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lundi 16 juin 2025

Les va-t-en-guerre américains montent d’un cran


Qu’est-ce qui ne va pas avec l’establishment politique américain, qui ne pense QU’EXCLUSIVEMENT en termes de guerre avec la Chine ? Ce n’est plus simplement un « avertissement », c’est une indication claire d’intention. Pouvons-nous empêcher une guerre que les États-Unis semblent déjà avoir décidé de mener à tout prix ? Aujourd’hui, je m’entretiens à nouveau avec le Dr Warwick Powell, professeur adjoint à la Queensland University of Technology à Brisbane, en Australie, et Senior Fellow à l’Institut Taihe basé à Pékin. Liens : Substack de Warwick Powell : https://warwickpowell.substack.com/ Boutique Neutrality Studies : https://neutralitystudies-shop.fourth... Original Video:    • US War-Hawks ESCALATE: Neocons Make Pacifi...   Original Transcript: https://www.video-translations.org/tr... Translated Transcript: https://www.video-translations.org/tr... Produced by: Neutrality Studies Originally Published on: 2025-06-11 Translations by: www.video-translations.org Disclaimer: Read by A.I. Voices. Auto-translated. This video is owned by this channel.

mercredi 28 mai 2025

Toupie à la folie

 Source : https://www.dedefensa.org/article/toupie-a-la-folie

• On ne peut dire que les événements eux-mêmes accélèrent, mais la description et les intentions, – le simulacre lorsqu’il se transforme en vérité-de-situation, – ont pris un rythme homérique. • C’est l’Ukraine, avec un Trump stupéfait que les Russes, martelés pendant plusieurs jours par les drones ukrainiens que personne n’a dénoncés, ripostent par des attaques dévastatrices sur Kiev, comme une préparation à une offensive. • C’est la Chine qui change radicalement et parle d’une “Opération Militaire spéciale” à la russe tandis que flottent des rumeurs d’une alliance militaire Chine-Russie.

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Effectivement, les événements s’en donnent à cœur joie. Ne parlons pas d’une “accélération” parce qu’il y a longtemps que nous avons le pied au plancher. Il s’agit de l’augmentation de la poussée sur ces événements, d’une main de fer venue d’au-delà de nous et bien décidé à nous confronter aux effets de la destinée que nous prétendons avoir forgée nous-mêmes... “Destinée” ? Nul ne l’ignore, nous te nommons “modernité”.

Le Maître de l’Incertitude

Dans une conférence qu’il a donnée il y a quelques semaines à Moscou, peu avant l’anniversaire du 9 mai, Emmanuel Todd désigne très précisément et justement selon une impeccable formule, le Grand Ordonnateur, – particulièrement inconscient, jusqu’à être un “plus-léger-que-l’air” d’inconscience, – qui s’est installé comme le détonateur à multiples détentes de cette toupie devenue folle qu’est notre époque : « Le comportement de Trump est une mise en scène de l'incertitude ». Cela est dit comme ceci :

« Je me souviens très bien du contexte dans lequel j'ai écrit ‘La Défaite de l'Occident’. J’étais dans ma petite maison bretonne à l'été 2023. Les journalistes de France et d’ailleurs s’excitaient les uns les autres en commentant les “succès” (fantasmés) de la contre-offensive ukrainienne. Je me vois très bien, écrivant calmement : “la défaite de l'Occident est certaine”. Ça ne me posait absolument aucun problème. Par contre, quand je parle aujourd’hui de la dislocation, j’adopte une posture d'humilité devant les événements. Le comportement de Trump est une mise en scène de l'incertitude. Le bellicisme de ces Européens qui ont perdu la guerre aux côtés des Américains et qui parlent maintenant de la gagner sans les Américains est quelque chose de très surprenant. »

Donc nous allons examiner quelques éléments absolument incertains, qui doivent nécessairement jouer un rôle (incertain) dans la « mise en scène de l'incertitude ».

A drone, drone et demi

Examinons les conditions de base qui ont préparé le premier éclat dont nous allons examiner les circonstances et les caractères, tous deux incertains. Nous sommes donc en train de préparer les derniers actes d’une nouvelle rencontre russo-ukrainiennes, les Russes terminant le mémorandum promis et dont Trump se montrait si satisfait et couvrant de louangés son ami Vladimir. Il était tacitement entendu que dans cette période, même si la guerre se poursuivait, elle prendrait un aspect, disons plus aimable.

Que nenni ! Les Ukrainiens firent pleuvoir ces derniers jours des nuées de drones le plus loin possible en Russie, si possible sur des cibles civiles pour éviter les pertes collatérales, tentant ainsi de donner corps à l’argument né dans les ‘think tanks’ US, là où l’on pense, selon lequel les drones, que les Ukrainiens développent en quantité industrielle, leur donneraient à eux seuls la victoire. Bien entendu, tout l’Occident-coopératif, dans un élan d’élégance et d’humanitarisme globaliste, s’abstint de tout commentaire sur ces attaques ukrainiennes, et surtout du moindre reproche ; après tout, les drones tirés, qui avaient été démoli à bien plus de 80% et pour le reste fait l’une ou l’autre chiquenaude aux objectifs, avaient tout de même, par débris interposés, tué quelques civils... Mais enfin, ce sont des Russes et l’on ne va pas chipoter !

Et puis soudain, voilà que l’“armée de Poutine” riposte ; et durement, très-très durement, deux nuits de suite (24 et 25 mai), avec drones en masse (Tiens, ‘The Economist’ nous dit que les Russes vont bientôt parvenir à en fabriquer 500 à 1 000 par jour) et missiles divers, dont les balistiques hypersoniques ‘Iskander’. Peu de victimes civiles, mais dégâts considérables des cibles, notamment les énormes usines Antonov transformées souterrainement en productrice de drones, – ce qui promet l’incertitude pour la  “victoire par le drone” de l’Ukraine sur la Russie. Accessoirement, l’un ou l’autre ‘Iskander’ liquida l’une et l’autre ensemble-batterie de ‘Patriot’. L’incertitude conduisit à passer de la simple hypothèse d’un prêté pour un sacrément-rendu à celle de la préparation d’une prochaine offensive massive de la Russie, malgré la défaite cinglante qu’elle a essuyée du fait des drones ukrainiens.

Poutine est devenu complètement “FOU !”

Il faut le comprendre : le Prince de l’Incertitude ne pouvait laisser passer cela sans nous hurler sa réaction scandalisée. Sans prendre naturellement aucune garde à tout ce qui avait précédé des attaques des drones ukrainiens contre le territoire russes, Trump ne manqua pas de s’adresser aux journalistes qui l’attendaient à la descente d’un avion qui le transportait d’ici à là...

« S'adressant aux journalistes dimanche, Trump a affirmé que la réponse de la Russie était injustifiée et s'est dit “surpris” par ce qui s’était passé.

» “Je ne suis pas satisfait de ce que fait Poutine”, a-t-il déclaré. “Nous sommes en pleine discussion et il tire des missiles sur Kiev et d'autres villes. Je n'aime pas ça du tout… On verra bien ce que je vais faire”.

» “J'ai toujours eu de très bonnes relations avec Vladimir Poutine, mais il lui est arrivé quelque chose. Il est devenu complètement FOU !” a ajouté Trump dans un message sur son compte ‘Truth Social’ d’Instagram, affirmant que “des missiles et des drones sont tirés sur des villes d'Ukraine sans aucune raison”. »

Puis, rentré à la Maison-Blanche, notre 47ème POTUS de la Grande République s’est souvenu qu’il était médiateur d’une guerre qui n’était pas la sienne, mais celle d’un certain Joe Biden. Il s’agissait alors de rétablir la balance, de remettre un peu d’incertitude bien mesurée dans cette atmosphère si violemment incertaine. Il s’en prit donc à Mister Z.

Tout cela se trouvait dans le même ‘Truth Social’ où Trump se demandait si Poutine n’était pas devenu “FOU !” et concernait notamment la déclaration de Zelenski critiquant les USA pour ne pas avoir réagit après les attaques US contre Kiev. Comme on voit tout cela se trouve complètement mélangé, ligoté, saucissonné dans un nœud-gordien de la plus ardente logique caractérisant ce conflit.

« Les déclarations publiques de Vladimir Zelenski ne font qu'aggraver la situation de son pays, a déclaré le président américain Donald Trump. Ces propos font suite aux accusations du dirigeant ukrainien de manque de soutien des États-Unis, qui, selon lui, profite à la Russie.

» Dimanche, Trump s'est exprimé sur Truth Social pour critiquer Zelenski, qui complique les efforts diplomatiques visant à régler le conflit ukrainien. Le dirigeant ukrainien, a-t-il déclaré, « ne rend pas service à son pays en parlant comme il le fait. Tout ce qu'il dit crée des problèmes. Je n'aime pas ça, et il vaut mieux que ça cesse. »

» Le président américain a ajouté que le conflit « n'aurait jamais éclaté » s'il avait été au pouvoir. « C'est la guerre de Zelenski, Poutine et Biden, pas celle de Trump. Je ne fais qu'aider à éteindre les incendies, grands et horribles, qui ont été allumés par une incompétence et une haine flagrantes », a-t-il déclaré.

» Les commentaires de Trump interviennent après que Zelenski a critiqué ses soutiens occidentaux, dont les États-Unis, pour ce qu'il a décrit comme une réaction terne à la dernière frappe aérienne de grande envergure de la Russie. « Le silence de l'Amérique, le silence des autres pays du monde, ne fait qu'encourager Poutine », a déclaré Zelenski, appelant à une pression accrue et à des sanctions contre Moscou. »

L’incident et ces divers échanges augurent bien de la prochaine rencontre de “négociation” entre Russes et Ukrainiens. Les Russes remettront aux Ukrainiens leur mémorandum que les Ukrainiens repousseront sans même le lire, de crainte d’être pris d’une nausée épouvantable. Ils exigeront aussitôt un cessez-le-feu immédiat de 30 jours suivi d’un cessez-le-feu sans limitation comme seule matière, et  non-négociable, de la négociation. Les Russes apprécieront l’humour ukrainien comme proche de l’humour russe et l’on se séparera.

Peut-être le Maître de l’Incertitude, pris d’une inspiration, écrira-t-il sur son ‘Truth Social’ qu’avec de tels lascars, il est inutile de continuer, et annoncera-t-il qu’il se retire du rôle très utile de Grand Médiateur qu’il a tenu jusqu’ici. Il y en a pas mal, du côté des commentateurs-samizdat qui voudraient que Trump se sorte de ce piège sans issue, que ce serait pour lui la meilleure chose à faire... Mais comme cet homme est l’Incertitude même, qui peut dire quoi que ce soit de certain à son propos ?

A l’Est, que du nouveau

A ce volet ukrainien, il nous faut rajouter un volet sino-taïwanais à notre toupie qui tourne folle. Nous faisons notamment référence au site ‘Borzzikman’, que nous avons déjà cité à l’une ou l’autre occasion, et entendu citer par quelques commentateurs, notamment Mercouris. C’est un site absolument pro-russe, sinon réalisé en sous-main par le ministère de la défense russe. Il dispose d’un matériel documentaire (vidéos) d’excellente et exclusive facture et diffuse un commentaire souvent très précis et sortant des chemins balisés de nos contrés. Quant à sa validité, c’est là aussi la Grande Incertitude, mais nous avons la plus grande habitude de cette situation qui est générale et à laquelle personne n’échappe, surtout les vieilles gloires du siècle passée encore plus pourries que les plus belles pourritures novatrices du XXIème siècle. Pour cette raison, et sans aucune raison sérieuse à lui opposer, il n’y a pas de raison de ne pas s’arrêter de temps en temps à ‘Borzzikman’.

Cette fois il est question d’une grande nouvelle, dont nous n’avons pas entendu l’écho, – mais nos lecteurs le savent bien, nous nous tenons éloignés des grands réseaux de communication, sous contrôle des autorités à 96%/98% (cela varie), – grande nouvelle assortie d’autres nouvelles correspondant manifestement à une réalité. La “grande nouvelle”, c’est l’accueil plutôt positif fait par Poutine à une question d’un journaliste parlant de la possibilité d’une véritable alliance militaire entre Moscou et Pékin... (‘Borzzikman’ du 26 mai 2025) :

« Des journalistes ont interrogé le dirigeant russe sur une éventuelle alliance militaire entre Moscou et Pékin. Moscou et Pékin. Vladimir Poutine a donné une réponse positive à cette question. Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine est à un niveau si élevé que ce partenariat peut se transformer à tout moment en une alliance militaire officielle. L’évolution rapide de la situation mondiale indique que la Russie et la Chine pourraient former une alliance militaire prochainement : “Je n'exclus donc pas qu'un tel pacte militaire puisse être signé à tout moment entre les deux pays”.

» Vladimir Poutine a déclaré [ensuite] qu'il était remarquable que Pékin ait réagi très favorablement à ses propos sur la possibilité d'établir une alliance militaire entre la Chine et la Russie. En particulier, le ministère chinois des Affaires étrangères a officiellement confirmé que l'établissement d'une alliance militaire entre les deux pays est tout à fait possible, du niveau des relations sino-russes.

» L’Alliance Atlantique et le Pentagone ont commenté avec inquiétude les propos de Vladimir Poutine concernant la création d'une alliance militaire entre la Chine et la Russie. Selon des responsables de l'OTAN et du Pentagone, l'alliance militaire entre Moscou et Pékin représente une grave menace pour la sécurité nationale de tous les pays de l'OTAN y compris les Etats-Unis. »

Le même ‘Borzzikman’ observe que dans le même temps, un décret a été  publié selon lequel les forces armées chinoises peuvent entreprendre des actions de guerre sans être officiellement en guerre. En langage russe, cela s’appelle une “Opération Militaire Spéciale”, et de même que la Russie a songé à l’Ukraine, la Chine songe à Taïwan. En même temps là encore, il est remarquable de noter un changement de ton, sinon de fond sur la position de la Chine vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Jusqu’ici, la Chine se tenait sur la réserve, sans jamais critiquer la Russie certes, mais en s’abstenant de la soutenir. Il semble que ce soit désormais différent, avec l’affirmation par la Chine d’un soutien de la Russie au niveau de la sécurité nationale et des opérations militaires qui en découlent.

Que ce passe-t-il alors qu’en mars encore, la Chine conseillait de ne confondre en aucune façon la position chinoise et la position russe sur la guerre en Ukraine ? Il s’agit bel et bien d’un effet de ce qui est désigné par ‘Borzzikman’ comme « L’évolution rapide de la situation mondiale ». Quelques éléments ?

• L’absence complète, bien sûr, de certitude de la politique US : le jugement de Todd vaut pour la Chine comme pour la Russie puisqu’il concerne les USA.

• L’importance toujours très active du “parti de la guerre” à Washington, même si Trump veut, sincèrement sans doute, faire reculer et apaiser les conflits. L’incertitude se renforce d’une fatalité catastrophique.

• La mise en évidence du déclin de la puissance US, reconnue par les dirigeants US eux-mêmes (JD Vance, il y a deux jours encore) et la démonstration des faibles capacités des armements occidentaux dans une situation de guerre (Ukraine). Tout cela se lit sur un fond d’une extrême fragilité structurelle d’un pays (les USA, certes) irrémédiablement déchiré, dont l’issue ne peut être qu’un effondrement sous une forme ou l’autre.

• L’armée chinoise a suivi de très près, avec présence de généraux intégrés aux forces russes comme observateurs, les opérations en Ukraine et les enseignements essentiels que l’armée russe y a amassé. La disposition de l’armement russe par la Chine, de cet armement qui a permis de dominer le champ de bataille, renforce encore plus cette mise à jour des forces chinoises.

Même pour un Chinois flegmatique et énigmatique, pétris à des siècles et des millénaires de sagesse,, cela fait beaucoup d’arguments pour se dire : “Plutôt qu’attendre qu’ils y viennent, ce qu’ils finiront par faire plutôt que s’effondrer définitivement, autant y aller nous-mêmes quand la situation est favorable, pour hâter l’effondrement définitif”.


Mis en ligne le 26 mai 2025 à 19H10

dimanche 26 janvier 2025

Trump sauve Gaza pour mieux attaquer ailleurs - Le Monde vu d'en Bas - n°172

 

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  • La Russie et l’Iran signent un accord stratégique quelques avant l’investiture de
Trump », Le Grand Continent du 18 janvier 2025, consultable sur le site : https://legrandcontinent.eu
  • « Chine : Comment Pékin entend contrer Trump », Le Moci du 17 janvier 2025,
consultable sur le site : https://www.lemoci.com

dimanche 28 avril 2024

1 guerre, 2 guerres, pourquoi pas 3 ?

Source :  https://www.dedefensa.org/article/1-guerre-2-guerres-pourquoi-pas-3

• Anthony Blinken est un zombie-diplomate qui restera dans les annales. • Il vient en Chine, supposément pour discuter posément et tenter de rapprocher les points de vue, et il dévide diverses exigences catastrophiques assorties de menaces de sanctions si la Chine n’obéit pas. • Mais Blinken n’est bien que zombie, comme toute la bande à Biden avec le vieux Joe en porte-drapeau ; ils ne font qu’obéir aux pressions d’une bureaucratie prédatrice. • On est déjà en train de faire deux guerres qu’on est sur le point de perdre, pourquoi pas une troisième ?

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Le Secrétaire d’Etat Anthony Blinken a passé un aimable séjour en Chine la semaine dernière à ce pays que les Etats-Unis veulent différentes choses des Chinois. Ce sont des “demandes” qui leur sont adressées sous la forme d’ultimatums à peine dissimulés sous la forme de conseils pressabnts, puisqu’il menacent la Chine de sanctions si elle ne va pas au devant des exigences américanistes. Dans ces exigences, on relève quelques-uns des  points suivants :

• Un freinage, voire un abandon de certaines livraisons de composants et technologies d’armements à la Russie, qui sont considérés (par les USA) comme l’un des moyens principaux du renforcement de la base industrielle militaire russe, et donc de son écrasante domination de l’Ukraine.

• Un ralentissement conséquent des échanges commerciaux avec la Russie.

• Un renforcement de la puissance de Taïwan (vote d’une aide supplémentaire par le Congrès), avec comme perspective une autonomie accrue de l’île.

• Le  retrait de la participation financière de la Chine de la plate-forme Tik-Tok.

• Etc., sans aucun doute...

Très curieusement, à la suite d’une rencontre de plus de 5 heures entre les deux ministres à Pékin, le Chinois Wang Yi a dit ces deux phrases dans la même déclaration :

« Malgré ces tensions, les relations entre les deux puissances “commencent à se stabiliser”, a estimé vendredi Wang Yi, mettant toutefois en garde contre la persistance d’“éléments négatifs”. »

« “Les relations sont confrontées à toutes sortes de difficultés. Les droits légitimes de la Chine en matière de développement ont été indûment opprimés et nos intérêts fondamentaux sont remis en question”, a souligné Wang Yi, dans une allusion aux restrictions américaines dans le secteur technologique. »

Il est difficile de concevoir que les relations entre les deux puissances “commencent à se stabiliser” si les demandes de l’une (les USA), dites quasiment sous la menace de sanctions, “remettent en question les intérêts fondamentaux” de l’autre.

Il semble qu’il faille donc voir  là l’habituelle réaction chinoise devant une attitude surprenante. Ils attendaient une rencontre assez apaisée selon des mésententes connues (voir plus loin) sinon  vide de toute nouveauté, et ils se retrouvent devant un ultimatum (des ultimatums) au moment où ces programmes agressifs sont présentés dans des interviews au ‘Wall Street Journal’ et au ‘Financial Times’.

On s’attachera donc plus facilement, pour percevoir la véritable et profonde réaction chinoise, à cette réaction initiale (la plus modérée !) d’un programme de Christoforou-Mercouris absolument déchaînés à propos de cette visite de Blinken :

Christoforou : « .... Et Blinken venu à Pékin pour lancer un ultimatum aux Chinois... Qu’est-ce que vous en pensez  ....

Mercouris : « Eh bien, les Chinois sont absolument furieux, j’en ai parlé à Sophia (inaudible), qui s’occupe de suivre et de recenser les réseaux sociaux chinois et elle m’a dit que les réseaux sociaux sont en feu à ce propos, que les médias chinois en général sont en feu à ce propos,  ce que j’ai pu vérifier de mon côté dans ‘Global Times’ et dans quelques autres... Tout le monde se déplore que la visite de Blinken n’a pas été écourtée après la publication du briefing qu’il a donné au ‘Wall Street Journal’ et au ‘Financial Times’, où il détaillait certains aspects de ses ultimatums. »

C’est en effet une curiosité que cette visite de Blinken marquée par une agressivité tout à fait extraordinaire par rapport à ce qui était, non seulement attendu, mais implicitement prévu entre les deux pays. A cet égard, on peut lire une partie importante d’un article de l’excellent journalistes Patrick Lawrence, le 26 avril 2024, présentant le voyage de Blinken.

Comme on le voit, effectivement les relations sont difficiles, mais absolument rien de nouveau n’est attendu, et le journaliste Matt Lee de l’agence AP et l’un des meilleurs commentateurs de la presseSystème, résume simplement la chose : le voyage compte parce qu’il a lieu, c’est tout, rien d’autre n’est à attendre sinon, pour les commentateurs, le constat de la pente habituelle de dégradation...

« Antony Blinken est actuellement en Chine pour son deuxième voyage en tant que secrétaire d'État et sa troisième rencontre avec de hauts responsables chinois : telles sont les nouvelles du mois d'avril, qui se rapproche de mai. Je dois dire que la situation est plus étrange que je ne l'imaginais lorsque le département d'État et les médias qui le représentent nous annoncent à l'avance que le plus haut diplomate des États-Unis n'arrivera à rien lorsqu'il se rendra en République populaire de Chine.

» “Je tiens à préciser que nous sommes réalistes et lucides quant aux perspectives de progrès sur l'une ou l'autre de ces questions”, a déclaré un fonctionnaire anonyme du département d'État lors d'une conférence de presse la semaine dernière sur l'agenda de M. Blinken. C'est ainsi que le département d'État prévient que le secrétaire d'État va perdre son temps et notre argent lors de ses rencontres à Shanghai et à Pékin.

» Qu'est-ce que c'est, sinon un aveu de l'impuissance diplomatique de notre secrétaire d'État ? Ou devrais-je plutôt parler d'incompétence ? Voire les deux ? C'est cet homme, après tout, qui est arrivé en Israël cinq jours après les événements du 7 octobre dernier pour annoncer: “Je me présente devant vous en tant que Juif”. 

» Ce type comprend-il la diplomatie ou bien n’importe quoi ?

» Les médias ont naturellement suivi l'exemple du département d'État en nous informant de l'inutilité du séjour de M. Blinken en Chine, et ce des deux côtés du Pacifique. Selon CNBC, “Washington est réaliste quant à ses attentes concernant la visite de Blinken et la résolution de questions clés”, et selon le Japan Times : “Bien que cruciale pour maintenir les canaux de communication ouverts, la visite a peu de chances de déboucher sur des avancées majeures.”

» Matt Lee, le très compétent correspondant diplomatique d'Associated Press, a été le plus explicite dans son article du 22 avril: selon lui, l'objectif des trois jours des entretiens de M. Blinken avec les hauts fonctionnaires chinois est de mener trois jours d'entretiens avec les hauts fonctionnaires chinois. » 

“Le simple fait que Blinken fasse ce voyage peut être considéré par certains comme encourageant”, écrit Lee, “mais les liens entre Washington et Pékin sont tendus et les divergences s'accentuent”.

“Impuissance” ? “Incompétence” ? Non, “Inexistence”

Ce fut donc un bien étrange visite. A quoi servit-elle dans un sens positif, comme l’on doit attendre d’un acte diplomatique ? A rien, sinon à aggraver encore le climat des relations entre la Chine et les USA. C’est assez maigre pour la réputation diplomatique de Blinken.

Que se passe-t-il ? Revenions à Lawrence qui nous présente, peut-être involontairement, une explication à laquelle nous allons-nous attacher. Il note :

« Mais peu importent sens et non-sens. M. Blinken et ceux qui parlent en son nom au sein du Département d'État ont osé donner un avant-goût de la prestation du secrétaire d'État dans les jours qui ont précédé son départ. Voici Blinken s'adressant aux journalistes vendredi dernier par le biais d’un de ses fonctionnaires ::

» “Nous voyons la Chine partager des machines-outils, des semi-conducteurs et d'autres produits à usage mixte qui ont aidé la Russie à reconstruire la base industrielle de défense que les sanctions et les contrôles à l'exportation avaient tant contribué à affaiblir. Si la Chine prétend d'une part vouloir entretenir de bonnes relations avec l'Europe et d'autres pays, elle ne peut pas d'autre part alimenter ce qui constitue la plus grande menace pour la sécurité européenne depuis la fin de la guerre froide”.

» Un jour plus tard, le fonctionnaire anonyme du département d'État a précisé ce qui suit :

» “Nous sommes prêts à prendre des mesures, lorsque nous le jugerons nécessaire, à l'encontre des entreprises qui [...] compromettent gravement la sécurité de l'Ukraine et de l'Europe. Nous avons démontré notre volonté de le faire à l'égard des entreprises d'un certain nombre de pays, et pas seulement de la Chine. Nous exprimerons notre intention de demander à la Chine de réduire ce soutien”. »

Cette charmante mise en bouche pour le voyage de Blinken en Chine, pour une mission “diplomatique” de tentative d’amélioration des relations entre les deux pays nous conduit à notre hypothèse centrale, qui est d’ailleurs involontairement exprimée par le titre de l’article de Lawrence :

« La diplomatie d'Antony Blinken : Impuissance ? Incompétence ? Les deux ? »

Et notre réponse : aucune, – ou si l’on veut, “inexistence” à la place d’“impuissance ” et d’“incompétence”, – car il n’y a pas de diplomatie d’Anthony Blinken, comme il n’y a pas de président des États-Unis en la personne de Biden ni de secrétaire à la défense en la personne d’Austin.. Pour nous, le Secrétaire d’État n’a fait que jouer au “petit commissionnaire” de sa bureaucratie qui a établi le programme d’agression de la Chine, comme elle le fait en général depuis plusieurs années à Washington pour tous les grands problèmes de sécurité nationale.

Il en résulte une non-diplomatie et une non-politique d’une extrême agressivité sans tenir aucun compte d’une vision holistede la situation du monde, telles que les secrète le monstre bureaucratique que représente la puissance militaire US installée dans ses bureaux, avec tous ses satellites d’agences, de bureaux, d’instituts, de lobbies aux poches débordant de dollars. L’ensemble suit ce que le « déchaînement de la Matière » lui indique de suivre, c’est-à-dire la politiqueSystème -dans toute son hyper-puissance.

Il y a aujourd’hui trois guerres importantes a faire ? Les USA à peine par intermédiaire font la N°1 contre la Russie ; ils font la n°2 contre tout ce qui n’est pas israélien dans la région sacrée pour Israël, Iran compris, – reste la n°3, contre la Chine.... Grand Dieu, que voulez-vous donc qu’ils fassent ?. Eh bien, l’on s’y emploie.

Ils sont en train de prendre une rouste colossale en Ukraine ? Et alors ? Ils ne sont pas loin de basculer dans un vilain développement où Israël perdra son pucelage de vierge invaincue des combats du Moyen-Orient ? Eh bien, et alors ? Deux raisons de plus pour se lancer dans la troisième, bille en tête. C’est à cette sorte de stratégie irrésistible que l’on reconnaît les bureaucraties de la modernité. IL faut reconnaître que Blinken, bien que juif affiché lorsqu’il se trouve en Terre Sainte, est le robot idéal pour “faire le boulot”. Un jour ou l’autre, Xi va finir par perdre sa tranquille placidité, et alors qui sait ce qu’il répondra au diplomate américaniste venu une fois de plus le menacer sur place des pires corrections.

 

Mis en ligne le 28 avril 2024 à 12H10

dimanche 5 février 2023

« La Chine rentre en guerre avec la Russie à coup de Ballons espions ! ». L’édito de Charles SANNAT

Si les Chinois sont aussi drôles qu’ironiques dans leur commentaires, il ne faut être pas être naïf.

Nous sommes à la veille, très certainement, d’une nouvelle offensive russe d’envergure, et nous ne savons pas quelle forme cette dernière prendra.

Nous avons déclaré la guerre économique à la Russie et une guerre, est toujours, toujours économique ! Les guerres ont toutes des mobiles économiques au sens large, le sens large incluant par exemple les ressources naturelles nécessaires à pays.

Il ne faut pas s’imaginer un seul instant que la Russie de Poutine le vive bien ou le prenne de la même manière. Nous sommes bien en guerre contre la Russie et la Chine sait très bien qu’elle est la prochaine cible des Etats-Unis.

« Shoot the Balloon » !

Alors du côté de l’ambassade de Chine à Paris et en français on se moque aimablement de l’armée de l’Oncle Sam et de son avion à 35 millions de dollars pièce qui est un « killer » de « balloon ».

Maintenant de vous à moi, bien évidemment ce ballon ne faisait pas que prendre la température au dessus des bases militaires américaines et c’est une évidente provocation chinoise, à un moment qui ne doit rien au hasard.

Et ce n’est pas là sans doute le plus inquiétant…

Nous sommes dans une guerre dite d’attrition

C’est un « truc » de stratège. Dans la vraie vie, on parlerait de guerre d’usure. Une guerre dite d’attrition consiste à user d’abord les forces et les réserves de l’ennemi. A ce petit jeu, les Russes disposent de réserves de matériels considérables, et quand on se moque des Russes qui utilisent des canons vieux de la seconde guerre mondiale, il ne vient à l’idée de personne qu’ils gardent en réserve leur matériel moderne pour la saison 2 de la guerre en Ukraine.

Avec l’aide de la Chine la Russie dispose d’une capacité industrielle et technologique inégalée, et si l’Europe est devenue un nain productif et industriel, les Etats-Unis, sont aussi devenu l’ombre d’eux-même. A la fin de la seconde guerre mondiale, les USA c’était 45 % de la production industrielle mondiale. Ils écrasaient le monde entier. Aujourd’hui, l’usine du monde, c’est la Chine, et la Chine avec l’énergie russe ne craint plus rien et certainement plus les Etats-Unis.

Une guerre d’attrition qui va également aller vers son extension dans les prochaines semaines. 

Vous vous souvenez sans doute des propos prophétiques de notre brillant ministre mamamouchant de Bercy, notre Bruno Lumière qui voulait « ruiner » la Russie. Non, je vous interdis de rire. Ce serait méchant. Même que Bruno, était tout content de couper la Russie de « Swift », le système de paiement mondial.

Alors je voulais vous reparler de deux choses, deux autres articles plus complets à ce sujet sont d’ailleurs dans cette édition pour compléter la réflexion et rafraichir la mémoire de tous, car je rédige rarement mes articles au hasard !

Le premier c’est un article de 2019 intitulé: « Débrancher la Russie du système Swift ? La Russie a déjà son propre système ». Ce propre système c’est le SPFS. La Russie se préparait à cela depuis des années. Bruno Lumière a coupé Swift et cela n’a fait ni chaud ni froid à la Russie.

Voyez, la Russie se prépare, s’entraîne et s’exerce à se passer de Swift et la Russie avait raison puisque nous lui avons bien coupé Swift. Je ne dis pas que nous avons eu raison ou tort, je m’en fiche à vrai dire, je vous fait ici une analyse, pas de la morale ni de la propagande.

Le second, c’est celui-ci. « La Russie va tester sa déconnexion du Web mondial ». Voyez, ici la Russie s’est entraînée à se couper du web mondial… ou plus précisément à se passer du web mondial.

Pourquoi à votre avis ?

Pas parce que la Russie a peur qu’on lui coupe l’internet. Dans les faits, il n’y a déjà plus beaucoup de lien même virtuel entre la Russie et les pays de l’Otan. On peut imaginer, ici qu’il fallait plutôt que l’Internet russe, lui puisse continuer à fonctionner, notamment avec le net chinois et indien, même si le reste du net mondial devait connaître de grandes difficultés.

Vous ne le savez pas encore, mais lorsque la guerre s’invitera dans notre quotidien, alors, les bellicistes risquent de voir les choses différemment. La Russie sait vivre sans Swift et sans Internet.

Nous non.

Nous sommes dans une immense vulnérabilité, et nous faisons les fanfarons.

Le plus sûr moyen de perdre une guerre et de manquer d’humilité est de sous-estimer son adversaire.

La guerre actuelle ne se gagnera pas uniquement à coup de canons et avec des chars. Loin de là.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

lundi 31 octobre 2022

WANG WEN EN DIALOGUE AVEC DUGIN : SI LA RUSSIE CHERCHE À RÉSOUDRE LES PROBLÈMES, ELLE DEVRAIT PRENDRE LA CHINE COMME EXEMPLE À ÉTUDIER

 source : https://www.geopolitika.ru/en/article/wang-wen-dialogue-dugin-if-russia-seeks-solve-issues-it-should-take-china-example-be-studied

Wang Wen en dialogue avec Dugin : Si la Russie cherche à résoudre les problèmes, elle devrait prendre la Chine comme exemple à étudier
31.10.2022
Un dialogue avec le philosophe russe Alexander Dugin, suite à la mort tragique de sa fille Darya Dugina (Дарья Дугина 1992-2022) dans un attentat terroriste en août. Comment lui, que les médias occidentaux surnommaient sans relâche « le cerveau de Poutine », « groupe de réflexion russe » et « professeur d'État », voit-il l'actuel conflit russo-ukrainien et la situation actuelle en Russie ? Comment évalue-t-il sa relation avec Poutine ? Comment voit-il l'avenir de la Chine après le 20e Congrès national du Parti communiste chinois ? Quels conseils a-t-il pour la jeune génération chinoise ? Le 21 octobre, Wang Wen, doyen exécutif de l'Institut Chonyang d'études financières de l'Université Renmin de Chine, a reçu l'invitation de Dugin pour une conférence d'une heure dans son bureau. Un résumé de la conversation est publié dans le Global Times,

Wang Wen : Tout d'abord, permettez-moi de vous rendre hommage au nom de nombreux Chinois et de vous exprimer mes condoléances pour le décès malheureux de votre fille bien-aimée Darya. Ces derniers mois, de nombreux attentats terroristes ont eu lieu en Russie. Comment voyez-vous le développement intérieur de la Russie en situation de conflit aujourd'hui ?

Dugin : Je voudrais vous remercier, tout d'abord pour votre soutien moral et j'apprécie profondément la douleur du peuple chinois suite à la mort de ma fille Darya Dugina. Dugina est un symbole de la lutte de notre âme russe contre un système mondial hégémonique injuste et une victime du terrorisme occidental. Nous savons déjà que cette opération est venue de Kyiv, de Zelensky lui-même et du chef des forces spéciales militaires ukrainiennes. Zelensky est responsable de la mort de ma fille et de l'attentat. Bien que les services secrets américains et britanniques aient refusé d'expliquer et de condamner l'attaque terroriste, nous sommes presque certains qu'ils me ciblaient, moi et ma fille, car nous ne faisons qu'un.

C'était le début d'une guerre de terreur contre la Russie, la première fois que des terroristes occidentaux attaquaient des citoyens russes sur le sol russe. Je tiens à souligner une fois de plus que Dugina et moi n'avons occupé aucun poste officiel et n'avons pas participé à l'opération militaire spéciale (SMO) dans l'est de l'Ukraine. C'est sans précédent que des intellectuels aient été assassinés pour ce qu'ils disaient et pensaient, et ce genre de terreur contre les intellectuels est assez troublant. Et ce n'est rien d'autre que la guerre.

Cela révèle un tout nouveau chapitre dans l'histoire de la guerre : lorsque les idées comptent vraiment, vous êtes assassiné pour vos idées. Cet exemple démontre tragiquement l'importance de la pensée, étant un pari avec sa vie. Pourtant, si vous êtes un guerrier, vous devez être prêt à mourir au combat ; si vous prenez des décisions politiques, vous devez être prêt à payer pour vos décisions.

Pendant longtemps, la philosophie théologique s'est intéressée à la vie humaine. La Russie se trouve dans un état critique, je voudrais l'appeler « une révolution idéologique profonde en Russie », et le conflit russo-ukrainien marque le début d'un changement complet. Dans les années 1990, la Russie a accepté l'hégémonie occidentale, les systèmes occidentaux, les valeurs occidentales et la démocratie politique occidentale, a suivi l'exemple de l'Occident et a considéré l'Occident comme la seule bouée de sauvetage. C'est la différence entre la Russie et la Chine : la Chine accepte les règles et profite pleinement des règles internationales pour l'emporter, alors que nous, en Russie, dans les années 1990, avons trahi notre souveraineté nationale. Après l'arrivée au pouvoir de Poutine, il a commencé à se battre pour l'indépendance de la Russie. Mais au cours des 22 dernières années, il a été enchaîné par les règles établies par l'Occident.

Poutine a tenté de concilier la contradiction entre l'essor du pays et l'intégration dans la mondialisation, mais cela s'est avéré impossible. Cette inconciliabilité a culminé après le début du SMO. Poutine ne pouvait que réagir par une action violente directe, mais la société russe n'y était pas préparée, car combattre l'Occident est un chemin trop long et trop étroit. La Russie est maintenant en guerre contre l'Occident, contre les États-Unis. Nous essayons d'ajuster nos idées sociétales et de nous réévaluer, de nous adapter à la situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons, qui est un processus très intense et dramatique.

Wang Wen : Je suis d'accord avec votre analyse et votre prédiction astucieuses. Je me souviens qu'en 2008, vous avez écrit sur l'inévitabilité du conflit entre la Russie et l'Occident. Cependant, lorsque les universitaires chinois reconnaissent qu'un conflit sino-américain peut devenir inévitable, ils font généralement de leur mieux pour proposer d'éviter la guerre avec les États-Unis. Par exemple, lorsque le professeur Graham Tillett Allison de l'Université de Harvard a proposé le « piège de Thucydide » entre la Chine et les États-Unis, les universitaires chinois le réfutaient et essayaient de changer cette « prophétie réalisable ».

Ce que je veux savoir, c'est pourquoi les élites russes ne conseillent-elles pas au président Poutine de faire de son mieux pour éviter un conflit, ou de faire quelque chose qui pourrait être mieux qu'une action militaire ad hoc ? En Russie, un sage philosophe politique comme vous doit avoir une meilleure solution, non ?

Dugin : Cela a à voir avec l'équilibre de conscience entre les individus et les groupes. Ce n'est pas le président Poutine qui a volontairement voulu lancer cette opération militaire spéciale, mais toute la société a exigé cette opération spéciale. La société russe est très particulière et a besoin d'un dirigeant de type "père" (comme un tsar) qui doit également fournir des garanties de sécurité à l'ensemble de la société. Poutine a essayé de concilier ce lien. Accepter l'Occident et assurer l'indépendance de la Russie sont un ensemble de contradictions. Poutine espère concilier cette contradiction et maintenir un certain équilibre, mais cet équilibre est très fragile.

Poutine a toujours essayé de procéder de manière pacifique, sans recourir à des moyens militaires, pour éviter une escalade du conflit avec l'Occident. Depuis que la Crimée est « revenue à la Russie », nous avons remarqué très tôt que la Russie peut facilement libérer l'est de l'Ukraine, mais le président Poutine a toujours refusé de le faire. Il a cru un temps aux assurances données par l'Occident, mais l'Occident a trompé la Russie. Poutine veut éviter la guerre, mais la guerre est de plus en plus inévitable. Il est dommage que nous n'ayons pas été parfaitement préparés à cette opération militaire spéciale sur le plan politique, économique, culturel et militaire. En fait, nous aurions dû être mieux préparés.

Wang Wen : Oui. Mais je suis très inquiet, si la Russie se découple complètement de l'Occident à l'avenir, la Russie pourra-t-elle continuer à se développer rapidement à court terme ? Nous croyons tous que l'Occident s'affaiblit, mais pour l'instant, l'hégémonie occidentale a encore une influence significative dans des domaines tels que la haute technologie et le commerce économique.

Le maintien de la coopération avec l'Occident apparaît comme un « choix rationnel et pragmatique ». La Russie sera-t-elle réduite à n'être plus qu'un « grand Iran », si elle est complètement coupée de l'Occident ? J'ai voyagé plusieurs fois en Iran. L'Iran présente un énorme potentiel et de riches ressources. Dans les années 1970, l'économie iranienne a connu une croissance rapide. Cependant, après avoir été sanctionné par l'Occident pendant 40 ans, le développement de l'Iran a été fortement affecté. La Russie va-t-elle répéter les erreurs de l'Iran ?

Dougin: J'aimerais connaître la définition de "occidental". L'Occident n'est pas seulement synonyme de développement économique et technologique, l'Occident représente une sorte de conscience, incluant l'hégémonie, le racisme et l'ontologie, qui peut être étendue au colonialisme et à l'unipolarité. C'est l'essence de l'Occident. La Russie a "déclaré la guerre" à l'Occident et a été contrainte de rompre sa coopération avec l'Occident. Nous espérons qu'en vainquant l'hégémonie occidentale, "l'Occident" deviendra une province du monde, et non le centre du monde. Pour y parvenir, nous devons non seulement nous élever et nous « désoccidentaliser », mais aussi marginaliser l'Occident. La Russie seule ne peut pas atteindre cet objectif. Nous espérons travailler avec d'autres pays non occidentaux dans le monde pour résister à l'hégémonie occidentale. Si nous nous unissons, nous pourrons peut-être les vaincre.

Wang Wen : Selon votre logique, le monde se divise progressivement en deux pôles, et une nouvelle « guerre froide » commence. Vous avez souligné dans votre article que le monde est au bord d'une troisième guerre mondiale.

La Chine ne veut pas entrer dans une nouvelle guerre froide ; La Chine préfère se développer dans un environnement mondialisé. Bien que la Chine soit en concurrence avec les États-Unis, elle s'efforce toujours de trouver un nouvel équilibre parmi les contradictions féroces. Je crois que l'Inde, le Brésil et d'autres pays BRICS ne veulent peut-être pas vraiment déclencher une "nouvelle guerre froide" avec l'Occident, et ils sont tous prudents et se prémunissent contre une éventuelle "troisième guerre mondiale".

Dugin : Maintenant, la situation n'est pas déterminée unilatéralement par la Russie. Au SMO, nous avons « franchi le Rubicon » pour affronter l'Occident. La Russie et l'Occident peuvent se comprendre, mais les deux ne peuvent pas coexister, comme le détermine la structure géopolitique. D'un point de vue géopolitique, les autres pays n'ont que deux options : soit être contrôlés par un État puissance maritime, soit lutter pour devenir un État puissance terrestre, c'est-à-dire en soutenant la Russie pour pousser le monde vers la multipolarisation et devenir une région d'un certain cœur.

L'indépendance de la Chine repose sur l'équilibre. De ce point de vue, si la Russie ne peut pas contrôler et équilibrer l'hégémonie américaine, alors la Chine sera victime d'un conflit militaire offensif avec les puissances maritimes, même si vous ne voulez que souveraineté et prospérité. Aujourd'hui, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et le monde islamique, tout aussi indépendants, font tous des choix, mais le résultat de leur choix dépend de la force à l'autre bout de l'échelle.

Si la stratégie gagnant-gagnant de la mondialisation représentée par la Chine doit être parfaitement réalisée, il doit y avoir une condition invisible, c'est-à-dire la résistance de la Russie, puissance terrestre, à la puissance maritime. Si la Russie perd l'opération militaire spéciale et perd son cœur, alors l'Inde et la Chine seront confrontées à la même situation que la Russie est actuellement et deviendront les prochaines victimes directes de la guerre froide et même du conflit militaire.

L'Occident peut utiliser le détroit de Taiwan et les militants musulmans comme points d'entrée pour attaquer la Chine. L'Occident est une force radicale agressive. D'autres pays peuvent éviter un conflit frontal uniquement parce que la Russie existe toujours et parce que la Russie se bat. Les autres nations n'ont que deux options : soit survivre dans l'ombre du monde occidental, soit se battre comme la Russie. Cette analyse géopolitique est très importante.

Bien que les résultats de l'analyse ne soient pas entièrement conformes à l'interprétation officielle chinoise, je pense que les stratèges du Parti communiste chinois, en tant que véritables maîtres de la stratégie internationale, peuvent pleinement comprendre les conclusions de l'analyse ci-dessus et éviter que la Chine ne tombe dans la situation de la Russie. .

Je reconnais intensément les grandes réalisations de la Chine. Que ce soit pour la Russie, ou pour l'Inde, l'Iran et les pays arabes, la Chine est le principal espoir. Il y a un différend frontalier entre la Chine et l'Inde, mais je voudrais rappeler à l'Inde que si l'Inde et l'Occident se battent contre la Chine ensemble, alors une fois que la Chine et la Russie perdront, l'Occident se retournera pour affronter l'Inde et détruire l'Inde - en fait, Soros se prépare déjà à le faire.

Bref, nous ne voulons pas affronter l'Occident, nous affrontons "l'Occident" qui prétend gouverner le monde mais qui n'a pas joué un bon modèle. Ce que nous devrions rechercher devrait être la multipolarité plutôt que l'unipolarité. L'Occident veut démembrer la Russie, nous sommes numéro un sur leur liste, vous êtes les suivants. Bien sûr, c'est mon analyse, et je ne veux pas l'imposer aux autres.

Wang Wen : Tout d'abord, nous avons confiance en la Russie. La Russie ne sera pas vaincue par l'Occident. Bien que l'OTAN soutienne pleinement l'Ukraine, la Russie dispose d'un énorme avantage en termes de profondeur stratégique et de potentiel de ressources.

Bien sûr, je suis également d'accord avec vous que si la Russie est vaincue par l'Occident, la Chine sera la prochaine cible de l'Occident. À cet égard, la Chine est préparée psychologiquement. La réponse de la Chine est basée sur plus de 2 000 ans de sagesse traditionnelle et sur un engagement à trouver des solutions modérées et diverses. Au cours des dernières années, la Chine a obtenu de bons résultats sur de nombreux "champs de bataille" tels que les guerres commerciales, les guerres technologiques, les guerres d'opinion publique, les guerres médiatiques et la question du détroit de Taiwan.

Ce dont je veux discuter avec vous, c'est comment traiter avec l'Occident d'une manière plus intelligente. Si la troisième guerre mondiale ou une guerre nucléaire d'une certaine ampleur se produisait vraiment comme vous le prédisez, cela signifierait la destruction de toute l'humanité. À votre avis, est-il possible d'employer une boîte à outils diversifiée de mesures pour résoudre le problème ?

Dugin : La solution du fait accompli est le SMO. Nous n'avons pas utilisé d'autres approches plus diversifiées et nous ne pouvions pas faire autrement. L'opération militaire spéciale actuelle est très nécessaire, et bien que la situation de guerre actuelle soit mauvaise, elle vaut mieux qu'une situation pire (comme être détruite).

Je suis sûr que le Parti communiste chinois a adopté un bon modèle de prise de décision, en prenant des décisions avec prudence et prudence, en intégrant les intérêts nationaux à la mondialisation et en maintenant une politique indépendante et conservatrice. Tout en garantissant la démocratie et la libéralisation sociale et économique, la Chine maintient également le contrôle absolu du gouvernement central sur le pays, garantissant que l'Occident ne peut pas détruire le Parti communiste chinois au moyen de méthodes culturelles et d'Internet, et sauver le pays du chaos et même de la destruction.

La situation en Russie est tout le contraire. L'Occident détruit le contrôle absolu du gouvernement russe, essayant de pousser le gouvernement contre le peuple. Sous Eltsine, le peuple a été victime de cet assaut occidental.

Poutine essaie de prévenir et d'inverser cette situation et de permettre à la Russie de se sauver par la réforme et la reconstruction. À un moment donné, il a tenté de changer pacifiquement l'héritage du gouvernement Eltsine (1931 - 2007), mais il a échoué en raison de l'obstruction de certaines élites politiques. Ces élites politiques sont des traîtres au pays. C'est la différence entre la Chine et la Russie. L'élite politique chinoise est l'épine dorsale du pays, mais nous n'avons que le poison de l'ère soviétique. Après l'effondrement de l'Union soviétique, ces élites politiques sont entrées dans le gouvernement russe et n'ont pas permis au pays de transformer et de développer la Russie par des moyens pacifiques. C'est exactement mon interprétation des différences politiques entre la Chine et la Russie.

Nous n'avons pas la possibilité de changer ou de réorganiser pacifiquement la Russie, et de parvenir à la réconciliation avec l'Ukraine et l'Occident par des moyens pacifiques. Poutine est notre espoir. Il est du côté du peuple et du côté de l'histoire. Le SMO était sa façon de résister, mais pas de la meilleure façon. Nous plaçons désormais tous nos espoirs sur le pétrole et le gaz et attendons que l'Occident s'effondre ou fasse des compromis sur les questions énergétiques. Ils essaient de sortir de la crise de la pénurie d'énergie, ce qui nous oblige également à résoudre le problème à partir d'autres dimensions. A cet effet, il convient de prendre la Chine comme exemple à étudier.

Wang Wen : Merci de votre intérêt pour la Chine. En tant que chercheurs d'un groupe de réflexion, nous réfléchissons également chaque jour à la situation de la Chine et travaillons à résoudre les problèmes intérieurs. À mon avis, les dilemmes internationaux ne peuvent être mieux traités que sur la base de la résolution des problèmes nationaux. Je crois que vous avez également remarqué que le rapport du 20e Congrès national du Parti communiste chinois présente clairement la stratégie de développement national à long terme de la Chine pour 2035 et 2050. Vous êtes déjà allé en Chine. En tant que philosophe politique, d'après votre compréhension de la Chine, comment voyez-vous l'avenir de la Chine ? Les objectifs actuels de la Chine peuvent-ils être atteints comme prévu ?

Dugin : Tout d'abord, j'aime beaucoup la Chine et j'apprécie la gouvernance de la Chine par le Parti communiste chinois sous la direction du secrétaire général Xi Jinping. Le président Xi est un dirigeant exceptionnel de classe mondiale. Votre pays est entré dans l'histoire. Je pense que les objectifs de la Chine sont pragmatiques. Le 20e Congrès national du Parti communiste chinois que vous avez organisé est un exemple réussi de coordination des questions nationales et internationales. L'Assemblée générale dirige le pays en élaborant des plans. En fait, ni la société occidentale ni la Russie ne comprennent assez bien la structure politique et sociale de la Chine.

À mon avis, la Chine est composée du peuple, du gouvernement et d'autres éléments culturels tels que le socialisme à la chinoise, la culture confucéenne, etc. Ces éléments culturels jouent un rôle dans la gouvernance gouvernementale. Si le gouvernement ne parvient pas à assurer la sécurité culturelle, la société se désintégrera. Les analyses occidentales et russes de la Chine ignorent presque la partie spéciale de la culture, qui est en fait une ressource importante pour le peuple chinois.

Deuxièmement, la Chine est très exigeante quant à la hiérarchisation des choses. La Chine n'intensifiera pas les conflits, mais modérera et résoudra les conflits grâce à l'expérience de la construction de la civilisation. Cette culture n'est pas entièrement issue du confucianisme, mais aussi du taoïsme. La culture politique occidentale, y compris la Russie, est trop radicale, trop obsédée par le noir et blanc absolu, le bien et le mal. Pour nous, le mal est le mal, et nous ne céderons jamais au mal.

Wang Wen : Oui, la théorie du Yin et du Yang dans la culture chinoise provient d'une autre école de philosophie. Nous espérons pouvoir transformer entre le négatif et le positif, le bien et le mal, le bien et le mal. Aux yeux des Chinois, les bonnes choses ne sont pas entièrement bonnes et les mauvaises choses ne sont pas entièrement mauvaises. Il y a une relation d'attachement et de transformation entre les deux. C'est compliqué.

Dugin : Oui, la Chine ne promeut pas une politique étrangère de conflit culturel. Dans une autre culture différente de la Chine, il existe des frontières claires entre le bien et le mal, le bien et le mal, la lumière et l'obscurité, et la culture russe contient ce gène. Du point de vue de la Russie, le monde est soit unipolaire (il y a un pays avec la puissance mondiale la plus forte, comme les États-Unis), soit multipolaire (l'Occident, la Russie et la Chine essaient tous de parvenir à une situation gagnant-gagnant dans ce monde). Une structure mondiale multipolaire est également quelque chose que la Chine doit rechercher. La Chine observe le monde avec sa propre perspective et ses propres pensées, et d'autres pays observent également la Chine avec leur propre pensée et vision du monde. Cela va dans les deux sens.

Certaines de ces pensées et perspectives sont anormales ou même pathologiques. La pensée et la vision du monde chinoises sont saines, mais la pensée et la vision du monde occidentales ne sont pas si saines. Nous devrions essayer de comprendre ces façons pathologiques de penser, et non de les expliquer avec notre pensée intrinsèque.

Wang Wen : Discutons de l'avenir de la Russie et de la Chine. Les tensions dans les relations de la Russie avec l'Occident devraient continuer à pousser les relations sino-russes à se réchauffer. Cette fois, j'ai visité plus de 20 villes de Russie, parlé avec de nombreux responsables locaux et discuté de la manière de renforcer les relations entre les deux pays à différents niveaux, tels que le niveau local, le niveau civil, le niveau d'élite, etc. La Chine et la Russie ont des relations différentes. perceptions les uns des autres à tous les niveaux. Du point de vue de haut niveau, la conscience stratégique de la confiance et de la coopération entre la Chine et la Russie est suffisante et ferme ; cependant, aux niveaux non gouvernemental et des élites, les gens ont des opinions très diverses sur la coopération sino-russe, et certaines idées ne sont pas propices à la coopération bilatérale. Que penses-tu de cela?

Dugin : Tout d'abord, je pense que les relations sino-russes se sont en fait considérablement améliorées aux deux niveaux. Nos deux pays ont certainement de nombreux problèmes à surmonter, comme les différences culturelles entre les deux parties. Nous devrions consacrer plus de temps à comprendre les attributs respectifs de la Chine et de la Russie, à comprendre le code de la civilisation de l'autre, à ouvrir davantage de « dialogue à deux voies » et à approfondir la coopération bilatérale.

La compréhension mutuelle entre les dirigeants des deux pays a été "parfaite", et la coopération entre le président Xi et le président Poutine est la pierre angulaire de la Chine et de la Russie, créant l'avenir des relations bilatérales. Mais nous devons également accorder plus d'attention à l'institutionnalisation des relations entre les deux pays, proposer des plans pour renforcer la coopération et la compréhension mutuelle aux niveaux supérieur, intermédiaire et local, et réajuster le système de coopération aux niveaux intermédiaire et local.

À mon avis, l'avenir de l'humanité dépend de la coopération approfondie entre la Chine et la Russie. Plus que jamais, nous avons besoin de nous connaître efficacement. Nous sommes déjà deux pôles dans un monde multipolaire. Les peuples des deux pays doivent continuer à se battre pour le développement de la Russie et de la Chine, afin que les relations entre les deux pays soient plus harmonieuses.

Wang Wen : Une plate-forme importante pour la coopération sino-russe est la connexion entre l'initiative "la Ceinture et la Route" et l'Union économique européenne. Aux yeux de beaucoup, la théorie du Grand Eurasianisme que vous défendez depuis de nombreuses années a contribué à promouvoir la coopération sino-russe, en particulier l'intégration économique eurasienne. Mais les choses semblent changer. Ces dernières années, avez-vous acquis de nouvelles connaissances dans l'étude de l'intégration eurasienne ? Que pensez-vous de l'intégration eurasienne et de l'initiative "la Ceinture et la Route" ?

Dugin : Le contenu de la théorie du Grand Eurasianisme couvre le contenu de l'Union économique eurasienne et de l'initiative "la Ceinture et la Route". La Chine et la Russie ont la capacité d'intégrer harmonieusement deux initiatives majeures pour favoriser le développement de l'Eurasie et ainsi mener à bien la construction du monde. À l'avenir, l'Eurasie devrait inclure l'Europe, l'Inde et bien d'autres pays. Nous devrions élargir nos horizons pour inclure tous les pays de tout le continent eurasien. En termes de mise en œuvre spécifique, nous devrions avoir une compréhension plus profonde de la signification de "la Ceinture et la Route" et des différents rôles que l'"Union économique eurasienne" de la Russie devrait jouer et adapter et accepter ces rôles.

Nous devrions présenter la véritable théorie de l'intégration eurasienne aux élites chinoises, et non la version mal interprétée. En Russie, certains voient l'eurasianisme comme du néo-colonialisme, tandis qu'en Chine, d'autres le voient comme la version russe de l'impérialisme. Nous devrions trouver différentes façons de nous comprendre. La théorie de la Grande Eurasie comprend non seulement la coopération économique entre la Russie et la Chine, mais aussi la coopération approfondie entre l'Inde, l'Asie du Sud-Est et l'Asie de l'Ouest. Nous devons réfléchir et généraliser ce concept, renforcer les échanges culturels, comprendre son identité, son objectif et sa motivation.

Afin d'atteindre les objectifs ci-dessus, nous devons avoir une compréhension plus profonde de la culture de l'autre et vraiment comprendre la cohérence interne du pragmatisme, du matérialisme, du réalisme et d'autres logiques, ce qui nous oblige à avoir un dialogue au niveau de la linguistique interlingue. Sinon, il nous est difficile d'avoir des opinions similaires sur une chose.

Wang Wen : Dans la stratégie étrangère de la Russie ces dernières années, on peut voir l'ombre de la théorie du « Grand Eurasianisme ». Par conséquent, il y a eu des rumeurs ces dernières années selon lesquelles vous feriez partie du personnel du président Poutine, ou même du "cerveau de Poutine" ; certaines personnes disent que vous étiez le pont entre le président Poutine et le président Trump à cette époque. Comment répondez-vous à cela ?

Dugin : Je suis très favorable à Poutine, notre esprit est similaire, mais je n'ai pas d'autre relation avec lui.

Je devrais connaître le peuple russe et l'histoire russe mieux que quiconque ici. C'est peut-être un peu humiliant de dire cela, mais j'ai un profond amour pour le peuple russe et l'histoire russe. Je comprends la logique derrière cela mieux que quiconque, ainsi que la stratégie étrangère nationale actuelle que les gens peuvent accepter et soutenir.

Wang Wen : Avez-vous des conseils à donner aux jeunes, en particulier à leurs homologues chinois ?

Dugin : Pour comprendre le monde, il faut d'abord devenir un chinois plus authentique. Si vous ne vous comprenez pas, vous ne pouvez pas comprendre les autres. Si vous n'êtes pas confiant et n'avez pas votre propre identité, il est impossible de comprendre l'identité des autres pays et l'avenir de la multipolarité. Pour comprendre le monde, vous devez d'abord vous comprendre.

(Zhang Huimin张慧敏 de l'Université de Moscou et Feng Shide冯士德 de l'Académie russe des sciences ont participé au dialogue et ont fait un examen préliminaire du contenu du dialogue)

Editeur responsable : Liu Xiaoyun 刘啸云

Traducteur anglais : Liviu Florea

Texte original