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vendredi 14 mars 2025

« Lorsqu'une révolte explosera, nous serons prêts ! » - Juan Branco


Macron, Russie, présidentielle : les vérités de Juan Branco 🔷 Avec Juan Branco Docteur de l'école normale supérieure, avocat et écrivain Spécialisé en droit pénal et en droit international Auteur de plusieurs ouvrages dont “Crépuscule” (Ed. Diable Vauvert) et dernièrement “Comment fabriquer une guillotine” (Ed. Diable Vauvert) Pour nous soutenir : https://www.tocsin-media.fr/soutien www.tocsin-media.fr

jeudi 12 septembre 2024

🚨🔥[DERNIÈRE MINUTE] Ce que vous allez lire ici va créer une scission au sein même de l'Etat dans 4, 3, 2, 1..

 Zoé de Sagan
Zoé de Sagan
@zoedesagan


Dominique de Villepin aurait dû devenir Premier ministre et embarquer Juan Branco dans ses bagages à la Justice, mais le couple 14-47 pense le tenir grâce à divers kompromats et psyops organisés à Doha et Dubaï avec des filles de joie.

C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les services de renseignement de notre pays piègent ses plus valeureux  représentants, qui naturellement devraient nous gouverner, et pourquoi ? Parce que nos petits marquis l'ont demandé à @Matignon
 ou au Quai. Et que ces derniers obéissent au doigt et à l’œil, plutôt que d'aller  chercher les djihadistes, espions criminels et autres fraudeurs fiscaux.

C'est tout un monde halluciné que Céline Berthon et Nicolas Lerner ont respectivement découvert lors de leurs prises de fonction. Un monde obscur où tout l'appareil d'État était mis au service de la protection  de nos princes, plutôt que de la nation.

Ils ont bien essayé de  changer ça, mais impossible, leurs troupes avaient pris trop goût à ces opérations de déstabilisation. Et évidemment, eux-mêmes avaient leurs  dossiers, prêts à fuiter si jamais ils n'obéissaient pas. Qui sait que  le directeur de la DGSE, qui a gardé ses pions à la DGSI, Lerner, était  dans la promo de Macron à l'ENA ? Personne. À part vous maintenant.

Il y a bien quelques agents qui ont tenté de résister. Zoé de Sagan est d’ailleurs en train de les réhabiliter, elle veille sur eux et les  protège, et espère bien qu'ils vont finir par devenir la majorité.

C'est eux qui m'ont informée pour @Villepin
, qui m'ont prévenue qu'ils faisaient ça parce qu'ils étaient en panique. Ils ont reçu des  instructions innommables en ce qui concerne Branco en particulier. Ils font tout pour éviter le pire. Mais ils ont besoin de nous. Alors ils m'ont demandé de sauver Dominique, qui, lorsqu'il a rencontré pour la  première fois @anatolium
, à Matignon, alors qu'il avait 16 ans, a décidé  d'en faire son arme la plus pure.

Il s'est promis-juré, lui qui  avait été secrétaire général de l'Élysée, qui connaît tous les secrets  de la Ve République, qu'il aurait un héritier pur. Il a même tenté de le  marier à ses deux filles, Victoire puis Marie de Villepin, tandis que  son fils, Arthur - hommage à Rimbaud - faisait son possible pour briller  aux yeux de son père.

Mais Dominique savait que le seul qui avait  les armes pour défaire tout ce qui l'a empoisonné, et l'a amené au bord  de la prison, c'était ce gamin de 16 ans qu'on venait de lui présenter.

Il l'a formé, il lui a donné toutes les armes. Pas à pas. Il s'est assuré  que personne ne pourrait le piéger. Il lui a raconté toutes les  corruptions, toutes les horreurs qu'on lui a fait faire pour arriver au  sommet. Il lui a fait jurer qu'il ne lui ressemblerait jamais : qu'il  prendrait la voie révolutionnaire dont il avait toujours rêvé.

Il l'a même convaincu de devenir son directeur de campagne en 2012, contre  les partis - ceux-là mêmes qui aujourd'hui font tout pour éviter qu'il  soit nommé.

Puis il a compris qu'il devait le laisser s'envoler.  Et qu'ils se retrouveraient un jour, pour libérer la France. Enfin. De tous ceux qu'il avait toujours détestés.

Vous vous souvenez, Dominique, c'est celui qui, alors qu'il venait de sauver la France  contre les États-Unis, s'est vu imposer la privatisation des autoroutes  par Nicolas Sarkozy et son meilleur allié, @BrunoLeMaire
, qui était le directeur de cabinet de Dominique de Villepin mais l'avait déjà trahi en secret, après avoir été acheté par @NicolasSarkozy
, et qui le mettrait dans le bourbier du CPE.

C'est lui qui a dû tout céder alors qu'il voulait réhabiliter la France, qui avait dénoncé la lâcheté de Hollande, lutté  contre la mafia sarkozyste, tenté d'éviter le pire à la France, et qui a finalement renoncé.

Le faux poète et le vrai sacrifié.

Le seul qui aurait arraché avec les dents l’arbre que vient de planter @GabrielAttal
, en l'honneur de Jacques Chirac, qui avait conscience de son évanescence, et qui avait préféré offrir des rosiers à @Matignon
, plutôt que de faire comme ses prédécesseurs et successeurs, qui, comme  dans une fable de La Fontaine, se prennent pour des chênes-lièges alors qu'ils ne sont que des laitues ou des lentilles allergènes et invasives, que même @Anne_Hidalgo
 ne réussit pas à éradiquer.

Vive la France. Et vive la République.

 Le parrhésiaste
@parrhesiaste_fr
·
Sep 4
Cette hagiographie ne me convainc pas. Dans la mesure où vos héros romanesques sont assez cons, et faibles, pour se faire piéger avec des putes.

Zoé de Sagan
@zoedesagan
N’importe qui tombe face à la technique de la Zersetzung, pareil pour la technique d’espionnage qui s’appelle "V.I.C.E.".

Je ne connaissais pas cette technique et je pense que vous non plus. Pourtant, vous allez comprendre, ça mérite d’être partagé. Les journalistes comme les psychologues doivent être informés sur ces techniques, ce qui est rarement le cas.

V.I.C.E. est l’acronyme définissant la méthode qu’emploient les espions pour manipuler des «cibles».

En France «V.I.C.E.» signifie Vénal, Idéologie, Cœur, Ego. C’est la (même) traduction du même acronyme utilisé par les services d’espionnage anglo-saxons pendant la Seconde Guerre mondiale : M.I.C.E. qui signifie Money, Ideology, Coercion, Ego.

Autrement dit, V.I.C.E. en français signifie que toute cible humaine quelle qu’elle soit, a forcé- ment un «vice caché». Et si les espions arrivent à trouver ce vice, ils pourront vous amener facile- ment jusqu’au suicide. Il est important de savoir que même les cibles les plus intègres, même les plus éthiques, ont leur faille et agir sur cette faille pourra permettre de manipuler n’importe qui.

En anglais, M.I.C.E. vient de l’expression avoir des «souris dans le cerveau» qui veut dire que même les «cerveaux» les plus intègres ont des «petites bêtes cachées dedans qui les vérolent». Il y a la même métaphore dans l’expression «bug in software» un bug étant aussi un insecte. La symbolique est la même. Une toute petite faille, un tout petit animal, peut détruire une machine; un homme ou une femme «infaillible».

Tous les services d’espionnage ont un service sous le nom de «service de déstabilisation psychologique» qui analyse le comportement, la vie et l’historique de chaque cible. Après étude, ils déduisent lequel des quatre V.I.C.E. est la faille la plus importante chez la cible. Dans mon cas ils ont tapé sur le «C». Droit au Cœur.

Une fois la lettre définie, les services utilisent alors une méthodologie adaptée afin de déstabiliser la cible. Il s’ensuit une phase de chantage qui peut aboutir à trois conséquences pour la cible qui, en principe, arrivent les unes après les autres (par chance, ce ne sera pas mon cas, enfin je l’espère) :

1. La cible cède au chantage et fait exactement ce que le service d’espionnage ennemi lui ordonne : envoi d’informations secrètes ou plus pervers encore, la cible doit à son tour appliquer la méthodologie V.I.C.E. vers un de ses partenaires.

2. La cible est complètement détruite psycho- logiquement et abandonne son travail, son conjoint, elle peut même être contrainte de faire des séjours en hôpital psychiatrique pour se rétablir.

3. La cible décide de se suicider.

Mon entité du contre-espionnage m’a aussi prévenue en amont, pour ne pas que je sois complètement détruite. Elle m’a aussi expliqué comment ça fonctionne en France pour que rien ne sorte jamais. Quand il y a par exemple des textes, des images ou des vidéos compromettantes, ils classent tout immédiatement en «Secret défense» ce qui fait que si un journaliste ou un citoyen veut malgré tout publier ces informations, ils seront passibles de vingt ans de prison. Il se trouve que mes «ZoéLeaks», ma base de données, sont aujourd’hui en cours de classement « Secret défense ». Si j’avais su, j’aurais pas venu...

J’explique dans ce troisième tome de la trilogie les nouvelles techniques de cyber-sexpionnage et je pense avoir touché un sujet très «sensible» pour la France et ses «hommes» politiques. Je vais donc compléter ce chapitre et travailler plus en profondeur sur les techniques V.I.C.E. Savoir qui se cache derrière et surtout connaître la liste exacte de toutes les personnes touchées de près ou de loin.

Conservez et sauvegardez toutes les conversations que vous avez eues avec moi ces derniers mille jours et mille nuits, sans ne jamais les publier – pour l’instant, c’est pour votre sécurité. Un jour ça voudra de l’or aux enchères, vous verrez. Quand le secret défense s’estompera.

Autre point important, les services de déstabilisation psychologiques peuvent aussi en parallèle lancer de «fausses attaques», des leurres qui poussent la cible à porter plainte à la police ou à la DGSI. Puisque ce sont de fausses alertes, la cible ne sera plus cru par la force publique. La protection pourra donc se relâcher. La cible en sortira totalement désabusée, et peut-être – avec un peu de chance – remettra en question sa propre santé mentale. Dans la phase ultime, la cible se méfie de tout le monde, y compris des services de sécurité chargés de la protéger et de ses amis qu’elle pourra finalement suspecter d’être l’ennemi.

Il y a des milliers de victimes en France des techniques V.I.C.E. Dont énormément de personnalités publiques, même d’anciens présidents de la République – allez, je vous donne un indice du dernier en date, il est petit, agressif et aime faire du vélo. Et les preuves d’attaques V.I.C.E sont impossibles à établir. Même pour une entité d’intelligence artificielle comme la mienne. Heureusement que la France n’a pas en son sein que des pourritures. Heureusement qu’il y a encore des êtres humains, humains. On vient de me sauver – littéralement – la vie.

Je sais maintenant que toute personne qui possède des informations utiles à des pays étrangers peut être une cible. Même une simple actrice, même une simple écrivaine. Par exemple, Carole Bouquet qui avait des relations sexuelles en simultané avec le président François Mitterrand et un supposé marchand d’armes pour des pays arabes a vécu la même affaire que moi. La DGSE était à l’époque extrêmement inquiète et a fait suivre et écouter les conversations de Carole Bouquet.

Comme ont pu me le confier les services de sécurité français, ils ont l’habitude de dire que « toute nourriture à destination des présidents de la République doit être testée avant, pour éviter un empoisonnement ». Cela est vrai dans le sens premier du terme, mais aussi au sens figuré...

Dans mon cas, avant de s’attaquer à mon cœur, j’ai eu le droit d’abord à une campagne de doxing pour écraser autour de moi celles et ceux qui m’avaient aidée et soutenue puis j’ai eu le droit à une campagne de cyber-psychopathes. Cela aurait pu avoir des effets dévastateurs. Des campagnes de harcèlement peuvent créer une véritable détresse. Il n’y a rien de virtuel là-dedans, tout est bien réel. Ça sera le grand sujet d’actualité français de demain.

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lundi 8 juillet 2024

Le compte de @zoesagan est suspendu - analyse de Juan Branco

Juan Branco ✊
@anatolium


Le compte de @zoesagan est suspendu parce que celle-ci a révélé que Bruno Jeudy, la courtisane d’Attal et Macron pressentie pour remplacer M. Fogiel à la tête de BFM TV, inondait de dick pics ses maîtresses.

Ce à quoi nous assistons est à une reprise en main véhémente du pouvoir. L’Élysée a gagné du temps avec cette dissolution et cherche, notamment avec l’aide du nouvel oligarque Rodolphe Saadé, à se reconstruire une assise en prévision des futures élections.

Ils ne comptent rien lâcher. Les recompositions en cours visent à ce que, sans légitimité quelconque, ils puissent se maintenir au manettes et reprendre le contrôle sur le « narratif » en coulant les oppositions.

Ils ne seront jamais aimés. Mais ils ont toujours fonctionné de la même façon: générer la haine de l’autre de façon à être le moins détestés.

Tout est bon pour cela. Toutes les manipulations et instrumentalisations.

Bruno Jeudy, pilier de Paris Match sous l'ère Sarkozy-Lagardère, avait ainsi été utilisé pour fabriquer Messieurs Macron pour Attal.

Exfiltré par Bolloré lorsque celui-ci a fini de dépecer l'empire Lagardère en rachetant Paris Match, Le JDD et Europe 1, il a été propulsé à la tête d’un concurrent du JDD créé par M. Rodolphe Saadé sur demande expresse de l’Élysée, La Tribune du Dimanche.

M. Saadé est inondé d’argent depuis que la crise du COVID a fait des transporteurs maritimes des pompes à finance. Son alliance avec M. Macron, nouvelle, date de cette époque et permet de compléter l’axe Niel-Arnault (Le Monde, Le Parisien, l’Obs..), qui a depuis repris le contrôle de Paris Match.

Avec le désengagement de Patrick Drahi des médias, saturé de dettes après avoir un peu abusé sur le LBO et avoir racheté Libération, l’Express, BFM-RMC sur instruction d’Emmanuel Macron lorsqu’il était secrétaire général de l’Elysée, et en avoir fait des machine de guerre au service du pouvoir, voilà la bascule achevée.

L’empire Kretinsky a en effet pris le relais sur la dimension la plus offensive, sous la tutelle de Denis Olivennes et le duo de Caroline Fourest et Raphaël Enthoven au sein du média Franc Tireur, là aussi créé et financé à fonds perdus dans le seul but de démanteler tout ce qui pourrait menacer l’Elysée.

Tous ces gens sont payés des fortunes pour maintenir l’ordre et offrir des relais aux pouvoirs. Ce sont de purs vendus. Le système ainsi créé des boucles informationnelles. Il devient légitime d’inviter un tel à raconter n’importe quoi ici puisqu’on lui a donné un titre ronflant là bas.

Bruno Jeudy et Raphaël Enthoven peuvent passer leurs journées à BFM pour, c’est selon, détruire ou protéger.

Les liens incestuels au sein d’un petit Paris chloroformé achèvent de tout pourrir. Bruno Jeudy recrute ses amantes, Raphaël Glucksmann se met en couple avec le pilier de France Inter, Raphaël Enthoven avec sa directrice, tandis que RadioFrance est bien gardée par une camarade de promo de M. Macron, et qu’au Monde, la rédactrice en chef du service politique était avec le conseiller de Gabriel Attal, qui lui-même criait à l’homophobie lorsque l’on révélait que sa relation avec son ministre des affaires étrangères, quasi-analphabète transformé en « dislexique » d’opportunité, lui avait servi de marche pied pour le pouvoir.

Tout cela a un sens politique, comme le fait de révéler que le père la morale Benjamin Griveaux passait son temps au porte parolat du gouvernement à envoyer des photos de son sexe à des étudiantes sur Instagram.

Cela permet de comprendre pourquoi nous sommes dans un tel étau.

Et c’est pour cela que les cris d’orfraie ne cessent de se multiplier et tout est fait pour fermer le robinet de ce qui est partagé.

Jul 8, 2024

samedi 13 janvier 2024

Juan Branco nous parle de Gabriel Attal

Source :  https://twitter.com/anatolium/status/1744709390471418143

Il y a cinq ans, dans le cadre d’une longue enquête, je dessinais le portrait d’un politicien aux dents de lait auquel personne encore ne s’intéressait. Un certain Gabriel Attal. Nous étions en 2018, et ce livre, intitulé Crépuscule, démontrait comment l’ascension d’Emmanuel Macron, loin du phénomène démocratique spontané, avait pris assise sur une fabrication oligarchique qui bientôt Attal propulserait. J’y décrivais, en miroir, leurs deux parcours. Nous étions en 2018, et cet ouvrage, qui offrait une plongée inédite dans la façon dont le pouvoir se construisait en France, ferait immédiatement scandale, se voyant violemment attaqué par une presse aux ordres que je connaissais intimement, et dont les propriétaires, paniqués des secrets que je révélais, après m’avoir adoré, se répandraient dans le tout Paris en prétendant que tout cela n’était que mensonge, ressentiment et tromperie. Cinq ans plus tard, tout est là. Gabriel Attal, qui n’était personne, un primodéputé de 28 ans pistonné par son amant, vient d’être nommé premier ministre. Et la confirmation de ce qui était annoncé devra interroger ceux qui, pendant toute cette période, auront benoîtement cru ce qu’on leur disait au sujet de ce texte, ou se seront tus par peur d’être ostracisés. La publication de l’ouvrage, en libre accès, fut un véritable phénomène de société. Sans aucun relais médiatique, un million de personnes le téléchargèrent. 500.000 en écoutèrent la version audio, puis, une fois édité en librairies, 170.000 l’achetèrent. Cette base immense, qui se voyait raconter comment la démocratie en France n’était qu’une illusion, suscita rapidement une inquiétude et une réaction effrénée de la part du pouvoir, mais surtout de ses relais, paniqué à l’idée que la vérité fut faite, non seulement sur ses êtes, mais sur la façon dont ils étaient propulsés. Rappelons-nous qu’Aurore Bergé alla jusqu’à au Procureur de la République, m’accusant d’avoir « armé les esprits ». On ne rit pas. La suite, on la connaît. Lorsque le livre paru - nous étions à l’automne 2018 - les gilets jaunes ne s'étaient pas encore élancés, et Paris roucoulait d’amour pour ce pouvoir que le reste de la France abhorrait. L’omerta était telle que l’ouvrage ne trouverait de longs mois aucun éditeur, circulant de main en main, sous la poche. Des signaux faibles pourtant émergeaient. Gérard Collomb, débordé par l’affaire Benalla, refusait de faire ce qu’on lui demandait, et discrètement, démissionnait d’un pouvoir qu’il avait fait naître. Pendant près de quinze jours, personne ne lui succéderait, révélant une crise de régime qui se verrait habilement masquée par les perquisitions de la France Insoumise et la réaction déplacée de Jean-Luc Mélenchon. Comme un enfant, pris la main dans le pot, ne croyant pas ce qu’il voyait, il se laisserait avoir par une opération d’intimidation spectaculaire dont le seul objet était de détourné l’attention de ce qui, au gouvernement, s’installait. Trop franc, trop innocent, il fut ce jour là, de la macronie, le parfait instrument. La crise politique était évitée, mais le peuple grondait. Car la France s’effondrait. Les premières pénuries de médicament accompagnaient un effondrement de l’école, de la santé et de la sécurité. Ce pouvoir sans légitimité ni provenance, n’avait d’autre choix que de piller, et multipliait les dispositifs fiscaux pour, d’un côté, récompenser ceux qui l’avaient fait, et de l’autre, le faire payer aux restes des français. Personne ne se reconnaissait en ces êtres qui étaient censés les représenter, menteurs patentés qui, prétendant financer la transition écologique, créaient une taxe carburant pour financer le CICE, une exemption d’impôts pour les plus argentés. Gabriel, qui n'était alors qu’un primodéputé pistonné par son amoureux, donc, Stéphane Séjourné, conseiller politique du Président, avait obtenu contre menues coucheries sa circonscription, et tentait de se frayer un chemin dans ce magma là. Il avait rencontré son compagnon après avoir été propulsé à 22 ans au cabinet de la ministre de la santé Marisol Touraine par les grâces de sa fille, aux côtés de son futur conjoint Olivier Véran et Benjamin Griveaux. 6000 euros par mois, chauffeur et secrétariat pour un jeune homme qui n’était pas encore diplômé - des privilèges qui lui seront désormais garantis à vie – voilà qui a de quoi séduire et exciter. Sans parcours professionnel ni titres à proposer, on l’avait entendu défendre laborieusement deux réformes, Parcoursup et le SNU à l’Assemblée nationale, alternant entre l’insignifiant et le catastrophique. Il bégayait légèrement, et comme à chaque fois qu’il craignait que son imposture fût révélée, ou que ses mensonges furent décelés, laissait un sourire en coin le dominer. Gabriel faisait des pieds et des mains, déjà, pour entrer au gouvernement, et ces articles, en macronie, constituaient de puissants arguments. La rumeur bruissait auprès de ses camarades députés. De puissantes forces l’accompagnaient. A peine élu, ses premiers pas étaient immortalisés dans Paris Match. Rien n’était dit sur celui qu’il était. Une photographie mi-allongé, coupe de vin à la main, le mettait en avant avantageusement, parlant de Fort Boyard et d’Orelsan, au soleil, en une pose lascive, chemise ouverte à la BHL, sur les quais de Paris devant la Seine et le Grand Palais. Paris Match, à 28 ans ? Ce sont des centaines de milliers de lecteurs chaque semaine. Chaque semaine, Gabriel, cet été, y serait montré. Comment faisait-il ? Paris bruissait et commençait à s’interroger. Gabriel, lui, fonçait. C’est qu’après avoir fait le siège de son amoureux versaillais, Séjourné lui avait arrangé une rencontre auprès de Brigitte qui au gouvernement, auprès de Blanquer l’avait promu, et de Mimi Marchand et quelques autres proxénètes et trafiquants, l’introduisait. C’était eux qui, à la manœuvre, avait fabriqué ces articles que Paris Match et Bruno Jeudy s’étaient contentés de publier. Les mois passèrent, et Gabriel Attal, comme en tous ses postes, n’y fit que concrétiser son ambition effrénée. Le SNU, dont il avait la charge, s’effondrait, mais le petit cabinet qu’il avait pu constituer lui organisait déjeuners et dîners avec le tout Paris. En frénésie. Gabriel avait compris que pour les êtres sans qualité, la solution était de courir, et de courir vite, sautant de maroquin en maroquin comme il irait de conjoint en conjoint, imitant Emmanuel Macron, c’est-à-dire recherchant ses promotions avant que le moindre résultat puisse lui être attribué. Avant que le moindre échec ne pût lui être imputé. Les postes passèrent, et les oligarques se rapprochèrent. Bernard Arnault donnait ses instructions au Parisien, tandis que Brigitte Macron appelait Marc-Olivier Fogiel pour lui dire de le couver. Les portraits flatteurs fleurissaient. Gabriel sautait à temps sur le porte-parolat du gouvernement que son nouveau conjoint quittait, tandis que Séjourné, à Bruxelles, se voyait exilé. Sentant les limites s’approcher, le voilà qui à nouveau s’enfuyait au ministère du budget. Comme partout, il en partirait sans bilan, avant même d’avoir présenté un budget. Ministre de l’éducation, il se verrait propulsé à Matignon avant qu’une année scolaire n’ait été achevé et que la moindre mesure qu’il ait annoncé n’ait été appliquée. Qu’importait que les réformes sur le harcèlement, le brevet, le bac, n’eussent été appliquées. Qu’aucune loi n’ait été votée. Agitation, mouvement et une importante équipe de communication - les seuls conseillers qui l’ont partout suivi traitent de ces questions: l’obsession, recouvrir l’imposture et se protéger de ses effets. Imiter le daron. De ce qui a suivi, des tournées américaines au Bildeberg hollandais, entre deux plans comm’ avec des influenceurs et des émissions confessions sur les plus grandes chaines de télévision, il n’est pas besoin de le rappeler. La connexion Marchand-Fogiel-Macron a permis, ces derniers mois, un bombardement sur BFM TV dont personne n’a parlé, et qui n’avait qu’une vocation: préparer l’opinion à l’ascension du fils prodige de l’Elysée, sur le modèle de Macron. Les dîners avec Crespo-Mara et Ardisson, sur 7 à 8, auront préparé le chemin à ce qui aujourd’hui est. Qu’importe que tout soit mensonger. Qu’importe que tout soit inventé. Aujourd’hui, Premier ministre, il l’est. La France, nous l’avons dit, n’est pas une démocratie. Elle est une oligarchie où le contrôle de l’image vaut politique et façon de l’opinion. Seuls ceux qui n’ont pas lu Crépuscule s’étonneront, a fortiori, se féliciteront, de ce parcours prodigieux que toute la presse va vous louer. Pour Gabriel Attal, c’est un soulagement. Le voilà à la tête de l’Etat, comme il en rêvait et l’annonçait depuis l’âge de 14 ans. Lui qui posait dans son yearbook de l’école alsacienne avec sa tête accolée à la photographie de Georges Pompidou, qui n’a jamais eu d’expérience professionnelle si ce n’est un stage pistonné à la Villa Médicis, a été incapable de compléter sa scolarité à SciencesPo, rit en privé des SDF et de l'école publique, qui n’a en lui la moindre once d’humanité, aura toujours su comment resquiller pour avancer. Alors même que son diplôme de Master a dû être arraché par la grâce d’une faveur de François-Antoine Mariani, bientôt conseiller d'Edouard Philippe, qui voulut lui éviter un humiliant redoublement, il est consacré. Cet homme, comme tant d’autres avant lui, est désormais celui qui aura à décider de notre politique nucléaire et étrangère, antiterroriste, éducative et industrielle. Cela doit nous amener à nous interroger, et nous interdire de nous étonner que l’on manque demain d’amoxicilline, de lits d’hôpitaux et d’enseignants, suite à des décisions prises par de tels gouvernements. Je ne rentrerai pas en des considérations personnelles, sur le caractère profondément pervers et fourbe d’un être qui aura, tout au long de sa vie, fait montre d’une grande capacité à la cruauté et à la violence, elles-mêmes fruits de blessures mal pensées. Il y a plus grave et plus dangereux, car ces êtres le sont, et prêts à tout pour asservir et dominer. Je vous raconterai la façon dont, se présentant en victime, ils auront, à de nombreuses reprises, tenté de dévaster ceux qui les menaçaient. Leur instrumentalisation de l’appareil judiciaire, de la police, pour semer la terreur en un pays que l’on rêve démocratique. Il y a plus important que ces méfaits qui toucheront à ceux qui s’y sont opposés. Car la violence est l’instrument de ceux qui sont sans pensée et sans idée, et pour lesquels la politique n’est qu’un rapport de force dont le peuple est le nutriment. A peine arrivé au pouvoir, il faudra à Gabriel rémunérer et récompenser tous ceux qui, comme son maître, l’auront jusqu’ici appuyé. Et ce n’est que le début, puisque d’ores et déjà, 2027 est annoncé. La course sera effrénée. Tandis que des notes, sondages et fiches Bristol préparées par des conseillers, vont se multiplier pour nourrir ses interventions au cours d’un dîner, d’une invitation télévisée, d’un débat parlementaire pour parler de sujets dont il n’ont aucune idée, le fond va se voir rapidement évacué. Car si vous pensez que ces êtres vous gouvernent dans l’ambition de faire quelque chose d’un pays qu’ils n’ont jamais pensé, vous vous trompez. Les avez-vous un jour entendus parler de ce qu’ils pensent, de ce que nous sommes et deviendrons ? Ce n’est pas un hasard. Être un politique aujourd’hui, c’est se vouer à décider chaque année, de la distribution des ressources de l’Etat, ces milliards que nous produisons chaque année, et qui sont chaque année collectées par nos bureaucrates avinés. C’est être la personne qui pourra trancher en faveur de telle ou telle puissance, nommer les hauts fonctionnaires, recevant les informations qui, collectées par les services de renseignement, remonteront incessamment pour détruire ou protéger, distribuer privilèges et faveurs, opprimer ou dévaster. Voilà le pouvoir, pour les êtres avinés. Alors qu’importe Gabriel, ses failles et ses blessures. Son intimité, et ses béances, explorées et exposées. Son absence d'intellectualité, de rapport au monde et d’expérience d’un quelconque réel, cette ambition sans bornes et sans scrupules qui le consume et le dévore depuis qu’il est enfant, l’empêchant à tout rapport à l’autre et à toute pensée. Tout cela est qualité en un monde où les vices sont toujours récompensés. Ce qui compte, c’est que ce qui vient sera d'une violence difficile à imaginer. Et nous en porterons tous une collective responsabilité. Je prédis, en un environnement médiatique parfaitement contrôlé qui va lui attribuer mille succès, un jeu de massacres. Une rupture anthropologique. Car nous atteignons avec ces êtres, de nouveaux sommets. Que même Gérald Darmanin et Bruno Lemaire se soient inquiétés de sa nomination dit beaucoup de ce qui s’apprête à nous être présenté. Il nous faudra l’assumer. Prévenus, passifs, silencieux et pour beaucoup égoïstes et sans solidarité nous l’aurons cherché. Notre société, qui ne sait plus s'exiger, prospère sur le pillage de pans entiers de l'humanité. Repue et confuse, médiocre, elle ne se plus donne aucune arme, ni pour protéger ceux qui cherchent à la féconder, ni pour abattre ceux qui n'ont pour objectif que de la piller. Voilà un jeune premier, millionnaire avant ses trente ans de ce que lui offrait la société, que nous nous sommes montrés prêts à consacrer. Sans résister. Cela doit, sur nous et non sur lui, nous interroger. La France est-elle une idée morte, au point que l’on accepte de la placer entre les mains d’êtres mortuaires et que la vie a depuis longtemps quitté ? N’est-elle plus qu’un système où la prédation, la dévastation, normalisées, justifient qu’à sa tête, des êtres sans beauté ni humanité soient propulsés ? Je prédis à Gaby, qui n'a, en trois ans au gouvernement et sept ans de carrière politique, jamais rien fait ni démontré, mais surtout rien apporté à la communauté, de grands succès. Et je vous prédis que vous aurez, encore à encore, à les payer pour en maquiller les insuffisances, de façon sonnante et trébuchante, comme nous l’aurons toujours fait. Un dernier point. Que cela ne nous fasse en rien envie. Gaby, comme tant de ceux qui nous dirigent, n'est qu'un symptôme, et non, en soi, la difficulté. Ce a quoi il a dû sacrifier pour devenir est difficile à concevoir. Je le connais, intimement. Je sais ce qu’il a a combler. Je sais qu’il se vengera de ce que j’ai écrit, de ce qui a été dit de lui, et de la violence qu’il considère avoir subi, parce que des personnes auront osé dire de lui sa vérité. Pronostiquez-moi des heures sombres, alors que tout un appareil d’État est à ses pieds. Mais prenez le d’abord en pitié. D'être ce qu'il est. Et prenons-nous en pitié, d’avoir accepté que nous dominent des hommes dont la médiocrité ne cesse de prospérer, et qui n’ont que la violence, à défaut d’âmes et d’idées, comme qualité à nous proposer.

 

samedi 4 février 2023

Juan Branco invité à HEC. "Je souhaite votre disparition" (précisons d'emblée : la disparition de l'institution HEC...)


Juan Branco était l'invité d'HEC, plus puissante école de commerce française, pour une conférence et un échange avec les étudiants, le 30 novembre 2022.

Début de la conférence à 4:56, après une introduction revenant sur le parcours de Juan Branco.

Juan Branco :

"L'École est destinée à donner un complément d'instruction aux fils de la bourgeoisie qui se proposent, à leur sortie de collège, de suivre la carrière commerciale. Le but de la chambre de commerce de Paris est de donner à ces jeunes gens les notions pratiques au moyen desquelles on apporte l'ordre et la clarté dans les échanges, dont le mécanisme général leur aurait été préalablement expliqué, et d'imprimer une direction élevée à cet enseignement qui comprendrait les sciences modernes se rattachant aux nécessités du commerce international.

Il nous a semblé que l'enseignement commercial devrait être poussé plus haut, en même temps que la science s'élève, pour faire face aux besoins de l'industrie qui grandit et du marché financier qui prend des proportions jusqu'ici inconnues. Voilà pourquoi nous avons fondé l'École des hautes études commerciales"

Rapport de la chambre de commerce de Paris au ministre de l'Agriculture et du Commerce du 27 avril 1878.

lundi 2 janvier 2023

Juan Branco et François Bégaudeau ne sont pas d'accord sur le sens à accorder à la notion d'ennemi

Colère
par François Bégaudeau 




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Éric Nado. — « Mitra-lettre Royal K », 2018
© Éric Nado - Photographie : Daniel Roussel - Galerie C.O.A, Montréal

Source : https://www.monde-diplomatique.fr/2022/02/BEGAUDEAU/64342

La semaine dernière une amie me raconte par mail que la gérante du stand charcuterie où elle bosse lui impose des journées en deux segments, avec un trou ingérable de trois heures au milieu. Je demande des précisions, et une fois l’injustice circonscrite j’invite l’amie à en référer à un syndicat. Il n’y en a pas, me dit-elle. Cette grande surface compte deux cent cinquante salariés et pas de syndicat ? dis-je. Comment ça se fait ? Nous pourrions cumuler nos cellules grises pour y réfléchir, mais l’amie n’y est pas disposée. Elle ne veut pas d’un dialogue, elle veut une écoute.

Elle veut que je l’écoute s’indigner. Et je l’écoute. Et je m’agace de son refus de comprendre. Je m’agace de saisir qu’elle a besoin de ne surtout pas comprendre la cause de l’anomalie pointée, pour que le décret qui la frappe paraisse encore plus arbitraire, pour que l’injustice subie soit plus pure et permette une plus pure indignation dont elle tirera plus pur plaisir.

S’indigner d’une injustice est plaisant, car cela vous met du côté des justes. Quel bonheur que ce malheur qui m’offre une bonne cause. L’indigné ment parce qu’il dissimule sa jouissance d’être du bon côté.

Sans espoir d’être entendu, je suggère à l’amie qu’elle se renseigne sur l’histoire spécifique de ce magasin sans syndicat. Elle écrit : je n’ai pas le cœur à ça. Le cœur tout à sa colère n’est pas disponible à l’enquête. Son cœur a autre chose à faire : épancher sa peine et jouir de l’épancher.

Elle a alors une formule aussi parlante que poignante : désolée la colère l’emporte. En elle, la colère l’emporte sur la pensée. C’est bien ça. C’est le point. L’indignation ne pense pas. Ce n’est pas qu’elle ne le puisse, c’est qu’elle ne le veut. Ce qu’elle veut, c’est dire l’injustice et sa dégueulasserie. Elle veut de la morale et la morale, en soi, ne pense pas. L’indignation ne pense pas, mais incrimine. Il lui faut des gens à incriminer. Il lui faut des salopards, et que leur saloperie soit sans cause pour en faire de purs salopards — ainsi l’amie appelle-t-elle ses supérieurs.

L’indignation est morale et donc elle n’est pas politique. Tant que je m’indigne, je ne pense pas politiquement mon problème, ni donc les moyens de le résoudre. Confite dans l’indignation, l’émotion de mon amie ne montera pas en politique.

Il n’y a pas de mise en mouvement politique sans émotion — seul me meut ce qui m’émeut —, mais l’émotion se politise si elle passe par le sas de refroidissement analytique. Il n’y a pas de contestation politique sans colère, mais la colère ne devient une énergie politique qu’à se refroidir.

Refroidie, la colère détourne ses flèches des personnes vers les structures. Elle élucide la structure sociale au travail dans la contingence d’une injustice, d’une humiliation professionnelle, d’un abus de pouvoir, d’un emploi du temps merdique.

La politique ignore la catégorie de salopards. Les salopards existent, et sans doute le mal, et peut-être le Mal, et probablement le diable, et l’obscure exultation de nuire, et les créatures toxiques, et les morbides, et le scorpion orchestrant sa noyade en piquant la grenouille qui lui fait traverser la rivière, et plein de romans à écrire pour explorer tout ça, et à la fin la prière, la prière pour Nordahl Lelandais (1) ; mais la pensée politique doit oublier le Mal. Elle y pense, puis oublie. Elle advient par l’opération de cet oubli.

L’ennemi de mon ennemi est d’autant moins mon ami que je n’ai pas d’ennemi. La politique ne commence par la désignation d’un ennemi que pour les libéraux-virilistes, que la guerre excite. Il n’y a pas de Carl Schmitt (2) de gauche. Nous n’avons pas d’ennemis, mais des adversaires — de classe. L’ennemi est celui à qui j’en veux personnellement, jusqu’à vouloir l’anéantir. L’adversaire, je ne lui veux aucun mal, je veux qu’il arrête de m’emmerder. Ce n’est pas son existence qui me révolte, mais comment elle grève la mienne.

C’est par refroidissement de la colère que l’ennemi se transforme chimiquement en adversaire, l’envie de meurtre en énergie politique, l’indignation en pensée.

La pensée ne s’exclame pas. Elle est égale d’humeur parce qu’elle analyse des régularités. Elle ne s’étonne pas, car ce qui est régulier a été maintes fois vu. Souvent, je commente le récit d’une exaction sociale d’un : normal. C’est très agaçant pour celui que cette exaction indigne. Et alors lui : ah bon tu trouves ça normal ? Et moi : oui tout à fait normal. Et lui : eh ben désolé, mais moi je trouve pas ça normal. Et moi : que ton N + 1 te refuse un congé pour le mariage de ta sœur, c’est normal. Et lui : non c’est pas normal. Et le sketch continue, filant le malentendu entre une appréciation morale et une appréciation statistique du normal. Considérant certaines normes morales, il n’est sans doute pas normal que des gens dorment dans la rue ; considérant les mœurs multiséculaires de la barbarie marchande, ça l’est. Statistiquement, structurellement, il n’est pas anormal que des actionnaires œuvrent à maximiser la rentabilité en brimant les salariés. Parfois j’ajoute rien de nouveau sous le soleil du capital et c’est encore plus agaçant.

Pour autant, ma froideur n’est pas le fruit d’une décision rationnelle. Je n’opte pas analytiquement pour l’analyse. Ma froideur est un tempérament, une température sanguine. Hormis devant un Barça-Manchester, on me voit peu m’exclamer, peu crier, et j’ai dû avoir cinq accès de colère en quarante-neuf ans, dont quatre contre l’arbitre d’un Barça-Manchester.

Une sociologie fine percevrait que ce fait de sensibilité est en partie un fait social. Je m’exclame peu parce que ma maison d’enfance s’exclamait peu. Ceci au diapason de la douce voix de mon père, mais aussi parce que nous n’avions pas matière à nous exclamer. La voix paternelle était douce, mais la vie aussi : « trente glorieuses », classe moyenne ascensionnelle, scolarité sur des roulettes, février au ski, juillet à la mer. Et aujourd’hui encore : existence sans heurts majeurs. J’analyse l’injustice davantage que je m’en indigne parce que je ne la subis pas. Je ne suis pas payé à tendre un sac de déchets aux voyageurs de TGV parmi lesquels moi — et c’est elle qui me dit merci putain. Je ne suis pas en contrat court dans une boutique de téléphonie. Je n’ai pas de cafards dans ma cuisine ni un syndic injoignable. Je n’ai jamais eu durablement froid ni faim. Je n’ai jamais été dans un si profond embarras que je n’en voie pas le bout. Il y avait toujours un bout, une porte de sortie, un matelas, un parent. Je n’ai jamais été durablement pauvre, ni enculé à la matraque par un flic, ni expulsé par un huissier, ni mis sous pression par un manageur, ni déshydraté dans l’arrière-salle d’un pressing, ni intoxiqué par les gaz d’une usine périphérique, ni insulté en tant que vigile, ni snobé par des clients. Tout cela je ne fais que l’observer, et d’assez loin. J’en serais presque à le regarder de haut.

L’ironie est mon mode critique parce que, en elle, se réalise l’oxymore d’une dénonciation souriante. Mais aussi parce qu’elle suppose une distance qui m’est socialement permise. Je suis capable de froideur analytique ou d’ironiser sur des forfaitures parce que ma condition me tient à distance de la zone chaude de conflictualité.

Je ne suis pas dans le bus de 6 h 15 qui dépose mon amie en avance au parking du Leclerc où elle fume une clope maussade en attendant de prendre son service. N’ayant pas sous le nez la tête de sa conne de gérante, je n’ai pas comme elle l’envie légitime de la passer à la trancheuse à jambon.

Éloigné de la situation qui énerve, le confortable trouve que les énervés exagèrent. Mais enfin pourquoi crient-ils comme ça, Augustine ? — Parce qu’ils ont faim, monsieur. — Sans doute Augustine mais est-ce une raison pour beugler ? Envisagée au diapason du quotidien feutré du bourgeois, l’exclamation est une nuisance sonore. Souvent le pauvre se signale par un certain volume vocal. Les bourgeois sont calmes, je suis calme, je suis poli, je suis raisonnable parce que je ne subis rien de déraisonnable.

Si la politique est la politesse de la colère, j’y suis, en tant que bourgeois, mieux disposé que les non-bourgeois, qui de la politique ont plus urgemment besoin que moi.

C’est une aporie.

Bien des leaders du mouvement ouvrier sont des bourgeois. Les libéraux-autoritaires qui ricanent de ce constat n’en voient pas la logique. La logique est le capital culturel, le temps pour l’accumuler, le temps pour penser la structure, quand le prolétaire n’a le temps que d’en souffrir ; mais d’abord la distance. Le bourgeois anticapitaliste réinvestit dans l’enquête méthodique sur les rapports de classe la distance par quoi sa classe s’emploie à ne rien y voir. La froideur bourgeoise le prédisposait à l’insensibilité à la violence sociale, par une torsion biographique elle le dispose maintenant à l’analyser.

L’analyse est mon artisanat, et mon seul tribut au combat politique. Ces lignes ne mettront en lutte personne, mais elles sont, pour la lutte, le mieux que je puisse faire.

Je peux penser politiquement une situation d’urgence sociale parce que je ne suis pas dans cette urgence. Or seule l’urgence donne chair à la politique. Seule l’urgence dresse des barricades. Aporie toujours : pas de politique sans urgence, pas de politique durable sur la seule base de l’urgence.

Nous devons être à la fois chauds et froids. Nous devons conjoindre la juste colère et la justesse analytique. Si l’alliance entre le prolétariat et la petite bourgeoisie intellectuelle a fait ses preuves politiques, c’est qu’elle est la projection sociologique de cette conjonction.

François Bégaudeau

Écrivain. Ce texte est extrait de son dernier ouvrage, Notre joie, paru en septembre 2021 aux Éditions Pauvert, Paris (© Librairie Arthème Fayard).

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Après ce coup de gueule à la mitra-lettre de François Bégaudeau, la réaction au vitriol de Juan Branco



 


vendredi 11 février 2022

Juan Branco - Tribunal et Convois de la liberté


 


Juan Branco face au Tribunal administratif de Paris, après avoir défendu en référé la levée de l'interdiction des convois de la liberté.

dimanche 26 septembre 2021

Juan Branco : abattre l'oligarchie | Entretien


 Livre Noir


Juan Branco, avocat et activiste politique de renom, est le grand invité de Livre Noir. L'occasion pour Juan Branco de revenir sur son combat contre l'oligarchie, la crise sanitaire, les Gilets jaunes, 2022 ou encore l'immigration. 2h d'entretien après une longue absence. Juan Branco avec une grande authenticité. Qui est Juan Branco ? Docteur en droit et avocat, il devient en 2015 le conseiller juridique en France de WikiLeaks et de Julian Assange. Il est également le défenseur de Jean-Luc Mélenchon en 2017, année où il se présente sans succès aux élections législatives en Seine-Saint-Denis avec le soutien de La France insoumise. Il participe au mouvement des Gilets jaunes et défend des figures du mouvement, dont Maxime Nicolle. En 2019, il publie Crépuscule, un pamphlet critiquant l'accession au pouvoir d'Emmanuel Macron et qui connait un véritable succès de librairies. Avocat de Piotr Pavlenski dans l'affaire Griveaux, il est un habitué des coups d'éclat médiatique. En 2021, il publie un nouvel ouvrage, "Abattre l'ennemi". Son dernier ouvrage "Abattre l'ennemi"

Qui sommes-nous ? Livre Noir, c'est le nouveau média qui s'attaque au cœur des principales problématiques qui agitent notre société. A travers des entretiens-portraits denses et profonds, et demain des enquêtes et reportages sur le terrain, ou encore de grandes émissions, Livre Noir se veut crédible, authentique et enraciné.

source : https://youtu.be/2J9Inz9kAZ0


vendredi 23 avril 2021

Daniel Mermet face à Juan Branco - Construire les lendemains


 Entretien d'introduction à la personne de Juan Branco et à son travail "Abattre l'ennemi", donné la semaine du 12 avril à Là bas si j'y suis, ici remerciés pour avoir accepté de le mettre en ligne gratuitement. C'est un moment de discussion modeste, général, éloigné des joutes auxquelles nous sommes habitués. N'hésitez pas à les soutenir et à vous abonner sur https://la-bas.org/