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dimanche 11 septembre 2022

Mise à jour sur l’attaque ukrainienne vers Kupiansk

 Par The Saker – Le 9 septembre 2022 – Source The Saker’s Blog

Je vais probablement le regretter, mais je vais le faire quand même (soupir) :  Je vais poster des cartes. En fait, je vais le faire trois fois !

Premièrement, une vidéo des avancées ukrainiennes depuis leur contre-attaque : (sans son)Ensuite, voici une carte pour vous permettre de voir de plus près :

Et enfin une carte Google de la zone avec la distance réelle entre Balakleia et Kupiansk indiquée :

Alors, qu’est-ce que j’essaie de montrer ici ?

Deux choses :

  1. C’est, de loin, l’attaque ukrainienne la plus réussie depuis le début de l’OMS.
  2. Cette bataille est limitée à un segment court et très étroit de la ligne de contact.

Le plan ukrainien est très simple : montrer à l’OTAN ce qu’ils peuvent faire de mieux et il semble que ce qu’ils peuvent faire de mieux est de mener une attaque tactique (pas une attaque de niveau opérationnel !) à un coût immense en vies humaines.

Pas vraiment une raison de se réjouir (pour les Ukrainiens) ou de paniquer (pour les Russes).

Le fait qu’un « super commandant militaire américain et stratège de génie » comme Blinken se soit rendu à Kiev n’est pas une coïncidence et il est plutôt évident que la véritable raison pour laquelle tout ce spectacle a été exécuté est assez évidente : Blinken cherche désespérément à faire paraître Biden bon/meilleur/moins paumé (« présidentiable » dans le jargon américain) avant les prochaines élections. Blinken à Kiev n’est pas différent de BoJo à Kiev : juste un ignorant écervelé qui exige une « guerre totale » contre les Russes, littéralement, à n’importe quel prix (pour les Ukrainiens, bien sûr, et ils sont à la fois sans intérêt et extensibles pour l’oncle Shmuel).

Je peux aussi clairement voir que les PSYOPs US/NATO sortent à nouveau en force (et je suis sûr qu’ils vont se jeter instantanément sur la section des commentaires ci-dessous) pour essayer de faire croire que les Ukronazis sont sur le point de prendre le Kremlin. Les PYSOP occidentaux ne se contentent pas de transmettre leurs bêtises habituelles aux Occidentaux, ils sont également très actifs sur les nombreux canaux Telegram russes.

Et le fait que le ministère russe de la Défense n’ait rien dit à ce sujet pendant 48 heures ne fait qu’ajouter au sentiment de PID (peur, incertitude et doute) créé par cet effort massif de PSYOPs (plus d’informations à ce sujet ci-dessous). Et, hélas, oui, les opérations d’information russes sont toujours nulles et relèvent du niveau de la maternelle lorsqu’elles sont comparées à l’industrie PSYOP à plusieurs milliards de dollars dont dispose la classe dirigeante occidentale (alias les Néocons).

Donc, en mettant de côté toutes les hystéries et les rumeurs stupides, que savons-nous jusqu’à présent ?

Pour l’instant, les nazis ont fait leur première poussée, et ils ont déjà amené des renforts. Mais, du moins jusqu’à présent, ils n’ont pas réussi à transformer cette attaque tactique en une offensive opérationnelle. La zone entière que les Ukrainiens ont reprise est à peu près de la taille de l’assaut frontal d’une seule division.

N’oubliez pas que les Russes ne peuvent pas (enfin, ne veulent pas, car cela violerait les normes tactiques/opérationnelles russes de base) engager leurs réserves opérationnelles avant d’être convaincus que 1) les Ukronazis sont pleinement engagés sur des axes d’attaque spécifiques (un ou plusieurs), 2) que les réserves ukrainiennes sont pleinement engagées et 3) qu’aucune autre attaque majeure (relativement parlant) n’est possible ailleurs le long de la ligne de contact.

En théorie, si elle réussit, cette attaque ukrainienne pourrait menacer les forces russes de toutes sortes de façons, mais personnellement, je ne crois pas que cela se produira car les Russes, selon de nombreux rapports, concentrent des forces très importantes pour contenir l’attaque ukrainienne. De plus, les avancées ukrainiennes ont déjà coûté très cher en personnel (encore !).

De plus, considérez ceci : plus les forces ukrainiennes avancent vers l’Est, moins elles auront d’artillerie pour les soutenir : les systèmes d’artillerie à courte portée (comme les mortiers de petit/moyen calibre) seront soit trop éloignés, soit devront être déplacés vers l’avant (à grand risque) et seule l’artillerie à longue portée (MLRS et HIMARS) pourra soutenir l’attaque ukrainienne. Et, bien sûr, il est beaucoup plus facile de réapprovisionner la force d’attaque ukrainienne lorsqu’elle est plus proche de l’arrière de l’Ukraine que lorsque le réapprovisionnement doit traverser une zone très dangereuse et hautement contestée !

Du côté russe, c’est exactement le contraire : plus les forces ukrainiennes se rapprochent de l’Est, plus la puissance de feu des Russes peut se déchaîner contre elles et plus la distance à parcourir par la logistique russe est courte et sûre.

Il en va de même pour la puissance aérienne. Plus les Ukrainiens se déplacent vers l’Est, plus il sera sûr pour le CAS russe de les frapper à partir d’une position (relativement) sûre, car la plupart des défenses aériennes ukrainiennes sont plus éloignées et le seul type de défense aérienne dont disposent les Ukrainiens en masse pour ces attaques est constitué de MANPADs (Igla, Strela, Stinger, Osa, etc.) qui ne sont efficaces que contre certains types d’avions (Mi-24 et Mi-8) et presque inutiles contre d’autres (Mi-28, Ka-52, Su-25).

J’ai passé quelques heures à lire les rapports des (très rares) correspondants militaires russes auxquels je fais confiance (dont Evgenii Poddubnyi, le meilleur d’entre eux) et il est assez clair que rien n’est clair. Il y a des affrontements majeurs (même pas une vraie « bataille » au sens militaire du terme !) entre, d’une part, les forces ukrainiennes et (beaucoup) de mercenaires étrangers et, d’autre part, les gardes russes (Rosgvardiia) et les unités aéroportées. Cela signifie que les forces ukrainiennes sont plus lourdes, du moins au sol, car ni les gardes ni les forces aéroportées ne disposent de blindages lourds. Toutefois, cela est déjà partiellement compensé par l’artillerie et le CAS russes. Mais l’armée russe elle-même n’a pas encore engagé ses forces mécanisées et blindées, ce qui se produira aujourd’hui ou dans les deux prochains jours, et les choses empireront alors pour l’avancée des forces ukrainiennes.

Donc, pour l’instant, nous devons simplement attendre ce qui va se passer. Il est tout simplement trop tôt pour se prononcer.

Pourtant, je sais ce que la plupart des lecteurs pensent : les Russes ont-ils fait une grosse erreur ou s’agit-il d’une sorte de plan russe sophistiqué visant à pousser les Ukrainiens à attaquer puis à les détruire ?

À vrai dire, je n’en sais rien.

Ce que je sais, c’est qu’il y a BEAUCOUP de voix mécontentes dans la blogosphère russe et ce n’est guère surprenant. Tout d’abord, les PSYOP occidentales en tirent le meilleur parti, et une partie du public russe est en train de paniquer. Deuxièmement, la plupart des Russes sont aujourd’hui trop jeunes pour se souvenir de la Seconde Guerre mondiale et il y a donc aussi beaucoup de Russes qui ne comprennent tout simplement pas qu’une retraite n’est pas nécessairement synonyme de « désastre » (bien qu’elle puisse aussi le signifier, selon les circonstances) et que c’est tout simplement la nature de la guerre.

En termes simples, tout nouveau type de guerre, comme cette OMS, implique toujours deux choses :

  1. Des erreurs sont inévitablement commises et doivent être corrigées ; et
  2. Certains aspects de la planification opérationnelle doivent être ajustés, voire complètement modifiés.

==>> Ces choses sont NORMALES, elles « font partie du territoire » si vous voulez.

En russe, il y a une expression « c’est désagréable/renversant mais pas dangereux » (это обидно, но не опасно). Je pense que cela s’applique pleinement ici : personne en Russie n’est particulièrement heureux de ce qui se passe (sauf peut-être l’état-major russe SI nous supposons que tout ceci est un grand piège que les Russes ont délibérément créé, et il y a quelques preuves pour cela car les concentrations de forces avant cette attaque ont été signalées par de nombreux observateurs, donc ce n’était pas un secret que les Ukronazis étaient sur le point d’attaquer quelque part dans le nord-est). Mais nous devons vraiment garder à l’esprit les proportions de ce qui se passe : après six mois de guerre, c’est la première et la seule attaque ukrainienne qui montre de réelles capacités, et tout cela est limité à un couloir plutôt étroit à l’intérieur des seules défenses tactiques russes !  Comme je l’ai dit, il s’agit d’attaques et d’affrontements tactiques forts, mais leur ampleur ne correspond même pas à une véritable « bataille » ou « offensive« , du moins pas au sens militaire du terme.

Maintenant, si les Russes ne reprennent pas l’initiative ce week-end, alors les choses pourraient sérieusement devenir alarmantes et nous pourrions parler du premier succès opérationnel des Ukronazis et de leurs maîtres néocons.

Cela pourrait-il arriver ? Oui, absolument.

Devons-nous supposer que ce sera le cas ? Non, il est trop tôt pour tirer une telle conclusion.

Le mieux que je puisse suggérer pour l’instant est donc d’attendre et de voir.

Une dernière chose : il semble que les Ukronazis aient, une fois de plus, tenté un débarquement amphibie près de la ZNPP et, une fois de plus, leur embarcation d’attaque rapide a été détruite avant qu’ils ne puissent atteindre la terre ferme. Encore une autre tentative pour obtenir une « peremoga » dont ils ont désespérément besoin et qui s’est soldée par un désastre.

Vous vous souvenez de l' »armée d’un million de soldats » de « Ze » ? Bien sûr, cette déclaration était risible. Mais il y a plus que cela, je pense. Personnellement, j’y vois une sorte de lapsus freudien par lequel « Ze » montre sa confiance dans le fait qu’il dispose encore d’immenses réserves de chair à canon pour envoyer toutes sortes d’attaques à la « Charge de la brigade légère« .

« Ze » le sait : son avenir dépend de Biden et, en ce moment, ce dont Biden a le plus besoin, c’est d’une sorte de « peremoga » de sa part pour montrer au peuple des États-Unis que l’armée américaine – et, par conséquent, ses forces par procuration – est toujours « la plus belle force de combat de l’histoire du monde » (selon Obama – et qui pourrait douter de cet expert militaire ? ), ce qu’elle n’a jamais été, mais peu importe puisque les Américains n’étudient pas l’histoire, et encore moins l’histoire de la guerre (ou, quand ils le font, ils « étudient » une version hollywoodienne de celle-ci).

Il y a une ironie triste et pathétique dans le fait que des Américains ignorants et ayant subi un lavage de cerveau accrochent des drapeaux ukies pour soutenir le régime nazi de Kiev alors que leurs propres dirigeants sont en train de commettre un génocide contre les peuples d’Ukraine !

C’est aussi ignorant et stupide que possible…

Andrei

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

samedi 10 septembre 2022

samedi 10 septembre 2022 - Sitrep Sur le front Nord, la riposte russe commence mais...

 Source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/09/sur-le-front-nord-la-riposte-russe.html

Certains SITREP sont plus difficiles à écrire...

Alors que les regards étaient tournés vers Kherson et l'enlisement sanglant d'une offensive ukrainienne annoncée, pour beaucoup l'annonce de la percée ukrainienne d'environ 50 kilomètres vers Koupiansk, capturant au passage la petite ville de Balaklaïa a été une surprise d'autant plus grande que ce premier succès tactique de Kiev a été accompli en seulement 3 jours, bousculant les lignes de défense russes et républicaines jusqu'aux portes de Koupiansk, ce carrefour stratégique vital pour la tenue et l'approvisionnement du front russe au Nord de Slaviansk.

Hier, tandis que je terminais un 1er SITREP sur cette offensive ukrainienne, la progression des forces de Kiev continuait, menaçant franchement en fin de soirée à la fois Koupiansk  au Nord et Izioum au Sud qui sont les 2 villes stratégiques au Nord du front du Donbass qui assurent la base arrière des forces russes, leur Etat-Major de secteur, les renforts, les rotations d'unités et surtout la logistique vitale pour poursuivre les opérations en direction de Slaviansk et Kramatorsk.

Situation provisoire du secteur de Koupiansk / Izioum au 9 septembre 2022
Sur le front de Kharkov, les combats ont arrivés jusqu'à Koupiansk et Izioum

Les forces ukrainiennes ont lancé le 7 septembre plusieurs attaques terrestres appuyées d'une part par plusieurs appuis d'artillerie mais aussi des groupes de reconnaissance et sabotage qui vont désorganiser l'arrière du front russe en renseignant l'artillerie et détruisant des dépôts logistiques et infrastructures de commandement. 

Les forces russes après la destruction de leurs 1ère et 2ème lignes ont opté pour une retraite lointaine afin de réorganiser une nouvelle défense cohérente plutôt que de s'isoler dans des ilots de résistance à court terme encerclés, et pour attendre les renforts de Russie se dirigeant vers Koupiansk et, par la rive gauche de l'Oskol, vers Izioum.

Soldats ukrainiens, littéralement "en troupeau" 
avançant dans le saillant se Koupiansk-Izioum

Pour faire descendre les propagandistes de leurs nuages hallucinés vers dans la boue des combats réels, je précise :
  • Que la progression des forces ukrainiennes n'est pas consécutive à "un piège tendu par l'Etat-Major russe", mais bien à un enfoncement brutal de la ligne de front ayant causé un nombre sensible de pertes et de capture de Balaklaïa et de villages, sans compter les répressions qui commencent vis à vis des civils pro-russes.
  • Que les forces russes n'ont pas "été anéanties" mais se sont repliées après la rupture du front, pour effectivement en réaction organiser une contre offensive avec les renforts arrivant afin de piéger les forces ukrainiennes (ce qui sera difficile vu la largeur du saillant ukrainien) ou au minimum de es repousser vers la rivière Donets.
Voici une carte animée des opérations
réalisée par le réseau (pro russe) Rybar

Comme aux échecs, on ne gagne pas un combat sans prendre des coups et une guerre sans subir des défaites et probablement les forces alliées sont en train de vivre entre Kharkov et Slaviansk, après l'échec des opérations entre Soumy et Kiev, une nouvelle défaite mais dont on peut aussi annoncer qu'elle sera provisoire car elle va déclencher une nouvelle stratégie offensive russe en Ukraine.

1 / La bataille de Koupiansk

Cette offensive ukrainienne qui a visiblement été misé sur la vitesse (3 jours), dans le but de s'emparer de Koupiansk avant l'arrivée de renforts russes suffisant pour renforcer la ville et lancer une contre offensive et sur des appuis importants de l'artillerie de l'OTAN, pour détruire précisément des objectifs russes (dépôts, concentrations de véhicules, systèmes d'artillerie...) et entraver l'arrivée des renforts sur Koupiansk et Izioum (ponts, voie ferrée, carrefours...)

Le 8 septembre l'avant garde ukrainienne est arrivée au Sud-Ouest de Koupiansk et dès le 9 des premiers assauts blindés ont été lancés contre les premières défenses périphériques.

Au soir du 9 septembre plusieurs sources russes et ukrainiennes signalaient des combats dans la périphérie Sud-Ouest de Koupiansk ainsi qu'une progression ukrainienne vers le Sud, le long de la rive droite de la rivière Oskol (qui est ici très large en raison d'un barrage hydroélectrique en aval, entre Liman et Izioum). Cette progression vers le Sud vise à priori à contrôler les ponts sur l'Oskol comme celui de Borova, mais peut-être aussi à faire la jonction avec une potentielle nouvelle offensive de Kiev partant de Slaviansk vers le Nord, vers Liman et Izioum.

Bombardement ukrainien (probablement avec des munitions guidées de l'OTAN) 
sur un pont au Nord de Koupiansk enjambant l'Oskol 

Dernière minute !

Le régime de Kiev a annoncé, ce 10 septembre matin, avoir pris le contrôle de la ville de Koupiansk, ce qui confirme ici la défaite - provisoire - des forces russes dans ce secteur et, au passage l'idiotie des propagandistes qui soutenaient mordicus que les ukrainiens avaient été attirés dans un "chaudron" par l'Etat-major russe. Si tel aait le cas les renforts auraient été préalablement déployés pour protéger impérativement Koupiansk (on installe un piège avant l'arrivée de la bête et non après), même si je suis convaincu que les forces ukrainiennes vont être à court terme effectivement écrasées mais au prix de pertes humaines qui auraient selon moi pu être évitées...

Cette défaite d'Izioum est surtout la défaite du "trop tard et trop peu", qui est à mon humble avis le talon d'Achille de la stratégie russe en Ukraine qui va devoir enfin regarder la réalité ennemie, ses faiblesses (et ses traitres) ainsi que les moyens nécessaires pour obtenir la Victoire. Ma fonction militaire et le devoir de réserve qui l'accompagne m'empêche ici de développer et mes observations et ma pensée.


2 / La bataille d'Izioum

Plus au Sud, la situation autour d'Izioum (qui est la base arrière des forces russes devant Slaviansk) est devenue très tendue car, si la ville n'est pas atteinte par les forces ukrainiennes, elle subit des bombardements et l'autoroute M 03 qui la relie aux secteurs russes de Vesele et Morozovka semble menacée par une attaque ayant franchi la Donets au Sud Est de Balaklaïa. Cependant, concernant ce secteur d'Izioum, aucune information officielle n'a été publiée (un silence qui confirme le niveau critique de la situation)

Ce qui est certain c'est que le bastion russe d'Izioum est menacé d'encerclement, au Nord depuis le saillant ukrainien, à l'Ouest depuis Balaklaïa, à l'Est depuis une percée le long de l'Oskol et risque de devoir faire face peut-être à une offensive prochaine depuis Slaviansk. ses forces de défense sont dispersées sur plusieurs priorités ainsi que celle de protéger les ponts près du barrage sur l'Oskol par lesquels les renforts, mais aussi une éventuelle retraite passeraient.

Si l'encerclement d'Izioum se précise et devient imminent il est plus que probable que l'Etat Major russe décide d'abandonner provisoirement ce secteur pour sauver sa garnison et réorganiser une défense appuyée sur les rivières Oskol à l'Ouest et Donets au Sud (si cette dernière n'est pas traversée massivement par l'ennemi).

Dernière minute !

Dans le nuit du 9 au 10 septembre, les forces russes du secteur d'Izioum ont reçu l'ordre de se replier à l'Est sur le rive gauche de la rivière Oskol pour éviter un encerclement (surtout avec une offensive en provenance de Slaviansk en train de menacer et qui risque d'atteindre, si elle perce les ponts encore utilisables de l'Oskol.

Certaines personnes vivant dans Izioum m'ont signalé à 14h00 que si les unités russes ont évacué des villages au Nord Ouest de la ville d'autres restent restent dans la ville pour protéger et organiser l'évacuation des habitants. 

C'est regrettable de devoir abandonner une place forte importante et pour laquelle tant d'hommes sont morts en mars dernier pour la libérer, MAIS pour le commandement russe, c'était la meilleure solution pour éviter de nouvelles pertes importantes et en attendant de pouvoir lancer une contre-offensive définitive.


3 / La situation dans Balaklaïa

Sur le flanc Sud du saillant ukrainien entre la ville de Balaklaïa et Vesele, la istuation est confuse car, malgré une progression des forces ukrainiennes des combats d'arrière garde russe persistent jusque dans les quartiers Est de Balaklaïa. 

Dans le secteur de Balaklaïa les ukrainiens ont déployés plusieurs systèmes d'artillerie longue portée de l'OTAN pour opérer des bombardements à la fois sur Koupiansk et Izioum. 

Plusieurs témoignages pro-russes et même ukrainiens rapportent que des unités spéciales ont entamé une "chasse à l'homme" contre les civils pro-russes de la ville mais aussi des villages capturés. Et dans ce domaine, la russophobie criminelle ukrainienne ayant été exacerbée depuis 6 mois, le pire est à craindre  pour les populations d'Izium et de Koupiansk, ville qui a accueilli triomphalement les forces russes le 27 février dernier.


4 / La situation au Sud sur la rivière Donets

Au vu de l'actuelle offensive ukrainienne dans le secteur d'Izioum, les actions ukrainiennes précédemment menées début septembre sur la Donets entre Seversk et Slaviansk transforment les franchissements de la rivière réalisés à Ozerne (Sud Est Liman) et Stari Karavan (Sud Liman) en tête de ponts d'où pourrait partir une potentielle offensive de Kiev en direction de Liman et Izioum, à l'instar de celle réalisée sur le front de Kherson à partir de la tête de pont d'Andrivka sur l'Ingoulets).

Des forces ukrainiennes, estimées à 4 à 5 000 hommes, se sont concentrées au Nord de Slaviansk vers la rivière Donets (Siversky Donets), avec un une artillerie d'appui composée surtout de batteries de l'OTAN.


Aux dernières nouvelles les combats au Sud de Liman se sont intensifiés depuis la tête de pont de Stari Karavan, confirmant mes inquiétudes pour ce flanc Nord de Slaviansk mais qui est aussi le flanc Sud d'Izioum. La stratégie ukrainienne se précise et dans une répétition fractale :
  1. D'abord attaquer sur une direction pour provoquer des mouvements russes dans ce premier secteur jusqu'à sa stabilisation,
  2. Ensuite attaquer à l'opposé dans une autre direction dont les réserves russes ont été dégarnies vers le premier secteur,
Ainsi a t-on pu observer consécutivement : attaque sur le front de Kherson au Sud puis sur celui Kharkov au Nord, puis sur ce même front successivement:
attaque sur Balaklaïa dont une partie des réserves étaient parties vers Kharkov, attaque vers Koupiansk dont une partie des réserves étaient parties vers Balaklaïa, attaque vers Izioum dont une partie des réserves étaient montées vers Balaklaïa 
et donc logiquement nous pourrions observer une attaque sur le Sud d'Izioum. 

Dans cette nouvelle offensive ukrainienne vers Koupiansk et Izioum on peut observer l'action prépondérante des systèmes d'artillerie de l'OTAN, en particulier les HIMARS & Co (M184, M270, MARS 2) qui font des dégâts sensibles sur les ressources logistiques, de commandement et les voies stratégiques russes. Ne pas oublier que sans l'appui direct et offensif des ressources de guerre électronique de l'OTAN (satellites) les acquisition de leurs objectifs et les guidages de leurs munirions ne pourraient pas être réalisés par ces lance roquettes multiples "officiellement" servis par des ukraiiens.

Le pont de Koupiansk sur l'Oskol (par où devaient
passer les renforts russes) après les tirs HIMARS


La réaction russe 

A défaut de n'avoir pas su évaluer à sa juste menace l'offensive ukrainienne en préparation depuis fin août devant Balaklaïa et surtout de l'anticiper, l'Etat Major russe a en revanche réagi immédiatement dès que le saillant ennemi s'est développé au Nord jusqu'aux portes de Koupiansk ("mieux vaut tard que jamais"). Une dizaine de brigades d'artillerie, de blindés et d'infanterie mécanisée sont en cours de déploiement et des tirs de barrage massifs de l'artillerie ont commencé pour défendre ce secteur stratégique et vital pour la santé logistique du front russe dans le Nord Donbass.

La question est de savoir s'ls arriveront à éviter la capture de la ville... 

Lance Roquette Multiple russe de 300 mm
BM 30 "Smerch" en réaction près d'Izioum
sur l'avant des attaques ukrainiennes.

En revanche le secteur d'Izioum est beaucoup plus difficile à renforcer car, plus éloigné des réserves stratégiques, quasi encerclé et menacé par une offensive sortant de Slaviansk. Qui plus est la situation sur Koupiansk où des premiers combats ont commencé dans les faubourgs de la ville à imposé à l'Etat Major russe, dans le déploiement urgent de ces renforts de donner une priorité absolue à la défense de ce carrefour logistique vital au front russe, quitte à abandonner provisoirement la base arrière d'Izioum de ce front russe au Nord de Slaviansk.

Depuis 2 jours ce sont des milliers de véhicules
de combat russes qui convergent vers l'Ukraine 
et le front de Kharkov. Une tempête d'acier est
en mouvement et cette fois elle sera sans pitié. 

En riposte à cette offensive ukrainienne sur le front Nord, les forces aérospatiales russes ont également intensifié leurs bombardements stratégiques sur les bases arrières et les dépôts de l'ennemi.
Double frappe de missiles russes sur un dépôt
ukrainien à Tchougouïev, au Sud Est de Kharkov

En conclusion 

Après février où Moscou a été contraint de choisir l'option militaire pour assurer sa sécurité frontalière occidentale, septembre sera je pense un deuxième tournant stratégique dans cette confrontation entre la Russie et l'OTAN, car la résistance ukro-atlantiste contraint maintenant la Russie à changer de format dans son combat existentiel post soviétique.

En attendant rien ne sert de jouer à la politique de l'autruche et il est important de comprendre pour mieux s'en éloigner que les fantasmes insouciants et narcotiques des propagandistes lorsqu'ils s'évaporent laissent souvent la place à la déprime voire au défaitisme. 

Etre réaliste solidifie dans les épreuve la foi et l'optimisme !

La menace d'une guerre mondiale, qui rôde autour de la Russie depuis près de 20 ans, finit aujourd'hui de s'imposer à l'Europe avec ce nouveau tournant du conflit russo-ukrainien tandis que l'Ukraine, dans sa folie suicidaire sans limite vient, entre Koupiansk et Izioum de signer son arrêt de mort.

Reste à savoir si l'OTAN voudra continuer à l'accompagner jusqu'à l'échafaud !

Certes la Russie mène un combat légitime car existentiel et une résistance victorieuse contre un mondialisme amoral dont la volonté de soumettre les peuple à la dictature de sa marchandise n'est plus à prouver, mais la Russie a toujours cette faiblesse qui est le revers de son éthique de vouloir garder toujours ouverte la porte des négociations et par conséquent de subir l'hégémonie de l'OTAN :
  • Depuis 2007, malgré des mises en garde répétées du Kremlin et une première intervention militaire russe en Géorgie, l'OTAN continue de progresser vers la Russie.
  • Depuis 2014, malgré des avertissements de plus en plus explicites, Kiev poursuit des violations des accords de Minsk et sa procédure d'intégration dans l'OTAN.
  • Depuis février, rejetant le traité de sécurité collective proposé, l'OTAN contraint la Russie à choisir l'option militaire et s'engage dans une cobelligérance aux côtés de Kiev,
  • Depuis juin, le pouvoir de Kiev augmente ses bombardements jusqu'au territoire russe avec la participation active des ressources de l'OTAN (armes et appui électronique).
Aujourd'hui la stratégie perverse de l'OTAN qui consiste à provoquer factuellement des conflits (via des proxy ou des false flags) mais à en faire juridiquement porter la responsabilité à leurs adversaires lorsque ce derniers n'ont plus d'autre choix que de réagir violemment, continue sur le front ukrainien. 

Sans les aides militaires, financières, politiques et médiatiques des mondialistes, cela fait longtemps que le régime de Kiev serait revenu à la raison en restaurant l'indépendance politique et la neutralité militaire de l'Ukraine. Mais Washington, continuant à contraindre la Russie à une radicalisation de ses relations avec l'Occident a décidé, une fois de plus de forcer l'ours à plus de fermeté en excitant de plus en plus contre lui ses chiens ukrainiens.

Ce bombardement incendiaire russe de positions ukrainiennes sur le front de
Koupiansk préfigure le tempête de feu qui va s'abattre bientôt sur l'Ukraine.

Ce à quoi nous assistons aujourd'hui avec ses offensives suicidaires des forces ukro-atlantistes, c'est à la fin des opérations militaires spéciales russes en Ukraine, non pas avec leur abandon mais au contraire avec une augmentation radicale des effectifs, des moyens et des objectifs russes, ce que voulait éviter initialement le président Poutine pour ne pas répondre au projet de chaos mondial voulu par Washington. 

Mais comme les enjeux de ce conflit en Ukraine sont existentiels, à la fois pour la Russie qui défend sa sécurité civilisationnelle mais également la ploutocratie mondialiste qui veut réinitialiser son économie agonisante et l'Ukraine qui est sacrifié sur l'autel de l'OTAN, Moscou n'a malheureusement pas d'autres choix que de suivre cette dynamique mortifère qui, comme en 1914 mène le Monde au seuil d'une nouvelle boucherie européenne ! 

Et si cette logique, par malheur, couronnait cette confrontation eschatologique, la guerre sera à la mesure de la folie et des technologies grandissantes de ce monde post-moderne amoral.

Erwan Castel

vendredi 9 septembre 2022

Sitrep jeudi 8 septembre 2022 Offensive ukrainienne sur Balaklaïa

 Source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/09/offensive-ukrainienne-sur-balaklaia.html

En préambule et pour prévenir les attaques ad personam continuelles, je demande aux Tartuffe des propagandes manichéistes de passer leur chemin et de s'en retourner auprès de leurs prédicateurs, car ici je m'efforce de rapporter non les fantasmes d'un narratif immature mais la réalité des combats en cours sur le front russo-ukrainien et pour lequel mon engagement pro-russe et radical n'est plus à prouver.

Début mars, à contre courant de l'optimisme immature des communiqués officiels j'évoquais la possibilité que ce conflit russo-ukrainien dure au delà de 2021, du fait de ses moyens limités et d'une sous estimation des capacités de combat ukrainiennes, des problèmes inévitables rencontrés... et malheureusement les événements en cours depuis 6 mois ne m'ont pas contredit.

En ce début septembre 2022, Kiev tente de reprendre l'initiative avec des offensives au Sud (front de Kherson), à l'Ouest (front de Slaviansk) ainsi qu'au Nord (front de Kharkov) dont les objectifs peuvent être multiples:

  • alors que les forces russes prépaient une troisième phase stratégique avec notamment l'arrivée de renforts dans le Donbass, tenter de perturber leurs plans en reprenant l'initiative opérative, 
  • disperser et fixer les réserves russes engagées en Ukraine et ainsi soulager la pression offensive des alliés dans le Donbass où l'actuelle ligne de front ukrainienne est arrivée à un nouveau point de rupture à Artemovsk et Donetsk.
  • justifier les aides militaires de l'OTAN qui s'essoufflent et s'interrogent sur leur efficacité et obtenir par des succès tactiques et des pertes russes même minimes qu'elles soient prolongées et même augmentées. 
  • capitaliser politiquement des gains territoriaux obtenus, même insignifiants, en espérant les conserver à l'approche de la saison froide pour justifier les sacrifices imposés à l'armée et la population.

Alors que sur le front Sud, la pression offensive ukrainienne se poursuit au prix de lourdes pertes sur le Nord-Est du front de Kherson (secteur Visokopiliya) avec notamment la 60ème brigade et les restes de la 128ème brigade qui ont été engagés vers Novovoznesenske, sur le front Est des attaques ukrainiennes sont également menées à l'Est de Seversk et au Nord de Slaviansk et, sur le front Nord on observe aussi plusieurs offensives ukrainiennes en direction de Balaklaîa / Koupiansk et dans le secteur de Kharkov. 

Char de combat ukrainien détruit à l'Est de Seversk

Si, sur le front de Kherson, et malgré quelques succès tactiques ukrainiens, les forces russes contiennent les forces de Kiev en leur infligeant de lourdes pertes, sur le front de Balaklaïa, en revanche elles semblent avoir été surprises par plusieurs attaques ennemies menées en direction de Balaklaïa et Koupiansk et qui font passer ce secteur au premier rang de l'actualité militaire.,

Concernant le front Sud, vu que la situation n'a pas globalement évolué,  pour les informations concernant le secteur de Kherson, j'invite à se reporter au dernier SITREP lui étant consacré et toujours d'actualité, focalisant ce point de situation sur le secteur de Balaklaïa :


Situation sur le front Nord 

  • Dans le secteur de Seversk, des unités de la 80e brigade d'assaut aérien ukrainienne et le bataillon spécial "Donbass" (46e bataillon) ont lancé  2 attaques en direction de Verkhnokamyanske (W Lisichansk) et Ivano-Darivka.(S Lisichansk).
  • Entre Slaviansk et Seversk, des unités ukrainiennes du 15ème régiment d'assaut ont traversé au début de la semaine la rivière Donetsk pour attaquer et à priori capturer le village d'Ozerne.
  • Dans le secteur de Raîgorodok (N Slaviansk) des unités de la 79ème brigade d'assaut aérien ukrainienne ont traversé la rivière Donets et attaqué Brusivka et Staryi Karavan, et auraient capturé ce dernier village.
  • Dans le secteur de Balaklaïa, entre Slaviansk et Kharkov, des unités des 25ème brigade parachutiste ukrainienne, 80e brigade d'assaut aérien et 92ème brigade mécanisée attaquent la ville et en direction de Koupiansk.

C'est ce dernier secteur qui est actuellement le plus critique sur ce front Nord car Balaklaïa (environ 25 000 habitants avant la guerre) est un point d'appui important du front russe sur la rive droite à l'Ouest de la rivière Donets, protégeant Koupiansk (également 25 000 habitants environ avant la guerre) qui est un carrefour contrôlant les principales routes d'approvisionnement du front russe vers Slaviansk. 

Situation du secteur de Balaklaïa au 8 septembre 2022

Dans ce secteur, tout comme dans celui de Kherson des combats acharnés font rage entre les forces ukrainiennes appuyées par l'artillerie guidée de l'OTAN et les forces alliées russes et républicaines appuyées par l'artillerie et l'aviation russes.

Depuis le mois d'août les forces ukrainiennes avaient multiplié leurs reconnaissances sur la ligne de contact qui suit grosso modo le cours de la rivière Siversky Donets, appelée localement Donets, et qui remontent ensemble jusqu'au front de Kharkov.

1 / Du côté ukrainien du 6 au 8 septembre 2022

Comme dans tous les autres secteurs, les forces ukrainiennes à l'offensive subissent sur ce front de Balaklaïa d'importantes pertes comme l'atteste la mort de Dmitry Rakosiy, le commandant adjoint du 15e régiment séparé de la garde nationale ukrainienne, tué au combat le 7 septembre près de Volokhov Yar. 

1.1 /  Attaque de Balaklaïa 

  1. Les forces de Kiev, autour des 25ème brigade parachutiste, 80ème brigade d'assaut par air et 92ème brigade d'infanterie mécanisée renforcées par des appuis d'artillerie et blindés, ont dans un premier temps lancé des attaques sur le point d'appui russe de Balaklava adossé à la rivière Donets, mais ont échoué après avoir été freinées par la première ligne de défense tenue par des unités de la République Populaire de Donetsk.
  2. Dans un deuxième temps, les forces ukrainiennes ont alors entrepris d'encercler au plus près le bastion russe de Balaklaïa en capturant les villages de ses périphéries Sud, Ouest et Nord, jusqu'à pouvoir réaliser son encerclement opératif avec leur artillerie battant le carrefour de routes situé à la sortie Est de la ville. Aux dernières nouvelles des combats sont toujours en cours dans la banlieue Ouest de Balaklaïa.
  3. Pour fixer les forces russes potentiellement en mesure de renforcer rapidement  Balaklaïa, les 93ème brigade mécanisée et 1ère brigade spéciale ukrainiennes ont également mené au Sud Est des attaques secondaires le long de la Donets, ainsi que des sabotages et bombardements sur les arrières logistiques russes, jusqu'à Koupiansk. Au total, une dizaine de petits villages ont été capturés.

Dans l'après midi du 8 septembre des combats
intenses continuaient dans les rues de Balaklaïa

Dernière minute ! 

La confusion règne: selon les communiqués ukro-atlantistes, Balaklaïa serait tombée aux mains des forces ukrainiennes ce 8 septembre 2022, et selon les communiqués russes, les forces alliées continueraient à s'y maintenir, même si l'ennemi a effectivement pris pied dans certains quartiers à l'Ouest et au Sud Ouest de la ville. Ce qui est certain c'est que la défense de Balaklaïa fait face à un quasi encerclement offensif venant de l'Ouest, du Nord et du Sud et que sans des renforts rapides, sa capture semble inévitable, 

Si Balaklaïa tombe, même provisoirement aux mais des forces ukrainiennes, ce sera le premier succès tactique important de Kiev depuis le 24 février et il est probable qu'il va accélérer une radicalisation des opérations militaires russes en Ukraine, à commencer par une contre-offensive violente dans ce secteur.

Véhicules ukrainiens entrant dans Balaklaïa où
sont visibles un M270 étasunien (famille HIMARS)
ainsi qu'un véhicule d'avant blindé turc "Kirpi"

1.2 /  Percée vers Koupiansk

  1. Parallèlement à leurs attaques sur Balaklaïa, les forces ukrainiennes ont engagé sur la rive gauche de la Donets une percée du front russe en suivant la rivière Seredriya Balaklaïa, ouvrant un saillant initial de 20 km sur 15 km de large environ, et capturant une demi douzaine de petits villages agricoles jusqu'à Volokhov Yar qui contrôle un carrefour de routes allant vers Ieioum, la base arrière russe du front de Slaviansk.
  2. Poursuivant leur progression vers Koupiansk, les forces ukrainiennes sont arrivées devant Bogodarivka et Petropillyia, avant de subir des coups d'arrêt des forces russes appuyées par leur artillerie et leur aviation. La tête du saillant est arrivé à 20 km de du carrefour stratégique de Koupiansk qui est bombardé régulièrement au point que les autorités ont commencé à évacuer sa population (les enfants ce 8 septembre).
  3. L'objectif intermédiaire pour l'Etat-Major ukrainien avant Koupiansk doit être maintenant Shevchenkovo,  une localité / carrefour située au Nord du saillant réalisé et sur une route servant aux ravitaillements du front sur la rive droite de la rivière Oskil, laquelle risque de devenir à son tour une ligne de front si Kiev réussit à capturer Koupiansk et à couper les lignes d'approvisionnements arrivant de Belgorod.
  4. Dans le secteur de Volokhov Yar, les forces ukrainiennes tentent également d'élargir le saillant réalisé, d'une part pour éviter qu'il ne devienne un chaudron sous des contre-attaques multiples russes et d'autre part, sur son flanc Sud d'étendre le blocus de  Balaklaïa son point d'appui majeur du front russe dans ce secteur entre les fronts de Kharkov et Slaviansk.
Près de Shevchenkovo une unité ukrainienne 
équipée de M113 étasuniens des années 60 !

Dernière minute ! 

Les forces ukrainiennes semblent evoir débordé vers la rivière Oskil (ce qui confirmerait la perte de Balaklaïa et se rapprocheraient de Koupiansk par le Sud. Le chef de l'administration russe de Koupiansk a annoncé ce 8 septembre que la ville entre en situation défensive  et que, pour les habitants qui le désirent une évacuation est organisée.

2 / Du côté russe

Si, sur le front de Kherson, les forces russes ont mené sans nul doute des stratégies de freinage pour user et attirer les assaillants ukrainiens dans les polygones de tir de leur artillerie et de leur aviation, en revanche il semble bien que sur ce secteur de Balaklaïa la défense russe ait été surprise par l'ampleur des attaques ukrainiennes qui, contrairement au front Sud, n'avaient pas été annoncées. 

Il y avait eu cependant, tandis que débutaient les attaques sur le front de Kherson, des renseignements concernant une accumulation d'unités blindées ukrainiennes près d'un autre Andrivka dès le 4 septembre, et à seulement 20 km au Nord Ouest de Balaklaïa. Mais l'attention et les renforts russes étant tournés principalement vers le Sud, les unités de ce secteur, essentiellement composées de mobilisés républicains et de quelques unités de la garde russe déployées sur sur les points d'appui, n'ont pas pu "être renforcées à temps" à cause de réserves insuffisantes et d'un manque d'anticipation rapide (pour rester poli) du commandement.  
  1. Dès que l'attaque initiale ukrainienne sur Balaklaïa a brisé la première ligne de défense républicaine, des renforts ont été envoyés en urgence d'une part dans la ville pour repousser l'assaut ennemi et d'autre part vers la pointe du saillant pour donner un coup d'arrêt aux blindés ukrainiens menant la percée Grâce à ces renforts russes précipités, les ukrainiens n'ont pas réussi à capturer Balaklaïa et Shevchenkovo sur le flanc Sud-Est et Nord Est de leur saillant et d'atteindre l'autoroute P03 menant vers Koupiansk.
  2. Dans un deuxième temps les forces russes se sont portées sur les contours du saillant ukrainien pour couvrir ses unités de bombardements d'artillerie et d'aviation intenses où des armes de saturation de zone, notamment thermobariques ont infligé d'importantes pertes ennemies cherchant à bloquer leur offensive le temps que des renforts russes arrivent pour mener des contre attaques et désencercler Balaklaïa.
  3. La difficulté principale de l'Etat Major russe, toujours contraint d(opérer avec les effectifs restreints caractérisant toute "opération spéciale", est qu'il ne peut déplacer beaucoup d'unités de combats parmi celles déployées dans le secteur car les autres attaques secondaires menées par les ukrainiens, au Nord de Kharkov ou du côté de Slaviansk et Seversk les fixent sur leurs positions Il faut donc résister, le temps que descendent du Nord (et probablement de Russie) des réserves suffisantes pour une contre-offensive.

Destruction de véhicules blindés  ukrainiens 
par un hélicoptère d'attaque russe KA 52 
(images d'archives)

 3 / Enjeux et menaces de cette offensive ukrainienne

Comme je l'ai évoqué en introduction, cette offensive ukrainienne vers Koupiansk n'est pas isolée et même certainement coordonnée avec les autres offensives citées. Ailleurs les attaques ukrainiennes ont quasiment toutes échoué mais ici les points faibles repérés (défense disparate et sans moyens lourds suffisants, peu de forces de réserves à l'arrière, objectifs stratégiques très proches de la ligne de contact....) se sont avérés exacts et exploitables.

Cette offensive ukrainienne vers Balaklaïa et Koupiansk représente des enjeux plus importants que celles menées sur les autres fronts, y compris celui de Kherson qui a accaparé toutes les attentions depuis 10 jours. En effet cette percée ukrainienne si elle capture durablement Balaklaïa, la perte de ce point d'appui stratégique de la ligne de front russe, menacera à son tour Koupiansk qui est la principale ville et le carrefour logistique majeur à l'arrière du front de Slaviansk qui se retrouvera avec un deuxième front sur ses arrières et un acheminement logistique plus long et plus compliqué à assurer.

Si sur le front de Kherson, la profondeur stratégique du saillant russe permet de mener contre les unités ukrainiennes à l'offensive une érosion lente à force artillerie et aviation, sur ce saillant de Balaklaïa, profond de plus de 30 km, la proximité de points stratégiques et logistiques vitaux pour le front russe de Slaviansk impose à l'Etat-Major russe d'y déployer rapidement une contre-offensive avant des répercussions graves sur le front du Nord Donbass. 

Il ne serait pas étonnant aussi de voir débuter une nouvelle offensive ukrainienne, cette fois dans le secteur de Slaviansk dont la garnison est suffisamment forte pour détacher des groupes tactiques pour des attaques extérieures. Cette offensive ukrainienne pourrait s'orienter vers Izioum pour compléter au Sud  les opérations menées vers Koupiansk au Nord. 

Quelles que soient les évolutions de ces différentes offensives ukrainiennes qui à terme vont probablement s'enliser dans le sang de leurs soldats sacrifiés, elles marquent une nouvelle étape dans le cours des opérations militaires de ce conflit russo-ukrainien qui va être poussé vers une stratégie plus radicale et une augmentation des moyens et des objectifs russes.

Le 8 septembre soir, Rybar publiait une carte de ce secteur confirmant l'ampleur de la percée 


En conclusion

N'en déplaise aux mantras propagandistes qui nous racontent depuis des mois que les forces ukrainiennes sont détruites, qu'elles n'ont plus de moyens, de motivation, de blindés, de commandement, de munitions etc. de facto elles ont fait la démonstration que d'une part elles ont été sous estimées et que d'autres part les forces engagées par la Russie qui n'étaient pas suffisantes pour les faire rompre rapidement sont aujourd'hui vulnérables au point de motiver des attaques limitées contre elles. "Va falloir revoir la liste des effectifs et des moyens !"

On voit bien ici que la prolongation du conflit est arrivée à un point de bascule où le temps pris dans la conduite des opérations russes qui a permis d'économiser leurs forces et de mener une certaine stratégie d'attrition, est devenu également profitable aux ukrainiens qui ont pu reconstituer suffisamment de forces entrainées pour reprendre ici et là une initiative opérative.

Et, sans douter un seul instant de l'inéluctable victoire de la Russie et de la légitimité de son combat sur cette Ukraine dont le pouvoir est devenu le succube du mondialisme et l'armée le proxy de l'OTAN, force est de constater qu'après l'échec de 8 années de diplomatie russe autour des accords de Minsk, se profile l'échec d'une intervention militaire "soft" qui était initialement destinée à contraindre rapidement et sans la détruire l'Ukraine frontalière à rester neutre et cesser sa russophobie criminelle. 

Moscou va donc devoir certainement "passer à la vitesse supérieure" et détruire radicalement cette colonie militaire occidentale avec plus d'effectifs et des armes de destruction massive, afin d'éviter "in fine" que sa victoire militaire sur Kiev ne devienne une victoire à la Pyrrhus profitable à l'OTAN et ce, même si sur le champ de bataille économique la Russie réalise depuis des années un sans faute remarquable.

A suivre attentivement car sans nul doute les actions et réactions militaires vont s'accélérer et s'intensifier dans les jours prochains.

Erwan Castel