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Le Secrétaire d’Etat Anthony Blinken a passé un aimable séjour en Chine
la semaine dernière à ce pays que les Etats-Unis veulent différentes
choses des Chinois. Ce sont des “demandes” qui leur sont adressées sous
la forme d’ultimatums à peine dissimulés sous la forme de conseils
pressabnts, puisqu’il menacent la Chine de sanctions si elle ne va pas
au devant des exigences américanistes. Dans ces exigences, on relève
quelques-uns des points suivants :
• Un freinage, voire un abandon de certaines livraisons de composants
et technologies d’armements à la Russie, qui sont considérés (par les
USA) comme l’un des moyens principaux du renforcement de la base
industrielle militaire russe, et donc de son écrasante domination de
l’Ukraine.
• Un ralentissement conséquent des échanges commerciaux avec la Russie.
• Un renforcement de la puissance de Taïwan (vote d’une aide
supplémentaire par le Congrès), avec comme perspective une autonomie
accrue de l’île.
• Le retrait de la participation financière de la Chine de la plate-forme Tik-Tok.
• Etc., sans aucun doute...
Très curieusement, à la suite d’une rencontre de plus de 5 heures
entre les deux ministres à Pékin, le Chinois Wang Yi a dit ces deux
phrases dans la même déclaration :
« Malgré ces tensions, les relations entre les deux puissances
“commencent à se stabiliser”, a estimé vendredi Wang Yi, mettant
toutefois en garde contre la persistance d’“éléments négatifs”. »
« “Les relations sont confrontées à toutes sortes de difficultés.
Les droits légitimes de la Chine en matière de développement ont été
indûment opprimés et nos intérêts fondamentaux sont remis en question”, a
souligné Wang Yi, dans une allusion aux restrictions américaines dans
le secteur technologique. »
Il est difficile de concevoir que les relations entre les deux
puissances “commencent à se stabiliser” si les demandes de l’une (les
USA), dites quasiment sous la menace de sanctions, “remettent en
question les intérêts fondamentaux” de l’autre.
Il semble qu’il faille donc voir là l’habituelle réaction chinoise
devant une attitude surprenante. Ils attendaient une rencontre assez
apaisée selon des mésententes connues (voir plus loin) sinon vide de
toute nouveauté, et ils se retrouvent devant un ultimatum (des
ultimatums) au moment où ces programmes agressifs sont présentés dans
des interviews au ‘Wall Street Journal’ et au ‘Financial Times’.
On s’attachera donc plus facilement, pour percevoir la véritable et
profonde réaction chinoise, à cette réaction initiale (la plus
modérée !) d’un programme de Christoforou-Mercouris absolument déchaînés à propos de cette visite de Blinken :
Christoforou : « .... Et Blinken venu à Pékin pour lancer un ultimatum aux Chinois... Qu’est-ce que vous en pensez ....
Mercouris : « Eh bien, les Chinois sont absolument furieux, j’en ai parlé à Sophia (inaudible), qui s’occupe
de suivre et de recenser les réseaux sociaux chinois et elle m’a dit
que les réseaux sociaux sont en feu à ce propos, que les médias chinois
en général sont en feu à ce propos, ce que j’ai pu vérifier de mon côté
dans ‘Global Times’ et dans quelques autres... Tout le monde se déplore
que la visite de Blinken n’a pas été écourtée après la publication du
briefing qu’il a donné au ‘Wall Street Journal’ et au ‘Financial Times’,
où il détaillait certains aspects de ses ultimatums. »
C’est en effet une curiosité que cette visite de Blinken marquée par
une agressivité tout à fait extraordinaire par rapport à ce qui était,
non seulement attendu, mais implicitement prévu entre les deux pays. A
cet égard, on peut lire une partie importante d’un article de
l’excellent journalistes Patrick Lawrence, le 26 avril 2024, présentant le voyage de Blinken.
Comme on le voit, effectivement les relations sont difficiles, mais
absolument rien de nouveau n’est attendu, et le journaliste Matt Lee de
l’agence AP et l’un des meilleurs commentateurs de la presseSystème,
résume simplement la chose : le voyage compte parce qu’il a lieu, c’est
tout, rien d’autre n’est à attendre sinon, pour les commentateurs, le
constat de la pente habituelle de dégradation...
« Antony Blinken est actuellement en Chine pour son deuxième
voyage en tant que secrétaire d'État et sa troisième rencontre avec de
hauts responsables chinois : telles sont les nouvelles du mois d'avril,
qui se rapproche de mai. Je dois dire que la situation est plus étrange
que je ne l'imaginais lorsque le département d'État et les médias qui le
représentent nous annoncent à l'avance que le plus haut diplomate des
États-Unis n'arrivera à rien lorsqu'il se rendra en République populaire
de Chine.
» “Je tiens à préciser que nous sommes réalistes et lucides quant
aux perspectives de progrès sur l'une ou l'autre de ces questions”, a
déclaré un fonctionnaire anonyme du département d'État lors d'une
conférence de presse la semaine dernière sur l'agenda de M. Blinken.
C'est ainsi que le département d'État prévient que le secrétaire d'État
va perdre son temps et notre argent lors de ses rencontres à Shanghai et
à Pékin.
» Qu'est-ce que c'est, sinon un aveu de l'impuissance
diplomatique de notre secrétaire d'État ? Ou devrais-je plutôt parler
d'incompétence ? Voire les deux ? C'est cet homme, après tout, qui est
arrivé en Israël cinq jours après les événements du 7 octobre dernier
pour annoncer: “Je me présente devant vous en tant que Juif”.
» Ce type comprend-il la diplomatie ou bien n’importe quoi ?
» Les médias ont naturellement suivi l'exemple du département
d'État en nous informant de l'inutilité du séjour de M. Blinken en
Chine, et ce des deux côtés du Pacifique. Selon CNBC, “Washington est
réaliste quant à ses attentes concernant la visite de Blinken et la
résolution de questions clés”, et selon le Japan Times : “Bien que
cruciale pour maintenir les canaux de communication ouverts, la visite a
peu de chances de déboucher sur des avancées majeures.”
» Matt Lee, le très compétent correspondant diplomatique d'Associated Press, a été le plus explicite dans son article du 22 avril:
selon lui, l'objectif des trois jours des entretiens de M. Blinken avec
les hauts fonctionnaires chinois est de mener trois jours d'entretiens
avec les hauts fonctionnaires chinois. »
“Le simple fait que Blinken fasse ce voyage peut être considéré par certains comme encourageant”, écrit Lee, “mais les liens entre Washington et Pékin sont tendus et les divergences s'accentuent”.
“Impuissance” ? “Incompétence” ? Non, “Inexistence”
Ce fut donc un bien étrange visite. A quoi servit-elle dans un sens
positif, comme l’on doit attendre d’un acte diplomatique ? A rien, sinon
à aggraver encore le climat des relations entre la Chine et les USA.
C’est assez maigre pour la réputation diplomatique de Blinken.
Que se passe-t-il ? Revenions à Lawrence qui nous présente, peut-être
involontairement, une explication à laquelle nous allons-nous attacher.
Il note :
« Mais peu importent sens et non-sens. M. Blinken et ceux qui
parlent en son nom au sein du Département d'État ont osé donner un
avant-goût de la prestation du secrétaire d'État dans les jours qui ont
précédé son départ. Voici Blinken s'adressant aux journalistes vendredi
dernier par le biais d’un de ses fonctionnaires ::
» “Nous voyons la Chine partager des machines-outils, des
semi-conducteurs et d'autres produits à usage mixte qui ont aidé la
Russie à reconstruire la base industrielle de défense que les sanctions
et les contrôles à l'exportation avaient tant contribué à affaiblir. Si
la Chine prétend d'une part vouloir entretenir de bonnes relations avec
l'Europe et d'autres pays, elle ne peut pas d'autre part alimenter ce
qui constitue la plus grande menace pour la sécurité européenne depuis
la fin de la guerre froide”.
» Un jour plus tard, le fonctionnaire anonyme du département d'État a précisé ce qui suit :
» “Nous sommes prêts à prendre des mesures, lorsque nous le jugerons nécessaire, à l'encontre des entreprises qui [...]
compromettent gravement la sécurité de l'Ukraine et de l'Europe. Nous
avons démontré notre volonté de le faire à l'égard des entreprises d'un
certain nombre de pays, et pas seulement de la Chine. Nous exprimerons
notre intention de demander à la Chine de réduire ce soutien”. »
Cette charmante mise en bouche pour le voyage de Blinken en Chine,
pour une mission “diplomatique” de tentative d’amélioration des
relations entre les deux pays nous conduit à notre hypothèse centrale,
qui est d’ailleurs involontairement exprimée par le titre de l’article
de Lawrence :
« La diplomatie d'Antony Blinken : Impuissance ? Incompétence ? Les deux ? »
Et notre réponse : aucune, – ou si l’on veut, “inexistence” à la
place d’“impuissance ” et d’“incompétence”, – car il n’y a pas de
diplomatie d’Anthony Blinken, comme il n’y a pas de président des
États-Unis en la personne de Biden ni de secrétaire à la défense en la
personne d’Austin.. Pour nous, le Secrétaire d’État n’a fait que jouer
au “petit commissionnaire” de sa bureaucratie qui a établi le programme
d’agression de la Chine, comme elle le fait en général depuis plusieurs
années à Washington pour tous les grands problèmes de sécurité
nationale.
Il en résulte une non-diplomatie et une non-politique d’une extrême
agressivité sans tenir aucun compte d’une vision holistede la situation
du monde, telles que les secrète le monstre bureaucratique que
représente la puissance militaire US installée dans ses bureaux, avec
tous ses satellites d’agences, de bureaux, d’instituts, de lobbies aux
poches débordant de dollars. L’ensemble suit ce que le « déchaînement de la Matière » lui indique de suivre, c’est-à-dire la politiqueSystème -dans toute son hyper-puissance.
Il y a aujourd’hui trois guerres importantes a faire ? Les USA à
peine par intermédiaire font la N°1 contre la Russie ; ils font la n°2
contre tout ce qui n’est pas israélien dans la région sacrée pour
Israël, Iran compris, – reste la n°3, contre la Chine.... Grand Dieu,
que voulez-vous donc qu’ils fassent ?. Eh bien, l’on s’y emploie.
Ils sont en train de prendre une rouste colossale en Ukraine ? Et
alors ? Ils ne sont pas loin de basculer dans un vilain développement où
Israël perdra son pucelage de vierge invaincue des combats du
Moyen-Orient ? Eh bien, et alors ? Deux raisons de plus pour se lancer
dans la troisième, bille en tête. C’est à cette sorte de stratégie
irrésistible que l’on reconnaît les bureaucraties de la modernité. IL
faut reconnaître que Blinken, bien que juif affiché lorsqu’il se trouve
en Terre Sainte, est le robot idéal pour “faire le boulot”. Un jour ou
l’autre, Xi va finir par perdre sa tranquille placidité, et alors qui
sait ce qu’il répondra au diplomate américaniste venu une fois de plus
le menacer sur place des pires corrections.
Mis en ligne le 28 avril 2024 à 12H10