"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
dimanche 8 décembre 2024
Roumanie, un coup d’Etat judiciaire?
Ecoutez bien! Cela se passe tout près de chez vous…
L'annulation des élections roumaines et sa signification, par Slobodan Despot.
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L’Orient-compliqué et la catastrophe moderniste
Source : https://www.dedefensa.org/article/lorient-complique-et-la-catastrophe-moderniste
• Damas est tombé... • Le choc a été à mesure de la rapidité qui y a conduit, à cause de l’effondrement d’une armée syrienne qu’on s’était accoutumé à juger très efficace et souvent héroïque. • Désormais, c’est un groupe djihadiste, HTS, commandité par la Turquie et soutenu par Israël et les USA, qui tient la Syrie . • L’ancien diplomate britannique Craig Murray fait un article sur cette affaire, à partir de Beyrouth où il séjourne. • L’événement, énorme du point de vue de la communication, est peut-être d’importance moindre qu’il eût été il y a dix ans, au sommet de la guerre de 2012-2019.
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Nous nous sommes dit “au début” de l’actuelle phase-éclair qu’il
faudrait bien parler de la Syrie, après avoir aussitôt constaté qu’il
serait bien difficile d’en dire quelque chose de nouveau dans les
premiers jours. Comme dit la chanson : « C’est comme si out recommençait »...
Nous voulons dire, cette fausse-vraie “guerre” sans fin de Syrie,
comment ajouter des commentaires originaux, constructifs dans ce drame
sans fin ? Donc, laisser passer les premiers jours pour laisser
s’éclaircir la situation... A la surprise générale devant la dissolution
complète de l’armée syrienne qu’on avait vue si ardente entre 2012 et
2019, il s’est avéré tant les choses s’enchaînèrent littéralement à la
vitesse de l’éclair, que les “premiers jours” pouvaient plus justement
se nommer “les derniers jours”. Hier soir les djihadistes du groupe HTS
entraient dans Damas....
Mais d’autre part, nous sommes en 2024 et non plus en 2011-2019. Dieu, qu’il s’est passé tant de choses, d’événements, d’incidents, durant ces cinq années entre 2019 et 2024 ! Ce qui apparaît sûrement comme la même chose au premier coup d’œil (la même guerre qu’en 2012-2019) se révèle également, dans les moments qui suivent et permettent un peu de réflexion, comme une chose complètement différente, n’est-ce pas juste ?
Pour cette raison, rien ne s’est passé comme ce qui s’était passé, en Syrie, entre 2011 et 2019. Le texte ci-dessous de l’ancien diplomate britannique Craig Murray nous donne une explication et un éclairage sur tous les événements en cours, et une thèse sur leur probable effet de bouleversement à venir de la zone, avec la disparition de cette merveille de pluralisme, quel que fut l’“infâme dictateur” en place, qui subsistait au cœur de ce Moyen-Orient étouffé par les radicalismes religieux. Craig Murray est un homme d’honneur et un professionnel ; diplomate en poste d’ambassadeur, il eut le courage de démissionner parce que son gouvernement lui interdisait de protester contre les pratiques de torture connues de tous du fait du gouvernement du pays d’accueil.
Murray, qui a ouvert son propre site, nous donne un long article à partir d’un séjour qu’il effectue au cœur de la mêlée, à Beyrouth. Il le dit et il l'a siouvent écrit, il n'était certainement pas un partisan d'Assad mais il sait faire la différence entre le Mal accidentel ou occasionnel et le Mal substantiel que porte la modernité poussée à l'extrême de soin simulacre de carnaval comme elle le fut et l'est pour discréditer Assad. Ce qu’écrit Murray se résume ainsi alors que vont sans doute se former deux voisins qui ont fait alliance pour conquérir Damas mais se déchireront bientôt : le Grand Israël des extrémistes de Netanyahou et le Grand Califat de Syrie mis en place par le groupe HTS des esxtrémistes djihadistes :
« Ce sont les États-Unis qui promeuvent la cause de l’extrémisme religieux et de la fin, partout au Moyen-Orient, d’un pluralisme sociétal semblable aux normes occidentales. C’est bien sûr une conséquence directe de l’alliance des États-Unis avec les deux centres de suprématie religieuse que sont Israël et l’Arabie saoudite.
» Ce sont les États-Unis qui détruisent le pluralisme, et c’est l’Iran et ses alliés qui le défendent. Je n’aurais pas vu cela clairement si je n’étais pas venu ici. Mais une fois vu, c’est d’une évidence aveuglante. »
Quel bouleversement exactement ?
En nous appuyant sur l’hypothèse de Craig Murray, que peut-on déduire pour la situation générale métapolitique et pour la GrandeCrise ?
• D’une façon générale, cette transformation radicale du Moyen-Orient devrait être beaucoup moins importante qu’elle aurait été si elle avait eu lien en 2012-2015. Le Moyen-Orient n’est plus le centre fondamental de cette situation générale même s’il joue un rôle important au niveau énergétique. D’ailleurs, dans ce domaine, il n’sst nullement assuré que le bouleversement aura un effet déstabilisateur considérable.
• Au contraire, cette évolution rend encore plus importante les autres centres de crise qui ont acquis une singulière importance ces dix dernières années, – essentiellement la guerre en Ukraine et l’hostilité avec la Chine.
|• Les Etats-Unis sont dans une phase de transformation radicale qui ne cesse de se renforcer à la veille de l’arrivée au pouvoir de Trump. Celui-ci a fait un long message sur la chute de la Syrie où il a repris tous les refrains attristants du simulacre US sur Assad, la Russie et le reste (très attristant pour ses partisans) mais où il termine par cette affirmation capitale qui montre la nécessité où il se trouve de réformer ses services de renseignement totalement impliqués, dans l’aventure, – comme d’habitude :
« La Syrie est un désastre, mais elle n’est pas notre amie, ET LES ÉTATS-UNIS NE DEVRAIENT RIEN AVOIR À VOIR AVEC ELLE. CE N’EST PAS NOTRE COMBAT. LAISSONS-LE SE DÉROULER. NE VOUS IMPLIQUEZ PAS ! »
• La Russie justement... Elle n’a rien voulu faire ou rien pu faire ? Selon Mercouris, il y a d’une part une inattention de la Russie depuis quatre ans parce qu’elle est complètement tournée vers l’Ukraine et le continent eurasiatique. D’autre part et surtout, la Russie a réagi avec fureur et dégoût devant la conduite de l’armée syrienne et les partisans de désengagement ont facilement convaincu le pouvoir à Moscou : “Si ces gens ne sont pas capables de se battre pour leurs terres, ce n’est pas nous qui le feront”. Cette explication est plus acceptable qu’une Russie impuissante à agir à cause de ses pertes en Ukraine (Trump a repris le chiffre absolument hallucinant de 600 000 morts russes !). Même les bases russes et Syrie ne sont pas vitales, d’autant qu’un pays comme l’Algérie est prêt à un arrangement avec les Russes. Plus encore, le missile ‘Orechnik’, qui fascine Poutine au-delà de tout par ses capacités, représente le moyen du futur de la projection de puissance sans risque de nucléaire.
• C’est bien l’essentiel pour nous : le terrible choc au Moyen-Orient aura comme effet de montrer que le centre, ou les centres de la GrandeCrise, les principales subcrises, ne passent plus par cette région. L’un des principaux effets se trouvera dans certains comptes qui devront être réglés comme, par exemple, l’entrée de la Turquie dans les BRICS, où la Russie tient un rôle central.
L’article de Craig Murray
Publié sur son site, l’article de Craig Murray « La fin du pluralisme au Moyen-Orient » du 6 décembre 2024 est repris par Eric Zuesse sur ‘TheDuran’. On le prendra comme la description attristée de l’effondrement des valeurs de pluralisme que l’Occident voulaient installer dans cette région ; c’est-à-dire le contraire exactement de toutes les salades que la presseSystème s’est empressée de touiller à notre intention.... Autrement dit, la chose fait partie du mouvement général de l’effondrement de notre-civilisation.
dedefensa.org
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La fin du pluralisme au Moyen-Orient
Un véritable changement sismique se produit au Moyen-Orient à une vitesse fulgurante. Au cœur de ce pacte se trouve un pacte avec le diable : la Turquie et les États du Golfe acceptent l’annihilation de la nation palestinienne et la création d’un Grand Israël, en échange de l’annihilation des minorités chiites de Syrie et du Liban et de l’imposition du salafisme [fondamentalisme sunnite] dans tout le monde arabe oriental.
Cela signifie également la fin pour les communautés chrétiennes du Liban et de Syrie, comme en témoignent le démantèlement de toutes les décorations de Noël, la destruction de tous les alcools et l’imposition forcée du voile aux femmes à Alep.
Hier, des avions de combat air-sol américains Warthog ont attaqué et sévèrement réduit les renforts qui, à l’invitation du gouvernement syrien, étaient en route vers la Syrie depuis l’Irak. Les frappes aériennes israéliennes quotidiennes et constantes sur les infrastructures militaires syriennes depuis des mois ont été un facteur majeur de la démoralisation et de la réduction des capacités de l’armée arabe syrienne du gouvernement syrien, qui s’est tout simplement évaporée à Alep et Hama.
Il est très difficile d’envisager un retournement de situation en Syrie. Les Russes doivent maintenant renforcer massivement leurs bases syriennes avec des troupes au sol ou les évacuer. Face aux exigences de l’Ukraine, ils pourraient choisir la deuxième option, et on rapporte que la marine russe a déjà quitté Tartous.
La rapidité avec laquelle la Syrie s’effondre a pris tout le monde par surprise. Si la situation ne se stabilise pas, Damas pourrait être assiégée et l’EI de retour sur les collines au-dessus de la vallée de la Bekaa d’ici une semaine, compte tenu de la vitesse de son avancée et des courtes distances impliquées.
Une nouvelle attaque israélienne sur le Sud-Liban, qui coïnciderait avec une invasion salafiste de la vallée de la Bekaa, semblerait alors inévitable, car les Israéliens souhaiteraient évidemment que leur frontière avec leur nouveau voisin de la Grande Syrie, de type taliban, soit aussi au nord que possible. Ce pourrait être une course pour Beyrouth, à moins que les Américains n’aient déjà organisé qui l’obtiendrait.
Ce n’est pas une coïncidence si l’attaque contre la Syrie a commencé le jour du cessez-le-feu entre le Liban et Israël. Les forces djihadistes ne veulent pas être vues comme combattant aux côtés d’Israël, même si elles combattent des forces qui ont été bombardées sans relâche par Israël, et dans le cas du Hezbollah, qui sont épuisées par le combat contre Israël.
Le Times of Israel n’a aucun scrupule à dire à haute voix la partie silencieuse, contrairement aux médias britanniques.
En fait, les médias israéliens disent beaucoup plus de vérité sur les forces rebelles syriennes que les médias britanniques et américains en ce moment. Voici un autre article du Times of Israel :
Alors que HTS a officiellement fait sécession d’Al-Qaïda en 2016, il reste une organisation djihadiste salafiste désignée comme organisation terroriste aux États-Unis, dans l’UE et dans d’autres pays, avec des dizaines de milliers de combattants.
Sa montée soudaine fait craindre qu’une éventuelle prise de contrôle de la Syrie ne transforme le pays en un régime islamiste de type taliban – avec des répercussions pour Israël à sa frontière sud-ouest. D’autres, cependant, voient l’offensive comme une évolution positive pour Israël et un nouveau coup porté à l’axe iranien dans la région.
Comparez cela avec les médias britanniques, qui, du Telegraph à l’Express en passant par le Guardian, ont promu le récit officiel selon lequel non seulement les mêmes organisations, mais aussi les mêmes personnes responsables de tortures et d’exécutions de masse de non-sunnites, y compris des journalistes occidentaux, sont désormais des libéraux câlins.
Cela n’est nulle part plus évident que dans le cas d’Abu Mohammad Al-Jolani, parfois orthographié Al-Julani ou Al-Golani, qui est maintenant présenté dans les médias occidentaux comme un dirigeant modéré. Il était le chef adjoint de l’EI, et la CIA a mis sa tête à prix de 10 millions de dollars ! Oui, c’est la même CIA qui le finance, l’équipe et lui fournit un soutien aérien.
Les partisans des rebelles syriens tentent toujours de nier qu’ils bénéficient du soutien israélien et américain – malgré le fait qu’il y a près de dix ans, un témoignage public au Congrès américain a déclaré que, jusqu’à ce moment-là, plus d’un demi-milliard de dollars avaient été dépensés pour aider les forces rebelles syriennes, et que les Israéliens ont ouvertement fourni des services médicaux et autres aux djihadistes ainsi qu’un soutien aérien efficace.
L’une des conséquences intéressantes de ce soutien conjoint de l’OTAN et d’Israël aux groupes djihadistes en Syrie est une nouvelle perversion de l’État de droit national. Prenons l’exemple du Royaume-Uni : en vertu de l’article 12 de la loi sur le terrorisme, il est illégal d’exprimer une opinion qui soutient, ou pourrait conduire quelqu’un d’autre à soutenir, une organisation interdite.
L’abus de cette disposition par la police britannique pour persécuter les partisans palestiniens qui auraient encouragé le soutien aux organisations interdites Hamas et Hezbollah est notoire, et même des références indirectes conduisent à des arrestations. Sarah Wilkinson, Richard Medhurst, Asa Winstanley, Richard Barnard et moi-même sommes tous des victimes notables, et la persécution a été grandement intensifiée par Keir Starmer.
Pourtant, Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS) est également un groupe interdit au Royaume-Uni. Mais les médias grand public britanniques et les médias musulmans britanniques font ouvertement la promotion et l’éloge de HTS depuis une semaine – franchement beaucoup plus ouvertement que je n’ai jamais vu quelqu’un au Royaume-Uni soutenir le Hamas et le Hezbollah – et pas une seule personne n’a été arrêtée ou même avertie par la police britannique.
C’est en soi la plus forte indication que les services de sécurité occidentaux sont entièrement derrière l’attaque actuelle contre la Syrie.
Pour mémoire, je pense que c’est une loi épouvantable, et personne ne devrait être poursuivi pour avoir exprimé une opinion dans un sens ou dans l’autre. Mais l’application politiquement biaisée de la loi est indéniable.
Lorsque l’ensemble des médias d’entreprise et d’État occidentaux (presseSystème) diffusent un récit unifié selon lequel les Syriens sont ravis d’être libérés par HTS de la tyrannie du régime Assad – et ne disent absolument rien de la torture et de l’exécution des chiites qui s’ensuivent, ni de la destruction des décorations et des icônes de Noël – il devrait être évident pour tout le monde d’où cela vient.
Et pourtant – et c’est une autre répercussion intérieure au Royaume-Uni – un nombre très important de musulmans au Royaume-Uni soutiennent HTS et les rebelles syriens, en raison du financement injecté dans les mosquées britanniques par des sources salafistes saoudiennes et émiraties. Cela est lié à l’influence des services de sécurité britanniques également exercée par l’intermédiaire des mosquées, à la fois par des programmes de parrainage et des « think tanks » bénéficiant aux dirigeants religieux approuvés, et par l’exécrable programme coercitif Prevent.
Les médias musulmans britanniques qui se sont montrés ostensiblement pro-palestiniens – comme Middle East Eye et 5 Pillars – soutiennent avec enthousiasme les alliés syriens d’Israël dans leur volonté de détruire la résistance au génocide des Palestiniens. Al Jazeera alterne entre des articles détaillant les massacres effroyables en Palestine et des articles vantant les mérites des rebelles syriens qui ont instauré un régime allié à Israël en Syrie.
Parmi les mécanismes qu’ils emploient pour concilier ces deux réalités, ils refusent de reconnaître le rôle vital de la Syrie dans la fourniture d’armes iraniennes au Hezbollah. Ces livraisons sont désormais interrompues par les djihadistes, pour le plus grand plaisir d’Israël, et en conjonction avec les frappes aériennes israéliennes et américaines.
En fin de compte, pour de nombreux musulmans sunnites, tant au Moyen-Orient qu’en Occident, l’attrait semble être plus fort de la haine sectaire envers les chiites et de l’imposition du salafisme que d’empêcher la destruction définitive de la nation palestinienne.
Je ne suis pas musulman. Mes amis musulmans sont presque tous sunnites. Personnellement, je considère que la division persistante autour de la direction de la religion il y a plus d’un millénaire est profondément inutile et constitue une source de haine continue et inutile.
Mais en tant qu’historien, je sais que les puissances coloniales occidentales ont consciemment et explicitement utilisé la division entre sunnites et chiites pendant des siècles pour diviser et régner. Dans les années 1830, Alexander Burnes rédigeait des rapports sur la façon d’utiliser la division du Sind entre dirigeants chiites et populations sunnites pour aider l’expansion coloniale britannique.
Le 12 mai 1838, dans sa lettre de Simla exposant sa décision de lancer la première invasion britannique de l’Afghanistan, le gouverneur général britannique Lord Auckland a inclus des plans pour exploiter la division chiite/sunnite au Sind et en Afghanistan pour aider l’attaque militaire britannique.
Les puissances coloniales le font depuis des siècles, les communautés musulmanes continuent de tomber dans le piège, et les Britanniques et les Américains le font en ce moment même pour poursuivre leur remodelage du Moyen-Orient.
En termes simples, de nombreux musulmans sunnites ont subi un lavage de cerveau les poussant à haïr les musulmans chiites plus qu’ils ne haïssent ceux qui commettent actuellement un génocide contre une population majoritairement sunnite à Gaza.
Je parle du Royaume-Uni parce que j’ai été le témoin direct de ce phénomène pendant la campagne électorale à Blackburn. Mais la même chose est vraie dans tout le monde musulman. Pas un seul État dirigé par des musulmans sunnites n’a levé le petit doigt pour empêcher le génocide des Palestiniens.
Leurs dirigeants utilisent le sectarisme anti-chiite pour maintenir le soutien populaire à une alliance de fait avec Israël contre les seuls groupes – l’Iran, les Houthis et le Hezbollah – qui ont réellement tenté d’apporter aux Palestiniens un soutien pratique dans leur résistance. Et contre le gouvernement syrien qui a facilité l’approvisionnement.
Le marché tacite mais bien réel est le suivant : les puissances sunnites accepteront l’anéantissement de toute la nation palestinienne et la formation du Grand Israël, en échange de l’annihilation des communautés chiites en Syrie et au Liban par Israël et les forces soutenues par l’OTAN (y compris la Turquie).
Il y a bien sûr des contradictions dans cette grande alliance. Les alliés kurdes des États-Unis en Irak ne seront probablement pas ravis de la destruction par la Turquie des groupes kurdes en Syrie, ce que Erdoğan a gagné grâce au rôle militaire très actif de la Turquie dans le renversement de la Syrie – en plus d’étendre le contrôle turc sur les champs pétroliers.
Le gouvernement irakien, ami de l’Iran, aura encore plus de mal à accepter l’occupation continue par les États-Unis de pans entiers de son pays, car il comprend qu’il est la prochaine cible.
L’armée libanaise est sous le contrôle des États-Unis, et le Hezbollah a dû être grandement affaibli pour avoir accepté le désastreux cessez-le-feu avec Israël. Les milices fascistes chrétiennes traditionnellement alliées à Israël sont de plus en plus visibles dans certaines parties de Beyrouth, même si l’on peut se demander si elles seraient assez stupides pour faire cause commune avec les djihadistes du Nord. Mais si la Syrie tombait entièrement sous le joug des djihadistes – ce qui pourrait arriver rapidement – je n’exclus pas que le Liban suive très rapidement et soit intégré dans une Grande Syrie salafiste.
Il est difficile de savoir avec certitude comment les Palestiniens de Jordanie réagiraient à cette tournure désastreuse des événements. Le Royaume hachémite fantoche britannique est la destination désignée pour les Palestiniens de Cisjordanie ethniquement nettoyés dans le cadre du plan du Grand Israël.
Tout cela revient potentiellement à la fin du pluralisme au Levant et à son remplacement par le suprémacisme. Un Grand Israël ethno-suprémaciste et une Grande Syrie salafiste et religieusement suprémaciste.
Contrairement à de nombreux lecteurs, je n’ai jamais été un fan du régime Assad ni aveugle à ses violations des droits de l’homme. Mais ce qu’il a indéniablement fait, c’est maintenir un État pluraliste où les traditions religieuses et communautaires historiques les plus étonnantes – y compris les sunnites (et de nombreux sunnites soutiennent Assad), les chiites, les alaouites, les descendants des premiers chrétiens et les locuteurs de l’araméen, la langue de Jésus – ont pu coexister.
Il en va de même pour le Liban.
Nous assistons à la destruction de ce système et à l’imposition d’un régime de type saoudien. Tous les petits détails culturels qui témoignent du pluralisme – des sapins de Noël aux cours de langue, en passant par la fabrication du vin et le dévoilement des femmes – viennent d’être détruits à Alep et pourraient l’être de Damas à Beyrouth.
Je ne prétends pas qu’il n’y a pas de véritables démocrates libéraux parmi l’opposition à Assad. Mais ils ont une importance militaire négligeable, et l’idée qu’ils pourraient avoir une influence sur un nouveau gouvernement est une illusion.
En Israël, qui prétend être un État pluraliste, le masque est tombé. L’appel musulman à la prière vient d’être interdit. Des membres de la minorité arabe de la Knesset ont été suspendus pour avoir critiqué Netanyahou et le génocide. De nouveaux murs et de nouvelles portes sont construits chaque jour, non seulement dans les territoires illégalement occupés, mais dans « l’État d’Israël » lui-même, pour imposer l’apartheid.
J’avoue avoir eu l’impression que le Hezbollah était lui-même une organisation de suprémacisme religieuse ; la tenue et le style de ses dirigeants semblent théocratiques. Puis je suis venue ici et j'ai visité des endroits comme Tyr, qui est sous le contrôle du gouvernement local élu par le Hezbollah depuis des décennies, et j'ai découvert que le port du maillot de bain et l'alcool sont autorisés sur la plage et que le voile est facultatif, alors que les communautés chrétiennes y sont totalement indemnes.
Je ne reverrai plus jamais Gaza, mais je me demande si j'aurais été surprise de la même manière par le régime du Hamas.
Craig Murray
France Soir La newsletter hebdo vendredi 6 décembre 2024
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(1) Trump et le 3ème Temple d'Israël: les prophéties messianiques de la fin des temps
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Des informations et des réactions que vous ne lirez pas dans la presse mainstream
En route vers le gouvernement mondial et l'âge d'or de la technocratie à Gaza?
Dec 7 |
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Suite à l’émission sur Essentiel News “Trump, Musk et Kennedy”, enregistrée avec Icaros, il nous a semblé important d’exposer les informations qui justifient nos doutes face aux déclarations de “nettoyer le marais” et “d’amener la paix” et à la représentation messianique des acteurs de la politique actuelle.
Voici donc une série de 3 articles dédiés à ce sujet:
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1. Les prophéties messianiques de la fin des temps
2. Team Trump: Israël first
3. Gaza et l’âge d’or technocratique
1ère partie: les prophéties de la fin des temps
Le fait que Trump et ses partisans aient fait campagne sur la paix, la liberté et la lutte contre la corruption ne nous éloigne pas nécessairement d’une 3ème guerre mondiale, ni de la mise en place d’une gouvernance planétaire par la technocratie au profit d’une caste de milliardaires.
Si la déchéance complète de la gauche mondialiste ne fait aucun doute, il ne faut pas tomber de Charybde en Scylla, en soutenant l’apparence de la vertu contre le vice. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une compréhension des forces qui animent le théâtre politique actuel, en particulier les motifs spirituels ou religieux dont on ne nous livre que des éléments superficiels.
Nous présentons ici les éléments d’un scénario eschatologique lié aux “prophéties de la fin des temps” qui pousse à la guerre sous prétexte d’une paix durable et d’un Nouvel âge d’or pour l’humanité. Ils seront instaurés et maintenus par une forme de “gouvernement mondial de droit divin” suite à la venue d’un envoyé de Dieu… le Messie.
Il va de soi que ceci concerne une partie des forces dirigeantes et qu’au sein d’un État, d’un peuple ou d’une communauté religieuse, tout le monde ne partage pas la même vision, ni les mêmes intentions.
On prendra pour preuve le mandat d’arrêt lancé contre Netanyahou par la Cour pénale internationale de La Haye, un dossier qui a principalement été constitué par le juge Theodore Meron, un rescapé de la Shoah. Ou encore les accusations de crimes de guerres prononcées par l’ancien ministre de La Défense israélien Moshe Yaalon et soutenues par de nombreux Juifs en Israël ou dans la Diaspora. Mais aussi les centaines de milliers d’Israéliens qui ont manifesté pour mettre fin à la guerre à Gaza.
Royaume de Dieu et gouvernance mondiale (un bref rappel)
Comme nous le verrons en détail dans la 2ème partie, la nouvelle équipe de Trump semble entièrement acquise à la cause sioniste et au gouvernement actuel d’Israël. Un an après les attaques du 7 octobre, l’opération qui est menée à Gaza a pris des allures de génocide et pourrait se transformer en une grande guerre au Moyen-Orient. Pour tenter de comprendre les motifs d’une attitude aussi dangereuse et aussi belliqueuse, il est nécessaire d’évoquer le contexte particulier des “prophéties bibliques de la fin des temps ».
Ces visions eschatologiques de l’Ancien testament sont attribuées aux prophètes Ezechiel, Jérémie, Daniel et Isaie. Quant à la version ‘classique’ avec les 4 cavaliers de l’Apocalypse, la bataille contre Satan, le jugement dernier et le retour du Christ, on la doit à Jean de Patmos.
Ces textes annoncent l’accomplissement des promesses de Dieu à son peuple: un âge d’or où Dieu et “le Messie” (le Messie attendu par les Juifs, ou une seconde venue du Christ pour les chrétiens) établiront le Royaume de Dieu sur le monde à partir de la ‘nouvelle Jérusalem’. Le Messie, un descendant de David, s’assoira sur le trône d’Israël, tandis qu’une nouvelle caste de prêtres lévitiques pratiquera les rites sacrificiels dans le Temple reconstruit pour sa venue.
Promesse de rédemption - V. 1-13: cf. (Jérémie 32:36, etc.; 30:15-22.) (Ézéchiel 61:4-9. Am 9:11-15.)
14 Voici, les jours viennent, dit l’Éternel,
Où j’accomplirai la bonne parole
Que j’ai dite sur la maison d’Israël et sur la maison de Juda.
15 En ces jours et en ce temps-là,
Je ferai éclore à David un germe de justice;
Il pratiquera la justice et l’équité dans le pays.
16 En ces jours-là, Juda sera sauvé,
Jérusalem aura la sécurité dans sa demeure;
Et voici comment on l’appellera:
L’Éternel notre justice.
17 Car ainsi parle l’Éternel:
David ne manquera jamais d’un successeur
Assis sur le trône de la maison d’Israël;
18 Les sacrificateurs, les Lévites, ne manqueront jamais devant moi de successeurs
Pour offrir des holocaustes, brûler de l’encens avec les offrandes,
Et faire des sacrifices tous les jours.
(17:26)
Les villes de Juda qui avaient été détruites par Babylone connaîtraient elles aussi la paix et la prospérité : Dieu fournirait encore des demeures pour les bergers. Cette paix s’étendrait de Jérusalem à la montagne de Juda à l’est, aux villes de la plaine de Schephelah à l’ouest, au Néguev au sud, et au pays de Benjamin au nord (voir 17.26).
Malheureusement, avant cela il faut survivre à une grande bataille “apocalyptique” des forces du bien contre les forces du mal…et c’est ici que nous arrivons au présent et à l’arène politique.
Le nouveau Royaume de Dieu ou l’Âge d’or d’Israël est souvent assimilé à l’idée de faire de Jérusalem la capitale d’un gouvernement mondial politique et religieux. Pour l’énoncer simplement, il s’agit de réorganiser tout l’ensemble de la société humaine, “en collaboration avec les sages des nations et les sages d’Israël”.
Cette vision d’une religion mondiale est par exemple représentée dans le Noachisme qui implique deux types de lois divines: les 7 lois “noachiques”, celles que Dieu a données à Noé pour toute l’humanité et les lois de la Torah, plus complexes et plus nombreuses (613 commandements), qui sont réservées aux Juifs.
Ces derniers ont alors pour mission d’exercer un rôle de prêtrise, et en tant que nation ils sont appelés à faire appliquer les lois divines dans le monde. (D’où le lien avec un gouvernement mondial)
“Accomplir” les prophéties et précipiter la fin des Temps
Certains courants messianiques comme les Chabad Lubavitch ont épousé la croyance selon laquelle il faut “hâter la fin des temps” par des actions concrètes, politiques et religieuses.
Ceci implique par exemple de reconstruire le 3ème Temple de Salomon à Jérusalem (les 2 premiers ayant été détruits dans l’Antiquité), de ‘libérer la terre d’Israël’ de ses ennemis (à commencer par les palestiniens à Jérusalem et à Gaza) et selon certaines prophéties de mener une grande guerre contre Elam (l’Iran), un épisode décrit par le prophète Ezechiel comme “la guerre de Gog et Magog”.
Or, tous ces projets sont effectivement en cours de réalisation. Des préparatifs pour la construction d’un 3ème Temple ont démarré en 1987, sous l’impulsion de Juifs orthodoxes et de l’Institut du Temple.
Des archéologues et des théologiens se sont associés pour reconstruire un ‘modèle’ du Temple (vidéo) et préparer les plans et les matériaux nécessaires. Conformément aux prescriptions, une forêt sacrée a été plantée autour du site et l’on s’évertue à importer et élever des “heifer”, des génisses rouges parfaites destinées aux sacrifices dans le nouveau Temple.
Du côté des offices, une nouvelle caste de prêtres est en formation et l’on assiste à la renaissance du Sanhédrin, une “Cour suprême” composée de prêtres lévitiques, docteurs de la loi, qui avait disparu il y a plus d’un millénaire. Ils seront censés interpréter les commandement divins et les lois noachiques et veiller à leur application.
Obstacle majeur à la réalisation de ce programme - faut-il le rappeler - le site actuel, “le Mont du Temple” est occupé par la mosquée Al-Aqsa, un des lieux les plus sacrés de l’Islam après la Mecque.
D'un point de vue pratique, la loi israélienne interdit même aux Juifs de prier sur le site et ceux qui s'y rendent sont quotidiennement accostés par des musulmans, tels que les Femmes en noir, qui surveillent en permanence la présence des Juifs sur le site. En outre, les autorités islamiques nient officiellement qu'un temple ait jamais existé sur le rocher.
En somme, pour que les promesses de Dieu s’accomplissent, les palestiniens et les pays musulmans doivent être convaincus ou vaincus… avec l’approbation ou le soutien des chrétiens.
Voilà donc un rappel sommaire du contexte explosif dans lequel se déroulent les évènements actuels.
Interprétations et alliances
Pour certains Juifs la mosquée doit être détruite et le Temple doit s’ériger sur ses cendres, alors que pour d’autres, on pourrait le reconstruire sur le rocher, juste à côté de la mosquée .
Ainsi, le Grand Rabbin d’Israël, David Lau avait déclaré au Times d’Israël
« Pour le construire, il ne serait pas nécessaire d’enlever l’un des lieux saints musulmans qui se trouvent sur le mont du Temple, où il y a beaucoup de place pour « les Juifs, les Chrétiens, les Musulmans, tout le monde. »
La mosquée Al Aqsa, sur le Mont du Temple
Mais tout le monde ne partage pas cet avis. Depuis quelques décennies, deux mouvements qui semblaient s’opposer se sont réunis: les Juifs orthodoxes qui aspirent au rétablissement du Royaume de Dieu et les sionistes israéliens. A l’origine, le sionisme était un mouvement nationaliste ethnique non-religieux qui vise l'autodétermination politique du peuple juif par la formation d'un foyer national juif et d’un État indépendant en Eretz (Israël), la terre promise par Dieu aux Enfants d'Israël selon la Bible hébraïque.
Mais aujourd’hui, leurs objectifs politiques et religieux convergent vers une version plus radicale de l’accomplissement des prophéties de la fin des temps.
L’extrait d’un dialogue de 1990 entre Benjamin Netanyahou et le Rabin Mendel Schneerson de la secte Chabad Lubavitch reflète cette alliance qui dure depuis plusieurs décennies. Le Rabin y remerciait le jeune Netanyahou pour “les progrès déjà accomplis”, mais lui demandait toutefois avec insistance de faire des efforts supplémentaires pour accélérer la venue du Messie.
Et, il n’y a pas qu’en Israël que ces visions eschatologiques influent la vie politique et religieuse. Elles trouvent un aussi écho auprès de certains mouvements chrétiens, principalement aux États-Unis.
Pour le sionisme chrétien, un courant du christianisme évangélique, la création de l'État d'Israël en 1948 est en parfait accord avec les prophéties bibliques et prépare le retour de Jésus comme le Christ en gloire de l'Apocalypse.
Ses adeptes considèrent que l'existence même de l'État d'Israël ramènera Jésus sur terre, le fera définitivement reconnaître comme Messie et assurera le triomphe de Dieu sur les forces du mal. Selon leurs croyances, les Juifs qui se convertiront au christianisme seront sauvés. (voir par ex. “One for Israël”) (C’est en quelque sorte à qui convertira l’autre).
Aux USA, ce mouvement a gagné en popularité et est devenu une composante de la droite évangélique et bénéficie de la bienveillance d’un certain conservatisme social.
Enfin, on ne pourrait parler de Temple sans évoquer la Franc-Maçonnerie, puisque la reconstruction du Temple de Salomon est le grand chantier qui unit tous les obédiences et que la Loge réunit les frères qui oeuvrent à une gouvernance mondiale “illuminée”.
Tous ces mouvements peuvent donc se retrouver dans une politique commune où il s’agit de “faire de la place et débarrasser Israël de ses ennemis” pour hâter la venue du Messie et d’un nouvel âge d’or.
Benjamin Netanyahou semble bien s’y employer avec l’appui des États-Unis (le principal lobby juif, l’AIPAC soutient tant les démocrates que les républicain). Et les frappes au Liban ou en Syrie font craindre une guerre générale en Iran et dans tout le Moyen-Orient…Sommes-nous en route vers l’Armageddon (du nom de la plaine de “El Meggido”) où la fameuse bataille biblique du bien contre le mal est censée se produire?
Trump, “la main de Dieu”
Il n’a échappé à personne que la campagne présidentielle de 2024 a beaucoup joué sur les arguments religieux, notamment en réaction à l’assaut des démocrates sur des sujets de moralité que l’on qualifiera facilement de “provocation satanique” (l’avortement jusqu’à la naissance au nom de l’égalité des femmes, la propagande sur les transitions de genre etc.).
Lors d’un meeting électoral, Trump déclarait à ses partisans: “la gauche (les démocrates) essaie de faire honte aux chrétiens. Ils essaient de nous faire honte. Je suis très fier d’être un chrétien”. La comparaison au Christ ou à Saint-Sébastien se poursuit encore lorsqu’il affirme être persécuté avec la mascarade des attaques du 6 janvier. “Je prendrai toutes ces flèches pour vous. Je suis heureux de le faire”.
En parallèle à la mouvance Qanon qui désigne Trump comme le héros qui va “nettoyer le marais”, Trump est souvent porté aux nues comme si Dieu l’avait choisi, (comme dans la vidéo “God made Trump”).
Ainsi des millions d’Américains pensaient que Trump a été choisi par Dieu pour être président. Lui-même n’hésite pas à entretenir cette mystique comme on le voit dans cet extrait vidéo (I am the chosen One) où il se disait "avoir été choisi” en regardant le ciel.
Trump à la Convention nationale des médias religieux (CPAC)
Mais cette image messianique vaut tout autant du côté juif. En 2019, il avait retwitté les éloges délirantes d’un journaliste radio qui l’avait interviewé:
Le président Trump est le plus grand président pour les Juifs et pour Israël dans l'histoire du monde, pas seulement l'Amérique, il est le meilleur président pour Israël dans l'histoire du monde....
« Et le peuple juif en Israël l'aime... comme s'il était le roi d'Israël. Ils l'aiment comme s'il était le second avènement de Dieu.
Arrive le moment culminant de cet évangile, le jour de “l’attentat du 13 juillet” lorsqu’une “balle magique” qui le frôle lui assure instantanément la victoire électorale. En un instant Trump devient “celui que Dieu a épargné par miracle pour accomplir sa mission” et dont le destin fait écho à celui du légendaire président assassiné JF Kennedy. C’est d’ailleurs précisément suite à cet épisode que son rival, Robert F. Kennedy, Jr se rallie officiellement à lui, venant le seconder dans une “Dream Team” de légende pour sauver la nation.
Sauvé par l’argent des Rothschild
Trump a maintes fois évoqué Dieu pendant sa campagne, mais qu’il soit porté par la foi chrétienne, juive ou maçonnique, cette voie mystique (qui augure aussi de plantureux bénéfices) semble avant tout passer par Jérusalem et l’argent de ses banquiers.
Les liens étroits entre Trump et Israël remontent au début de sa carrière. On le présente souvent comme un indépendant “auto-financé”, une caractéristique qui lui vaudrait d’être haï par l’état profond qu’il affirme combattre.
Pourtant Trump est bien “tenu” par l’argent. Durant les années 1990, à l’époque où il investissait des fortunes dans les casinos, ses affaires l’avaient mené à un dette personnelle de près d’1 milliard de dollars. Il fut alors “sauvé” (ou racheté) par Wilbur Ross, un investisseur de la banque Rothschild Inc, bras droit de la famille durant 24 ans.
En 2016, Trump s’était présenté comme un “supporter de longue date et un véritable ami d’Israël” lors de son discours devant l’AIPAC (le plus influent lobby juif de la politique américaine).
Le principal financier de sa campagne était un milliardaire mafieux du nom de Sheldon Adelson, qui avait fait fortune dans les casinos et était considéré comme l’un des Juifs les plus influents de la planète. Sorte de “parrain politique de Trump”, Adelson l’a toujours poussé à démontrer un soutien absolu à Israël.
Après son décès en 2021, sa veuve Miriam a continué de financer la campagne de Trump avec notamment un don de 100 millions de dollars pour les élections 2024. Le Jerusalem Post la classe actuellement parmi les 20 personnalités juives les plus influentes de la planète.
L’“Auto-financement” de Donald Trump est pour le moins discutable…Il est évident qu’avec de tels montants, il y a des contreparties.
Le Roi d’Israël
L’on dit même que c’est sous l’influence d’Adelson que Trump a transféré l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, lors de son 1er mandat, contribuant ainsi à la reconnaissance de la ville sainte comme nouvelle capitale.
Pour honorer sa décision, Trump a reçu la Keter, “la couronne de Jérusalem” des mains de David Katz, le Rabin directeur de la fondation pour l’héritage d’Israël.
Trump reçoit la Keter des mains du Rabin David Katz
L'évènement, qui est considéré comme une étape majeure dans l’accomplissement des prophéties, a aussi été célébré de manière solennelle par le 1er ministre Netanyahou qui lui a remis une monnaie frappée à son effigie.
Le ‘Temple Coin’ : “Et Il m’a chargé de Lui construire une maison à Jérusalem” (= le 3ème Temple)
Selon, le quotidien “Israel National News”:
L’idée principale véhiculée par ces pièces est que le président Trump initie un processus prophétique qui finira par faciliter, le moment venu, la reconstruction du troisième Temple. Ses actions reflètent celles du roi Cyrus (un descendant de David) qui déclara au peuple juif, en exil depuis 70 ans, que « Hachem, le Seigneur du monde, m'a chargé de Lui construire une maison à Jérusalem. »
Plus tard, le rabin David Katz s’est encore rendu à la résidence de Mar-a-Lago pour lui offrir aussi une Ménorah, le fameux chandelier à sept branches.
Le Jewish News Syndicate écrivait à cette occasion:
Outre les accords d'Abraham, les réalisations de Trump concernant Israël comprennent le transfert de l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à la capitale du pays, la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur les communautés de Judée et de Samarie. A cette occasion, le Rabin David Katz lui a remis une Ménorah qui représente la lumière éternelle sur le monde.
Autre élément intéressant, sa propre fille Ivanka s’est convertie au judaïsme lorsqu’elle a épousé Jared Kushner, un escroc juif qui gère des opérations bancaires pour les Emirats arabes. Les deux époux ont eu un rôle important durant le 1er mandat du président, avant de se retirer de la vie politique.
Jared Kushner a été l’artisan de l’Opération Warp Speed (la fabrication des vaccins Covid) et des accords d’Abraham. Ces accords ont scellé la paix (ou crée une alliance stratégique préalable?) entre les Émirats Arabes Unis, le Maroc, le Bahrein et le Soudan.
En mars dernier, Jared Kushner avait suggéré l’idée de la déportation massive des palestiniens de Gaza. Et, même si son gendre ne fait plus officiellement partie de l’équipe actuelle, le personnage reste inquiétant.
Par ailleurs, il faut aussi s’interroger face à la nomination de son père, Charles Kushner, comme ambassadeur des États-Unis pour la France. Charles Kushner a fait de la prison pour fraude fiscale corruption et subordination de témoin. Il avait bénéficié d’une grâce présidentielle à la fin du 1er mandat de Trump.
Autre signe explicite d’allégeance: selon The Pittsburg Jewish Chronicles, Trump s’est rendu pour sur la tombe du Rabin Schneerson, lieu central du culte Chabad Lubavitch à New York pour la commémoration des attentats du 7 octobre:
Debout à côté de la tombe, aux côtés de représentants de Chabad, M. Trump s'est livré à une série de pratiques de deuil juives traditionnelles. Il a revêtu une kippa, lu un chapitre des Psaumes cité dans la prière pénitentielle juive quotidienne, déposé un mot sur la tombe et déposé une petite pierre sur la stèle. Il a également allumé une bougie commémorative de Yahrzeit
Se prend-il réellement pour un élu, ou pour le fondateur d’une dynastie messianique ou est-ce un pur exercice démagogique qui sert ses intérêts personnels? La Trump Tower qu’il a fait construire à New York a bien des allures de Temple. La notion selon laquelle différents éléments de l’architecture et de la décoration de cette tour- dont il a personnellement approuvé les plans - s’inspirent de symboles maçonniques voire ‘sataniques’ et/ou à d’objets rituels juifs (le temple pourrait aussi représenter le chandelier de la Ménorah) mérite bien le détour…
Tout ce que l’on sait, c’est qu’il y a une foule de fanatiques dans son sillage et que son équipe adhère aux mêmes visions.
(suite dans la 2ème partie: Team Trump, Israël first)
Les piliers du Temple dans l’appartement de Donald Trump?
Pour aller plus loin dans l’exploration de cette thématique:
À lire: Israël et la guerre mondiale des religions de Youssef Hindi et Pierre-Antoine Plaquevent
Une très longue vidéo, mais qui vaut vraiment la peine d’être écoutée: l’Alta Doxa. On y parle de l’exploitation de la dialectique des deux narratifs “la doxa”, “la doxa alternative de la résistance” et l’Alta Doxa (la connaissance supérieure qui poursuit la mise en oeuvre d’un agenda gnostique en manipulant ces opposés. (note: on y parle aussi de l’épisode de la balle magique). Très intéressant pour mieux comprendre le concept du Noachisme etc.
Un complément historique, avec une analyse de l’ascension du mouvement messianique juif Chabad Loubavitch pour mieux comprendre l’actualité.
Debout Barbelu: Une ultime vision, empreinte d’humour et de perspicacité
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