Si les Chinois sont aussi drôles qu’ironiques dans leur commentaires, il ne faut être pas être naïf.
Nous sommes à la veille, très certainement, d’une nouvelle offensive russe d’envergure, et nous ne savons pas quelle forme cette dernière prendra.
Nous avons déclaré la guerre économique à la Russie et une guerre, est toujours, toujours économique ! Les guerres ont toutes des mobiles économiques au sens large, le sens large incluant par exemple les ressources naturelles nécessaires à pays.
Il ne faut pas s’imaginer un seul instant que la Russie de Poutine le vive bien ou le prenne de la même manière. Nous sommes bien en guerre contre la Russie et la Chine sait très bien qu’elle est la prochaine cible des Etats-Unis.
« Shoot the Balloon » !
Alors du côté de l’ambassade de Chine à Paris et en français on se moque aimablement de l’armée de l’Oncle Sam et de son avion à 35 millions de dollars pièce qui est un « killer » de « balloon ».
Maintenant de vous à moi, bien évidemment ce ballon ne faisait pas que prendre la température au dessus des bases militaires américaines et c’est une évidente provocation chinoise, à un moment qui ne doit rien au hasard.
Et ce n’est pas là sans doute le plus inquiétant…
Nous sommes dans une guerre dite d’attrition
C’est un « truc » de stratège. Dans la vraie vie, on parlerait de guerre d’usure. Une guerre dite d’attrition consiste à user d’abord les forces et les réserves de l’ennemi. A ce petit jeu, les Russes disposent de réserves de matériels considérables, et quand on se moque des Russes qui utilisent des canons vieux de la seconde guerre mondiale, il ne vient à l’idée de personne qu’ils gardent en réserve leur matériel moderne pour la saison 2 de la guerre en Ukraine.
Avec l’aide de la Chine la Russie dispose d’une capacité industrielle et technologique inégalée, et si l’Europe est devenue un nain productif et industriel, les Etats-Unis, sont aussi devenu l’ombre d’eux-même. A la fin de la seconde guerre mondiale, les USA c’était 45 % de la production industrielle mondiale. Ils écrasaient le monde entier. Aujourd’hui, l’usine du monde, c’est la Chine, et la Chine avec l’énergie russe ne craint plus rien et certainement plus les Etats-Unis.
Une guerre d’attrition qui va également aller vers son extension dans les prochaines semaines.
Vous vous souvenez sans doute des propos prophétiques de notre brillant ministre mamamouchant de Bercy, notre Bruno Lumière qui voulait « ruiner » la Russie. Non, je vous interdis de rire. Ce serait méchant. Même que Bruno, était tout content de couper la Russie de « Swift », le système de paiement mondial.
Alors je voulais vous reparler de deux choses, deux autres articles plus complets à ce sujet sont d’ailleurs dans cette édition pour compléter la réflexion et rafraichir la mémoire de tous, car je rédige rarement mes articles au hasard !
Le premier c’est un article de 2019 intitulé: « Débrancher la Russie du système Swift ? La Russie a déjà son propre système ». Ce propre système c’est le SPFS. La Russie se préparait à cela depuis des années. Bruno Lumière a coupé Swift et cela n’a fait ni chaud ni froid à la Russie.
Voyez, la Russie se prépare, s’entraîne et s’exerce à se passer de Swift et la Russie avait raison puisque nous lui avons bien coupé Swift. Je ne dis pas que nous avons eu raison ou tort, je m’en fiche à vrai dire, je vous fait ici une analyse, pas de la morale ni de la propagande.
Le second, c’est celui-ci. « La Russie va tester sa déconnexion du Web mondial ». Voyez, ici la Russie s’est entraînée à se couper du web mondial… ou plus précisément à se passer du web mondial.
Pourquoi à votre avis ?
Pas parce que la Russie a peur qu’on lui coupe l’internet. Dans les faits, il n’y a déjà plus beaucoup de lien même virtuel entre la Russie et les pays de l’Otan. On peut imaginer, ici qu’il fallait plutôt que l’Internet russe, lui puisse continuer à fonctionner, notamment avec le net chinois et indien, même si le reste du net mondial devait connaître de grandes difficultés.
Vous ne le savez pas encore, mais lorsque la guerre s’invitera dans notre quotidien, alors, les bellicistes risquent de voir les choses différemment. La Russie sait vivre sans Swift et sans Internet.
Nous non.
Nous sommes dans une immense vulnérabilité, et nous faisons les fanfarons.
Le plus sûr moyen de perdre une guerre et de manquer d’humilité est de sous-estimer son adversaire.
La guerre actuelle ne se gagnera pas uniquement à coup de canons et avec des chars. Loin de là.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT