"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
dimanche 27 juillet 2025
Les Médias sont en Panique - Fly Rider
mercredi 11 décembre 2024
Nous étions tellement Gilets Jaunes !
Dans cette vidéo, Thierry Casasnovas partage une réflexion profonde sur notre engagement collectif, en revenant sur le mouvement des Gilets Jaunes, symbole de notre soif de justice et de dignité.
Il questionne l’impact réel de ces actions face à un système corrompu, conçu pour exploiter et dominer, et il met en lumière une vérité difficile : réclamer justice à un tel système revient à jouer une partie déjà perdue. Il nous invite à sortir de cette logique stérile et à explorer une nouvelle approche, une forme de « sécession » pacifique où nous ne jouons plus selon les règles du système, mais construisons des alternatives à côté, ensemble.
À travers des analogies fortes, comme celle d’une société hypnotisée par un écran de cinéma, il nous propose de réveiller votre potentiel, de sortir de l’immobilisme et d’agir localement, avec nos proches, nos voisins, pour reconstruire un monde basé sur l’entraide, l’autonomie et la solidarité.
La véritable révolution n’est pas dans la confrontation, mais dans la création d’un autre monde respectueux du vivant. Cette vidéo est une invitation à repenser nos actions, à ne plus attendre de miracle d’en haut, mais à bâtir avec nos mains et nos cœurs un futur où nous reprenons le contrôle de nos vies.
Rejoignez-nous dans cette réflexion et engageons-nous ensemble dans ce chemin pour les vivants : / @vivants-2027 , abonnez vous et partagez !
jeudi 14 mars 2024
Le général Coustou affirme que Macron avait ordonné à l’armée de tirer sur les Gilets Jaunes
Le général André Coustou, ancien militaire français, a accordé une interview à NEXUS dans laquelle il a exprimé ses inquiétudes concernant la situation intérieure de la France et a critiqué la politique du président Emmanuel Macron.
Mise à jour le 15/03/24

Le général Coustou a récemment exprimé son désaccord avec les propos d’Emmanuel Macron concernant l’envoi possible de troupes françaises en Ukraine. Il a souligné que cette suggestion a été officiellement contestée par de nombreux partenaires de l’OTAN et a interprété cela comme un signe de faiblesse et de vulnérabilité de la France face à la Russie.
Selon lui, le véritable ennemi de la France n’est pas la Russie, mais Emmanuel Macron lui-même. Il a cité plusieurs ouvrages critiquant la politique du président, tels que « Macron, le fossoyeur de la France », « Macron le grand liquidateur », « La France vendue à la découpe », « Les liquidateurs » et « Le Traître et le Néant » de Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Le général Coustou a rappelé que l’armée est chargée de défendre le peuple français et la France. Il a également mentionné qu’il est président d’honneur de Place d’Armes, une association dont la raison sociale est d’entretenir le lien entre l’armée et la nation. Il a conclu en exprimant son opinion selon laquelle Emmanuel Macron est le liquidateur et le destructeur de la France, et a suggéré que ce dernier devrait démissionner s’il avait un peu d’honneur.
Six jours plus tard, Armel Joubert des Ouches, journaliste pour le magazine Nexus, est retourné chez le général André Coustou pour une nouvelle interview. Lors de cette rencontre, le général a révélé que pendant la crise des Gilets Jaunes, le président Macron avait donné l’ordre à l’armée de protéger le Palais Bourbon et l’Élysée, en utilisant la force si nécessaire, y compris en tirant sur la foule.
Depuis que le général Coustou a rendu publiques ses déclarations sur les ordres donnés à l’armée pendant la crise des Gilets Jaunes, il a reçu des menaces de mort et a été contraint de se mettre sous protection policière. Certaines personnalités politiques et militaires ont remis en question ses propos, affirmant qu’il n’avait pas reçu d’ordre de tirer sur les manifestants. Cependant, le général Coustou maintient ses allégations et affirme avoir des preuves à l’appui.
Le général Coustou a également exprimé ses inquiétudes quant à la situation politique en France, dénonçant une dérive autoritaire du pouvoir en place. Selon lui, les libertés publiques sont menacées et la démocratie est en danger. Il a appelé les citoyens à se mobiliser pour défendre leurs droits et leurs libertés, et à rester vigilants face aux atteintes à la démocratie.
dimanche 1 mai 2022
Gilets jaunes mon amour - Mehdi Belhaj Kacem
Gilets jaunes mon amour
« Il faut savoir respecter le timing de l’événement qui, à mon avis, est extrêmement long », disait le grand Serge Daney. Ce n’est pas une raison pour ne pas, d’ores et déjà, prendre toute la mesure de ce que signifie l’événement des « gilets jaunes » dans la vie politique non seulement française, mais européenne et mondiale (comme avant lui la Révolution française, le printemps des peuples, la Commune de Paris ou mai 68).
Il ne fait d’ores et déjà aucun doute que le mouvement des « gilets jaunes » constitue le mouvement social le plus considérable à être apparu en France, sinon en Europe, depuis mai 68 (à l’exception sans doute du mouvement Occupy Wall Street, dont l’importance est souvent passée sous silence, et des « printemps arabe », notamment tunisien, auquel il fait plus d’une résonance). Comme mai 68, ce raz-de-marée populaire (et populiste) marque une césure, voire une fracture, comme tout événement, dans l’appréhension que nous avons de la chose politique. C’est-à-dire qu’il nous met sous les yeux le réel de ce que tout le monde pressentait avec amertume depuis longtemps : la (toute) relative dissolution du clivage gauche/droite ; l’exténuation du modèle représentatif de la démocratie ; l’affleurement, à travers les craquelures de ce modèle, de ce que la démocratie a de plus « dérangeant » : sa dimension disparate (et donc le risque de ce qu’on appelle « l’ochlocratie », savoir le pouvoir aveugle et anarchique du seul peuple). Grâce à cet événement, c’est l’amertume (ou la mélancolie « postmoderne ») qui en prend un coup : grâce aux « gilets jaunes », nous nous situons enfin mieux dans notre époque troublée. Et nous pouvons enfin aviser, politiquement, à autre chose que l’éternelle « guerre des civilisations » ponctuée d’actes « terroristes » faussement aberrants, n’exprimant généralement que le désespoir de laissés-pour-compte définitifs, qui trouvent enfin dans le mouvement « gilets jaunes » une courroie de transmission non suicidaire pour s’exprimer. Car les « gilets jaunes », c’est au départ cela : l’expression d’une somme coopérative de désespoirs, non le râle de gens qui, au dire de notre président, « déconnent ». Mais, comme le disait ce bon vieux Marx à peu près, c’est cette situation désespérée même qui, désormais, nous remplit d’espoirs bien fondés.
Le monde occidental, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, s’était démocratisé. L’affrontement des « deux blocs », capitaliste et communiste, a fait long feu ; mai 68, qui pour la première fois appert destiné à ne faire que préfigurer les « gilets jaunes », a été à la fois le surgissement d’une révolution populaire démocratique, et parlait encore le langage marxiste-léniniste de l’affrontement de deux blocs hétérogènes et résolument hostiles. Le conflit avait la forme d’un échiquier ou d’un plateau de wargame, opposant deux camps ou deux armées strictement discriminés dans leurs intérêts et leurs visées (les différences, ensuite, entre communistes, socialistes, léninistes, trotskistes, maoïstes, anarchistes, situationnistes, etc., restaient des sous-ensembles, comme des artilleries ou des cavaleries, d’un même « camp »). La situation politique mondiale est désormais autre : elle a la forme d’un cercle, où un ensemble de périphéries disparates prend d’assaut les cercles concentriques d’un pouvoir (« occupy Wall Street ») depuis longtemps ressenti comme inaccessible, viciant dans ses fondements les acquis de la démocratie. Il s’agit donc d’un cercle brisé : les revendications les plus progressistes côtoient les revendications les plus réactionnaires, les figures les plus pacifiques et sympathiques les trognes les plus violentes et antipathiques, la France la plus « moyenne » se solidarise des marginalités apparemment les plus irrécupérables. Les « gilets jaunes » sont le miroir grossissant de la situation géopolitique planétaire : solidarités entre pauvres et repli identitaire, droits des marges extrêmes le disputant à l’indécidable critère du non-droit pour les intrus, générosité ouverte à l’Autre et paranoïa complotiste.
Avec son « grand débat », le président de la République française semble enfin avoir compris que la déferlante populaire « déguisée » en habits d’ouvriers porte précisément, et au premier chef, sur la forme que doit désormais prendre notre démocratie, c’est-à-dire, de fil en aiguille, tout se qui se revendique du terme dans le monde (par exemple : la démocratie tunisienne en construction, battue en brèche, justement, par le reprise du pouvoir par une oligarchie corrompue et égoïste). Jusque-là, Macron s’était refugié dans le drapé de l’autoritarisme « responsable » (j’applique mon programme, j’ai été élu pour ça, causez toujours), puis du paternalisme « éclairé » (mais une écrasante majorité de factionnaires ne peuvent ne serait-ce que tolérer qu’un jeune yuppie sûr de lui leur donne des leçons d’existence comme un patriarche pénétré, par exemple de « faire des efforts » quand on a une retraite de misère), enfin de l’éternel refrain « voyez quelle chance vous avez de vivre dans l’un des pays les plus prospères du monde » (n’était-ce déjà pas le cas, avec une puissance impériale et un retentissement culturel autrement importants, de la France de 1788 ? Mais il y avait quelque mécontents, et à bon droit : le « tiers état », qui fait son grand retour en force).
Les « gilets jaunes », tout bonnement, prennent le relais de ce qui est la vocation de la France dans le monde depuis plus de deux siècles, en un sens parfois douteusement cocardier et nationaliste, mais, la plupart du temps, pas du tout (on songe à l’adjectif « révolutionnaire » qu’utilisait Hölderlin pour qualifier cela : la « nationel ») : dessiner l’esquisse hologrammatique d’un autre fonctionnement politique de l’agora que celui qui a cours communément, et que tout le monde est censé accepter comme une fatalité géologique parmi d’autres (on vit dans la royauté, la 2e République ou la démocratie ultralibérale comme ça, comme on vivrait dans les montagnes ou au bord de la mer).
Contrairement à ce qu’on rabâche souvent, le clivage droite-gauche n’a pas disparu du paysage politique tant « nationel » qu’international : il se présente à nous différemment, c’est tout. Il ne se présente plus sous la forme de l’affrontement « frontal » de « deux blocs » se regardant en chiens de faïence (la « guerre froide ») avant de s’animer pour menacer de passer aux choses sérieuses (la guerre). Les guerres sont déjà là, un peu partout dans le monde, et, sous couvert de « guerre des civilisations » (qu’il ne faut surtout pas sous-estimer), ont toujours pour enjeu des « bases matérielles de production », notamment le pétrole (c’est pourquoi le « printemps tunisien » est le seul qui n’ait pas fini dans un bain de sang et/ou une dictature : il n’y a pas de pétrole en Tunisie). Il va de soi que, comme annoncé par bien des penseurs (Agamben, le « comité invisible », etc.), ce qui se profile de menaçant derrière le mouvement des « gilets jaunes » n’est pas la guerre classique de deux camps clairement discriminés (les deux « couleurs » des pièces d’un échiquier), mais le spectre de la guerre civile
. A bien y repenser, la chose était courue depuis longtemps, et, n’en déplaise aux belles âmes qui voudraient le beurre et l’argent du beurre, un événement de cette ampleur ne pouvait, aujourd’hui, avoir lieu autrement que sous cette forme d’un cercle brisé aux circonférences concentriques complexes, et disparates dans leurs composantes : « droitières » et « gauchistes », « gauchistes » et « droitières ». Il faut diagnostiquer le fait au futur antérieur : un événement d’une telle ampleur n’aura pu avoir lieu à moins de cette disparité de composantes. Laissons la rêverie d’une toute uniment « bonne » insurrection, précisément, aux rêveurs nostalgiques d’un temps bien révolu.
Les « gilets jaunes » sont donc, avant toute chose, une négation formelle du modèle représentatif de la démocratie tel qu’il a eu cours jusqu’ici, et dont presque tout le monde était lassé depuis longtemps. Réseaux sociaux, associations directes, complicités improbables entre éléments hétérogènes… c’est la vision corporatiste de l’Etat (« chacun à sa place », « boulot, métro, dodo », voire : « travail, famille, télé ») qui a été mise à mal par ce mouvement, et ce pour toujours. Ce qui a reçu, aussi bien, un coup fatal, c’est la dimension régalienne de la démocratie non seulement à la française, mais mondiale (pensons à l’Angleterre, à l’Espagne, à l’Allemagne, à l’Italie… pour ne citer que nos proches voisins). Pourquoi ? Parce que le régalien n’est rien d’autre que le reste « républicain » des rituels de la royauté. Il en est la parodie. En sorte que « La République en marche » ferait mieux de se rebaptiser : « Le Régalien en berne ».
Il est temps de l’avouer avec un ouf de soulagement : la pompe « jupitérienne » dont s’était paré notre président la République, énarque surdoué et charismatique, frisait le ridicule en rase-motte. Les « gilets jaunes » marquent un crash trop longtemps différé de cette impunité posturale, et un rappel simple à la réalité : si la démocratie n’est plus qu’un jeu joué d’avance de chaises musicales par procuration représentative, alors elle n’en vaut plus la chandelle pour plus grand-monde. Le président tâche, par un coup de jarnac marketing, de feindre en tenir compte en « tombant la veste » devant un parterre fourni d’interlocuteurs. Problème : le public est conquis d’avance, puisque composé encore et toujours de représentants étatiques élus dans des conditions similaires aux siennes, et pour les mêmes raisons que lui, quelles que soient leurs appartenances partisanes. Mais il est déjà trop tard. Il aurait fallu battre le fer tant qu’il était chaud : refroidi, il restera aussi tenace qu’une Excalibur plantée dans l’enclume. Personne ne dénie à notre président le fait qu’il soit brillant, mais faire étalage de ses dons de tribun auprès d’une audience par définition commise d’office pour l’approuver ne fera qu’aggraver son cas : tant qu’à se la jouer paternaliste rassurant, les français préféraient de loin un dadais vieillissant et paresseux engoncé dans ses tics (Chirac), avare de sa parole, comme tout père de famille bourru, ne disant pas qu’il ne ferait pas grand-chose pour eux, pour être « rassurés » ; plutôt que quelqu’un qui « leur » parle en se mettant en scène pendant sept heures pour ne rien dire qui n’ait déjà été dit. Les « gilets jaunes », cette représentation non représentative du peuple, lui fera d’autant plus la sourde oreille, et ne serrera pas la main à quelqu’un qui, deux mois trop tard, en est encore à serrer la main de ses délégués pour lénifier une populace qui a ses règles.
Il n’a toujours pas compris, pas plus que le personnel politico-journalistique dans son écrasante majorité (ce que j’appelais il y a longtemps le « médiatico-parlementaire »), ce qui est littéralement en jeu dans le mouvement des « gilets jaunes » : l’assaut de ce que j’appellerais un extrême-centre par les bords de la société civile. On parle toujours, généralement pour pousser des cries d’orfraies, de « l’extrême-gauche » ou de « l’extrême-droite » : jamais on n’évoque ce qui est devenu de longue date, par la collusion étroite de la « Phynance » de Jarry, du politique et du médiatique, d’une véritable superstructure d’extrême-centre, véritable nouveauté historique des décennies qui ont succédé à la chute du mur de Berlin.
Autant dire que ce qui nous semblait, naguère encore, insurmontablement compliqué est devenu, grâce aux « gilets jaunes », « seulement » complexe. « L’extrême-centre », ce sont les oligarchies financières, politiques et journalistiques, qui marchent main dans la main, demandent des comptes (littéralement et en tous sens) à tout le monde (« vous déconnez », « vous ne faites aucun effort »), sans jamais à avoir en rendre à personne. Le peuple réel se soulève-t-il que, surprise ! Il sent l’ail, est assez souvent xénophobe, homophobe, sexiste et antisémite. Mais il est très facile de dénoncer tout cela tant qu’on reste, justement, dans un confortable cercle parisien qui administre de bonnes leçons de tolérance entre deux dîners en ville avec des gens du même milieu que vous. Et je le dis à peine en mauvais part : comme le disait avec son lucide cynisme habituel Eustache : « On ne fréquente que des gens de son niveau ». Mais enfin, il faut parfois se réveiller un peu, et se dépayser. Je préfère encore discuter directement avec quelqu’un de raciste, misogyne ou conformiste sexuellement, pour tâcher de l’acculer à ses contradictions par des arguments rationnels, que de lui administrer des leçons de bien-pensance par articles interposés, en jetant par exemple 90% des films du cinéma aux poubelles du l’Histoire sous prétexte que la « représentation de la femme » n’y est pas politiquement correcte. Si l’art avait été là pour montrer tout uniment le Bien, ça se saurait depuis la Tragédie attique.
C’est dire là quelque chose de très simple : il est faux de dire que « les extrêmes se rejoignent ». Le président en place n’a été élu que par 20% de français ; les partis qu’on qualifie d’« extrémistes » ont récolté près de la moitié des votes au premier tour des élections présidentielles. C’est faute d’avoir été écoutés aussi peu que ce soit, par ce que le journalisme appelle un peu légèrement la « révolution par les urnes » (pur oxymore), que les « gilets jaunes » préfèrent désormais se faire entendre de manière directe, et discuter dans la rue avec leurs adversaires idéologiques : le lecteur de « L’humanité » croisant directement ses ordres de raison avec l’abonné aux « Valeurs actuelles », l’inconditionnel de « Médiapart » acceptant de débattre avec son voisin des mérites de l’info selon Dieudonné, le « branché » fauché habitué des « Inrocks » croisant le fer casuistique avec le néo-hussard féru de « L’incorrect ». C’est comme ça. Et si ça ne s’appelle pas la démocratie, au sens quasi grec du terme, alors qu’on me dise ce que c’est. Les retraités (gérontopolitique), les handicapés, les fous et leurs droits s’invitent eux-mêmes dans les débats : si ce n’est pas de la politique deleuzo-foucaldienne en acte, je ne sais pas ce que celle-ci peut bien être, en dehors des revues attitrées et dûment signées par des normaliens. La marginalité, la déréliction, le détraquage, s’invitent à la table de négociations : s’il n’y a pas là un effet inattendu de l’insurrection (toute révolution, ai-je longtemps dit dans le désert, révolutionne notre idée même de la révolution), alors qu’on me dise où suivre un cours de rattrapage.
C’est que le centre, et les partis qui veulent encore le représenter (Parti Socialiste et néo-républicains) n’est pas moins extrémiste que ceux qu’on appelle « extrémistes ». Rien n’est plus extrémiste et meurtrier de nos jours que l’esclavagisme délocalisé du néolibéralisme défendu la main sur le cœur par la plupart des nos éditorialistes, intellectuels médiatiques et politiques naguère encore « de gauche ». Tout le monde, en un sens, est devenu extrémiste et jusqu’au-boutiste, notre président le premier : l’événement « gilets jaunes » ne faisant « que » révéler cette vérité-là. Ce qui est aux prises, ce sont les cercles périphériques populaires, brisés et hétérogènes, aux cercles concentriques du pouvoir financier, politique et médiatique, beaucoup plus homogènes sur ce qui doit être « l’essentiel » : l’avalisation « fataliste » du néolibéralisme, appointée de passionnants « débats » idéologiques cousus de fil blanc (le cinéma est-il ontologiquement misogyne ? Yann Moix est-il un gougnafier machiste ? Hanouna est-il responsable d’homophobie ? A toutes ces questions la réponse est si évidente qu’on brasse du vent à longueur de pages « Discussions de société »). Comme le disait Duras au sujet non fortuit d’un certain féminisme : « Il y a des contre-idéologies plus codifiées que l’idéologie elle-même ». Ce sont ces « contre-idéologies » qui, depuis une couffe, alimentent l’essentiel du débat « démocratique » représentatif (il suffit de taper les sommaires de « Yahoo actualité » pour être accablé par ce point).
C’est que le centre, c’était, du temps de la « guerre frontale » opposant idéal communiste ou socialiste au Capital, la démocratie. Plutôt libérale, ou sociale-démocrate (beau pléonasme). Ce truisme était devenu la propagande d’aujourd’hui ; à ce détail près : il était, sur les entrefaites, devenu faux. Telle est l’implacable démonstration des « gilets jaunes » : la démocratie, ce n’est plus « l’extrême centre » ayant succédé à la chute du mur de Berlin, concentrant résignation au Capital, propagande culturelle politiquement correcte et gestion répétitive des affaires courantes, mais bien « la voix du peuple ». La démocratie, ce sont les périphéries, même fascistes, contre cet extrême-centre vampirique de la Phynance incarnée par notre sémillant et séduisant président, et ses cercles (ses cours régaliennes) de complicité, qui sont, et pas qu’en France, une dictature de fait, celle de la démocratie seulement représentative, pas moins mise à mal en Angleterre qu’en Espagne, en Italie qu’aux Etats-Unis. Cela devrait aller sans dire, mais comme nul ne le dit, ça ira mieux en le disant : que la « révolution populiste » annoncé avec lucidité par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe ait pris la forme des « gilets jaunes », non de Donald Trump, du mouvement cinq étoiles ou de Thérésa May, c’est l’honneur de l’histoire politique « nationnelle » française qui est démontré, son « ADN » comme on dit aujourd’hui, non sa honte. Le message performatif lancé par les « gilets jaunes » à leur temps est vieux comme l’insurrection elle-même : « l’ordre règne, mais ne gouverne pas ». L’extermination décalée de l’ultralibéralisme règne à travers la « démocratie » représentative, mais a de plus en plus de mal à faire en sorte que ses commis d’office politiques « librement élus » gouvernent. La preuve en Italie ou en Espagne : même les urnes sont effectivement prises d’assaut par le « sel de l’humanité ».
Tout événement est un terrible révélateur de vérité. Pour la première fois de toute ma vie, je vois les journalistes habituellement « neutres » prendre parti sur les événements. La stratégie de la majorité d’entre eux : monter en épingle les seules « violences » commises par des « gilets jaunes » ultra-minoritaires, et pourtant parties prenantes du mouvement (par exemple un boxeur paumé qui met à contribution son seul talent existentiel pour se faire remarquer par un « actionnisme situationniste » de type inédit, quelque « choc » que les images produisent sur nos belles âmes de consommateurs de téléfilms gore). Ce qui permet de passer par pertes et profits les innombrables revendications pacifiques de l’écrasante majorité des autres gilets jaunes, dans leur disparité même : mais qui contiennent au moins toutes un fil commun : plus de démocratie authentique, et plus directe (même les violences sont une telle revendication). L’indignation de ces présentateurs si évidemment « de droite » (« plus de répression, Mr le préfet ! Cette violence est inadmissible ! »), croyant calmer le jeu à moyen ou long terme, ne fait en réalité qu’alimenter son moulin d’eau frelatée, puisque le message parvient aux citoyens sous sa forme inversée : seule la violence permet de se faire entendre. Jamais les médias n’ont joui d’aussi peu de crédits auprès du gros de la population. Jamais sa fonction de pure et simple propagande n’était apparue sous un jour aussi évident. Car il faut le dire haut et fort : toutes les « violences » sans exception commises par les « gilets jaunes » étaient symboliques.
Entendons-nous bien : symboliques ne veut pas dire « métaphorique ». Ca a véritablement castagné, blessé, voire tué ici ou là. Mais toutes ces violences avaient pour fonction d’atteindre aux symboles de la « démocratie » représentative, qui ne représente plus depuis longtemps que les intérêts de l’oligarchie financière, ce que mon ami Christophe Petit, économiste autodidacte de génie, appelle la « dictature oligarchique de la rente ». N’en déplaise encore aux belles âmes « démocratiques », le mouvement des « gilets jaunes » n’a pas vu une seule violence gratuite se produire dans son raz-de-marée. Toutes les violences visaient en toute clarté une cible symbolique : symbole du « totalitarisme soft » qu’est objectivement le régalien ancillaire des oligarques de la Phynance.
Le piège régalien se referme donc sur le Roi nu, qui, après avoir tombé la veste, se verra bien obligé de « tomber la chemiseux », en trinquant un coup de pinard de table avec un agriculteur sur la paille, une retraitée édentée, ou un ouvrier en sidérurgie au chômage devenu schizophrène, plutôt qu’avec des Maires arborant « fièrement » leur ruban (personnellement, je trouve ce look un peu piteux). Pour le dire avec un Presciado teinté de lacanisme (pur oxymore encore, je sais) : le premier, dans toute l’affaire, à être « dévirilisé » et privé de son phallus symbolique, c’est le président « jupitérien », qui se croit en bout de chemin de croix. Celui-ci ne fait que commencer. Il devra aller jusqu’au bout s’il espère qu’une résurrection peut lui être promise. Sinon, comme pour Trump, ce sera, au bout, la destitution.
Politiquement, ce n’est pas une mauvaise nouvelle ; c’est au contraire le sceau ultime de ce qui s’appelle, en philosophie moderne, un événement. A bonzes entendeurs, salut.
mercredi 16 février 2022
L'ORDRE MAASTRICHTIEN RÈGNE
À quelques jours d’une élection présidentielle dans laquelle il passe pour favori, Emmanuel Macron, chef de l’État français, président de l’Union européenne, jeune quadragénaire qui fut banquier, envoie les blindés contre le peuple – je n’écris pas son peuple car il n’entretient de relation que brutale et méprisante avec ce peuple qu’il n’a cessé, pendant cinq ans, d’avilir, de salir, de déprécier, d’insulter.
À ces blindés Macron ajoute sa police zélée qui, sous les ordres du fameux préfet Lallemand, tabasse l’un, vandalise la voiture d’un autre en brisant sa vitre, jette à terre un drapeau de la République, voire met en joue un automobiliste dont le véhicule se trouve serré place de l’Étoile, et noie tout ce monde-là dans un nuage de gaz lacrymogène !
Pendant ce temps, la manifestation en faveur des Traoré, bien connus par les services de police comme on dit, bénéficie de toute la bienveillance du pouvoir. On n’a jamais rencontré cynisme plus décomplexé sous la Cinquième république : le pouvoir offre ses « bravos ! » à ceux qui conchient le drapeau tricolore, et ses « salauds ! » à qui croit encore à sa valeur.
Mon prochain livre est consacré à ce président de la République ; il a pour titre Foutriquet : c’est le nom que les Communards donnaient à Thiers pendant la Commune.
Lors de la commémoration de ses cent cinquante ans, en 2021, ce même Macron a fait savoir que « Versailles » était plus que le nom de cette ville où s’était repliée la bourgeoisie de gauche - j’insiste : de gauche, car Thiers était un républicain de gauche et Galliffet, le massacreur des communards, participait à un gouvernement républicain de gauche sous Waldeck-Rousseau…-, parce qu’elle craignait pour ses privilèges. Pour lui, c’est le nom de ce que les maastrichtiens nomment aujourd’hui « le cercle de la raison », à savoir l’idéologie de ceux qui ont remplacé la question sociale par la question sociétale et qui aspirent à effacer la France de la carte pour noyer le pays dans l’État maastrichtien destiné à promouvoir le gouvernement planétaire duquel le peuple sera exclu au seul profit de prétendus techniciens de la gouvernance mondiale dont ils sont l’avant-garde éclairée bien sûr.
Macron qui ne perd pas une occasion de dire qu’il ne faut pas instrumentaliser l’histoire… ne perd pas une occasion de l’instrumentaliser – ici avec Benjamin Stora sur la Guerre d’Algérie, là avec Patrick Boucheron sur la haine de la France. De sorte que, quand il parle de la commémoration de la Commune, c’est encore pour instrumentaliser l’histoire bien sûr. Et comme toujours : à son seul profit confondu à sa réélection.
La Commune, sous son quinquennat, ce sont, selon lui, les Gilets jaunes qui auraient mis la démocratie en péril - du moins pour ce qui en reste sous son règne illibéral. On sait qu’au plus fort de la crise des Gilets jaunes, un hélicoptère l’attendait pour l’exfiltrer de l’Élysée au cas où la jacquerie aurait atteint son palais. On ignore si c’était pour se rendre à Versailles. De toute façon, ça ne pouvait pas être Baden-Baden, la ville est réservée à qui a rencontré l’Histoire en face.
Il a réglé la crise des Gilets jaunes comme on sait : pourrissement de la situation, instrumentalisation des Blacks-Blocs constitués de prétendus antifascistes et de petits soldats encapuchonnés venus des banlieues, sinon de jeunes bobos fascinés par le Grand Soir 2.0, répression d’une grande brutalité avec énucléations, arrachages de mains, sang versé des blessures. Le tout accompagné d’une stratégie hypnotique : prétendus États généraux et consultations organisées par les préfectures qui veillaient à trier le bon grain des élus comme il faut de l’ivraie des Gilets jaunes, verbigérations provinciales amplement retransmises sur les chaines d’infos continues, convocation d’un panel de citoyens prétendument représentatif dans lequel, comme par hasard, se trouvait Daniel Cohn-Bendit, c’est dire le profil sollicité par les algorithmes du gouvernement servi par les instituts de sondage grassement payés avec l’argent du contribuable pour assurer la propagande de l’État maastrichtien.
Abracadabra, la crise des Gilets jaunes, ainsi évaporée par Macron, aidé en cela par les récupérations politicardes de la France Insoumise, du Rassemblement national et autres micropartis en mal d’existence, ne fut plus qu’un lointain souvenir. Le petit peuple s’est fait voler sa révolte. Plus de ronds-points occupés, une avenue des Champs-Élysées repavée, un arc de triomphe nettoyé des slogans des Blacks-Blocs avec juste l’épargne d’un « Gilet jaune vaincront » pour laisser croire que la vandalisation du monument était due aux seuls GJ alors que ce sont eux qui ont protégé la tombe du Soldat inconnu que voulaient profaner les Blacks Blocs, ces amis de Castaner & Macron.
Et puis voilà que la colère étouffée des Gilets jaunes réapparait sous forme d’un Convoi de la Liberté. On sait que l’idée a traversé l’Atlantique, qu’elle vient du Canada et que des routiers, avec leurs mastodontes, ont ouvert la voie à l’idée de La Boétie : « soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres ».
Juste un mot sur l’expression : « convois de la liberté ». Les journalistes du système prennent bien soin de dire « convoi dit des libertés ». Mais pourquoi n’entend-on pas ces mêmes thuriféraires maastrichtiens préciser : « la France dite insoumise », « le parti dit les Républicains », « le parti dit communiste français », « le parti dit socialiste » ? Sinon « le dit président de la dite république » ? Ou « la chaîne dite info » pour LCI ? Ou « Radio dite France » ?
De même pourquoi les mêmes disent-ils « le polémiste Eric Zemmour » - ou bien « le polémiste Michel Onfray », car j’y ai droit moi aussi… - mais jamais « le polémiste BHL », ou « le polémiste Alain Minc », sinon « le polémiste Jacques Attali » ? Je ne parle pas de la menue monnaie intellectuelle ou de la valetaille germanopratine toujours épargnée par ce genre d’épithète. Car il y a matière à présenter BHL comme un polémiste haut de gamme depuis au moins 1977, date de sa Barbarie à visage humain. Mais la presse au pied de ses maîtres ne bouge pas…
Revenons aux Convois de la liberté : pour ses participants, il s’agit, en France, venus de partout - le maillage est national -, de converger vers Paris avant d’aller à Bruxelles, pour bloquer les deux villes : voilà le véritable message.
Bien sûr, les journalistes, les médias et les intellectuels du système, cherchent la petite bête et, à coup, sûr la trouvent : un tel, prélevé dans la foule, tient une pancarte sur laquelle il dit être en relation avec la lumière, ce qui suffit pour déclencher des heures de parlottes sur les chaines d’infos pour savoir si l’entièreté des manifestants sont des fous, des débiles, des incultes, des crétins ou des abrutis… Un sociologue spécialisé de l’extrême gauche, comme il est dit sur son étiquette identitaire, se demande en bafouillant s’il s’agit de populisme, ou pas, ou pas trop, ou un peu, ou moyennement.
Du bout des lèvres, les maastrichtiens disent comprendre la colère avant d’inviter à voter pour leur candidat car le problème, selon eux, c’est qu’il n’y a pas encore assez de leur idéologie. Pécresse & Macron qui défendent cette vision du monde dont Marine Le Pen dit à mot couvert qu’elle n’est pas si mal que ça (son parti ne touche plus à l’euro, à Schengen, aux cours européennes de justice, aux traités, plus question de Frexit bien sûr…), ces trois-là, donc, présentés comme le trio de tête au soir du premier tour, jouent leur présence au deuxième tour dont l’issue fera qu’un candidat du système sera élu ce qui, bien sûr, ne résoudra pas le problème des Gilets jaunes dans leur version Convoi pour la liberté.
Car si les Provinces, la « ruralité » ou les « territoires » comme disent les maastrichtiens, qui n’osent pas « la jungle » ou « les ploucs », ont choisi de converger vers la capitale, Paris, puis vers Bruxelles, la capitale de notre ancienne capitale, c’est que ces néo-Gilets jaunes ont bel et bien compris le sens de l’histoire et identifié les lieux d’où partent leur misère.
Certes, les uns sont contre le passe vaccinal, d’autres contre les vaccins, ou bien encore contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre, c’est le sens des coagulations rebelles, des cristallisations colériques : quand on n’en peut plus, on fait flèche de tout bois. Or, ici, ce qui importe n’est pas le bois, mais la flèche.
Mais désigner Paris puis Bruxelles, c’est clairement affirmer un combat anti-maastrichtien : ce petit peuple sait d’où vient son malheur. Désigner la seringue ou le QR code, ainsi que procèdent ses ennemis, c’est regarder le doigt quand les humbles en colère montrent la lune.
Affaire à suivre, bien sûr…
Michel Onfray
Source : https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/l-ordre-maastrichtien-regne
vendredi 11 février 2022
Le «Convoi de la liberté», prémices d'un retour des Gilets jaunes ?
RT France
lundi 4 octobre 2021
mardi 27 juillet 2021
LE RETOUR DES GILETS JAUNES ? ( 24 Juillet, Pass Sanitaire, révolution... )
Ch. : être anti-vaxx n'est pas une tare a priori, tout dépend des arguments développés... et de ceux qu'on leur oppose. Il y a aussi matière à discussion (scientifique) sur les vaccins conventionnels. Vive le débat.... et vive la liberté avant tout.
lundi 26 avril 2021
samedi 20 février 2021
mardi 16 février 2021
Action des gilets jaunes devant le consulat de Suède à Bruxelles
Discours sur la mise en avant des mesures du gouvernement suédois par rapport aux mesures sanitaires prises en Belgique.