Pas besoin d'être catholique pour apprécier la valeur de ce témoignage émouvant et nuancé.
"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
Pas besoin d'être catholique pour apprécier la valeur de ce témoignage émouvant et nuancé.
Source :
https://russiepolitics.blogspot.com/2025/05/billet-du-jour-lunion-trump-poutine.html
Alors que l'on nous vendait le mariage du siècle, un mariage de raison certes mais un mariage quand même, il semblerait que la fiancée soit prête à renoncer et fait de plus en plus de déclarations émotives en ce sens. Rubio nous annonce bien que Trump n'est pas "déçu" par Poutine, mais un petit vent sibérien prend la route de Washington. Le motif en est simple : la Russie refuse de se laisser bombarder sans réagir. Quelle idée, en effet !
Comme nous l'avons écrit, ces derniers jours, la Russie a été victime d'une attaque croissante de drones et missiles, notamment américains, dont les cibles sont principalement civiles (écoles, centres commerciaux, véhicules privés, immeubles d'habitation, administrations, personnels administratifs dans les régions limitrophes, etc.). En réponse, l'armée russe a intensifié le bombardement des stocks militaires, des usines militaires, des navires de transport de "l'aide militaire" atlantiste au front ukrainien.
Ce qui a bien sûr provoqué l'ire des Atlantistes et quelques réactions inadéquats de Trump.
Tout d'abord, notre cher Donald s'est indigné du fait que la Russie ne se laisse pas passivement attaquer, ne laisse pas impunément l'armée atlantico-ukrainienne bombarder des civils, mais qu'elle réponde. Fortement et efficacement. Alors qu'elle devait se taire et négocier sagement sa capitulation.
J'ai toujours eu de très bonnes relations avec Vladimir Poutine, mais il lui est arrivé quelque chose. Il est devenu complètement FOU ! Il tue inutilement beaucoup de gens, et je ne parle pas seulement de soldats. Des missiles et des drones sont tirés sur des villes ukrainiennes, sans aucune raison.
Une certaine vision des choses, qui s'inscrit parfaitement dans le discours des élites atlantistes, contre lesquelles Trump est soi-disant en guerre ... Et d'ailleurs, Poutine devient aussi le méchant, qui veut toute l'Ukraine. Et la menace est ici directe :
J'ai toujours dit qu'il voulait TOUTE l'Ukraine, pas seulement une partie, et peut-être que c'est le cas, mais s'il le fait, cela mènera à la chute de la Russie !
Passons sur la fin, "Trump le pacifiste", qui parle de lui à la troisième personne, quand des HIMARS et autres missiles européens avec des composantes américaines (donc avec l'accord des Etats-Unis) sont tirés sur la Russie. Quand Trump a relancé l'aide militaire au front, que les Européens mettent les bouchés doubles.
Difficile de prendre cette logorrhée au sérieux et le Kremlin ne semble plus décidé d'en faire l'effort. La réponse de Peskov est cinglante : Donald est surmené, il n'a pas l'habitude, il fait sa petite crise d'hystérie. Poutine est là pour défendre la Russie et c'est ce qu'il fait.
"Le président Poutine fait ce qu'il faut pour assurer la sécurité de la Russie", a commenté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au cours de son briefing quotidien, notant les "efforts" de l'administration Trump qui ont poussé les belligérants à se rencontrer à Istanbul à la mi-mai.
"C'est un moment important, qui s'accompagne d'une surcharge émotionnelle pour tout le monde et de réactions émotionnelles", a estimé M. Peskov.
Et la Russie continue à cibler les sites militaires, pendant que l'armée atlantico-ukrainienne continue à tirer également et spécialement les cibles civiles. Donc Trump n'est pas content : Poutine ne l'a pas entendu une première fois, il insiste. Exaspéré, rien ne semble se passer comme les Atlantistes l'attendaient, malgré les compliments appuyés de Dmitriev à son maître.
«Ce que Vladimir Poutine ne réalise pas c'est que sans moi, la Russie subirait beaucoup de très mauvaises choses, et je veux dire, TRES MAUVAISES. Il joue avec le feu.»
La réaction russe officielle ne s'est pas faite attendre.
Dmitri Medvedev a remis les points sur les i :
« Quant aux propos de Trump selon lesquels Poutine « jouerait avec le feu » et concernant les « très mauvaises choses » avec la Russie, je ne connais qu'une seule chose vraiment mauvaise : une Troisième Guerre mondiale. »
Trump se demande alors, s'il va ou non imposer des sanctions à la Russie, car il a peur ainsi de faire définitivement sortir la Russie du processus de négociations. Les Atlantistes plus que les Russes en ont besoin, ça force en effet à réfléchir.
Les mariages de raison, lorsqu'ils sont contre-nature, ne peuvent apporter la paix dans le ménage ... L'histoire reprend ses droits.
Source : https://russiepolitics.blogspot.com/2025/05/merz-et-les-frappes-en-profondeur-en.html
Le Chancelier allemand a annoncé, ou plutôt rappelé, la décision prise par l'Axe atlantiste (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Allemagne) de levée des restrictions de distance de tir pour les armes livrées, par ces pays sur le front ukrainien. "Rappelé", car cette décision a été prise il y a plusieurs mois de cela. Le Kremlin souligne de son côté les conséquences dangereuses d'une telle escalade, qui entraînerait la fin du fameux processus de négociation (unilatéral), mort avant même d'avoir apporté de véritables fruits - pour la paix. Pour autant, dire n'est pas encore faire. Voyons ce qu'il en sera en réalité, la doctrine nucléaire russe n'a pas été annulée.
Dans une déclaration faite à Berlin, le Chancelier allemand Merz a déclaré, que l'armée atlantico-ukrainienne pouvait désormais frapper en profondeur en Russie :
"Il n’y a plus de limites de portée pour les armes qui ont été livrées à l’Ukraine. Ni par les Britanniques, ni par les Français, ni par nous. Ni par les Américains », a déclaré Friedrich Merz, lors d’un entretien à la télévision publique WDR à Berlin. (...) Cela signifie que l’Ukraine peut désormais se défendre, par exemple en attaquant des positions militaires en Russie (…) ce qu’elle ne faisait pas il y a quelque temps, à quelques exceptions près. Elle peut le faire maintenant"
Immédiatement, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souligné la dangerosité d'une telle décision qui, par ailleurs, n'est pas conforme à la ligne portée par la Russie (unilatéralement) d'une sortie de guerre fondée ... sur des négociations ... de paix. Je cite :
"Si de ces décisions sont effectivement prises, elles sont absolument contraires à nos aspirations à un règlement politique et aux efforts actuellement déployés dans le cadre de ce règlement. C'est donc une décision plutôt dangereuse."
Quand les élites russes pourront ouvertement reconnaître, qu'elles sont bien les seules à vouloir et les négociations et la paix, quand en face d'elles, les élites atlantistes ne veulent que la victoire et ce sur le champ de bataille, nous commencerons à avoir de véritables chances pour une paix durable, car la dissuasion sera effective.
Merz a précisé lors de sa conférence de presse en Finlande, en réponse aux réactions russes, que cette décision n'est pas nouvelle :
À ma connaissance, et comme je l'ai expliqué hier, les pays qui limitaient la portée des frappes ont depuis longtemps levé ces exigences. J'ai donc décrit hier, à Berlin, ce qui se passe depuis plusieurs mois : l'Ukraine a le droit d'utiliser les armes qui lui sont fournies hors de son territoire contre des installations militaires situées sur le territoire russe.
Il n'est donc pas nécessaire de jouer les jeunes vierges effarouchées.
En revanche, c'est une chose d'en avoir la possibilité, c'est autre chose que de vouloir réaliser cette possibilité. Si l'on regarde le danger potentiel pour la Russie de la mise en oeuvre de ces décisions par l'armée atlantico-ukrainienne, il n'est pas négligeable, sans même parler des Taurus que l'Allemagne semble se préparer à envoyer finalement sur le front :
L’Ukraine possède et utilise déjà d’autres missiles à longue portée occidentaux, comme l’ATACMS américain et le Storm Shadow britannique. Leur rayon d'action est d'environ 300 kilomètres. Dans le même temps, les versions « à part entière » de Storm Shadow, ainsi que SCALP-EG, peuvent atteindre une cible à une distance allant jusqu'à 560 kilomètres. Cependant, l’Ukraine n’a jamais reçu de telles versions auparavant.
Autrement dit, la zone de cibles potentielles va très en profondeur en Russie :
Comme le note Ura.Ru, une fois les restrictions levées, ces armes pourraient atteindre les régions de la Russie centrale - Smolensk, Kalouga, Briansk, Orel. Les missiles Taurus peuvent étendre leur portée de frappe jusqu'à Moscou, s'ils sont lancés depuis les régions ukrainiennes limitrophes de la Russie. Il est également à noter, que l'Ukraine pourrait également utiliser le drone Tekever AR3, capable de voler jusqu'à mille kilomètres.
Quelques remarques conclusives :
1) Le processus de négociation et la volonté de paix affichée par la Russie sont entendus comme un signe de faiblesse, qui pousse les pays de l'Axe atlantiste à aller toujours plus loin. Continuer dans cette voie semble dangereux pour la Russie, si le but est bien de renforcer sa sécurité et rétablir une certaine stabilité mondiale. Quand une stratégie ne marche pas, il faut savoir en changer à temps.
2) Les frappes en profondeur, pas plus que les autres, ne se limiteront à des cibles militaires, comme nous le voyons déjà aujourd'hui, avec les attaques volontaires de sites civiles sur le territoire russe. De ce fait, les pays fournissant, contrôlant et déterminant les cibles de leurs missiles sont formellement responsables de crimes de guerre, puisque les conventions de Genève sont violées. Sont-ils prêts à cela, face à leurs populations et face à la communauté internationale "pro-paix" ?
3) Si des frappes sont réalisées en profondeur sur le territoire russe, il y a peu de chances pour que la Russie continue à retenir l'armée sur le front. Politiquement, Lavrov commence déjà à intégrer dans le discours politico-médiatique russe le fait que ces pays atlantistes sont parties au conflit, il y a des chances pour que cette ligne se renforce alors. La Russie pourrait par ailleurs, elle aussi, prendre des mesures de rétorsion, nécessaires pour protéger sa population et son territoire. Les pays atlantistes, sont-ils réellement prêts à entrer directement en guerre contre la Russie ? Nous pouvons largement douter du soutien que les élites dirigeantes obtiendraient, tant de leur armée, que de la population.
4) Enfin, les pays de l'Axe atlantistes sont dans une impasse avec cette décision. Car soit ils frappent peu, pour ne pas "aller trop loin", ce qui ne servira qu'à exaspérer la Russie et à la faire sortir de la ligne "conciliante", qui est encore la sienne et dont les Atlantistes ont grand besoin, sans aucun intérêt sur le plan militaire. Soit, ils prennent le risque de frappes massives (en ont-ils seulement les moyens pour longtemps ?) et la Russie est légitime à mettre en oeuvre sa doctrine nucléaire, qui prévoit désormais une possible réaction nucléaire contre les pays de cette coalition ennemis, en cas d'attaque massive conventionnelle, quand elle présente un danger existentiel pour la souveraineté du pays. Ce qui n'est pas non plus dans l'intérêt des Atlantistes.
Dans les faits, il y a peu de chances que la déclaration de Merz ait beaucoup d'impact réel militaire sur le front. Peut-être, l'armée atlantico-ukrainienne va-t-elle démonstrativement tirer un ou deux missiles, mais il y a de fortes chances que l'escalade soit surtout communicationnelle. Le seul véritable espoir pour les Atlantistes était d'arrêter l'armée russe par les négociations pour ensuite écraser les élites dirigeantes. Cet espoir s'éloigne lentement mais sûrement et ils ne savent pas encore très bien comment y faire face. Surtout que pendant ce temps, l'armée russe avance et frappe les infrastructures militaires ennemies, ce qui rend notre ami Trump furieux, affirmant que "Poutine est devenu fou". Il reste simplement raisonnable et n'est pas tombé dans le piège.
Source : https://lesakerfrancophone.fr/en-recyclant-de-vieilles-infos-les-medias-poussent-a-continuer-la-guerre-en-ukraine
Publié le par Wayan
Par Moon of Alabama – Le 27 mai 2025
Hier, au cours d’une longue interview, le chancelier allemand Friedrich Merz a mentionné la levée des restrictions sur les armes occidentales utilisées par l’Ukraine.
Les médias ont pris cela comme une nouvelle révélation :
Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé lundi que l’Allemagne, ainsi que la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, avaient levé les restrictions sur la gamme d’armes qu’ils envoient à l’Ukraine pour l’aider dans sa lutte contre la Russie.
« Il n’y a plus de restrictions sur la portée des armes livrées à l’Ukraine – ni par les Britanniques, ni par les Français, ni par nous, ni par les Américains« , a-t-il déclaré lors du WDR Europaforum 2025 à la conférence numérique re:publica à Berlin.
Certains médias ont même affirmé que M. Merz avait ouvert la voie à la livraison de missiles de croisière allemands Taurus à l’Ukraine :
L’Allemagne et ses principaux alliés ont levé les restrictions de portée sur les armes envoyées à l’Ukraine, ce qui permettra à Kiev de frapper des cibles à l’intérieur de la Russie sans limites géographiques, a déclaré lundi le chancelier Friedrich Merz.
Cette annonce du dirigeant allemand pourrait permettre à Berlin de livrer enfin ses puissants missiles de croisière Taurus à Kiev, ce que le précédent gouvernement avait refusé de faire pour ne pas provoquer la Russie, dotée de l’arme nucléaire.
J’ai été étonné de voir cela. Il n’y a rien de nouveau dans l’annonce de Merz.
Le président Joe Biden avait levé toutes les restrictions sur les armes livrées par les États-Unis il y a plusieurs mois :
La Grande-Bretagne avait même été plus précoce :
La France, également il y a plusieurs mois, s’était montrée ouverte à cette idée.
De plus, l’Ukraine n’a plus d’armes de longue portée données par l’Occident depuis longtemps :
Le feu vert pour tirer des missiles à longue portée sur la Russie ne signifie pas grand-chose si « notre armoire est totalement vide« , a ajouté Ivan Stupak, un ancien officier du service de sécurité ukrainien SBU.
La dernière frappe ATACMS sur des cibles russes remonte à plusieurs mois. La dernière interception d’une frappe ATMCMS par la Russie a été signalée le 17 janvier. Les frappes avec les missiles britanniques Storm Shadow ou français Scalp ont également arrêté.
Il n’y a donc rien de nouveau dans les propos de Merz. Il n’a même pas mentionné les missiles Taurus qui ne seront PAS livrés à l’Ukraine pour plusieurs bonnes raisons :
Merz a été manifestement surpris que sa mention de la levée des restrictions, qui remonte à plusieurs mois, soit soudainement présentée comme un nouveau développement ou un changement de politique. Aujourd’hui, le chancelier a été poussé à clarifier la situation :
Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré que la décision de lever les restrictions sur la gamme d’armes fournies à Kiev avait été prise il y a plusieurs mois, a rapporté RIA Novosti.
« Pour autant que je sache, et je l’ai répété hier, les pays qui ont imposé des restrictions de portée ont depuis longtemps abandonné ces conditions. C’est pourquoi j’ai décrit hier à Berlin ce qui s’est passé il y a plusieurs mois, à savoir que l’Ukraine a le droit d’utiliser les armes qu’elle reçoit, y compris en dehors de ses frontières, contre des cibles militaires sur le territoire russe« , a déclaré Merz lors d’une conférence de presse conjointe avec le premier ministre finlandais, Petteri Orpo.
Les médias qui ont publié le titre sensationnel d’hier n’ont pas encore pris conscience de cette réalité. Je doute même qu’ils veuillent le faire. Il est fort probable qu’ils ne tiendront pas compte des précisions apportées par Merz.
Les médias sont pris d’une frénésie guerrière incontestable. La moindre remarque de Trump, de Merz ou de quelqu’un d’autre est immédiatement interprétée comme une escalade de la guerre.
Les journalistes qui écrivent ces titres, et les blogueurs qui les reprennent, semblent désireux de pousser à la guerre.
Qui leur dit de procéder ainsi ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Source : https://www.dedefensa.org/article/toupie-a-la-folie
• On ne peut dire que les événements eux-mêmes accélèrent, mais la description et les intentions, – le simulacre lorsqu’il se transforme en vérité-de-situation, – ont pris un rythme homérique. • C’est l’Ukraine, avec un Trump stupéfait que les Russes, martelés pendant plusieurs jours par les drones ukrainiens que personne n’a dénoncés, ripostent par des attaques dévastatrices sur Kiev, comme une préparation à une offensive. • C’est la Chine qui change radicalement et parle d’une “Opération Militaire spéciale” à la russe tandis que flottent des rumeurs d’une alliance militaire Chine-Russie.
_________________________
Effectivement, les événements s’en donnent à cœur joie. Ne parlons pas
d’une “accélération” parce qu’il y a longtemps que nous avons le pied au
plancher. Il s’agit de l’augmentation de la poussée sur ces événements,
d’une main de fer venue d’au-delà de nous et bien décidé à nous
confronter aux effets de la destinée que nous prétendons avoir forgée
nous-mêmes... “Destinée” ? Nul ne l’ignore, nous te nommons “modernité”.
Dans une conférence qu’il a donnée il y a quelques semaines à Moscou, peu avant l’anniversaire du 9 mai, Emmanuel Todd désigne très précisément et justement selon une impeccable formule, le Grand Ordonnateur, – particulièrement inconscient, jusqu’à être un “plus-léger-que-l’air” d’inconscience, – qui s’est installé comme le détonateur à multiples détentes de cette toupie devenue folle qu’est notre époque : « Le comportement de Trump est une mise en scène de l'incertitude ». Cela est dit comme ceci :
« Je me souviens très bien du contexte dans lequel j'ai écrit ‘La Défaite de l'Occident’. J’étais dans ma petite maison bretonne à l'été 2023. Les journalistes de France et d’ailleurs s’excitaient les uns les autres en commentant les “succès” (fantasmés) de la contre-offensive ukrainienne. Je me vois très bien, écrivant calmement : “la défaite de l'Occident est certaine”. Ça ne me posait absolument aucun problème. Par contre, quand je parle aujourd’hui de la dislocation, j’adopte une posture d'humilité devant les événements. Le comportement de Trump est une mise en scène de l'incertitude. Le bellicisme de ces Européens qui ont perdu la guerre aux côtés des Américains et qui parlent maintenant de la gagner sans les Américains est quelque chose de très surprenant. »
Donc nous allons examiner quelques éléments absolument incertains, qui doivent nécessairement jouer un rôle (incertain) dans la « mise en scène de l'incertitude ».
Examinons les conditions de base qui ont préparé le premier éclat dont nous allons examiner les circonstances et les caractères, tous deux incertains. Nous sommes donc en train de préparer les derniers actes d’une nouvelle rencontre russo-ukrainiennes, les Russes terminant le mémorandum promis et dont Trump se montrait si satisfait et couvrant de louangés son ami Vladimir. Il était tacitement entendu que dans cette période, même si la guerre se poursuivait, elle prendrait un aspect, disons plus aimable.
Que nenni ! Les Ukrainiens firent pleuvoir ces derniers jours des nuées de drones le plus loin possible en Russie, si possible sur des cibles civiles pour éviter les pertes collatérales, tentant ainsi de donner corps à l’argument né dans les ‘think tanks’ US, là où l’on pense, selon lequel les drones, que les Ukrainiens développent en quantité industrielle, leur donneraient à eux seuls la victoire. Bien entendu, tout l’Occident-coopératif, dans un élan d’élégance et d’humanitarisme globaliste, s’abstint de tout commentaire sur ces attaques ukrainiennes, et surtout du moindre reproche ; après tout, les drones tirés, qui avaient été démoli à bien plus de 80% et pour le reste fait l’une ou l’autre chiquenaude aux objectifs, avaient tout de même, par débris interposés, tué quelques civils... Mais enfin, ce sont des Russes et l’on ne va pas chipoter !
Et puis soudain, voilà que l’“armée de Poutine” riposte ; et durement, très-très durement, deux nuits de suite (24 et 25 mai), avec drones en masse (Tiens, ‘The Economist’ nous dit que les Russes vont bientôt parvenir à en fabriquer 500 à 1 000 par jour) et missiles divers, dont les balistiques hypersoniques ‘Iskander’. Peu de victimes civiles, mais dégâts considérables des cibles, notamment les énormes usines Antonov transformées souterrainement en productrice de drones, – ce qui promet l’incertitude pour la “victoire par le drone” de l’Ukraine sur la Russie. Accessoirement, l’un ou l’autre ‘Iskander’ liquida l’une et l’autre ensemble-batterie de ‘Patriot’. L’incertitude conduisit à passer de la simple hypothèse d’un prêté pour un sacrément-rendu à celle de la préparation d’une prochaine offensive massive de la Russie, malgré la défaite cinglante qu’elle a essuyée du fait des drones ukrainiens.
Il faut le comprendre : le Prince de l’Incertitude ne pouvait laisser passer cela sans nous hurler sa réaction scandalisée. Sans prendre naturellement aucune garde à tout ce qui avait précédé des attaques des drones ukrainiens contre le territoire russes, Trump ne manqua pas de s’adresser aux journalistes qui l’attendaient à la descente d’un avion qui le transportait d’ici à là...
« S'adressant aux journalistes dimanche, Trump a affirmé que la réponse de la Russie était injustifiée et s'est dit “surpris” par ce qui s’était passé.
» “Je ne suis pas satisfait de ce que fait Poutine”, a-t-il déclaré. “Nous sommes en pleine discussion et il tire des missiles sur Kiev et d'autres villes. Je n'aime pas ça du tout… On verra bien ce que je vais faire”.
» “J'ai toujours eu de très bonnes relations avec Vladimir Poutine, mais il lui est arrivé quelque chose. Il est devenu complètement FOU !” a ajouté Trump dans un message sur son compte ‘Truth Social’ d’Instagram, affirmant que “des missiles et des drones sont tirés sur des villes d'Ukraine sans aucune raison”. »
Puis, rentré à la Maison-Blanche, notre 47ème POTUS de la Grande République s’est souvenu qu’il était médiateur d’une guerre qui n’était pas la sienne, mais celle d’un certain Joe Biden. Il s’agissait alors de rétablir la balance, de remettre un peu d’incertitude bien mesurée dans cette atmosphère si violemment incertaine. Il s’en prit donc à Mister Z.
Tout cela se trouvait dans le même ‘Truth Social’ où Trump se demandait si Poutine n’était pas devenu “FOU !” et concernait notamment la déclaration de Zelenski critiquant les USA pour ne pas avoir réagit après les attaques US contre Kiev. Comme on voit tout cela se trouve complètement mélangé, ligoté, saucissonné dans un nœud-gordien de la plus ardente logique caractérisant ce conflit.
« Les déclarations publiques de Vladimir Zelenski ne font qu'aggraver la situation de son pays, a déclaré le président américain Donald Trump. Ces propos font suite aux accusations du dirigeant ukrainien de manque de soutien des États-Unis, qui, selon lui, profite à la Russie.
» Dimanche, Trump s'est exprimé sur Truth Social pour critiquer Zelenski, qui complique les efforts diplomatiques visant à régler le conflit ukrainien. Le dirigeant ukrainien, a-t-il déclaré, « ne rend pas service à son pays en parlant comme il le fait. Tout ce qu'il dit crée des problèmes. Je n'aime pas ça, et il vaut mieux que ça cesse. »
» Le président américain a ajouté que le conflit « n'aurait jamais éclaté » s'il avait été au pouvoir. « C'est la guerre de Zelenski, Poutine et Biden, pas celle de Trump. Je ne fais qu'aider à éteindre les incendies, grands et horribles, qui ont été allumés par une incompétence et une haine flagrantes », a-t-il déclaré.
» Les commentaires de Trump interviennent après que Zelenski a critiqué ses soutiens occidentaux, dont les États-Unis, pour ce qu'il a décrit comme une réaction terne à la dernière frappe aérienne de grande envergure de la Russie. « Le silence de l'Amérique, le silence des autres pays du monde, ne fait qu'encourager Poutine », a déclaré Zelenski, appelant à une pression accrue et à des sanctions contre Moscou. »
L’incident et ces divers échanges augurent bien de la prochaine rencontre de “négociation” entre Russes et Ukrainiens. Les Russes remettront aux Ukrainiens leur mémorandum que les Ukrainiens repousseront sans même le lire, de crainte d’être pris d’une nausée épouvantable. Ils exigeront aussitôt un cessez-le-feu immédiat de 30 jours suivi d’un cessez-le-feu sans limitation comme seule matière, et non-négociable, de la négociation. Les Russes apprécieront l’humour ukrainien comme proche de l’humour russe et l’on se séparera.
Peut-être le Maître de l’Incertitude, pris d’une inspiration, écrira-t-il sur son ‘Truth Social’ qu’avec de tels lascars, il est inutile de continuer, et annoncera-t-il qu’il se retire du rôle très utile de Grand Médiateur qu’il a tenu jusqu’ici. Il y en a pas mal, du côté des commentateurs-samizdat qui voudraient que Trump se sorte de ce piège sans issue, que ce serait pour lui la meilleure chose à faire... Mais comme cet homme est l’Incertitude même, qui peut dire quoi que ce soit de certain à son propos ?
A ce volet ukrainien, il nous faut rajouter un volet sino-taïwanais à notre toupie qui tourne folle. Nous faisons notamment référence au site ‘Borzzikman’, que nous avons déjà cité à l’une ou l’autre occasion, et entendu citer par quelques commentateurs, notamment Mercouris. C’est un site absolument pro-russe, sinon réalisé en sous-main par le ministère de la défense russe. Il dispose d’un matériel documentaire (vidéos) d’excellente et exclusive facture et diffuse un commentaire souvent très précis et sortant des chemins balisés de nos contrés. Quant à sa validité, c’est là aussi la Grande Incertitude, mais nous avons la plus grande habitude de cette situation qui est générale et à laquelle personne n’échappe, surtout les vieilles gloires du siècle passée encore plus pourries que les plus belles pourritures novatrices du XXIème siècle. Pour cette raison, et sans aucune raison sérieuse à lui opposer, il n’y a pas de raison de ne pas s’arrêter de temps en temps à ‘Borzzikman’.
Cette fois il est question d’une grande nouvelle, dont nous n’avons pas entendu l’écho, – mais nos lecteurs le savent bien, nous nous tenons éloignés des grands réseaux de communication, sous contrôle des autorités à 96%/98% (cela varie), – grande nouvelle assortie d’autres nouvelles correspondant manifestement à une réalité. La “grande nouvelle”, c’est l’accueil plutôt positif fait par Poutine à une question d’un journaliste parlant de la possibilité d’une véritable alliance militaire entre Moscou et Pékin... (‘Borzzikman’ du 26 mai 2025) :
« Des journalistes ont interrogé le dirigeant russe sur une éventuelle alliance militaire entre Moscou et Pékin. Moscou et Pékin. Vladimir Poutine a donné une réponse positive à cette question. Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine est à un niveau si élevé que ce partenariat peut se transformer à tout moment en une alliance militaire officielle. L’évolution rapide de la situation mondiale indique que la Russie et la Chine pourraient former une alliance militaire prochainement : “Je n'exclus donc pas qu'un tel pacte militaire puisse être signé à tout moment entre les deux pays”.
» Vladimir Poutine a déclaré [ensuite] qu'il était remarquable que Pékin ait réagi très favorablement à ses propos sur la possibilité d'établir une alliance militaire entre la Chine et la Russie. En particulier, le ministère chinois des Affaires étrangères a officiellement confirmé que l'établissement d'une alliance militaire entre les deux pays est tout à fait possible, du niveau des relations sino-russes.
» L’Alliance Atlantique et le Pentagone ont commenté avec inquiétude les propos de Vladimir Poutine concernant la création d'une alliance militaire entre la Chine et la Russie. Selon des responsables de l'OTAN et du Pentagone, l'alliance militaire entre Moscou et Pékin représente une grave menace pour la sécurité nationale de tous les pays de l'OTAN y compris les Etats-Unis. »
Le même ‘Borzzikman’ observe que dans le même temps, un décret a été publié selon lequel les forces armées chinoises peuvent entreprendre des actions de guerre sans être officiellement en guerre. En langage russe, cela s’appelle une “Opération Militaire Spéciale”, et de même que la Russie a songé à l’Ukraine, la Chine songe à Taïwan. En même temps là encore, il est remarquable de noter un changement de ton, sinon de fond sur la position de la Chine vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Jusqu’ici, la Chine se tenait sur la réserve, sans jamais critiquer la Russie certes, mais en s’abstenant de la soutenir. Il semble que ce soit désormais différent, avec l’affirmation par la Chine d’un soutien de la Russie au niveau de la sécurité nationale et des opérations militaires qui en découlent.
Que ce passe-t-il alors qu’en mars encore, la Chine conseillait de ne confondre en aucune façon la position chinoise et la position russe sur la guerre en Ukraine ? Il s’agit bel et bien d’un effet de ce qui est désigné par ‘Borzzikman’ comme « L’évolution rapide de la situation mondiale ». Quelques éléments ?
• L’absence complète, bien sûr, de certitude de la politique US : le jugement de Todd vaut pour la Chine comme pour la Russie puisqu’il concerne les USA.
• L’importance toujours très active du “parti de la guerre” à Washington, même si Trump veut, sincèrement sans doute, faire reculer et apaiser les conflits. L’incertitude se renforce d’une fatalité catastrophique.
• La mise en évidence du déclin de la puissance US, reconnue par les dirigeants US eux-mêmes (JD Vance, il y a deux jours encore) et la démonstration des faibles capacités des armements occidentaux dans une situation de guerre (Ukraine). Tout cela se lit sur un fond d’une extrême fragilité structurelle d’un pays (les USA, certes) irrémédiablement déchiré, dont l’issue ne peut être qu’un effondrement sous une forme ou l’autre.
• L’armée chinoise a suivi de très près, avec présence de généraux intégrés aux forces russes comme observateurs, les opérations en Ukraine et les enseignements essentiels que l’armée russe y a amassé. La disposition de l’armement russe par la Chine, de cet armement qui a permis de dominer le champ de bataille, renforce encore plus cette mise à jour des forces chinoises.
Même pour un Chinois flegmatique et énigmatique, pétris à des siècles et des millénaires de sagesse,, cela fait beaucoup d’arguments pour se dire : “Plutôt qu’attendre qu’ils y viennent, ce qu’ils finiront par faire plutôt que s’effondrer définitivement, autant y aller nous-mêmes quand la situation est favorable, pour hâter l’effondrement définitif”.
Mis en ligne le 26 mai 2025 à 19H10