mardi 22 février 2022

Santé & Démocratie : Quels sont les vrais risques du COVID Avec Barbara Stiegler et Alice Desbiolles


 Kaizen Magazine

Alice Desbiolles, épidémiologiste et médecin de Santé Publique, et Barbara Stiegler philosophe française, professeure à l'université Bordeaux-Montaigne ; qui travaille en collaboration avec les milieux de la santé, échangent sur la gestion de la crise sanitaire

Pierre-Emmanuel Barré - journaldecampagne


 

Oliv Oliv : dès le 6 mars, reprendre les ronds-points pour les élections présidentielles


 

Donbass - La montagne qui rugissait...

22 février 2022 (14H00) – La souris a accouché d’une montagne et il s’avère que cette montagne rugit
comme “la souris qui rugissait”. Cela a l’air compliqué, comme ça, mais pensez-y encore en observant la mine impassiblement décidée de Poutine.

Ma réaction à la décision russe doit être placée dans le contexte des semaines de tension qui ont précédé. Même si vous n’y croyez pas vraiment tout en ne sachant pas s’il faut y croire, les annonces et affirmations folles, grotesques et répétées, ont créé un climat inconscient d’une grande tension psychologique, lequel a été étrangement renforcée par l’aspect bouffe de cette tragédie-bouffe...Nous ne savons rien et nous nous moquons du fait que nous ne savons rien, et pourtant rien ne montre que “n’en rien savoir” suffise pour écarter de son esprit, de sa psychologie, l’hypothèse que “cela” se fait, voire que cela est “en train de se faire”, et qu’on fond de nous-même nous le savons bien...

« Si Vladimir Poutine n’a pas ordonné l’invasion de l’Ukraine les 15 ou 16 février, comme l’avaient promis des médias US et les tabloïdes UK, il pourrait bien le faire le lendemain, insistent-ils. Ou le 20 février, comme l’affirme Politico. Ou la semaine suivante. Ou le mois d’après. Ou lors de la prochaine décennie... Qui sait, après tout, avec des soldats russes se déplaçant librement dans leur pays pour des manœuvres parfois proches de leurs frontières, on ne saurait être trop prudents... [...] Vous ignorez donc que la prochaine attaque militaire russe ne pourrait se produire que dans le cyberespace, et qu’elle serait donc en grande partie invisible... En fait, la guerre contre l’Ukraine a peut-être déjà commencé... avec une nouvelle tactique comprenant des centaines de fausses alertes à l’“invasion”... Après avoir crié “au loup” concernant une invasion russe qui ne s’est jamais matérialisée, on nous explique maintenant qu’elle pourrait être en cours... mais que nous ne l’avions tout simplement pas remarqué... » (Rachel Marsden, ‘Désordre Mondial’, Spoutnik-français, 19 février 2022).

Il est vrai que, pour ce qui me concerne, le choc a été de constater la très faible réaction de tous ceux qui hurlent depuis des mois à l’invasion russe : ils ont redoublé de hurlements, anathèmes et malédictions, sans esquisser le moindre geste de dégainer. Certes, on dira que ce n’est pas l’“invasion” annoncée, – pas encore, enfin. Tout de même, Poutine annonce froidement qu’il reconnaît les deux républiques autoproclamées, RPD et RPL, et qu’il applique aussitôt un traité commun en y déployant des forces “de maintien de la paix” : après tant d’alarmes et de menaces de rétorsion, de déclarations, de prévisions apocalyptiques, j’avoue qu’inconsciemment j’attendais une réaction brutale, à la hauteur de ce que j’avais perçu de fureur annonciatrice.

Bien entendu, toute cette agitation était objectivement bouffonne, c’était évidemment un simulacre, mais l’esprit, armé par cette perception et une psychologie aigu, et bien qu’il connût absolument la bouffonnerie de la chose, attendait inconsciemment la logique du simulacre accordée à ce qu’on pourrait nommer après tout “vérité-de-simulacre” (cette formule comme inversion négative et épouvantable de la vérité-de-situation). Or, rien de cela ; on condamne partout bien sûr, on invoque le viol des accords de Minsk (bouffonnerie de la bouffonnerie puisque l’Ukraine ne les a jamais respectés et que la Russie n’y est pas partie prenante), on annonce des sanctions que tout le monde connaît depuis des semaines et des mois, – paroles, paroles et paroles, – et retour de flamme des sanctions attendue pour la détresse considérable des Européens qui ont tout fait pourtant pour les justifier... Et quoi d’autre ? Pas d’alerte des forces, d’envoi de renforts, de déploiement de l’avant ? Pas de mobilisation, de rappel de la réserve ? Pas de mise en ‘DefCon 3’ (‘Defense Condition’) des armées de la puissante Amérique, comme en octobre 1973 pour la guerre du Kippour ?

Que s’est-il passé ? Le simulacre initial s’est précipitamment dégonflé, on s’active pour en gonfler un autre. Nous allons de simulacre en simulacre, le suivant absorbant les couleuvres du précédent... Ce qui est impressionnant selon mon sentiment, c’est le constat que l’extraordinaire volume de la communication attend, réclame, exige un événement extraordinaire pour justifier ce volume, dans une atmosphère où tout événement de la part des Russes devient “extraordinaire”. L’on attend par conséquent une riposte à mesure (“extraordinaire”) dès que la Russie suscite un événement. On a cet événement effectivement “extraordinaire” des Russes, et rien, vraiment rien d’“extraordinaire” ne se produit de la part de ceux qui avaient jeté le défi de la moraline à l’infâme président russe.

C’est un constat très intéressant et important pour comprendre le fonctionnement de notre époque. Le simulacre initial, alimenté par un formidable flot de communication, crée sa “vérité-de-simulacre” qui est une pseudo-situation de grande tension. La situation est pseudo, mais la “grande tension” est bien réelle. Elle conduit l’acteur passif et récalcitrant (celui qui refuse la “vérité-de-simulacre”, c’est-à-dire la Russie) à poser un acte qu’il n’aurait pas posé en temps “normal”. Les acteurs actifs et consentants se trouvent devant une nécessité inattendue, bien que logique : réagir aussitôt à mesure de l’insupportable événement “extraordinaire”. Eh bien non ! Tant pis pour la “nécessité”, ils bottent aussitôt en touche comme l’on dit au rugby, en réagissant selon les normes de l’impuissance qui est la leur (je conseille-de-sécurité, je condamne-moralinesquement, je, je, je, et puis plus rien). Poutine, lui, marque l’essai et l’on continue le match où il a drôlement consolidé son avantage.

Le seul parmi tous ces fous qui condamnent en paroles ce dont ils sont responsables originellement, le seul à avoir fait montre d’un instant de sagesse que d’autres nommeraient réalisme selon les moyens disponibles et les risques à maîtriser, – et ce serait alors paradoxalement la sagesse solitaire et momentanée des fous, – c’est paradoxalement (bis) Biden qui avait laissé échapper une vérité-de-situation à venir avant d’être forcé de se rétracter sous la torture de ses divers alliés et soutiens washingtoniens :

« ...[C]omme lorsqu’il [Biden] affirmait dans cette conférence de presse du 19 janvier, que “‘quelques incursions’ russes en Ukraine, côté Donbass, ne seraient pas considérées comme une ‘invasion’...” Depuis, il a rétropédalé et, alors que la tension de communication concernant l’“invasion” russe à venir tombait fortement, et d’ailleurs à l’insistance des Ukrainiens qui veulent calmer le jeu, Biden a brutalement dramatisé la situation... » 

Ainsi donc, rétrospectivement considérée, et mis à part Biden qui rencontre des éclairs de sagesse dans sa folie, toute la séquence rencontre la fameuse référence de Jacques-Bégnigne Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » (*)

Quelques parcelles de vérité-de-situation

J’ajouterai quelques observations et citations sur d’autres aspects de la situation qui ne me paraissent pas inintéressantes. Elles concernent les situations intérieures exotiques de deux pays auxquels j’ai l’habitude de m’intéresser, polus un clin d’œil en supplément

• Macron a fait un communiqué furieux, ou bien s’agit-il de considérations verbales, et alors je serais tenté de les considérer comme la vexation profonde et l’arrogance pliée (son “sommet” Biden-Macron-Poutine torpillé par Poutine) du Petit Télégraphiste devant la “rigidité” et la “paranoïa” qui lui sont opposées, – ces deux mots impliquant un jugement effectivement furieux du président russe qui a des principes et qui considère que l’encerclement de son pays par l’OTAN est une grave menace. (Macron devrait se méfier de cette sorte d’humeur qui compromet toute suite diplomatique sérieuse de la chose car Poutine oublie difficilement.) Cela implique une occasion tactique en or ratée pour le candidat Macron et sa volonté de paraître de haute stature internationale dans la grande compétition présidentielle qui doit bouleverser la civilisation.

« La présidence française a accusé le président russe de s'inscrire dans une “une sorte de dérive idéologique” et de tenir un discours mêlant des considérations “rigides et paranoïaques”. »

Face à Macron, sur ce sujet, une étrange ligne de bataille : Le Pen-Mélenchon-Zemmour. Peut-être se trouvera-t-il un grand esprit pour considérer que ces trois-là, qui représentent à peu près 40% des votants selon les chuchotements sondagiers, doivent subir les foudres d'une justice quasi-divine pour les punir d’être compréhensifs pour le Diable, en étant interdits des 500 signatures qui leur permettraient d’être candidats. Je pense que c’est bien la sorte d’état d’esprit qui conduit les raisons cannibalisées des esprits sacrifiant, en général en toute inconscience-innocence, au Culte de la Doxa, ou divinum lumen. Avec eux le Déluge, comme disait Noé.

• La deuxième remarque, avec une longue citation, concerne les États-Unis et la position intérieure de Biden face à un déchaînement républicain déjà en cours (voir le sénateur Cruz). Cette fois, ce sont les républicains va-t’en-guerre depuis les deux Bush, qui prennent l’offensive et s’installent en extrémistes. On ne discutera pas ici de la validité ou non de leur position, on connaît mon avis et la considération que j’ai pour les aventures guerrières, surtout celles, fort massacreuses et extatiques pour nos zélotes du Système, de Bush-Junior (précédées et continuées par Clinton-Obama, bien entendu). Il s’agit d’envisager la démarche intérieure, qui est d’avoir la peau de Biden et de chiper le Congrès aux démocrates en novembres.

Je prends ainsi une analyse considérablement critique de l’action de Biden, et tenant par ailleurs pour acquis que Poutine est le Diable incarné, – cela étant pour ce cas une considération absolument secondaire. L’intérêt ici est que le jugement de l’action russe, estimée à sa supposée valeur cynique et réaliste de forfaiture mais selon une démarche non dépourvue d’intérêt objectif, est mise en comparaison avec celle de Biden, pour aboutir à une condamnation stratégique complète de Biden. Quoi qu’en veuillent ces républicains, – car il n’est certainement pas dit qu’ils auraient fait mieux, ou qu’ils n’auraient pas fait différent si l’on considère l’aile traîtresse Trump-Carlson du parti, – l’analyse est objectivement intéressante parce qu’elle ne nous soule pas d’une overdose de moraline assénée par des zombies-dealers. L’analyse vient d’une plume nommée Streiff, ancien officier de l’U.S. Army, et l’un des éditorialistes du site ‘RedState.com’, et il parle comme s’il tenait pour acquis que les USA ont appliqué la monstrueuse “règle de Biden” (« quelques incursions” russes en Ukraine, côté Donbass, ne seraient pas considérées comme une ‘invasion’... »).

« Ce week-end, une conférence sur la sécurité s’est tenue à Munich sur la “crise” ukrainienne. Pour des raisons sur lesquelles nous ne pouvons que spéculer, Joe Biden a choisi de rester à la maison et d'envoyer la naïve grande gueule de Kamala Harris représenter les intérêts américains. Ce choix, à lui seul, devrait constituer un motif de mise en accusation et de destitution de Biden lorsque le GOP reprendra le Congrès. Comme le président n’a pas besoin d'être en fonction pour être mis en accusation et démis de ses fonctions, nous pouvons faire cela avec Biden... [...]

» La réponse de la junte de Biden [ à la décision de Poutine] a été singulièrement inefficace, alors qu'elle admet avoir anticipé le geste de Poutine.

» “Nous avons anticipé une telle action de la part de la Russie et nous sommes prêts à y répondre immédiatement. Le président Biden va bientôt publier un décret qui interdira tout nouvel investissement, commercial et financier par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions ukrainiennes dites RPD et RPL. Ce décret donnera également le pouvoir d’imposer des sanctions à toute personne dont il est établi qu’elle opère dans ces régions de l'Ukraine. Le Département d'Etat et le Département du Trésor fourniront des détails supplémentaires sous peu. Nous annoncerons également sous peu des mesures supplémentaires liées à la violation flagrante, aujourd'hui, des engagements internationaux de la Russie.

» “Soyons clairs : ces mesures sont distinctes et s'ajoutent aux mesures économiques rapides et sévères que nous avons préparées en coordination avec les Alliés et les partenaires au cas où la Russie continuerait d’envahir l’Ukraine.

» “Nous continuons à consulter étroitement les Alliés et les partenaires, y compris l'Ukraine, sur les prochaines étapes et sur l’escalade actuelle de la Russie le long de la frontière avec l'Ukraine.”

» Pourquoi l'ordre exécutif n’a-t-il pas été rédigé et prêt à être signé s’ils avaient anticipé le mouvement ? Au-delà de cela, il est inutile. Il n’y a probablement pas d'entreprises ou de personnes américaines ayant des activités commerciales, financières ou d'investissement directes à Donetsk et Luhansk. Les sanctions ne sont pas des sanctions secondaires, c’est-à-dire qu’elles ne visent que les entreprises qui traitent avec des entreprises ayant des intérêts en Ukraine orientale, de façon à ce que les banques américaines puissent continuer à travailler avec les banques russes fortement impliquées dans cette région. Ce seul fait montre que les sanctions ne sont tout simplement pas sérieuses. Dans le dernier paragraphe, les Russes ne perdront pas de vue que l'Ukraine est presque mentionnée comme une partie annexe du propos plutôt que comme la principale partie lésée.

» En l’état actuel des choses, Poutine renversé la table. Il peut envoyer des troupes en RPD et en RPL, s’il le souhaite [il l’a annoncé depuis, NDLR], car il les a reconnues comme autonomes. Peu importe à quel point cela semble peu convaincant aux yeux de l’establishment de la politique étrangère, – ce sont ces personnes qui ont tout fait foirer ici en premier lieu, – cela sera plausible pour la plupart des pays du monde. Aucune sanction ne lui sera imposée. Et il a posé les bases d'un recul et d’un retrait de l’OTAN de la Géorgie (le pays et non l'État, pour le bénéfice des crétins de ‘Media Matters’) et des États baltes.

» Ce que nous venons de vivre est l'une des deux choses suivantes. Soit Poutine s’est joué de Joe Biden et a laissé le monde entier bouche bée devant la facilité et l'audace de son acte, soit il a travaillé main dans la main avec Biden et Anthony Blinken pour découper l’Ukraine sans qu'il lui en coûte quoi que ce soit, – ce qui rappelle un peu la façon dont la Pologne a été démembrée en 1939. Quoi qu'il en soit, la crédibilité des États-Unis a subi les mêmes dommages et Poutine a pu montrer que Joe Biden n’est tout simplement pas en capacité de relever ses défis. Ce qui se passera au cours des prochaines années ne sera pas beau à voir. »

• La troisième remarque est une forme de clin d’œil sur l’éblouissant et éclatant silence d’Israël dans cette affaire. Je trouve que c’est intéressant comme illustration des situations d’un trapéziste ratant son quatrième saut périlleux et tombant vers le filet où il croit apercevoir de trous, qu’il voudrait bien, avant l’impact, aveugler avec une corde disponible mais malheureusement balisée d’un certain nombre de nœuds gordiens. Je parle ainsi de contradictions, de dilemmes, de choix à faire ou de se taire, de discrétion nécessaire, du “je m’en lave les mains”, etc... Et tout cela rapporté par Spoutnik-français, – les Russes, toujours les Russes !

« En raison des contacts entre Tel-Aviv et Moscou au sujet d’un convoi humanitaire pour évacuer les ressortissants juifs en cas de guerre, un conseiller diplomatique ukrainien est allé encore plus loin en déclarant au quotidien israélien ‘Haaretz’ : “Vous nous traitez comme quoi? La bande de Gaza ou quoi ?” À ce propos, parmi les 200.000 Ukrainiens admissibles à immigrer en Israël en vertu de la loi du retour (alya) pour les Juifs et leurs proches, certains ont déjà pris la route de l’exil vers l’État hébreu. [...]

» Tel-Aviv serait ainsi obligé “de ménager la chèvre et le chou”, estime Gil Mihaely, historien spécialiste d’Israël.

» “Israël se serait bien passé de cette crise. Premièrement, il y a l’alliance avec les États-Unis et en second il y a la Russie. Il est donc hors de question de rentrer en collision avec la Russie, avec laquelle l’État hébreu entretient de bonnes relations dans son nouveau voisinage en Syrie, même s’il n’y a pas un alignement politique total”, souligne-t-il au micro de Sputnik. [...]

» Les relations israélo-russes ne devraient donc pas pâtir de la crise ukrainienne. D’ailleurs, Tel-Aviv avait rejeté la demande de l’Ukraine de lui fournir le système antimissile ‘Dôme de fer’, craignant sans doute de voir se dégrader ses liens avec Moscou. Cette demande ukrainienne date de l’année dernière mais elle avait été renouvelée après le regain de tensions avec le voisin russe. “Il n’y aura jamais de soutien militaire à l’un ou à l’autre, ce n’est clairement pas la priorité, Israël se fait tout petit”, martèle l’historien. »

 

Note

(*) Selon ce qui est dit ici, la phrase ne serait pas la bonne mais un condensé fort bien fait de cette citation du Tome IV de l’‘Histoire des variations des églises protestantes’, à partir de cet extrait où Jacques-Bégnigne montre tout son brio :

« Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je ? Quand on l’approuve et qu’on y souscrit. »

Source :  https://www.dedefensa.org/article/la-montagne-qui-rugissait

Le Saker - La Russie reconnait la LDNR. Mes premières réflexions

 Par The Saker – Le 21 février 2022 – Source The Saker’s Blog

J’ai écouté l’intégralité de la réunion du Conseil de sécurité russe, puis le discours de Poutine à la nation, et enfin la signature des traités de coopération et de soutien mutuel.

La première chose que je veux souligner est que cet événement a été très soigneusement orchestré, et je ne parle pas seulement des réunions et de la signature en direct d’aujourd’hui. Pour ceux d’entre nous qui suivent de très près la politique russe, il ne fait aucun doute que tout cela a été préparé bien AVANT l’ultimatum russe à l’Occident.

Il s’agit du « plan » auquel Poutine s’est un jour ouvertement référé.

Permettez-moi d’être clair : cette reconnaissance ne doit PAS, je le répète, NE doit PAS être considérée isolément. Ce n’est qu’UNE PHASE dans un processus qui a commencé il y a au moins un an, voire plus, et il y a beaucoup plus à venir.

Ensuite, il faut le répéter encore une fois, il ne s’agit PAS de la LDNR, du Donbass ou même de l’Ukraine, il s’agit d’une nouvelle architecture de sécurité pour l’Europe et, par conséquent, pour notre planète entière.

Cela signifie que la Russie s’attendait exactement à la réaction qu’elle a finalement obtenue (les politiciens occidentaux sont fantastiquement prévisibles, étant à la fois ignorants, stupides et arrogants) et cela lui a donné une base juridique pour prendre l’initiative actuelle (appelez cela Responsabiltité de Protéger, ou devoir moral, ou prévention du génocide ou tout ce que vous voulez).

Je voudrais profiter de cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude au président Biden et au chancelier Scholz qui ont tous deux joué leur rôle à la perfection, en particulier Scholz avec son commentaire sur les « propos risibles sur le génocide ». Plus généralement, une grande partie du mérite de ce qui vient de se passer aujourd’hui revient aux dirigeants de l’Empire qui ont joué leur rôle exactement comme le Kremlin l’espérait.

Ensuite, je veux parler des sanctions. Qu’on se le dise clairement : quelles que soient les sanctions sur lesquelles l’Occident s’accorde maintenant, elles seront celles qu’il aurait prises de toute façon. Je le répète : la reconnaissance de la LDNR aujourd’hui aura exactement ZERO influence sur la détermination maniaque de l’Occident à détruire la Russie et son peuple. En d’autres termes, les sanctions à venir étaient inévitables. Cela signifie que la Russie n’a « rien perdu » en prenant cette décision. En fait, tant au cours de la réunion du Conseil de Sécurité que dans son discours, Poutine a laissé entendre que les sanctions occidentales ont surtout été bénéfiques pour l’économie russe (en particulier l’économie réelle, et pas seulement la valeur des actions russes ou du rouble).

Les sanctions sont un sujet qui n’intéresse que les politiciens occidentaux (et leurs 5e et 6e colonnes en Russie). Les Russes 1) se souviennent qu’au cours de leur histoire, la Russie et l’URSS ont plus ou moins toujours été soumises à des sanctions et 2) que l’objectif de l’Occident n’est pas d’atteindre un équilibre avec la Russie, mais de la subjuguer et de la détruire (Poutine lui-même l’a dit il y a de nombreuses années).

Dans ce contexte, la focalisation sans fin sur les sanctions (infernales ou pas) n’est pas seulement immorale mais tout simplement stupide.

Ensuite, je voudrais mentionner quatre menaces spécifiques proférées par Poutine aujourd’hui (attention, comme les responsables des relations publiques du Kremlin travaillent toujours à leur rythme habituel d’escargot, je vais devoir le faire de mémoire, veuillez garder cela à l’esprit) :

  • Les responsables du massacre d’Odessa seront punis par la Russie.
  • Poutine exige l’arrêt immédiat des bombardements et des tirs le long de la Ligne de Contact.
  • La Russie empêchera physiquement que les États-Unis et l’OTAN déploient des armes offensives en Ukraine pour menacer la Russie.
  • La Russie montrera à Banderastan comment organiser une *vraie* « décommunisation » (après avoir indiqué que l’Ukraine a été créée par le Parti Communiste d’Union Soviétique).

Encore une fois, je vais répéter ici ce que j’ai écrit plus haut : cette reconnaissance ne doit PAS, je le répète, NE doit PAS être considérée isolément. Ce n’est qu’UNE PHASE dans un processus qui a commencé il y a au moins un anvoire plus, et il y a d’autres choses qui vont venir.

A moins que les Ukies ne le comprennent – et ce ne sera probablement pas le cas – je m’attends à ce que la Russie étende ouvertement son « parapluie militaire » sur la LDNR. Cela ne signifie pas qu’elle devra déplacer des troupes à l’intérieur, bien que cela soit également une possibilité, mais que toute future opération terrestre ukie sera contrée par la pleine puissance de l’armée russe. Officiellement cette fois. Les Ukros le long de la Ligne de Front l’ont entendu de la propre bouche de Poutine : nous avons un viseur dirigé sur chacun d’entre vous. Bien que je ne mette rien hors de portée des Ukros, je pense que la menace claire d’aujourd’hui aura un fort effet dissuasif, que les Ukies l’admettent (ce qui n’arrivera pas) ou non.

Après avoir tout écouté, j’ai quelques questions auxquelles je n’ai pas encore reçu de réponse :

  1. Dans quelles frontières exactes la Russie reconnaît-elle la LNR et la DNR ? Le long de la Ligne de Front ou le long de leurs frontières administratives d’origine ? (voir carte). Je soupçonne fortement que pendant un certain temps la Russie va garder un flou artistique sur ce sujet, mais ce que Poutine voulait dire, c’était une reconnaissance de la LNR et de la DNR dans leurs frontières administratives d’origine. Si je ne me trompe pas, cela signifie AUSSI que la Russie ne libérera pas le reste du Banderastan, ce que j’approuve aussi totalement : les Ukrainiens doivent se libérer eux-mêmes pour une fois, assez d’attendre constamment que les Moskals les libèrent de leurs « amis occidentaux » !
  2. Poutine a mentionné les immenses sommes d’argent que la Russie a versées à l’Ukraine, même après qu’elle se soit transformée en Banderastan. La Russie va-t-elle *enfin* imposer un embargo économique contre cet État nazi ?
  3. La DNR/LNR venant d’être reconnue, elle n’est pas membre de l’OTSC. Non seulement cela, mais je doute fort que tous les membres de l’OTSC reconnaissent la LDNR de sitôt. Donc, s’il est nécessaire de lancer une opération de « coercition à la paix », la Russie agira-t-elle unilatéralement, peut-être avec le Belarus, ou essaiera-t-elle d’obtenir une sorte d’opération conjointe avec d’autres pays ? Le ministère russe de la défense a annoncé qu’il avait reçu l’ordre d’assurer la sûreté/sécurité de la LDNR ! Cela signifie qu’une opération d’imposition de la paix (coercition à la paix) a été ordonnée !

Certains seront tentés de se concentrer sur ce que les politiciens occidentaux vont dire ou faire ensuite. Je n’ai certainement aucune idée de ce qu’ils pourraient faire ou ne pas faire ensuite, mais je leur conseillerais d’être extrêmement prudents, car l’humeur en Russie est déterminée. Si quelqu’un croit encore que Poutine bluffe, alors souhaitez-lui bonne chance car le mieux qu’il puisse espérer est une mort rapide et indolore.

Pour les Américains, tout se mesure en dollars. Pour les Européens, tout se mesure en Euros. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Russie a perdu 27 millions de personnes, dont deux tiers de civils, tandis que les Chinois en ont perdu 35 millions. Ce sont des pays et des nations qui ne seront pas brisés, ou achetés, par des dollars ou des euros.

Ensuite, il y a cette question : si l’Occident impose des « sanctions infernales » à la Russie, que feront les dirigeants occidentaux le lendemain de ces sanctions ? La vérité est que l’Occident a déjà « sur-sanctionné ». Mais supposons qu’il y aura encore plus de sanctions. Infernales, rien de moins. Et ensuite ?

Rien, bien sûr.

La Russie s’est déjà détournée depuis longtemps de l’Occident, non seulement sur le plan culturel mais aussi sur le plan économique (Mishustin l’a confirmé aujourd’hui). Si l’UE veut commettre un seppuku économique, la Russie est d’accord. Le Kremlin est tout à fait disposé à augmenter la dose de douleur, mais si les dirigeants occidentaux veulent augmenter la dose de douleur les uns envers les autres (les États-Unis augmentant la dose de douleur économique pour l’UE), la Russie ne s’y opposera pas.

Comme toujours, je suggère de ne pas tirer de conclusions trop rapides : attendons les transcriptions complètes et officielles, puis les déclarations des principaux responsables politiques (qui seront chargés de mettre en œuvre/interpréter ces déclarations). Dans cette situation, les mots comptent (du moins ceux des officiels russes).

Je conclurai par un avertissement : Je m’attends à ce que les agents de la CIA/MI6 en Russie (5e colonne : libéraux ; 6e colonne : neo-marxistes et pseudo-patriotes) déclenchent une offensive PSYOP MAJEUR contre Poutine personnellement et cette décision. Les arguments comprendront tout et n’importe quoi, entre « pas assez » et « trop », y compris l’inévitable « trop peu, trop tard ». S’il y a une chose que vous devez savoir sur les 5e et 6e colonnes en Russie, c’est que pour eux, tout succès de Poutine (ou même tant que Poutine est au pouvoir) est catégoriquement inacceptable et doit être refusé à tout prix. Ainsi, alors qu’ils prétendent se détester, ils détestent en réalité Poutine bien davantage. En fait, ils détestent Poutine beaucoup, beaucoup plus qu’ils n’aiment la Russie. Je demande instamment à tous les lecteurs de toujours penser cui bono lorsqu’ils entendent leurs interminables lamentations défaitistes !

Bon, je vais m’arrêter là : voyons ce qui va se passer ensuite.

Andrei

Note du Saker Francophone

Cet évènement, juste après la clôture des JO de Pekin, sera sans doute l’objet de nombreux commentaires et peut-être le début effectif de la refondation du l’ordre mondial. On attend la réaction de la Chine, l’Iran, la Biélorussie. La reconnaissance de l’indépendance de ces Républiques sera sans doute le marque de la souveraineté des États.

Liens

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

Source : https://lesakerfrancophone.fr/la-russie-reconnait-la-ldnr-mes-premieres-reflexions

Ukraine : Jour J+1, Réactions

 Dans la nuit du 21 au 22 février 2022, quelques minutes après la reconnaissance des Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk par la Fédération de Russie, les réactions fusent de partout, liesse donbassienne, colère ukrainienne, crispation occidentale, excitation étasunienne, satisfaction russe ...

Les ukro-atlantistes, en jouant avec cette mentalité russe qui refuse coûte que coûte d'abandonner ses populations en danger, ont forcé Moscou par une violente escalade militaire a étendre sa protection militaire directement sur le territoire du Donbass. 

Nous entrons  depuis hier soir dans une nouvelle phase de la crise ukrainienne dont les tensions régionales et internationales ne risquent pas de diminuer, bien au contraire.


Un accord pour 10 ans a été immédiatement signé entre les républiques du Donbass et la Fédération de Russie :

• Défense conjointe. 

• Protection conjointe des frontières des républiques du Donbass. 

• Le droit des parties d'utiliser l'infrastructure militaire et les bases militaires sur le territoire de l'autre. 

• Reconnaissance des documents délivrés par les organismes gouvernementaux les uns des autres. 

• La Russie prendra des mesures pour soutenir les systèmes financiers et bancaires de la RPD et de la RPL, sur la base du fait que le moyen de paiement y est le rouble russe.


Dans le Donbass

Au centre ville de Donetsk quelques minutes 
après que la Russie ait reconnu officiellement
les Républiques de Donetsk et Lugansk.

Rallye automobile à Lugansk pour fêter la reconnaissance
le soir du 21 février 2022 quelques minutes après l'allocution
du Président Russe Vladimir Poutine.

Peu après minuit des premières unités russes entrent dans
les Républiques de Donetsk et Lugansk pour prévenir une
une réaction militaire ukrainienne violente à le reconnaissance
des républiques populaires de Donetsk et Lugansk.

Le 22 février matin les républiques de Donetsk et Lugansk ont ratifié Traité d'amitié et de coopération avec la Fédération de Russie Décision soutenue à l'unanimité des 2 parlements.

Parlement de la DNR, matin du 22 février 2022
Parlement de la LNR matin du 22 février 2022

A / Au sujet de l'engagement des forces russes dans le Donbass:

  1. Le président russe Poutine a suggéré que le Conseil de la Fédération de Russie donne son accord pour l'utilisation des forces armées russes à l'extérieur du pays en relation avec la situation en RPD et en RPL.
  2. Le Conseil de la Fédération a autorisé l'utilisation de l'armée dans le Donbass
Valentina Matvienko, Présidente du 
Conseil de la Fédération de Russie

B / Au sujet de la définition des frontières des Républiques Populaires:


Le président russe Poutine a clarifié une question qui taraudait les commentateurs : dans l'acte de reconnaissance des républiques de Donetsk et Lugansk, 
quelles sont les frontières définies ?

La réponse est simple : si la Russie reconnait les républiques, donc elle reconnait aussi leurs constitutions qui définissent leurs territoires à ceux des anciens oblasts (régions administratives) dont elles sont issues.

Pour rappel, feu les accords de Minsk définissaient aussi les frontières des entité séparatistes à celes des oblasts de Donetsk et Lugansk.

Pour la République de Donetsk, en blanc le territoire occupé par Kiev.




En Ukraine

La session du Conseil de Sécurité de l'Ukraine réuni en urgence a été ajournée pour une durée indéterminée, a déclaré un porte-parole de Zelensky.

Le président ukrainien attend les ordres de Biden 

A Kiev des véhicules blindés prennent la direction de Kharkov

A l'international

Sur le plan international, l'onde de choc provoquée par la reconnaissance russe des républiques du Donbass n'est pas surprenante tant les dogmatismes idéologiques des occidentaux et leur russophobie 

Réactions à la reconnaissances des RPD/L 

Du côté de la meute qui a oublié les événements récents en Ukraine dans le Donbass ou leur propre comportement occidental au Kosovo ou en Lybie par exemple: 

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken sur Twitter :
"La décision de la Russie de reconnaître "l'indépendance" 
de soi-disant républiques contrôlées par ses propres mandataires 
est un acte prévisible et honteux. Nous les condamnons dans les 
termes les plus forts possibles et soutenons l'Ukraine, comme je 
l'ai dit ce soir au ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba."

  • OTAN: le Secrétaire général la condamne et déclare cela sape les efforts visant à résoudre la situation en Ukraine
  • Grande Bretagne: Le premier ministre l'a qualifié de violation du droit international. 
  • Danemark: Le ministre  des Affaires étrangères a qualifié la décision d'hostile et a appelé à la fin de la violation du droit international. 
  • Union Européenne: l'a qualifié de violation du droit international, a promis de réagir fermement et de répondre à la Fédération de Russie par des sanctions. 
  • USA : l'attendaient et sont prêts à y répondre immédiatement. 
  • Lettonie: Le président a promis d'initier une résolution selon laquelle elle ne sera jamais reconnue. 
  • Pologne: Le Premier ministre a appelé à une réunion urgente du sommet de l'UE et à l'imposition de sanctions contre la Russie. 
  • Serbie: cette décision sur le Donbass changeait complètement l'ordre mondial. Le secrétaire général de l'OTAN . 
  • Italie: Le ministère des Affaires étrangères a déclaré qu'elle est contraire aux accords de Minsk et empêche la résolution de la crise par la diplomatie. 
  • Géorgie:  Le président géorgien a condamné la décision du président russe de reconnaître la RPD et la RPL et l'a qualifiée de répétition du scénario de 2008. 
  • Moldavie: Le président moldave a condamné la reconnaissance par la Russie de la RPL et de la RPD. 
  • Allemagne: Le ministère des Affaires étrangères appelle la Russie à annuler la décision de reconnaître la DNR et la LNR. 
  • Belgique:  Le ministère des Affaires étrangères a condamné la reconnaissance par la Russie de la DNR et de la LNR 
  • France: Le président a appelé à des sanctions contre la Russie en raison de sa reconnaissance de la DNR et de la LNR 
  • Bulgarie: Le Premier ministre  a condamné la reconnaissance par la Russie de l'indépendance de la DNR et de la LNR,
 Du côté des pays "non alignés"
  • Le Venezuela, Cuba et le Nicaragua ont reconnu le LNR DNR. 
  • L'Abkhazie salue la décision de la Russie sur le Donbass. 
  • L'Ossétie du Sud soutient la reconnaissance des républiques du Donbass. 
  • Les Houthis yéménites ont soutenu la reconnaissance de l'indépendance de la LDNR. 
  • Le président syrien a déclaré que Damas serait prêt à reconnaître la LDNR.


Pays qui condamnent la Russie : - États-Unis - Royaume-Uni - République d'Irlande —  République du Ghana —  République française —  Royaume de Norvège —  République d'Albanie —  République du Kenya 

Pays demandant le dialogue/Rester neutre : - Les gens de la République de Chine —  République fédérale du Brésil —  États-Unis du Mexique - Emirats Arabes Unis —  République gabonaise - République de l'Inde

Publié par Erwan Castel à 2/22/2022 10:40:00 AM 

Source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/

Echec du plan atlantiste : la Russie reconnaît l'indépendance de DNR et LNR

 mardi 22 février 2022


Après une longue hésitation, la Russie s'est décidée à reconnaître l'indépendance de DNR et LNR, ainsi qu'à envoyer l'armée russe stabiliser la situation sur place. Les menaces proférées par l'Occident n'ont pas pu étouffer le son de l'artillerie ukrainienne, qui ce week-end a résonné dans tout le Donbass et continue encore aujourd'hui à faire des victimes. Le combat n'est pas terminé, mais les populations civiles reprennent espoir : le Monde russe n'est pas mort, cela valait la peine de le défendre pendant toutes ces années.

Après une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, le Président russe a décidé de reconnaître l'indépendance des républiques du Donbass. Voir notre débriefing pour RT France ici :


Trois facteurs ont principalement joué sur cette décision, que la Russie reportait toujours, espérant pouvoir conduire l'Occident et l'Ukraine sur la voie d'une solution diplomatique, qui aurait permis de préserver l'intégrité territoriale de l'Ukraine :
  • La reprise des combats ces derniers jours a entraîné la nécessité de l'évacuation d'urgence des femmes, des enfants et des personnes âgées, l'armée ukrainienne a ciblé les infrastructures vitales et laissé 90% de la population sans eau courante, les infrastructures de gaz sont touchées, etc. Il y a donc un problème humanitaire urgent.
  • La Russie s'est toujours accrochée aux Accords de Minsk, espérant que l'Occident finirait par conduire l'Ukraine à les appliquer, or les livraisons d'armes en provenance des pays de l'OTAN ne font que s'accélérer ces derniers temps et l'Ukraine elle-même déclare ne pas vouloir les appliquer, quand les pays occidentaux estiment que c'est à la Russie, et non pas à l'Ukraine, de les appliquer. La mort clinique de ces Accords a donc enfin été reconnue par la Russie, qui a également reconnu que les négociations avec l'Occident ne permettront pas l'application de ces Accords par l'Ukraine.
  • Au-delà de la question ciblée et urgente du Donbass, c'est le monde russe qui est touché depuis la chute de l'URSS et si la Russie ne peut le protéger, il disparaîtra. L'équilibre des forces internationales est en jeu, la Russie restant la dernière puissance civilisatrice capable de limiter les effets anticivilisationnels de la globalisation.
Hier, soir, le Président russe a donc signé la reconnaissance de l'indépendance de DNR et LNR et un accord d'entraide et de coopération avec chacune de ces entités, textes qui doivent être ratifiés par le Parlement. Lors de son adresse, très longue car la situation est délicate, au peuple russe, il a clairement envoyé un message : cessez les attaques contre le Donbass, ou sinon vous serez responsable du sang qui sera désormais versé.

Dans la soirée, les tirs de l'artillerie ukrainienne ont fait concurrence aux cris de joie des populations et à l'hymne russe, qui résonnait comme un chant d'espoir et de liberté. Car toute la nuit, l'artillerie lourde a continué son oeuvre, détruit des habitations, touché des écoles, etc. Un groupe ukrainien de sabotage a miné la route Donetsk-Gorlovka, 3 civils sont morts.

Afin de stabiliser la situation, Poutine a demandé au ministère de la Défense de prendre position dans le Donbass, pour assurer les fonctions de maintien de la paix. Quant à la question centrale de l'emplacement des frontières de ces entités (actuelle ou avant le conflit et l'occupation par l'armée ukrainienne, comme cela a été formulé hier), le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que pour l'instant, il faut laisser le Parlement ratifier la reconnaissance d'indépendance et que cet aspect sera traité après la signature de l'accord de coopération. Les combats politiques internes reprennent, certains estiment qu'il faut revenir aux frontières des régions de Donetsk et Lougansk, qui avaient par référendum demandé leur indépendance avant l'arrivée de l'armée ukrainienne, d'autres que la Russie a reconnu DNR et LNR dans leurs frontières de facto existantes aujourd'hui. Les deux positions sont logiques, mais elles ressortent d'une logique différente.

La fureur qui est montée chez les dirigeants occidentaux (voir cet article du journal Le Monde) est très significative : en refusant de continuer à discuter pour discuter, la Russie est sortie du jeu, qui consistait à épuiser ses forces politiques, sans jamais faire de réelles concessions. Maintenant se pose pour eux la question de la réaction et la réponse n'est pas évidente. Un soutien militaire à Kiev est à attendre, mais il y a très peu de chances pour que les pays occidentaux interviennent directement, avec l'armée russe qui prend désormais position dans le Donbass. En revanche, la fourniture d'armes, l'utilisation de groupes terroristes ou extrémistes, l'envoie de mercenaires, tout cela au minimum est à attendre, puisque ces méthodes avaient déjà cours en Ukraine. En ce qui concerne les sanctions, elles existaient avant, elles auraient de toute manière été adoptées pour une raison ou pour une autre, car le but est de faire tomber la Russie. Ici, les pays européens auraient un rôle à jouer, car ils seront directement impacté par des sanctions trop lourdes.

Le monde atlantiste a perdu cette partie, mais les Etats-Unis sont de très mauvais perdants et l'Europe risque d'en faire les frais. Donc, à suivre.

Source : https://russiepolitics.blogspot.com/2022/02/echec-du-plan-atlantiste-la-russie.html#more