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vendredi 30 mai 2025

« VOUS JOUEZ AVEC LE DESTIN DE L’EUROPE ! » – ZAKHAROVA TACLE BERLIN

https://youtu.be/WdVGbTRus9U 

Suite à la déclaration du chancelier allemand Friedrich Merz autorisant l’Ukraine à utiliser les armes occidentales – y compris les missiles Taurus – pour frapper directement des cibles en territoire russe, Maria Zakharova a répondu avec une sévérité glaçante. « Je ne sais pas ce qu’ils expérimentent entre eux là-bas, mais il faut quand même leur dire une chose : soyez plus sérieux, camarades, vous jouez au minimum avec le destin de l’Europe. Ce genre de propos ne peut reposer sur une opinion personnelle biaisée ou une ambition individuelle. » 

 

jeudi 29 mai 2025

Le Führer et l’Article 5

 Source : https://www.dedefensa.org/article/le-fuehrer-et-larticle-5

• Terrible perspective, n’est-il pas ? • L’Allemagne tirant quelques missiles sur la Russie et recevant par retour de courrier une riposte salée, si possible avec le très-précis et horriblement destructeur ‘Orechnik’ qui réduirait en poussière, de nuit pour éviter les travailleurs, une usine fabriquant ces mêmes missiles. • Que se passerait-il ensuite ? Une guerre en Europe ? Non, dit Alastair Crooke. • Nous dirions plutôt : le désordre et la totale désunion, – – de l'Europe bien entendu. • L’Europe aurait au moins senti « le souffle brûlant et terrible de la guerre ».

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Depuis son entrée officielle en fonction, le chancelier Friedrich Merz fait feu des quatre fers. Il ne cache pas ses intentions d’attaquer la Russie pour qu’enfin la Vérité apparaisse dans toute sa nudité, et que Zelenski puisse se promener sur la Place Rouge. Son zèle enthousiaste inquiète même un tantinet ses propres voisins et alliés et, dans l’esprit de la chose, certains Français retrouvent des souvenirs qu’ils croyaient enfuis à jamais grâce aux vertus pacificatrices de l’UE telle qu’on en parlait dans les années 1950-1990.

La fièvre du chancelier tourne notamment autour du missile ‘Taurus’, censé terroriser et pulvériser la Russie selon les plans de Merz. Le chancelier parle de ces plans comme ils feraient d’un acte d’une audace complètement inattendue et imprévue, même si l’on parle de ce missile pour l’Ukraine depuis bien plus d’un an. Quant à ses capacités qui sont ce qu’on sait, – assez bonnes, sans plus, et de toutes les façons insuffisantes et une bonne proie pour les S-400, – Merz en parle comme Hitler parlait de ses “armes secrètes” en 1944-1945, pour redresser brutalement à son avantage le cours de la guerre.

Mais laissons l’emphase de côté. Venu de Blackrock, Merz est un Führer à la petite semaine et au gros salaire. L’élément singulier est qu’il a l’air de s’y croire. Les Russes, quant à eux, ne veulent rien laisser au hasard, et ils examinent froidement la situation. L’“unanimité russe”, devrait-on dire, qui pour suivre le parcours de Merz et envisager le cours de cette guerre, estime il faut la conduire jusqu’à son terme victorieux disent-ils, – y compris les libéraux occidentalistes, désormais patriotes exacerbés. (On laisse pour l’instant de côté les zig-zags de Trump, autre numéro de cirque.)

Voyez ce que dit Crooke, suite à son très récent séjour à Saint-Petersbourg, – des paroles venues d’un entretien avec “Judge Napolitano”, telles que reprises en partie par Mark Wauck sur ‘Meaning in Historydu 27 mai :

« Crooke commence par décrire l'atmosphère qu'il a ressentie lors de son récent séjour à Saint-Pétersbourg, la fenêtre libérale de la Russie sur l'Occident. Selon Crooke, l'atmosphère a radicalement changé depuis seulement un an. Les Russes libéraux sont désormais aussi en colère contre l'Occident que les Russes plus nationalistes. Ils sont profondément offensés par la diabolisation occidentale de la Russie, des Russes et de leur culture, qualifiée de barbare. La multiplication des sanctions et les mensonges constants sur la prétendue barbarie des Russes ont eu un effet cumulatif sur la psychologie russe... »

C’est un facteur important et, contrairement aux vitupérations de Merz et aux zig-zags de Trump, un facteur très sérieux. Peu après avoir repris ces considérations de Crooke, Wauck remarque : « Et Poutine est bien conscient de tout cela ». Cela signifie que les Russes, leur président en premier, envisagent bel et bien une attaque, – ou disons “une frappe”, – d’origine allemande sur le territoire de la Sainte Russie, – qui serait nécessairement suivie d’une “brutale” riposte russe sur le territoire allemand. La chose est clairement dite par un expert russe que nous connaissons depuis longtemps, lui aussi à l’origine bien connu comme libéral et occidentaliste, – Dimitri Trenine :

« La Russie a clairement indiqué qu'une frappe sur notre territoire avec des armes à longue portée, que le chancelier allemand Friedrich Merz a autorisées à utiliser sans restriction par les forces armées, impliquerait Berlin dans le conflit et légitimerait les cibles allemandes pour des attaques de représailles de l'armée russe. Dimitri Trenine, directeur de l'Institut d'économie et de stratégie militaires mondiales de l'École supérieure d'économie et membre du FNI, s'est dit confiant lors de l'émission de Tsargrad. L'essentiel est que le Kremlin ne bluffe pas : la réaction en cas d'agression sera brutale. »

Coucou, le revoilà, l’Article 5 !

Aussitôt qu’une telle hypothèse, latente depuis trois ans, acquiert un certain crédit, sinon une réelle crédibilité, surgit la question : une guerre avec l’Allemagne ou une guerre avec l’Europe et l’OTAN ? Et pour ceux qui sont bien informés et qui peuvent jouer aux spécialistes bien informés, l’argument de l’Article 5 s’impose puisqu’il implique, dit-on encore de-ci de-là, l’engagement automatique des pays de l’OTAN au secours d’un des membres de l’Organisation. Trenine le balaie en quelques phrases.

« Une telle riposte contre l'Europe ne mènera pas à une guerre avec l'OTAN dans son ensemble. Selon l'expert, les États-Unis l'accepteront. Ainsi, la vérité sur l'article 5 de la charte de l'Alliance atlantique, qui présuppose une assistance mutuelle en cas d'attaque contre l'un des pays du bloc, a été révélée, et [Trenine] a souligné que cet article est fortement mythifié.

» Cette disposition de la charte n'implique pas l'entrée en guerre automatique des autres membres de l'alliance, du moins des États-Unis. Elle prévoit des consultations et l'application de certaines mesures sur lesquelles les membres de l'OTAN se mettront d'accord ultérieurement. »

Lumières sur un mythe éclatant

Que n’a-t-on cité l’Article 5 ! C’est, pour un ensemble de pays qui forment la matrice de la civilisation, la seule poutre légaliste à laquelle ils s’accrochent pour se lancer dans les aventures les plus absurdes en croyant assuré le soutien de leurs coreligionnaires. En quelque sorte, on dirait que l’Article 5 est ce qui donne à leur comportement de pirates et d’agresseurs un vernis de respectabilité sous le couvert d’une garantie légale.

Mais tout cela n’est qu’un bla-bla sans consistance, bien que la communicationSystème y revienne à chaque occasion comme s’il y avait du vrai là-dedans : que l’un d’entre eux se lance dans une aventure et tous les autres, membres de l’OTAN ou d’un état d’esprit de cette sorte, se conformeront à l’obligation légale d’être à ses côtés sans plus s’interroger. Tout cela, grâce à l’Article 5 !

C’est une singulière aventure que celle de l’Article 5 à défaut que cet Article 5 puisse garantir les aventures diverses des membres divers. La question a commencé à se poser très sérieusement, pour notre période de temps, il y a près de 16 ans, lors de la guerre entre la Russie et la Géorgie. On parla à cette époque, pour bloquer les tentatives de certains pour bidouiller une intervention antirusse lors de cette guerre, – de “réinterprétation” de l’Article 5. Cette “réinterprétation” consistait à démentir ceux qui affirmaient que l’Article 5 obligeait à un engagement militaire complet auprès d’un pays de l’Alliance qui se trouvait engagé dans des hostilités (l’affaire géorgienne ayant amené certains pays européens de l’OTAN à envisager eux-mêmes, en pure théorie d’ailleurs et sur la pointe des pieds, une intervention qui devait, dans leur “interprétation” de l’Article 5, entraîner les autres).

dedefensa.org intervint, à cette époque également, à plusieurs reprises à propos de cet Article 5, voulant notamment montrer la désorganisation complète que créait les diverses “interprétations”, notamment le 20 août 2008 et le 19 septembre 2008. Dans ce dernier texte, nous montrions notamment que l’“ambiguïté” dont tout le monde parlait (et continue à parler) à propos de l’Article 5, – au contraire extrêmement clair comme on le constate dans l’extrait ci-dessous, – se trouvait chez ceux qui en parlaient pour se couvrir ou se donner de bons arguments de solidarité, bien plus que dans l’article lui-même. Cette clarté de non-engagement automatique avait été voulue par le Sénat US en 1949, lors de la rédaction et la ratification du traité, pour éviter un automatisme visant à lier nécessairement les USA à une guerre européenne ; c’était une des dernières cartouches des isolationnistes.

C’est nous-mêmes qui soulignions de gras l’expression essentielle de l’article, suivi de la remarque que « l'emploi de la force armée » y est mentionnée comme une mesure extrême éventuelle (“y compris”) et nullement comme la mensure centrale envisagée. Enfin, l’Article 5 précisait que n’est concernée par sa recommandation que « la région de l'Atlantique Nord ».

« En fait de “réinterprétation”, il s’agit simplement d’une interprétation évidente de l’Article 5, dont on sait qu’il ne fait aucune obligation de la forme d’aide à apporter dans ce cas puisqu’il laisse à chaque membre le soin d’apprécier quelle aide il voudra apporter. Jusqu’alors, “jusqu’à il y a un an ou deux”, on se contentait d’accepter l’ambiguïté qui se faisait croire à soi-même que l’Article 5 était contraignant. Il est caractéristique de cette ambiguïté que Shanker [journaliste du NYT], en expliquant rapidement ce qu'est l'Article 5, laisse entendre que l'intitulé de cet article rend compte effectivement d'une ambiguïté. Mais non, l'ambiguïté n'est pas dans l'énoncé du texte, il est dans l'attitude officielle qu'on a entretenue vis-à-vis de lui; l'attitude est (était?) ambiguë, pas le texte...

Pour rappel, toujours, ce fameux article, avec notre propre souligné en gras: Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord”. »

Perspectives du désordre européen

Ces précisions sur l’Article 5 sont données pour montrer l’imbroglio juridique et psychologique dans lequel seraient plongés l’OTAN et les pays européens en cas de riposte russe sur le territoire allemand. Il est intéressant de noter une autre remarque d’Alastair Crooke sur cette question d’un conflit touchant directement l’Europe otanienne

« Je ne pense pas que cela mènera à une guerre plus vaste en Europe, car les Européens n'en sont pas capables. … Mais leur objectif est de pousser Trump à une escalade croissante contre la Russie. Ils veulent ainsi affaiblir Trump et son programme, car ils le détestent, et ensuite, ils craignent les conséquences de son programme économique. Ce programme économique peut détruire l'Europe, et ils le comprennent, donc ils ne veulent pas que cela arrive. »

L’affirmation sur la possibilité, assez négative selon Crooke, d’une guerre en Europe est très fondée. Dès que les Occidentaux commenceront à comprendre en réalité et de visu les capacités russes, l’on assistera nécessairement à des divergences diverses, des échappatoires, des faux-fuyants et autres dérobades-cabrioles des uns et des autres. En effet, bien plus que l’extension d’une guerre dont on aura senti le souffle brûlant et terrible, il est plutôt concevable qu’on assistera à un éclatement des pseudo-solidarités, selon les intérêts des uns et des autres, avec des remous intérieurs pouvant prendre des proportions révolutionnaires. Nous laissons de côté le facteur américain et américaniste tant lui-même sera soumis à des tensions extrêmes, moins avec ses “alliés” européens qu’en son propre sein, entre ses partis et ses factions qui se détestent... Comme le dit Crooke dans sa conférence de Saint-Pétersbourg, et en prenant “culturel” dans son sens idéologique le plus aigu :

« Le conservatisme américain semble donc se reconstruire sous une forme plus brutale, plus cruelle et beaucoup moins sentimentale. [...] La guerre culturelle quittera alors l'arène publique pour se dérouler sur le champ de bataille de la rue. »

Cela est triste sinon horrible à dire, – mais où est le fautif sinon dans ce travers humain de se croire maître du monde alors qu’on est en train de le détruire sans nécessité de ‘Taurus’ ? Cela est triste à dire, donc, mais nous avons besoin de ce “souffle brûlant et terrible” de la guerre pour revenir dans la dureté impitoyable mais aussi sans faux-semblant de la réalité. Nous avons besoin de quelques vérités-de-situation catastrophiques pour songer à nouveau à la Vérité qui doit nous sortir de notre simulacre satanique.


Mis en ligne le 30 mai 2025 à 19H30.

mercredi 28 mai 2025

Merz et les frappes en profondeur en Russie : nouvelle escalade du conflit ou opération de comm ?

Source :  https://russiepolitics.blogspot.com/2025/05/merz-et-les-frappes-en-profondeur-en.html


Le Chancelier allemand a annoncé, ou plutôt rappelé, la décision prise par l'Axe atlantiste (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Allemagne) de levée des restrictions de distance de tir pour les armes livrées, par ces pays sur le front ukrainien. "Rappelé", car cette décision a été prise il y a plusieurs mois de cela. Le Kremlin souligne de son côté les conséquences dangereuses d'une telle escalade, qui entraînerait la fin du fameux processus de négociation (unilatéral), mort avant même d'avoir apporté de véritables fruits - pour la paix. Pour autant, dire n'est pas encore faire. Voyons ce qu'il en sera en réalité, la doctrine nucléaire russe n'a pas été annulée.

Dans une déclaration faite à Berlin, le Chancelier allemand Merz a déclaré, que l'armée atlantico-ukrainienne pouvait désormais frapper en profondeur en Russie :

"Il n’y a plus de limites de portée pour les armes qui ont été livrées à l’Ukraine. Ni par les Britanniques, ni par les Français, ni par nous. Ni par les Américains », a déclaré Friedrich Merz, lors d’un entretien à la télévision publique WDR à Berlin. (...) Cela signifie que l’Ukraine peut désormais se défendre, par exemple en attaquant des positions militaires en Russie (…) ce qu’elle ne faisait pas il y a quelque temps, à quelques exceptions près. Elle peut le faire maintenant"

Immédiatement, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souligné la dangerosité d'une telle décision qui, par ailleurs, n'est pas conforme à la ligne portée par la Russie (unilatéralement) d'une sortie de guerre fondée ... sur des négociations ... de paix. Je cite :

"Si de ces décisions sont effectivement prises, elles sont absolument contraires à nos aspirations à un règlement politique et aux efforts actuellement déployés dans le cadre de ce règlement. C'est donc une décision plutôt dangereuse."

Quand les élites russes pourront ouvertement reconnaître, qu'elles sont bien les seules à vouloir et les négociations et la paix, quand en face d'elles, les élites atlantistes ne veulent que la victoire et ce sur le champ de bataille, nous commencerons à avoir de véritables chances pour une paix durable, car la dissuasion sera effective. 

Merz a précisé lors de sa conférence de presse en Finlande, en réponse aux réactions russes, que cette décision n'est pas nouvelle :

À ma connaissance, et comme je l'ai expliqué hier, les pays qui limitaient la portée des frappes ont depuis longtemps levé ces exigences. J'ai donc décrit hier, à Berlin, ce qui se passe depuis plusieurs mois : l'Ukraine a le droit d'utiliser les armes qui lui sont fournies hors de son territoire contre des installations militaires situées sur le territoire russe.

Il n'est donc pas nécessaire de jouer les jeunes vierges effarouchées. 

En revanche, c'est une chose d'en avoir la possibilité, c'est autre chose que de vouloir réaliser cette possibilité. Si l'on regarde le danger potentiel pour la Russie de la mise en oeuvre de ces décisions par l'armée atlantico-ukrainienne, il n'est pas négligeable, sans même parler des Taurus que l'Allemagne semble se préparer à envoyer finalement sur le front :

L’Ukraine possède et utilise déjà d’autres missiles à longue portée occidentaux, comme l’ATACMS américain et le Storm Shadow britannique. Leur rayon d'action est d'environ 300 kilomètres. Dans le même temps, les versions « à part entière » de Storm Shadow, ainsi que SCALP-EG, peuvent atteindre une cible à une distance allant jusqu'à 560 kilomètres. Cependant, l’Ukraine n’a jamais reçu de telles versions auparavant.

Autrement dit, la zone de cibles potentielles va très en profondeur en Russie :

Comme le note Ura.Ru, une fois les restrictions levées, ces armes pourraient atteindre les régions de la Russie centrale - Smolensk, Kalouga, Briansk, Orel. Les missiles Taurus peuvent étendre leur portée de frappe jusqu'à Moscou, s'ils sont lancés depuis les régions ukrainiennes limitrophes de la Russie. Il est également à noter, que l'Ukraine pourrait également utiliser le drone Tekever AR3, capable de voler jusqu'à mille kilomètres.

Quelques remarques conclusives :

1) Le processus de négociation et la volonté de paix affichée par la Russie sont entendus comme un signe de faiblesse, qui pousse les pays de l'Axe atlantiste à aller toujours plus loin. Continuer dans cette voie semble dangereux pour la Russie, si le but est bien de renforcer sa sécurité et rétablir une certaine stabilité mondiale. Quand une stratégie ne marche pas, il faut savoir en changer à temps.

2)  Les frappes en profondeur, pas plus que les autres, ne se limiteront à des cibles militaires, comme nous le voyons déjà aujourd'hui, avec les attaques volontaires de sites civiles sur le territoire russe. De ce fait, les pays fournissant, contrôlant et déterminant les cibles de leurs missiles sont formellement responsables de crimes de guerre, puisque les conventions de Genève sont violées. Sont-ils prêts à cela, face à leurs populations et face à la communauté internationale "pro-paix" ?

3) Si des frappes sont réalisées en profondeur sur le territoire russe, il y a peu de chances pour que la Russie continue à retenir l'armée sur le front. Politiquement, Lavrov commence déjà à intégrer dans le discours politico-médiatique russe le fait que ces pays atlantistes sont parties au conflit, il y a des chances pour que cette ligne se renforce alors. La Russie pourrait par ailleurs, elle aussi, prendre des mesures de rétorsion, nécessaires pour protéger sa population et son territoire. Les pays atlantistes, sont-ils réellement prêts à entrer directement en guerre contre la Russie ? Nous pouvons largement douter du soutien que les élites dirigeantes obtiendraient, tant de leur armée, que de la population.

4) Enfin, les pays de l'Axe atlantistes sont dans une impasse avec cette décision. Car soit ils frappent peu, pour ne pas "aller trop loin", ce qui ne servira qu'à exaspérer la Russie et à la faire sortir de la ligne "conciliante", qui est encore la sienne et dont les Atlantistes ont grand besoin, sans aucun intérêt sur le plan militaire. Soit, ils prennent le risque de frappes massives (en ont-ils seulement les moyens pour longtemps ?) et la Russie est légitime à mettre en oeuvre sa doctrine nucléaire, qui prévoit désormais une possible réaction nucléaire contre les pays de cette coalition ennemis, en cas d'attaque massive conventionnelle, quand elle présente un danger existentiel pour la souveraineté du pays. Ce qui n'est pas non plus dans l'intérêt des Atlantistes. 

Dans les faits, il y a peu de chances que la déclaration de Merz ait beaucoup d'impact réel militaire sur le front. Peut-être, l'armée atlantico-ukrainienne va-t-elle démonstrativement tirer un ou deux missiles, mais il y a de fortes chances que l'escalade soit surtout communicationnelle. Le seul véritable espoir pour les Atlantistes était d'arrêter l'armée russe par les négociations pour ensuite écraser les élites dirigeantes. Cet espoir s'éloigne lentement mais sûrement et ils ne savent pas encore très bien comment y faire face. Surtout que pendant ce temps, l'armée russe avance et frappe les infrastructures militaires ennemies, ce qui rend notre ami Trump furieux, affirmant que "Poutine est devenu fou". Il reste simplement raisonnable et n'est pas tombé dans le piège.