mardi 30 mai 2017

Le règne des idiots par Chris Hedges / Reign of idiots by Chris Hedges

Source : Chris Hedges, Truthdig, le 30/04/2017
Mr. Fish / Truthdig
Dans les derniers jours des civilisations qui s’écroulent, les idiots prennent la relève. Des généraux idiots mènent des guerres interminables et ingagnables qui mettent la nation en faillite. Des économistes idiots appellent à réduire les impôts des riches, et à couper  les programmes sociaux des pauvres, en prévoyant une croissance économique basée sur un mythe. Des industriels idiots empoisonnent l’eau, le sol et l’air, suppriment les emplois et réduisent les salaires. Des banquiers idiots jouent sur les bulles financières qu’ils ont eux-mêmes créées et réduisent les citoyens à l’esclavage en vertu d’une dette qui les écrase. Des journalistes et des intellectuels idiots prétendent que le despotisme est la démocratie. Des agents de renseignement idiots orchestrent le renversement de gouvernements étrangers pour créer des enclaves sans loi où prospèrent des fanatiques fous-furieux. Des professeurs, des «experts» et des «spécialistes» idiots s’occupent, avec un jargon inintelligible et des théories obscures, à soutenir la politique des dirigeants. Des animateurs et des producteurs idiots créent des spectacles scabreux, pleins de sexe, de sang et de fantasmes.
Dans la checklist bien connue de l’extinction, nous sommes en train de cocher toutes les cases.
Les idiots ne connaissent qu’un seul mot : « plus ». Ils ne s’encombrent pas de bon sens. Ils accumulent richesse et ressources jusqu’à ce que les travailleurs ne puissent plus gagner leur vie et que l’infrastructure s’effondre. Ils vivent dans des enceintes privilégiées où ils commandent des tirs de missiles en mangeant du gâteau au chocolat. Ils voient l’Etat comme la projection de leur vanité. Les dynasties romaine, maya, française, habsbourgeoise, ottomane, romaine, wilhelminiennepahlavi et soviétique se sont effondrées parce que les caprices et les obsessions des idiots au pouvoir faisaient la loi.
Donald Trump est le visage de notre idiotie collective. Il est ce qui se cache derrière le masque de civilisation et de rationalité que nous pratiquons : un mégalomane chancelant, narcissique et sanguinaire. Il brandit des armées et des flottes contre les damnés de la terre, il ignore gaiement la misère catastrophique causée par le réchauffement climatique et les pillages au nom des oligarques mondiaux ; et la nuit, il s’assoit bouche-bée  devant un téléviseur puis ouvre son « joli » compte Twitter. Il est notre version de l’empereur romain Néron, qui a engagé de vastes dépenses de l’État pour avoir des pouvoirs magiques ; de l’empereur chinois Qin Shi Huang, qui a financé à tire-larigot des expéditions vers l’île mythique des immortels pour rapporter la potion qui lui donnerait la vie éternelle ; et d’une royauté russe en décomposition qui s’asseyait autour d’une table pour se faire lire les tarots, tandis que la nation était décimée par la guerre et que la révolution fermentait dans les rues.
Ce moment de l’Histoire marque la fin d’un long et triste récit d’avidité et de meurtre par la race blanche. Il était inévitable que pour le spectacle final, nous vomissions une figure grotesque comme Trump. Les Européens et les Américains ont passé cinq siècles à conquérir, piller, exploiter et polluer la terre au nom du progrès humain. Ils ont utilisé leur supériorité technique pour créer les machines de destruction les plus efficaces de la planète, dirigées contre n’importe quoi et n’importe qui, en particulier les cultures indigènes qui se trouvaient sur leur chemin. Ils ont volé et accumulé la richesse et les ressources de la planète. Ils croyaient que cette orgie de sang et d’or ne finirait jamais, et ils le croient toujours. Ils ne comprennent pas que l’incessante expansion capitaliste et impérialiste, et son éthique sinistre, condamne les exploiteurs aussi bien que les exploités. Mais alors même que nous sommes sur la voie de l’extinction, nous manquons d’intelligence et d’imagination pour nous libérer de notre passé évolutif.
Plus les signes avant-coureurs se font  palpables – l’accroissement de la température, les effondrements financiers mondiaux, les migrations de masse, les guerres sans fin, les écosystèmes empoisonnés, la corruption rampante dans la classe dirigeante – plus nous nous tournons vers ceux qui chantent, soit par idiotie, soit par cynisme, le mantra que ce qui a fonctionné dans le passé fonctionnera à l’avenir et que le progrès est inéluctable. Les preuves factuelles, parce ce qu’elles font obstacle à notre désir, sont écartées. Pour les entreprises et les riches, qui ont désindustrialisé le pays et transformé beaucoup de nos villes en terrains vagues, on réduit les impôts ; pour les travailleurs américains blancs, on supprime les régulations afin de faire revenir l’âge d’or prétendu des années 50. Des terrains publics sont ouverts à l’industrie du pétrole et du gaz, tandis que les émissions de carbone condamnent notre espèce. Les baisses de rendement résultant des vagues de chaleur et des sécheresses sont ignorées. La guerre est l’activité principale d’un État kleptocratique.
En 1940, au moment  de la montée du fascisme européen et de la guerre mondiale imminente, Walter Benjamin écrivait :
Un tableau de Klee nommé Angelus Novus montre un ange qui semble sur le point de se  détourner de quelque chose qu’il contemple fixement. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes écartées. Voilà comment on peut imaginer l’Ange de l’Histoire. Son visage est dirigé vers le passé. Là où nous percevons une chaîne d’événements, il voit une unique catastrophe, qui empile épave sur épave et les jette à ses pieds. L’Ange voudrait rester debout, réveiller les morts et restaurer tout ce qui a été brisé. Mais une tempête souffle depuis le Paradis ; elle se prend dans ses ailes avec une telle violence que l’ange ne peut plus les fermer. La tempête le pousse irrésistiblement vers l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que, à ses pieds, le tas de débris monte jusqu’aux cieux. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.
La pensée magique ne se limite pas aux croyances et aux pratiques des cultures pré-modernes. Elle définit l’idéologie du capitalisme. Les quotas et les ventes prévues peuvent toujours être atteints. Les bénéfices peuvent toujours être augmentés. La croissance est inévitable. L’impossible est toujours possible. Les sociétés humaines, pourvu qu’elles  s’inclinent devant les diktats du marché, seront admises au paradis du capitalisme. Il n’y a qu’à avoir la bonne attitude et la bonne technique. Lorsque le capitalisme prospère, nous sommes confiants, nous prospérons. La fusion du Soi avec le collectif capitaliste nous a volé notre pouvoir, notre créativité, notre capacité d’auto-réflexion et notre autonomie morale. Nous définissons notre valeur non pas par notre indépendance ou notre caractère, mais par les normes matérielles définies par le capitalisme –richesse personnelle, marques, statut et progression de carrière. Nous nous moulons dans un conformisme  collectif refoulé. Cette conformité de masse est caractéristique des États totalitaires et autoritaires. C’est la Disneyfication de l’Amérique, terre de pensées éternellement heureuses et d’attitudes positives. Et quand la pensée magique ne fonctionne pas, on nous dit, et nous l’acceptons souvent, que c’est nous qui sommes le problème. Il nous faut  avoir plus de foi. Il nous faut  avoir la vision de ce que nous voulons. Il nous faut essayer plus fort. Il ne faut jamais faire de reproches au système. Nous avons échoué. Ce n’est pas lui qui nous a fait échouer.
Tous nos systèmes d’information, depuis les gourous du développement personnel et depuis Hollywood, jusqu’aux monstruosités politiques comme Trump, tous nous vendent des  remèdes de charlatan. Nous nous cachons les yeux devant l’effondrement imminent. En nous réfugiant dans les faux espoirs, nous offrons des opportunités de carrière aux baratineurs qui nous disent ce que nous voulons entendre. La pensée magique qu’ils manient est une forme d’infantilisme. Elle discrédite les faits et les réalités qui défient le brillant des slogans creux, tels que « Rendre sa grandeur à l’Amérique. (Make America great again)». La réalité est bannie pour un optimisme sans fin et sans fondement.
La moitié du pays peut bien vivre dans la pauvreté, nos libertés civiles peuvent bien nous être supprimées, la police militarisée peut bien assassiner dans la rue des citoyens désarmés, nous  pouvons bien gérer le plus grand système pénitentiaire du monde et la machine de guerre la plus meurtrière, toutes ces vérités sont soigneusement ignorées. Trump incarne l’essence de ce monde en décomposition, en faillite intellectuelle et morale. Il est son expression naturelle. Il est le roi des idiots. Et nous sommes ses victimes.
Source : Chris Hedges, Truthdig, le 30/04/2017


Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source. https://www.les-crises.fr/le-regne-des-idiots-par-chris-hedges/

dimanche 14 mai 2017

Emmanuel Todd: «le FN ne veut pas le pouvoir» / Emmanuel Todd "The FN don't want the power"

PrésidentielleLe polémiste Emmanuel Todd renvoie dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Il a vu dans le débat présidentiel «une comédie» illustrant la volonté du parti de Marine Le Pen de ne pas gouverner…

<b>Emmanuel Todd</b>: «Si l'on additionne les voix de Macron, Hamon et Fillon au premier tour, nous nous rendons compte – ô surprise – que les candidats pro-européens ont remporté la majorité. <b>L’européisme est une forme de conservatisme</b>.»
Emmanuel Todd: «Si l'on additionne les voix de Macron, Hamon et Fillon au premier tour, nous nous rendons compte – ô surprise – que les candidats pro-européens ont remporté la majorité. L’européisme est une forme de conservatismeImage: Steeve Iuncker-Gomez

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«Voter Front national, c’est approuver la xénophobie. Voter Macron, c’est accepter la soumission. Moi, je ne peux pas choisir». Emmanuel Todd ira à la pêche ou se promener dimanche prochain, mais en aucun cas il ira voter. C’est ce qu’il nous dit, avec humour, mais sans plaisanter. L’intellectuel et polémiste Emmanuel Todd (65 ans) est un anti-européen forcené. Et une critique féroce de la vie politique française. Le débat d’entre-deux-tours ne l’a pas réconcilié avec la présidentielle. Interview.
Le débat Marine Le Pen contre Emmanuel Macronvous a-t-il fait changer d’avis: toujours abstentionniste?
Emmanuel Todd: Non. Le débat ne m’a pas fait changer de position. Ce que j’ai vu était une comédie. Mais j’ai acquis la conviction que le FN ne voulait pas le pouvoir!
Qu’est-ce qui vous fait dire cela?
J’ai eu le sentiment étrange qu’un scénariste unique avait rédigé deux partitions: le fasciste hystérique et le bon élève discipliné. J’ai vu l’affrontement de la France d’en bas contre la France d’en haut comme dans une mise en scène. J’ai vu un système: vulgarité contre conformisme. Marine Le Pen a permis à Emmanuel Macron de ne pas parler de son absence de solution à la paralysie de la France. Elle n’a rien dit. Il n’a rien dit. Et en tant que Français, j’ai eu honte de ce que le débat soit devenu ça dans cette grande Nation. J’ai pensé que cette médiocrité allait faire regretter à beaucoup Jean-Luc Mélenchon.
Mais approuvez-vous le choix de Jean-Luc Mélenchon de ne pas donner une indication d'un vote clair pour le second tour?
On entend les commentateurs dire, c’est affreux, cette entorse à la loyauté républicaine, il se suicide. Au contre, je considère que le refus de Jean-Luc Mélenchon de prendre position automatiquement pour Emmanuel Macron est l'acte fondateur de quelque chose de nouveau. Il montre un vrai tempérament d’homme d’Etat. Enfin dans ce pays, une gauche alternative a le courage de se libérer du dogme européen. Car si rien ne change, les élections continueront d'être une sorte de fiction. Il serait plus honnête d'élire un vice-chancelier pour la France.
A long terme, Emmanuel Macron est un marchepied pour Marine Le Pen
Vous ne craignez pas d’aider Marine Le Pen?
Le Front national n'a pas enregistré au 1er tour la progression que beaucoup prédisaient. C’est le résultat du succès de Jean-Luc Mélenchon. Cela fait des décennies que j’analyse les flux électoraux et je n’avais jamais vu un exploit de ce genre. Il gagne huit points par rapport à la dernière élection présidentielle. Il est également le seul candidat qui a des voix parmi les travailleurs «transclasse»: diplômés, jeunes, vieux, classe moyenne.
Battre le FN n’est donc plus une priorité?
Utiliser le bulletin de vote Macron pour barrer la route à Marine Le Pen signifie aussi frustrer cet élan extraordinaire qui est, à ce jour, la seule véritable opposition au Front national. A long terme, Emmanuel Macron est un marchepied pour Marine Le Pen. Personnellement, je considère le lepénisme et le macronisme comme les deux faces d'une même médaille. On ne peut pas choisir le racisme de Marine Le Pen. Mais Emmanuel Macron, c’est la soumission aux banques, à l’Allemagne, à tout ce qui nous a conduits à la crise d'aujourd'hui. C'est pourquoi je m’abstiens toujours, et même avec joie, en attendant la naissance d'un monde meilleur. Mais ce ne sera pas pour cette fois, parce que je suis convaincu maintenant que Macron va gagner.
Comment en êtes-vous si certain?
La présidentielle se décide par le vote des électeurs âgés. Qui ont peur de quitter l'Europe. Et si l'on additionne les voix de Macron, Hamon et Fillon au premier tour, nous nous rendons compte – ô surprise – que les candidats pro-européens ont remporté la majorité. L’européisme est une forme de conservatisme. Le résultat de ce grand cirque électoral, c’est que le vote de Maastricht est reconduit au premier tour de la présidentielle. Le programme d’Emmanuel Macron est européiste… On est dans un pays qui fait semblant d’exister. Le rêve français, c’est de sortir de l’histoire. (TDG)
Créé: 04.05.2017, 18h25


source : http://www.tdg.ch/monde/europe/Emmanuel-Todd-le-FN-ne-veut-pas-le-pouvoir/story/15850879

vendredi 12 mai 2017

Alain Accardo -Le capitalisme n'est pas réformable / Alain Accardo - the capitalism is not reformable

Oyez oyez sociaux-démocrates de tous les pays ! 
Particulièrement intéressant lorsque Accardo dit qu'il est plus facile de briser du béton (la bastille) plutôt que ses propres inclinations (celles qui nourrissent le système)
.... ah mais oui on en revient à cette fameuse idée gandhiesque "sois-toi même le changement que tu veux voir dans le monde" 




mercredi 10 mai 2017

Macron: quel est ce nouveau Président / Macron : who is this new President ?


lundi 8 mai 2017

Macron: quel est ce nouveau Président



Hier, 7 mai 2017, les français ont choisi un nouveau Président, Emmanuel Macron, pur produit du système de communication, du système financier et de la globalisation. L'euro est reparti immédiatement à la hausse, les marchés aussi. Le système idéologique dominant respire, mais quelle est cette victoire au goût amère, d'une France comme laissée sans voix, absente des rues, concentrée sur l'Esplanade du Louvre? Quel Président s'est-elle choisi?

Un Président ultra-minoritaire

Selon les résultats officiels, E. Macron a largement remporté ces élections:


Mais pourtant, lorsque l'on reporte son score au nombre total d'inscrits, les résultats sont déjà largement revus à la baisse, notamment en raison du chiffre jamais atteint à ce jour de votes blancs, vote contestataire, pour plus de 4 millions de citoyens. L'abstention a elle aussi atteint des sommets oubliés depuis l'élection de 1969, lorsque la gauche avait boudé le vote.



Le chiffre tombe alors à 43% des votes pour E. Macron, en fonction du nombre d'inscrits. Pourtant, après l'élection, il faut encore gouverner. Etre élu n'est pas un but en soi, ce n'est qu'un moyen pour mettre en oeuvre une politique. Or, pour cela, il faut trouver pouvoir regrouper autour d'une certaine vision politique, d'un programme. Ici, deux chiffres font peur quant à l'importance du risque de crise sociale profonde qu'ils comportent. 

Seuls 18% des électeurs de Macron ont voté pour son programme. Donc la volonté de changement affichée par le vote, ne se reconnaît pas entièrement dans le programme et encore moins dans la personnalité de Macron:


Ce qui confirme qu'une grande partie de son électorat n'est que le reflet d'un vote anti- Le Pen. Pour Ipsos, 43%,  d'autres chiffres montent à 57%.


En faisant la moyenne des chiffres avancés, disons qu'environ la moitié des 43% des électeurs qui ont voté pour Macron ne soutiennent pas son programme. Que se passera-t-il lorsqu'il mettra son programme en oeuvre, par ordonnances comme il l'a affirmé?

Un Président néolibéral

La France s'est doté d'un Président néolibéral, ce qui a plusieurs implications sur le plan économique, institutionnel et géopolitique.

Sur le plan économique, son programme d'ordonnances vise donc à contourner le Parlement - et donc le problème du 49-3 - pour faire passer ce qui n'a pu être fait lorsqu'il était au Gouvernement, les députés n'étant pas prêts au suicide politique car ils doivent se faire réélire. Aller plus loin dans la dérégulation du droit du travail, réformer les retraites et la fiscalité dans une logique de désengagement de l'Etat et de protection du capital, voici quelques axes du programme néolibéral qui avait mis tant de personnes dans les rues et qui va encore être  radicalisé. 

Sur le plan institutionnel, utiliser les ordonnances (qui sont des actes normatifs adoptés par le Gouvernement dans le domaine de la loi) montre l'urgence et donc l'aspect secondaire du dialogue social. Il est intéressant que le dialogue social est important tant que les tenant de ce système idéologique ne sont pas au pouvoir. Lorsqu'ils y arrivent, à quoi bon discuter avec la société, puisqu'ils sont la société. Ceux qui contestent sont rétrogrades, peureux, consevateurs - l'insulte suprême. 

Cette méthode montre aussi la nécessité de marginaliser le Parlement, car l'on ne sait pas encore comment il sera constitué et cette inconnue perturbe pour l'instant la détermination du mode de gouvernance. Macron a finalement décidé de ne pas constituer de parti politique à partir de son mouvement En Marche. Ce qui fut un excellent conseil pour totalement perturber le jeu politique intérieur. Imaginez des candidats PS ou LR ou autres qui seront en même temps des candidats En Marche, mais ce sera le PS ou LR qui devront prendre sur eux l'organisation de la campagne, sans pouvoir leur opposer des candidats non- En Marche dans leurs circonscription puisqu'officiellement ils sont membres de leur parti. Totalement ubuesque. Les partis politiques traditionnels pourraient exclure les candidats à double casquette, mais auront-ils le courage politique de  le faire réellement? A voir, mais sans illusions. Ils risquent surtout de jourer le jeu en espèrant recevoir une miette du pouvoir, la médiocrité dont ils ont fait preuve lors de ces élections ne présage rien de bon.

Dans de telles conditions, de quelle opposition politique s'agira-t-il au Parlement? Elle sera encore plus marginale qu'aujourd'hui. Ce Parlement sera inefficace, totalement bloqué par ses conflits intérieurs: car s'ils sont médiocres, les hommes politiques ne peuvent accepter de l'être notoirement. C'est pour cela que pour instaurer la vague de dérégulation prévue par Macron et son équipe, le nouveau Président n'a pas besoin des parlementaires. De toute manière, les textes nécessaires sont écrits ailleurs.

Sur le plan géopolitique, la France va continuer le mouvement atlantiste et européiste. L'intervention directe de B. Obama, qui n'a choqué personne, dans ce qui se transforme en république bananière, les attaques contre la Russie, l'ennemi avec lequel il faudra bien parlé, en sont le signe précurseur. Toute remise en cause de ce cadre est impossible. L'UE a trouvé un allié de choix en Macron, l'image de la France sera mise à contribution, prostituée, pour renforcer, autant que cela soit possible, l'atlantisme de l'UE - dans le sens néoconservateur.


Le Président de la peur

E. Macron a été élu sur une mécanique de la peur, qui a poussé les gens dans l'irrationnel et son comportement de prédicateur en était le signe extérieur. 

Il y a eu effectivement la peur du FN, qui devait faire passer toutes les faiblesses du système Macron: la faiblesse de la lutte contre le terrorisme pour laquelle il n'est pas prêt, la remise en cause du rôle de protecteur social de l'Etat par la dérégulation, le renforcement de l'UE au détriment de l'identification d'intérêts nationaux, la noyade de l'identité française dans la vague migratoire ... Sans le FN, Macron n'aurait pas pu berner la population, qui sortira dans les rues à la première ordonnance. C'est-à-dire lorsque ce sera trop tard.

E. Macron a joué aussi sur la peur de l'avenir et la peur de la réalité. Il a servi aux électeurs un discours adapté à chaque besoin, à chaque demande, sans aucune vision d'ensemble pour ne pas montrer leur impossible coexistence. Ainsi, il nie la culture française et s'attache à sa grande histoire. Il prend en compte l'intérêt de chacun et dérégule au-delà de l'imaginable, renforçant la précarité. Il sert la République et la noie dans l'immigration incontrôlée. Pour cacher cela, il a voulu rester sur le plan technique, pour pouvoir peindre un avenir en rose auquel les gens avaient envie de croire, avec des mots-clés et des slogans vendeurs. Mais le vendeur lui-même est un peu faible: rappelons que 33% de ses électeurs sont pour le renouvellement, mais 8% pour sa personnalité. Or, la présidentielle est une élection d'homme. La rencontre d'un homme et d'un peuple dit-on. Le rendez-vous est un peu glauque.

Il pourrait rester quelques espoirs: que la fonction oblige l'homme, mais elle a été tellement fragilisée par ses derniers détenteurs, qu'il y a peu de chances; que des mouvements populaires de masse contraignent la politique envisagée, ce qui est fantastique sauf que, dans le meilleur des cas, ça ne résoudra pas les problèmes énomiques réels du pays, ni sociaux, ni les choix de société qui nous attendent. Dans le meilleur des cas, ce sera une élection pour rien. Dans le pire des cas ... le danger de dilution du pays est réel par la radicalisation du cours politique déjà mené. 

La République ne peut être globalisée: la promesse de Macron de la défendre n'est qu'un mensonge de plus. Et c'est en priorité ce qu'il nous faut défendre aujourd'hui, la République, faute d'avoir les instruments pour construire.   


source : 

http://russiepolitics.blogspot.be/2017/05/macron-quel-est-ce-nouveau-president.html#more

samedi 6 mai 2017

[Elections présidentielles françaises 2017] François Ruffin : que faire contre la finance ? / [French Presidential elections 2017] François Ruffin: What to make against the finance?


Bon, ce cher François a décidé de voter Macron. Pourquoi pas... 





Résumons pour dimanche : il y aura le vote macron, le vote le pen, le vote blanc et l'abstention 

Sur radio Sputnik, un analyste évoquait récemment une 5ème piste...  le vote révolutionnaire

"Le vote révolutionnaire est une expression utilisée pour désigner un vote apparemment paradoxal. En effet, dans ce cas un électeur vote pour le candidat qu'il considère comme étant le pire, dans l'espoir que son élection provoque une révolution. L'idée de départ est de provoquer un changement de paradigme politique et de mettre en échec les candidats ou les partis qui se contenteraient de réformer le système en place. En France, l'expression est également employée lorsque les électeurs d'un parti ou d'une fraction d'un parti préfèrent voter pour leurs adversaires plutôt que pour leurs alliés. Par là, ils veulent souvent préserver les chances de leur candidat dans une élection future ou faire élire celui auquel ils pourront s'opposer de façon frontale. L'expression est également utilisée parfois lors de vote du type tout sauf untel."

https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=4497618119363907000#editor/target=post;postID=6063634001382409129


Pour les ennemis de la tromperie universelle, regardez au moins cette première et édifiante vidéo en vous rappelant que Macron est la suite logique de Hollande.









jeudi 4 mai 2017

Elections présidentielles 2017 : Onfray se lâche / Presidentials elections 2017 : Onfray is getting wild


« Le belliciste BHL [Bernard-Henri Lévy] a donc gagné, et avec lui Pierre Bergé [un des actionnaires majoritaires du Monde], locataire d’utérus d’autrui, Jacques Attali, plagiaire notoire et condamné comme tel par la justice, Alain Minc, plagiaire du précédent, Manuel Valls, traître en chef, [Bernard] Kouchner, sac de riz chez les médecins et médecin chez les sacs de riz, [Daniel] Cohn-Bendit, pédophile au siècle dernier, autrement dit tous les promoteurs forcenés d’une politique libérale qui a permis à Marine Le Pen de faire son plus gros score et d’être présente au second tour de cette élection qui n’en aura qu’un et à la famille Le Pen de passer de moins de 1 % en 1981 à près de 22 % en 2017, cherchez l’erreur ! », déclare le fondateur de l’université populaire de Caen.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/05/02/chez-certains-intellectuels-le-vote-pour-bloquer-le-fn-ne-va-plus-de-soi_5120896_4854003.html#bd3SqUvmd14U6bP2.99

mardi 2 mai 2017

Elections présidentielles françaises 2017 : la perversion narcissique dans la dissidence... au service du chaos / French presidential elections on 2017: the narcissistic perversion in the dissidence in the service of the chaos

Les deux candidats restants sont les deux faces d'un même problème. Il accéléreront, l'un et l'autre, le processus d'effondrement général. 

" Le FN de Le Pen et des fractions de la droite dite « républicaine » ont fait leur jonction : ce mouvement est encore limité car il est prématuré. Le monde des affaires après avoir « essayé » alternativement la droite et la pseudo « gauche », a choisi d’expérimenter une association des deux sous la présidence d’un commis appartenant à leur sérail.

C’est en cas de nouvelle « déception » que le grand patronat et les banques opteront pour le néofascisme selon une tradition historique bien établie. Marine Le Pen et le FN n’ont servi cette année encore qu’à justifier le vote « utile », c’est-à-dire le vote s’imposant par « impératif moral » en faveur de la droite « convenable » à la mode du jour." 

Robert Charvin

Ci-dessous, Alain Soral, promoteur déclaré du FN, analysé sous l'angle de la perversion narcissique. Cette analyse peut tout aussi bien s'appliquer à d'autres...  

"Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres"

Antonio Gramsci






lundi 1 mai 2017

Elections présidentielles françaises 2017 : lettre à un ami qui me conjure de voter Macron par Bruno Guigue / French presidential elections on 2017: letter to a friend who begs me to vote for Macron by Bruno Guigue

01 mai 2017


Lettre à un ami qui me conjure de voter Macron


Tu me dis que le 7 mai nous n’avons pas le choix et qu’il faut voter Macron. Si je m’abstiens, dis-tu, je fais le jeu de Le Pen. Dans ta bouche, c’est comme une injonction morale. Au deuxième tour, il faut faire barrage au Front national, parce que si on ne le fait pas, Marine Le Pen sera élue. Je comprends tes arguments, car, comme toi, je n’ai pas envie que le FN accède au pouvoir. C’est une formation politique dont j’ai toujours combattu l’idéologie, et la possibilité de lui accorder mon suffrage ne m’a jamais traversé l’esprit. 

Le problème est ailleurs. Le problème, c’est que pour me convaincre de voter Macron, tu pars de fausses prémisses. Tu fais comme si le résultat du 7 mai était incertain et nimbé de mystère. Or ce n’est pas le cas. Un deuxième tour d’élection présidentielle, c’est une arithmétique des reports de voix. Non seulement Macron (24%) a de l’avance sur Le Pen (21,3%), mais il bénéficiera d’un report massif des voix de Hamon et d’un report substantiel des voix de Fillon et Mélenchon.


A supposer qu’elle bénéficie d’une partie des voix de Fillon et de la totalité des voix de Dupont-Aignan, Marine Le Pen est très loin du compte ! On glose beaucoup sur les électeurs de Mélenchon qui seraient tentés de voter Le Pen, mais cette fraction de l’électorat est dérisoire. En réalité, personne ne croit à la victoire du FN, mais il faut faire semblant d’y croire pour lever les inhibitions qui nous empêchent de voter pour le candidat de la caste.


En fait, tu invoques une urgence électorale imaginaire, tu me demandes de faire barrage à une candidate dont tout le monde sait qu’elle sera battue. Tu vas me répondre que je suis un irresponsable et que je compte sur les autres pour battre Le Pen. Mais il y a les faits, et l’arithmétique est implacable. Oui, Le Pen est un danger. Non, elle ne sera pas élue. Nier cette réalité, c’est fausser l’analyse. En m’abstenant le 7 mai, je ne favorise pas le FN. Je conteste la légitimité d’une élection qui a été truquée par la scandaleuse partialité des médias. Ce n’est pas la même chose.


Macron sera élu, mais je souhaite qu’il soit élu dans les pires conditions. Avec un taux d’abstention à 40%, ce sera un président-fantoche. Aux élections législatives, il faudra se battre pour l’empêcher d’avoir une majorité ! Et s’il a une majorité parlementaire de bric et de broc, il faudra combattre sa politique. Tu as choisi de voter Macron pour éliminer Le Pen. Je m’abstiens pour torpiller Macron sans voter Le Pen. Macron veut légiférer par ordonnances pour démolir le code du travail. En m’abstenant, je choisis mon camp. En votant pour lui, tu choisis le sien.


Macron, tu le sais, est le pantin d’une oligarchie dont la cupidité est responsable du délabrement de notre pays. Elle bafoue la souveraineté populaire, elle asservit les médias, elle détruit les emplois pour se gaver, elle fait la guerre pour le fric à des pays qui ne nous ont rien fait. C’est elle, et personne d’autre, qui fait le lit du nationalisme identitaire, et tu veux que je vote pour son gigolo ? Tu me demandes de voter contre les métastases en votant pour le cancer ! Hors de question. Contre Macron et contre Le Pen, pour moi, ce sera l’abstention. 


source : https://www.facebook.com/notes/bruno-guigue/lettre-%C3%A0-un-ami-qui-me-conjure-de-voter-macron/1107794462699341/