Bonjour. Je
travaille à mi-temps dans le secteur de l’éducation relative à
l’environnement. Mes conditions de travail sont relativement bonnes
et je voudrais que celles-ci soient partagées par le plus grand
nombre.
Je milite
pour l’objection de croissance : http://www.objecteursdecroissance.be/
Nous sommes
un certain nombre de personnes à penser que le capitalisme n'est pas
durable et qu’il ne peut pas être réformé dans le sens d’une
plus grande justice sociale. Ce qui pose problème, c'est de
s'accorder sur les solutions pour en sortir. Cela est d’autant plus
difficile que nous sommes nombreux à faire partie, à différents
niveaux, des rouages de ce système que nous dénonçons.
Arcelormittal,
Ford Genk et bien d’autres… Le constat :
un
patronat qui n’a de cesse d’augmenter ses gains de productivité :
réduction de la « masse salariale », dégradation des
conditions de travail, délocalisation… ; au niveau international, en perspective, une augmentation inéluctable
du coût des matières premières et de l’énergie
(raréfaction des ressources naturelles couplée à une demande
croissante des pays émergents) ; au
niveau national, une offre en situation de surproduction et une
demande… décroissante.
Les
solutions :
A court
terme, garantir le maintien de l’outil ainsi qu’un revenu aux
travailleurs sont des revendications vitales. A long terme, s’en
contenter est une erreur tactique lourde de conséquences :
elles ne remettent pas en cause le système. Et dans ce système, si
on envisage le pire, on peut penser que les travailleurs seront
lâchés tôt ou tard.
Racheter
l’outil avec les deniers publics ? Encore faut-il qu’il soit
à vendre, ce qui n’est manifestement pas le cas. Mais
« admettons » qu’il le soit… Encore faut-il en avoir
les moyens. Certes, les pouvoirs publics les ont eus pour les banques
mais on devine que ce n’est pas une solution durable. Et à
supposer que ces moyens soient encore disponibles, il faudrait, dans
un souci d’équité, les avoir pour tous les secteurs en
difficulté. Or, combien de temps est-il possible de maintenir
toute une économie sous perfusion ? Combien de temps ce système fou de l'argent-dette peut-il tenir ?
Réquisitionner
l’outil ? Nationaliser l’économie ? On peut remettre
en cause, au moins de façon partielle, la propriété des moyens de
production. Mais la propriété privée a encore des beaux jours
devant elle et… je ne suis pas sûr que l’humanisme et
l’intelligence soient le fait exclusif ou systématique des
« gestionnaires » publics.
Que
faire pour combattre le sentiment d’impuissance ?
Se mettre en
marche à tous les niveaux : individuel, collectif et politique.
Choisir le ou les niveaux où l’on se sent le plus efficace
pour agir. Les travailleurs doivent non seulement défendre leur
emploi mais ils doivent aussi trouver une issue de secours qui puisse
devenir une vraie alternative : seuls ou collectivement, ils
peuvent se reconvertir, se projeter dans un nouveau métier, se
former (les filières sont multiples), apprendre à s’autogérer ;
ils peuvent aussi s’impliquer activement et massivement dans un
syndicat, un parti ou un mouvement politique de leur choix pour
faire avancer leurs idées. Ces démarches exigent des efforts et de
la créativité. « Créer c’est résister. Résister,
c’est créer. » Stéphane Hessel… résistant.
Malgré
mes origines sociales « favorables », deux parents
professeurs, je n’ai pas été dispensé de faire des efforts… Et
je ne dispose pas de la recette du bonheur. Chacun, ou presque,
peut progresser à son rythme, dans les conditions qui sont les
siennes.
Cela n’exclut
évidemment pas le maintien et l’amélioration des mécanismes de
solidarité.
Notre système
de croissance n’a jamais été capable de créer des emplois stables et de qualité - respectant le travailleur et son
environnement - pour le plus grand nombre.
Faut-il
attendre l’aggravation et l’extension de la catastrophe sociale
ou écologique pour se mettre en marche ? Faut-il attendre que
l’on se tape à nouveau dessus ?
« Le
21ème siècle
sera spirituel ou ne sera pas », André Malraux.
Christophe
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Dans le
prolongement de cette réflexion….Quelques extraits (résumés)
du livre de Bayon
Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, « La décroissance.
10 questions pour comprendre et en débattre », Editions La
Découverte, Paris, 2010, 236p.
« (…)
La destruction massive du travail vivant dans nos sociétés
occidentales est le résultat direct du développement économique
qui repose sur la
croissance de la productivité et le
remplacement du travail vivant par les machines.
Les gains inouïs en termes de productivité du travail conduisent à
une destruction massive du travail humain et à une dégradation de
sa qualité et de son efficacité écologique.
Une
société de décroissance qui bannirait des techniques de production
socialement et écologiquement nuisibles aurait vraisemblablement
recourt, de façon massive, au travail humain.
Que les
syndicalistes se rassurent. Cela concernerait notamment :
- les
domaines du transport (collectif),
- de
l’énergie (renouvelable),
- de
l’habitat (isolation),
- de
l’agriculture (petites exploitations en agriculture biologique).
[Petit ajout à ce résumé... "Rapport du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation,
Olivier De Schutter
Résumé
Le réinvestissement dans l’agriculture, suscité par la crise des prix alimentaires de 2008,
est essentiel pour la réalisation concrète du droit à l’alimentation. Cela étant, dans un contexte
de crise écologique, alimentaire et énergétique, la question la plus urgente aujourd’hui, lorsqu’il
s’agit de réinvestir dans l’agriculture, n’est pas de savoir combien mais comment. Le présent
rapport étudie la manière dont les États peuvent et doivent réorienter leurs systèmes agricoles
vers des modes de production hautement productifs, hautement durables et qui contribuent à la
réalisation progressive du droit fondamental à une alimentation suffisante.
S’appuyant sur un examen approfondi des publications scientifiques qui ont vu le jour
au cours des cinq dernières années, le Rapporteur spécial présente l’agroécologie comme un
mode de développement agricole qui n’entretient pas seulement des liens conceptuels solides
avec le droit à l’alimentation mais qui a aussi produit des résultats avérés, permettant
d’accomplir des progrès rapides dans la concrétisation de ce droit fondamental pour de
nombreux groupes vulnérables dans différents pays et environnements. L’agroécologie offre
en outre des avantages qui peuvent compléter ceux qui découlent de méthodes
conventionnelles mieux connues comme la culture de variétés à haut rendement. De plus, elle
contribue de manière importante au développement économique dans son ensemble.
Le présent rapport défend l’idée que la transposition de ces expériences à une plus
grande échelle est le principal défi à relever aujourd’hui. Des politiques publiques adéquates
peuvent créer des conditions propices à de tels modes de production durables. Il s’agit
notamment, en matière de dépenses publiques, de donner la priorité à l’acquisition de biens
publics plutôt que de se borner à subventionner les intrants, d’investir dans les connaissances
en réinvestissant dans la recherche agricole et les services de vulgarisation, d’investir dans
des formes d’organisation sociale qui encouragent les partenariats, notamment la création de
réseaux d’innovation reliant des fermes-écoles et des organisations d’agriculteurs,
d’autonomiser les femmes et de créer un environnement macroéconomique favorable,
notamment en reliant les exploitations agricoles durables à des marchés équitables. "
Source :
Contrairement
à la « Relance verte », la décroissance [organisée]
s’opérerait :
- par
une importante relocalisation des activités.
Celle-ci ne serait évidemment pas totale : aucun objecteur de
croissance ne vise une quelconque « autarcie », laquelle
n’a d’ailleurs jamais existé;
- en
substituant le travail au capital;
- en
diminuant fortement la consommation finale des ménages et des
administrations, ce qui pousserait à une réduction des besoins en
travail;
- en
proposant des conditions de mise au travail plus démocratique :
partage du temps de travail, de la pénibilité des tâches, remise
en cause de la propriété du capital; et une réelle réflexion sur
la qualité et la finalité du travail, réflexion qui fait
particulièrement défaut actuellement.
(…)
Le
marxisme traditionnel entend
abolir la valeur d’échange pour restaurer la valeur d’usage mais
il ne précise pas ce qu’il entend par valeur d’usage. La valeur
d’usage, c’est ce à quoi la marchandise peut servir; la
valeur d’échange, c’est-ce contre quoi la marchandise peut être
échangée. Dans les faits,
- soit il
soutient explicitement des valeurs d’usage « modernes »
tels que la voiture… qu’il perçoit comme des progrès;
- soit il
soutient des valeurs d’usage revendiquées par les mouvements
écologistes tels que [les transports en commun] tout en soutenant
les valeurs d’usage « modernes »… Mais sans vraiment
se demander si les unes sont compatibles avec les autres. Cette
seconde vision est le fait de courants minoritaires tels
que l’écosocialisme.
Pour de
nombreux objecteurs
de croissance,
l’objectif est la
décroissance des échanges marchands.
Cette décroissance doit permettre de dégager du temps libre pour
faire de l’expérimentation sociale : monnaies locales, Système
d’Echange Local, autoproduction, etc. (…) »