L’afficheur Michel-Ange Flori a été relaxé par le tribunal de Toulon après avoir été poursuivi pour une affiche représentant Emmanuel Macron en rabbin. Accusé de ne pas avoir supprimé assez vite des commentaires antisémites sous son tweet, il échappe finalement à toute condamnation. Une victoire pour la liberté d’expression et un camouflet pour la censure politique
Mise à jour le 29/03/25

On l’attendait, cette décision. On la sentait venir, tant l’affaire était grotesque. Mais enfin, c’est officiel : Michel-Ange Flori, l’afficheur le plus redouté des puissants (et des détenteurs de second degré en panne), a été relaxé par le tribunal correctionnel de Toulon. Le crime du bougre ? Avoir osé placarder une affiche transformant notre très vénérable Emmanuel Macron en rabbin. Une audace qui n’a manifestement pas fait rire tout le monde, à commencer par le Crif, qui s’est empressé de porter plainte.
Quand la satire devient crime d’État (ou presque)
L’accusation tenait à un fil : Flori était poursuivi pour « provocation à la haine en raison de la religion », non pas directement pour son affiche, mais pour n’avoir pas supprimé à la vitesse de la lumière quelques commentaires douteux postés sous son tweet. Oui, vous avez bien lu. Dans cette affaire, ce n’était pas tant l’affiche qui posait problème, mais la lenteur de suppression de deux réactions jugées antisémites. En gros, si un inconnu poste une absurdité sous votre publication, à vous de jouer les modérateurs sous peine de finir au tribunal. Pratique.
Heureusement, la justice a fait preuve d’un soupçon de lucidité et a choisi de relaxer l’afficheur. Un petit moment de répit pour la liberté d’expression, bien malmenée ces dernières années.
Macron, Flori et la liberté d’expression
Rappelons que ce n’est pas la première fois que Michel-Ange Flori s’attire les foudres du pouvoir. En 2022, la Cour de cassation avait annulé une condamnation à son encontre après qu’il ait osé caricaturer Macron en Adolf Hitler ou en maréchal de Vichy. Apparemment, à l’Élysée, on tolère la satire à condition qu’elle vise les autres, en particulier les chrétiens et les musulmans sous la plume de Charlie Hebdo. Mais quand l’humour se retourne contre Jupiter lui-même, c’est à grands coups de convocations judiciaires que la réponse tombe.
Faut-il rappeler aux zélotes de la bien-pensance que la loi française permet la caricature, même si elle dérange ? Rappelons que la Cour européenne des droits de l’homme a régulièrement statué en faveur de la liberté d’expression, y compris lorsque celle-ci offense. Si certains veulent un monde où toute ironie est passible de prison, il existe d’autres destinations que la France pour cela.
La satire survivra-t-elle ?
L’affaire Flori illustre une tendance inquiétante : à force de judiciariser l’humour et la critique, on tue progressivement le droit de moquer et de déranger. Qu’on l’aime ou non, Michel-Ange Flori a fait ce que les pamphlétaires et caricaturistes font depuis des siècles : secouer l’ordre établi à coups de pinceau et de slogans bien sentis.
Alors, chers internautes, la loi est de votre côté : sortez vos crayons, vos logiciels de montage, et rappelez à nos gouvernants que la satire n’est pas un crime, mais un droit. Caricaturer, ce n’est pas haïr, c’est faire vivre la démocratie.