nazies ukrainiennes pour étendre l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie et jusqu'à commanditer la guerre actuelle.

Source de l'article: Réseau International

L’Ukraine. Un proxy de la CIA depuis 75 ans

par Gerald Sussman.


"Il faut être un artiste pour se frayer un chemin dans le marasme de la propagande afin d’éduquer les grands médias américains (MSM) sur la crise russo-ukrainienne et le rôle des États-Unis dans l’instigation de ce conflit à des fins néfastes.

Les MSM ont construit un récit sans nuances sur « la guerre de Poutine » qui n’est fait que pour masquer l’expansion impérialiste de l’Amérique en Europe de l’Est. Il s’agit d’une tentative tout à fait orwellienne de projeter sur la Russie ce que les États-Unis et leur principal allié impérial, le Royaume-Uni (qu’un journaliste britannique a qualifié de « remorqueur de l’Amérique »), n’ont cessé de faire depuis 1945, voire depuis des siècles.

Si l’on regarde en arrière, les États-Unis, sous Truman, ont commencé la politique consistant à transformer les ennemis (Allemagne, Japon) en amis et les amis (l’importante alliance avec l’URSS pendant la guerre) en ennemis. La CIA, créée en 1947, a été le principal instrument clandestin de cette politique, travaillant en étroite collaboration avec l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), une organisation néo-nazie, pour mener des actions de sabotage, de division et de déstabilisation de l’État soviétique.

L’OUN, en particulier la faction dirigée par l’allié des allemands, Stepan Bandera, et son commandant en second, Yaroslav Stetsko, l’OUN-B, était une organisation violemment antisémite, anticommuniste et antirusse, qui a collaboré avec l’occupation nazie et participé activement au massacre de millions de Polonais, de juifs ukrainiens et de communistes ethniquement russes et ukrainiens dans la région. Néanmoins, le Washington Post a traité Stetsko de héros national, de « patriote solitaire ».

Yaroslav Stetsko avec le vice-président de l’époque, George H.W. Bush. source : fpif.org

L’alliance entre l’OUN et l’Allemagne en 1941 est soutenue par les dirigeants des églises orthodoxe ukrainienne et grecque catholique ukrainienne. L’archevêque de cette dernière, Andrey Sheptytsky, rédige une lettre pastorale qui déclare : « Nous saluons l’armée allemande victorieuse en tant que libératrice de l’ennemi. Nous rendons nos hommages obéissants au gouvernement qui a été érigé. Nous reconnaissons M. Yaroslav Stetsko comme chef d’État … de l’Ukraine. »

À l’occasion de l’invasion allemande de l’Union soviétique, l’OUN a posé des affiches dans la ville de Lvov, dans l’ouest de l’Ukraine, sur lesquelles on pouvait lire : « Ne jetez pas vos armes maintenant. Prenez-les dans vos mains. Détruisez l’ennemi….Peuple ! Sachez ! Moscou, la Pologne, les Hongrois, les juifs sont vos ennemis. Détruisez-les !… Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros ! Gloire au leader ! [Bandera] »

Il est à noter que cet appel au nettoyage ethnique ne provenait pas des Allemands qui occupaient alors l’Ukraine, mais des propagandistes fascistes et néonazis, les mêmes qui mènent aujourd’hui une guerre contre la région du Donbass et présentent leurs ancêtres comme des héros pour avoir défendu le nationalisme ukrainien contre les Soviétiques et l’Allemagne. Le Pentagone a réussi à faire pression sur le Congrès pour qu’il lève les restrictions sur la formation et l’assistance militaire aux groupes, tels que le bataillon Azov, qui sont basés sur l’idéologie fasciste ou néonazie.

Combattants du bataillon Azov avec le drapeau de l’OTAN à gauche et le drapeau nazi à droite. source : wsws.org

Comme par le passé, la politique étrangère américaine est prête à accueillir de tels extrémistes au sein de son cercle d’alliés. Le 16 décembre 2021, un projet de résolution de l’Assemblée générale de l’ONU a été intitulé « Combattre la glorification du nazisme, du néonazisme et des autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. »

Elle a été adoptée par un vote enregistré de 130 voix pour (principalement le tiers monde, qui constitue la grande majorité de la population mondiale), 51 abstentions (principalement l’UE, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada) et deux oppositions, les deux étant l’Ukraine et les États-Unis. Les pays d’Europe occidentale qu’Hitler a conquis et occupé ne condamnent donc pas les manifestations actuelles du nazisme et du fascisme.

Harry Truman, sénateur tristement célèbre, a déclaré en 1940, en réponse à l’opération Barbarossa, que « si nous voyons que l’Allemagne est en train de gagner, nous devrions aider la Russie et si la Russie est en train de gagner, nous devrions aider l’Allemagne et ainsi les laisser s’entretuer autant que possible ». Cela montre le peu de considération qu’il avait pour le peuple russe et les autres peuples soviétiques – ce qui est devenu plus évident lorsqu’il est devenu président.

Pendant son mandat à la Maison Blanche, les États-Unis ont aidé à reconstruire la capacité industrielle de l’Europe occidentale (en grande partie pour empêcher les communistes et les socialistes de gagner les élections), mais il a également lancé une guerre contre la Corée du Nord, détruisant pratiquement toutes les structures du pays par des bombardements, y compris des armes incendiaires et au napalm.

Il a lancé la guerre froide, augmenté massivement le budget militaire, organisé l’OTAN et utilisé des armes atomiques sur des populations civiles à Hiroshima et Nagasaki, en grande partie pour empêcher les Soviétiques alliés de gagner des territoires au Japon dans les derniers jours de la guerre.

L’initiative la plus destructrice de Truman fut peut-être la création de la CIA, un monstre qui, selon lui-même, était devenu incontrôlable, déclarant à un ami : « Je n’aurais jamais accepté la création de la Central Intelligence Agency en 47, si j’avais su qu’elle deviendrait la Gestapo américaine », bien qu’en tant que président, il ait soutenu ses activités clandestines en Europe de l’Est.

La cible immédiate fut l’Ukraine soviétique, que la CIA espérait, grâce à ses projets clandestins, « faire éclater » avec des saboteurs derrière les lignes ennemies.

Le président Harry S. Truman signant la création de la CIA. source : historydaily.org

Sa mission est un transfert de l’agence d’action secrète de la Seconde Guerre mondiale, l’OSS, qui avait travaillé avec des groupes de partisans résistant à l’occupation nazie. En Ukraine, les États-Unis ont tout simplement retourné l’ennemi en soutenant les organisations insurgées nazies qui luttaient contre l’Union soviétique, le pays qui venait de sauver l’Europe du fléau du Troisième Reich d’Hitler.

Le plan de la CIA, qui s’inscrivait dans le cadre de ses opérations « stay behind » en Europe centrale et orientale, consistait à parachuter des groupes d’ultra-nationalistes ukrainiens, en particulier l’OUN-B, ce qui impliquait la contrebande d’armes, l’utilisation de transmissions de communication secrètes, des espions, des commandos, du banditisme, des assassins et du sabotage.

Un historique secret déclassifié de la CIA montre que l’Agence a refusé d’extrader le criminel de guerre de l’OUN, Bandera, vers les Soviétiques afin de préserver le mouvement clandestin et ses efforts de déstabilisation en Ukraine.

Au lieu de cela, deux branches de la CIA, l’Office of Policy Coordination (OPC) pour les opérations secrètes et l’Office of Special Operations (OSO) pour les projets clandestins pour lesquels le gouvernement américain fournissait une couverture, ont protégé l’OUN et ont travaillé en étroite collaboration avec l’Armée insurrectionnelle d’Ukraine (UPA) antisoviétique « pour des activités de guerre psychologique dirigées contre des cibles polonaises, tchécoslovaques et roumaines à la frontière de l’Ukraine ».

L’OPC et l’OSO « conviennent que l’organisation ukrainienne [Conseil suprême de libération de l’Ukraine], l’organe directeur de l’OUN, offre des possibilités inhabituelles de pénétrer en URSS et d’aider au développement de mouvements clandestins derrière le rideau de fer ».

L’opération de la CIA portait le nom de code PBCRUET-AERODYNAMIC, basé sur un document top secret daté du 17 juin 1950.

L’Armée insurrectionnelle ukrainienne – L’un des mouvements de résistance les plus étranges de la Seconde Guerre mondiale – MilitaryHistoryNow.com

L’OUN

Le congrès du parti OUN d’août 1939 appelle à la création d’un État « ethniquement uniforme », un concept qui s’intensifie après 1941 avec l’engagement d’une « opération de purification contre tous les ennemis de la race ». Les juifs d’Ukraine, au nombre d’environ 1,5 million, ont été pratiquement anéantis par les Allemands, aidés par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne de l’OUN, la police ukrainienne et les citoyens ukrainiens ordinaires. L’OUN était composée d’une série de fascistes, de nazis et d’autres éléments extrêmes ukrainiens, mais elle comprenait également des gardes slovaques Hlinka, des SS ukrainiens de la 14e division des Grenadiers Waffen-SS (Galicie) et des SS allemands mercenaires.

Le massacre des Polonais (estimé entre 100 000 et 200 000 tués) s’intensifie en 1943, avec la participation active de l’UPA. L’OUN-UPA collabore également avec les Allemands pour exterminer des milliers de Russes ukrainiens. Son « Premier ministre » autoproclamé, Yaroslav Stetsko, décrivait les Russes comme une race barbare, non européenne, descendant des Mongols et des Huns.

Après la guerre, les États-Unis n’ont vu aucun problème à travailler en étroite collaboration avec Stetsko qui, dans sa propre biographie (1941), écrivait : « Je considère que le marxisme est un produit de l’esprit juif, qui a été appliqué dans la prison des peuples moscovites par le peuple moscovite-asiatique avec l’aide des juifs. Moscou et la juiverie sont les plus grands ennemis de l’Ukraine et les porteurs des idées internationales bolcheviques corrompues…. Je soutiens donc la destruction des juifs et propose d’amener en Ukraine les méthodes allemandes d’extermination de la juiverie, en interdisant leur assimilation… »


Ni sa folie, ni les camps de la mort nazis, ni les trois millions de prisonniers de guerre russes morts dans les camps de concentration, ni la barbarie totale des invasions allemandes et alliées n’ont changé le cours de la pensée officielle américaine sur la façon dont les nazis et les fascistes de haut rang pouvaient être utiles à la guerre de l’Amérique contre le socialisme soviétique. Stetsko a reçu un large accueil à Washington, où il a été fêté par Ronald Reagan et George H.W. Bush en tant que dirigeant estimé du Bloc des nations anti-bolcheviques, qui était à l’origine une formation nazie allemande (noté par Stephen Dorril), et délégué permanent de l’ABN à la Ligue anticommuniste mondiale.


Retour en arrière

Au début des années 1950, après avoir parachuté 85 agents en Ukraine, dont les trois quarts ont été capturés, la CIA admet que le projet est un échec cuisant. Cela n’a pas empêché les guerriers de la guerre froide d’utiliser des mercenaires pour changer le régime dans d’autres pays, notamment lors de l’échec de la baie des Cochons dix ans plus tard. Le mouvement insurrectionnel ukrainien ayant été écrasé, de nombreux banderistes, dont Mykola Lebed, l’un des fondateurs de l’OUN et un lieutenant de Bandera formé par la Gestapo aux méthodes de torture impitoyables, sont devenus des émigrés.

Lebed, qui avait été ministre des affaires étrangères de l’organisation et chef de sa célèbre police secrète, était décrit par l’armée américaine comme un « sadique bien connu et un collaborateur des Allemands. « Après la guerre, il a émigré à Munich, où il a joué un rôle important dans la nouvelle Radio Free Europe, l’organe de propagande financé par les États-Unis qui émettait vers l’Europe de l’Est et qui était secrètement géré par la CIA. RFE a été rejointe par Radio Liberty (également gérée par la CIA et dirigée vers l’Union soviétique) et la Voix de l’Amérique pour diffuser non seulement de la propagande mais aussi pour relayer des messages codés unidirectionnels aux saboteurs « restés à l’arrière ».

Pendant la guerre, Lebed aurait été un bon élève et le favori de la Gestapo allemande. Par la suite, relocalisé à Munich, Lebed a bénéficié du patronage (tout comme Bandera) de l’officier de renseignement nazi, Reinhard Gehlen, qui avait lui-même des relations opérationnelles étroites avec la CIA.

Gehlen est ensuite devenu le chef des services secrets ouest-allemands, employant les nazis avec lesquels il avait travaillé pendant la guerre et aidant la CIA en partageant des informations sur l’Europe de l’Est. Lorsque Lebed s’est brouillé avec l’OUN-B en Allemagne après la guerre, la CIA l’a fait passer clandestinement aux États-Unis, ainsi que de nombreux autres ultranationalistes ukrainiens.

Avec l’aval du directeur de la CIA, Allen Dulles, Lebed a travaillé à New York (et a vécu dans le riche comté de Westchester) sous un faux nom en tant qu’agent de renseignement antisoviétique et a obtenu la citoyenneté. Les Ukrainiens d’extrême droite d’hier et d’aujourd’hui sont depuis longtemps les instruments d’une politique de guerre froide. « Les anciens membres de l’underground ukrainien qui se trouvent actuellement aux États-Unis »écrit la CIA dans un document top secret de 1950, « seront exploités dans toute la mesure du possible. »

Au début de la guerre froide, des centaines, voire des milliers de nazis, y compris des criminels de guerre comme l’officier SS Otto von Bolschwing (l’un des principaux organisateurs de la Solution finale et un adjoint d’Adolf Eichmann), ont été amenés aux États-Unis depuis l’Allemagne, l’Ukraine, les Balkans, les États baltes et la Biélorussie.

Parmi eux se trouvait également Adolf Heusinger, « l’un des nombreux hauts responsables nazis et fascistes qui avaient été intégrés dans les réseaux militaires et de renseignement américains ». Heusinger avait été le chef d’état-major général de l’armée d’Hitler et, de 1961 à 1964, il a été nommé président du Comité militaire de l’OTAN, tant la transition entre le statut de nazi de haut rang et celui de commandant militaire du « monde libre » était fluide.

Pendant ce temps, la demande de Bandera pour un contrôle total de l’OUN entraîne des frictions au sein de la direction fasciste basée en Allemagne. En 1950, les États-Unis et le Royaume-Uni planifient des opérations conjointes en Ukraine, mais la CIA décide alors de travailler plus étroitement avec le ZP/UHVR (représentation étrangère du Conseil suprême de libération ukrainien, l’organisation qui chapeaute toutes les formations nationalistes de droite), tandis que le MI6 britannique fait de Bandera son principal contact parmi les Ukrainiens.

Lorsque Bandera est assassiné en 1959 après que les États-Unis ont refusé de l’extrader vers l’Union soviétique pour crimes de guerre, Stetsko prend la tête de l’OUN.

Avec l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis pensent avoir enfin la Russie à portée de main. Sous le règne autocratique de Boris Eltsine, qui carbure à la vodka, les États-Unis ont été invités à guider un programme néolibéral de « thérapie de choc », qui a entraîné la destruction complète de l’économie russe.


Le capitalisme à l’américaine a engendré une grave dépression accompagnée d’un chômage massif, d’une baisse des salaires, d’une perte des pensions, d’une prise de contrôle par les oligarques d’anciennes industries d’État, d’une augmentation des inégalités et de la pauvreté, d’une hausse de l’alcoolisme et d’un déclin significatif de l’espérance de vie.

Bien qu’Eltsine ait opposé une certaine résistance, l’administration Clinton a réussi à étendre l’OTAN à la Pologne, à la République tchèque et à la Hongrie, en violation des accords conclus entre George H.W. Bush et Mikhaïl Gorbatchev sur le fait de ne pas étendre l’organisation militaire « d’un pouce » vers l’est. Cette fausse promesse était censée être une concession aux Soviétiques pour ne pas bloquer la réunification de l’Allemagne et son adhésion à l’OTAN.

C’est ainsi qu’a commencé la progression constante de l’élargissement de l’OTAN, qui a certifié à l’Ukraine son statut de futur membre et membre associé de facto, et qui a apporté des livraisons d’armes, des formations en armement et des exercices militaires coordonnés avec l’armée ukrainienne en prévision d’une guerre avec la Russie – ainsi que des comptes bancaires pour les politiciens ukrainiens coopérants.

Vladimir Poutine s’est révélé être un leader russe de loin supérieur, en redressant l’économie, en mettant au pas de nombreux oligarques et en restaurant la confiance dans l’État russe. En Ukraine, les États-Unis ont vu dans l’élection présidentielle de 2004 une occasion d’arracher l’Ukraine à l’influence de la Russie.

Outre les visites de hauts fonctionnaires dans le pays, les États-Unis sont intervenus en utilisant plusieurs autres canaux, notamment les organisations de changement de régime, le National Endowment for Democracy, l’USAID, Freedom House, l’Open Society Institute de George Soros (aujourd’hui Fondations) et l’omniprésente CIA, pour bloquer l’élection de Viktor Ianoukovitch, favorable à la Russie, et installer à la présidence un néolibéral pro-américain, Viktor Iouchtchenko.

Avec l’aide des États-Unis, Iouchtchenko l’a emporté mais a échoué lamentablement en tant que président. L’alarme incendie s’est de nouveau déclenchée pour les États-Unis en 2010, lorsque Ianoukovitch a été élu président. À ce moment-là, Iouchtchenko était totalement discrédité en tant que dirigeant, n’ayant obtenu que 5,5% des voix au premier tour, ce qui l’a éliminé.


Les manifestations antigouvernementales de 2013-2014, qui avaient commencé pacifiquement sur la (place) Maïdan de Kiev, ont été énergisées par les visites dans les rues de la sous-secrétaire d’État américaine et spécialiste du changement de régime, Victoria Nuland, qui a rencontré à plusieurs reprises des putschistes. Elle a été rejointe par les sénateurs John McCain (R-AZ) et Chris Murphy (D-CT), qui sont montés sur une estrade sur la place avec le leader néonazi Oleh Tyahnybok pour offrir le soutien des États-Unis, vraisemblablement sans autorisation officielle, au renversement illégal de Ianoukovitch.

Les sénateurs McCain et Murphy participent à une manifestation antigouvernementale massive en Ukraine et menacent de sanctions | Fox News

Cette fois, la CIA s’est plus pleinement impliquée pour se débarrasser du président proche de la Russie et a très probablement aidé à préparer les milices d’extrême droite qui ont pris part aux tirs de sniper et aux massacres de policiers et de manifestants sur la place Maïdan, ce qui a forcé Ianoukovitch à fuir. Le New York Times a faussement attribué les fusillades à son gouvernement. Cela a déclenché une résistance à ce coup d’État dans la région fortement russophone du Donbass, qui a été à son tour accueillie par un assaut du gouvernement putschiste de Kiev et la mort, jusqu’en 2022, de 14 000 soldats et civils.

Petro Porochenko, qui était un informateur à l’ambassade des États-Unis à Kiev avant que les États-Unis ne le parrainent pour qu’il devienne président de l’Ukraine. source : ndtv.com

Dans des entretiens avec des journalistes européens en juin 2022, Petro Porochenko, qui était un informateur régulier à l’ambassade des États-Unis à Kiev avant d’être parrainé par les États-Unis pour devenir président en 2014, a déclaré que, pendant son mandat, il a signé les accords de Minsk avec la Russie, la France et l’Allemagne et a accepté un cessez-le-feu simplement comme stratagème pour gagner du temps dans la construction de l’armée et la préparation de la guerre. « Notre objectif, » a-t-il expliqué, « était d’abord de mettre fin à la menace, ou au moins de retarder la guerre, afin de nous assurer huit ans pour rétablir la croissance économique et créer des forces armées puissantes. »


La guerre de propagande

Le président Biden et d’autres responsables publics ont utilisé à plusieurs reprises l’expression « attaque non provoquée » pour caractériser les motivations de la Russie comme n’étant rien de plus qu’une agression territoriale. Ces affirmations sont faites sans preuves crédibles, comme si l’invocation du nom de Poutine suffisait à établir toute déclaration le concernant ou concernant l’État russe comme une preuve en elle-même.

Le problème, comme l’ont noté de nombreux observateurs, est que les grands médias ne sont guère plus qu’un outil de transmission et d’amplification graphique national et international de l’État et du consensus de la classe dirigeante. Ce n’est évidemment pas nouveau, puisqu’on a découvert que plus de 400 journalistes des médias grand public ont servi d’yeux et d’oreilles à la CIA pendant une grande partie de la guerre froide, comme l’a rapporté le journaliste du Watergate, Carl Bernstein. Il existe des preuves qu’au moins certains journalistes continuent d’agir comme des messagers pour l’Agence.

Ces initiés du Beltway de Washington ont du mal à comprendre ce qui constitue une provocation. L’expansion des forces hostiles des États-Unis et de l’OTAN et les exercices militaires menés jusqu’aux portes de la Russie, y compris le projet d’ajouter l’Ukraine et la Géorgie à la liste des membres, sont clairement des provocations. Et si la mémoire de Biden est un tant soit peu intacte, il se rappellera comment l’administration Kennedy a traité la présence d’une seule base militaire soviétique dans l’hémisphère occidental (à Cuba) comme une menace pour la sécurité des États-Unis. Dans ce cas, les Soviétiques ont eu le bon sens de faire marche arrière.

Le coup d’État du Maïdan en 2014, dont même le président fantoche des États-Unis, Porochenko, a admis qu’il était anticonstitutionnel (c’est-à-dire illégal), ainsi que l’interdiction de la langue russe qui s’en est suivie et l’appel à un nettoyage ethnique général dans les institutions publiques et les médias par son gouvernement, étaient des provocations. Il en est de même des assauts militaires contre la région du Donbass, instigués par le bataillon néonazi Azov, armé et entraîné par les États-Unis, à partir de 2015. Juste avant l’invasion russe du début d’année, Kiev avait installé une concentration massive de troupes à la frontière avec les oblasts séparatistes, Donetsk et Lougansk.

La sécession du Kosovo, après 78 jours de bombardements américains sur la Serbie, alliée de la Russie, a bénéficié du plein soutien de Washington et, pour les Russes, a servi de précédent au démembrement de la Crimée. Avant l’invasion russe, Volodymyr Zelensky a lancé des purges autoritaires contre les partis d’opposition accusés de donner la parole aux Ukrainiens russophones. Porochenko et Zelensky ont refusé de respecter les accords de Minsk. Il s’agissait là aussi de provocations.


En effet, les 75 ans d’histoire des efforts des États-Unis pour détruire la souveraineté des États soviétiques et russes sont une provocation sans fin. L’agression des États-Unis et de l’OTAN contre les alliés russes en Syrie et en Serbie (et contre la Chine), les « révolutions de couleur » en Biélorussie, en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et ailleurs dans l’ancienne région soviétique, ainsi que la liste croissante des sanctions contre la Russie sont d’autres formes d’agression. L’amnésie des médias grand public dans cette histoire récente serait difficile à comprendre si l’on ne comprenait pas qu’ils servent en fait de porte-voix de la propagande d’État, ce que Louis Althusser appelait les appareils idéologiques d’État.

Comme l’a exprimé Noam Chomsky « Il est assez intéressant de constater que, dans le discours américain, il est presque obligatoire de désigner l’invasion par l’expression « invasion non provoquée de l’Ukraine. Cherchez sur Google, vous trouverez des centaines de milliers de réponses. Bien sûr, elle a été provoquée. Sinon, ils n’y feraient pas référence tout le temps comme à une invasion non provoquée ». Si Chomsky n’est pas assez convaincant, peut-être les bellicistes des États-Unis et de l’OTAN pourraient-ils écouter le pape François, certainement pas russophile, qui a constaté que l’invasion est le résultat « des aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie… Je ne peux pas dire si elle a été provoquée, mais peut-être, oui ».


Le déluge de propagande médiatique contre la Russie et la censure des voix qui remettent en question l’histoire officielle concernant le coup d’État de 2014 et le conflit Russie-Ukraine montrent que la démocratie américaine est un modèle qui n’est pas digne d’être imité. Il n’existe que peu d’États autoritaires, voire aucun, où la suppression des informations est d’une telle ampleur et aussi institutionnellement ancrée qu’aux États-Unis.

J’ai déjà évoqué ailleurs la présence massive d’anciens responsables de l’armée et des services de renseignement liés aux industries de la défense sur les chaînes d’information du câble et de la télévision en tant qu’« analystes experts », ainsi que l’utilisation de l’idéologie de la suprématie blanche par les journalistes des médias grand public pour dépeindre les Ukrainiens déplacés comme un groupe spécial de « victimes dignes de ce nom ».

Un élément central des reportages médiatiques et de la culture des célébrités a été la représentation de Zelensky comme un « héros », défendant de manière désintéressée l’Ukraine contre la tyrannie. L’image du héros en Amérique est un vieux trope issu d’une longue lignée d’exemples militaires plus grands que nature, comme les personnages de John Wayne pendant la Seconde Guerre mondiale, la transformation du criminel de guerre au Vietnam, John McCain, en « héros de guerre », la poule mouillée qu’était Ronald Reagan en faucon, Rambo, le tueur d’Indiens Daniel Boone, et tant d’autres.

Un président en état de siège ? Les Zelensky en couverture du magazine Vogue. source : vogue.com

La propagande est désormais ouvertement une partie importante de l’arsenal de guerre des États-Unis, et le gouvernement ne fait pas grand-chose pour cacher ce fait. Outre les livraisons massives d’armes que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN fournissent aux Ukrainiens pour tuer des Russes nationaux et étrangers, environ 150 sociétés de relations publiques américaines et internationales, selon PRWeek, y compris une société britannique ayant des liens étroits avec le parti conservateur au pouvoir, ont proposé de fournir à l’Ukraine des outils de propagande – des armes de tromperie massive.

Dans le même temps, il n’y a eu pratiquement aucun reportage sur le bilan peu reluisant de Zelensky en matière de corruption, un problème endémique pour l’Ukraine, qui est classée par Transparency International, une organisation financée par les États-Unis, le Royaume-Uni et les entreprises, comme le pays le plus corrompu d’Europe. Outre le fait qu’il n’a pas réussi à faire tomber les oligarques qui dirigent le pays (50 d’entre eux détiennent 45% de la richesse du pays), y compris son propre patron, le milliardaire ukrainien, israélien et chypriote Igor Kholomoisky, corrompu et sanctionné par les États-Unis, Zelensky lui-même a été démasqué dans les « Pandora Papers » comme étant un voleur, avec des millions de dollars cachés sur des comptes offshore dans les îles Vierges britanniques et dans des propriétés à Londres. En raison de la censure de l’ensemble de l’opposition politique, médiatique et intellectuelle, il est difficile pour les Ukrainiens d’avoir vent de ses machinations financières peu héroïques.

Si l’on expose ces réalités dans les médias sociaux américains et britanniques ou dans des livres et des revues, on se fait qualifier de « bot » russe ou d’« idiot utile de Poutine ». L’idiot utile le plus authentique est peut-être le Rambo du Russiagate Adam Schiff, démocrate de Californie et président du House Permanent Select Committee on Intelligence, qui, à l’occasion des audiences de destitution de Trump en janvier 2020, a déclaré : « Nous combattons la Russie là-bas pour ne pas avoir à les combattre ici. »

C’est ce qui passe pour de l’intelligence au Congrès.


Conclusion

Il faut prendre au sérieux la perspicacité du théoricien politique allemand Carl Schmitt, qui a soutenu que les États-nations puissants ont besoin d’avoir des ennemis pour définir qui ils sont, et que leurs « actions et motifs politiques peuvent être réduits à la distinction entre ami et ennemi ». Pour Schmitt, l’« ennemi » n’a pas besoin d’être considéré comme mauvais, mais pour les États-Unis, l’ennemi est toujours lié à des notions religieuses d’immoralité.

Schmitt a fini par mettre son intelligence au service du Troisième Reich, mais les États-Unis eux-mêmes ont confirmé par leurs premières actions de « stay behind » en Ukraine et dans d’autres parties de l’Europe qu’ils étaient prêts à adopter certaines des mêmes tactiques, sinon l’idéologie, de leurs recrues nazies.

Faire de l’Union soviétique, puis de la Russie, un ennemi a au moins trois utilités : créer une menace nationale pour détourner l’attention du public des inégalités massives au sein de l’économie capitaliste ; justifier la construction d’un État et d’un empire de sécurité nationale (policier, impérialiste), construit sur un complexe militaro-industriel-médiatique, avec un niveau extraordinaire de dépenses militaires comme protection contre la dépression économique ; et organiser un vaste complexe de propagande sur le modèle de l’Office of War Information de la Seconde Guerre mondiale pour maintenir la légitimité de l’État en tant que force morale dans un monde menacé par des dirigeants maléfiques qui cherchent à priver les Américains de leur liberté.

En réalité, ce sont les États-Unis eux-mêmes qui dépouillent le pays de ses fameuses « quatre libertés » et qui privent les autres pays, en particulier ceux du tiers monde, de leurs voies indépendantes vers le développement et la liberté.

L’argument principal de l’anti-impérialisme n’est pas de défendre la guerre en Ukraine mais d’examiner plus profondément ses causes. Les États-Unis sont depuis longtemps une société hautement militarisée et n’ont pas été guerre que pendant 15 ans de leur existence.

Et quand les États-Unis n’envahissent pas directement (84 pays à ce jour), ils parrainent des invasions et des coups d’État contre des pays qui vont à l’encontre de leurs intérêts stratégiques (Chili, Nicaragua, Indonésie, Yémen, Brésil, Argentine, Angola, Venezuela, R. D. Congo, Gaza, Grèce, Équateur, Ghana et bien d’autres).

Carte des pays dans lesquels les États-Unis ont combattu ou qu’ils ont occupés. Les frappes aériennes et les opérations des forces spéciales n’y sont pas incluses. source : reddit.com

Carte des pays dans lesquels les États-Unis ont combattu ou qu’ils ont occupés. Les frappes aériennes et les opérations des forces spéciales n’y sont pas incluses. source : reddit.com

La crise ukrainienne est également une guerre sponsorisée, car l’assaut de Kiev sur la région du Donbass était en fin de compte dans l’intérêt des États-Unis, car ses ressources, y compris une « industrie du charbon hautement développée, une industrie métallurgique ferreuse, la construction de machines, l’industrie chimique et l’industrie de la construction, d’énormes ressources énergétiques, une agriculture diversifiée et un réseau de transport dense » sont convoitées par la finance et le capital transnationaux.

Au-delà de l’Ukraine se trouve le vaste territoire de la Russie et son incalculable richesse en énergie, en minéraux stratégiques et en autres ressources qui interpellent un système capitaliste d’entreprise expansionniste et militariste mondial comme celui des États-Unis. Il existe certainement des moyens de sortir de la crise actuelle en Ukraine, mais ils nécessitent la neutralisation du pays et sa conversion en un État démilitarisé qui, avec l’alliance des États-Unis, respecte et applique les droits et l’égalité de sa population d’origine russe.

L’Occident doit également reconnaître, dans une certaine mesure, les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité, qui ont été compromis par la horde des forces de l’OTAN bien trop proche de ses frontières. Le concept de sécurité de l’État est inscrit dans la Charte des Nations unies, et pour éviter une catastrophe encore plus grande, il faut que les États-Unis agissent en conformité avec le dictat de l’ONU pour la paix et suppriment leurs obstacles à un règlement négocié, qui est dans l’intérêt à long terme de l’Ukraine, de la Russie et du reste du monde.

Gerald Sussman

source CovertAction Magazine

traduction Wayan, relu par Hervé, pour Le Saker Francophone