Par le Saker – Le 19 septembre 2017 – Source The Saker
http://lesakerfrancophone.fr/lettre-a-mes-amis-americains
Introduction par le Saker
À l’occasion de mon évacuation de Floride provoquée par le cyclone, j’ai eu le plaisir de rencontrer quelques bons amis (émigrés russes blancs et juifs américains se considérant américains), pas tout à fait convaincus par la propagande officielle des États-Unis, et qui se voient sincèrement comme des libéraux, progressistes et anti-impérialistes. Bien qu’étant de braves gens, décents et sincères, il leur est arrivé d’exprimer au cours de notre conversation des opinions tout à fait contradictoires avec celles qu’ils professent.
Après avoir rédigé cette lettre qui leur est destinée, j’ai réalisé qu’il existe peut-être beaucoup d’autres personnes dans le monde qui tentent, comme je le fais, d’ouvrir les yeux d’autres personnes sincères mais totalement fourvoyées quant à la nature de ce qu’est un Empire. Je partage cette lettre dans l’espoir qu’elle soit utile à d’autres et leur fournisse quelques arguments appréciables dans leur effort pour éclairer leurs amis et leur famille.
Chers amis,
Au cours de notre conversation, vous avez affirmé ce qui suit ;
Les États-Unis ont absolument besoin d’une armée.
Une des raisons de cette nécessité se trouve dans l’existence de régimes comme celui de la Corée du Nord.
Les États-Unis ont un droit indiscutable à l’intervention extraterritoriale, pour des raisons a) pragmatiques et b) morales.
Les États-Unis ont « sauvé l’Europe » grâce a leur intervention pendant la Seconde Guerre mondiale et ont acquis, ce faisant, le droit moral de « protéger » d’autres amis ou alliés.
Les Alliés (URSS, USA, Grande-Bretagne) étaient moralement supérieurs aux nazis.
Les Américains ont apporté à l’Europe la paix, la prospérité et la liberté.
D’éventuelles erreurs ne peuvent remettre en question ce droit d’intervention.
Je crois pouvoir démontrer que ces sept affirmations sont erronées, qu’elles sont fondées sur des postulats absolument faux, et je me propose de le faire au moyen du bon sens et de faits indiscutables.
Mais en premier, il me faut évoquer la maxime « connais-toi toi-même », car c’est, je crois, un point fondamental de la discussion. Malgré toutes nos différences il y a je pense un certain nombre de choses que vous accepterez comme des vérités axiomatiques, comme par exemple le fait qu’Allemands, Russes, Américains ou autres sont d’une intelligence à peu près équivalente. Ou que leur capacité de réflexion, de pensée critique, ou leur aptitude à investiguer, ou leur niveau d’éducation, sont à peu près comparables. N’est-ce pas ? Cependant, vous admettrez avec moi que sous le régime nazi les Allemands furent efficacement soumis à la propagande et que sous le régime soviétique les Russes furent tout aussi efficacement subjugués par leur propre machine de propagande. N’est-ce pas ? Quelle raison avez-vous de croire que nous sommes plus malins, ou meilleurs, que ces Allemands et ces Russes bien soumis, et que si nous avions été à leur place nous aurions aussitôt décelé la vérité cachée par tous les mensonges ? Serait-il possible que nous, aujourd’hui, soyons incapables de reconnaître les mensonges dont on nous nourrit ?
De même, on ne peut nier que l’histoire de la Seconde Guerre mondiale a été écrite par les vainqueurs de cette guerre. Ceci est vrai pour toutes les guerres – les régimes vaincus n’ont pas l’occasion de présenter leur propre version de l’histoire. Si les nazis avaient été victorieux, on nous aurait servi une version totalement différente des événements. Et, ce qui est d’une importance cruciale, si les nazis avaient remporté ce conflit, il n’y a aucune raison de penser que le peuple allemand se serait montré sceptique au sujet de la version qui aurait été enseignée dans les écoles. Et de plus, j’affirme que le peuple allemand dans son ensemble se serait considéré comme un peuple libre, dirigé par un régime bénéfique.
Vous en doutez ?
Pensez au nombre d’Allemands qui ont déclaré n’avoir jamais réalisé à quel point le régime nazi était maléfique. Même la secrétaire personnelle d’Hitler, Traudl Junge, a utilisé cette excuse pour justifier le fait d’avoir travaillé de nombreuses années avec lui, et d’avoir eu tant d’affection pour lui. Il existe une expression américaine qui dit « mon siège est fait, c’est là que je me situe ». (Where I sit is where I stand, expression intraduisible, NdT) Bien, laissez-moi vous poser la question : où nous situons-nous ? et pouvons-nous être certains que nos opinions ne sont pas déterminées par ce facteur (que ce soit géographiquement, politiquement, socialement ou même professionnellement) ?
Vous pouvez m’opposer que toutes les victimes du régime nazi seraient tout à fait capables de présenter leurs témoins aux Allemands et aux Trundl Junge de ce monde. Et bien non, bien sûr : les morts ne parlent pas beaucoup, et les tortionnaires rarement (surtout s’ils risquent de finir à l’état de cadavre). Il y aurait certainement une foison de dissidents et d’activistes politiques connaissant la vérité, mais la vérité consensuelle sous un régime nazi victorieux serait qu’Hitler a libéré l’Europe du joug des hordes judéo-bolchéviques et des capitalistes anglo-maçonniques.
Ceci n’est pas un phénomène exclusivement allemand, d’ailleurs. Considérez la population russe actuelle : elle comporte plus de descendants d’exécuteurs que de descendants d’exécutés, ce qui n’est pas vraiment une surprise puisque les morts ne se reproduisent pas. Le résultat en est que l’historiographie russe moderne tend à être plutôt déformée en faveur de l’apologie des crimes et des atrocités commis par les Soviétiques. Ce qui jusqu’à un certain point est plutôt bénéfique parce que cela agit comme antidote à des décades de propagande US anti-soviétique, mais cela va régulièrement un peu trop loin, ce qui a pour conséquence de minimiser le véritable coût humain de l’expérience bolchévique en Russie.
Comparons donc les États-Unis avec l’Allemagne et la Russie dans ce contexte.
La plupart des Américains se fient à la version de l’histoire présentée par leur propre « courant d’opinion majoritaire ». Et pourquoi donc ? En quoi leur situation est-elle objectivement différente de celle dans laquelle se trouveraient les Allemands sous un Troisième Reich victorieux ? Notre scénario de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale a été effectivement rédigé par les vainqueurs, lesquels avaient tout intérêt à diaboliser l’équipe d’en face (nazis et Soviétiques) et à nous offrir une histoire héroïque de libération. Et c’est là que réside la question qui devrait hanter nos nuits : et si nous étions nés, non pas Russes et juifs après une défaite nazie, mais Allemands après une défaite des Alliés de la Seconde Guerre mondiale ? Aurions-nous trouvé le scepticisme et le courage de mettre en doute les mythes inculqués depuis notre naissance ? Ou serions-nous devenus de bons petits nazis adeptes de la pensée double, fiers et heureux d’avoir vaincu les hordes judéo-maçonniques et les capitalistes anglo-maçonniques ?
Oh bien sûr, Hitler considérait que les juifs étaient des parasites qu’il fallait exiler, puis par la suite exterminer, et que les Russes étaient des sous-hommes qu’il fallait mettre au travail pour le compte de la Race Germanique des Maîtres, et dont il fallait exterminer l’intelligentsia. Il n’est pas étonnant que ni juifs ni Russes ne soient très enthousiastes quant à ce genre de postulat raciste. Mais en vérité, nous pouvons être des humains avant d’être juifs ou russes, et nous pouvons comprendre que ce qui est mauvais pour nous ne l’est pas forcément pour d’autres. Certes, Hitler était une calamité pour les juifs et les Russes, mais était-il vraiment néfaste pour les Germains « purs » (Aryens germaniques) ? Et, ce qui plus important, si nous étions nés en tant que Germains purs, nous serions-nous beaucoup soucié des juifs et des Russes ? Je l’espère, mais j’en doute. Je n’ai pas souvenir que nous ayons versé beaucoup de larmes à propos du plurigénocide (un mot de mon invention désignant un phénomène unique : le génocide de toutes les ethnies d’un continent entier) des Indiens d’Amérique ! Je ne crains pas d’affirmer que nous sommes beaucoup plus enclins à sangloter au sujet de « l’Holocauste » ou du « stalinisme », et ce même si aucun des deux ne nous a personnellement affectés (à part d’un point de vue familial ou ethnique), qu’au sujet du plurigénocide des Indiens d’Amérique. Je ne crois vraiment pas que nos priorités de compassion seraient les mêmes si nous étions Lakota ou Comanche. Encore une fois, j’espère que je suis dans l’erreur. Mais je n’en suis pas trop sûr.
Quoiqu’il en soit, voici ce que je veux exprimer.
Nous sommes programmés pour accepter avec crédulité et sans esprit critique la diabolisation des nazis et des Soviétiques parce que nous sommes juifs ou russes blancs. Attention, ici, je ne dis pas que les nazis et les Soviétiques n’étaient pas malfaisants – ils l’étaient indiscutablement –, je dis que nous, juifs ou Russes, sommes beaucoup plus désireux d’endosser toute version historique dépeignant nazis et Soviétiques comme des peuples exceptionnellement malfaisants, et que à contrario nous rejetons presque instinctivement la notion que « notre » camp (ici je veux dire « votre » camp, le camp américain, puisque vous vous considérez américains, ce qui n’est pas mon cas) ait pu être aussi malfaisant, ne serait-ce que parce que votre camp n’a jamais commis de meurtres de juifs ou de Russes. Examinons donc ce concept « notre/votre » camp pendant quelques instants.
Lorsque les États-Unis sont entrés en guerre ils avaient déjà à leur actif le pire crime de l’histoire de l’humanité, le plurigénocide d’un continent entier, suivi par l’annexion brutale des terres volées aux indigènes. Hitler aurait pu en être fier. Mais ce n’est pas tout. Les envahisseurs anglo-saxons entreprirent ensuite une guerre brutale et illégale pour arracher au Mexique une immense superficie de terres, notamment ce qui est devenu aujourd’hui le Texas, la Californie, le Nevada, l’Utah, l’Arizona et le Nouveau Mexique ! Eh oui, tout cet espace fut illégalement occupé, et volé par votre camp, non pas une fois, mais DEUX FOIS ! Et dois-je mentionner les horreurs de l’esclavage à rajouter à votre « palmarès moral » au moment où les États-Unis sont entrés en guerre ? À ce point là, je pense qu’il existe suffisamment d’évidences pour affirmer que votre camp était plus maléfique que les nazis ou les Soviétiques. L’histoire des États-Unis est le récit d’une violence sans limite, de pillage, d’hypocrisie, d’exploitation, d’impérialisme, d’oppression et de guerre. Toutes des guerres d’agression. Aucune guerre défensive. C’est unique dans l’histoire de l’humanité. Pouvez-vous nommer un régime plus malfaisant ou plus assoiffé de sang ? Moi pas…
Faut-il encore mentionner le palmarès britannique des atrocités, depuis les guerres de l’opium jusqu’à l’invention des camps de concentration, la création de l’apartheid, les horreurs de l’occupation de l’Irlande, etc., etc., etc. ?
Je vous entends déjà me répondre que oui, tout cela était horrible, mais ça ne change rien au fait qu’au cours de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont « sauvé l’Europe ». Vraiment ?
Pour argumenter ma position, je joins ici un fichier PDF où j’ai compilé 5 sources, trois en anglais et deux en russe. Vous pouvez le télécharger ici :
https://drive.google.com/open?id=0ByibNV3SiUooWExTNGhMTGF5azQ
J’ai traduit les points clés des sources russes et vous les propose en même temps que les points clés des sources anglaises. Jetez un coup d’œil au fichier PDF, et si vous en avez les moyens lisez donc les articles originaux cités, j’ai surligné en rouge les conclusions clés de ces sources. Vous trouverez quelques différences au niveau des chiffres, mais les conclusions sont à mon avis indiscutables. Les archives historiques mettent en évidence que :
On peut créditer l’Union soviétique de la destruction de 80% environ de la machine de guerre nazie. Les Anglo-américains ont donc à leur compte tout au plus 20% de l’effort de guerre des Alliés.
L’échelle et l’envergure des batailles menées sur le front Est font paraitre dérisoires les plus grandes batailles du front Ouest. Les combats à l’Ouest impliquaient des divisions et des brigades, ceux de l’Est des armées et des groupes d’armées, ce qui est très différent en ordre de magnitude.
Les États-Unis ne sont entrés en guerre qu’après les batailles de Stalingrad et de Koursk, lorsqu’il devint absolument évident que les nazis allaient perdre la guerre.
La vérité est que les États-Unis ne s’impliquèrent dans la guerre qu’après le point où la défaite nazie devint une certitude, et leur véritable motivation n’était pas la « libération de l’Europe sous oppression » mais bien la volonté d’empêcher les Soviétiques d’occuper toute l’Europe. Les Américains ne sont jamais sentis concernés par les meurtres de masse de juifs et de Russes, ils ne s’intéressaient qu’à un projet d’annexion massive des terres (une fois de plus).
[À propos, et pour vous éviter de croire que les Américains sont les seuls à se comporter de cette manière, voici quelques dates intéressantes :
Bombardement nucléaire de Hiroshima et Nagasaki, 6 et 9 août 1945
Offensive stratégique soviétique de Mandchourie 9-20 août 1945
Nous voyons ici un schéma similaire : les Soviétiques ont attendu d’avoir la certitude de la défaite de l’Empire du Japon par les Américains avant de lancer leur offensive. Il faut également remarquer qu’il n’a pas fallu plus de 10 jours aux Soviétiques pour vaincre l’Armée du Guandong, la plus prestigieuse armée de l’Empire du Japon, forte de plus d’un million d’hommes bien entraînés et bien armés ! Ceci vous donne un indice de la qualité de la machine de guerre développée par l’Union soviétique au cours du conflit contre l’Allemagne nazie (vous trouverez ici http://usacac.army.mil/cac2/cgsc/carl/download/csipubs/LP7_AugustStormTheSoviet1945StrategicOffensiveInManchuria.pdf une magnifique étude US de cette opération militaire)].
Est-ce que les Américains ont apporté à l’Europe la paix et la prospérité ?
À l’Europe de l’Ouest, dans une certaine mesure, oui, parce que cela leur était facile : ils sortaient du conflit en pleine forme, leur territoire n’avait pas connu les horreurs de la guerre, et ils pouvaient ainsi distribuer beurre de cacahuète, cigarettes et autres biens de consommation. Ils firent en sorte que toute l’Europe de l’Ouest devienne un immense marché pour les biens et services US, et que les ressources européennes soient à la disposition de l’Empire US, et surtout à l’encontre de l’URSS. Comment financèrent-ils leur « générosité » ? Par le pillage absolu des pays du Tiers Monde, tout simplement. Peut-on vraiment être fier de tout ceci ? Lénine n’avait-il pas prévenu dès 1917 que « l’impérialisme est le stade ultime du capitalisme » ? La richesse de l’Europe de l’Ouest fut fondée sur la misère abjecte de millions d’Africains, d’Asiatiques et de Sud-Américains.
Mais qu’est ce qui était prévu pour l’Europe et le peuple européen ?
Il y a un certain nombre de choses qui firent l’objet d’un accord entre Staline et les anglo-saxons à la fin de la guerre : les 4 D, dénazification, désarmement, démilitarisation et démocratisation d’une Allemagne unie, et réparations pour la reconstruction de l’URSS. Eh oui, Staline voulait une Allemagne neutre et unie. Dès la fin de la guerre pourtant, les Anglo-Saxons rompirent toutes leur promesses : ils construisirent une Allemagne de l’Ouest hautement militarisée, recrutèrent des milliers de cadres nazis pour leurs propres agences de renseignement, leur programme de fusées, et la subversion de l’Union soviétique. Pire encore, ils mirent au point des plans d’attaque contre l’URSS. Dès la fin de la guerre, les Anglo-Saxons avaient déjà TROIS plans d’attaque : Opération Dropshot, Plan Totality, et Opération Unthinkable. Voici quelques infos de base d’après Wikipédia sur ce sujet :
Opération Dropshot : la description de certaines missions comprend le largage de 300 bombes nucléaires et de 29 000 bombes hautement explosives sur 200 cibles situées dans 100 agglomérations dans l’objectif de détruire 85% du potentiel industriel de l’Union soviétique en une seule attaque. De 75 à 100 de ces bombes nucléaires avaient pour objectif la destruction au sol de l’aviation de combat soviétique.
Plan Totality: prévoyait l’oblitération de 200 cités soviétique en une seule attaque : Moscou, Gorki, Kouïbychev, Sverdlovsk, Novosibirsk, Omsk, Saratov, Kazan, Leningrad, Bakou, Tachkent, Chelyabinsk, Nijni Taguil, Magnitogorsk, Molotov, Tbilissi, Stalinsk, Grozny, Irkoutsk, et Yaroslavl.
Opération Unthinkable: supposait une attaque surprise dans la zone de Dresde, en plein centre des lignes soviétiques, par 47 divisions britanniques et américaines. Ce nombre représente à peu près la moitié des 100 divisions britanniques, américaines et canadiennes (environ 2,5 millions d’hommes) sous le contrôle du quartier général anglo-américain. (…) La majorité des offensives devaient être exécutées par des troupes anglaises et américaines, ainsi que des troupes polonaises et 100 000 soldats de la Wehrmacht.
[Saviez-vous tout ceci ? Et si non, commencez-vous à vous demander pourquoi ? ]
Je n’invente rien de tout cela, vous pouvez vérifier par vous-même auprès de Wikipédia ou d’autres sources. Tout ceci est la méthode anglo-américaine pour gérer les « alliés » russes : poignardez-les avec une attaque nucléaire surprise, oblitérez leurs villes et lancez la Wehrmacht nazie contre eux.
Je ne vais pas m’engager dans la création de l’OTAN (réalisée avant même que le WTO – connu en Occident sous le nom de Pacte de Varsovie – ne soit établi pour lui faire face) ni dans d’autres crimes secondaires comme les attaques sous faux drapeau (Opération Gladio).
[Avez-vous déjà entendu parler de l’Opération Gladio ou du « Massacre de Bologne » d’août 1980, l’explosion de la gare de Bologne effectuée par des forces terroristes secrètes de l’OTAN, attaque sous faux drapeau (85 morts, 200 blessés) dans le but de discréditer le Parti communiste d’Italie ? Et si non – commencez-vous à vous demander pourquoi ?] [Voir Les Armées Secrètes de l’OTAN, par Daniele Ganser, NdT].
La sinistre réalité est que l’intervention US en Europe n’a jamais été autre chose qu’une annexion des terres, que la Guerre froide était une création anglo-saxonne, tout comme la partition de l’Europe, et que depuis la Seconde Guerre mondiale l’Europe n’a jamais cessé d’être pour les États-Unis une colonie dont le rôle était de servir d’outil dans la lutte contre la « menace communiste » (c’est-à-dire la Russie).
Mais supposons que je sois complètement dans l’erreur, ne serait-ce que pour ouvrir le débat. Supposons que les gentils Américains soient venus en Europe pour le bien des peuples européens. Qu’ils aient héroïquement vaincu Hitler et apporté à l’Europe (occidentale) la paix, la prospérité, la liberté, le bonheur, etc., etc.
Cette bonne action donne-t-elle aux États-Unis un droit d’intervention ultérieure ? Vous avez tous deux mentionné la Seconde Guerre mondiale comme un exemple et une justification à la nécessité de maintenir une armée suffisamment puissante pour pouvoir contenir des régimes comme celui de la Corée du Nord, n’est-ce pas ? Permettez-moi de vous poser la question une fois de plus.
Le fait que les États-Unis, avec altruisme, générosité et héroïsme, aient libéré l’Europe à la fois des nazis et des Soviétiques génère-t-il la légitimité morale à d’autres interventions militaires US contre d’autres régimes détestables, agressifs ou malveillants en d’autres endroits du monde ?
Si votre réponse est « non », comment se fait-il que vous vous serviez de cette justification ?
Si votre réponse est « oui », alors pardonnez-moi d’être si lent à comprendre, et demandez-vous combien de temps ce « permis d’intervention militaire » restera valide ? Une année ? Cinq ans ? Peut-être même 10 ou 70 ans ? Ou peut-être que ce permis accorde un droit d’intervention aux États-Unis pour l’éternité ? Soyons sérieux, si les États-Unis ont libéré l’Europe et lui ont apporté la paix et le bonheur, pouvons-nous assumer que cela restera vrai partout et tout le temps ?
Je dois également vous poser cette question : imaginons que le permis moral d’intervention acquis pendant la guerre en Europe soit valable pour toujours. Imaginons cela, d’accord ? Ce que j’aimerais savoir est ceci : est-ce que ce permis est révocable (moralement, conceptuellement) ? Disons que les États-Unis ont réalisé quelque chose de merveilleux en Europe. Que penser des horreurs qui ont suivi, en Asie du sud-est, en Amérique latine ou au Moyen-Orient ? Combien faudra-t-il de « non-Occidentaux » assassinés, mutilés, envahis, terrorisés, bombardés, ou soumis d’une façon à un autre à un génocide pour peser plus lourd que les Européens soi-disant éperdus de joie par leur libération, ce qui accorde selon vous le droit d’intervention aux États-Unis ? Même si le comportement américain en Europe était noble et pur, est-ce que les 70 années suivantes de meurtres de masse dans le monde entier ne comptent pour rien, ou existe-t-il un point où on peut considérer que « cette fois ça suffit » et où ce permis d’intervention pourra enfin être moralement révoqué par des gens comme vous et moi ?
Puis-je me permettre de vous faire remarquer que vos arguments en faveur de l’existence d’une nécessité pour les États-Unis de maintenir une force militaire capable de réaliser des opérations outre-mer donne l’impression que vous croyez que les USA ont un droit moral (ou peut-être même une obligation !) à la conduite de telles opérations, ce qui signifie que d’après vous, le palmarès des atrocités commises par les États-Unis depuis la guerre n’est pas encore suffisant pour susciter en vous ce sentiment que « cette fois ça suffit ». Vous sentez-vous vraiment bien avec cette idée ?
Théoriquement, il existe une autre raison pour révoquer ce permis. Après tout, quelqu’un pourrait avoir le droit moral de faire quelque chose, mais pas forcément la capacité de le faire. Si je vois quelqu’un en train de se noyer, j’ai certainement le droit moral de sauter dans l’eau pour sauver cette personne, n’est-ce pas ? Mais je n’ai pas forcément la force ou la compétence pour agir ainsi, n’est-ce pas ? Donc lorsque vous affirmez que les États-Unis ont besoin d’entretenir une force militaire capable de protéger des amis ou alliés contre certains régimes voyous dangereux comme celui de la Corée du Nord, vous impliquez par là que les États-Unis ont non seulement le droit, mais aussi les capacités et les compétences nécessaire pour agir ainsi.
Vraiment ?
Quelle preuve pouvez-vous produire, si je me peux me permettre de vous le demander ?
Je vous ai demandé de me citer une seule intervention militaire US réussie depuis la Seconde Guerre mondiale, et vous n’avez pas pu m’en nommer une. Très bien ! Nous sommes d’accord. La vérité est que chacune des interventions entreprises par les États-Unis depuis la guerre a été un échec total, que ce soit d’un point de vue humanitaire, politique ou militaire (et parfois les trois à la fois). Même Grenade a été un échec absolu (militaire) ! De plus, voyez qui siège à la Maison Blanche aujourd’hui. Voulez-vous vraiment que le Donald soit responsable de la protection de nos amis et alliés, et êtes-vous certains qu’il a les compétences nécessaires pour y parvenir ? Ou Hillary, d’ailleurs ? Même Sanders est connu pour s’être fait l’avocat d’opérations militaires catastrophiques comme l’invasion du Liban en 2006, qui s’est soldée comme vous le savez (ou pas) par une défaite lamentable pour les Israéliens et des souffrances indicibles pour les civils du Liban. Mais oublions le Président et jetons un coup d’œil aux généraux US. Vous inspirent-ils le sentiment d’être le genre de gars capables d’exécuter avec maîtrise une opération militaire décidée pour des raisons d’ordre moral et éthique ? Et les membres du Congrès ? Vous leur feriez confiance ? Mais où donc voyez-vous des « sauveurs » honnêtes et compétents dans le milieu politique américain ?
Avez-vous remarqué qu’il n’y avait pas d’État islamique en Irak avant l’invasion US ? Ou avez-vous remarqué que depuis que les États-Unis sont entrés en guerre contre ISIS, ce dernier est devenu de plus en plus puissant et a pris le contrôle de plus en plus de pays ? Certes, depuis que la Russie s’est impliquée ISIS a subi défaite sur défaite, mais tout ce que les Américains ont été capables d’exprimer à propos de cette intervention a été de la dénoncer et d’en prédire l’échec. Comment se fait-il donc que les Russes soient si efficaces dans le combat contre ISIS, alors que les Américains et leurs alliés sont si lamentables ? Voulez-vous vraiment voir les Américains responsables de la sécurité mondiale avec un tel palmarès ?
Ne dit-on pas que la folie consiste à répéter encore et toujours les mêmes erreurs en continuant à espérer un résultat différent ?
J’entends encore la réponse que vous m’avez donnée à cet argument. Vous m’avez dit « c’est vrai, il y a eu des erreurs ».
Des erreurs ?!
Je ne considère pas que des millions de personnes assassinées, incluant des centaines de milliers d’enfants, soient des « erreurs » (comment prendriez-vous l’affirmation comme quoi Hitler et Staline ont commis des « erreurs » ?). Mais il y a quelque chose encore plus sournois dans cette idée d’« erreurs ».
Quelle est votre définition de « réussite » ?
Supposons que les forces armées US démontrent autant d’efficacité à tuer des gens (ce qui est le cas) qu’à gagner des guerres (ce qui ne l’est pas). Supposons que les États-Unis n’aient pas seulement réussi à envahir l’Irak et l’Afghanistan, mais aient été capables de complètement restaurer la paix dans ces pays. Supposons que l’insurrection dans ces territoires ait été magistralement brisée, que leur économie ait pu être restaurée, et un régime démocratique installé : le capitalisme omniprésent, 100 chaines de télé accessibles partout, des restaurants Mac Donald dans chaque village afghan, des parades d’homosexuels au centre de Kaboul, des toilettes unisexes dans chaque mosquée, des élections tous les 4 ans, plus un seul coup de feu, plus la moindre bombe ? Pourrait-on appeler cela une réussite ?
Je prie Dieu et j’espère de tout cœur que votre réponse à cette question sera un très ferme « Non ! ». Car si vous y répondez « oui », alors vous n’êtes pas autre chose que des impérialistes messianiques génocidaires. Oh oui, c’est bien ce que je veux dire. Pourquoi ? Mais parce que votre conception de « succès » n’est que la mort spirituelle, psychologique et culturelle d’une civilisation ancienne, ce qui fait de vous, littéralement, un ennemi mortel de l’humanité entière. Je ne peux imaginer quelque chose de plus horrible. J’espère donc que vous avez répondu « non ! » comme le ferait n’importe quel être humain décent, n’est-ce pas ?
En fin de compte, qu’est ce qu’une « réussite » ? Vous ne pouvez franchement pas adopter la définition de vos dirigeants (Ils seraient enthousiasmés par un tel résultat, c’est d’ailleurs ce qu’ils vous ont promis à maintes reprises !)
Mais si leur conception de la « réussite » n’est pas la votre, et si vous souhaitez que jamais une autre nation, un autre peuple, une autre ethnie ne devienne la victime d’une opération militaire aussi « réussie », pourquoi donc souhaitez-vous que vos dirigeants et leur notion satanique de « réussite » puissent avoir les moyens de « réussir » dans le futur ? Et ce en dépit du fait que l’histoire démontre qu’ils n’ont jamais été capables d’atteindre quelque « réussite » que ce soit, ni selon leurs propres standards, ni selon les vôtres !
Avez-vous remarqué qu’à aucun moment au cours de mon argumentation je n’ai mentionné que jamais les USA n’ont demandé aux peuples (et pas aux élites de compradores) s’ils avaient envie ou non d’être sauvés par l’Oncle Sam ? Ils n’ont jamais demandé non plus au peuple américain s’il avait envie d’entrer en guerre, ce qui explique tous les attentats sous faux drapeau depuis le « souvenez-vous du Maine » et le torpillage du Lusitania, à Pearl Harbour, jusqu’à l’ « incident du Golfe du Tonkin » et au 11 septembre : en chaque circonstance il a fallu fabriquer un mensonge pour persuader le peuple américain qu’il lui fallait entrer en guerre. Est-ce que tout ceci est la volonté populaire ? Est-ce cela la démocratie ?!
Est-ce qu’il y a des gens quelque part là-bas, qui que ce soit, qui soient vraiment partisans des interventions militaires US ? Oui, je suppose que cela existe. Comme les Albanais du Kosovo. Je me doute que les Hazara et Tadjiks afghans étaient ravis de voir les États-Unis bombarder les Talibans à mort. Il doit exister quelques exemples de ce type. D’ailleurs j’ai failli oublier nos amis baltes et ukrainiens (remarquez, ils étaient déjà tellement heureux quand les nazis sont arrivés que ce n’est peut-être pas un très bon exemple). Mais on peut affirmer sans craindre de se tromper que personne ne souhaite être libéré par l’Oncle Sam, d’où le slogan bien connu mondialement « Yankee go home ! »
Cette lettre est déjà bien trop longue, et j’omettrai la liste des raisons diverses qui font que les États-Unis sont généralement haïs sur toute la planète, par les peuples bien sûr, pas par les élites dirigeantes. Et quand je dis « États-Unis » je ne parle pas de Paul Newman, Mark Twain, Miles Davis, Quentin Tarantino, James Taylor, ni de la Déclaration des Droits ou de ce territoire magnifique nommé « États-Unis », mais du régime, à distinguer de toute administration ou de tout gouvernement spécifique, ce régime est ce qui est en réalité universellement haï. Je n’ai jamais vu de manifestation d’anti-américanisme où que ce soit, pas même en France, en Grèce ou en Amérique latine. Mais de nos jours la haine de l’Empire est quasiment universelle. Seules les élites politiques dont le statut, la puissance et le confort dépendent de l’Empire le soutiennent et collaborent à ses combats. Aujourd’hui les positions des États-Unis sont méprisées par tous les autres. Et chaque intervention militaire ne fait qu’empirer les choses.
Et vous voulez la certitude que tout ceci va continuer ? Vraiment ?
En ce moment même, les USA tentent désespérément de sauver al-Qaïda (alias EI, ISIS, Daesh, al-Nusra, etc.) d’une défaite en Syrie. Que pensez-vous de cette attitude morale après le 11 septembre ? (C’est-à-dire dans le cas où vous avez admis la version officielle, car si vous avez compris que le 11 septembre était en fait une démolition contrôlée et que l’on a utilisé al-Qaïda comme pigeon et écran de fumée, ça fait plus de sens, en fait)
D’ailleurs – qui sont ces alliés que les États-Unis sont frénétiquement occupés à aider aujourd’hui ?
Le régime wahhabite d’Arabie saoudite,
Le régime nazi en Ukraine,
Le dernier régime officiellement raciste sur terre en Israël.
Avez-vous l’impression que ce genre d’allié mérite d’être aidé ?
Et qu’est ce que le peuple américain retire de tout ceci ? Rien d’autre que pauvreté, oppression, honte, haine, peur, et d’incalculables souffrances physiques, psychologiques et morales.
Tels sont les fruits de l’Empire. Tout Empire. Toujours.
Vous avez signalé que chaque fois que vous croisez un vétéran, vous le remerciez pour ce qu’il a fait. Pourquoi ? Vous croyez vraiment qu’il a combattu dans une guerre juste, que son service est quelque chose dont il peut être fier ? S’est-il battu pour son peuple ? A-t-il défendu des innocents ? Ou bien était-il un occupant en terre étrangère, et s’il a connu les combats n’a-t-il pas tué des gens qui défendaient leur terre, leur famille, leur mode de vie ? Pour quoi exactement remerciez-vous ce vétéran ? Pour avoir exécuté des ordres ? Ceci n’est-il pas quelque chose que le procès de Nuremberg a spécifiquement condamné comme étant immoral et illégal ?
Vous souvenez-vous que vous m’avez raconté que tel chef de famille membre des Marines vivait dans une jolie maison, tous besoins matériels pris en charge ? Vous avez rajouté « compare ça avec les militaires russes ». Eh bien manifestement vous n’êtes pas bien renseignés sur la façon dont vivent les militaires russes de nos jours sous la gouvernance de ce Poutine que vous haïssez, mais ceci n’a pas d’importance. La question que je voulais vous poser à ce moment, et que je pose ici, est : le bon niveau de vie assuré aux Marines US est-il une motivation suffisamment valable pour en être un ? – ce qui signifie appartenir à la première force appelée à assassiner des innocents et à envahir des pays ? Savez-vous seulement ce qu’on fait les Marines à Fallujah il n’y a pas si longtemps ? Quel est le prix d’une âme humaine ? Êtes-vous réellement convaincus qu’être un tueur à gages aux ordres de l’Empire est une façon de vivre honorable ? Et si vous pensez que j’exagère, veuillez donc lire le célèbre ouvrage « La guerre est une escroquerie » par le brigadier général des Marines Smedley Butler, qui a atteint le rang le plus élevé accessible à un Marine à cette époque, et fut le Marine le plus décoré de l’Histoire. Si la guerre est une escroquerie, cela ne fait-il pas des Marines des escrocs professionnels, des voyous à la solde des truands au pouvoir qui les utilisent comme hommes de main ? Demandez-vous ceci : quel serait l’équivalent des Marines en Allemagne nazie ou en Russie soviétique ? Pour vous aider à répondre à cette question je vous propose une brève citation de Wikipédia au sujet du Corps des Marines (les caractères en gras ont été ajoutés).
« Le Corps des Marines a été fondé pour servir à bord des vaisseaux de la Marine en tant qu’unité d’infanterie responsable de la sécurité du vaisseau et de son équipage lors de la conduite d’opérations offensives ou défensives et pour protéger les officiers du vaisseau en cas de mutinerie ; à cette fin, leurs quartiers à bord du vaisseau sont souvent stratégiquement situés entre les quartiers des officiers et le reste de l’équipage. »
Cela vous aide-t-il à identifier leurs homologues nazis ou soviétiques ?
Parmi tous les peuples, est-ce que ce n’est pas à nous, juifs ou russes, qu’il revient de reconnaître les pièges de l’Empire et de les rejeter catégoriquement, ainsi que toutes les rationalisations employées pour justifier une obéissance servile à l’Empire ?
Je crois que l’Histoire nous démontre sans l’ombre d’un doute que tous les empires sont malveillants, fondamentalement et essentiellement malveillants. Par conséquent ils sont aussi égaux dans la malveillance. Vous expliquerai-je pourquoi ?
Savez-vous quel crime est considéré comme le pire, le plus grave, le plus démoniaque selon la loi internationale ? Ce n’est ni le génocide, ni le crime de guerre. Non, le crime ultime est le crime d’agression (ce qui, en passant, fait de chaque président US un criminel de guerre selon le droit international, pensez-y !). Selon les mots de Robert H. Jackson, procureur principal au Tribunal de Nuremberg, le crime d’agression est le crime ultime car « il renferme le mal accumulé » de tous les autres crimes de guerre. Bien, pour paraphraser Jackson, l’impérialisme contient le mal accumulé de tous les empires. Guantánamo, Hiroshima, Fallujah, Abu Ghraib, Gladio et tous les autres font tous partie du même lot, ils ne constituent pas des exceptions, ils sont la norme.
La meilleure chose qui pourrait arriver à ce pays et à son peuple, c’est l’écroulement de cet Empire. Le soutien à cet Empire, même tacite et passif, de la part de gens comme vous, ne fait que retarder cette éventualité et permet à cette abomination de générer plus de souffrances et de misère pour des millions de personnes innocentes, y compris pour des millions de vos compatriotes américains. Actuellement cet Empire menace aussi mon pays, la Russie, d’une guerre, peut-être même d’une guerre nucléaire, et ceci signifie également une menace pour l’humanité toute entière. Que l’Empire US soit le pire de l’Histoire ou non reste à débattre, le fait qu’il soit de loin le plus dangereux est indiscutable. Cela n’est il pas pour vous une raison suffisante pour dire « maintenant ça suffit ! » ? Que faudra-t-il donc pour que vous changiez de bord et que vous rejoigniez le reste de l’humanité dans ce qui est devenu un combat pour la survie de notre espèce ? Faudra-t-il un hiver nucléaire pour que vous ouvriez les yeux sur la véritable nature de l’Empire que vous continuez à soutenir en dépit de toutes les évidences ?
The Saker
Traduit par Abdelnour, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone
Letter to my American friends
Introduction by the Saker: During my recent hurricane-induced evacuation from Florida, I had the pleasure to see some good friends of mine (White Russian emigrés and American Jews who now consider themselves American and who fully buy into the official propaganda about the USA) who sincerely think of themselves as liberals, progressives and anti-imperialists. These are kind, decent and sincere people, but during our meeting they made a number of statements which completely contradicted their professed views. After writing this letter to them I realized that there might be many more people out there who, like myself, are desperately trying to open the eye of good but completely mislead people about the reality of Empire. I am sharing this letter in the hope that it might maybe offer a few useful talking points to others in their efforts to open the eyes of their friends and relatives.
——-
Dear friends:
During our conversation you stated the following:
- The USA needs a military
- One of the reasons why the USA needs a military are regimes like the North Korean one
- The USA has a right to intervene outside its borders on a) pragmatic and b) moral grounds
- During WWII the USA “saved Europe” and acquired a moral right to “protect” other friends and allies
- The Allies (USSR-US-UK) were morally superior to the Nazis
- The Americans brought peace, prosperity and freedom to Europe.
- Yes, mistakes were made, but this is hardly a reason to forsake the right to intervene
I believe that all seven of these theses are demonstratively false, fallacies based on profoundly mistaken assumptions and that they all can be debunked by common sense and indisputable facts.
But first, let me tackle the Delphic maxim “know thyself” as it is, I believe, central to our discussion. For all our differences I think that there are a number of things which you would agree to consider as axiomatically true, including that Germans, Russians, Americans and others are roughly of equal intelligence. They also are roughly equally capable of critical thinking, personal investigation and education. Right? Yet, you will also agree that during the Nazi regime in Germany Germans were very effectively propagandized and that Russians in Soviet Russia were also effectively propagandized by their own propaganda machine. Right? Do you have any reason to suppose that we are somehow smarter or better than those propagandized Germans and Russians and had we been in their place we would have immediately seen through the lies? Could it be that we today are maybe also not seeing through the lies we are being told?
It is also undeniable that the history of WWII was written by the victors of WWII. This is true of all wars – defeated regimes don’t get to freely present their version of history. Had the Nazis won WWII, we would all have been treated to a dramatically different narrative of what took place. Crucially, had the Nazis won WWII, there is absolutely no reason whatsoever to believe that the German people would have shown much skepticism about the version of history presented in their schools. Not only that, but I would submit that most Germans would also believe that they were free people and that the regime they live under was a benevolent one.
You doubt that?
Just think of the number of Germans who declared that they had no idea how bad the Nazi regime really was. Even Hitler’s personal secretary, Traudl Junge, used that excuse to explain how she could have worked for so many years with Hitler and even like him so much. There is an American expression which says “where I sit is where I stand”. Well, may I ask – where are we sittting and are we so sure that we have an independent opinion which is not defined by where we sit (geographically, politically, socially and even professionally)?
You might ask about all the victims of the Nazi regime, would they not be able to present their witness to the German people and the likes of Traudl Junge? Of course not: the dead don’t speak very much, and their murderers rarely do (lest they themselves end up dead). Oh sure, there would be all sorts of dissidents and political activists who would know the truth, but the “mainstream” consensus under a victorious Nazi Germany would be that Hitler and the Nazis liberated Europe from the Judeo-Bolshevik hordes and the Anglo-Masonic capitalists.
This is not something unique to Germany, by the way. If you take the Russian population today, it has many more descendants of executioners than descendants of executed people and this is hardly a surprise since dead people don’t reproduce. As a result, the modern Russian historiography is heavily skewed towards whitewashing the Soviet crimes and atrocities. To some degree this is a good thing, because it counteracts decades of US anti-Soviet propaganda, but it often goes too far and ends up minimizing the actual human cost of the Bolshevik experiment in Russia.
So how do the USA compare to Germany and Russia in this context?
Most Americans trust the version of history presented to them by their own “mainstream”. Why? How is their situation objectively different from the situation of Germans in a victorious Third Reich? Our modern narrative of WWII was also written by victors, victors who had a vested reason in demonizing all the other sides (Nazis and Soviets) while presenting us with a heroic tale of liberation. And here is the question which ought to really haunt us at night: what if we had been born not Russians and Jews after a Nazi defeat but if we had been born Germans after an Allied defeat in WWII? Would we have been able to show enough skepticism and courage to doubt the myths we were raised with? Or would we also be doubleplusgoodthinking little Nazis, all happy and proud to have defeated the evil Judeo-Bolshevik hordes and the Anglo-Masonic capitalists?
Oh sure, Hitler considered Jews as parasites which had to be exiled and, later, exterminated and he saw Russians as subhumans which needed to be put to work for the Germanic Master Race and whose intelligentsia also needed to be exterminated. No wonder that we, Jews and Russians, don’t particularly care for that kind of genocidal racist views. But surely we can be humans before being Jews and Russians, and we can accept that what is bad for us is not necessarily bad for others. Sure, Hitler was bad news for Jews and Russians, but was he really so bad news for “pure” (Aryan Germanic) Germans? More importantly, if we had been born “pure” Germans, would we have have cared a whole lot about Jews and Russians? I sure hope so, but I have my doubts. I don’t recall any of us shedding many tears about the poly-genocided (a word I coined for a unique phenomenon in history: the genocide of all the ethnicities of an entire continent!) Native Americans! I dare say that we are a lot more prone to whining about the “Holocaust” or “Stalinism”, even though neither of them ever affected us personally, (only our families and ethnicity) than about the poly-genocide of Native Americans. I very much doubt that our whining priorities would have been the same if our ethnicity had been Lakota or Comanche. Again, I hope that I am wrong. But I am not so sure.
Either way, my point is this:
We are hard-coded to be credulous and uncritically accept all the demonization of Nazis and Soviets because we are Jews and White Russians. Careful here, I am NOT saying that the Nazis and Soviets were not evil – they definitely were – but what I am saying is that we, Jews and Russians, are far more willing to accept and endorse any version of history which makes the Nazis and Soviets some kind of exceptionally evil people and that, in contrast, we almost instinctively reject any notion that “our” side (in this case I mean *your* side, the American one since you, unlike me, consider yourselves American) was just as bad (if only because your side never murdered Jews and Russians). So let’s look at this “our/your side” for a few minutes.
By the time the USA entered WWII it had already committed the worse crime in human history, the poly-genocide of an entire continent, followed by the completely illegal and brutal annexation of the lands stolen from the Native Americans. Truly, Hitler would have been proud. But that is hardly all, the Anglo invaders then proceeded to wage another illegal and brutal war of annexation against Mexico from which they stole a huge chunk of land which includes modern Texas, California, Nevada, Utah, Arizona and New Mexico! Yes, all this land was illegally occupied and stolen by your side not once, but TWICE! And do I even need to mention the horrors of slavery to add to the “moral tally” of your side by the time the US entered the war? Right there I think that there is more than enough evidence that your side was morally worse than either the Nazis or the Soviets. The entire history of the USA is one of endless violence, plunder, hypocrisy, exploitation, imperialism, oppression and wars. Endless wars of aggression. None of them defensive by any stretch of the imagination. That is quite unique in human history. Can you think of a nastier, more bloodthirsty regime? I can’t.
Should I even mention the British “atrocities tally”, ranging from opium wars, to the invention of concentration camps, to the creation of Apartheid, the horrors of the occupation of Ireland, etc. etc. etc.?
I can just hear you say that yes, this was horrible, but that does not change the fact that in WWII the USA “saved Europe”. But is that really so?
To substantiate my position, I have put together a separate PDF file which lists 5 sources, 3 in English, 2 in Russian. You can download it here:
I have translated the key excerpts of the Russian sources and I am presenting them along with the key excerpts of the English sources. Please take a look at this PDF and, if you can, please read the full original articles I quote. I have stressed in bold red the key conclusions of these sources. You will notice that there are some variations in the figures, but the conclusions are, I think, undeniable. The historical record show that:
- The Soviet Union can be credited with the destruction of roughly 80% of the Nazi military machine. The US-UK correspondingly can be credited with no more than 20% of the Allied war effort.
- The scale and scope of the battles on the Eastern Front completely dwarf the biggest battles on the Western Front. Battles in the West involved Divisions and Brigades, in the East they involved Armies and Groups of Armies. That is at least one order of magnitude of difference.
- The USA only entered the war a year after Stalingrad and the Kursk battle when it was absolutely clear that the Nazis would lose the war.
The truth is that the Americans only entered the war when it was clear that the Nazis would be defeated and that their real motive was not the “liberation of oppressed Europe” but to prevent the Soviets from occupying all of Europe. The Americans never gave a damn about the mass murder of Jews or Russians, all they cared about was a massive land-grab (yet again).
[Sidebar: By the way, and lest you think that I claim that only Americans act this way, here is another set of interesting dates:Nuclear bombing of Hiroshima and Nagasaki: August 6 and 9, 1945Soviet Manchurian Strategic Offensive Operation: August 9–20, 1945We can clearly see the same pattern here: the Soviets waited until it was absolutely certain that the USA had defeated the Japanese empire before striking it themselves. It is also worth noting that it took the Soviets only 10 days to defeat the entire Kwantung Army, the most prestigious Army of the Japanese Empire with over one million well-trained and well-equipped soldiers! That should tell you a little something about the kind of military machine the Soviet Union had developed in the course of the war against Nazi Germany (see here for a superb US study of this military operation)]
Did the Americans bring peace and prosperity to western Europe?
To western Europe, to some degree yes, and that is because was easy for them: they ended the war almost “fresh”, their (stolen) homeland did not suffer the horrors of war and so, yes, they could bring in peanut butter, cigarettes and other material goods. They also made sure that Western Europe would become an immense market for US goods and services and that European resources would be made available to the US Empire, especially against the Soviet Union. And how did they finance this “generosity”? By robbing the so-called Third World blind, that’s all. Is that something to be proud of? Did Lenin not warn as early as 1917 that “imperialism is the highest stage of capitalism”? The wealth of Western Europe was built by the abject poverty of the millions of Africans, Asians and Latin Americas.
But what about the future of Europe and the European people?
There a number of things upon which the Anglos and Stalin did agree to at the end of WWII: The four Ds: denazification, disarmament, demilitarisation, and democratisation of a united Germany and reparations to rebuild the USSR. Yes, Stalin wanted a united, neutral Germany. As soon as the war ended, however, the Anglos reneged on all of these promises: they created a heavily militarized West Germany, they immediately recruited thousands of top Nazi officials for their intelligence services, their rocket program and to subvert the Soviet Union. Worse, they immediately developed plans to attack the Soviet Union. Right at the end of the WWII, Anglo powers had at least THREE plans to wage war on the USSR: Operation Dropshot, Plan Totality and Operation Unthinkable. Here are some basic reminders from Wikipedia about what these operations were about:
Operation Dropshot: included mission profiles that would have used 300 nuclear bombs and 29,000 high-explosive bombs on 200 targets in 100 cities and towns to wipe out 85% of the Soviet Union’s industrial potential at a single stroke. Between 75 and 100 of the 300 nuclear weapons were targeted to destroy Soviet combat aircraft on the ground.
Plan Totality: earmarked 20 Soviet cities for obliteration in a first strike: Moscow, Gorki, Kuybyshev, Sverdlovsk, Novosibirsk, Omsk, Saratov, Kazan, Leningrad, Baku, Tashkent, Chelyabinsk, Nizhny Tagil, Magnitogorsk, Molotov, Tbilisi, Stalinsk, Grozny, Irkutsk, and Yaroslavl.
Operation Unthinkable: assumed a surprise attack by up to 47 British and American divisions in the area of Dresden, in the middle of Soviet lines. This represented almost a half of roughly 100 divisions (ca. 2.5 million men) available to the British, American and Canadian headquarters at that time. (…) The majority of any offensive operation would have been undertaken by American and British forces, as well as Polish forces and up to 100,000 German Wehrmacht soldiers.
[Were you aware of these? If not, do you now wonder why?]
I am not making these things up, you can look it up for yourself on Wikipedia and elsewhere. This is the Anglo idea of how you deal with Russian “allies”: you stab them in the back with a surprise nuclear attack, you obliterate most of their cities and you launch the Nazi Wehrmacht against them.
I won’t even go into the creation of NATO (before the WTO – known in the West as the “Warsaw Pact” – was created in response) or such petty crimes as false flag terrorist attack (Operation Gladio).
[Have you ever heard of Operation Gladio or the August 1980 “Bologna massacre”, the bombing of the Bologna train station by NATO secret terrorist forces, a false-flag terrorist attack (85 dead, over 200 wounded) designed to discredit the Communist Party of Italy? If not – do you now wonder why you never heard of this?]
The sad reality is that the US intervention in Europe was a simple land-grab, that the Cold War was an Anglo creation, as was the partition of Europe, and that since WWII the USA always treated Europe as a colony form which to fight the “Communist” threat (i.e. Russia).
But, let’s say that I am all wrong. For argument’s sake. Let’s pretend that the kind-hearted Americans came to Europe to free the European people. They heroically defeated Hitler and brought (Western) Europe peace, prosperity, freedom, happiness, etc. etc. etc.
Does this good deed give the USA a license for future interventions? You both mentioned WWII as an example and a justification for the need for the USA to maintain a military large enough to counter regimes such as the North Korean one, right? So, let me ask again,
Does the fact that the USA altruistically, kindly and heroically liberated Europe from both the Nazis and the Soviets now grant the moral legitimacy to other, subsequent, US military interventions against other abhorrent, aggressive or evil regimes/countries out there?
If you reply “no” – then why did you mention it as a justification?
If you reply “yes” – then please forgive me for being so obtuse and ask you for how long this “license to militarily intervene” remains valid? One year? Five years? Maybe ten or even seventy years? Or maybe this license grants such a moral right to the USA ad aeternam, forever? Seriously, if the USA did liberate Europe and bring it peace and happiness, are we to assume that this will remain true forever and everywhere?
I also want to ask you this: let’s say, for the argument’s sake, that the moral license given by the US participation in the war in Europe is, truly, forever. Let’s just assume that, okay? But let me ask you this: could it be revoked (morally, conceptually)? Say the USA did something absolutely wonderful in Europe. What about the subsequent horrors in southeast Asia, Latin America or the Middle-East. How many murdered, maimed, occupied, terrorized, bombed and otherwise genocided “non-West Europeans” would it take to outweigh the putatively “happily liberated” Europeans which, according to you, grant the USA the license to intervene? Even if the US in Europe was all noble and pure, do the following seventy years of evil mass murder worldwide really count for nothing or does there come a point were “enough is enough” and the license can be revoked, morally speaking, by people like us, like you?
May I point out to you that your words spoken in defense of a supposed need for the USA to maintain a military capable of overseas operations strongly suggest that you believe that the USA has a moral right (if not a duty!) to conduct such operations, which means that the post WWII atrocity-tally of the USA is not, in your opinion, sufficient to elicit a “enough is enough” reaction in you. Are you sure that you are comfortable with this stance?
In theory, there could be another reason to revoke such a moral license. After all, one can have the moral right to do something, but not necessarily the capability to do so. If I see somebody drowning in a flood, I most certainly have the moral right to jump in the water and try to save this person, do I not? But that does not mean that I have the strength or skills to do so. Right? So when you say that the USA needs to maintain a military capable of protecting friends and allies from rogue and dangerous regimes like the one in North Korea, you do imply that besides having the right to extend such a protection the USA also has the capabilities and the expertise to do so?
Really?
And what is the evidence for that, may I ask?!
I asked you to name me a single successful US military intervention since WWII and you could name none. Good! I agree with you. The reality is that every single US military operation since WWII has resulted in a disaster either on the humanitarian, political and military level (often on all of them combined). Even Grenada was a total (military) failure! Also, do you see who sits in the White House today? Do you really want The Donald in charge of protecting “our friends and allies” and are you confident that he has the skillset needed to do this competently? Or Hillary for that matter? Even Sanders has a record of defending catastrophic military operations, such as the Israeli invasion of Lebanon in 2006 which, you guessed it (or not), ended in abject defeat for the Israelis and untold civilians horrors in Lebanon. But forget the President, take a look at US generals – do they inspire in you the belief that they are the kind of people who can be trusted to skillfully execute a military intervention inspired by moral and ethical reasons?! What about US “Congresspersons”? Would you trust them? So where do you see honest and competent “saviors of others” in the US polity?
Did you notice that there was no Islamic State in Iraq before the US invasion? Or did you notice that ever since the US declared a war on ISIS the latter has been getting stronger and stronger and taking over more countries. Yes, of course, once the Russians got involved ISIS began suffering defeat after defeat, but all the Americans had to say about the Russian intervention was to denounce it and predict it would fail. So why is it that the Russians are so good at fighting ISIS and the Americans, and their allies, so bad? Do you really want the Americans in charge of world security with such a record?!
Is insanity not repeating the same thing over and over again expecting different results?
Now I hear the reply you gave me to this point. You said “yes, mistakes were made”.
Mistakes?!
I don’t think that millions of murdered people, including hundreds of thousands of children, are “mistakes” (how would you react if somebody conceded to you that Hitler and Stalin made “mistakes”?). But there is something even more insidious in this notion of “mistake”.
How would you define “success”?
Say the US armed forces were not only good at killing people (which they are), but also good at winning wars (which they ain’t). Say the USA had been successful in not only invading Iraq and Afghanistan, but also in fully pacifying these countries. Say the insurgencies in Iraq and Afghanistan would have been successfully defeated, their economy had bounced back, and democratic regimes put in power: capitalism everywhere, 100 channels on each TV, McDonalds in every Afghan villages, gay pride parades in downtown Kabul, gender-neutral toilets in every mosque, elections every 4 years or so and not a single shot fired, not a single bomb going off? Would that be a “success”?
I pray to God and hope with all my heart that your reply to this question is a resounding “no!!”. Because if you answered “yes” then you are truly messianic genocidal imperialists. Yup, I mean that. Why? Because your notion of “success” is the spiritual, psychological and cultural death of an ancient civilization and that makes you, quite literally, an mortal enemy of mankind as a whole. I can’t even imagine such a horror. So I am sure that you answered “no!!” as every decent human being would, right?
But then what is a “success”? You clearly don’t mean the success as defined by your rulers (they would enthusiastically support such an outcome; in fact – they even promise it every time over and over again!). But if their idea of “success” is not yours, and if you would never want any other nation, people or ethnicity to ever become a victim of such as “successful” military intervention, why do you still want your rulers with their satanic notion of “success” to have the means to be “successful” in the future? And that in spite of the fact that the historical record shows that they can’t even achieve any type of “success” even by their own definition, nevermind yours?!
Did you notice that nowhere in my arguments above did I mention the fact that the USA has never asked people (as opposed to local Comprador elites) whether they wanted to be saved by Uncle Sam or not? Neither did they ask the American people if they wanted to go to war, hence all the well-known false flags from the “remember the Maine”, to the sinking of the RMS Lusitania, to Pearl Harbor, to the “Gulf of Tonkin incident”, to September 11th: every time a lie had to be concocted to convince the American people that they had to go to war. Is that really people power? Is this democracy?!
Are there people out there, anybody, who really favor US military interventions? Yes, I suppose that there are. Like the Kosovo Albanians. I suspect that the Afghan Tajiks and Hazara were pretty happy to see the US bomb the crap of the Taliban. So there might be a few cases. Oh, and I forgot our Balt and Ukrainian friends (but then, they were also happy when the Nazis came, hardly much of an example). But it is pretty safe to say that in reality nobody wants to be liberated by Uncle Sam, hence the wordwide use of the “Yankee go home” slogan.
This letter is already way too long, and I will forgo the listing of all the reasons why the USA are pretty much hated all over the planet, not by the ruling elites, of course, but by the regular people. And when I say “the USA” I don’t mean Paul Newman, Mark Twain, Miles Davis, Quentin Tarantino, James Taylor or the Bill of Rights or the beautiful country called “the USA”. But the regime, as opposed to any one specific government or administration in Washington, the regime is what is truly universally hated. I have never seen any anti-Americanism directed at the American people anywhere, not even in France, Greece or Latin America. But the hate for the Empire is quasi universal by now. Only the political elites whose status, power and well-being is dependent on the Empire do, in fact, support the Empire and what it stands for. Everybody else despises what the USA stands for today. And every military intervention only makes this worse.
And you want to make sure this continues? Really?
Right now the US is desperately trying to save al-Qaeda (aka IS, ISIS, Daesh, al-Nusra, etc.) from defeat in Syria. How is that for a moral stance after 9/11 (that is, if you accept the official narrative about 9/11; if you understand that 9/11 was a controlled demolition in which al-Qaeda patsies were used as a smokescreen, then this makes sense, by the way).
By the way – who are the current allies the US are so busy helping now?
- The Wahabi regime in Saudi Arabia
- The Nazi regime in the Ukraine and
- The last officially racist regime on the planet in Israel
Do these really strike you as allies worth supporting?!
And what are the American people getting from that? Nothing but poverty, oppression, shame, hatred, fear and untold physical, psychological and moral suffering.
These are the fruits of Empire. Every Empire. Always.
You mentioned that every time you see a veteran you thanked him for his service. Why? Do you really think that he fought in a just war, that his service is something he can be proud of? Did he fight for his people? Did he defend the innocent? Or was he an occupier in a foreign land and, if he saw combat, did he not kill people who defended their own land, their families and their way of life? What exactly do you thank that veteran for? For following orders? But is that not something the Nuremberg trials specifically condemned as immoral and illegal?
Do you remember how you told me that xxxxx’s Marine husband lived in a nice house with all their material needs taken care of? You added “compare that to Russian servicemen”. Well, you clearly are not aware of how Russian soldiers live nowadays, under your hated Putin, but that is besides the point. The question which I wanted to ask you then and which I will ask you now is this: is the comfortable lifestyle granted to US Marines good enough a reason to be a Marine – that is being part of the very first force called in to murder innocent people and invade countries? Do you even know what Marines did to Fallujah recently? How much is a human soul worth? And it is really your belief that being a hired killer for the Empire is an honorable way of life? And should you think that I am exaggerating, please read the famous essay “War is a Racket” by Marine Brigadier General Smedley Butler, who had the highest rank a Marine could achieve in his time and who was the most decorated Marine in history. If war is a racket, does that not make Marines professional racketeers, hired thugs who act as enforcers for the mobsters in power? Ask yourself this: what would be the roughly equivalent counterparts of the US Marines in Nazi Germany or Soviet Russia? To help you answer this question, let me offer a short quote from the Wikipedia entry about the Marine Corps: (emphasis added)
The Marine Corps was founded to serve as an infantry unit aboard naval vessels and was responsible for the security of the ship and its crew by conducting offensive and defensive combat during boarding actions and defending the ship’s officers from mutiny; to the latter end, their quarters on ship were often strategically positioned between the officers’ quarters and the rest of the vessel.
Does that help you identify their Nazi or Soviet counterparts?
Of all people, is it not we, Jews and Russians, who ought to recognize and categorically reject the trappings of Empire and all the rationalizations used to justify the subservient service to Empires?
I believe that history shows beyond any doubt that all Empires are evil, inherently and essentially, evil. They are also therefore equally evil. Shall I explain why?
Do you know what crimes is considered the ultimate, supreme, most evil crime under international law? It is not genocide, or crimes against humanity. Nope, the ultimate crime is the crime of aggression (that, by the way, makes every single US President a war criminal under international law, think of it!). In the the words of the chief American prosecutor at Nuremberg, Robert H. Jackson, the crime of aggression is the ultimate crime because “it contains within itself the accumulated evil” of all the other war crimes. Well, to paraphrase Jackson, imperialism contains within itself all the accumulated evil of all empires. Guantanamo, Hiroshima, Fallujah, Abu Ghraib, Gladio and all the rest, they “come with the territory”, they are not the exception, they are the norm.
The best thing which could happen to this country and its people would be the collapse of this Empire. The support, even tacit and passive, of this Empire by people like yourself only delays this outcome and allows this abomination to bring even more misery and pain upon millions of innocent people, including millions of your fellow Americans. This Empire now also threatens my country, Russia, with war and possibly nuclear war and that, in turn, means that this Empire threatens the survival of the human species. Whether the US Empire is the most evil one in history is debatable, but the fact that it is by far the most dangerous one is not. Is that not a good enough reason for you to say “enough is enough”? What would it take for you to switch sides and join the rest of mankind in what is a struggle for the survival of our species? Or will it take a nuclear winter to open your eyes to the true nature of the Empire you apparently are still supporting against all evidence?
The Saker