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dimanche 15 avril 2018

[Syrie - Chroniques du grand jeu] False flag III, le retour - MAJ & Premiers éléments de la scène du crime - MAJ / [Syria - Columns of the big game] False flag III, the return - updated & First elements of the scene of the crime - updated


14 Avril 2018 , Rédigé par Observatus geopoliticusPublié dans #Moyen-Orient#Etats-Unis#Russie


Vous en rêviez, vous l'attendiez, les coupeurs de tête modérés l'ont fait. Alors qu'ils se prennent une fessée prison-style à Douma, dernière enclave de la désormais quasi-reconquise Ghouta orientale, les djihado-takfiris si chers au système impérial US ont lancé leur dernier atout sur le tapis : "attaque chi-mi-que" crient-ils en coeur, bien que sans grande originalité. Il est vrai que les précédents de 2013 (déjà dans la même zone) ou de 2017 à Khan Cheikhoun nous ont vaccinés contre ce genre de comédie imbécile...
Ce que nous écrivions l'année dernière dernière n'a pas pris une ride :
Tout part de ce qui ressemble à un énième false flag barbu : le supposé bombardement chimique par l'aviation syrienne. Comme d'habitude, aucune preuve et aucun temps de réflexion - quel serait donc l'intérêt d'Assad de perpétrer ces attaques en un point non stratégique alors qu'il est en train de gagner la guerre et que l'administration américaine venait de lui donner un blanc-seing ? Ca n'a strictement aucun sens.
Cela a encore moins de sens aujourd'hui alors que 95% de la Ghouta a été reprise et que la réduction de la dernière poche de Jaish al-Islam n'est qu'une question de jours. Mais la journaloperie ne s'arrête évidemment pas à ce genre de détail tout comme elle ne rapportera jamais la découverte jour après jour de labos chimiques rebelles...
Sans surprise, les habituels trolls de l'empire - McCainistanIsraël - s'empressent d'éructer et de pousser à l'action contre l'ogre Assad, dévoreur de son peuple. Chose plus curieuse, les réactions de l'Arabie saoudite et de la Turquie sont relativement inverses de ce que l'on pourrait attendre. La première, pourtant marraine de Jaish al-Islam, se contente de condamner l'attaque chimique sans désigner de coupable et d'appeler à la résolution pacifique du conflit. Signe du rapprochement russo-saoudien de ces derniers temps ?
Par contre, le sultan semble tout prêt d'une nouvelle crise de nerfs, Ankara accusant Damas de crime de guerre. Malgré l'optimisme d'excellents sites (ici ou ici), on a quand même la légère impression que la réunion tripartite Erdogan-Poutine-Rohani d'il y a quatre jours n'a pas été un franc succès (durée largement raccourcie, dispute entre Iraniens et Turcs à propos d'Afrin...)
Outre les accusations téléguidées contre Damas à propos du false flag de la Ghouta, on sent plus généralement une certaine mauvaise volonté ottomane. Ainsi, le plan russe de transporter les restes de Jaish al-Islam de Douma au nord d'Alep, dans la zone contrôlée par Ankara, a été rejeté. Simple souhait de ne pas ajouter encore plus de chaos dans la région ou volonté délibérée de faire dérailler les négociations sur l'évacuation des barbus et la reconquête totale de la Ghouta par les loyalistes ? Seul l'avenir nous le dira mais il n'est pas impossible que nous assistions aux prémices d'une nouvelle dégradation des relations russo-turques. A suivre.
Pour le moment, tous les yeux sont braqués sur ce qui va se passer entre Washington et Moscou. Se faisant plus deepstatiste que le Deep State, Donaldinho a de nouveau endossé l'habit de Cretinho. Son hoquet twitterique contre "l'animal Assad et la Russie et l'Iran qui le soutiennent" nous fait venir à l'esprit les sages pensées de Michel Audiard sur un certain chef d'escadrille...
Il ne peut pas ne pas savoir que cette "attaque chimique" est une mauvaise farce. Pourquoi alors se griller avec ces déclarations incendiaires et infantiles ? Regagner en popularité intérieure, louvoyer avec l'Etat profond ? Ce qui importe, ce sont les actions à venir.
Assistera-t-on à un scénario à la Khan Cheikhoun, possible false flag au carré (quelques tirs de vieux Tomahawk au milieu de nulle part pour sauver la face) ? Ou les Follamour états-uniens vont-ils cette fois franchir le Rubicon et affronter la Russie en Syrie ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit et Moscou ne rigole plus désormais. Il y a un mois, l'état-major russe avait déjà averti qu'il répondrait à toute attaque américaine. Les forces russes sont en état d'alerte et le Ministère des Affaires étrangères s'est lâché contre la propagande occidentale et menacé une intervention US des "plus graves conséquences". Âmes sensibles, s'abstenir...
********** MAJ  10.04 **********
Ca chauffe. L'USS Donald Cook, destroyer armé d'une soixantaine de Tomahawk, est parti de Chypre et se dirige actuellement vers la Syrie. Mais il est harcelé par des avions russes qui le survolent à basse altitude et l'ont déjà "buzzé" semble-t-il.
Notons au passage que ce navire n'a pas de chance, ayant déjà été victime à plusieurs reprises des manoeuvres russes ces dernières années :
On se rappelle courant avril les vagues créées par la simulation d'attaque de l'USS Donald Cook, par deux Sukhois dans la Baltique. Pauvre Donald, il avait déjà été l'objet d'un curieux incident en mer Noire en 2014...
Un jet russe seulement équipé d'un dispositif de brouillage électronique avait semble-t-il totalement paralysé le système de défense du bateau, notamment le coûteux et sophistiqué dispositif Aegis sensé équiper tous les navires de l'OTAN.
Mais revenons à la Syrie. La réaction de l'état-major russe semble indiquer que nous ne nous trouvons pas cette fois dans une Comedia dell'Arte entre Trump et Poutine. Si Cretinho persiste à récompenser le false flag barbu et que Moscou répond, la situation peut vite déraper...
********** MAJ  11.04 **********
La tension grimpe encore d'un cran. La grande affaire de la journée aura été le fameux tweet matinal et infantile de Cretinho, commenté en long et en large et sur lequel il est inutile de revenir. S'il a ensuite mis de l'eau dans son coca light, le mal était fait. Comme Cortés sur la côte mexicaine, mais beaucoup moins intelligemment, il brûle ses bateaux dans un caprice de non-retour.
Le clown de la Maison Banche a certes fait plaisir au Deep State qui l'assiège mais il est désormais prisonnier de sa rhétorique et ne peut plus revenir en arrière. Il pousse également Poutine, qui avait promis le mois dernier de défendre y compris militairement ses alliés, à suivre le sentier de la surenchère. Aucun des deux ne peut plier, ce qui ouvre la voie à une dangereuse escalade.
C'est peut-être ce qu'a compris la journaloperie occidentale, soudain un peu moins va-t-en guerre que d'habitude. L'Immonde se fait curieusement moins vindicatif tandis que le Fig à rot donne la parole à l'excellente Galactéros qui résume parfaitement la situation :
Personne ne se demande pourquoi cette nouvelle attaque chimique arrive maintenant, au moment même où la Ghouta orientale repasse sous contrôle gouvernemental syrien et parachève sa reconquête territoriale, face à des groupuscules rebelles rivaux globalement en déroute et plus que jamais prêts à se vendre au plus offrant pour survivre et espérer compter ? Personne ne s'autorise à douter un instant, quand le ministre russe des affaires étrangères rapporte que les observateurs du Croissant rouge syrien envoyés sur place n'ont rien vu ressemblant à une attaque ? (...) À qui profite le crime ? C'est cette vieille question, mais toujours pertinente, qui paraît désormais indécente.
C'est aussi ce qu'affirme, entre autres, un ancien ambassadeur de France et que le fidèle lecteur du blog sait depuis longtemps. De fait, même Mattis semble quelque peu hésitant, comme le montre l'incroyable dépêche suivante :
Le ministre américain de la Défense Jim Mattis s'est déclaré aujourd'hui "prêt" à présenter des options militaires au président Donald Trump en représailles à l'attaque chimique présumée en Syrie.
Il a néanmoins souligné que les Etats-Unis étaient "encore en train d'évaluer" les informations sur cette attaque pour pouvoir en faire assumer la responsabilité au président Bachar el-Assad.
Traduction : on ne sait pas qui a fait le coup mais on bombarde quand même Assad ! Les psychiatres du futur se pencheront avec délice sur la folle hystérie des dirigeants occidentaux... Car Cretinho n'est pas seul, suivi qu'il est dans sa psychose par le micro-Jupiter de l'Élysée, qui pleurniche tout de même sur le possible retour de flamme et fait tout pour rassurer Moscou : ce n'est surtout pas vous ni vos alliés que nous bombarderons. Prodigieux...
Quant à May, après quelques heures d'hésitations, elle est prête à suivre les deux guignols précités dans l'aventure, sans même consulter son parlement. Par contre, chose intéressante, Merkel s'est fait étonnamment discrète ces derniers jours.
A Ankara, le pouvoir sultanesque sent peut-être qu'il a été trop loin et semble prendre un peu peur devant la tournure des événements, appelant Américains et Russes à "cesser leur bagarre de rue". A noter toutefois que le ministre des Affaires étrangères a repris son laborieux discours sur le méchant Assad "responsable d'un million de morts". Cette éruption (cutanée ?) a sans doute été dûment notée à Moscou.
Puisqu'on en parle, Poutine a téléphoné à Bibi la terreur pour le mettre en garde contre toute "action déstabilisatrice en Syrie" après les menaces de Tel Aviv contre Assad si les Iraniens attaquaient depuis le territoire syrien. Car c'est bien en guerre régionale que pourrait déboucher ce false flagbarbu, et le Hezbollah nouvellement équipé serait évidemment de la fête (Haïfa risque de sentir l’ammoniac pendant un certain temps...)
Mais c'est d'abord vers les deux grands que se tournent tous les regards. Les Américains disent passer en revue leurs options, mais celles-ci paraissent assez limitées : tirs de missiles depuis la mer sur des cibles secondaires où les Russes ne sont pas présents. L'ours, lui, montre les crocs. Après avoir "buzzé" l'USS Donald Cook, la Russie a réussi à brouiller, de manière "très sophistiquée" (dixit des responsables US), les communications des drones américains de surveillance survolant la Syrie. Par ailleurs, onze navires sont partis du port de Tartous pour effectuer des "exercices" en mer, dans la zone même d'où pourrait partir l'attaque américaine. Ambiance, ambiance...
********** MAJ  12.04 **********
Pendant que les vassaux français et britanniques de l'empire bavent d'envie de lancer leurs trois missiles et demi sur la Syrie, Washington semble soudain prendre du recul.
Dans la grande lignée de Flamby Ier, Micron nous assure sans rire qu'il a les preuves de l'implication du gouvernement syrien dans l'attaque chimique. On ne lui demandera pas d'où elles viennent, il ne doit pas le savoir lui-même... A Londres, la Thérèse du mois de May ne prend pas ces pincettes, pressée qu'elle est d'éviter un débat au Parlement après son formidable retournement de veste - mardi : "nous avons besoin de plus de preuves sur ce qui s'est vraiment passé" ; mercredi : c'est Assad, il faut le bombarder !


L'empressement juvénile (visite saoudienne, lobby israélien ?) des deux bouffons de l'empire contraste avec les informations qui nous parviennent d'outre-Atlantique. Après son pet du cerveau twitterique d'hier, le Donald semble s'être quelque peu calmé, sans que l'intervention confuse de l'occupant de la Maison Blanche ne présage d'ailleurs de la réalité d'une possible intervention US : "Je n'ai jamais dit quand aurait lieu une attaque en Syrie, ça peut être bientôt ou pas".
Plus intéressant encore est l'aveu de Mattis, un pragmatique peu va-t-en guerre celui-là, devant le Congrès américain :
"Nous n'avons pas de troupes engagées sur place, je ne peux pas vous dire que nous avons des preuves sur l'attaque chimique, même si nous avons des pistes via les médias et les réseaux sociaux [!] que de la chlorine ou du sarin a été utilisé".
A en tomber par terre... Ne vous attendez évidemment pas à en lire une ligne dans la presstituée officielle.
Tout ceci explique sans doute pourquoi, alors que Londres et Paris se fourvoient dans le ridicule, l'Allemagne et l'Italie ont refusé de participer à la mauvaise farce. Quant au sultan, dont l'économie en crise a bien besoin du nombre record de touristes russes prévu cette année, il opte pour faire marche arrière la queue entre les jambes, appelant à la retenue (ce qui ne manque pas de sel venant de sa part) et refusant de prendre parti entre les deux grands :
"Nous sommes mal à l'aise à l'idée que certains pays confiants dans leur puissance militaire ont transformé la Syrie en arène de bras de fer [l'hôpital qui se fout de la charité, soit dit en passant]. Nous n'avons pas l'intention de renoncer à notre alliance avec les Etats-Unis ou à notre relation stratégique avec la Russie, que nous avons formée dans un large éventail de domaines comme l'énergie, la sécurité ou le travail commun sur les problèmes régionaux, avec l'Iran également. Nos relations avec des pays comme la Russie, l'Iran ou la Chine ne sont pas une alternative à nos relations avec l'Occident, elles sont complémentaires."
Encore un peu et on aurait la larme à l'oeil devant le coup de mou d'Erdogollum... Les Iraniens, eux, ne connaissent pas ce genre de baisse de tension et Téhéran a averti Israël dans des termes sans ambiguïté - "Tel Aviv et Haïfa seront détruites" - en cas de "stupide intervention" israélienne. Ces menaces valent ce qu'elles valent - implication du Hezbollah ? - mais elles ajoutent à l'ambiance...
Quant aux Russes, leurs radars sont prêts et, comme rapporté hier, leurs navires voguent au plus près de la zone d'où partirait l'éventuelle attaque impériale.



********** MAJ  13.04 **********
Le ballon d'essai chimique est-il en train de se dégonfler ? Ca en prend en tout cas le chemin si l'on en croit des sources russes qui ont descendu la probabilité d'affrontement de 90% à 50%. On avait déjà vu hier que Mattis et l'appareil militaire US n'étaient pas très chauds pour une intervention, contrairement au néo-con néo-conseiller à la Sécurité, le nommé Bolton. Où l'on retrouve la lutteentre le "trumpisme" et le Deep State dans l'administration américaine...
Quant au micronscopique occupant de l’Élysée, il semble réaliser qu'il s'est embarqué dans une drôle de galère et demande soudain "plus de dialogue" avec la Russie. Poutine l'a gentiment rabroué :
« Avant l'achèvement de l'enquête, il est conseillé d'éviter les accusations infondées contre quiconque. Mais l'essentiel est de s'abstenir de toute action irréfléchie et dangereuse, qui constituerait une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et aurait des conséquences imprévisibles. »
Car les Russes sont maintenant tout feu toute flamme et, par la voix de Lavrov relayée ensuite par l'état-major russe, accusent formellement les Britanniques d'avoir monté la false flag de Douma :
« Nous avons des preuves irréfutables qu'il s'agissait d'une autre mise en scène, et que les services spéciaux d'un Etat qui est en première ligne de la campagne russophobe ont participé à la mise en scène.
On a dit aux Casques blancs que du 3 au 6 avril, les combattants de Jaïch al-Islam lanceraient une série de tirs d'artillerie sur Damas. Cela provoquerait une réaction des forces gouvernementales que les Casques blancs devaient utiliser pour mettre en place cette provocation.
Nous disposons d'interviews de personnes ayant directement participé au tournage des vidéos et qui ont raconté en détail comment ont eu lieu les prises de vue et à quels épisodes ils ont participé. »
La presstituée de Sa Graisseuse Majesté en est muette de stupeur quand elle ne coupe pas carrément la parole à ceux qui pourraient mettre en doute le script écrit par les barbus. Dernière victime en date, l'ancien commandant en chef des forces britanniques en Irak, prié par la bimbo de service d'aller se faire cuire un oeuf quand il mettait en doute la culpabilité d'Assad :
Quand on sait que Jaish al-Islam a été financée par Londres et que les Casques blancs ont été crées par un ancien officier british, l'affaire prend du sens. Chose amusante, le groupe islamiste saoudo-anglais a maintenant quitté la Ghouta entièrement libérée pour l'Idlibistan, où il est cordialement détesté par tous les autres "rebelles", à commencer par Tahrir al-Cham et Ahrar al-Cham. La guerre inter-barbue fera rage et il serait du plus grand comique qu'Al Qaida venge Assad en éliminant Jaish al-Islam. Les Dieux sont facétieux...
source : 

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2018/04/false-flag-iii-le-retour.html

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Premiers éléments de la scène du crime - MAJ

15 Avril 2018 , Rédigé par Observatus geopoliticus

Contrairement à nos prédictions d'hier, le système impérial est donc passé outre toute décence et a récompensé le false flag barbu par une salve de missiles sur la Syrie.
Il est encore trop tôt pour analyser en détail les tenants et les aboutissants de l'affaire susceptible d'embraser (ou pas) le Moyen-Orient voire plus si affinités, mais nous pouvons déjà faire quelques constats.
  • Les cibles sont insignifiantes
D'après les premiers rapports, seuls trois endroits ont été touchés : des centres de recherche et/ou usines prétendument chimiques. Immédiatement, une question surgit que ne semble pas s'être posée la presstituée : si ces centres contenaient des composants chimiques, comment se fait-il qu'aucune émanation toxique ne se soit répandue ? Réponse évidente : ils étaient vides et le programme chimique syrien n'existait pas.
Les barbus modérément modérés sont, eux, dépités.et crient au scandale. S'ils s'attendaient à être aidés par les frappes américaines, ils en ont été pour leurs frais. Pas étonnant qu'ils qualifient toute cette affaire de "farce" tandis que les gens dansent dans les rues de Damas.
On aurait donc assisté à un nouveau false flag au carré après la tragi-comédie de l'année dernière, Trump jouant les gros durs pour finalement détruire deux hangars désaffectés et une cafétéria? C'est la conclusion que tirent plusieurs observateurs. Sauf que... 
  • La défense russe
Selon l'état-major russe, 71 missiles sur 103 ont été interceptés, soit 68% (à comparer avec les 61% de Khan Cheikhoun l'année dernière). L'ours est donc bien intervenu et a chopé la majorité des projectiles entre ses crocs [MAJ : en réalité par la défense syrienne bien aidée par les Russes qui n'ont même pas eu besoin de mettre en branle leurs S-400].
Ces missiles se dirigeaient bien sur des bases et ont été détruits en vol par les Russes : Dumayr 12/12, Blay 18/18, Chayrat 12/12, Duvali 4/4 etc. On est loin alors d'une opération de relations publiques du Donald envoyant ses Tomahawk sur des endroits sans importance pour les beaux yeux de la ménagère de moins de 50 ans.
  • Les inspecteurs de l'ONU
Coïncidence que n'a évidemment pas relevé la journaloperie au garde-à-vous, ces attaques interviennent au moment même où les inspecteurs de l'OIAC prennent le chemin de Damas afin d'enquêter sur la supposée attaque chimique de Douma. Moscou a beau jeu de dire que les trois clowns ont voulu intimider la mission onusienne. Sans succès, celle-ci devant continuer son périple.
  • Les réactions
Sans surprise, les alliés de la Russie (Chine, Iran etc.) ainsi que les oppositions britanniques et françaises condamnent frappes tandis que les vassaux de l'empire s'en réjouissent, quoique le résultat de l'opération va vite les faire déchanter. Le retournement de veste turc ne passera sans doute pas inaperçu à Moscou et ouvrira peut-être les yeux de Poutine sur la folie de vendre des S-400 à Ankara. Comment avoir un seul instant confiance en la girouette sultanesque ? Bien plus logique est de fournir des S-300 à la Syrie, ce que le Kremlin considère maintenant sérieusement.
**********Mise à jour 1**********
Le trio clownesque a beau s'auto-congratuler devant les caméras, l'empire a en réalité passé une bien mauvaise nuit.
D'abord, la piètre performance occidentale se confirme : même l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme, officine londonienne pourtant férocement anti-Assad, confirme qu'au moins 65 missiles ont été interceptés.
C'est donc la défense anti-aérienne syrienne, bien aidée par l'expertise et les radars russes il est vrai, qui a fait le boulot toute seule, comme une grande, avec du vieux matériel, les S-300 et S-400 de l'ours restant dans leur silo. Le crash du F16 israélien n'était qu'un prémisse : le ciel syrien devient une zone bien dangereuse pour les téméraires qui s'y aventurent.
Au Pentagone, ça doit être la soupe à la grimace. Si les Russes ont pu faire tomber du ciel les deux-tiers de la salve américaine en passant simplement leurs infos radar aux Syriens, qu'est-ce que ça sera quand ils sortiront les S-400 de leur tube...
Diplomatiquement, ce n'est pas beaucoup mieux. Après la Chine, l'Iran, le Liban et plusieurs autres pays, l'Irak condamne à son tour l'attaque du trio infernal. L'Italie refuse catégoriquement de participer à toute frappe future, l'opposition et l'opinion britanniques sont vent debout contre la décision de l'allumée du 10 Downing Street, le principal parti d'opposition turc critique les frappes et met carrément en doute la réalité de l'incident chimique de Douma.
Quant aux alliés, ils en sont pour leurs frais. Sur le terrain, les saoudisés de Jaish al-Islam sont "indignés" (les pauvres chéris...) et parlent de "farce". Ils vont maintenant devoir se coltiner leurs frères en barbe et néanmoins ennemis de l'Idlibistan. Tuez-vous tous, Dieu reconnaîtra les siens... Bibi la terreur, lui, craint maintenant que Poutine limite beaucoup plus drastiquement la liberté d'action israélienne en Syrie.
Source : 
http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2018/04/premiers-elements-de-la-scene-du-crime.html

jeudi 26 janvier 2017

Divide ut regnes, Ordo ab chaos... Il devient urgent de penser à la paix. Michel Collon propose une grille d'analyse pouvant inspirer un mouvement de paix qui ne divise pas mais rassemble / Divide ut regnes, Ordo ab chaos... It becomes urgent to think for the peace. Michel Collon proposes a railing of analysis which can inspire a peace movement which does not divide but gathers

Ci-dessous, un pack de 4 vidéos indissociables. Recommandé à tous ceux qui refusent de stigmatiser les déplorables... ou les bobos, à tous ceux qui croient en la pertinence des propos de Michel Collon, à tous ceux qui pensent que le danger de guerre totale est une réalité possible et imminente.

A relayer sans modération.

Christophe


1. Un spectacle haut en couleurs : Big joe, l'Afro-américain, a priori sympa, sincère voire émouvant défend trump avec tout son coeur... au coeur d'une manif manifestement anti-trump. Acteur ou non, il porte la parole d'une grosse partie de l'Amérique. Au passage, admirez la tête du "journaliste-fouteur-de-merde", heureux du "débat" qui s'installe. 




2. Michel Collon, l'homme de la situation, l'homme providentiel (oufti oui je sais c'est dangereux, ça ne peut pas exister). Ah si ce brave Big joe et tous ces braves manifestants pouvaient prêter attention à ce qui suit, il ne faudrait pas grand chose pour qu'ils s'embrassent et s'allient...




3. Pour parfaire le travail



4. Un zeste de Mélenchon aussi (en espérant qu'il n'appelle pas à voter Macron au deuxième tour)

... quelques clés de compréhension à propos de Trump, de la Russie et de la Chine à 4'28"  by himself




5. Un long texte pour considérer la géopolitique sous l'angle d'un grand jeu   

http://www.revueconflits.com/le-nouveau-grand-jeu-bonus/

6. Et dans la continuité de ce grand jeu, cet article de Pepe Escobar 

Ce que nous réserve la nouvelle administration Trump

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 19 janvier 2017 – Source Sputnik News

La nouvelle ère Trump s’amorce. Attendez-vous très bientôt à toute une série de rebondissements géopolitiques et géo-économiques imprévisibles.

J’ai soutenu que la stratégie déployée par Henry Kissinger, le gourou de Trump en matière de politique étrangère, pour contrer le redoutable trio favorisant une intégration eurasienne (Russie, Chine et Iran), est une version remixée du classique Diviser pour régner, en séduisant la Russie pour l’éloigner de son partenariat stratégique avec la Chine, tout en continuant de harceler l’Iran, le maillon le plus faible du trio.

C’est ce qui se joue d’ailleurs, comme les débordements de certains des membres du cabinet proposé de Trump le démontrent, lorsqu’ils comparaissent devant le Sénat des USA. Dans le royaume du baratin, certaines factions rappellent justement la politique chinoise de Nixon, conçue par Kissinger, en se disant très emballés par la perspective de pouvoir contenir au moins une de ces puissances « susceptibles de se liguer contre les USA ».

Kissinger et le Dr. Zbig « Grand échiquier » Brzezinski sont les deux plus grands dalangs (maîtres de marionnettes) occidentaux autoproclamés de l’arène géopolitique. Par opposition à Kissinger, Brzezinski, le mentor d’Obama en matière de politique étrangère, fidèle à sa russophobie, propose une politique de diviser pour régner misant sur la séduction de la Chine.

Cela dit, après avoir examiné ma thèse, une source influente du milieu des affaires de New York, très proche des véritables Maîtres de l’Univers au demeurant discrets, qui a correctement prédit la victoire de Trump des semaines à l’avance, a été cinglante à l’endroit de ces précieux dalangs. Mais elle s’est surtout proposée d’expliquer en détail comment les Maîtres de l’Univers ont exposé la nouvelle normalité directement à Trump. Appelons-la « X ».

La Chine sous haute surveillance

« X » commence par dire ce que les porte-parole habituels de l’État profond aux USA, qui vénèrent leurs idoles, n’osent jamais affirmer, du moins en public : « Il est important de ne pas donner trop de poids à Kissinger ou à Brzezinski, qui ne sont que des façades pour ceux qui prennent les décisions, et dont le rôle consiste à recouvrir ces décisions d’une patine d’intellectualité. Leur contribution ne signifie pas grand-chose. J’utilise leurs noms à l’occasion, car je ne peux nommer ceux qui rendent vraiment les décisions. »

C’est à partir de là que « X » définit la nouvelle normalité : « Trump a été élu avec le soutien des Maîtres, pour qu’il penche la balance en faveur de la Russie. Les Maîtres ont leurs pions dans les médias et au Congrès, qui poursuivent une campagne de dénigrement contre la Russie. Ils disposent aussi de leur marionnette Brzezinski qui s’en prend également à la Russie, en déclarant que ‘l’influence mondiale des USA dépend de sa coopération avec la Chine’. L’objectif est de forcer la Russie à coopérer et à placer ses jetons en faveur de Trump à la table des négociations. C’est la technique du bon flic et du méchant flic. Donald est perçu comme le bon flic qui souhaite de bonnes relations avec la Russie, tandis que le Congrès, les médias et Brzezinski jouent le rôle du mauvais flic. On aide ainsi Trump dans ses négociations avec la Russie, Poutine étant conscient de la position ‘précaire’ de son ami, ce qui devrait l’amener à faire des concessions majeures comme on dit. »

Ce qui nous amène à parler de la façon dont Taïwan – et le Japon – se sont retrouvés dans le bain. « En parlant aux Taïwanais, Donald montre aux Russes que son virage, c’est du sérieux. Mais on a décidé de mettre aussi le Japon dans le bain, en tant que prédateur s’en prenant à l’industrie américaine, par une attaque contre Toyota, bien méritée d’ailleurs. C’est que les Maîtres ont jugé plus prudent de modérer la position, par crainte que notre renforcement du Japon contre la Chine ne soit perçu comme une trop grande provocation. »

Il faut donc s’attendre à ce que la Chine, comme l’a prévu Kissinger, à qui « il est important de ne pas trop donner de poids », demeure constamment sous haute surveillance : « Les Maîtres ont décidé de réindustrialiser les États‑Unis et veulent ramener les emplois de Chine. Ce qui est souhaitable du point de vue des Chinois, car pourquoi vendraient-ils le fruit de leur travail aux américains, pour un dollar qui n’a pas de valeur intrinsèque en n’obtenant pratiquement rien en retour? Chaque travailleur chinois devrait avoir une voiture dans son garage et la Chine va devenir un plus grand producteur de voitures que l’UE, les USA et le Japon réunis. Sa richesse, la Chine la gardera à l’intérieur de son territoire. »

Pourquoi la Chine plutôt que la Russie? « La Russie étant un pays de ressources naturelles, qui possède un complexe militaro-industriel gigantesque (la seule raison pour laquelle on la respecte secrètement), elle n’est pas engagée dans des pourparlers commerciaux difficiles, car elle n’exporte pratiquement rien d’autre que des ressources naturelles et du matériel militaire. Les Maîtres veulent ramener les emplois délocalisés du Mexique et d’Asie (Japon, Taïwan, etc.), comme l’a démontré la sortie de Trump contre le Japon. La principale raison sous-jacente est que les USA ont perdu le contrôle des mers et ne sont pas en mesure de sécuriser leurs composantes militaires, en cas de guerre majeure. Cette réalité indéniable dissimulée à l’arrière-scène est tout ce qui importe désormais. »

En quelques mots seulement, « X » décrit l’inversion d’un cycle économique : « Les Maîtres ont empoché de l’argent du transfert des industries en Asie (Bain Capital en a fait sa spécialité) et Wall Street a fait pareil en profitant des taux d’intérêt plus bas sur les capitaux recyclés des déficits commerciaux. La question est maintenant devenue stratégique et ils vont faire de l’argent en misant sur le retour des industries qui réduiront leurs investissements en Asie pour les ramener aux États‑Unis, où nous reconstruisons la capacité de production. »

« X » est un adepte de la stratégie commerciale d’Henry Ford et c’est ce qui le motive à parler de ce thème crucial qu’est la défense nationale. D’après lui, « Ford a doublé les salaires qu’il payait et a fait plus d’argent que n’importe quel autre fabricant. La raison en était que le salaire de subsistance du mari permettait à la mère d’avoir de nombreux enfants, ce qui était psychologiquement bon pour la productivité dans ses usines automobiles, tout en permettant à ses employés d’avoir les moyens d’acheter ses voitures. Il a ainsi reconnu que dans la société, il doit y avoir une distribution équitable de la richesse, ce que Steve Jobs, qui l’admirait, n’a pas su faire. »

« La productivité de masse de Henry Ford était une merveille, et c’est ce qui a permis aux États‑Unis de gagner la Seconde Guerre mondiale. Amazon ne contribue en rien à la défense nationale, car il n’assure qu’un service de marketing sur Internet basé sur des programmes informatiques, pas plus que Google d’ailleurs, qui ne fait que mieux organiser les données. Aucun des deux ne contribue autrement que de façon bien négligeable à construire un meilleur missile ou sous‑marin. »

C’est le Pentagone qui compte

Tout se rapporte donc à la réorganisation de l’appareil militaire des USA. « X » est revenu sur ma référence à un rapport du CNAS, que j’avais cité dans mon article initial : « Ce qui ressort d’entre ces lignes est très important. C’est que nous sommes en sérieuse difficulté, car nos armements accusent un retard technologique de plusieurs générations par rapport à la Russie, ce qui va dans le sens de la déclaration de Brzezinski, selon laquelle nous ne sommes plus une puissance mondiale. »

Voici une analyse exhaustive et approfondie de la façon dont la Russie a réussi a mettre en place la meilleure force armée du monde. D’autant plus qu’elle ne tient même pas compte du système de défense antimissile S‑500, qui est en train d’être déployé et qui scellerait l’espace aérien de la Russie au grand complet. La prochaine génération (S‑600?) promet d’être encore plus performante.

« X » ose aussi aborder un sujet tabou de l’État profond, à savoir comment la Russie, au cours de la dernière décennie, est parvenue à devancer les USA, au point de lui avoir « ravi le titre de plus grande puissance militaire ». Mais la partie est loin d’être terminée, qu’on ait affaire ici à des vœux pieux ou non : « Nous espérons que le secrétaire à la Défense James Mattis comprendra cela et que le sous‑secrétaire à la Défense possède les compétences en technologie de pointe, la capacité organisationnelle et la clairvoyance qu’il faut pour comprendre que les armes de la Troisième Guerre mondiale, ce sont les missiles offensifs et défensifs et les sous‑marins, et non pas la puissance aérienne, les blindés et les porte‑avions. »

Réaliste, « X » reconnaît que les néocons et les néolibéraux-cons, qui représentent la majorité des factions de l’État profond aux USA, tiennent au statu quo belliciste et n’abandonneront jamais leur hostilité acharnée à l’endroit de la Russie. Mais il préfère parler de changement : « Laissons Tillerson réorganiser le département d’État en améliorant son efficience à la Exxon. Il pourrait faire ses preuves à cet égard. Lui et Mattis se sont peut-être dégonflés, mais s’ils avaient dit la vérité au Sénat, ils auraient risqué de ne pas être confirmés à leur poste. Ce qu’ils ont dit n’a ainsi aucune importance. Mais il faut noter ceci à propos de la Libye. La CIA avait pour but d’éloigner la Chine de l’Afrique, tout comme l’AFRICOM. C’était un des secrets de notre intervention en Libye. »

On ne peut pas dire que cela a fonctionné. L’OTAN et l’AFRICOM ont fait de la Libye une terre désolée sous la coupe des milices et la Chine n’a pas encore quitté le reste de l’Afrique.

« X » reconnaît aussi ceci : « La Syrie et l’Iran sont des lignes à ne pas franchir pour la Russie. Tout comme l’est de l’Ukraine à partir du Dniepr. » Il est pleinement conscient que Moscou n’autorisera aucun stratagème de changement de régime à Téhéran. Il sait aussi que « les investissements chinois dans le pétrole et le gaz naturel iraniens font en sorte que la Chine ne permettra pas à Washington de renverser le gouvernement iranien. »

Les choses se corsent vraiment lorsqu’il est question de l’OTAN. « X » est convaincu que la Russie « va envahir la Roumanie et la Pologne, si les missiles en Roumanie ne sont pas retirés et si la Pologne ne renonce pas à son engagement d’en déployer. Ce qui est en cause, ce ne sont pas les missiles défensifs inefficaces des USA que l’on compte placer dans des silos, mais plutôt leur substitution par des missiles nucléaires offensifs. La Russie ne tolérera pas pareil risque. Cette question n’est pas négociable. »

Contrairement au parti de la guerre aux USA, pour qui la « menace perpétuelle » fait l’objet d’une propagande perpétuelle, Moscou observe la réalité sur le terrain depuis les années 1990 : le démantèlement de l’allié slave historique qu’est la Serbie; l’annexion à l’OTAN des pays du pacte de Varsovie et d’anciennes républiques soviétiques, sans oublier les tentatives d’y inclure aussi la Géorgie et l’Ukraine; la multiplication des révolutions de couleur par les USA; le fiasco du « Assad dégage », un changement de régime qu’on voulait imposer à la Syrie, en armant notamment des salafo-djihadistes; l’imposition de sanctions économiques; la guerre des prix du pétrole et les raids sur la valeur du rouble; et le harcèlement incessant de l’OTAN.

« X », qui est bien conscient de ces faits, ajoute ceci : « Les Russes ont toujours voulu la paix. Mais ils n’entreront pas dans le jeu des Maîtres de l’Univers, faisant de Trump le bon et le Congrès, la CIA et ainsi de suite le méchant, en tant que stratagème de négociation. C’est ainsi qu’ils voient les choses. Ils ne considèrent pas tout ce cirque comme réel. »

Le cirque ne pourrait être qu’une illusion, ou encore du wayang, un théâtre de marionnettes balinais, comme je l’ai suggéré. « X » y va d’une interprétation limpide du jeu de l’ombre qui se dessine du point de vue de Moscou, en laissant passer « plusieurs mois, pour voir si Poutine peut parvenir à une détente avec Trump qui entraînera la création d’une Ukraine orientale autonome, la signature d’un traité de paix en Syrie en laissant Assad en place, et le retrait des forces de l’OTAN derrière leurs lignes de défense établies sous Ronald Reagan. »

Qui aura le dessus? Les Maîtres de l’Univers ou l’État profond? Attendez-vous à des secousses.

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009), Empire of Chaos (Nimble Books) et le petit dernier, 2030, traduit en français.


Traduit par Daniel, édité par Diane, relu par nadine pour le Saker Francophone

source : http://lesakerfrancophone.fr/ce-que-nous-reserve-la-nouvelle-administration-trump