mercredi 21 septembre 2022

Le dossier d’une nouvelle guerre civile américaine

Source : https://lesakerfrancophone.fr/le-dossier-dune-nouvelle-guerre-civile-americaine

Par Dmitry Orlov – Le 6 septembre 2022 – Source Club Orlov

OrlovLes États-Unis tiendront-ils le coup jusqu’en 2024 ? Au début de l’année, des complications liées à la Covid-19 ont coûté la vie à Vladimir Jirinovsky, l’éternel et grandiloquent leader du Parti libéral démocrate de Russie. Il était connu non seulement pour sa rhétorique inimitable, mais aussi pour la précision étonnante de ses prédictions. Par exemple, il a prédit le début de l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine presque jour pour jour, des mois avant le fait et à un moment où personne d’autre n’avait la moindre idée de ce qui allait se passer. Une autre de ses prédictions se lit comme suit : « Il n’y aura pas d’élection présidentielle américaine en 2024 parce qu’il n’y aura plus d’États-Unis. » S’avérera-t-il également prémonitoire sur ce point ? On verra bien !

Jirinovsky est loin d’être le seul à faire une telle prédiction. Selon des sondages récents, plus de 40 % des Américains craignent qu’une nouvelle guerre civile n’éclate au cours de la prochaine décennie. Que l’on n’aille pas croire que les personnes interrogées ont effectué une analyse indépendante, sur la base de laquelle elles ont pu calculer la probabilité d’une guerre civile ! Aujourd’hui, la grande majorité des Américains ont été conditionnés à percevoir la réalité comme une mosaïque composée de courts extraits de journaux télévisés, d’extraits sonores, de scènes dont la longueur ne dépasse pas celle de deux publicités télévisées et de récits miniatures qui présentent tel ou tel objet imaginaire sous un jour positif ou négatif. Ils pensent qu’une guerre civile est probable parce que c’est ce qu’on leur a dit à travers les médias de masse ou les médias sociaux, invisiblement mais implacablement chaperonnés.

L’oligarchie, qui contrôle tout ce qui précède, joue avec deux business plans alternatifs. Le plan A, plus rentable et moins risqué, ne prévoit pas de guerre civile, tandis que le plan B, risqué mais toujours rentable, en prévoit une. Dans les deux cas, les profits proviennent de la confiscation des richesses de la population ; avec le plan A, une moindre partie de ces richesses est détruite, d’où des profits plus importants. Mais le plan A exige de s’assurer l’obéissance et la docilité totales d’une population de plus en plus désemparée et rétive. Pour paraphraser Klaus Schwab, ils doivent s’accommoder de ne rien avoir et faire semblant d’être heureux (à condition d’être autorisés à rester à l’intérieur et à être nourris).

Pour maintenir la population américaine à distance, l’oligarchie doit l’approvisionner en grandes quantités de malbouffe, d’alcool, de drogues et de pornographie. Et malgré toute la propagande incitant les gens à se trier dans un arc-en-ciel de genres, la plupart stériles, certaines femmes peuvent encore réussir à tomber enceintes, refuser d’avorter et donner effectivement naissance à des enfants, empêchant ainsi la population de diminuer aussi vite que les ressources qui s’amenuisent. « Écoutez, des femmes tombent enceintes chaque jour en Amérique, et c’est un vrai problème », a déclaré la vice-présidente Kamala Harris. Malgré le terme politiquement incorrect de « femmes » – c’est-à-dire d’hommes engrossés – son message est clair comme de l’eau de roche : ses concitoyens américains devraient être stérilisés comme les animaux domestiques qui est l’image qu’elle a d’eux. Vos animaux domestiques ne sont pas stérilisés, n’est-ce pas, ils sont transgenres ! Cela ne semble-t-il pas beaucoup plus à la mode ?

Mais que se passera-t-il si les pipelines de la malbouffe, de l’alcool, de la drogue et de la pornographie se tarissent plus vite que la population ne peut être réduite à l’aide de la propagande LGBT et des avortements gratuits et abondants ? Il serait alors temps de passer au plan B, où les Américains se tireraient dessus en utilisant toutes les armes légères qu’ils possèdent. Une combinaison des plans A et B est aussi théoriquement possible, où les États bleus Démocrates sont maintenus dans la paix et la crainte des États rouges Républicains, où la guerre civile fait rage et où les cadavres jonchent les routes, tandis que, de leur côté, les habitants des États rouges ont une peur bleue de s’aventurer en territoire bleu de peur de voir leurs enfants castrés et leurs armes sacrées confisquées. Mais un tel équilibre précaire peut être difficile à atteindre et un scénario bien plus probable est celui d’un désordre stable, où l’oligarchie rassemble ses ressources humaines les plus précieuses dans quelques enclaves bien défendues tout en laissant le reste de la population succomber à des luttes intestines.

Mais ni le plan A, ni le plan B ne peuvent résoudre un problème majeur qui se profile à l’horizon : comment permettre au gouvernement fédéral américain de se décharger (annuler, c’est-à-dire plutôt que remplir) de ses responsabilités. Les principales sont la sécurité sociale, les allocations familiales, Medicare et la défense. Environ la moitié des ménages américains reçoivent une aide financière significative du gouvernement fédéral, tandis que la défense est le plus grand programme d’aide sociale que le monde ait jamais connu. La dette fédérale américaine est déjà astronomique et s’élève à environ la moitié du PIB mondial. Si elle était un objet physique, elle serait visible à l’œil nu depuis l’espace. Elle continue de croître à pas de géant, le déficit budgétaire de 2022 devant dépasser 1 000 milliards de dollars, contre environ 2 000 milliards de dollars les deux années précédentes, mais il s’agit toujours d’un montant astronomique.

Personne ne sait combien de temps cette farce financière peut durer, mais avec toutes les grandes nations créancières qui se sont lancées dans une course à la vente de leurs avoirs en dette américaine, le message est clairement sur le mur. Comment se débarrasser du double fardeau des créanciers étrangers et des dépendants nationaux ? Une guerre civile qui mettrait à sac Washington DC et démantèlerait le gouvernement fédéral serait la solution la plus efficace. Les structures politiques locales restantes, quelles qu’elles soient, rejetteraient la dette fédérale comme étant onéreuse et totalement absurde et refuseraient de prendre en charge les dépenses de défense et les programmes d’aide sociale fédéraux ; le problème serait résolu !

Joe Biden semble déjà penser dans ce sens. Dans un récent discours à Philadelphie, il a déclaré : « Pour ces braves Américains de droite… si vous voulez vous battre contre le pays, il vous faut un F-15. Vous avez besoin d’un peu plus qu’un fusil ». A-t-il, avec son fils Hunter, quelques F-15 qu’ils aimeraient vendre à ces braves Américains de droite ? Notez qu’il a mentionné les F-15, et non les F-35 : il aimerait fournir des avions anciens mais efficaces, prêts au combat, pour effectuer des bombardements sur la capitale américaine, et non des engins dorés, truffés de bogues et jamais prêts au combat comme les F-35. Mais avant que Washington DC ne soit rayée de la carte politique, un pillage important doit avoir lieu, via un épisode majeur de corruption politique.

L’Ukraine, qui est le terrain de jeu personnel de Joe et Hunter Biden depuis des années, a été utilisée comme principale plaque tournante du blanchiment d’argent. Sur les plus de 10 milliards de dollars que l’administration Biden a dépensés pour l’Ukraine jusqu’à présent, très peu est effectivement parvenu à l’Ukraine ; le reste a été utilisé pour remplir des poches ou une caisse de campagne politique ou autre aux États-Unis. Parmi les armes qui sont parvenues en Ukraine, au moins un tiers a été vendu sur le marché noir international par la junte de Kiev.

Même les armes qui ont atteint les lignes de front sont rapidement revendues par des mercenaires étrangers et expédiées dans des régions inconnues. Les morceaux qui parviennent aux troupes sont détruits ou pris comme trophées par les Russes qui avancent sans relâche (bien que très lentement et prudemment). Au cours de l’opération spéciale, les Russes ont amassé un véritable trésor de systèmes d’armes extrêmement coûteux, mais plutôt inefficaces, trop compliqués et assez fragiles, qui ne peuvent être entretenus sur le terrain et qui ont été abandonnés par les Ukrainiens battant en retraite.

Une autre source importante de revenus supplémentaires provient de la vente d’une grande partie de la réserve stratégique de pétrole à la Chine et à d’autres nations étrangères : Sur les 700 millions de barils, 300 millions ont été vendus et la réserve stratégique de pétrole est maintenant à son niveau le plus bas depuis 40 ans. Il s’agit d’un résultat intéressant, étant donné que la manne de pétrole de schiste a atteint son apogée en 2019 et que, le forage étant désormais concentré sur une seule parcelle du bassin permien, et compte tenu des taux d’épuisement très élevés, elle devrait être réduite à un filet d’eau en seulement 2 ou 3 ans. Bien que les vérificateurs de faits des médias de fausses nouvelles aient crié au scandale, des entités associées à Hunter Biden auraient été impliquées.

Bien sûr, nous ne connaîtrons jamais tous les détails car Hunter Biden est magique, ayant été placé bien au-dessus de la loi : s’il s’en sort avec la pédophilie, le trafic de drogue, le transport de prostituées au-delà des frontières de l’État et d’autres crimes de ce genre, qu’est-ce qu’un petit (ou un gros) crime en col blanc entre collègues truands ? Pour ne pas être en reste par rapport à son fils, Biden-père et le reste de l’establishment Démocrate semblent prêts à voler les élections de mi-mandat au Congrès de la manière la plus évidente et la plus flagrante possible, rendant impossible de continuer à prétendre que les États-Unis sont encore une sorte de démocratie. Une fois que le message selon lequel la démocratie est morte et que Washington est un repaire de voleurs sera entré dans la tête de tout le monde, la voie sera libre pour les premières salves du Plan B.

Mais que se passera-t-il si ces « Américains courageux et de droite » sur lesquels Biden semble fonder ses espoirs n’y parviennent pas et que le plan B s’essouffle au lieu de démarrer en fanfare ? Que se passera-t-il s’ils restent assis dans les bars à pleurnicher dans leurs bières, puis rentrent chez eux pour polir leurs armes ? N’attendez pas l’aide des Russes ou des Chinois ! Ils pourraient mettre fin à la misère des États-Unis, mais ils ne le feront pas. Les Russes ont fait le plein de graines de tournesol (leur choix plutôt que du pop-corn) ; de même, les Chinois ont empilé de nombreuses chips de riz. Ils vont s’asseoir et regarder cette célébration pan-eurasienne de la Schadenfreude, sans lever le petit doigt pour aider.

Dmitry Orlov

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Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.

Il vient aussi de publier son dernier livre, The Arctic Fox Cometh.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

jeudi 22 septembre 2022 Quand le vieux soldat se pose des questions

Source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/

Sur le front russo-ukrainien, si les mouvements opératifs ont fortement diminué côté ukrainien en revanche l'intensité des combats n'a pas faibli, bien au contraire, car les forces ukro-atlantistes maintiennent leurs pressions offensives dans de nombreux secteurs et les forces russo-républicaines, qui ont reçu leurs premiers renforts au lendemain de la percée réussie par les forces ennemies à l'Est de Kharkov, sont visiblement en train de se réorganiser pour une nouvelle phase offensive avec des moyens et des objectifs plus élargis.

Situation générale du front au 21 septembre 2022

Concrètement du Nord au Sud:

  • Sur le front de Kharkov, si de violents combats se poursuivent dans les quartiers Est de Koupiansk sur la rive gauche à l'Est de l'Oskol, le front s'est stabilisé sur cette rivière entre la frontière de la région russe de Belgorod au Nord et le front au Nord de Slaviansk où elle passe le relais à une autre rivière dans une orientation Ouest Est : la Donets (ou Siversky Donets).
  • Sur le front de Slaviansk, à partir de deux têtes de ponts réalisées sur la rivière Donets et d'une autre en aval du barrage sur l'Oskol, les forces ukrainiennes attaquent et cherchent à encercler la ville de Krasni Liman qi verrouille leur progression vers l'Est le long de la Donets subissant des pertes importantes de la part d'une garnison russe renforcée, mais pas assez fournie pour mener des contre attaques.
  • Sur le front de Severodonetsk Lisichansk, les forces ukrainiennes ont repris aux forces alliées la localité de Bilogorovka à partir de laquelle elles pourraient mener une troisième tête de pont sur la Donets et/ou mener des attaques en direction de Lisichansk s'ils elles n'étaient pas bloquées par un manque d'effectifs d'assaut et d'appuis et une forte résistance alliée qui a également renforcer ce secteur du front Nord Donbass
  • Sur le front d'Artemovsk, au Nord de la ville, les forces alliées peinent depuis 2 mois à conquérir le point d'appui de Soledar dans des combats de rues lents et très couteux et plus au Sud, ne disposent pas d'effectifs suffisants pour réaliser rapidement un mouvement offensif enveloppant cette ville d'Artemovsk que les ukrainiens ont de plus renforcé avec des unités d'infanterie et d'artillerie.
  • Sur le front de Donetsk, de violents combats continuent autour des bastions ukrainiens de Avdeevka, Krasnogorovka et Marinka, au Nord Ouest et Sud de la cité républicaine soumise à des bombardement meurtriers ukrainiens de plus en plus importants dirigés contre ses populations civiles. Plus au Sud sur l'amorce du front de Zaporodje les 2 adversaires repoussent leurs attaques mutuelles dans le secteur de Vougledar.
  • Sur le front de Zaporodje, le situation est relativement stable, essentiellement animée par des duels d'artillerie et quelques reconnaissance offensives de part et d'autre, principalement dans le secteur au Sud de la ville, près du Dniepr, d'où pourrait surgir une nouvelle offensive ukrainienne en direction de Energodar le long de la rive gauche (Sud) du fleuve ou vers Melitopol, en direction de la Mer Noire.
  • Sur le front de Kharkov, l'offensive ukrainienne engagée contre les forces russes déployées au Nord du Dniepr, malgré des pertes et des échecs tactiques se poursuit à partir de la tête de pont d'Andrivka sur la rivière Ingoulets et du saillant de Visokopillya, au Nord Est, mais toutefois sans obtenir de succès significatifs, en dehors des destructions par les HIMARS étasuniens des infrastructures russes à l'arrière du front.
Illustrant parfaitement cette exacerbation 
en cours des opérations militaires alliées
voici le bombardement incendiaire d'unités
ukrainiennes sortant d'Ozerne pour opérer
vers le contournement Est de Krasni Liman.

Arrivant sur le flanc occidental de la Fédération, de nombreuses forces russes terrestres appartenant à la Garde Nationale et au Corps de défenses sont en train de se déployer autour de l'Ukraine ainsi que de nouveaux appuis aériens avec notamment des moyens stratégiques lourds (bombardiers Tupolev 95 par exemple) qui jusqu'ici n'avaient quasiment pas été engagés. A noter également des renforts importants au sein des forces auxiliaires russes comme le groupe Wagner et les volontaires tchétchènes qui alignent chacun l'équivalent d'une division.

De leur côté, l'essoufflement rapide des forces ukrainiennes tend à confirmer que leur percée à l'Est de Kharkov et leurs têtes de pont réalisées sur les rivières Oskol et Donets au Nord et Ingoulets au Sud risquent d'être qualifiées de "victoire à la Pyrrhus" tant elle ont subi des pertes importantes et raclé les fonds de tiroirs des réserves opérationnelles. Et je n'en veux pour preuve que les nouveaux renforts ukrainiens acheminés en urgence par trains vers Kharkov, mais qui sont puisés dans les forces de défense de Kiev. 

En résumé le front russo-républicain, après les initiatives opératives ukrainiennes des fronts Sud et Nord est dans l'attente d'un nouveau changement stratégique pour lequel la Russie, qui veut reprendre une initiative offensive forte sur le terrain, vient d'ouvrir le prologue politique: 


Un prélude politique au "Vent du Nord" 

Souvenons nous qu'après l'échec des dernières actions diplomatiques russes proposant un traité de sécurité collective pour mettre un terme au conflit dans le Donbass et avant d'engager l'option militaire pour contraindre le régime de Kiev à en respecter les principes, une reconnaissance officielle des Républiques de Donetsk et Lougansk a été votée par le parlement russe le 16 février, aussitôt suivi d'un accord d'assistance militaire mutuelle.

Aujourd'hui dans le même souci de préparer le terrain politique et de donner une dimension juridique aux nouvelles opérations militaires qui font probablement fondre sur l'Ukraine prochainement, la Russie avec ses alliés a engagé le processus d'intégration référendaire des républiques populaires de Donetsk et Lougansk, mais aussi des régions de Zaporodje et Kherson. 

Voici le type d'adresse envoyé par les gouvernements de Donetsk et Lougansk ainsi que par les administrations russes de Kherson et Zaporodje, ici le message envoyé par Denis Pushilin, président de la République Populaire de Donetsk :

Cher Vladimir Vladimirovich!


Je vous prie d'envisager l'entrée de la République populaire de Donetsk dans la Fédération de Russie le plus rapidement possible en cas de décision positive à l'issue du référendum, ce dont nous ne doutons pas. Le peuple du Donbass, qui souffre depuis longtemps, méritait de faire partie d'un grand Pays qu'il considérait toujours comme sa Patrie.
Cet événement sera la restauration de la justice historique, dont des millions de personnes russes aspirent à l'avènement.

Denis Pushilin,
Chef De La République Populaire De Donetsk

  1. Des référendums vont donc se dérouler du 23 au 27 septembre dans les territoires de Lougansk; Donetsk, Zaporodje, Kherson concernant le retour de ces territoires historiquement et identitairement russes au sein de la Fédération de Russie.
  2. Les résultats officiels seront annoncés le 28 ou le 29 septembre, après quoi les territoires concernés dont les républiques populaires de Donetsk et Lougansk pourront envoyer un demande officielle d'adhésion à la Russie. 
  3. Le 30 septembre ou le 1er octobre, cette demande pourra être officiellement accordée et les documents pertinents seront signés au Kremlin avec la participation de Poutine, Pouchiline et Pasechnik.

Voici le témoignage de Charles d'Anjou, 
actuellement en reportage sur les fronts 
russo-ukrainiens concernant ces référendums.

L'Institut républicain de Crimée pour la recherche politique et sociologique a mené une enquête auprès de la population des territoires libérés :

Ceux qui sont prêts à participer à un référendum sur l'adhésion à la Russie :
- DPR - 86%,
- LPR - 87%,
- Région de Kherson - 72%,
- Région de Zaporozhye - 83%.
Ceux qui soutiennent l'entrée de leurs régions au sein de la Fédération de Russie :
- RPD - 94%,
- LPR - 93%,
- Région de Kherson - 80%,
- Région de Zaporozhye - 87%.

Voilà le très prochain tracé modifié des frontières entre l'Ukraine et la Russie
Ce tracé inclus du Nord au Sud les Républiques de Donetsk et Lougansk, les régions
de Zaporodje et Kherson, dans leurs territoires contrôlés et ceux encore occupés par Kiev.
Du côté de Moscou

Le président de la Douma a répondu que le parlement soutient le processus de référendum et étudierai à son issue la demande potentielle d'un rattachement à la Fédération de Russie. De son côté, Dimitri Medvedev, ancien président de la Fédération et actuel Vice-président du Conseil de sécurité de Russie à déclaré:

"Les référendums dans le Donbass sont d'une grande importance non seulement pour la protection systémique des habitants de la LNR, de la DNR et d'autres territoires libérés, mais aussi pour le rétablissement de la justice historique."
Ils changent complètement le vecteur du développement de la Russie depuis des décennies. Et pas seulement notre pays. Car après leur mise en place et l'acceptation de nouveaux territoires en Russie, la transformation géopolitique du monde deviendra irréversible.
L'empiètement sur le territoire de la Russie est un crime dont la commission vous permet d'utiliser toutes les forces de légitime défense. Mais il n'est pas moins important qu'après les amendements à la Constitution de notre État, pas un seul futur dirigeant de la Russie, pas un seul fonctionnaire ne puisse revenir sur ces décisions.
C'est pourquoi ces référendums sont si redoutés à Kyiv et en Occident. C'est pourquoi ils doivent être effectués"

Dernière minute !: 

Le Président Vladimir Poutine est intervenu ce 21 septembre pour signifier qu'un décret a été signé, et en vigueur dès de jour, concernant une mobilisation partielle dont les principaux points sont les suivants :

- La mobilisation partielle concerne les réservistes (300 000 pour commencer)

- Les mobilisés avant leurs déploiement recevront une formation militaire complémentaire tenant compte de l'expérience des opérations spéciales en cours

- L'objectif immédiat et la libération complète du Donbass ;

- le statut juridique des volontaires et des milices du Donbass va être défini rapidement

- en cas de menace à l'intégrité territoriale de la Russie, tous les moyens disponibles seront utilisés. 

Du côté de l'OTAN, 

Sur le plan politique, Washington et ses valets ont déjà annoncé qu'ils ne reconnaitraient pas les référendums engagés, ce qui n'est pas surprenant pour ces pseudos "démocraties" qui ne reconnaissent que les référendums qu'ils organisent et à condition que les résultats soient favorables à leurs intérêts ploutocratiques.

Sur le plan militaire c'est une autre affaire car si les territoires concernés demandent leur rattachement à la Russie et que le parlement russe l'accepte, cela signifie que ces régions appartiendront au sanctuaire national de la Fédération et par conséquent bénéficieront de toutes les protections adéquates, y compris celle définie par la nouvelle doctrine d'emploi de l'arme nucléaire dont la dimension défensive sera alors activée pour leurs territoires. 

Si l'OTAN persiste à poursuivre sa cobelligérance, devenue depuis plusieurs mois une belligérance factuelle exponentielle, elle n'aura pas d'autre choix que d'entrer officiellement en guerre avec la Russie en déployant des troupes en Ukraine, d'abord à l'Ouest (bouclier antiaérien puis aérien) puis progressivement vers la ligne de front jusqu'au premier affrontement avec une force russe qui risque de faire déborder le volcan ukrainien dans toute l'Europe, réveillant (enfin) les populations occidentales et les mettant (je l'espère) en face de leur servitude suicidaire !

"Brigitte, fais tes valises, on déménage dans le bunker !"

Car ses territoires de ces régions qui restent à libérer seront alors "de jure" des territoires nationaux russes occupés par une force militaire ennemie. Le 8 juillet dernier, le Président Poutine avait déclaré "nous n'avons pas encore commencé les choses sérieuses". Aujourd'hui, "de facto" les "choses sérieuses" viennent de commencer !

En procédant à nouveau, comme en février, par un processus politique préalable, le président Poutine ne fait pas que jeter les bases juridiques sur lesquelles il va organiser contre  les ukro-atlantistes un nouveau format militaire plus radical, mais aussi il offre une ultime occasion à l'OTAN de jeter l'éponge et de revenir à la raison commune avant que ne claque définitivement la porte des négociations et s'ouvre celle de la guerre totale. 

Là où certains verront une "fuite en avant du président russe" je ne vois que la logique mortifère d'une stratégie atlantiste commencée au lendemain de l'effondrement du bloc soviétique il y a 30 ans et qui,  de crise en intervention armée, de coup d'Etat en conflit militaire, a finalement réussi a pousser la Russie dans ses derniers retranchements d'où depuis février 2022 elle n'a plus d'autre choix que de "ramasser le gant" avant qu'il ne soit trop tard. On ne peut se réjouir de cette cinétique infernale conduisant les peuples dans ce nouveau chaos mondial, car avant que ne se construise (je l'espère de tous mes voeux) un nouveau paradigme multipolaire respectant les diversités humaines, il va nous falloir d'abord affronter les conséquences dramatiques de l'ouverture criminelle de cette boite de Pandore un jour de février.... 2014 sur le Maïdan ! 

La grande inconnue pour les semaines à venir est de savoir quel va être le niveau de réaction de l'OTAN, avec quel statut, et quels moyens. La stratégie habituelle occidentale, qui consiste à jeter de l'huile sur le feu et déclencher des conflits via des idiots utiles et des proxys pour pousser leurs adversaires, dans des réactions en chaîne inévitables, à en porter la responsabilité juridique internationale, risque de n'être pas suffisante pour aider Kiev. Soit les faucons de Washington jettent l'éponge, soit ils assument leur stratégie et déclarent la guerre à Moscou, avec toutes les conséquences que cela comporte. 

Pour conclure, et même s'il reste du chemin à parcourir pavé de sang et de larmes, je partagerai ici cette chanson d''espoir et de joie interprété par Natalia Kachura et Margarita Lisovina, deux artistes de Donetsk qui incarnent ce peuple héroïque du Donbass qui depuis 8 années se bat et souffre le martyr pour gagner sa liberté et son retour au sein de la Mère Patrie !

Erwan Castel

mercredi 21 septembre 2022 Conflit en Ukraine : Poutine vient d'annoncer la mobilisation partielle

source :  https://russiepolitics.blogspot.com/2022/09/conflit-en-ukraine-poutine-vient.html


Hier, sur fond d'annonce de l'organisation des référendums ces jours-ci concernant l'entrée dans la Fédération de Russie non seulement des républiques indépendantes de Donetsk et Lougansk, mais également des régions de Kherson et de Zaporojié, contrôlées par la Russie, une adresse de Poutine à la Nation a également été annoncée. Elle a eu lieu ce matin et change radicalement le visage de ce conflit. Dans tous les cas, l'Opération militaire spéciale prend fin, la Russie prend sérieusement en charge la défense de son intégrité territoriale sur un front de près de 1 000 km. La mobilisation partielle est annoncée. L'histoire reprend son cours.

Ce matin, à 9h, Poutine s'est adressé à la Nation, pour annoncer les pas qu'il estime absolument nécessaire, je cite, pour protéger la souveraineté, la sécurité nationale et l'intégrité territoriale de la Russie, face à la politique agressive menée par les élites atlantistes. Regardez ici (en russe) :


Quatres éléments particulièrement importants sont ici à retenir.

Tout d'abord, la Russie va garantir la sécurité de l'organisation des référendums et reconnaître leurs résultats dans les territoires de DNR, LNR, de la région de Kherson et de la région de Zaporojié (sur la partie du territoire, qui est contrôlée par la Russie, sachant que la région vient de rompre toutes relations avec l'Ukraine). Comme l'a déclaré Poutine :
«Nous savons que la majorité des personnes vivant dans les territoires libérés des néonazis, qui sont les terres historiques de Novorossia, ne veulent pas être sous le joug du régime néonazi. A Zaporozhye, dans la région de Kherson, à Lougansk et à Donetsk, ils ont vu et voient les atrocités commises par les néo-nazis dans les zones occupées de la région de Kharkov ».

Le clan atlantiste est immédiatement monté au créneau pour déclarer que ces référendums sont illégaux et leurs résultats ne seront pas reconnus. Le fait que l'OTAN, les Etats-Unis et leurs pays satellites comme la France ou l'Allemagne, ne reconnaissent pas les résultats des referendums, qui se tiendront entre le 23 et le 27 septembre, n'a in fine aucune incidence, en dehors du discours médiatique : ces referendums sont le socle de la légitimité intérieure pour l'intégration de ces territoires, selon la volonté des populations y vivant, dans le cadre de la Fédération de Russie. Ce qui est l'essentiel pour la vie des personnes, y vivant.

Cette démarche est juridiquement fondée, puisque l'Ukraine comme Etat n'existe plus depuis 2014, en raison du dysfonctionnement de ses institutions, de la non-effectivité systémique de son ordre juridique et de sa condition de protectorat altantiste. Or, un Protectorat ne peut être un pays souverain. Or, un Etat ne peut être que souverain, sinon il n'est pas. Par ailleurs, la Russie étant, elle un pays souverain a parfaitement le droit de déterminer ses frontières et les conditions d'intégration d'autres territoires. Un Etat n'existe pas parce qu'il plait ou non à la communauté internationale, ces dernières années nous avons totalement basulé dans la pensée globaliste, la Russie reste attachée aux fondamentaux, à la pensée juridique classique. Et en cela, elle est légitime. Matvienko, la présidente du Sénat russe, a déjà annoncé que suite aux résultats des référendums, si leur entrée dans la Fédération de Russie est votée, alors le Conseil de la Fédération mettra tout en oeuvre pour que cela soit réalisé au plus vite.

L'urgence est celle de la protection des populations, qui passent ainsi directement sous protection russe. Comme l'a déclaré Kossatchev, le vice Président du Conseil de la Fédération, après les référendums, toute attaque contre ces territoires sera considérée comme une attaque contre la Russie, avec toutes les conséquences que cela entraîne. Ce qui devrait faire réfléchir.

Ensuite, Vladimir Poutine a annoncé une unification de l'armée, une unification du statut des différentes composantes et surtout leur prise en charge centralisée logistique. Cette décision est fondamentale pour renforcer l'effectivité de l'armée.

Un troisième point a particulièrement été pointé en Occident : face aux menaces toujours plus grandissantes, contre la sécurité des personnes et du territoire national, la Russie est prête à utiliser toutes les armes dont elle dispose, selon la doctrine militaire établie, ce qui concerne également les armes nucléaires. Et Poutine de souligner, que l'Occident collectif peut être certain du sérieux des intentions de la Russie. Le ton a réellement changé et Poutine vient d'acter la fin de l'Opération militaire spéciale :

«Notre pays dispose aussi de divers armes de destruction, parfois plus modernes que ceux des pays de l'OTAN.

En cas d'une menace pour l'intégrité territoriale de notre pays, pour protéger la Russie et notre peuple, nous utiliserons tous les moyens, ce n'est pas du bluff.

Ceux qui essaient de nous faire du chantage avec des armes nucléaires devraient savoir que la rose des vents peut aussi tourner dans leur direction »

La Russie n'a plus l'intention de retenir ses forces et assume la dissuasion réelle. Surtout que, comme l'a déclaré Choïgu, le ministre russe de la Défense, elle cible désormais son véritable ennemi : "la Russie ne se bat pas tant contre l'Ukraine, que contre "l'Occident collectif".

Le dernier point est celui de la mobilisation partielle du pays, pour laquelle Poutine a déjà signé l'oukase. Le front aujourd'hui est de plus de 1 000 km rappelle-t-il et les différentes offensives menées et organisées sous commandement des forces de l'OTAN montrent que l'Ukraine sera utilisée jusqu'au bout et encore pour attaquer le Donbass, et pour attaquer le territoire russe en Crimée. L'on peut ajouter que, dans ce cas, l'armée atlantico-ukrainienne ne s'arrêterait pas à la Crimée, ce que Poutine a laissé sous-entendre. Dans ces conditions, la mobilisation partielle du pays est nécessaire. Sa partialité permet de ne pas rompre l'équilibre avec les pays de l'OTAN, tout en renforçant le potentiel militaire actif, puisque l'accent est mis sur les personnes ayant une formation et une expérience militaire, c'est-à-dire pouvant être opérationnelles immédiatement. Le texte de l'oukase publié sur le site du Kremlin énonce ceci :

"1. D'annoncer une mobilisation partielle en Fédération de Russie à partir du 21 septembre 2022.

2. Réaliser l'appel des citoyens de la Fédération de Russie au service militaire pour la mobilisation dans les Forces armées de la Fédération de Russie. Les citoyens de la Fédération de Russie appelés au service militaire par mobilisation ont le statut de personnel militaire servant dans les Forces armées de la Fédération de Russie en vertu d'un contrat.

3. Établir que le niveau de rémunération des citoyens de la Fédération de Russie appelés au service militaire par mobilisation dans les Forces armées de la Fédération de Russie correspond au niveau de rémunération des militaires servant dans les Forces armées de la Fédération de Russie en vertu d'un contrat .

4. Les contrats de passage au service militaire conclus par les militaires restent valables jusqu'à la fin de la période de mobilisation partielle, à l'exception des cas de renvoi des militaires du service militaire pour les motifs établis par le présent décret."

Faisons ici une remarque : ces "contrats" ne sont donc plus à durée déterminée, ils servent de cadre juridique pour la prise en charge, la détermination du statut et la rémunération - pour le temps de la mobilisation, c'est-à-dire le temps de la guerre. Nous sortons de la logique du "volontariat" et l'Etat reprend le contrôle de la situation. Les fondements pour la rupture du service sont établis ainsi :

"5. Établir pendant la période de mobilisation partielle, les fondements suivants pour le renvoi du service militaire des militaires effectuant leur service en vertu d'un contrat, ainsi que des citoyens de la Fédération de Russie, appelés au service militaire pour la mobilisation dans les forces armées de la Fédération de Russie :

a) par âge - après avoir atteint la limite d'âge pour le service militaire;

b) pour des raisons de santé - dans le cadre de leur reconnaissance par la commission médicale militaire comme inapte au service militaire, à l'exception des militaires qui ont exprimé le souhait de poursuivre leur service militaire à des postes militaires pouvant être remplacés par le personnel militaire spécifié ;

c) dans le cadre de l'entrée en vigueur d'un verdict de justice sur l'imposition d'une peine d'emprisonnement."

Le Gouvernement doit mettre en oeuvre immédiatement l'oukase, qui est entré en vigueur aujourd'hui, au jour de sa publication :

"6. Au Gouvernement de la Fédération de Russie :

a) financer des activités de mobilisation partielle ;

b) prendre les mesures nécessaires pour répondre aux besoins des Forces armées de la Fédération de Russie, des autres troupes, formations et corps militaires pendant la période de mobilisation partielle.

8. Les plus hauts fonctionnaires des entités constitutives de la Fédération de Russie assurent la conscription des citoyens pour le service militaire en vue de leur mobilisation dans les forces armées de la Fédération de Russie en nombre et dans les délais déterminés par le ministère de la Défense de la Fédération de Russie. pour chaque entité constitutive de la Fédération de Russie.

9. Accorder aux citoyens de la Fédération de Russie travaillant dans des organisations du complexe militaro-industriel le droit de surseoir à la conscription pour le service militaire de mobilisation (pour la période de travail dans ces organisations). Les catégories de citoyens de la Fédération de Russie, qui bénéficient du droit d'ajournement, et la procédure d'octroi sont déterminées par le gouvernement de la Fédération de Russie.

10. Le présent décret entre en vigueur à compter du jour de sa publication officielle."

Saint-Pétersbourg vient déjà d'établir une commission de conscription, ainsi que Sebastopol. Le ministre de la Défense, Choïgu, a précisé qui était concerné. Tout d'abord, il faut précisé que la Russie bénéficie d'une réserve de mobilisation phénoménale (25 millions de personnes), actuellement 300 000 réservistes seront concernés, selon les critères suivants :

"- ce ne sont que ceux qui ont servi, ont une spécialité militaire, c'est-à-dire la spécialité dont on a besoin aujourd'hui dans les forces armées et qui ont une expérience de combat;

- on ne parle pas d'une quelconque mobilisation des étudiants, qui étudient dans les universités ;

- dans le cadre de la mobilisation, environ 1% de la ressource de mobilisation sera engagée;

- les appelés ne seront pas envoyés dans la zone de combat"

L'histoire ne s'arrête pas, elle semble parfois suspendue, mais obligatoirement elle reprend son cours. Aussi, c'est le cas. A chacun de nous de faire son choix, car notre choix fait l'histoire. Dans quel monde voulons-nous vivre ? Le temps de la confortable neutralité est définitivement passé. 

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Le Temps suspendu

Source :  https://www.dedefensa.org/article/le-temps-suspendu

21 serptembre 2022 (14H45) – Il est arrivé à plus d’une reprise que l’on évoque sur ce site l’idée générale exposée par Justin Raimondo le 10 septembre 2011, selon laquelle l’attaque du 11-septembre, 10 ans plus tôt, avait fait « un trou dans le continuum Espace-Temps » par lequel ce qu’il nommait ‘Bizarro world’ (en référence à une expression employée par les ‘comics’ américains, notamment dans le registre de la ‘fantasy’) avait commencé à pénétrer dans notre univers. Cela donnait à peu près ceci :

« ‘Bizarro World’, – vous vous souvenez de votre jeunesse passée à lire des bandes dessinées, où il y avait, – où il y a, – un univers alternatif dans lequel les lois de la raison et de la logique sont renversées : l'eau coule en amont, la droite a tort, la gauche a raison, et le FBI, au lieu de protéger la sécurité nationale, est déterminé à la violer.

"Cela est parfaitement une ‘Bizarro-perception’ : dans notre univers, nous n’y sommes normalement pas soumis. Cependant, comme je l’ai déjà noté à plusieurs, la force terrifiante des explosions qui ont fait s’effondrer le World Trade Center a ouvert un trou dans le continuum Espace-Temps, de sorte que le ‘Bizarro World’ a “pénétré” dans notre propre univers, et s'en empare peu à peu. »

Cette idée doit été élargie pour échapper au seul événement du 11-septembre, et pour caractériser une succession d’événements survenus depuis, qui apparaissent chaque fois, notamment dans le formidable tintamarre de la communication, comme à nouveau une pénétration dans notre univers de quelque chose d’extérieur, par ce « trou dans le continuum Espace-Temps ». Ainsi en a-t-il été de certains événements comme nous les avons subis, dans la surprise, le désordre, la terreur, l’ivresse, le chaos : aussi bien et entre autres événements, la fuite de Snowden, le coup d’État de Kiev de février 2014 enclenchant un univers d’une folie déterministe-narrativiste qui a totalement infecté notre perception, l’intervention russe en Syrie, l’élection de Trump, les ‘Gilets-Jaunes’,  l’incendie de Notre-Dame, le “Covid19-nous sommes en guerre”, l’attaque russe du 24 février.

Il ne s’agit pas, chaque fois, de reprendre tout à zéro pour à nouveau l’usage du « trou dans le continuum Espace-Temps », mais bien d’un empilement d’incursions par ce moyen. Chaque fois, si nous avons bien entendu des explications rationnelles par ailleurs, conformistes ou complotistes qu’importe, il y a absolument une part d’inattendu et d’inexplicable. De là ma conviction souvent répété qu’on se trouvait là devant des événements “du-dehors”, répondant à des forces inconnues et supérieures à nous. Les hommes y tiennent leur rôles, ce qui suffit à certains pour tout expliquer, mais je les apprécie pour mon compte comme des figurants, des acteurs au mieux, suivant une trame qui vient d’“en-dehors” d’eux.

On comprend que je n’hésite pas une seconde à placer dans cette “catégorie” ce qui se passe depuis hier dans le cadre d’‘Uktisis’ (référendums dans les territoires du Donbass, rattachement annoncé à la Fédération de Russie, discours de Poutine annonçant une mobilisation partielle [300 000 réservistes sur les 25 millions mobilisables], – et les innombrables réactions dans tous les sens, où il est impossible de distinguer un sens général pour l’instant). On voit que je me contente de m’arrêter à l’exceptionnalité de l’événement et nullement à ses conséquences possibles, – par exemple, mais exemple présent dans bien des esprits, la perspective d’une Troisième Guerre Mondiale, comme le laisse entendre le président serbe Aleksandar Vuciv :

« ... Et maintenant, la question est de savoir où se situe la limite, et si après un certain temps, – peut-être un mois ou deux, même, – nous allons entrer dans un grand conflit mondial jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. »

... Ou bien encore, ce constat évident et sans appel de Larry Johnson :

« Nous sommes en train de franchir un seuil qui pourrait dégénérer en troisième guerre mondiale. Je suis certain que Vladimir Poutine ne bluffe pas ni ne manœuvre. Il n'est pas Joe Biden. Il ne tient pas de propos inconsidérés et ne profère pas de menaces en l'air. Du point de vue russe, l'existence même de la Russie est en jeu. »

Il doit être bien compris que je suis complètement et plus que jamais en accord avec toutes les conceptions et convictions qui ont guidé depuis l’origine, — j’insiste bien là-dessus : “depuis l’origine”, – le travail de ce site. En conséquence de quoi, je me refuse, non pas tant à faire une prévision, – ce refus va de soi, – mais au-delà, je me refuse à considérer les seuls éléments “terrestres“ de la situation pour quelque attitude que ce soit, – refuser de faire toute prévision, ou au contraire s’y risquer. Je pense que personne, absolument personne et en aucune façon, n’aurait pu non seulement prévoir, mais seulement imaginer, le 11 septembre 2001 alors que s’ouvrait le très-grand « trou dans le continuum Espace-Temps », que nous nous trouverions où nous sommes aujourd’hui ; c’est-à-dire hystériquement et quasiment sans y prendre garde sur la voie d’un risque extrêmement sérieux de conflit nucléaire au milieu d’une économie en cours d’effondrement, et que l’on pourrait croire que ce serait du seul fait de la politique des hommes, – de cette sorte d’hommes qui, aujourd’hui, ne savent plus ce qu’est la politique (ni les armes nucléaires, d’ailleurs..).

Qui aurait pu prévoir de tels prolongements, tant cela est tout simplement impossible en s’en tenant aux seuls actes humains, fussent-ils les plus pervers et les plus stupides du monde ? Non, il faut une “aide extérieure” à l’homme pour rassembler tant de perversité et de bêtise et les faire tenir ensemble, et qu’elles accouchent du monstre qu’est notre-monde...

(Regardez tous les événements, disons depuis 1945 ou depuis 1918, jusqu’au 11-septembre : ma conviction est que, s’il y a des surprises, des événements extraordinaires, etc., je crois pourtant qu’ils sont en accord avec ce que Raimondo nommait « les lois de la raison et de la logique », fussent-elles la logique de la perversité humaine où la raison-subvertie de l’homme pour se soumettre au Mal. Aucune intervention extérieure à l’homme n’est impérative dans ce déroulement. Ce n’est plus le cas depuis le 11-septembre.)

Bien entendu, j’ajouterais un autre facteur qui m’est extrêmement cher : l’importance absolument essentielle, au point qu’on la qualifierait d’indirectement métaphysique dans ses effets, de la puissance de la communication nécessairement considérée dans toutes ses facettes, et particulièrement dans son “effet-Janus”. Je ne parle pas ici du contenu informationnel directement considéré de la communication, mais bien du brouhaha, du tintamarre formidable de la communication avec ses effets sur la psychologie. Si vous suivez le travail standard d’un commentateur, vous entendez ce brouhaha-tintamarre allant dans tous les sens, vous n’entendez plus que cela et, bientôt, vous comprenez que le principal est l’effet de masse, bien plus que telle, ou telle, ou telle, ou telle information diffusée par la communication.

C’est à cela, à l’effet de masse qu’est soumise la psychologie, et croyez bien que vous n’en pouvez distinguer ni le sens, ni l’interprétation, ni les conséquences... C’est à ce point, dans de telles circonstances et dans une telle période, que, à mon sens, des forces extérieures (aux hommes) agissent, et elles savent bien dans quel sens elles agissent et veulent agir. En déduiriez-vous que je pense que l’homme “est agi” plus qu’il n’agit ? “Dans de telles circonstances et dans une telle période”, lorsque l’histoire se fait métahistoire, lorsque la tactique basse produite par l’histoire courante laisse la place à la haute stratégie qui est la production évidente de la métahistoire, vous n’auriez pas tort.

Ce n’est pas pour autant que je dénie que l’homme ait en lui un besoin de rencontrer une sorte de “gloire céleste”, comme il est dit dans cet extrait de ‘La Grâce de l’Histoire’. Par conséquent il lui sera beaucoup pardonné, et s’il montre ainsi beaucoup d’humilité c’est alors qu’on pourra dire qu’il est doté d’une très grande sagesse...

« Cela, nous offrant cette lumière si particulière [...] devient alors un choc d’une puissance inouïe qui doit rompre, mais aussi un choc qui ne se contenterait pas de tenter d’influer sur le déroulement normal de l’Histoire, qui aurait l’ambition de constituer une intrusion majeure en elle-même, dans cette Histoire et dans le destin de notre aventure, pour une subversion également majeure à son profit par un changement d’orientation significatif et impératif ; “a hole in the space-time continuum…” ; comme si la force ajoutée au choc entendait installer par la pression formidable qu’elle impos[e] aux conditions courantes, y compris ce que Raimondo nomme “le continuum espace-temps”, des conditions nouvelles pour imposer sa métaphysique, – la métaphysique de force, comme nous l’avons identifiée… […]

» Il y a peut-être eu le percement furieux d’un “trou” dans ce qu’il reste d’ordre du monde, dans le “continuum espace-temps”, mais c’est pour laisser s’y glisser bien autre chose que l’accomplissement du triomphe du Système, ou du “déchaînement de la Matière” ; ce qui jaillit par ce “trou”, au contraire, ce sont les conditions générales de la crise ultime et d’effondrement du Système. […]

» Nous nous rapprochons du moment décisif où la rupture nous détachera de cette entreprise terrestre qu’a été jusqu’ici notre récit, entreprise terrestre par laquelle nous cherchons, nous, à percer notre trou dans le “continuum histoire-temps”, pour nous détacher des dernières influences du “déchaînement de la Matière” et enfin espérer embrasser l’entièreté sublime de l’intuition haute. Nous marchons comme des gueux affamés, comme des guerriers las des batailles terrestres et assoiffés de gloire céleste, comme des sages épuisés par ce temps de l’ignominie et guidés par l’antique sagesse. Nous sommes transis d’angoisse mais n’avons peur de rien, portant notre destin comme une croix et portant cette croix comme s’il s’agissait d’une plume... »

En conséquence de quoi rien n’est dit ni écrit que nous sachions nécessairement lire et entendre. Nous n’avons pas la maîtrise du monde. “Dans de telles circonstances et dans une telle période”, nous ne pouvons qu’assurer notre veille vigilante et observer le terrible spectacle du monde.