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"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
Source : https://www.dedefensa.org/article/obama-prigozine-ou-wagner-en-crimee
24 juin 2023 (17H00) – Dans ces temps aventureux, je voudrais faire un parallèle qui l’est tout autant, aventureux, mais qui présente quelques vertus. On s’en étonnera peut-être parce qu’il y a d’un côté un événement énorme qui se poursuit et, de l’autre, l’événement d’un instant qu’on a déjà oublié. Ce qui m’intéresse pourtant, c’est une interprétation parallèle, pour montrer des similitudes cachées et, par conséquent, le rôle de révélateurs de ces deux événements.
Les deux événements sont les suivants :
• Prigozine et le PMC ‘Wagner’, bien sûr, dans une sorte de remake à la sauce postmoderne d’un passage ou l’autre de l’année 1917.
• Une déclaration d’Obama à CNN, à propos des événements de 2014 (il était alors président) en Ukraine, et spécifiquement le cas criméen, avec l’intervention de l’armée russe à l’appel des autorités locales, un référendum et le rattachement à la Russie.
Je passe rapidement les deux choses en revue, avec le principal que je m’attache à en dire, selon ma perception. Puis on verra bien où je veux en venir, si je le sais moi-même...
On s’attend bien à ce que je dise qu’il ne faut rien attendre de moi, ni de précis sur les troubles, ni des intentions des uns et des autres, ni des situations présentes et immédiatement à venir, ni des positions des principaux acteurs. Une seule chose m’a arrêtée, qui m’est soufflée par ‘Military Summary’, repris par ‘Veille Stratégique’.
L’éditeur de ce travail quotidien, qui suit la situation au jour le jour estime que les événements, quels qu’ils soient, – que ce soit un simulacre (‘maskirovska’) ou un coup réel, – plongent la société russe dans une situation tragique et autorise certaines mesures radicales à un moment crucial, alors qu’une mobilisation générale se développe en Ukraine et que les conditions d’une possibilité d’intervention directe de l’OTAN se précise.
Ainsi fait-il cette hypothèse, que je place en contrepoint de l’hypothèse d’une situation de désordre civil puis au-delà des frontières russes si l’ordre n’est pas restauré... Poutine, qui n’est par ailleurs pas contesté comme président par aucun des acteurs, partisans et opposants, du ‘Wagnergate’, se trouverait dans l’hypothèse envisagée renforcé dans un sens par les événements, légitimé en quelque sorte pour prendre des mesures draconiennes qu’il jugerait indispensables dans une situation perçue comme en constante aggravation depuis la mise en évidence de perspectives d’affrontement direct avec l’OTAN :
« Cette situation donne à Poutine le pouvoir, premièrement d’instaurer la loi martiale sur le territoire de la Fédération de Russie, et deuxièmement de décréter la mobilisation générale... »
Pour ce qui est d’Obama, il s’agit d’une interview de Christian Armanpour, toujours de CNN et toujours aussi agressive. Elle a surtout poussé l’ancien président dans ses plus vieux retranchements pour ce qui concerne l’Ukraine, c’est-à-dire 2014, l’année du putsch de Kiev. Pourquoi, aboie-t-elle, a-t-on laissé la Russie envahir la Crimée sans réagir ? Parce que observe Obama, il n’y a pas eu vraiment d’invasion :
« “Il y a une raison pour laquelle il n'y a pas eu d’invasion armée de la Crimée [en 2014], c’est parce que la Crimée était pleine de russophones”, a-t-il déclaré à Christiane Amanpour, sur CNN. Il a ajouté qu’“il y avait une certaine sympathie pour le point de vue selon lequel la Russie représentait ses intérêts”.
» La principale défense d’Obama a été de dire que “l’Ukraine de l'époque n'était pas l’Ukraine dont nous parlons aujourd’hui”. Il a néanmoins affirmé que les sanctions qu'il avait prises avaient empêché la Russie d’aller plus loin à l'époque. [...] Il a ajouté : “Il y avait en effet [en Crimée] une faction suffisamment importante d'hommes politiques qui soutenaient l'idée de développer de bonnes relations avec la Russie [et] qui se sont élevés contre l'imposition de la russophobie”.
» Il est intéressant de noter que le Kremlin a accueilli positivement l'évaluation de M. Obama, le porte-parole de Poutine, Dimitri Pechkov, déclarant que les nouvelles remarques de M. Obama représentaient une “pensée rationnelle”. Il a ajouté que “de temps en temps, une telle pensée rationnelle se fraie un chemin [aux États-Unis]”. »
On a aussitôt interprété les propos d’Obama, dans un sens extrêmement défavorable à l’ancien président soudain soupçonné d’être prorusse et ami de Poutine, ce qui est une surprise considérable et une mesure du désordre des esprits si l’on considère le statut de quasi-sanctification dont Obama jouit aux USA.
« Ces commentaires ont suscité l'indignation des experts ukrainiens et américains...
» L'interview d’Obama a immédiatement suscité des condamnations de la part d'éminents experts en ligne, certains qualifiant de “honteuses” ses remarques sur la représentation des intérêts de la Crimée par la Russie, d'autres estimant que cela revient à justifier l’“annexion” de la Crimée comme étant légale et justifiée.
» Jonathan Eyal, du Royal United Services Institute (RUSI, le think tank le plus fameux au Royaume-Uni), a déclaré qu’Obama “colportait des absurdités intéressées”. Pourtant, on peut dire qu'Obama fait preuve de réalisme en évaluant les circonstances historiques de la guerre. »
Ce que je juge de similaire dans ces deux situations, c’est leur caractère symbolique de ce que j’estime être l’inévitable aggravation de la situation. Pour Prigogine, égocentrique psychotique, ou comédien assumé à l’ambition monstrueuse, ou martyr dénonciateur d’une bureaucratie dévorante, ou traître et agent provocateur de l’Ouest-psychoactif, il s’agit au minimum de la courroie de transmission d’un ‘deus ex machina’ qui entend imposer la tragédie à la Russie et au monde.
Pour Obama, il s’agit d’une démarche provoquée de la recherche des sources cachées de l’énorme simulacre ukrainien où Washington s’ébroue activement, et une icône de la stature d’Obama est toute indiquée pour donner à cette recherche un vernis de respectabilité, et au fond une sorte d’autorisation d’enfreindre les règles du simulacre et de retrouver quelques vérités-de-situation. Du coup, les USA, emportés dans leur folie guerrière, se trouvent confrontés à la possibilité que la réalité de cette folie leur soit imposée par des rappels historiques, alors que l’on s’achemine vers la possibilité d’une explosion globale. Cette sorte de symbolisme peut produire, de ce côté de la bataille qui est si sensible à la communication, des évolutions, des affrontements, des réalignements jusqu’alors absolument improbables.
On ajoutera, pour ce même côté de l’Atlantique, le constat affreux du directeur de Raytheon rapporté par le ‘Financial Times’ (via Larry Johnson), constatant que la dépendance des livraisons de “terres rares” par la Chine rend son entreprise, comme l’industrie de l’armement US en général, incapable de produire normalement des systèmes d’arme sans les livraisons chinoises.
Johnson rapporte alors :
« Les observations ironiques de l'entrepreneur Arnaud Bertrand résument bien la situation :
» C'est hilarant. Le patron de Raytheon, l'un des principaux fabricants d'armes américains, déclare que son entreprise a "plusieurs milliers de fournisseurs en Chine et que le découplage est impossible".
» Nous avons besoin de la Chine pour combattre la Chine... »
Ce commentaire est complété par l’identification d’un “bonne nouvelle” puisque ce “besoin de Chine” « ...rend la guerre [avec la Chine] moins probable »... La guerre comme on la conçoit, peut-être, mais c’est au contraire, – comme on l’a vu plus haut et comme on le voit souvent puisque c’est toujours la même chanson, – un formidable accroissement des tensions et des oppositions aux USA, avec toutes ces psychologies totalement exacerbées et radicalisées, pour certaines rendues folles si l’on se trouve dans l’impossibilité de guerroyer comme elles en ont absolument besoin.
Cet amoncellement de nouvelles, considérées par rapport à notre point de vue crisique central, constitue un facteur d’accélération et de renforcement de l’énorme tourbillon crisique où nous nous trouvons emportés. Rien de nouveau dira-t-on également, sinon la poursuite toujours accélérée d’une marche folle vers une terra incognita qui sera bien plus que “quelque chose de nouveau”.
Source : http://russiepolitics.blogspot.com/2023/06/les-trois-drapeaux-russes-et-le-retour.html
Trois drapeaux pour symboliser l'histoire de la Russie, qui n'a pas commencé en 1991, et pour constituer la Nation au-delà des révolutions. Pour la première fois depuis la chute de l'Union soviétique, le drapeau rouge est levé lors d'une cérémonie devant le Chef de l'Etat. La cérémonie a eu lieu à Saint-Pétersbourg, sur les rives du Golfe de Finlande. C'est également une grande victoire de l'armée russe.
Ce 17 juin, le Président Poutine a assisté à la cérémonie officielle de levée des drapeaux russes à Saint-Petersbourg : le tricolore, le drapeau soviétique et le drapeau impérial.
"Trois immenses bannières se sont envolées dans les airs : chacune représente un peu plus de la moitié du terrain de football - 60 mètres sur 40, elles pèsent près d'une demi-tonne. La levée de trois drapeaux d'un pays est prévue pour coïncider avec les dates d'établissement de chacun d'eux : 165 ans du drapeau de l'Empire russe, 100 ans du drapeau de l'URSS et 330 ans du drapeau tricolore de Pierre le Grand."
L'histoire d'un pays est un tout, au-delà des révolutions et des changements idéologiques, des personnalités qui plaisent ou qui dérangent, des victoires et des défaites. Il est vrai que l'histoire de la Russie est particulièrement riche en rebondissements idéologiques, ce qui complique la construction d'un discours historique national unifié et unificateur, englobant toutes ces périodes. La Russie soviétique s'est construite au départ sur le rejet de l'Ancien Régime, pour ensuite l'intégrer, une fois son pouvoir installé et renforcé, cherchant elle aussi la légitimité dans la continuité. La Russie néolibérale s'est construite en 1991 contre l'URSS, aidée en cela par le monde occidental, qui a lui aussi besoin de voir démoniser son ennemi. La démonisation a survécu de longues années à la chute de l'Union soviétique, la peur était trop grande de le voir renaître de ses cendres (toujours chaudes) sur fond de crise sociale, de désindustrialisation, de dépendance économique et de distanciation des élites politiques de l'opinion populaire.
Aujourd'hui, le temps s'est accéléré et dans le combat existentiel, qui se mène autour de la vision du monde, la Russie recolle les morceaux, en commençant avec les drapeaux. Démarche saine et salutaire, seule l'unité pouvant lui conférer l'énergie vitale, dont elle besoin pour remporter ce conflit. L'histoire d'un pays est le corps qui va porter la nation, consolider le peuple. Si l'on enlève un morceau par-ci par-là, parce qu'il ne plaît pas, si l'on rajoute un morceau de-ci de-là pour que cela fasse plus joli, l'on perd le corps pour ne se retrouver qu'avec un cadavre. Ou un monstre. Et l'Ukraine en est le parfait exemple. La France est en train de suivre la même voie, en se reniant.
"Le porte-parol du Président russe, Dmitri Peskov, a qualifié la levée du drapeau national de l'URSS sur l'un des trois mâts de symbole de continuité historique. « Il n'y a rien de plus là-bas et il ne doit rien y avoir. C'est précisément le symbole de la continuité de notre État russe », a déclaré le porte-parole. Peskov a noté que l'histoire de la Russie moderne ne se limite pas à l'histoire récente. "C'est l'histoire de l'Union soviétique, c'est l'histoire de l'Empire russe. Nous avons une histoire très ancienne et riche », a-t-il ajouté."
La
guerre globale, qui se déroule sous nos yeux, conduit la Russie à
vouloir dépasser la fracture historique des Rouges et des Blancs, pour
faire revenir au premier plan les Russes.
Source : https://www.chroniquesdugrandjeu.com/2023/06/l-eternel-recommencement.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail
Les événements de Russie ont pris de court la plupart des observateurs. Mal à l'aise, les pro-russes ont d'abord maladroitement tenté de minimiser la chose avant de partir aux abonnés absents. Les médias occidentaux, quant à eux, sont en peine d'expliquer comment ils sont passé d'un "Poutine dictateur régissant son pays avec une main de fer" à un "Poutine qui sera renversé demain" et tremblent à l'idée de devoir choisir entre les mercenaires de Wagner et les Tchétchènes de Kadyrov dans l'affrontement qui se prépare peut-être dans les prochaines heures à Rostov. Les Ukrainiens se mettent à applaudir follement Wagner qu'ils vilipendaient il y a quelques jours encore, tandis que les spécialistes du dimanche se perdent dans les théories les plus éclectiques (complot russe pour attirer Kiev dans un piège, Prigojine manipulé par la CIA...)
En réalité, la situation n'est pas si étonnante que cela. Elle est même récurrente dans l'histoire. Quand une guerre tourne au fiasco, les langues commencent à se délier ; puis, si le pouvoir est traversé de courants contradictoires voire de guerres intestines, c'est au tour des bras et des armes qu'ils tiennent.
Ainsi, même s'il convient de rester très prudent à cette heure, nos Chroniques avaient comme qui dirait pressenti il y a sept mois ce qui pourrait peut-être advenir. Les dernières lignes sont assez prémonitoires :
2022 fait invariablement penser à un autre annus horribilis : 1904. Dans son livre, votre serviteur revenait sur cette année clé du Grand jeu entre la thalassocratie impériale et le Heartland tsariste, dont ce dernier mettra des décennies à se remettre sur le plan stratégique :
Londres ne renonce pas à sa formidable stratégie d’encerclement du Heartland. Quatre petites années après le mémorandum de Joseph Chamberlain cité plus haut, éclate la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Un magnifique cas d’école. Les manuels qui en parlent encore aujourd’hui la présentent principalement comme la première défaite d’un peuple "blanc" face à un pays asiatique. Ceci n’est pourtant qu’une partie dérisoire de toute l’histoire. Cette guerre participe avant tout du Grand Jeu entre Russes et Britanniques et constitue, pour ces derniers, un de leurs plus brillants succès. Éternellement inquiète de l’influence grandissante de sa bête noire en Asie, l’Angleterre s’allie au Japon en 1902 et le pousse, deux ans plus tard, à déclarer la guerre à la Russie. Fait très peu connu, quelques semaines avant le début du conflit, Londres monte sa propre expédition militaire contre le Tibet.
Comment ne pas y voir un classique mouvement de prise en tenailles ? Le lien est évident et la presse de l’époque, bien plus pertinente que sa consœur actuelle dans ses analyses géopolitiques, ne s’y trompe pas : « Pendant que l’attention du monde est absorbée par la lutte gigantesque en Extrême-Orient, il se passe au centre de l’Asie des événements moins sanglants, d’une apparence moins tragique, mais dont les résultats peuvent peser d’un grand poids dans les destinées de l’humanité. L’Union Jack a été hissée sur les murs de Lhassa et les pas des soldats de l’Angleterre ont foulé les rues de la mystérieuse ville sainte, de la Rome bouddhique. À Lhassa et en Mandchourie se débat le même procès. La campagne du Tibet est un corollaire de la guerre russo-japonaise, c’est un des actes de la lutte sourde engagée depuis longtemps entre la Russie et l’Angleterre pour la suprématie en Asie. »
Les Russes, déjà influents au Turkestan chinois et en Mongolie, étaient en effet sur le point de "récupérer" le Tibet. L’affaire est étonnante et romanesque : des missions de lamas-diplomates-espions bouriates y étaient envoyées pour le persuader d’entrer dans le giron russe, allant jusqu’à présenter le tsar comme une réincarnation de la Tara blanche, déité du bouddhisme symbolisant la paix et la longévité ! Déjà, il est prévu que des instructeurs militaires russes forment l’armée tibétaine, que des armes y soient transportées. À l’aube de ce XXe siècle, les dirigeants de Lhassa sont sur le point de remplacer l’empereur de Chine par le tsar dans le rôle de suzerain. Un accord russo-chinois, la Convention secrète de Canton, est même signé en 1902, entérinant cette prépondérance russe. Pékin, en accord avec les Tibétains eux-mêmes, reconnaît à Saint-Pétersbourg le rôle de protecteur conjoint du Tibet. L’on imagine aisément comment la nouvelle est reçue par les autorités coloniales britanniques, particulièrement le vice-roi des Indes, Lord Curzon… La réaction de l’Angleterre est foudroyante et, du point de vue stratégique, lumineuse. Elle lance le Japon contre les Russes et, profitant de ce que son adversaire est empêtré dans cette guerre épuisante, mène le raid de Lhassa qui détache définitivement le Tibet de la Russie.
Le parallèle avec la situation actuelle est frappant. Avant chacun de ces conflits, la Russie était sur la montante, semblait en position de force. Sur le point d'obtenir les clés de l'Asie il y a un siècle, maîtresse de la multipolarité et en passe de remplacer les États-Unis au Moyen-Orient l'année dernière. Et puis patatras, une guerre catastrophique et tout s'écroule...
D'aucuns observent non sans raison que, historiquement, les révolutions en Russie naissent presque toujours des débâcles militaires. Celle de 1904 alimenta le mécontentement général et déboucha sur la Révolution de 1905 qui amena Stolypine au pouvoir. Bis repetita en 2023 ?
Nous n'en sommes pas (encore ?) là et il convient de rester prudent. La rébellion de Wagner était, en tout cas initialement, dirigée contre les hauts pontes militaires, même si la petite musique prigojinienne consistant à vitupérer la bureaucratie et l'impuissance de l’État peut parler à des couches non négligeables de la population russe. De plus, sur le papier, le déséquilibre des forces est assez flagrant ; sans ralliements massifs d'une partie de l'armée et/ou de la société, l'on a du mal à voir comment la petite aventure wagnérienne pourrait arriver au terme de la symphonie.
Toutefois, les mesures d'urgence prises par les autorités - check points autour de Moscou, avis à la population, routes bloquées et parfois éventrées pour ralentir l'avance - montrent qu'elles ne prennent pas du tout l'affaire à la légère. Pour la Russie, après vingt ans de relative stabilité, c'est un énorme bond en arrière qui fait furieusement penser... aux années Eltsine.
*** MAJ ***
Prigojine aurait donc, selon les dernières informations, décidé de renoncer à son escapade après des heures de négociation avec Loukachenko. On imagine que cela s'est accompagné de solides garanties (la tête de Shoïgu et de l'état-major ? Nous verrons dans les jours prochains car nous ne sommes peut-être pas au bout de nos surprises...)
Cet épisode montre en tout cas une étonnante fébrilité, pour ne pas dire faiblesse au sein du pouvoir russe. Un mercenaire qui règle ses comptes en faisant une Pougatchev au nez et à la barbe de l'armée et se balade de manière menaçante sur l'autoroute de Moscou sans réaction en face. Un Poutine qui voit son autorité publiquement sapée - "Nous allons destituer le président" avait crânement lancé le Prigo - après avoir prononcé un discours matinal non moins surprenant qui évoquait 1917 (a-t-il senti, comme Nicolas II, que ses heures étaient comptées ?) Une chaotique lutte des clans digne des pires années Eltsine.
La guerre en Ukraine - l'indépassable pivot géopolitique du grand échiquier eurasien théorisé par Mister Zbig - n'a pas fini de provoquer des remous au cœur du Heartland...