lundi 23 mai 2016

Sociologie du mouvement Nuit Debout et perspectives de convergence des luttes pour le peuple et la police / Sociology of the movement Night Up and perspectives of convergence of the fights for the people and the police

Qui vient à Nuit debout ? Des sociologues répondent

Une trentaine de sociologues ont parcouru la place de la République en interrogeant les participants à Nuit debout. Ils partagent, dans cette tribune, les premiers enseignements tirés de ces centaines d’entretiens.
Sur Nuit debout, on a tout entendu : “la moyenne d’âge est de 25 ans”, c’est “un entre-soi de bobos parisiens”, on n’y trouve “aucun vrai prolétaire”, mais “une bourgeoisie blanche urbaine”, “des SDF et des punks à chien qui boivent de la bière”, “un rassemblement d’étudiants déclassés, de militants de l’ultra-gauche et de semi-professionnels de l’agitprop”… Ces énoncés, souvent tranchants, mobilisent des catégories toutes faites, disent quoi penser, clament ce que le mouvement est, doit ou ne doit pas devenir, négligent les ordres de grandeur, hiérarchisent les endroits ou les moments de la place, le « vrai » et le « faux » Nuit debout. On plaide ici pour une autre approche : commencer par établir les faits, en enquêtant collectivement.
Depuis les premiers jours de Nuit debout, une trentaine de chercheurs en sciences sociales se sont relayés à Paris, place de la République. Nous y avons travaillé durant six soirées, entre le 8 avril et le 13 mai, de 17 h à 22 h 30. À ce jour, près de 600 personnes ont répondu à notre questionnaire, passé en face-à-face sur la place. Contrairement à nos craintes, les refus de participer à l’enquête ont été rares : les personnes rencontrées, même de culture anarchiste ou libertaire, ont plutôt perçu l’enquête comme un prolongement de leur propre questionnement, et l’occasion de contribuer à une description mieux fondée que celles des observateurs pressés qui saturent les médias.
L’analyse de ces données, produites parallèlement à une ethnographie, commence à peine. Mais les 328 premiers questionnaires exploités dissipent déjà bien des idées reçues sur les gens « debout » au cours des premières semaines du mouvement.
Des jeunes ?
Des jeunes ? Non : les personnes présentes n’ont pas principalement la vingtaine. La palette des âges est en réalité très large et varie suivant les heures. Entre 18 h et 18 h 30, par exemple, la moitié de la population a plus de 33 ans. Et une personne sur cinq a plus de cinquante ans.
Des hommes ?
Des hommes ? La population sur la place est bien aux deux tiers masculine. Cela peut s’expliquer en partie par le lieu – un espace public urbain – et les horaires tardifs, qui ne favorisent pas la présence des femmes, du fait de possibles engagements familiaux et de l’exposition au harcèlement de rue. Cette distribution inégale est l’objet de réflexions et d’actions au sein du mouvement, en commissions féministes comme en Assemblée générale.
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La bibliothèque debout, fin avril.
Des Parisiens ?
Des Parisiens ? Le Figaro écrivait que les gens viennent « d’abord des quartiers centraux de Paris ». Or les quartiers les plus représentés sont plutôt ceux de l’Est parisien, comme le montre la carte des lieux de résidence, et 37 % des participants habitant en Ile-de-France viennent en fait de banlieue. Un participant sur dix n’habite pas même en région parisienne.

Des diplômés ?
Un entre-soi de diplômés, sans catégories populaires ? En première approximation, oui : la majorité des participants est diplômée du supérieur long (61 %), alors que ce n’est le cas que du quart de la population française. Mais l’image se brouille à y regarder de plus près : non seulement le taux de chômage est de 20 % parmi les participants, soit le double de la moyenne nationale ; mais on compte 16 % d’ouvriers parmi les actifs - trois fois plus qu’à Paris, et autant que dans l’Ile-de-France prise dans son ensemble.
Apolitiques ?
Une fête a-politique ? Plus d’un tiers des personnes a participé à une manifestation contre le projet de loi El Khomri. La proportion des enquêtés déclarant avoir déjà été membre d’un parti politique est même remarquable dans un contexte de désaffection militante : 17 %. Et 22 % ont déjà cotisé à un syndicat. Les engagements citoyens, associatifs ou caritatifs sont également très représentés : plus de la moitié en ont eu un ou plusieurs (aide aux réfugiés, aux sans-papiers, maraudes, associations de parents, de quartier, défense de l’environnement, soutien scolaire, festivals, cafés associatifs, etc.).
Egocentriques ?
Une foule amoureuse d’elle-même ? L’émotion vive, le frisson dans le dos de « l’être ensemble », sont loin de primer : la palette des engagements et des ambiances est plus large. Prendre au sérieux le fait que ce mouvement est un rassemblement de place, c’est admettre que la présence, aussi discrète, distraite ou ponctuelle soit-elle, vaut participation : flâner le long des stands, diffuser auprès d’amis ou de collègues des mails, photos ou vidéos.
Certains viennent pour la première fois, parfois de loin, « pour regarder », se tenir au courant, ou pouvoir dire qu’ils y ont été ; d’autres viennent observer, explorer, voir s’ils peuvent être saisis par le mouvement, être utiles. Deux enquêtés sur trois ont apporté du matériel ou des denrées, donné de l’argent, pris la parole en Assemblée générale ou participé à une commission. La participation active et assidue aux commissions (prise de note, statut de “référent”) peut aussi devenir un engagement à temps plein. Près de 10 % des enquêtés sont même devenus des quasi permanents, qui se rendent à la République tous les jours. En leur sein, les mondes professionnels associés au numérique et les ouvriers sont sur-représentés.
Sans lendemain ?
Un phénomène sans lendemain ? Il est étonnant que, pour être jugée utile, l’ouverture d’espaces de débats citoyens sur les affaires communes doive promettre de déboucher sur autre chose qu’elle-même. Comme si la politique ne valait qu’à l’horizon d’un but, l’accès au pouvoir et ses échéances électorales. C’est d’autant plus étonnant que le goût du politique et la participation à la gestion des affaires communes sont ce dont on déplore souvent le supposé reflux. S’agissant du devenir de Nuit debout, seules 20 % des personnes enquêtées les 28 avril et 11 mai ont déclaré souhaiter la transformation en parti politique. Beaucoup hésitent, tiraillés entre le désir “que cela prenne forme”, le refus des formes partisanes déjà connues, et le sentiment que l’exploration doit encore se poursuivre.

Une impossible lutte globale ? C’est là un autre préjugé : l’insistance sur « le commun » entraverait l’extension du mouvement et la construction de revendications. Pourtant, la pluralité des causes et des positions, la difficile réductibilité à l’unité ou l’homogénéité militante, avec les tensions qu’elles entraînent, sont aussi une caractéristique positive du mouvement. Notre matériau montre une formidable capacité à faire coexister des références politiques et culturelles diverses, allant du poète Aragon à Mère Teresa ou Coluche, en passant par les chanteurs Brassens, Renaud, Bob Marley, Barbara, Léo Ferré, les films Merci Patron ! et A la recherche de Vivian Maier, ceux de Ken Loach et de Jean-Luc Godard, le comédien Gérard Depardieu, les essayistes Naomi Klein et Stéphane Hessel, les économistes Adam Smith et Karl Marx, le pédagogue Célestin Freinet, la féministe Christiane Rochefort, les écrivains Guy Debord et Jack London, l’écologue Karl Möbius, l’homme politique Léon Trotsky, le mathématicien Grigori Perelman, les sociologues Pierre Bourdieu et Frédéric Lordon, le journaliste Aymeric Caron, et une multitude d’autres… Certaines de ces références sont déjà internationales, et la posture revendicative les traverse largement. De plus, si les horizons se situent presque toujours à gauche, malgré une déception générale à l’égard de l’actuel gouvernement, on rencontre jusqu’à des élus locaux de partis de droite.
Une sympathie en marche ! A Paris, les publics de Nuit debout sont donc bien plus variés qu’on ne l’a dit. Ils ont en partage des formes de participation citoyenne diversifiées – l’écoute des autres et l’imagination d’un avenir commun n’étant pas des moindres. Une limite à l’extension du mouvement réside probablement dans la perception qu’en ont ceux qui se suffisent de descriptions univoques. Voulant clore la question de ce qu’il est, ils s’interdisent la possibilité d’être surpris par le mouvement.
Au contraire, ceux qui s’engagent le plus sont ceux qui ont choisi de payer de leur personne pour infléchir la réponse à cette question. D’autres, quoique sympathisants, n’osent pas venir faire l’expérience, parfois parce qu’ils ne s’en sentent pas la capacité. Car, au-delà d’une disponibilité temporelle, beaucoup évoquée dans les médias, c’est aussi une capacité proprement physique, comme le raconte avec humour cette dame âgée croisée sur la place, qui regrette de ne pas pouvoir concrétiser son engagement à hauteur de sa sympathie pour le mouvement :
« Vous êtes là pour Nuit debout ?
— Oh oui, j’aimerais bien, j’aimerais bien... Mais je suis trop vieille, moi, vous savez ! Je peux pas rester debout comme ça si longtemps ! »
Stéphane Baciocchi (EHESS), Alexandra Bidet (CNRS), Pierre Blavier (EHESS), Manuel Boutet (université de Nice), Lucie Champenois (ENS Cachan), Carole Gayet-Viaud (CNRS), Erwan Le Méner (EHESS) sont chercheurs en sciences sociales.
17 mai 2016

source : http://www.legrandsoir.info/qui-vient-a-nuit-debout-des-sociologues-repondent.html

Manifestation du 18 mai place de la République : le peuple et la police dans une convergence révolutionnaire ?

cdlcdvDeux syndicats de Police, de gauche (CGT Police) et de droite (Alliance), ont dénoncé la manipulation de certains groupes de casseurs par le gouvernement, et la stratégie de pourrissement et de montée des tensions orchestrée par le ministère de l’Intérieur et le préfet de police de Paris. Le syndicat de police Alliance a lancé un appel à tous les policiers à venir manifester « contre la haine anti flics » sur la place de la République, place de réunion quotidienne des acteurs de la Nuit debout (rebaptisée « place de la Commune » par leurs soins) , le mercredi 18 mai à midi. Pour certains manifestants, il ne s’agit que d’une provocation. Mais d’autres participants à Nuit Debout y voient une occasion de dialogue historique et inespérée avec les forces de l’ordre. Vers une convergence des luttes inattendue et pourquoi pas, réellement révolutionnaire ?
Au vu des violences générées des deux cotés de la matraque par les conditions de contestation et de répression de la « Loi Travail », rien ne semblerait plus impromptu à certains manifestants et à certains policiers, qu’une convergence des luttes entre ces deux forces sociales a priori  antagonistes.

« Policiers Debout » : de l’amertume à la révolte ?

Pourtant, de plus en plus de citoyens, du coté des membres des forces de l’ordre comme du coté des manifestants, réfléchissent aux moyens d’unir leurs forces contre ceux qui les poussent, de manière de plus en plus frontale et gratuite, à l’altercation violente. Ainsi, les deux syndicats de police aux perspectives pourtant très divergentes CGT Police etAlliance (syndicat majoritaire dans la police), ont dénoncé la stratégie de pourrissement orchestrée par le ministère de l’Intérieur et le préfet de police de Paris. Les communiqués de CGT Police et d’Alliance stipulent que consigne leur a été donnée de laisser des groupes de casseurs se mélanger aux manifestants pacifiques pour faire monter la tension et augmenter le degré de violence lors des manifestations.
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La concentration permanente des médias sur les violences discrédite à la fois policiers et manifestants pour faire le jeu du pouvoir : « ordo ab chao »
Cette confusion ordonnée ne peut faire le jeu que de ceux qui souhaitent discréditer à la fois les mouvements de contestation et l’action de la police. Une stratégie de la tension qui met en péril aussi bien la sécurité des policiers et des militaires, que des citoyens qu’ils ont la mission première de protéger. La concentration permanente des médias sur la violence spectaculaire plutôt que sur les questions de fond que posent les mouvements sociaux, participe de plein pied à cette confusion, ce discrédit et ce mépris volontaires : pas de stratégie de la tension et de la division sans les moyens de diversion et de manipulation médiatiques adaptés.
Face à cet adversaire commun, policiers et militaires sauront-ils converger avec les manifestants ? La question peut surprendre, mais l’initiative a déjà eu lieu le 9 décembre 2013 à Turin par exemple, lorsque des policiers ont enlevé leurs casques anti-émeutes pour soutenir l’initiative d’un mouvement social national contre l’austérité décidée par une oligarchie politique incompétente et déconnectée du réel :
En attendant, pour rallier gendarmes, sapeurs-pompiers, douaniers et citoyens à leur cause, des policiers de province ont repris le symbole des manifestations de la République en baptisant leur mouvement de contestation « Policiers Debout« . Évidemment, le symbole est ici repris avec ironie, mais certaines personnes au sein de Nuit Debout font le pari de le prendre au sérieux et proposent de profiter des manifestations du 18 mai pour établir un dialogue historique avec les policiers ouverts à cette perspective.

« La police avec Nuit Debout ? », l’appel révolutionnaire de la Gazette Debout aux policiers

Beaucoup de citoyens engagés dans l’initiative de Nuit Debout ne sont pas dupes de ces tentatives de déstabilisation, et ils le disent avec intelligence. beaucoup, de leur propre initiative, proposent le dialogue direct avec les policiers lors de la manifestation prévue pour le 18 mai. On peut encore lire sur questions.nuitdebout.fr en réponse à la question « Manif alliance 18 mai : tenter un dialogue sur la place avec la police ? » :
 » Les flics sont aussi des prolos qui subissent le système, dialoguer comprendre, et pourquoi pas trouver un terrain d’entente, c’est mieux que de rester dans le confort de la certitude avec ses potes et mettre la poussière sur le tapis. »
  La « Gazette Debout » a eu le discernement de publier des extraits du communiqué du syndicat CGT Police sous le titre suivant, révélateur des perspectives de certains de ses participants: « La police avec Nuit Debout ? Plus qu’un slogan, une possibilité« . Elle a également publié la tribune d’un certain Clém intitulée « Qui a intérêt à discréditer Nuit Debout et la police ? ». L’auteur y rapporte et commente ainsi le témoignage d’un ami policier:
Un ami policier me disait : « Il y a des gens violents des deux bords, dont le gouvernement se sert pour discréditer le mouvement. Aucun ordre clair n’est donné aux forces de l’ordre, et ça pousse au conflit. On nous fout autour de Répu et on nous dit : Empêchez-les de bouger… ». Par conviction, il s’est engagé pour défendre la République. Il a fini sa bière en me disant : « Ce que je fais en moment, c’est pas ça, la police. »
Il ne faut pas se leurrer. Des personnes violentes dans la police, il y en a. Je veux croire qu’elles sont une minorité. Elles effraient, elles portent atteinte à l’image de ce qui devrait normalement être un «service public », composé d’êtres humains à qui on a ôté la possibilité d’être faillibles…
La Gazette Debout a également relayé le témoignage d’Alexandre Langlois, gardien de la paix au renseignement territorial, secrétaire général de CGT Police, paru dans l’Humanité sous ce titre édifiant : « Tout est mis en place pour que ça dégénère« . Extraits :
« Côté renseignement, on constate depuis une dizaine d’années une double évolution, avec des manifestants beaucoup plus pacifiques qu’avant, mais des casseurs toujours plus violents, organisés de manière quasi paramilitaire. Certains de ces groupes sont identifiés avant qu’ils intègrent les manifestations. Mais aucune consigne n’est donnée pour les interpeller en amont. Prenons l’exemple du 9 avril. En fin de journée, nous savons qu’un groupe de casseurs dangereux vient d’arriver gare du Nord pour aller perturber Nuit Debout, à République. Une compagnie de CRS se trouve sur leur passage, prête à intervenir. (…) Mais ordre leur est confirmé de les laisser gagner place de la République, avec les conséquences que l’on connaît ! Par contre, quand il s’est agi d’aller protéger le domicile privé de Manuel Valls, ce soir-là, cette fois les ordres ont été clairs… C’est important de rappeler que, dans les manifestations, tous les collègues sur le terrain n’interviennent que sur ordre. Si certaines, comme le 1er Mai, se terminent en « souricière » place de la Nation, c’est que l’ordre en a été donné. Le message qui est passé, c’est « casseurs venez, vous pourrez agir en toute impunité, et manifestants ne venez plus avec vos enfants, car c’est dangereux pour vous ». Et à la fin de la journée, les médias ne parlent que des violences, et surtout plus des raisons pour lesquelles les citoyens manifestent. Le pouvoir politique instrumentalise la police, qui sert de bouc émissaire. Cela permet au gouvernement de faire diversion. »
Alexandre Langlois témoigne de l’exaspération des forces de l’ordre, auxquelles sont données des consignes insensées:
 » Nous sommes épuisés. Les collègues souffrent d’une perte de sens de leur métier. Aujourd’hui, on leur demande du rendement statistique et d’exécuter des ordres qu’ils jugent incompréhensibles ou injustes. La police est déshumanisée. On compte un suicide en moyenne par semaine dans notre profession. »

Suicides par centaines, journées de travail de 24 heures … des conditions de travail catastrophiques

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Patricia Cordier, mère d’un gardien de la paix s’étant donné la mort en 2008, a remis une pétition à Bernard Cazeneuve pour qu’une action d’envergure soit menée afin de prévenir les suicides dans la police. Elle a recueilli plus de 50 000 signatures
Les policiers risquent leur vie quotidiennement pour garantir, tant bien que mal, avec les moyens de plus en plus déplorables que l’on veut bien leur accorder, notre droit constitutionnel à la sécurité, il faut y réfléchir avant de les montrer du doigt dans des généralisations ne servant que le pouvoir qui les pousse au matraquage. L’année 2014 fut celle du tragique record du nombre de suicides dans la police 55 en douze mois. On dénombre 478 suicides de policiers en 10 ans, de 2004 à 2014. Patricia Cordier, la mère d’un policier ayant mis fin à ses jours avec son arme de service a jugé la situation si critique qu’elle a pris l’initiative d’une pétition pour que les pouvoirs publics cessent enfin d’ignorer cette situation catastrophique. Elle a recueilli 100 000 signatures. Si certains plaident pour le retour d’une médiation d’intervenants de proximité, la situation ne peut réellement cesser de s’assombrir sans un changement structurel radical. Certains responsables syndicaux déplorent la disparition du délégué social, qui était «détaché dans chaque service important et qui était là pour détecter les collègues en difficulté». Une suppression qui va dans le sens de la déshumanisation de ce métier évoquée par Alexandre Langlois, et qui ne peut que nuire à la mission de service public des policiers.
Si Manuel Valls, lorsqu’il était ministre de l’intérieur, avait critiqué la « politique du chiffre » mise en place par Nicolas Sarkozy, elle n’a pour autant jamais été abandonnée. Refusant de mettre en cause la responsabilité de certains hauts gradés de la hiérarchie policière pour ne pas  faire de vagues, Bernard Cazeneuve quant à lui, ne semble pas avoir pris la pleine mesure du ras-le-bol général et de la tension quotidienne qu’endurent les agents de terrain. Les techniques du « management » appliquées aux services publics sont une catastrophe en général, mais les conséquences du burnout,dans le cas d’un militaire ou d’un policier, peuvent s’avérer irréparables.
En janvier 2015, Bernard Cazeneuve n’avait pas jugé «insensé d’envisager une éventuelle refonte des cycles de travail dans la police nationale, pour améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie privée des policiers». Mais ces belles paroles n’ont guère été suivies d’effet, et les pressions combinées de la mise en place de l’état d’urgence et de la répression des mouvements sociaux d’envergure sont vites venues à bout de ces nobles intentions et de ces beaux discours. Courant 2015, l’alourdissement du plan Vigipirate engage l’affectation massive des Gardiens de la paix dans les Compagnies de CRS. Leur statut militaire ne leur permettant pas de manifester, beaucoup de gendarmes protestent en se mettant en arrêt maladie.
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La « politique du chiffre » et le non sens des décrets successifs de l’état d’urgence ont mis les nerfs des représentants de l’ordre et de la justice à rude épreuve
Les quelques 2900 perquisitions enchaînées en un mois et demi après les attentats de Novembre ont mis les policiers à bout de nerfs. Le surplus des dossiers, l’encadrement des perquisitions, ont généré la suppression d’un nombre considérable de congés, pourtant nécessaires au maintien de la santé psychique et physique des militaires et policiers. L’hystérie administrative de l’état d’urgence a également largement entravé le fonctionnement quotidien de notre justice, (en théorie) garante du bon fonctionnement de notre démocratie. La Commission Nationale des Procureurs de la République (CNPR), ont manifesté leur inquiétude à ce propos. L’état d’urgence serait selon eux un prétexte utilisé pour palier au manque de moyens octroyés par l’État aux institutions de la Justice. Notons à ce propos que dans le cadre de l’état d’urgence, des préfets de province se sont pour leur part rendus coupables de perquisitions illégales.
La pression imposée par la sécurisation de la COP21 a également été un facteur d’épuisement. Sommées de protéger l’oligarchie mondiale du ressentiment des peuples, les forces de l’ordre françaises ont dû sacrifier le repos et la formation continue nécessaires au bon déroulement de leurs missions de service public auprès du peuple de France. Certains agents travaillent donc jusqu’à dix jours d’affilée, avec des journées de travail pouvant atteindre 24 heures. Dans de telles conditions, difficile pour le gouvernement de s’étonner de l’augmentation potentielle du nombre et de la gravité des bavures. Dès avril 2015, trois compagnies entières de CRS (soit 240 personnes) ont été mises en arrêt maladie pour « épuisement ». Les journées de travail de 24 heures sont toujours monnaie courante, et sans jamais excuser les violences scandaleuses commises contre les manifestants, la banalisation de telles pratiques les expliquent.
Le Docteur Fatima Idbrik, spécialisé dans l’assistance et le soin psychologique aux forces de l’ordre (clinique spécialisée du Courbat en Indre et Loire), évoque des consommations nombreuses et excessives d’alcool, de médicaments et de drogue directement liées au burnout provoqué par la pression quotidienne liée aux aberrations imposées par la mise en place de l’état d’urgence.
«Depuis début décembre, les demandes de dossier ont doublé, précise la médecin-chef de l’établissement, le Dr Fatima Idbrik. Les patients nous contactent désormais par groupe de dix, ce n’était jamais arrivé auparavant», précise-t-elle.

Suppressions de postes et démantèlement des corps constitués

Les ministres et présidents qui se succèdent ont beau galvaniser l’autorité et fanfaronner en gavant les médias de verbiage en se disant « obsédés par la sécurité des Français« , rien n’y fait… Ceux qui sont chargés de faire appliquer cette autorité sur le terrain ne sont pas dupes et subissent de plein fouet les restrictions budgétaires touchant toutes les administrations publiques au nom des « plans d’austérité » imposés par Bruxelles à notre pays. En France, les forces armées connaissent depuis dix ans des restrictions financières sans précédent dans le cours de leur histoire. Entre 2009 et 2014, les administrations Sarkozy et Hollande ont supprimé 54 000 postes dans l’armée et ont validé le projet d’en supprimer 34 000 supplémentaires d’ici à 2019. Les présidentiables font des pieds et des mains pour obtenir le soutien électoral des forces de l’ordre. Pourtant, depuis les suppressions d’effectifs annoncées depuis 2011, même les gendarmes et les CRS, ne disposant pourtant pas du droit de grève, poussés à bout, se mobilisent et tentent de faire entendre leur voix.

Vers une privatisation rampante de la sécurité publique

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Alain Bauer, ancien « grand maître » du Grand Orient De France et président du CNAPS, est l’un des principaux artisans de la privatisation de la sécurité publique en France
Dans le cadre de la contestation générale de la « Loi Travail », il s’en faut de peu pour que tous les secteurs du public ne se mobilisent contre cette « restructuration » globale prenant la crise pour prétexte afin de privatiser tous les services (santé, administration, enseignement, défense) à grands coups de « réformes budgétaires ». La structure historique des institutions publiques chargées de garantir l’ordre et de faire respecter la loi est aujourd’hui menacée par la concurrence de la sécurité privée encouragée par les représentants de l’État, sous le patronage de Manuel Valls, qui encourage la police à « forger des relations opérationnelles avec les agents de sécurité privée« , sur les bons conseils de son ami de toujours Alain Bauer, ex grand maître du Grand Orient de France, « criminologue » autoproclamé nommé par décret présidentiel, lui-même reconverti dans la sécurité privée, apôtre national de lavidéosurveillance généralisée aux frais de l’État. Précisons qu’A. Bauer a été réélu en 2015 président du Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS), récemment entaché par une affaire de corruption ayant conduit à lagarde à vue de son directeur, le préfet Alain Gardère. Précisons que le syndicat Alliance, très proche de Sarkozy, et dont l’ancien secrétaire général Jean-Luc Garnier est devenu président de la « Fédération professionnelle des métiers de la Sécurité » au sein de l’UMP à la fin de son second mandat, s’est étrangement prononcé en faveur de la collaboration accrue entre la police et la sécurité privée. Cette collaboration ne vise-telle pas, à long terme, une privatisation progressive de la sécurité publique en France ? Des réductions massives d’effectifs de Sarkozy aux décrets invraisemblables de l’état d’urgence sous Hollande, Valls et Cazeneuve, tout semble fait pour favoriser l’épuisement des forces de l’ordre et présenter le recours gouvernemental à la sécurité privée comme une solution miracle. Un décret datant du 1° Août 2014 (décret 2014-888) a d’ores et déjà modifié les conditions de détention et d’usage des armes à feu pour les agents de la sécurité privée.

Germes d’une dissidence citoyenne dans la police et dans l’armée

Le cas du préfet et directeur du CNAPS Alain Gardère n’est pas isolé. Les agents de terrain ne subissent plus les humiliations d’une hiérarchie parfois décadente (le général Germanos condamné pour pédophilie, le patron de la DDSPdu Nord Jean-Claude Menault et son adjoint le commissaire Jean-Christophe Lagarde, « entendus » par leurs confrères sur leur responsabilité dans le réseau de proxénétisme du Carlton de Lille, on encore l’ancien policier et ancien dignitaire du Grand Orient de France Eric Vanlerberghe, également impliqué dans les réseaux des affaires DSK…)  sans broncher. Jusque dans les plus hautes sphères de la police et de l’armée, des hommes et des femmes se questionnent sur la nature des intérêts qui poussent nos dirigeants politiques à exploiter les ressources policières et militaires dans des entreprises qui n’ont que peu de relations avec les intérêts du peuple et ceux de la nation.
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Les représentants de la « violence physique légitime » selon l’expression du sociologue allemand Max Weber, passeront-ils dans le camp du peuple qu’ils ont le devoir de protéger ?
En refusant d’interroger la responsabilité des hauts gradés, Cazeneuve perpétue une vieille tradition : un plafond de verre judiciaire protège bien souvent la hiérarchie de la mise en cause de ses agents. Le gendarme Christian Bonnery l’avait révélé lors de l’affaire de Rivesaltes, dès 1998. Dans le milieu des armées comme dans celui de la police, des hommes et des femmes remettent en question la légitimité de certaines décisions, non sans conflit avec les plus hautes autorités de l’État. Le politologue et lieutenant-colonel de gendarmerieJean-Hugues Matelly, radié de l’armée par un décret de N. Sarkozy (25 mars 2010), a gagné un procès contre la France devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Comme il aime à le rappeler, « un soldat est avant tout un citoyen« .  C’est également la position défendue par Bernard Cordoba, gendarme sommé par sa hiérarchie de démissionner (17 avril 2012) de son poste de vice-président de l’association Gendarmes et Citoyens qui milite pour laliberté d’expression des agents de cette institution. Le major Cordoba avait été l’un des meneurs de la manifestation (pourtant interdite dans le corps militaire) menée par les gendarmes en 2001.
Ces hommes et ces femmes ont conscience qu’il faut « faire revenir le soldat dans la cité« , mais aussi le policier. C’est certainement ce qui a poussé le commandant de police Philippe Pichon en 2008 à s’insurger contre les aberrations des systèmes de fichage de la police nationale (STIC/FAED/FNAEG), ce qui lui a coûté son poste par mesure disciplinaire. Citons encore Yannick Danio qui, en 2012, a eu le courage de s’opposer de l’intérieur aux abus générés par la politique du chiffre et les contrôles d’identité ciblés à répétition, qui mettent plus de pression que de sérénité sur les épaules des agents de terrain. Beaucoup de ces individus (pas tous, ne nous berçons pas d’angélisme) se sont engagés pour servir le bien commun. Ceux-là ont une haute idée du sens de l’honneur et du devoir républicain.

Du plan Vigipirate aux opérations extérieures, quelle considération pour la sécurité des soldats ?

Les décisions a posteriori, prises pour compenser médiatiquement celles qui n’ont pas été prises au bon moment, reviennent cher à l’État français. La mise en place du niveau écarlate du plan Vigipirate initiée après le 7 janvier, poussant les militaires à faire de la figuration sur le territoire national au péril de leur propre sécurité (comme l’a montrél’agression de Nice), coûte 1 million d’euros par jour au contribuable français. Tout ceci au dépens de l’énergie et de la santé des soldats, dont un grand nombre d’exercices importants et de permissions nécessaires à leur équilibre physiologique et psychologique ont dû être brutalement remis en question pour assurer le plus grand déploiement militaire sur le territoire national de toute l’histoire de l’armée française. De l’aveu même du ministère de la défense, ce dispositif n’était pas tenable plus d’un mois. On creuse les budgets dans les bureaux du ministère pour assurer un repas chaud (hors ration de combat) par jour aux soldats, au sein même du territoire national… Lors de l’intervention au Mali, les soldats ont été sommés de déguster leur ration de combat matin, midi et soir durant huit mois. Les guerres « low coast » des administrations Sarkozy et Hollande laissent un goût amer dans la bouche des soldats.
Au moment où on leur demande d’assurer la sécurité des citoyens sur le territoire national en sécurisant des lieux qui ne sont pas de leur prérogative, les opérations extérieures ont mobilisé près de 9000 engagés, tandis que 1000 à 1500 militaires ont été déployés pour renforcer la sécurité de leurs propres sites de fonctionnement sur le territoire, elle aussi menacée. En sus de quoi, les soldats sont priés d’encaisser le coût moral et humain des Lois de Programmation Militaire (LPM) qui se suivent et se ressemblent.

Opérations extérieures et diktats de l’Intérieur : Contestations militaires contre un ordre politique déconnecté du réel

vincent desportes
Le général Vincent Desportes a récemment remis Alain Jupé à sa place en lui indiquant qu’un militaire n’avait pas à « la fermer »
Le pouvoir politique souhaiterait museler l’armée Française pour en faire un simple instrument d’exécution. L’ancien ministre de la défense « mal payé » Gérard Longuet par exemple, issu des rangs d‘Ordre Nouveau, comme ses collègues Madelin et Devedjian,  se félicitait en son temps que l’armée soit « la grande muette de notre société« . Mais les choses changent et des voix s’élèvent. Celles du chef d’état-major et directeur d’études à l’IRSERM Michel Goya, qui s’en réfère au mouvement de révolte intellectuelle dit des « jeunes Turcs » (à ne pas confondre avec le mouvement turc du même nom) survenu dans l’armée française avant la première guerre mondiale et qui critiquait en 2013 les opérations militaires à l’usage des médias, l’ancien chef d’état-major de la marine Pierre François Forissier, qui avait, dès juin 2011, vivement critiqué l’engagement de la France en Libye, ou encore le colonel Philippe Espié, ancien commandant du groupement de gendarmerie de l’Ardèche ayant contesté le rattachement de son institution au ministère de l’intérieur pour des raisons politiques douteuses depuis le 1° janvier 2009 (comme le confirme le sociologue Laurent Mucchielli), ont été les instigateurs d’un vaste mouvement de contestation militaire  qui a été servilement ignoré par la radio et la télévision.
Pas plus tard que le 24 avril dernier, Alain Juppé avait encore l’outrecuidance de déclarer: « un militaire c’est comme un ministre : ça ferme sa gueule ou ça s’en va ! ». Ce à quoi le Général Vincent Desportes, sanctionné en 2010 pour avoir contesté la stratégie états-unienne en Afghanistan, lui répondit dans une tribune publiée dans le Monde le 4 mai: « les militaires n’ont pas à la fermer » :
 Méprisants, vos propos montrent une profonde méconnaissance de la réalité stratégique », écrit l’officier. « Non, les militaires n’ont pas à la fermer comme un ministre. La première loyauté d’un ministre au service d’une politique fluctuante, souvent politicienne, est envers son président (…) La première loyauté d’un militaire au service permanent de la nation, de ses intérêts et de ses valeurs, est envers la France (…) Structuré par l’éthique de conviction, il doit prendre la parole pour lui rester fidèle, plutôt que la renier (…) Votre réponse à l’emporte-pièce contredit le discernement attendu de celui qui vise la plus haute magistrature. »
Devant le tollé suscité et certainement par bas calcul électoral, Juppé n’eût d’autre choix que de se rétracter, formulant des « regrets » sans pour autant formuler d’excuses. Suite à cette polémique, l’association professionnelle nationale de militaires GEND XXI a demandé au président de la République la création d’une commission « afin de permettre à l’ensemble des militaires d’avoir un véritable rôle de citoyen dans le respect du statut et des devoirs des militaires ».

Vers l’union avec le peuple en révolte

Chose extrêmement rare pour être soulignée : face à la réduction des budgets et au mépris manifeste de l’État, les forces de la police et de la justice se sont mobilisées dans un même élan  dès 2012 contre cette privatisation antidémocratique de notre système judiciaire. Le 13 Novembre 2014, déjà, près de 9000 policiers se sont déplacés pour une grande manifestation dans la capitale. À la suite de quoi, le gouvernement a vaguement promis d’améliorer leurs conditions de travail. Parce que le pouvoir crève de trouille à l’idée que les forces de l’ordre ne se joignent à tous les mouvements sociaux engendrés par la privatisation rampante de tous nos services publics et par le démantèlement organisé de notre État social et des piliers de notre démocratie. Le « mouvement » médiatique et éphémère du 11 janvier a certes galvanisé la police. Reste à savoir si les pouvoirs politiques en place ne sont pas responsables de la suppression des effectifs qui auraient peut-être permis d’éviter ce massacre. Pour calmer le jeu auprès des policiers, après les évènements du 13 janvier, Bernard Cazeneuve a facilité leur port d’arme en dehors de leur service, dans la stricte limite de la durée de l’état d’urgence.
ninadechiffre
Le 16 Novembre 2013 à Turin, l’étudiante Nina de Chiffre avait tenté cette approche insolite et symbolique avec le jeune policier Salvatore Piccione. L’image avait fait le tour de la toile.
Nous disposons encore d’une police et d’une armée (relativement) protégées de l’appétit des milices privées et de l’ingérence des milices transnationales de l’Union Européenne telles que l’EUROGENDFOR. Plutôt que de regarder les membres de nos forces armées institutionnelles comme d’éternels ennemis, représentants d’une entité diabolique, montrons leur que nous ne sommes pas du côté du chaos, mais que nous luttons pour la souveraineté populaire et démocratique de l’ordre qu’ils ont pour mission de protéger et de faire respecter à NOTRE service.
Alors peut-être qu’un jour, les CRS jetteront leurs boucliers, baisseront leurs matraques, enlèveront leurs casques et viendront marcher à nos côtés. Ceux qui considèrent une telle perspective absurde, angélique ou naïve devraient s’informer sur les vastes mouvements qui ont uni les travailleurs sans toit, les retraités des forces de Police et les personnels de transports publics dans la mégalopole de Sao Paulo avant la coupe du monde de 2014 au Brésil. Rappelons à ce titre que la France est censée accueillir l’organisation mafieuse transnationale UEFA pour l’euro 2016, et que le gouvernement l’a d’ores et déjà exonérée d’impôts, et que la prolongation de l’état d’urgence qui épuise les policiers vise aussi à garantir la sécurité de cet évènement dont le contribuable ne verra donc pas le moindre bénéfice. Ils devraient également se souvenir que le 9 décembre 2013 à Turin, alors que les manifestants avaient troqué les drapeaux partisans et syndicalistes pour arborer celui de la nation, des policiers ont eu le courage d’enlever leurs casques anti-émeute  en signe de soutien lors d’une protestation  contre l’oligarchie financière.
Souhaitons que que les policiers français aient un jour ce courage, et que toutes les forces insurrectionnelles douées de bonne volonté aient l’intelligence de faire converger leurs luttes en réalisant que la souveraineté écologique, économique et politique du peuple français ne pourra aboutir que dans le sentiment fraternel d’appartenance à la communauté nationale, dans la perspective inter-nationale de la reconquête de la souveraineté des peuples. Une perspective qui exige de savoir précisément pourquoi nous nous battons et quel genre de reconstitution nous souhaitons établir pour l’avenir de notre démocratie.
Galil Agar
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Pour aller plus loin:
Sur les suicides dans la police:
            Comment remédier aux suicides dans la police ? France Culture, 4 juillet 2014
           Enquête sur les suicides dans la police française, Alain Hamon, J. Pradel, RTL, 8 octobre 2015
Discussions autour de la manifestation policière du mercredi 18 mai sur questions.nuitdebout.fr:
Sur l’Etat et le monopole de la violence légitime:
Max WEBER, Le savant et le politique, conférences prononcées entre 1917 et 1919
. traduction, notes et préface de Catherine Colliot-Thélène, La Découverte, 2003
. traduction de Julien Freund, introduction de Raymond Aron, plon, 1959, réédition 10/18, 2002
Walter BENJAMIN, Critique de la violence, trad. Nicole Casanova, Payot, 2012
George SOREL, réflexions sur la violence (1908), Entremonde,  2013.    Gratuitement sur Wikisource.org
source : http://www.cercledesvolontaires.fr/2016/05/17/26632-republique-peuple-police-convergence-revolutionnaire/