lundi 31 octobre 2022

lundi 31 octobre 2022 Escalade du conflit contre la Russie : la Finlande se prépare à accueillir les armes nucléaires de l'OTAN

source :  https://russiepolitics.blogspot.com/2022/10/escalade-du-conflit-contre-la-russie-la.html#more


Newsweek l'a révélé dimanche, la Finlande, une fois entrée dans l'OTAN, ne posera aucune limite, ni au nombre de bases de l'OTAN sur son territoire, ni à la présence d'armes nucléaires. Combien de minutes faut-il à une bombe nucléaire pour détruire Saint-Pétersbourg ? L'escalade provoquée par l'OTAN est significative, la Russie ne pourra pas rester sans réagir, l'atteinte portée à sa sécurité nationale est trop importante.

Newsweek nous explique gentiment que "suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie", la Suède et la Finlande ont décidé d'intégrer l'OTAN. La relation de cause à effet est effectivement ... d'une logique très particulière. Si l'on parle de sécurité, la Russie ne présente aucun danger pour ces pays. Or, en entrant dans l'OTAN, ils deviennent un danger pour la Russie, perdent leur neutralité et deviennent des vassaux de l'OTAN, puisqu'ils n'ont de toute manière aucune force réelle pour résister aux pressions.

Et nous venons d'en lire la confirmation dans cet article :

"S'adressant au journal, des sources au sein de la Défense ont déclaré que les ministres finlandais des Affaires étrangères et de la Défense, Pekka Haavisto et Antti Kaikkonen, s'étaient engagés auprès de l'OTAN en juillet à ne pas demander de "restrictions ou de réserves nationales" si la candidature d'Helsinki était acceptée."

Rien n'est pire que les nouveaux convaincus. Devant prouver que le temps mis à rejoindre le clan n'est en rien proportionnel au poids de leurs convictions (nouvellement acquises), ils sont généralement plus royalistes que le Roi. Donc, continuons dans cette ligne :

"Des sources internes de la politique étrangère ont déclaré à Iltalehti que cela signifie que les armes nucléaires de l'OTAN pourraient transiter par ou être basées sur le territoire finlandais. De plus, il n'y a aucune restriction à l'établissement de bases de l'OTAN dans le pays."

Et comme le rappelle le journal :

"Les États-Unis possèdent déjà une centaine d'armes nucléaires en Europe, positionnées en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie selon la Fédération des scientifiques américains.

La Grande-Bretagne et la France, toutes deux membres de l'OTAN, maintiennent également leurs propres arsenaux nucléaires indépendants. "

Il n'y avait pas de besoin sécuritaire réel pour l'OTAN à ajouter  quelques têtes nucléaires en Finlande, il y a déjà de quoi faire exploser la planète. En revanche, politiquement, cela change la donne dans les relations entre la Finlande et la Russie, qui avant n'étaient pas mauvaises et deviennent désormais toutes autres.

De voisin et partenaire, la Finlande devient un danger pour la sécurité nationale russe. Il est vrai que la Finlande avait été utilisée lors de la Seconde Guerre mondiale pour briser Saint-Pétersbourg. Nous ne sommes plus à l'époque des blocus militaires de long terme, espérons que l'on n'entrera pas dans celle des tirs tactiques nucléaires.

Dans tous les cas, la Russie va être contrainte de réagir. L'OTAN continue à jouer l'escalade et la diffusion du conflit.

 

Mensonges, mensonges, mensonges

 Par Batiushka – Le 13 octobre 2022 – Source The Saker Blog

Introduction : Tous des narcissiques


L’une des formes les plus paresseuses mais les plus efficaces de mensonge (propagande/spin) ne consiste pas simplement à dire le contraire de la vérité, mais plutôt à mentir en attribuant à votre ennemi vos propres faiblesses. De cette façon, vous n’avez pas besoin d’inventer quoi que ce soit, vous faites simplement une projection. Par exemple, le régime de Kiev, qui avait à l’époque perdu 60 000 hommes de ses forces armées, tués au combat, a prétendu que ce sont les Russes qui avaient perdu 60 000 hommes de leurs forces armées, alors que le chiffre réel était de 6 000 1. C’est ce que font les enfants : « Ce n’est pas moi, c’est lui ». Il s’agit en fait d’une forme de projection psychologique, utilisé par tous les narcissiques et les provocateurs : « C’est toi qui es malade, pas moi ». Et elle est caractéristique de la mentalité occidentale narcissique (« l’Occident est le meilleur »).

Ainsi, en 1854, le commodore Perry a forcé le Japon, par la menace militaire, à « commercer avec » les États-Unis, afin de « le sortir de son isolement », ce qui a conduit à Hiroshima et Nagasaki. Ceux qui vivaient dans ces deux villes ont alors beaucoup regretté leur manque d’isolement. Et les États-Unis ? Ils étaient eux-mêmes toujours dans un état d’isolement culturel, n’ayant rien appris de la culture japonaise séculaire, mais imposant au contraire leur propre anti-culture à tous et à chacun. Ou alors, il y avait ce criminel de guerre, le général Curtis LeMay, qui se vantait de pouvoir « bombarder jusqu’à ramener un pays à l’âge de pierre » afin d’apporter la liberté et la démocratie, alors qu’en fait son cerveau était à l’âge de pierre et qu’il n’avait aucune idée de ce que sont la liberté et la démocratie. Ou encore l’affirmation selon laquelle la Russie est corrompue par les oligarques, alors qu’en réalité les oligarques « russes » (la plupart sont juifs) sont des créations purement occidentales des années 1990, qui suivent le modèle du seul système que le monde occidental ait jamais pratiqué – le féodalisme, avec son servage économique 2. Que sont Musk, Bezos, Gates et Buffett, s’ils ne sont pas des oligarques/magnats féodaux ?

Cette technique a été clairement exposée dans les affaires Litvinenko de 2006 et Skripal de 2018 au Royaume-Uni. Dans le premier cas, un traître russe et espion britannique a été assassiné par du polonium. Maintenant, si vous vouliez assassiner quelqu’un (qui ne présentait aucune menace pour vous) sans vous incriminer, ne préféreriez-vous pas simplement employer un tueur à gages qui ne laisserait aucune trace ? Ce serait beaucoup moins cher. Il est intéressant de noter que le polonium est une substance radioactive très rare, mais que les services secrets britanniques y ont accès. Dans l’affaire des Skripals à Salisbury, il s’agissait d’un espion britannique à la retraite, qui semblait vouloir se repentir de sa trahison (il avait déjà purgé sa peine dans une prison russe), et qui a été empoisonné avec une substance disponible dans seulement trois endroits dans le monde, dont l’un se trouve à douze kilomètres de son domicile, dans l’un des établissements d’armes chimiques les plus redoutables au monde. Son meurtre a été bâclé, et Skripal et sa fille ont ensuite été enlevés et ont « disparu » (en Nouvelle-Zélande ?), bien qu’une femme innocente soit morte du poison. Lorsque des questions ont été posées sur certains aspects très étranges de l’affaire, les médias britanniques ont reçu un « DSMA-Notice » qui les a censurés et leur a interdit d’en parler davantage.

Vous trouverez ci-dessous quelques exemples de ce transfert psychologique, tirés de l’actuelle guerre contre la Russie (GCR) menée par l’élite occidentale dans ce qu’on appelle encore pour l’instant « l’Ukraine » :

Mensonges

1. Il s’agit d’une guerre pour la liberté de l’Ukraine souveraine et démocratique.

Maintenant, tout le monde sait que l’Ukraine est dirigée par la détestée SBU, ou police secrète, qui menace d’examiner chaque e-mail, Viber, Whatsapp ou message Telegram pour toute preuve que vous pourriez ne pas soutenir le régime de Kiev, qui a renversé le précédent démocratiquement élu en 2014 et a génocidé une partie de sa population. (D’ailleurs, si vous ne soutenez pas les néonazis de Kiev, attendez-vous à être waterboardé – après tout, le SBU est formé par la CIA). L’Ukraine – un pays souverain ? C’est en fait un vassal des États-Unis, un État-client colonial, qui n’a aucune souveraineté et qui est dirigé par des oligarques juifs (Porochenko, Kolomoisky, etc.) et américains (Hunter Biden et Monsanto).

2. Les Ukrainiens sont contre la Russie.

Certains le sont. D’autres ne le sont pas et ils accueillent l’aide logistique russe comme une libération. Le conflit en Ukraine oppose essentiellement les Ukrainiens soutenus par les États-Unis et ceux soutenus par la Russie. Ce n’est pas surprenant quand on sait que l’Ukraine est un État purement artificiel, construit par de monstrueux dictateurs marxistes non russes, Lénine en 1922, Staline en 1939 et Khrouchtchev en 1954. Il est intéressant de voir comment le « monde libre » soutient pleinement les décisions tyranniques des dictateurs communistes…..

3. La guerre en Ukraine a commencé en 2022.

Elle a commencé en 2014 avec le coup d’État qui a coûté 5 milliards de dollars au contribuable américain. Lisez un peu l’Histoire.

4. Le rouble sera en ruine.

Prétendu par Biden en février dernier, le contraire est vite devenu vrai. Ce sont déjà l’euro et la livre sterling qui sont des décombres.

5. L’économie russe sera en lambeaux.

Affirmé par Biden en février dernier, le contraire s’est vite avéré vrai. Ce sont les économies occidentales qui sont en lambeaux.

6. La Russie est en faillite

Affirmé par Biden en février dernier, le contraire est vite devenu vrai. Ce sont les économies occidentales qui sont en faillite et surtout l’économie ukrainienne, qui dépend d’une transfusion qui coûte 1,5 milliard de dollars par mois au contribuable américain. Selon l’édition d’aujourd’hui du magazine des Rothschild « The Economist », l’économie russe ne s’est jamais aussi bien portée.

7. Poutine est en train de mourir d’un cancer et n’a plus que quelques semaines à vivre.

Déclaré en février dernier, il semble s’être miraculeusement rétabli depuis ! Alors que Biden n’a manifestement pas toujours la tête froide…..

8. Poutine est un malade mental.

Est-ce la raison pour laquelle il peut faire des discours de haut niveau avec des pouvoirs d’analyse et une profondeur de logique totalement absents chez les politiciens occidentaux ? Biden, Johnson, Truss, Zelensky ? C’est ici qu’il faut chercher la maladie mentale.

9. Les forces armées russes sont à court de carburant.

C’est ce qu’on a affirmé en avril dernier pour les forces armées du pays qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde. En revanche, les forces de Kiev manquent clairement de carburant.

10. Les Russes sont à court de munitions.

Prétendu en avril dernier, ils n’ont pas du tout de pénurie. Après tout, ils ont une industrie de l’armement énorme et indépendante, avec des armes si technologiquement avancées qu’elles n’existent nulle part ailleurs dans le monde. (Après tout, 80 % de la station spatiale internationale est de fabrication russe). D’autre part, Kiev s’est retrouvé à court de munitions juste à ce moment-là et maintenant les pays fournisseurs de l’OTAN sont également à court.

11. Les réfugiés ukrainiens fuient la guerre pour l’Europe.

Oui, ils le font. Plus de 2 000 000 ont fui le génocide du régime de Kiev dans l’est de l’Ukraine et la Russie compte plus de réfugiés ukrainiens que tout autre pays européen (oui, la Russie est un pays européen). Je connais personnellement certains d’entre eux. En Europe occidentale, nous avons également beaucoup de réfugiés ukrainiens. Mais à de rares exceptions près, ils n’avaient jusqu’à présent aucune raison de fuir les zones de non guerre où ils vivaient, à part le grand nombre de jeunes hommes fuyant la conscription dans l’armée de Kiev (des pots-de-vin allant jusqu’à 5 000 dollars étaient versés aux gardes-frontières ukrainiens pour sortir en mars dernier ; je connais des cas). La plupart d’entre eux, ici à Paris, sont des médecins, des dentistes, des décorateurs d’intérieur et d’autres professions libérales, de la classe moyenne et supérieure, et possèdent des voitures allemandes de bien meilleure qualité que celles de l’Européen occidental moyen. Ils ont tout simplement quitté l’Ukraine (où dans 95% du pays aucune guerre n’était apparente jusqu’à il y a quelques jours) pour obtenir des permis de séjour dans les pays d’Europe occidentale. En effet, 4 000 000 d’entre eux sont retournés en Ukraine depuis le mois de mai, lorsqu’ils ont réalisé que les rues d’Europe occidentale ne sont pas pavées d’or et qu’ici, il faut travailler pour vivre.

12. Les Russes commettent des atrocités

Selon les médias contrôlés par l’État à Kiev, les Russes aiment gaspiller leurs missiles sur des immeubles d’habitation civils et des édifices culturels, comme la Philharmonie de Kiev. Ils aiment aussi assassiner des civils, en particulier des bébés (mais pas cette fois en Belgique ou au Koweït, seulement en Ukraine) et ils visent particulièrement les hôpitaux et les écoles primaires. Comme l’a montré le tournage à Bucarest, les Russes assassinent généralement les gens trois jours après qu’ils ont quitté la région (par hypnose à distance ?) et disposent les corps de leurs propres partisans dans les morgues locales, face contre terre, à intervalles réguliers le long des routes. C’est une aide précieuse pour le tournage.

13. Les Russes ont tué des millions de civils.

Où sont les corps ? En revanche, les tombes des 14 000, dont 400 enfants, assassinés par Kiev depuis 2014, sont visibles par tous dans le Donbass.

14. Les Russes ont perdu des centaines de milliers de soldats.

Comme moins de 100 000 ont été utilisés, ce serait plutôt difficile, à moins que les Russes aient une technique pour ressusciter les morts plusieurs fois. Si cela était vrai, il y aurait un tollé en Russie devant de telles pertes. D’un autre côté, les pertes ukrainiennes….

15. Les Russes ont si peu de soldats qu’ils en recrutent de nouveaux dans les prisons.

Le fait est que l’armée russe, avec 1 000 000 de soldats et 2 000 000 de réservistes, est l’une des plus importantes au monde. Quant au recrutement dans les prisons, c’est la technique du gouvernement français. Tout meurtrier condamné en France se voit offrir un choix : Aller en prison ou bien s’engager dans la Légion (la Légion étrangère).

16. La Russie se prépare à déclencher une guerre nucléaire.

La seule menace nucléaire faite jusqu’à présent a été celle des Britanniques de Truss. Cependant, comme l’armement nucléaire britannique dépend des USA, elle ne pourra pas l’utiliser sans la permission des USA. Et les USA sont effrayés.

17. L’opération de Poutine est condamnée.

Affirmée par des journalistes occidentaux en septembre 2022, cette affirmation n’a toujours pas été justifiée. En revanche, l’opération ukrainienne…

18. Les Russes ont fait sauter leurs propres pipelines Nordstream.

Évidemment : Les Russes sont tellement logiques qu’ils font toujours exploser leurs propres pipelines, surtout quand Biden a annoncé qu’il ferait quelque chose comme ça, que l’ancien ministre des Affaires étrangères polonais a remercié les USA pour l’avoir fait, et que les pipelines sont dans les eaux contrôlées par l’OTAN, infestées de sous-marins, de drones sous-marins et de plongeurs de l’OTAN, et que les pipelines ne sont pas utilisés de toute façon à cause des sanctions illégales.

Conclusion : Le féodalisme mental et spirituel

Je suis sûr que les lecteurs peuvent trouver une foule d’autres exemples, fruits de l’écriture créative des médias occidentaux contrôlés par l’État. Nous avons mentionné plus haut le servage économique, résultat du féodalisme, qui n’était rien d’autre qu’un racket de protection dirigé depuis des châteaux (bizarrement devenus aujourd’hui des sites touristiques), entourés de leurs villages concentrationnaires. En effet, la mafia italienne n’est qu’un vestige tardif du féodalisme sicilien introduit par les Normands, qui, comme sa forme ultérieure de capitalisme, n’a jamais su faire la différence entre prix et valeur. Cependant, pire que le servage économique, il y a le servage mental et spirituel. Et c’est le fruit du système institutionnalisé de mensonges, appelé les médias occidentaux contrôlés par l’État.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Notes

1. Cette multiplication miraculeuse me rappelle un évêque ukrainien Uniat (grec catholique) que j’ai rencontré il y a de nombreuses années. Lorsque je lui ai demandé combien il y avait de gréco-catholiques ukrainiens, il m’a répondu : « 700 000, mais au Vatican, nous leur disons toujours 7 000 000. Si vous ne multipliez pas les chiffres réels par dix, ils ne vous prendront pas au sérieux »

2. Pour les universitaires, en ce qui concerne l’histoire du développement de la féodalité autour du XIe siècle, les historiens français sont les meilleurs, naturellement, étant donné que la féodalité y a commencé. Voir, par exemple La Société Féodale, Marc Bloch ; L’An Mil, Georges Duby ; L’An Mil, Henri Focillon ; L’Europe est-elle nee au Moyen Age, Jacques Le Goff ; Le Pape Léon IX et la Réforme de l’Eglise 1002-1054, Charles Munier ; Les Grandeurs de l’An Mille, Pierre Riche. En anglais, outre les études de Richard Southern, vous disposez d’une traduction du français avec The Feudal Transformation 900-1200, Poly et Bournazel ; et d’ouvrages originaux, par exemple : The Making of Europe : Conquête, colonisation et changement culturel, 950-1350, Robert Bartlett ; The First European Revolution 970-1215 ; R.I. Moore ; The Formation of a Persecuting Society : Authority and Deviance in Western Europe 950-1250, R.I. Moore. En allemand, outre les études plus anciennes de Tellenbach, vous avez surtout Am Vorabend der ersten europaeischen Revolution de Karl Leyser. Das 11 Jahrhundert als Umbruchzeit et sa conférence en anglais The Ascent of Latin Europe

WANG WEN EN DIALOGUE AVEC DUGIN : SI LA RUSSIE CHERCHE À RÉSOUDRE LES PROBLÈMES, ELLE DEVRAIT PRENDRE LA CHINE COMME EXEMPLE À ÉTUDIER

 source : https://www.geopolitika.ru/en/article/wang-wen-dialogue-dugin-if-russia-seeks-solve-issues-it-should-take-china-example-be-studied

Wang Wen en dialogue avec Dugin : Si la Russie cherche à résoudre les problèmes, elle devrait prendre la Chine comme exemple à étudier
31.10.2022
Un dialogue avec le philosophe russe Alexander Dugin, suite à la mort tragique de sa fille Darya Dugina (Дарья Дугина 1992-2022) dans un attentat terroriste en août. Comment lui, que les médias occidentaux surnommaient sans relâche « le cerveau de Poutine », « groupe de réflexion russe » et « professeur d'État », voit-il l'actuel conflit russo-ukrainien et la situation actuelle en Russie ? Comment évalue-t-il sa relation avec Poutine ? Comment voit-il l'avenir de la Chine après le 20e Congrès national du Parti communiste chinois ? Quels conseils a-t-il pour la jeune génération chinoise ? Le 21 octobre, Wang Wen, doyen exécutif de l'Institut Chonyang d'études financières de l'Université Renmin de Chine, a reçu l'invitation de Dugin pour une conférence d'une heure dans son bureau. Un résumé de la conversation est publié dans le Global Times,

Wang Wen : Tout d'abord, permettez-moi de vous rendre hommage au nom de nombreux Chinois et de vous exprimer mes condoléances pour le décès malheureux de votre fille bien-aimée Darya. Ces derniers mois, de nombreux attentats terroristes ont eu lieu en Russie. Comment voyez-vous le développement intérieur de la Russie en situation de conflit aujourd'hui ?

Dugin : Je voudrais vous remercier, tout d'abord pour votre soutien moral et j'apprécie profondément la douleur du peuple chinois suite à la mort de ma fille Darya Dugina. Dugina est un symbole de la lutte de notre âme russe contre un système mondial hégémonique injuste et une victime du terrorisme occidental. Nous savons déjà que cette opération est venue de Kyiv, de Zelensky lui-même et du chef des forces spéciales militaires ukrainiennes. Zelensky est responsable de la mort de ma fille et de l'attentat. Bien que les services secrets américains et britanniques aient refusé d'expliquer et de condamner l'attaque terroriste, nous sommes presque certains qu'ils me ciblaient, moi et ma fille, car nous ne faisons qu'un.

C'était le début d'une guerre de terreur contre la Russie, la première fois que des terroristes occidentaux attaquaient des citoyens russes sur le sol russe. Je tiens à souligner une fois de plus que Dugina et moi n'avons occupé aucun poste officiel et n'avons pas participé à l'opération militaire spéciale (SMO) dans l'est de l'Ukraine. C'est sans précédent que des intellectuels aient été assassinés pour ce qu'ils disaient et pensaient, et ce genre de terreur contre les intellectuels est assez troublant. Et ce n'est rien d'autre que la guerre.

Cela révèle un tout nouveau chapitre dans l'histoire de la guerre : lorsque les idées comptent vraiment, vous êtes assassiné pour vos idées. Cet exemple démontre tragiquement l'importance de la pensée, étant un pari avec sa vie. Pourtant, si vous êtes un guerrier, vous devez être prêt à mourir au combat ; si vous prenez des décisions politiques, vous devez être prêt à payer pour vos décisions.

Pendant longtemps, la philosophie théologique s'est intéressée à la vie humaine. La Russie se trouve dans un état critique, je voudrais l'appeler « une révolution idéologique profonde en Russie », et le conflit russo-ukrainien marque le début d'un changement complet. Dans les années 1990, la Russie a accepté l'hégémonie occidentale, les systèmes occidentaux, les valeurs occidentales et la démocratie politique occidentale, a suivi l'exemple de l'Occident et a considéré l'Occident comme la seule bouée de sauvetage. C'est la différence entre la Russie et la Chine : la Chine accepte les règles et profite pleinement des règles internationales pour l'emporter, alors que nous, en Russie, dans les années 1990, avons trahi notre souveraineté nationale. Après l'arrivée au pouvoir de Poutine, il a commencé à se battre pour l'indépendance de la Russie. Mais au cours des 22 dernières années, il a été enchaîné par les règles établies par l'Occident.

Poutine a tenté de concilier la contradiction entre l'essor du pays et l'intégration dans la mondialisation, mais cela s'est avéré impossible. Cette inconciliabilité a culminé après le début du SMO. Poutine ne pouvait que réagir par une action violente directe, mais la société russe n'y était pas préparée, car combattre l'Occident est un chemin trop long et trop étroit. La Russie est maintenant en guerre contre l'Occident, contre les États-Unis. Nous essayons d'ajuster nos idées sociétales et de nous réévaluer, de nous adapter à la situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons, qui est un processus très intense et dramatique.

Wang Wen : Je suis d'accord avec votre analyse et votre prédiction astucieuses. Je me souviens qu'en 2008, vous avez écrit sur l'inévitabilité du conflit entre la Russie et l'Occident. Cependant, lorsque les universitaires chinois reconnaissent qu'un conflit sino-américain peut devenir inévitable, ils font généralement de leur mieux pour proposer d'éviter la guerre avec les États-Unis. Par exemple, lorsque le professeur Graham Tillett Allison de l'Université de Harvard a proposé le « piège de Thucydide » entre la Chine et les États-Unis, les universitaires chinois le réfutaient et essayaient de changer cette « prophétie réalisable ».

Ce que je veux savoir, c'est pourquoi les élites russes ne conseillent-elles pas au président Poutine de faire de son mieux pour éviter un conflit, ou de faire quelque chose qui pourrait être mieux qu'une action militaire ad hoc ? En Russie, un sage philosophe politique comme vous doit avoir une meilleure solution, non ?

Dugin : Cela a à voir avec l'équilibre de conscience entre les individus et les groupes. Ce n'est pas le président Poutine qui a volontairement voulu lancer cette opération militaire spéciale, mais toute la société a exigé cette opération spéciale. La société russe est très particulière et a besoin d'un dirigeant de type "père" (comme un tsar) qui doit également fournir des garanties de sécurité à l'ensemble de la société. Poutine a essayé de concilier ce lien. Accepter l'Occident et assurer l'indépendance de la Russie sont un ensemble de contradictions. Poutine espère concilier cette contradiction et maintenir un certain équilibre, mais cet équilibre est très fragile.

Poutine a toujours essayé de procéder de manière pacifique, sans recourir à des moyens militaires, pour éviter une escalade du conflit avec l'Occident. Depuis que la Crimée est « revenue à la Russie », nous avons remarqué très tôt que la Russie peut facilement libérer l'est de l'Ukraine, mais le président Poutine a toujours refusé de le faire. Il a cru un temps aux assurances données par l'Occident, mais l'Occident a trompé la Russie. Poutine veut éviter la guerre, mais la guerre est de plus en plus inévitable. Il est dommage que nous n'ayons pas été parfaitement préparés à cette opération militaire spéciale sur le plan politique, économique, culturel et militaire. En fait, nous aurions dû être mieux préparés.

Wang Wen : Oui. Mais je suis très inquiet, si la Russie se découple complètement de l'Occident à l'avenir, la Russie pourra-t-elle continuer à se développer rapidement à court terme ? Nous croyons tous que l'Occident s'affaiblit, mais pour l'instant, l'hégémonie occidentale a encore une influence significative dans des domaines tels que la haute technologie et le commerce économique.

Le maintien de la coopération avec l'Occident apparaît comme un « choix rationnel et pragmatique ». La Russie sera-t-elle réduite à n'être plus qu'un « grand Iran », si elle est complètement coupée de l'Occident ? J'ai voyagé plusieurs fois en Iran. L'Iran présente un énorme potentiel et de riches ressources. Dans les années 1970, l'économie iranienne a connu une croissance rapide. Cependant, après avoir été sanctionné par l'Occident pendant 40 ans, le développement de l'Iran a été fortement affecté. La Russie va-t-elle répéter les erreurs de l'Iran ?

Dougin: J'aimerais connaître la définition de "occidental". L'Occident n'est pas seulement synonyme de développement économique et technologique, l'Occident représente une sorte de conscience, incluant l'hégémonie, le racisme et l'ontologie, qui peut être étendue au colonialisme et à l'unipolarité. C'est l'essence de l'Occident. La Russie a "déclaré la guerre" à l'Occident et a été contrainte de rompre sa coopération avec l'Occident. Nous espérons qu'en vainquant l'hégémonie occidentale, "l'Occident" deviendra une province du monde, et non le centre du monde. Pour y parvenir, nous devons non seulement nous élever et nous « désoccidentaliser », mais aussi marginaliser l'Occident. La Russie seule ne peut pas atteindre cet objectif. Nous espérons travailler avec d'autres pays non occidentaux dans le monde pour résister à l'hégémonie occidentale. Si nous nous unissons, nous pourrons peut-être les vaincre.

Wang Wen : Selon votre logique, le monde se divise progressivement en deux pôles, et une nouvelle « guerre froide » commence. Vous avez souligné dans votre article que le monde est au bord d'une troisième guerre mondiale.

La Chine ne veut pas entrer dans une nouvelle guerre froide ; La Chine préfère se développer dans un environnement mondialisé. Bien que la Chine soit en concurrence avec les États-Unis, elle s'efforce toujours de trouver un nouvel équilibre parmi les contradictions féroces. Je crois que l'Inde, le Brésil et d'autres pays BRICS ne veulent peut-être pas vraiment déclencher une "nouvelle guerre froide" avec l'Occident, et ils sont tous prudents et se prémunissent contre une éventuelle "troisième guerre mondiale".

Dugin : Maintenant, la situation n'est pas déterminée unilatéralement par la Russie. Au SMO, nous avons « franchi le Rubicon » pour affronter l'Occident. La Russie et l'Occident peuvent se comprendre, mais les deux ne peuvent pas coexister, comme le détermine la structure géopolitique. D'un point de vue géopolitique, les autres pays n'ont que deux options : soit être contrôlés par un État puissance maritime, soit lutter pour devenir un État puissance terrestre, c'est-à-dire en soutenant la Russie pour pousser le monde vers la multipolarisation et devenir une région d'un certain cœur.

L'indépendance de la Chine repose sur l'équilibre. De ce point de vue, si la Russie ne peut pas contrôler et équilibrer l'hégémonie américaine, alors la Chine sera victime d'un conflit militaire offensif avec les puissances maritimes, même si vous ne voulez que souveraineté et prospérité. Aujourd'hui, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et le monde islamique, tout aussi indépendants, font tous des choix, mais le résultat de leur choix dépend de la force à l'autre bout de l'échelle.

Si la stratégie gagnant-gagnant de la mondialisation représentée par la Chine doit être parfaitement réalisée, il doit y avoir une condition invisible, c'est-à-dire la résistance de la Russie, puissance terrestre, à la puissance maritime. Si la Russie perd l'opération militaire spéciale et perd son cœur, alors l'Inde et la Chine seront confrontées à la même situation que la Russie est actuellement et deviendront les prochaines victimes directes de la guerre froide et même du conflit militaire.

L'Occident peut utiliser le détroit de Taiwan et les militants musulmans comme points d'entrée pour attaquer la Chine. L'Occident est une force radicale agressive. D'autres pays peuvent éviter un conflit frontal uniquement parce que la Russie existe toujours et parce que la Russie se bat. Les autres nations n'ont que deux options : soit survivre dans l'ombre du monde occidental, soit se battre comme la Russie. Cette analyse géopolitique est très importante.

Bien que les résultats de l'analyse ne soient pas entièrement conformes à l'interprétation officielle chinoise, je pense que les stratèges du Parti communiste chinois, en tant que véritables maîtres de la stratégie internationale, peuvent pleinement comprendre les conclusions de l'analyse ci-dessus et éviter que la Chine ne tombe dans la situation de la Russie. .

Je reconnais intensément les grandes réalisations de la Chine. Que ce soit pour la Russie, ou pour l'Inde, l'Iran et les pays arabes, la Chine est le principal espoir. Il y a un différend frontalier entre la Chine et l'Inde, mais je voudrais rappeler à l'Inde que si l'Inde et l'Occident se battent contre la Chine ensemble, alors une fois que la Chine et la Russie perdront, l'Occident se retournera pour affronter l'Inde et détruire l'Inde - en fait, Soros se prépare déjà à le faire.

Bref, nous ne voulons pas affronter l'Occident, nous affrontons "l'Occident" qui prétend gouverner le monde mais qui n'a pas joué un bon modèle. Ce que nous devrions rechercher devrait être la multipolarité plutôt que l'unipolarité. L'Occident veut démembrer la Russie, nous sommes numéro un sur leur liste, vous êtes les suivants. Bien sûr, c'est mon analyse, et je ne veux pas l'imposer aux autres.

Wang Wen : Tout d'abord, nous avons confiance en la Russie. La Russie ne sera pas vaincue par l'Occident. Bien que l'OTAN soutienne pleinement l'Ukraine, la Russie dispose d'un énorme avantage en termes de profondeur stratégique et de potentiel de ressources.

Bien sûr, je suis également d'accord avec vous que si la Russie est vaincue par l'Occident, la Chine sera la prochaine cible de l'Occident. À cet égard, la Chine est préparée psychologiquement. La réponse de la Chine est basée sur plus de 2 000 ans de sagesse traditionnelle et sur un engagement à trouver des solutions modérées et diverses. Au cours des dernières années, la Chine a obtenu de bons résultats sur de nombreux "champs de bataille" tels que les guerres commerciales, les guerres technologiques, les guerres d'opinion publique, les guerres médiatiques et la question du détroit de Taiwan.

Ce dont je veux discuter avec vous, c'est comment traiter avec l'Occident d'une manière plus intelligente. Si la troisième guerre mondiale ou une guerre nucléaire d'une certaine ampleur se produisait vraiment comme vous le prédisez, cela signifierait la destruction de toute l'humanité. À votre avis, est-il possible d'employer une boîte à outils diversifiée de mesures pour résoudre le problème ?

Dugin : La solution du fait accompli est le SMO. Nous n'avons pas utilisé d'autres approches plus diversifiées et nous ne pouvions pas faire autrement. L'opération militaire spéciale actuelle est très nécessaire, et bien que la situation de guerre actuelle soit mauvaise, elle vaut mieux qu'une situation pire (comme être détruite).

Je suis sûr que le Parti communiste chinois a adopté un bon modèle de prise de décision, en prenant des décisions avec prudence et prudence, en intégrant les intérêts nationaux à la mondialisation et en maintenant une politique indépendante et conservatrice. Tout en garantissant la démocratie et la libéralisation sociale et économique, la Chine maintient également le contrôle absolu du gouvernement central sur le pays, garantissant que l'Occident ne peut pas détruire le Parti communiste chinois au moyen de méthodes culturelles et d'Internet, et sauver le pays du chaos et même de la destruction.

La situation en Russie est tout le contraire. L'Occident détruit le contrôle absolu du gouvernement russe, essayant de pousser le gouvernement contre le peuple. Sous Eltsine, le peuple a été victime de cet assaut occidental.

Poutine essaie de prévenir et d'inverser cette situation et de permettre à la Russie de se sauver par la réforme et la reconstruction. À un moment donné, il a tenté de changer pacifiquement l'héritage du gouvernement Eltsine (1931 - 2007), mais il a échoué en raison de l'obstruction de certaines élites politiques. Ces élites politiques sont des traîtres au pays. C'est la différence entre la Chine et la Russie. L'élite politique chinoise est l'épine dorsale du pays, mais nous n'avons que le poison de l'ère soviétique. Après l'effondrement de l'Union soviétique, ces élites politiques sont entrées dans le gouvernement russe et n'ont pas permis au pays de transformer et de développer la Russie par des moyens pacifiques. C'est exactement mon interprétation des différences politiques entre la Chine et la Russie.

Nous n'avons pas la possibilité de changer ou de réorganiser pacifiquement la Russie, et de parvenir à la réconciliation avec l'Ukraine et l'Occident par des moyens pacifiques. Poutine est notre espoir. Il est du côté du peuple et du côté de l'histoire. Le SMO était sa façon de résister, mais pas de la meilleure façon. Nous plaçons désormais tous nos espoirs sur le pétrole et le gaz et attendons que l'Occident s'effondre ou fasse des compromis sur les questions énergétiques. Ils essaient de sortir de la crise de la pénurie d'énergie, ce qui nous oblige également à résoudre le problème à partir d'autres dimensions. A cet effet, il convient de prendre la Chine comme exemple à étudier.

Wang Wen : Merci de votre intérêt pour la Chine. En tant que chercheurs d'un groupe de réflexion, nous réfléchissons également chaque jour à la situation de la Chine et travaillons à résoudre les problèmes intérieurs. À mon avis, les dilemmes internationaux ne peuvent être mieux traités que sur la base de la résolution des problèmes nationaux. Je crois que vous avez également remarqué que le rapport du 20e Congrès national du Parti communiste chinois présente clairement la stratégie de développement national à long terme de la Chine pour 2035 et 2050. Vous êtes déjà allé en Chine. En tant que philosophe politique, d'après votre compréhension de la Chine, comment voyez-vous l'avenir de la Chine ? Les objectifs actuels de la Chine peuvent-ils être atteints comme prévu ?

Dugin : Tout d'abord, j'aime beaucoup la Chine et j'apprécie la gouvernance de la Chine par le Parti communiste chinois sous la direction du secrétaire général Xi Jinping. Le président Xi est un dirigeant exceptionnel de classe mondiale. Votre pays est entré dans l'histoire. Je pense que les objectifs de la Chine sont pragmatiques. Le 20e Congrès national du Parti communiste chinois que vous avez organisé est un exemple réussi de coordination des questions nationales et internationales. L'Assemblée générale dirige le pays en élaborant des plans. En fait, ni la société occidentale ni la Russie ne comprennent assez bien la structure politique et sociale de la Chine.

À mon avis, la Chine est composée du peuple, du gouvernement et d'autres éléments culturels tels que le socialisme à la chinoise, la culture confucéenne, etc. Ces éléments culturels jouent un rôle dans la gouvernance gouvernementale. Si le gouvernement ne parvient pas à assurer la sécurité culturelle, la société se désintégrera. Les analyses occidentales et russes de la Chine ignorent presque la partie spéciale de la culture, qui est en fait une ressource importante pour le peuple chinois.

Deuxièmement, la Chine est très exigeante quant à la hiérarchisation des choses. La Chine n'intensifiera pas les conflits, mais modérera et résoudra les conflits grâce à l'expérience de la construction de la civilisation. Cette culture n'est pas entièrement issue du confucianisme, mais aussi du taoïsme. La culture politique occidentale, y compris la Russie, est trop radicale, trop obsédée par le noir et blanc absolu, le bien et le mal. Pour nous, le mal est le mal, et nous ne céderons jamais au mal.

Wang Wen : Oui, la théorie du Yin et du Yang dans la culture chinoise provient d'une autre école de philosophie. Nous espérons pouvoir transformer entre le négatif et le positif, le bien et le mal, le bien et le mal. Aux yeux des Chinois, les bonnes choses ne sont pas entièrement bonnes et les mauvaises choses ne sont pas entièrement mauvaises. Il y a une relation d'attachement et de transformation entre les deux. C'est compliqué.

Dugin : Oui, la Chine ne promeut pas une politique étrangère de conflit culturel. Dans une autre culture différente de la Chine, il existe des frontières claires entre le bien et le mal, le bien et le mal, la lumière et l'obscurité, et la culture russe contient ce gène. Du point de vue de la Russie, le monde est soit unipolaire (il y a un pays avec la puissance mondiale la plus forte, comme les États-Unis), soit multipolaire (l'Occident, la Russie et la Chine essaient tous de parvenir à une situation gagnant-gagnant dans ce monde). Une structure mondiale multipolaire est également quelque chose que la Chine doit rechercher. La Chine observe le monde avec sa propre perspective et ses propres pensées, et d'autres pays observent également la Chine avec leur propre pensée et vision du monde. Cela va dans les deux sens.

Certaines de ces pensées et perspectives sont anormales ou même pathologiques. La pensée et la vision du monde chinoises sont saines, mais la pensée et la vision du monde occidentales ne sont pas si saines. Nous devrions essayer de comprendre ces façons pathologiques de penser, et non de les expliquer avec notre pensée intrinsèque.

Wang Wen : Discutons de l'avenir de la Russie et de la Chine. Les tensions dans les relations de la Russie avec l'Occident devraient continuer à pousser les relations sino-russes à se réchauffer. Cette fois, j'ai visité plus de 20 villes de Russie, parlé avec de nombreux responsables locaux et discuté de la manière de renforcer les relations entre les deux pays à différents niveaux, tels que le niveau local, le niveau civil, le niveau d'élite, etc. La Chine et la Russie ont des relations différentes. perceptions les uns des autres à tous les niveaux. Du point de vue de haut niveau, la conscience stratégique de la confiance et de la coopération entre la Chine et la Russie est suffisante et ferme ; cependant, aux niveaux non gouvernemental et des élites, les gens ont des opinions très diverses sur la coopération sino-russe, et certaines idées ne sont pas propices à la coopération bilatérale. Que penses-tu de cela?

Dugin : Tout d'abord, je pense que les relations sino-russes se sont en fait considérablement améliorées aux deux niveaux. Nos deux pays ont certainement de nombreux problèmes à surmonter, comme les différences culturelles entre les deux parties. Nous devrions consacrer plus de temps à comprendre les attributs respectifs de la Chine et de la Russie, à comprendre le code de la civilisation de l'autre, à ouvrir davantage de « dialogue à deux voies » et à approfondir la coopération bilatérale.

La compréhension mutuelle entre les dirigeants des deux pays a été "parfaite", et la coopération entre le président Xi et le président Poutine est la pierre angulaire de la Chine et de la Russie, créant l'avenir des relations bilatérales. Mais nous devons également accorder plus d'attention à l'institutionnalisation des relations entre les deux pays, proposer des plans pour renforcer la coopération et la compréhension mutuelle aux niveaux supérieur, intermédiaire et local, et réajuster le système de coopération aux niveaux intermédiaire et local.

À mon avis, l'avenir de l'humanité dépend de la coopération approfondie entre la Chine et la Russie. Plus que jamais, nous avons besoin de nous connaître efficacement. Nous sommes déjà deux pôles dans un monde multipolaire. Les peuples des deux pays doivent continuer à se battre pour le développement de la Russie et de la Chine, afin que les relations entre les deux pays soient plus harmonieuses.

Wang Wen : Une plate-forme importante pour la coopération sino-russe est la connexion entre l'initiative "la Ceinture et la Route" et l'Union économique européenne. Aux yeux de beaucoup, la théorie du Grand Eurasianisme que vous défendez depuis de nombreuses années a contribué à promouvoir la coopération sino-russe, en particulier l'intégration économique eurasienne. Mais les choses semblent changer. Ces dernières années, avez-vous acquis de nouvelles connaissances dans l'étude de l'intégration eurasienne ? Que pensez-vous de l'intégration eurasienne et de l'initiative "la Ceinture et la Route" ?

Dugin : Le contenu de la théorie du Grand Eurasianisme couvre le contenu de l'Union économique eurasienne et de l'initiative "la Ceinture et la Route". La Chine et la Russie ont la capacité d'intégrer harmonieusement deux initiatives majeures pour favoriser le développement de l'Eurasie et ainsi mener à bien la construction du monde. À l'avenir, l'Eurasie devrait inclure l'Europe, l'Inde et bien d'autres pays. Nous devrions élargir nos horizons pour inclure tous les pays de tout le continent eurasien. En termes de mise en œuvre spécifique, nous devrions avoir une compréhension plus profonde de la signification de "la Ceinture et la Route" et des différents rôles que l'"Union économique eurasienne" de la Russie devrait jouer et adapter et accepter ces rôles.

Nous devrions présenter la véritable théorie de l'intégration eurasienne aux élites chinoises, et non la version mal interprétée. En Russie, certains voient l'eurasianisme comme du néo-colonialisme, tandis qu'en Chine, d'autres le voient comme la version russe de l'impérialisme. Nous devrions trouver différentes façons de nous comprendre. La théorie de la Grande Eurasie comprend non seulement la coopération économique entre la Russie et la Chine, mais aussi la coopération approfondie entre l'Inde, l'Asie du Sud-Est et l'Asie de l'Ouest. Nous devons réfléchir et généraliser ce concept, renforcer les échanges culturels, comprendre son identité, son objectif et sa motivation.

Afin d'atteindre les objectifs ci-dessus, nous devons avoir une compréhension plus profonde de la culture de l'autre et vraiment comprendre la cohérence interne du pragmatisme, du matérialisme, du réalisme et d'autres logiques, ce qui nous oblige à avoir un dialogue au niveau de la linguistique interlingue. Sinon, il nous est difficile d'avoir des opinions similaires sur une chose.

Wang Wen : Dans la stratégie étrangère de la Russie ces dernières années, on peut voir l'ombre de la théorie du « Grand Eurasianisme ». Par conséquent, il y a eu des rumeurs ces dernières années selon lesquelles vous feriez partie du personnel du président Poutine, ou même du "cerveau de Poutine" ; certaines personnes disent que vous étiez le pont entre le président Poutine et le président Trump à cette époque. Comment répondez-vous à cela ?

Dugin : Je suis très favorable à Poutine, notre esprit est similaire, mais je n'ai pas d'autre relation avec lui.

Je devrais connaître le peuple russe et l'histoire russe mieux que quiconque ici. C'est peut-être un peu humiliant de dire cela, mais j'ai un profond amour pour le peuple russe et l'histoire russe. Je comprends la logique derrière cela mieux que quiconque, ainsi que la stratégie étrangère nationale actuelle que les gens peuvent accepter et soutenir.

Wang Wen : Avez-vous des conseils à donner aux jeunes, en particulier à leurs homologues chinois ?

Dugin : Pour comprendre le monde, il faut d'abord devenir un chinois plus authentique. Si vous ne vous comprenez pas, vous ne pouvez pas comprendre les autres. Si vous n'êtes pas confiant et n'avez pas votre propre identité, il est impossible de comprendre l'identité des autres pays et l'avenir de la multipolarité. Pour comprendre le monde, vous devez d'abord vous comprendre.

(Zhang Huimin张慧敏 de l'Université de Moscou et Feng Shide冯士德 de l'Académie russe des sciences ont participé au dialogue et ont fait un examen préliminaire du contenu du dialogue)

Editeur responsable : Liu Xiaoyun 刘啸云

Traducteur anglais : Liviu Florea

Texte original