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mercredi 5 octobre 2022

Sortie le 10 juin : La décroissance et ses déclinaisons

Source : https://ladecroissance.xyz/2022/04/05/sortie-le-10-juin/

L’ambition du livre est de proposer à tous les décroissant.e.s un fond idéologique commun. Ce qui suppose, en amont, une décolonisation de nos imaginaires et, en aval, une ouverture aux collectifs à qui la décroissance peut fournir une perspective :

Le livre est en vente depuis le 10 juin dans toutes les bonnes librairies et ici : https://ladecroissance.xyz/librairie/

La Maison commune de la décroissance, LA DÉCROISSANCE ET SES DÉCLINAISONS. Pour sortir des clichés et des généralités, aux éditions Utopia, 10 euros.

Décroissance. Depuis que ce terme est entré dans le débat public il y a environ vingt ans, que d’idées reçues, de clichés et de malentendus. Chez les adversaires, mais aussi parfois chez les partisans de la décroissance.

L’objet de ce livre, dans sa première partie, est de les cartographier et d’y répondre.

Il convient ainsi d’assumer une définition de la décroissance au plus près de son sens ordinaire de « décrue » : il s’agit bien d’une diminution du domaine de l’économie au profit de celui de la « vie sociale », ce qui suppose de rompre avec tout un imaginaire porté par l’idéologie de la croissance.

C’est pourquoi, dans la deuxième partie, les auteurs proposent d’ouvrir seize axes de mise en pratique concrète de la décroissance, seize déclinaisons permettant de mieux appréhender ce qu’est, et ce que n’est pas, la décroissance.

C’est alors tout un monde qui s’ouvre à des imaginaires et à des perspectives enthousiasmantes, faisant sortir la décroissance du temps des généralités, et permettant du même coup aux décroissants d’espérer explorer ces perspectives avec tous ces compagnons de route qui les défrichent déjà.

Préface de Timothée Parrique

Introduction

Première partie – Idées reçues

Huit clichés sur la décroissance

  1. La décroissance, c’est le retour dans les cavernes → Et si, au lieu d’une course aveugle au nom du progrès, on se demandait si on existe pour croître ou pour… exister ?
  2. La décroissance est liberticide → Et si, au lieu de reprendre sans critique une définition libérale de la liberté, on préférait une définition de la liberté qui reste dans les limites ?
  3. La récession, c’est la décroissance → Et si on remettait la phrase dans le bon sens : toute récession n’est pas la décroissance mais la décroissance sera bien une baisse de la production économique, et pendant plus que 2 trimestres consécutifs !
  4. La décroissance, c’est plus de misère → Et si on acceptait de défendre la pauvreté, pour trouver un équilibre qui serait au-delà du plancher de la misère mais en-deçà du plafond de la richesse ?
  5. La décroissance est technophobe → Et si on s’apercevait qu’une attitude technocritique n’interdit absolument pas de faire place à des low-tech ?
  6. La décroissance est de droite → Sans tomber dans le « ni de droite ni de gauche », la décroissance sait se situer politiquement.
  7. La décroissance est une affaire de riches → Est-on vraiment obligé de laisser croire qu’une lutte contre un système de domination, d’exploitation et d’aliénation comme l’est le monde de la croissance serait un bonne chose pour les riches, mais pas pour les dominés, les exploités et les aliénés ?
  8. Impossible de mettre en œuvre la décroissance → Pourquoi ne pas imaginer une stratégie de transition qui ferait levier non pas tant par le poids politique des forces défendant la décroissance que par la portée radicale de nos propositions ?

Huit malentendus sur la décroissance

  1. Le terme n’est pas bien choisi → En réalité, les réticences sur le mot sont des réticences sur le fond.
  2. Décroissance, objection de croissance, c’est la même chose → Comme si c’était la même chose de s’arrêter avant un mur ou bien de faire demi-tour.
  3. Il faut trier entre ce qui doit croître et ce qui doit décroître → Pourquoi faudrait-il accepter que la décroissance soit « sélective » alors que chacun peut se rendre compte qu’il serait absurde de plaider pour un antiracisme sélectif ou un anticapitalisme sélectif ?
  4. La décroissance se réduit à la décroissance démographique → Ah qu’il serait plus confortable, pour conserver le niveau de vie d’une minorité, de valider l’argument paresseux d’une décroissance de la population !
  5. Pour décroître, il suffit de vivre plus simplement → Comment vivre la décroissance dans la simplicité volontaire sans tomber dans l’illusion narcissique qu’un individu pourrait trouver seul le sens de sa vie ?
  6. Pour décroître, il suffit que les alternatives essaiment → Comment s’investir dans les eSpérimentations minoritaires et les utopistes tout en évitant les périls du repli et de la fragmentation ?
  7. Il est trop tard pour décroître alors que l’effondrement menace → Comment concilier la lucidité d’un diagnostic sans se laisser prendre au piège de l’impolitique ?
  8. La décroissance est un projet de société → Si c’était le cas alors il y aurait un sens à vouloir décroître pour décroître, sans fin, vers le zéro et en-deçà, ce qui n’a aucun sens.

Conclusion intermédiaire : la décroissance est-elle inéluctable ? Quand chacun peut constater que les fables de la croissance sont florissantes, comment ne pas céder sur la dimension démocratique de la décroissance comme choix, comme volonté politique ?

Deuxième partie – Propositions

Seize déclinaisons de la décroissance

  1. Ralentissement → Pour viser une civilisation du repos.
  2. S’extraire de l’extractivisme → Pour sortir d’une exploitation de la « planète-marchandise ».
  3. Réensauvager la nature → Pour disposer d’un repère préservé au moment de reconsidérer nos relations avec la nature.
  4. Désintensifier l’agriculture et l’élevage et les réempaysanner → Pour rendre la terre aux vivants, humains et non-humains, il faut la reprendre aux machines.
  5. Écologie du démantèlement → Parce que le trajet de la décroissance sera aussi un héritage de « communs négatifs » tels que le climat, les nucléaires, le patriarcat…
  6. Ecoféminisation → Pour une société remise sur ses pieds, dans laquelle c’est aux hommes de « rattraper » les femmes dans les activités de la sphère de la reproduction sociale.
  7. Démarchandisations anticapitalistes → Pour une société où l’activité, la nature et la monnaie redeviennent les piliers d’une société du lien.
  8. Réduction du temps de travail → Pour une société où on ne travaille pas moins pour travailler tou.te.s mais où on travaille tou.te.s pour travailler moins.
  9. Plafonner les richesses et les partager → Pour une société qui cesse de raconter qu’une minorité mériterait de s’approprier ce qui provient d’une production socialisée.
  10. Déconsommation → Pour une société qui reste dans ses limites sociales et ne fait plus de la consommation un mode de vie sociocidaire.
  11. Démobilité → Pour une société qui cesse de faire défiler les territoires et qui retrouve au contraire le sens du chez-soi, de l’hospitalité et aussi du voyage.
  12. Démétropolisation des territoires → Pour des territoires de la décroissance rééchelonnés (de la biorégion au voisinage) qui permettent à chacun de réhabiter la proximité.
  13. Déconnexion → Pour une société qui cesse de se perdre dans les labyrinthes de la virtualisation pour retrouver le vécu de relations à taille humaine.
  14. Prendre soin de prévenir → Pour une société qui préfère prévenir que guérir, et prendre soin plutôt que prendre des honoraires.
  15. Sortir du monde des nucléaires → Pour une société qui retrouve le bon sens d’une demande de satisfaction mesurée de nos besoins plutôt qu’une course sans limite d’une offre énergétique sans limites.
  16. Les terrestres et les extraterrestres → Pour une société libérée du fantasme (libéral) d’une liberté comme délivrance des conditions terrestres d’une vie commune.

Conclusion de Fleur Bertrand-Montembault et Michel Lepesant

lundi 19 septembre 2022

« Croissance / décroissance, et si nous n’étions pas obligés de choisir ? » L’édito de Charles SANNAT

Source : https://insolentiae.com/croissance-decroissance-et-si-nous-netions-pas-obliges-de-choisir-ledito-de-charles-sannat/

 Mes chères impertinentes, chers impertinents,

Cette semaine je vous propose de réfléchir à la décroissance !

A la première réflexion la « décroissance » semble une évidence pour répondre aussi bien aux défis climatiques, qu’à celui de la raréfaction des ressources naturelles, sans oublier celui de préserver le vivant et la biodiversité.

Pourtant, sous cette évidence se cache une vérité qui l’est nettement moins.La croissance c’est la vie. De la croissance des êtres vivants, animaux comme végétaux, qui ne naissent jamais finis, mais à finir en passant par l’expansion de l’univers qui n’est jamais rien que la croissance du cosmos, il n’y a pas de vie sans croissance.

Il n’y a pas de processus de création sans croissance.

Alors, les choses sont nettement plus nuancées et complexes que ce que l’on veut bien nous faire croire.
Non seulement la décroissance ne doit pas être une évidence, mais encore plus, la décroissance ne doit pas devenir notre objectif de vie, car, pour faire croître notre spiritualité, ce n’est pas une décroissance forcée qu’il faut, mais bien une simplicité volontaire.

Je partage avec vous ici quelques pensées que je vous invite à partager avec le plus grand nombre, car c’est un sujet fondamental, essentiel pour les années qui viennent et l’avenir communs de tous nos enfants.

Ici, encore une fois, aucune vérité absolue, mais des pistes de réflexions pour prendre de la hauteur et anticiper ce qui pourrait arriver. Des pistes pour réfléchir et penser !

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

lundi 18 juillet 2022

Journal Kairos : ON PARLE DU 55

 


vidéo ici 

  • Pour ce dernier numéro du journal Kairos (55), nous inaugurons une nouvelle forme d'interview qui aura lieu à chaque publication: "On parle du…" Une discussion avec Jean-Marc Cuvelier autour de quelques articles du journal. Pour vous donner envie de vous abonner ou d'aller chez votre libraire.

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    samedi 2 avril 2022

    Sortir de l’escalade guerrière commence par un arrêt de nos dépendances aux fossiles et donc par la fin de notre soutien aux régimes belliqueux

     

    Sarah Fouquet/ Décroissance, Collection Fake or Not, Tana Editions

    Sobriété dans une société de croissance n’est que récession

    Les timides appels à la sobriété en termes, uniquement de gaz et de pétrole, sans une remise en question du système dominant et des inégalités qu’il a engendrées, sont des appels au dénuement. Sans questionner les inégalités ni notre systèmes économiques, ils ne feront qu’empirer les souffrances sociales sans s’attaquer au péril environnemental. Sobriété dans une société de croissance n’est que récessions. La décroissance ne consiste pas à faire la même chose avec moins parce que ça, c’est la récession et on connaît ses maux. Celle qui appauvrit les classes moyennes et renvoie les pauvres à la misère. Celle qui oblige à faire avec (presque) rien dans une société où tout est prévu pour l’abondance, la croissance, la consommation… La récession c’est ce qui nous menace. La Décroissance, c’est ce que nous devons et pouvons encore choisir.

    Les solutions sont là…

    Depuis une dizaine d’années, à travers un réseau d’initiatives citoyennes, aujourd’hui en première ligne dans l’accueil des réfugiés, j’expérimente un mode de vie sobre et solidaire, non sans difficultés ni contradictions. Mais cette aventure collective montre qu’il n’est pas seulement possible et nécessaire de sortir de la société de croissance, mais que c’est tout autant souhaitable et joyeux.

    Que faire ?

    Alors que faire maintenant, dans un tel contexte ? Ce que nous aurions dû mettre en place il y a déjà des années doit se faire dans les semaines qui viennent. Sortir de l’escalade guerrière commence par un arrêt de nos dépendances aux fossiles et donc par la fin de notre soutien aux régimes belliqueux. Le plus vite possible, en accompagnant celles et ceux rendus dépendants au pétrole et au gaz pour amoindrir le choc. Mais pour chacun d’entre nous, le temps de la remise en question radicale de nos modes de vie, de nos habitudes est venu. Pour ne plus dépendre d’un système économique mondialisé moribond, nous devons retrouver le sens du partage, des communs, du faire soi-même, de la relocalisation ouverte, des low-tech et de l’agroécologie. Mais avant tout, le sens de la sobriété, de l’essentiel et de la convivialité. C’est aujourd’hui ou jamais que nous devons auto-instituer la décroissance, sinon la barbarie nous rattrapera. La décroissance, en tant que projet de société, à travers une transformation radicale de nos modèles économiques, est la seule voie vers la paix. L’ignorer, c’est accepter la guerre comme horizon.

    Vincent Liegey

    Auteur de Décroissance, Fake or Not (Tana Edition, 2021). Ingénieur, chercheur interdisciplinaire, essayiste et conférencier autour de la Décroissance – Co-coordinateur de la coopérative sociale Cargonomia.

    A très bientôt,

    Un Projet de Décroissance
    www.Projet-Decroissance.net

    dimanche 19 septembre 2021

    mpOC-Liège Mouvement politique des objecteurs de croissance Groupe de Liège - Lettre ouverte aux membres des conseils d’administration d’Attac-Liège et du Beau-Mur

    Mesdames,

    Messieurs,

    Le 24 juillet 2021, j’avais pris contact avec Attac-Liège pour organiser une conférence-débat « par le mpOC-Liège avec le soutien d’Attac » comme nous avons commencé à le faire régulièrement à partir de janvier 2014, Attac-Liège et le mpOC-Liège partageant un certain nombre de points d’intérêt. C’était aussi un échange de bons procédés, Attac-Liège s’occupant généralement de trouver une salle tout en faisant valoir ces conférences auprès de la Communauté française comme association reconnue d’éducation permanente (ce que le mpOC-Liège n’est pas). Quelques jours plus tard, l’annonce de la conférence du 25 août avec Michel Weber, « Covid-19(84) – La vérité politique du mensonge sanitaire » était diffusée sur le web[i] et elle aura lieu dans une des salles du Beau-Mur.

    Le 24 août en début de soirée, la veille de la conférence, Attac-Liège me faisait savoir par courriel : « Le CA d’Attac s’est prononcé contre le soutien et la participation à la conférence de Michel Weber de demain ». Renseignements pris par téléphone, il s’avère aussi que l’accès à la salle nous (le mpOC-Liège) est retiré et que la décision est celle conjointe des conseils d’administration d’Attac-Liège et du Beau-Mur.

    La surprise est totale, jamais je n’aurais cru une telle manœuvre de censure et de sabotage possible à l’égard du mpOC-Liège qui collabore avec Attac-Liège depuis près de 10 ans, sans parler de moi-même pour qui cela remonte à plus loin encore, avec la mise en place du collectif de résistance au traité de Lisbonne fin 2007. Je vous laisse imaginer la difficulté et le stress dans lesquels cette décision nous a mis. Que faire ? Annuler ou réorganiser le tout en le faisant dans un parc en plein air ou en trouvant une autre salle le jour même ? Finalement nous avons réussi à trouver une salle in extremis : merci, nous avons ainsi accueilli 120 personnes pour un exposé et un débat qui se sont déroulés dans la meilleure des ambiances (la conférence a été filmée, à voir ici : www.liege.mpoc.be/covid.htm#mw ).

    Dans le courriel précité, une seule petite phrase pour expliquer cette décision qui n’en reste pas moins incompréhensible : « Les propos révisionnistes sur la comparaison du vaccin avec le zyklon B ayant été déterminant dans notre changement de position ».

    Il est difficile de comprendre que des personnes qui nous connaissent de longue date aient pu penser ne fût-ce qu’une seule seconde que nous aurions pu tenir des « propos révisionnistes » ou soutenir quelqu’un qui les tiendrait. Cette allusion au Zyklon B est doublement absurde : d’une part, quand bien même Michel Weber aurait écrit, comme il me l’a été dit par téléphone, que la 3e dose de vaccin serait l’équivalent d’une injection de Zyklon B, ce ne serait jamais qu’une dose d’humour à la Hara Kiri, « journal bête et méchant », en n’oubliant pas cependant que les vaccins anti-covid sont toujours en phase d’expérimentation [ii], que les essais cliniques de ces vaccins sont sous le contrôle exclusif de l’industrie pharmaceutique[iii] et que donc nous participons ou assistons à une expérimentation de masse sous la vigilance certainement bienveillante de cette industrie. D’autre part, vérifiant le commentaire en question, force est de constater qu’il n’y est même pas question de vaccin ! [iv]

    Quel est le propos de Michel Weber (et le nôtre) ? Faire référence à une période historique – en l’occurrence le nazisme – pour proposer une interprétation de ce qui nous arrive depuis le début de l’année 2020. En quoi cela serait-il « extrémiste » ou « abject » (termes employés sur le site web d’Attac-Liège et par un « sonneur de tocsin », respectivement – voir ci-dessous) ? D’une part là réside la liberté d’expression et de recherche et, d’autre part, tirer des leçons de notre histoire est la moindre des choses que nous devons faire, même au risque de se tromper. Malheureusement, les événements se succèdent pour nous donner raison, comme l’interdiction faite en France aux soignants non vaccinés d’exercer, les appels explicites ou dissimulés [v] pour faire de même en Belgique et l’utilisation de plus en plus prégnante du pass sanitaire (« Covid Safe Ticket » et autres), qui font que nos gouvernements sont en train de créer une catégorie de citoyens qui ne pourront pas vivre comme les autres – les nouveaux parias. Ça ne vous évoque rien ?

    Nous sommes loin d’être les seuls à faire ce parallèle. Dans un article intitulé « Le chemin vers la liberté », la philosophe Nadia Lamm n’hésite pas à l’illustrer d’une photo de déportés lisant une inscription où l’observance des vertus du parfait déporté est présentée comme « le chemin vers la liberté » (l’inscription dit : « Il y a un chemin vers la Liberté. Ses étapes se nomment obéissance, assiduité, ordre, propreté, humilité, véracité, esprit de sacrifice et amour de la Patrie ! »)[vi]. Elle s’inquiète aussi de la posture de ceux qui critiquent à mots feutrés et sans grand risque la politique de nos gouvernements car « elle exclut par principe une intention de mal faire du gouvernement alors que des textes directeurs existent tels que l’Agenda 2030 sur le site du Forum économique mondial, le manifeste du président du Forum économique mondial, Klaus Schwab assisté de Thierry Malleret : “ Covid 19 : la grande réinitialisation” ; un projet du Sénat français – qui permettent de s’interroger sur le caractère bienveillant de l’intention qui préside aux actes du gouvernement. Sans oublier les livres de Jacques Attali qui annonce depuis longtemps l’entrée de l’Occident dans un Nouvel Ordre mondial, ordre marchand de fer sans contrepouvoir ». De même, Ariane Bilheran dans une brillante interview « Nommer le Mal » (Ariane Bilheran est normalienne, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, chargée de cours à l’Université et l’auteure de nombreux essais)[vii]. Et encore, Vera Sharav, survivante de l’Holocauste : « Je dois dire que, depuis cette période de ma vie [période nazie], jusqu’à aujourd’hui, je ne me suis jamais sentie aussi anxieuse à l’idée qu’une situation politique soit générée par la peur des maladies infectieuses […] Lorsque les gouvernements s’en sortent avec des crimes, avec la suppression des droits de l’Homme, des droits constitutionnels, dans ce qu’ils considèrent comme une urgence, eh bien, les gouvernements vont simplement créer des urgences, déclarer l’urgence et supprimer les droits. C’est un parallèle majeur entre le régime nazi et aujourd’hui »[viii].

    Nous, au mpOC-Liège, nous sommes des décroissants et, comme chacun sait, le projet sociopolitique de la décroissance est un projet de gauche [ix]. Certes, mais pas de la gauche institutionnelle régulièrement au pouvoir, ni celle à laquelle vous contribuez aujourd’hui, une gauche frileuse, sectaire, sacralisant la « vie »[x] et hygiéniste à l’extrême, déroulant le tapis rouge à un pouvoir de plus en plus discrétionnaire et en même temps à l’extrême droite, par son aveuglement, l’abandon de la pensée critique et le refus du débat. Confirmation par un membre du CA d’Attac-Liège qui me recommande la lecture d’un article « sensé » commis par un certain Philippe Marlière qui, dans le titre, s’empresse d’utiliser un des derniers néologismes à la mode pour tout qui veut propager la doxa du pouvoir : « Gauche et pass sanitaire : les impasses d’un combat confusionniste »[xi]. « La gauche devrait militer en faveur de la vaccination » dit-il d’emblée, car « les avis scientifiques convergent sur la question : seule la vaccination de tout ou partie de la population française et mondiale permettra de vaincre la pandémie ». La « gauche » n’a-t-elle pas mieux à faire que de s’occuper des vaccins en voulant nous priver d’une liberté supplémentaire, du droit naturel d’être seul juge de ce qui est bon pour notre santé ? Ne devrait-elle pas dans ce cas aussi militer pour interdire l’accès aux restaurants aux personnes en surpoids ou obèses au prétexte qu’elles sont majoritaires à occuper les lits de soins intensifs ? Et tant qu’à faire, punir d’une façon ou d’une autre les cohortes de ceux qui sont drogués au sucre, au tabac et à l’alcool au prétexte qu’ils grèvent lourdement le budget de la santé publique ? Quant aux avis scientifiques qui convergeraient, ce n’est apparent que pour ceux qui ne lisent ou n’écoutent que la RTBF et tous les autres médias mainstream : parmi de nombreux exemples, ce n’est pas l’avis d’un virologue liégeois bien connu, ancien recteur de l’Université de Liège, pour qui « Omettre de la pensée scientifique et populaire les risques associés à un traitement, comme ce fut le cas pour le vaccin contre la Dengue, est extrêmement risqué », « le risque à long terme des vaccins “à matériel génétique” (à ARNm et à adénovirus vecteur) est inconnu » et « le bien-fondé d’une vaccination réside dans une comparaison des risques connus de la maladie naturelle d’une part et de la vaccination d’autre part, de manière à établir une balance risques-bénéfices de la vaccination, propre à chaque individu [je souligne] »[xii]. Le risque à long terme des vaccins géniques contre le covid n’étant pas connu, il est alors impossible d’évaluer aujourd’hui la balance risque-bénéfice de cette vaccination qui ne relève donc que de l’expérimentation et disqualifie sa campagne mondiale. Quant aux risques à court terme, ils s’avèrent de plus en plus nombreux (décès inclus), dépassant de loin tout ce qu’on a vu pour les autres vaccinations [xiii], et de ce fait auraient dû avoir pour conséquence l’arrêt total de la campagne de vaccination contre le covid dès les premiers avertissements.

    Il apparaît que vous avez subi des « pressions » de la part de « sonneurs de tocsin » comme ils se nomment eux-mêmes, pressions auxquelles vous n’avez pas pu ou voulu résister. Sur un réseau « social » que je ne nommerai pas, un conseiller communal de la ville de Liège à la tête d’un nanoparti de « gauche » et connu pour son opportunisme écrit : « On prend acte, avec horreur, que le Mouvement politique des objecteurs de croissance » [mpOC-Liège], a versé dans le confusionnisme le plus abject. Avec, comme cerise sur le gâteau, une comparaison entre les mesures sanitaires et le nazisme. Rien que ça […] A près avoir pas mal sonné le tocsin durant la journée […] Le Centre liégeois du Beau-mur, qui n’avait pas été informé du contenu de cette conférence confusionniste, a décidé ce soir de refuser de l’accueillir. Je m’en réjouis. No pasarán ! ». Les républicains et antifascistes morts à Madrid en 1936 doivent se retourner dans leur tombe ! Heureusement pour lui, jamais le moindre révolutionnaire d’opérette n’a été tué par le ridicule.

    Toujours sur ce réseau « social », sur une page intitulée « Front AntiFasciste Liège 2.0 » (sic) : « Bien que l’auteur [Michel Weber] ne soit pas d’extrême droite, il livre de fausses informations (l’exact opposé de l’esprit critique), ses thèses participent d’une lecture complotiste de la séquence pandémique, et œuvrent – volontairement ou non – à une confusion idéologique, qui touche également une fraction de la gauche […] Après ces recherches, nous avons contacté, depuis plus d’une semaine maintenant, ATTAC Liège et le Centre liégeois du Beau Mur (tous deux signataires de l’appel du Front Antifasciste) afin de les mettre au courant ».

    Personne ne devrait se laisser influencer par une argumentation aussi indigente qui renvoie toute forme de contestation à l’extrême droite ou à ces néologismes du pouvoir que sont complotisme et confusionnisme, et ainsi, en toute logique, faire leur lit.

    Que vous ayez décidé de censurer et saboter cette conférence à la manière de n’importe quel pouvoir totalitaire est inacceptable et indigne de ceux que vous représentez. Aussi le conseil d’administration d’Attac-Liège prendra-t-il note de ma démission de membre.

    Francis Leboutte

    Membre du mpOC-Liège

    www.liege.mpOC.be


    [i] L’annonce est toujours visible dans les archives du site du mpOC-Liège : www.liege.mpoc.be/agenda-ancien.htm#25aout2021

    [ii] – Pfizer/BioNTech : clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04368728 (fin de la phase 3 le 2 mai 2023).

    – Moderna : clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04470427 (fin le 27 octobre 2022).

    – AstraZeneca : clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04516746 (fin le 14 février 2023).

    – Janssen : clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04505722 (fin le 2 janvier 2023)

    [iii] Ce qu’en dit le Dr Michel de Lorgeril, chercheur au CNRS, dans son livre Les vaccins à l’ère de la covid-19, page 341 (il s’agit du vaccin Pfizer, mais le constat est le même pour les autres vaccins) :

    « Je note d’emblée que cet essai clinique est en fait une étude commerciale puisque la très grande majorité des investigateurs sont liés de près ou de loin aux industriels qui ont financé l’étude.

    De plus, l’étude est sous le contrôle total des industriels. Je copie un paragraphe de la page 2 de l’article [www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2034577] :

    Pfizer était responsable de la conception et de la conduite de l’essai, de la collecte des données, de l’analyse des données, de l’interprétation des données et de la rédaction du manuscrit. BioNTech était le commanditaire de l’essai, a fabriqué le matériel d’essai clinique BNT162b2 et a contribué à l’inter­prétation des données ainsi qu’à la rédaction du manuscrit.

    Peut-on être plus explicite ? C’est une étude conduite par des employés des industriels impliqués. Aucune trace de la moindre indépendance ».

    [iv] Le commentaire de Michel Weber sur sa page Facebook, le 14 juillet 2021 :

    « Zyklon B et variant delta

    L’évolution de la crise de la C19 se poursuit sans accident de parcours. Afin de comprendre comment et pourquoi cela est possible, il peut suffire de se concentrer sur une seule proposition : la vérité du covidisme est le nazisme.

    Je ne vais pas reprendre la discussion que j’ai menée tambour battant ces derniers mois, ou citer le travail de Chapoutot. Souvenons-nous simplement que le noyau de l’idéologie nazie était un hygiénisme et un eugénisme : il fallait préserver, quoi qu’il en coûte, la pureté de la race de toutes les formes de contaminations (raciales, morales, culturelles…).

    Les Juifs étaient perçus comme de la vermine à éliminer.

    Le Zyklon B était un pesticide ; son usage tardif était donc aussi symbolique que pragmatique ».

    Vient ensuite une série de références bibliographiques.

    [v] Par exemple, les récentes déclarations de Sophie Wilmès, Première ministre à la manœuvre lors des 6 premiers mois de la crise du covid, ensuite vice-première ministre et ministre des Affaires étrangères. Précédées en août de celles du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, tout à fait explicites elles.

    [vi] Nadia Lamm. Le chemin vers la liberté. liege.mpoc.be/doc/divers/covid-19/analyses/politiques/Nadia-Lamm_Le-chemin-vers-la-liberte_2021.pdf

    [vii] Ariane Bilheran. Nommer le mal. liege.mpoc.be/doc/divers/covid-19/analyses/politiques/Ariane-Bilheran_Nommer-le-Mal_1sept2021.pdf

    [viii] Vera Sharav. L’holocauste s’est produit car les gens ont détourné le regard ! liege.mpoc.be/doc/divers/covid-19/analyses/politiques/Vera-Sharav_L-holocauste-s-est-produit-car-les-gens-ont-detourne-le-regard_sept2021.pdf

    [ix] La décroissance comme projet politique de gauche . Conférence de la journée de réflexion sur l’objection de croissance, Bruxelles, le 21 février 2009, liege.mpoc.be/doc/ecologiepolitique/Latouche-Serge_La-decroissance-comme-projet-politique-de-gauche_AdOC-21fev09.pdf

    [x] La vie « nue », biologique, c’est-à-dire juste le fait d’avoir le cœur qui bat et un corps fonctionnel, rien à avoir avec le « buen vivir » des Amérindiens qui inspire le mouvement de la décroissance ! Le « buen vivir » prime les relations avec les autres et la nature, l’être sur l’avoir.

    [xi] blogs.mediapart.fr/philippe-marliere/blog/200821/gauche-et-pass-sanitaire-les-impasses-d-un-combat-confusionniste . Philippe Marlière se recommandant au passage de Philippe Corcuff, l’auteur de « La Grande Confusion » (mars 2021), une brique de 670 pages encensée par Le Monde et les autres « grands » médias et très populaire auprès d’une certaine « gauche » qui ne voit pas la contradiction. Normal, dans son livre Philippe Corcuff absout ces médias de tout rôle dans cette « confusion ». Au contraire, il dénonce la critique des médias « manichéenne » et « complotiste » d’Acrimed (Observatoire des médias), de Noam Chomsky et d’autres (acrimed.org/Et-ma-lumiere-fut-par-Philippe-Corcuff). Voir aussi la réponse de Vincent Cheynet (du journal La Décroissance) à Philippe Corcuff, vincent.chey.net/reponse-a-philippe-corcuff.htm.

    [xii] liege.mpoc.be/covid.htm#vaccinenfants

    [xiii] Le VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting System) est le système étasunien qui permet d’enregistrer les événements indésirables liés aux vaccins. Il a été mis en place en 1990. Ces événements étant enregistrés sur base volontaire, tout le monde s’accorde pour dire que tous ne sont pas rapportés, loin de là même selon certaines études.

    Aux États-Unis, le nombre de morts rapportés au 30 juillet 2021 suite à l’injection des quatre vaccins géniques anti-covid est de 6183, alors que le total des décès associés à la vaccination depuis 1990 est de 10 672. Ces six mois de vaccination anti-covid représentent donc à eux seuls 58 % du total des morts rapportés sur 31 ans, c’est énorme. Le taux de létalité du vaccin anti-covid est d’environ 1 pour 27 000, environ 120 fois celui du vaccin antigrippe (un vaccin très utilisé aux États-Unis – 650 millions de doses sur les quatre dernières années). Ces données concordent avec celles de l’UE et de la Suisse.

    Ces décès semblant se répartir également selon les tranches d’âge, le constat pour les enfants (de 0 à 14 ans) est terrible, car, à ce jour, aucun enfant en bonne santé (c’est-à-dire sans comorbidité) n’est mort du covid. Pour les moins de 65 ans sans comorbidité, « le vaccin apparaît délétère » (reinfocovid.fr/science/benefice-risque-des-vaccins-covid-par-tranche-dage-donnees-du-1er-juillet-2021/).

    Par le passé, on a arrêté des vaccins pour beaucoup moins.

    Page d'accueil du site mpOC-Liège (groupe local de Liège du mpOC)    –   Site du mpOC  : www.mpOC.be

    Réinformation covid : https://liege.mpoc.be/covid.htm

    mercredi 2 juin 2021

    Louis Fouché, acte 7 : Et demain ?


     Nos vidéos avec Louis Fouché

    Acte 1 "Santé et néolibéralisme" : https://youtu.be/TlB-JR_0UT0​ Acte 2 "Permaculture humaine" : https://youtu.be/-R78t9EU_lo​ Acte 3 "Arts militants" : https://youtu.be/164P2YsdKVs Acte 4 "Déferlement totalitaire & libertés" : https://youtu.be/sksYYKYrXxw Acte 5 "Immunité & autonomie en santé" : https://youtu.be/Bi9H0pDWQu8 Acte 6 "Le transhumanisme" : https://youtu.be/hHUy4ti5I10 Acte 7 "Et demain ?" : https://youtu.be/XtZwiGI8mZs Sites internet du collectif : https://reinfocovid.fr/​​ https://unnotremonde.fr Images et concept : Stéphane Chatry Post-production : Flavien Moras Développements web : Stéphane Dion Production :Artivism Contemporary Art Musique « Sur la même longueur d'onde » de Kaddour Hadadi / HK & les Saltimbanks

    dimanche 5 avril 2020

    La décroissance, un mot-obus Paul Ariès



    Origine : http://decroissance.free.fr/Un_mot-obus.pdf

    Le mot d’ordre de la décroissance a rencontré en l’espace d’un an un vif succès. Mais dénoncer les errements de notre société ne suffit pas, nous devons défendre les valeurs de partage et de démocratie : la décroissance doit être bien comprise comme une chance pour tous, et non comme un appauvrissement. Nous devons aussi porter cette parole de dissensus dans la sphère politique, que nos adversaires seraient trop heureux de nous voir délaisser.

    Nous savons qu’il n’existe pas de développement et de croissance sans fin. Au contraire, nous pensons que notre humanité n’émerge que lorsque nous sommes capables de nous fixer des limites. Mais il ne suffit pas d'être contre la croissance économique et les sociétés développementistes, nous devons dire à partir de quels points de vue, en nous fondant sur quelles valeurs nous voulons construire un autre type de société. La question n'est pas seulement d'être pour la décroissance, mais de savoir quel contenu nous voulons lui donner, car, s’il existe une théorie critique de la croissance, il n'existe pas de théorie toute faite de la décroissance. Ce mot d'ordre est un mot-obus pour pulvériser la pensée économiste dominante, qui ne se limite pas au néo-libéralisme.

    Le succès rapide du mot d’ordre de la décroissance est dû à la coexistence de quatre crises majeures du système : une crise environnementale (dérèglement du climat), une crise sociale (montée des inégalités), une crise politique (désaffection et dérive de la démocratie), une crise de la personne humaine (perte de sens). Le système développementiste écrase l'homme comme il écrase les liens sociaux et détruit la nature. Le mot d'ordre de la décroissance est donc une tentative pour amorcer une sortie à cette quadruple crise.
    Le terme a des inconvénients : il est négatif, il flirte même parfois avec des figures douteuses : celle de «la terre ne ment pas» du maréchal Pétain ou les déclarations du baron Seillière : «Il faut siffler la fin de la récréation». Nous sommes donc sur une ligne de crête. Mais la décroissance a un avantage considérable sur ses concurrents : il est très difficilement récupérable. Il attaque frontalement le capitalisme et la société de consommation dans leur idéologie mais aussi dans leur imaginaire sans se limiter à leurs conséquences.

    Le partage au centre Face au concept de décroissance, des économistes altermondialistes ont développé récemment l’idée d’une «décélération» de la croissance (1). Ce terme a pour handicap de se vouloir à la fois dedans et dehors. La «décélération», ce serait les avantages de la croissance moins ses inconvénients. En voulant ménager la chèvre et choux, il renforce l'illusion que nous voudrions faire «la même chose en moins». La «décélération» nous cantonne dans le domaine du quantitatif, du comptable, de l’économisme. La décroissance, elle, pose la question du contenu des richesses, donc celle l'utilité sociale des biens.
    Nous ne devons pas craindre de réaffirmer sans cesse que la décroissance ce n'est pas la décroissance de tout ni pour tous. Elle s’applique aux « surdéveloppés », à l’«ex-croissance», à des sociétés et des classes sociales dont l’obésité et la boulimie sont des conséquences de la captation de richesses des plus faibles, en même temps qu’un processus d’auto-destruction. La question du partage, donc de la démocratie, précède celle de l'économique.

    A partir de là, le mouvement en faveur de la décroissance doit travailler à l'articulation de trois niveaux de résistance : le niveau de la résistance individuelle, la simplicité volontaire ; le niveau des alternatives collectives, qui permettent d'inventer d'autres façons de vivre pour les généraliser ; le niveau politique, c'est-à-dire celui des débats et des choix collectifs fondamentaux de société. Nous ne devons pas laisser le champ politique à nos adversaires : nous devons être des empêcheurs de développer en rond. Si nous ne pratiquons pas le dissensus politique, base de la démocratie, personne ne le fera à notre place. Le concept de décroissance sera même dévoyé de son sens et instrumentalisé par des esprits intéressés.
    Les conditions sont aujourd'hui mûres pour que notre discours soit entendu et fasse problème.
    Il est de notre devoir de citoyen de nous engager et de participer au processus démocratique.
    Nous devons expliquer aux exclus et aux déçus de la croissance, à tous les sans-voix que la vraie alternative n'est plus entre croissance et décroissance, mais entre récession et décroissance.

    Non au catastrophisme Nous devons pour cela prendre garde à tout discours pessimiste comme celui sur la pétroapocalypse, c’est-à-dire la fin du pétrole vu comme un chaos inéluctable. Non seulement cette posture est dangereuse car elle démobilise et favorise les comportements cyniques, mais, surtout, elle laisse croire que nous choisirions la décroissance... faute de mieux. Même si une croissance illimitée était possible, surtout si elle était possible, nous serions plus encore des objecteurs de croissance pour pouvoir être tout simplement des humains, pour ne pas succomber aux fantasmes de toute-puissance. Nous ne défendons pas la décroissance avec le langage du nécessaire mais avec celui du politique. Le catastrophisme à la Yves Cochet (2), député des Verts et ancien ministre de l’environnement, entretient l'idée que nous serions condamnés à la décroissance. Quelles que soient les bonnes raisons écologiques, nous devons refuser d’abord l'aliénation d'une société qui réduit l’homme à sa seule dimension économique
    .
    Les tenants de la décroissance ne sont pas des écolo-pessimistes, ni des archéo-nostalgiques rêvant à la société d'hier. Il ne s'agit pas de revenir en arrière vers un pseudo paradis perdu, il s'agit collectivement de bifurquer. Nous ne sommes pas davantage de nouveaux puritains jouant à plus-décroissant-que-moi-tu-meurs ! Nous ne voulons pas remplacer le politique par le jugement moral ni réduire la morale au religieux. Nous ne venons pas vers les gens en jetant des anathèmes : la décroissance n'appartient à personne. Nous savons que ce nouveau paradigme bouleversera les filiations politiques, idéologiques, philosophiques pour redistribuer les cartes et les alliances nécessaires pour repenser le monde. Mais nous ne partons pas au combat les mains vides : nous savons par exemple qu'il faudra faire avec la relocalisation de l’économie. Notre décroissance nous la voulons conviviale, immédiate et socialement équitable.

    Paul Ariès


    1- Le développement a-t-il un avenir ?, ATTAC, Ed. Mille et une nuit, 2004. Le mot décélération est proposé comme « première étape vers une décroissance sélective ».2- Intervention au colloque de Montbrison, organisé par l’institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenalble (IEESDS), les 5 et 6 février 2005.