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vendredi 23 juin 2023

Tragédie entre HIMARS et ‘Storm Shadow’

 Source : https://www.dedefensa.org/article/tragedie-entre-himars-et-storm-shadow

• La situation reste fluctuante en Ukraine, – pas tant sur le terrain où la bataille suit le cours catastrophique prévu que dans les esprits où l’on s’interroge sur le sort de la politique extérieure des USA/UE. • Qu’est-ce qui pousse les Occidentaux-compulsifs à recommencer encore et encore, les mêmes erreurs, les mêmes sottises, les mêmes folies ? • Ainsi, selon Alastair Crooke, leur aventure se transforme-t-elle en tragédie au sens fondamental et grec de la chose, conduisant à un sort catastrophique comme s’il existait un destin évidemment irrésistible dans ce sens.

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Les Russes ont officiellement sorti le drapeau rouge. Le ministre de la défense Choïgou a déclaré solennellement que les Ukrainiens envisagent d’utiliser des armements US (le HIMARS) et britanniques (le missile de croisière ‘Storm Shadow’) pour frapper notamment la Crimée. Le ministre russe fait référence (pour la première fois sous cette forme ?) à une “zone active des hostilités”, dont la Crimée ne fait pas partie, pour définir cette possible attaque comme un échelon de plus dans l’escalade dont il tiendrait officiellement responsables, non seulement les Ukrainiens, mais également les USA et UK, – c’est-à-dire l’OTAN, sous la forme de ces deux pays qui en font partie.

« Les dirigeants militaires ukrainiens envisagent d'utiliser des armes occidentales pour frapper des régions de la Russie qui ne font pas partie de la zone active des hostilités, notamment la Crimée, a averti le ministre russe de la défense, Sergei Choïgou.

» Les responsables de Kiev veulent notamment utiliser des lance-roquettes multiples HIMARS et des missiles de croisière aéroportés Storm Shadow. Ces systèmes d'armes ont été livrés à Kiev par les États-Unis et le Royaume-Uni respectivement et, si de telles attaques sont lancées, l'implication des pays de l'OTAN dans le conflit s'intensifiera, selon Choïgou. »

Cette déclaration est aussitôt interprétée comme un avertissement très sérieux dans le sens de l’aggravation des conditions admises de la guerre en Crimée, l'avertissement russe concenant sans aucun doute des centres de commandement où se trouvent des officiers US et UK. On cite ici la réaction immédiate (du 20 juin) du Dr. Gilbert Doctorow, qu’il nous arrive de citer comme une source indépendante à consulter du fait de sa qualité de jugement. Son texte est très court, disponible en plusieurs langues, fait pour lancer une alerte qui met l’accent sur l’urgence de la situation, – sous un titre extrêmement explicite : « Le dénouement de la guerre en Ukraine approche à la vitesse de l’éclair »... C’est “la vitesse de l’éclair” qui nous intéresse, dans cette époque d’intense et de si rapide circulation de la communication, – à la vitesse de l’éclair, et comment !

« Aujourd’hui, le ministre russe de la défense, Sergei Choïgou, a fait une annonce qui n’a pas encore été relayée par les médias occidentaux, mais qui est de la plus haute importance.

» Selon les derniers rapports des services de renseignement, la Russie pense que les forces armées ukrainiennes ont désormais l’intention de couvrir leur contre-offensive ratée dans le Donbass en utilisant l’artillerie à lancement multiple Himars fournie par les États-Unis et les missiles de croisière Storm Shadow fournis par le Royaume-Uni, éventuellement dans la version à plus longue portée, pour attaquer la Crimée.

» Si cela se produit, a déclaré Choïgou, la Russie considérera que les États-Unis et la Grande-Bretagne sont entrés de plein pied dans la guerre en tant que cobelligérants. Et la Russie répondra immédiatement à toute attaque de ce type sur son territoire en détruisant “les centres de décision” du régime de Kiev. Il s’agit d’une menace assez transparente de “neutraliser” l’appareil gouvernemental et son personnel, y compris, logiquement, le président Zelenski.

» La déclaration de Choïgou ne laisse guère de doute sur le fait que nous entrons dans la phase finale de la guerre en Ukraine, une guerre limitée à la géographie de l’Ukraine, et que nous nous dirigeons peut-être vers une guerre plus large aux conséquences imprévisibles à la fois pour les Européens et (in fine) pour les Américains.

» La balle est dans le camp de Washington et de Londres. »

Il est possible qu’un esprit raisonnable aurait l’étrange et téméraire idée de se plonger dans l’imbroglio-labyrinthico--capharnaüm de ce qui sert de politique US pour tenter de comprendre et d’expliquer cette politique, et de remarquer que ce projet ukrainien mis à jour par les Russes suit de tout près le dernier tournant en date de Biden, refusant une facilité d’accès de l’Ukraine à l’OTAN, décision-surprise qui avait surpris tout le monde dans le sens inattendu, du type, – “Tiens, les USA prennent leurs distances de l’Ukraine après l’évidence de l’échec catastrophique de la contre-offensive et dans la perspective des élections présidentielles de 2024”.

Mais il ne nous intéresse, ni de comprendre ni d’expliquer cette “politique” des USA. Nous nous intéressons aux mécanismes métahistoriques en cours, dont nous estimons depuis quelques années qu’ils sont en corrélation quasiment directe avec les événements bassement humains pour en faire leurs jouets. Dans ce cas, l’apparente contradiction prend tout son sens et revient en fait à l’incapacité de “faire autrement” que ce qu’on fait, même s’il apparaît évident que ce qu’on fait est absurde

Notre “tragédie-grecque”

Alastair Crooke nous offre une explication de ce comportement qui consiste, pour le cas de l’Ukraine comme dans tous autres domaines de la GrandeCrise (domaine financier, sociétal, psychologique, etc.) issue justement de ce travers mortel, de continuer à procéder de la sorte que l’enseignement évident de sa répétition nous a montré l’aspect vicieux, fallacieux et catastrophique. Il écrit ainsi (le 19 juin, traduction française dans ‘Réseau International’) :

« La tragédie qui frappe l’Occident aujourd’hui consiste, d’une part, en l’impossibilité pure et simple pour lui de continuer à faire ce qu’il a fait – ce qui n’a d’égal que son impossibilité à faire autre chose. [...]

» En clair, c’est ce qui constitue le paradoxe : il est déjà évident que continuer à faire ce que les élites occidentales font en Ukraine touche à la définition de la folie (continuer à répéter la même chose, avec la seule conviction que “la prochaine fois”, le résultat sera différent). La question qui se pose est celle de l’impossibilité de “faire autre chose”. »

Crooke poursuit alors en en venant au « paradoxe occidental », qui n’est finalement qu’une transcription à la situation actuelle de la tragédie en son sens le plus fort et le plus vrai, qui est la tragédie grecque. C’est-à-dire quelque chose où le hasard (la “malchance”) n’a rien à faire, mais quelque chose qui répond à une nécessité, avec une dynamique impossible à arrêter ou à détourner, comme si elle était dotée de sa propre destinée. L’Ukraine est effectivement un excellent exemple, celui où tout le monde observe la tragédie en train de se faire, où les Occidentaux-poussifs s’en désolent tout en bourrant de charbon la chaudière et en dénonçant le feu qui brûle. Les Occidentaux-tardifs ne sont ni stupides ni aveugles, ils sont totalement inexistants et leur “nature” (celle dont parle Crooke) implique leur propre anéantissement, – comme une sorte d’“antinature” si l’on veut.

« Tel est le paradoxe occidental. Une tragédie grecque est une tragédie dans laquelle la crise – au cœur de toute “tragédie” – ne survient pas par pure malchance, pour laquelle personne n’est vraiment à blâmer ou n’aurait pu prévoir. Selon le sens grec, la tragédie est le lieu où quelque chose se produit, parce que cela doit se produire, en raison de la nature des participants, parce que les acteurs impliqués font en sorte que cela se produise. Et ils n’ont pas d’autre choix que de faire en sorte que cela se produise, parce que c’est leur nature.

» Telle est l’implication profonde qui découle du dilemme tragique d’aujourd’hui, qui pourrait bien déboucher sur un déroulement complet de la tragédie dans ce que l’on pourrait définir à juste titre comme une “guerre de choix” occidentale. »

C’est effectivement cette chose qui, selon nous, doit être mise en évidence : la “nature profonde” [‘antinature profonde’, disons] des Occidentaux-autodestructifs, qui comporte en bon ordre néantissement et par conséquent dynamique d’autodestruction, par conséquent suivant et adorant cette dynamique de la tragédie grecque qui s’impose effectivement comme un destin exemplaire d’annihilation, de “cancellation” comme ils disent. Tout ce que nous faisons, – nous, Occidentaux-nihilistifs, – va dans ce sens, et tout notre brio se trouve dans la capacité de nous fabriquer nous-mêmes nos arguments moraux, de subvertir notre système de la communication, d’encenser les serviteurs de ce système, les communicants et les gens de la presseSystème qui construisent et entretiennent un simulacre pour nous complaire, comme l’on fait du feu de la chaudière en pleine marche. Ce cas, ce que nous décrivons en matière de perception et de connaissance, marquera un des sommets de la honte de cette civilisation aux abois.

« Je ne connais pas de conflit où les gens ont été aussi catastrophiquement mésinformés... Je n’ai jamais connu un temps où une guerre a été aussi catastrophiquement rapportée que celle-ci... Franchement, je commence à devenir vraiment furieux de ce que je lis...

– ... Vraiment, je partage votre colère et votre dégoût... »

(Alexander Mercouris et Larry S. Johnson, le 20 juin 2023)  

Terminus de la civilisation

Bien entendu, l’Ukraine n’est qu’un des champs d’une bataille d’une guerre qui en entretient de multiples et marque l’apogée de notre GrandeCrise. Mais ce conflit a, sinon l’avantage au moins la particularité de nous montrer l’extraordinaire, la paradoxale proximité existant entre la brutalité terrible d’une guerre d’où les diverses variations de la crise  sembleraient devoir être complètement absentes, et les aspects de domaines si différents, sociologiques et sociétaux, qui ont pourtant, malgré ces différences, complètement leur place dans l’affrontement. Ceux qui ne l’ont pas compris, comme divers nationalistes ou des traditionnalistes tels que les gens du parti au pouvoir en Pologne qui soutiennent l’Ukraine postmoderne, doivent se préparer à des déchirements et à des révisions terribles, – ou bien à perdre des élections (cet automne en Pologne), ce qui est une sorte de parodie moderniste de la tragédie, quelque chose comme notre chère tragédie-bouffe.

C’est ce que nous dit fort justement Crooke. Cette guerre est une “guerre de civilisation”, qui n’a rien à voir, ni avec les religions, ni avec les races, ni avec les cultures, – donc, rien à voir avec ‘Le choc des civilisations’ qui date un peu, – parce qu’il s’agit de deux conceptions-perceptions du monde et de la vie qui s’affrontent, – deux caractères si l’on veut, celui qui dénonce l’hubris et celui qui n’est qu’hubris. Chacune de ces conceptions-perceptions contient tous les composants principiels ou non-principiels, – c’est le choix essentiel, – qui font un monde et son univers. C’est à cette hauteur qu’il faut faire ce choix, sans craindre l’ivresse et le vertige des cimes.

« ...[L]e sentiment que la survie de la civilisation occidentale est en jeu. Le processus est susceptible de remodeler la politique occidentale le long d’une nouvelle ligne de fracture, qui trouve son expression dans la confrontation entre ceux qui souhaitent un bouleversement “vert” de la société humaine, un monde “trans” pour les enfants, une immigration facile, une réorganisation radicale du pouvoir entre les groupes «identitaires» de la société, un changement de la nature même de la culture occidentale – et ceux qui sont viscéralement opposés à tout ce qui précède. »

 

Mis en ligne le 21 juin 2023 à 19H50

dimanche 17 juillet 2022

Notes sur un désarroi civilisationnel

  Alors que les conditions de la formidable tension créée par Ukrisis ne cessent de se détériorer dans un sens menaçant, chaotique et incohérent, on passe ici en revue quelques-uns de ses points saillants. • Il y a d’abord les possibilités catastrophiques de dérive vers des affrontements guerriers terribles, jusqu’au risque de la guerre nucléaire qui ne cesse de peser, selon la description qu’en fait une Tulsi Gabbard. • Il y a les contrecoups politiques et sociaux qui commencent à se faire sentir sous le coup de l’effet-boomerang des sanctions, notamment en Europe où l’on surveille la situation italienne comme la possibilité de devenir un “modèle” entraînant des crises nationales au sein de l’UE. • On s’interroge sur les capacités militaires du bloc-BAO alors que l’armée US subit les contrecoups de la crise du Covid et nourrit des tensions sécessionnistes. • Il y a le mystère de ce bloc-BAO se conduisant d’une façon insensée qui favorise la formation d’un formidable bloc (BRICS/Grand-Sud) en préparant son propre suicide : Pépé Escobar y voit une « profonde maladie de l’âme. »

Un désarroi profond, parcouru d’effets hystériques de proclamations déraisonnables, d’accusations furieuses et d’affirmations triomphantes, est aujourd’hui la marque du “climat” de notre civilisation. Ceux qui en sont les adorateurs et les gestionnaires, tout en affirmant en être les créateurs en constante évolution, les gens des directions des différents composants du bloc-BAO, avec le wokenisme/LGTBQ+ et leurs certitudes néo-libérales/globalisatrices dans leurs sacs à dos sortis de chez Vuitton, sont confrontés à des heurts et à des embardées inattendues, à des hypothèses furieuses, à des perspectives d’apocalypse dont ils ne semblent gère avoir cure, si seulement ils les réalisent et mesurent leur signification et leurs effets.

Il y a deux volets dans ce paysage de tragédie-bouffe aux dimensions planétaires, avec certes des nuances dans la tragédie et des nuances dans le bouffe. Est-il nécessaire de préciser qu’il s’agit d’une époque sans précédent dans notre civilisation, qui défie peut-être même en importance et en effets extraordinaires à attendre sans en rien savoir, le temps de la fin de l’Empire de Rome ? C’est dans tous les cas notre conviction, et cela n’est là qu’une redite de notre part, bien entendu. Plus que jamais, nous disons qu’il est impossible de savoir ce qui nous attend et, s’il nous arrive de lire tel ou tel document décrivant les possibilités de tel ou tel projet, telle ou telle situation pour 2030, voire 2025, nous apprécions que les auteurs de telles projections font montre d’une singulière audace, c’est-à-dire d’une complète inconscience et d’une inconséquence à mesure, – même si sans le vouloir, certes, et sans intentions malignes.

Mais débarrassons-nous d’abord du plus tragique et du plus lourd, le versant sombre de notre impuissance à dominer les événements en croyant les dominer tout à fait, comme tel autre disait « le côté sombre de la Force ». Bien entendu la responsabilité est du côté qu’on sait, ce qui se murmure de plus en plus malgré les tombereaux de propagande que déversent sur nous le Système et ses stupides serviteurs robotisés et lobotimisés (les deux à la fois, c’est fort !). Cela se murmure et cela se sait, et cela commence à s’entendre, – et c’était même dit depuis plusieurs mois, par exemple par Ségolène Royal, citant « les provocations de l’OTAN ».

Les terreurs d’Ukrisis

Laissons ici les événements détaillés et terribles de cette guerre pour nous attacher à deux interventions, sans lien entre elles mais qui se succèdent d’un jour l’autre. Toutes deux rendent un son terrifiant, toutes deux viennent de personnalités très différentes, sans rôle politique majeur qui leur vaudrait l’intérêt de la presseSystème, mais selon notre perception et notre expérience, à la fois très bien informées et très consciente des enjeux militaires et stratégiques immédiats. Les deux nous dépeignent un risque majeur, et il faut les écouter et les entendre, plutôt que perdre son temps avec des nullités du type-charlatan, du type-Biden/Macron.
• La première intervention est celle du président serbe Aleksandar Vucic. Il n’est généralement pas apprécié des indépendants-résistants pour ses marques d’intérêt pour l’UE et la globalisation dans “le temps d’avant”. Mais la Serbie est désormais un pays assiégé au milieu des diverses républiques soviétiques de l’UE, et les Serbes n’entendent pas céder aux pressions terribles qui voudraient faire de la Serbie un pays dans le rang, et donc parfaitement antirusse. Les Serbes sont slaves et frères de culture et de race des Russes. Vucic a lui-même manifesté cette réalité : est-ce pour suivre le courant populaire et être réélu ou bien est-ce sincérité complète ? Les deux sans doute, et la tragédie mettant la sincérité en avant.

Dans une interview à une TV locale mercredi, Vucic a donné son évaluation de la situation actuelle qui n’est rien moins que : “Nous sommes entrés dans la Troisième Guerre mondiale”. Les précisions qu’il donne sur la guerre d’Ukraine et sur les Russes doivent être entendues avec grand intérêt, parce que les relations de Vucic avec les Russes et Poutine se sont considérablement resserrées depuis le 24 février. Le Serbe est certainement informé de première main, et sans doute dans un ordre pressant de priorité, des analyses et des intentions des Russes ; et il est informé de la possibilité d’un ultimatum qui est essentiellement suscité par l’afflux d’armes US avancées et leur emploi délibérée, sur renseignements US, contre les populations civiles du Donbass.

 « “Nous devons comprendre qu'au milieu de la guerre mondiale, – car tous les discours selon lesquels il s’agit d'une guerre régionale ou locale doivent être abandonnés, – l’ensemble du monde occidental se bat contre la Russie via les Ukrainiens. C'est un conflit mondial”, a-t-il déclaré dans une interview accordée à Pink TV.

» Le président a déclaré que la guerre mondiale en cours est ce qui l'inquiète le plus et que, selon lui, elle ne fera qu'empirer.  »

Enfin, cette dernière précision, déjà signalée, et qui constitue sans aucun doute l'aspect le plus important, le plus précis aussi, de son interenention, justement à cause des liens qu'il a établis avec la Russie depuis le 24 février.

« “Je sais ce qui nous attend. Dès que Vladimir Poutine aura fait son travail à Seversk, Bakhmut et Soledar, après avoir atteint la deuxième ligne Slaviansk-Kramatorsk-Avdeevka, il présentera une proposition. Et s'ils [les Occidentaux] ne l'acceptent pas, – et ils ne l'accepteront pas – l’enfer se déchaînera”, a-t-il prédit, sans donner de détails sur cette initiative. »

• La deuxième intervention est celle de Tulsi Gabbard, qu’on connaît bien sur ce site. Bien qu’ayant quitté le Congrès depuis le 31 décembre 2020, Gabbard reste très active et largement consultée sur les matières de politique étrangère. Elle est notamment une des intervenantes favorites de FoxNews, notamment (mais pas seulement) chez son ami Tucker Carlson qui partage complètement ses vues sur la guerre en Ukraine.

Ce dont elle nous parle, c’est d’un sujet qui l’obsède, qui est la possibilité d’une guerre nucléaire dans le cadre de l’actuelle Ukrisis, et cela favorisé par l’incroyable inconscience des dirigeants-Système du bloc-BAO, leur « nonchalance » dit-elle. On la comprend lorsqu’on entend un parlementaire (le député républicain Dan Crenshaw) déclarer avec un complet cynisme souligné d’une stupidité sans bornes, après avoir voté en faveur d’une aide de $40 milliards en armes pour l’Ukraine :

« Investir dans la destruction de l'armée de notre adversaire, sans perdre un seul soldat américain, me semble être une bonne idée. »

L’interview de Gabbard a donc eu lieu hier sur FoxNews et l’on saisit effectivement la proximité de tonalité des déclarations du Serbe Vucic :

 « Gabbard juge que les dirigeants américains font preuve de désinvolture face à la crise, ignorant le risque de déclencher une guerre catastrophique avec la Russie. Elle a donné l’exemple d'un message d'intérêt public diffusé récemment dans la ville de New York, qui conseillait aux habitants de rester à l’intérieur en cas d'attaque nucléaire.

» “Je suis presque tombée de ma chaise quand j'ai vu ce message d'intérêt public parce que c'est insensé”, a déclaré Gabbard. "Ils nous traitent comme si nous étions dans les années 1950 et 1960, lorsque les enseignants disaient aux enfants de se mettre sous leur bureau en cas d’attaque nucléaire et qu'ils seraient protégés [le slogan ‘Take Cover !’]. C’est complètement dément”.

» “La réalité est que le président Biden, les membres du Congrès, les dirigeants de notre pays, les ultra-riches, ils auront tous un endroit sûr où se trouver dans le cas d’une guerre nucléaire dont ils seront à l’origine, alors que le reste d'entre nous, en Amérique et en Russie, les gens du monde entier, seront décimés par cet événement”.

» Gabbard a affirmé que les dirigeants américains traitaient le risque de provoquer une guerre directe avec la Russie “comme si de rien n'était”. Pendant ce temps, a-t-elle ajouté, “ils ont élaboré des plans sur la façon dont ils peuvent continuer à mener cette guerre depuis un bunker souterrain. C'est dire la gravité de la menace à laquelle nous sommes confrontés et à quel point il est fou et inquiétant que le président Biden et les membres de son administration puissent faire preuve d'une telle nonchalance quant au fait que ce sont eux qui continuent à conduisent cette évolution”. »

Gabbard a une sensibilité particulière aux choses de la guerre, parce qu’elle est lieutenant-colonel dans la Garde Nationale de Hawaï, et aux choses de la guerre nucléaire parce qu’elle a vécu une expérience traumatisante où elle joua un rôle important en tant que parlementaire représentant de l’État de Hawaï, alors qu’elle se trouvait sur place, en janvier 2018. Il y eut une fausse alerte à une attaque nucléaire contre l’île, dont on ne sut la fausseté que 33 minutes après l’alerte. Jouant aussitôt un rôle central, d’abord dans l’alerte puis dans le rétablissement de l’ordre, Gabbard put observer les effets terrifiants de panique et de chaos que provoqua une telle alerte, correspondant ainsi à une hantise inconsciente d’une telle attaque dans l’esprit du public.

Ukrisis et la fragilité européenne

On quitte cet aspect glaçant qui existe sans aucun doute dans et autour du conflit, pour aborder un aspect plus immédiat et concret, qu’on trouve dans les effets politiques subis dans le bloc-BAO (UE essentiellement), comme effet à la fois du formidable “effet-boomerang” des sanctions antirusses et la très nette baisse d’enthousiasme pour soutenir l’Ukraine, autour de la circulation de plus en plus grandes de certaines vérité-de-situation sur l’affaire.

Le 12 juillet, le “réseau Voltaire” publiait une nouvelle qu’il intitulait :

« Déstabilisation politique en Occident :

[...] » • Le 8 juillet 2022, l’ancien Premier ministre japonais et homme fort de son parti politique, Shinzo Abe, a été assassiné lors d’un meeting électoral. Son père avait introduit l’Église de l’Unification du révérend Moon au Japon dans les années 50. L’ensemble du clan Abe était très lié à ce groupe militaro-politico-religieux, outil indispensable de la CIA durant la Guerre froide. Shinzo Abe et la secte Moon influaient le Japon pour qu’il s’allie publiquement aux USA contre la Chine.

» • Le 10 juillet 2022, plusieurs jeunes femmes ayant assisté à une soirée d’été du parti social-démocrate allemand ont manifesté des malaises. Un millier de personnes participait à cet événement dont le chancelier Olaf Scholz, les parlementaires du parti et leurs équipes. Il semble qu’au moins neuf jeunes femmes aient été droguées à leur insu et éventuellement violées.

» • Le 11 juillet 2022, le quotidien Le Monde publie en fin de matinée le premier volet d’une étude de documents parvenus à un consortium de médias attestant des méthodes de la société Uber. Le président français Emmanuel Macron y apparait comme ayant contracté un accord secret avec la société états-unienne pour l’implanter en France en modifiant à son profit les lois en vigueur. Cependant, pour le moment, aucun document publié n’autorise à parler de corruption. »

Tout cela était encore contestable, – nous voulons dire de désigner ces quelques événements comme une “déstabilisation politique ». Mais d’autres s’y sont ajoutés.

• L’épisode italien : la promesse de démission du Premier ministre Draghi suite à une mésentente et une rupture avec le partir 5-étoiles (qui était dans la coalition au pouvoir) à propos notamment des fonds de soutien à l’Ukraine qui limitent l’aide à apporter aux plus pauvres en Italie. Refus du président de la république de la démission de Draghi dans le cadre d’une ‘combinazione’ coutumière, mais la situation reste très fragile. L’UE suit cette situation avec attention, et crainte de la voir allumer une série de crises similaires dans les autres pays.

• La défaite sur le “passe sanitaire” pour les enfants du gouvernement français devant l’assemblée nationale durant la nuit du 13 juillet. Elle fragilise la position de Macron et risque d’exacerber les critiques potentielles contre tous les aspects de sa politique (y compris l’Ukraine).

• La démission de la première ministre estonienne Kaya Kallas.

• Pour suivre sur l’épisode allemand, l’affirmation par le ‘Daily Telegraph’ que le chancelier Scholz perdra ses fonctions s’« il ne capitule pas devant Poutine » pour reprendre certains approvisionnements en énergie.

Si l’on parle peu de la Hollande (et du Sri Lanka), – peut-être parce qu’on a l’esprit ailleurs et que les déboires qu’on y relève touchent à des domaines pour lesquels le respect qui implique un “devoir de réserve” est demandé (l’écologie et la transformation écolonomique du type “Grand Tournant”/‘Great Reset’, les questions d’énergie, les consignes de l’UE, etc.), – les événements qui s’y déroulent sont liés au cadre transformationnel de l’époque, avec notamment les problèmes de l’énergie, et est donc en lien avec Ukrisis. D’ailleurs, Ukrisis touche tout et, par conséquent, si l’on a certaines difficultés à faire un lien entre toutes ces fragilités nouvelles des pays européens, on s’entend pour en attribuer la cause directe ou indirecte à cette gigantesque crise qui nous secoue.

L’instabilité européenne contraste avec la stabilité intérieure russe, alors que le projet impliquait que le contraire était attendu sinon assuré. Elle est bien visible depuis le 24 février et alimentée par les sanctions-boomerang, donc bien plus forte, et cette vision alimente encore plus la perception de cause à effet dans l’UE du lien entre cette fragilité et Ukrisis. Penser cette instabilité de cette façon, c’est effectivement l’établir, – et alors conclure : on nous promettait la fragilité russe et nous avons la fragilité européenne.

Ukrisis et les moyens de la guerre

Le désarroi européen/du bloc-BAO passe également par la voie des armes, celles que le bloc donne à Zelenski, celles qu’on prépare au cas où les choses s’envenimeraient encore et élargiraient le champ de la bataille vers des pays de l’OTAN/UE... Mais les premières n’empiètent-elles pas d’une façon catastrophique sur les secondes, par exemple lorsqu’on apprend que la France a déjà donné à l’Ukraine un tiers de son parc d’artillerie à longue portée ?

Heureusement, pense-t-on dans les officines farouchement européistes, il nous reste les USA sur lesquels nous appuyer. Cet encourageante espérance en l’avenir de l’Europe-UE entièrement soumise aux USA invitent à nous pencher sur certains détails d’une nouvelle intéressante, alors que le Pentagone commence à licencier les hommes et femmes qui ne sont pas en conformité, pour raisons personnelles, avec la vaccination covidienne. Cette mesure touche tout de même plus de 13% de l’effectif du Pentagone, ce qui implique quelques problèmes potentiellement fort graves pour le volume des forces armées, confrontées désormais à deux ennemis non prévus par la RAND Corporation : le vaccin Covid et l’armement des forces ukrainiennes, – et un troisième éventuellement : la baisse catastrophique du niveau d’instruction et l’accent mis sur les nécessités du wokenisme qui affecte grandement le recrutement. C’est donc une façon tout à fait intéressante de lier les deux crises qui se sont succédées et de leur assigner une parenté qui est une évidence de la GrandeCrise.

« Les obligations strictes de l'administration Biden en matière de vaccination contre le virus Covid-19 exposent plus de 13 % des forces combattantes américaines à un risque de renvoi, selon les données du ministère de la défense mises à jour mercredi.

» Le site Web du Pentagone fait état de 268 858 personnes ”partiellement vaccinées” dans l'armée de terre, les marines, la marine et l'armée de l'air, auxquelles s'ajoutent 50 710 employés civils. Cependant, ces chiffres n'incluent pas les militaires qui n'ont pas été vaccinés du tout, ce qui signifie que le nombre réel de personnes mises en danger par les mandats de vaccination de l'administration pourrait être beaucoup plus élevé.

» Alors que les soldats non vaccinés dont les demandes d'exemptions médicales et religieuses sont en attente sont censés être exemptés de l'obligation, le réserviste des Marines Mike Berry a déclaré à Breitbart que les exemptions religieuses n'ont été accordées qu'à des personnes déjà sur le point de quitter l'armée.

» Selon des statistiques citées par Breitbart, quelque 6 400 militaires ont déjà été expulsés pour avoir refusé de se faire vacciner, la majorité d'entre eux étant des Marines. Et ce, bien qu'une injonction du tribunal ait interdit à la marine de renvoyer tout marin demandant une exemption religieuse. Si les pressions politiques ont empêché le Pentagone d'infliger aux disparus une décharge déshonorante, même une décharge “générale” peut signifier la perte d'avantages et une marque noire sur le dossier disciplinaire d'un soldat.

» L'armée a commencé à intensifier les procédures administratives à l'encontre des soldats partiellement ou non vaccinés la semaine dernière, expliquant que les non-conformes ne recevraient plus de solde à partir de juillet et ne seraient plus autorisés à participer aux “exercices et entraînements financés par le gouvernement fédéral”. Une déclaration de la branche militaire avertit que ceux qui refusent l'ordre de vaccination obligatoire “peuvent faire l'objet de mesures administratives défavorables supplémentaires, y compris la séparation".

» La date limite de vaccination des réservistes et des gardes nationaux à temps partiel est passée la semaine dernière, ce qui signifie que 12 % des réservistes, soit environ 22 740 personnes, ne sont pas entièrement vaccinés. Quelque 13,1% des membres de la garde nationale de l'armée (44 000 soldats) ne sont pas non plus complètement vaccinés, a déclaré un porte-parole à Army Times.

» Lorsqu'il a été interrogé sur l'effet qu'aurait sur l'état de préparation de l'armée américaine le renvoi potentiel de dizaines de milliers de soldats non vaccinés, le chef d'état-major interarmées Mark Milley a minimisé le problème, insistant sur le fait que “le nombre de ceux qui refusent de se faire vacciner est très faible”, qualifiant le problème de “gérable” et affirmant que les soldats devraient simplement se taire et se faire vacciner.

» Toutefois, une étude récente publiée dans le Journal of the American Medical Association a confirmé que les militaires souffrent d'effets secondaires graves mais rares des vaccins, notamment de myocardite.

» L'armée américaine a eu du mal à attirer de nouveaux soldats, affichant cette année ses chiffres de recrutement les plus bas depuis des décennies. Le mois dernier, le Pentagone a admis qu'il était en retard de 23 % sur ses objectifs de recrutement pour l'année, un problème qui a été imputé à une mauvaise publicité, – en particulier la récente tendance aux annonces ‘Woke’ largement moquées sur les médias sociaux, – et à un système de recrutement négligé et obsolète qui confie trop de responsabilités à des contractants extérieurs. »

Il est à noter, comme il apparaît dans divers commentaires de lecteurs de ce texte, que la question de la Garde Nationale pourrait être traitée différemment. Les soldats de la Garde qui ne répondraient pas aux critères du Pentagone pourraient être conservés par les gouverneurs des État, qui ont prééminence à cet égard, pour les tâches afférentes à l’État, si cet État ne considère pas la vaccination comme obligatoire. On pourrait même envisager qu’ils soient regroupés dans d’autres unité, sans assignation fédérale possible, alors que les critères du Pentagone pourraient conduire ces mêmes États à rechigner jusqu’à un refus devant la perspective d’envoyer des unités de leur Garde dans des conflits extérieurs qui ne les intéressent pas.

Cette situation ambiguë alimente évidemment les tensions sécessionnistes internes, comme produit indirect des engagements extérieurs, y compris en Europe et par rapport à l’Ukraine. Il est intéressant d’entendre l’avis du président de l’association Trump-France Georges Clément. Selon lui, la complexité des situations aux USA, autant que la polarisation des antagonismes politiques, conduisent à la possibilité de la sécession. Cette situation de la Garde Nationale au regard des initiatives fédérales guerrières, et Ukrisis dans ce cas, est un des faits politiques qui poussent dans ce sens et sont concrétisés notamment par le référendum sur la sécession qui a de grandes chances d’être organisé au Texas en 2023.

Commentaire d’un lecteur du texte cité :

« La Garde nationale est prête au premier coup de feu mais elle n’est PAS dans la chaîne de commandement du président jusqu’à ce qu’elle reçoive des ordres fédéraux pour la formation ou le déploiement. Actuellement, la Garde rend compte aux gouverneurs et peut effectuer des missions d’État telles que des émeutes, des inondations, des ouragans... ou des guerres civiles, mais elle ne peut pas être déployée pour des missions fédérales sans mandat explicite. Le déploiement pour le service fédéral doit être permis et autorisé par le gouverneur, et au moins l’Oklahoma, le Texas et la Floride ont dit qu'ils licencieraient pas des gardes parce qu'ils ne veulent pas prendre une chose qui s'est avérée n'avoir aucun impact... Ces trois États prévoient de transférer ces soldats dans des forces relevant d’eux seuls, déjà existantes ou à créer, où ils auraient dû être de toutes les façons. Pourquoi les États enverraient-ils des forces d'urgence locales dans des actions non locales de l'OTAN ? »

Le Grand Suicide d’Ukrisis

Nous allons nous arrêter, pour conclure, au dernier texte de Pépé Escobar (ici en anglais, ici en traduction française), qui commence par une exposition en trois paragraphes de la situation du bloc américaniste-occidentaliste (même si Escobar la fixe sur l’UE d’abord, dont la mise en scène de son suicide est la plus patente et la plus wagnéro-wokeniste). Ensuite, il expose les remèdes (sans grand espoir, à notre sens) que le tandem Russie-Chine, avec le Grand-Sud rassemblé et les BRICS en pleine expansion pour former un bloc alternatif qui bouleversera l’équilibre des forces et des influences, se propose avec plus ou moins d’allant de proposer au patient désespérant qu’est le bloc-BAO.

Nous avons repris ces trois premiers paragraphes, en les adaptant d’une façon à les mettre en bien en place dans la version francophone de la folie en cours. Ce sont d’abord les deux premiers paragraphes qui décrivent la scène du délire en cours, telle que nous sommes invités à la contempler d’une façon imagée qui convient, avec, ici o

« Le Grand Show de l’été-2022 du ‘Suicide en Fanfare’, actuellement à l'affiche dans toute l’Europe-UE, se déroule en grande pompe, sous les yeux et à la stupéfaction extrême de la quasi-totalité des pays du Sud-Global : un remake trash d’un ‘Crépuscule des dieux’-wokeniste, où la grandiose sublimité wagnérienne est remplacée par le sensuel et postmoderne ‘twerk [mixage très agité du twist et du jerk].

» Les empereurs romains décadents faisaient au moins preuve d'un certain degré de pathos. Ici, nous sommes directement confrontés à un mélange toxique d'hybris démesuré, d’abjecte médiocrité, de déflexion par illusion, de concepts idéologiques grossiers, d’irrationalité pathologique vautrée dans une sorte de gadoue raciste/suprémaciste du type ‘fardeau de l’homme blanc’, – bref, tous les symptômes d'une profonde maladie de l'âme. »

On retient de la description qu’elle se termine par le diagnostic d’une pathologie et que cette pathologie touche cette chose si indistincte, à la fois des langages métaphysique, ésotérique, poétique, qu’est “l’âme”. Décidément on ne peut plus s’en tenir, pour la description de la situation de la “civilisation” occidentale dans ses murs en décomposition, aux concepts traditionnels de la politique avec toutes ses branches annexes.

C’est effectivement l’approche que choisit Escobar pour tenter, non pas d’“expliquer l’inexplicable”, mais de donner un sens à cette perception d’une raison impuissante à justement déterminer le sens du phénomène auquel nous sommes confrontés. Il n’est pas pour nous déplaire qu’il choisisse, lui qui est un observateur si fondamentalement attaché à l’opérationnalité active et si humaine de la politique, une voie où l’on trouve la dégénérescence de fonctions aussi essentielles et aussi peu dépendantes de la dite politique que la psychologie ou le sens moral de l’être.

« Il serait trop réducteur d'appeler cela l’Ouest Biden-Leyen-Blinken ou quelque chose comme ça : après tout, il s'agit de minuscules politiciens/fonctionnaires qui ne font que répéter les rengaines de la communication. Il s'agit d'un processus historique : une dégénérescence cognitive physique, psychique et morale qui s'inscrit dans le désespoir manifeste de l’OTAN dans sa tentative de contenir l'Eurasie, ce qui permet de temps à autre des pantomimes tragicomiques tels qu'un sommet de l'OTAN proclamant la guerre-wokeniste contre pratiquement tout le non-Ouest. »

Pratiquement tous les commentateurs que nous désignons comme “indépendants-résistants”, et “antiSystème’ du fait des circonstances, font la même analyse de la situation, et surtout du comportement complètement incohérent du bloc-BAO. Les analyses peuvent être brillantes, audacieuses, plus classiques, voire assez communes pour certaines, le même mystère plane pour l’explication finale : mais enfin, que se passe-t-il ? Pratiquement tous sont obligés d’évoquer des désordres cognitifs, de la perception, des psychologies malades, des pathologies de l’âme et de l’esprit. Il semble ainsi impossible de ne pas effleurer, sinon convoquer directement, des domaines en général proscrits ou considérés avec une extrême méfiance par l’analyse politique, au point que même les ultra-conspirationnistes qui trouvent une explication rationnelle à toutes les intrigues sont conduits à admettre que les “conspirateurs” agissent d’une façon bien étrange d’irrationalité.

On arrive à la conclusion qu’une partie très majoritaire de ce qu’on nomme “les élites” subit une pression psychologique dont nul ne peut déterminer la source sinon qu’elle n’est pas de facture humaine, qui constitue une véritable prison cognitive les conduisant à des jugements et des actes insensés. Le phénomène s’est déjà manifesté depuis le début du siècle notamment, mais de façon épisodique et plus discrète si bien qu’il pouvait être écartée par la raison matérialiste au profit d’explications vagues mais acceptables. Aujourd’hui, il est  absolument massif et porte sur un sujet extraordinairement grave. Les évènements sont en passe d’atteindre leur but.

Source : https://www.dedefensa.org/article/notes-sur-un-desarroi-civilisationnel

mercredi 11 mai 2022

Pr Didier Raoult - Covid 19 : "Une crise de nerfs généralisée et des bénéfices inouïs !"


 Sud Radio

Pr Didier Raoult, microbiologiste et directeur de l'IHU Marseille pour son livre "Carnets de guerre Covid - Tome 2" aux éditions Michel Lafon est l'invité d'André Bercoff. Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff et Augustin Moriaux du lundi au vendredi de 12h à 14h sur #SudRadio. Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry ——————————————————————— ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75... 🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/ ——————————————————————— 🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴 ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOffi... ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradiooff... ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr ——————————————————————— ☀️ Et pour plus de vidéos de Bercoff dans tous ses états : https://youtube.com/playlist?list=PLa... ##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2022-05-06##

jeudi 10 septembre 2020

Covid : l’effondrement des repères


La revue Dépendances m'a demandé de rédiger un article synthétisant les principales lignes de force des ébranlements que j'ai évoqués et mis en perspectives au long des mois écoulés. Comme je l'ai à maintes reprises souligné, ce n'est pas tant une crise sanitaire que nous avons vécue qu'un séisme caractéristique du "changement de monde" qui se profile.

J'ai aussi répété ad nauseam à quel point nous avions un besoin vital d'un débat d'idées digne de ce nom pour élaborer collectivement la réalité que nous vivons, mais aussi imposer de toute urgence des contre-pouvoirs aux dérives autoritaires des gouvernants et d'un pouvoir médical toujours enivré par sa propre hubris.

Dans l'après-coup, la nocivité de cette "médico-cratie" (dont les ravages qu'elle a provoqués au cours de l'histoire, même récente, aurait dû nous rendre prudents) apparaîtra sans doute comme un des grands motifs problématiques. Mais -et de loin- non le seul.


Covid : l’effondrement des repères

Les temps que nous venons de vivre sont extraordinaires à plus d’un titre. D’abord, parce que, quels que soient nos âges, aucun d’entre nous n’a jamais rien vécu de semblable. Edgar Morin a récemment partagé qu’approchant un siècle d’existence, il n’avait jamais « vu une crise aussi multidimensionnelle et aussi totale[1]. »
 
Cette crise sanitaire aura mis en lumière un ensemble d’ébranlements radicaux qui travaillent notre civilisation. Le regretté Michel Serres mettait en garde quant à lui que nous n’étions pas en train de vivre une simple crise, mais un changement de monde comme il y en eut peu dans l’histoire de l’humanité[2]. Avec un bouleversement inévitable de nos modes d’organisation politiques, sociaux, économiques, culturels, épistémologiques et scientifiques.

La confusion sécuritaire / sanitaire

Le premier ébranlement visible tient à nos systèmes de gouvernance, avec en particulier une confusion des genres extraordinaire entre le sanitaire et le sécuritaire. Les autorités s’en sont très largement remises aux experts médicaux en leur confiant la responsabilité de décider de l’action publique. Ce qui constitue une erreur de perspective monumentale : un infectiologue, un modélisateur ou le directeur d’une grande institution scientifique n’ont pas de compétence particulière à organiser la réponse sociétale face à une épidémie. C’est là le rôle du politique, qui se doit de solliciter les perspectives issues de multiples domaines du savoir afin d’assumer au mieux les responsabilités que le peuple lui a confiées.

En l’espèce, comme l’a souligné André Comte Sponville, nous avons vu la domination d’une « médico-cratie » largement inapte à prendre en considération l’intérêt collectif au sens large[3]. Ce qui est pourtant logique : les médecins n’ont que peu d’expertise en santé, leur travail consistant à diagnostiquer et traiter les maladies. Alors que les principaux déterminants de la santé sont de nature existentielle, relationnelle et socio-économique.
Pour en donner un exemple, la perte des liens et l’isolement provoquent chez ceux qui les subissent des flambées inflammatoires avec une élévation massive du taux de cytokines[4]. Le traitement réservé aux personnes âgées au cours de l’épidémie aura constitué à peu près le pire de ce qu’on pouvait leur faire vivre. On a ainsi enfermé, de gré ou de force, une tranche entière de la population « pour la protéger » tout en provoquant par ces mesures une détresse et une fragilisation tragique face au virus.

Les dispositions sécuritaires adoptées à la hâte auront causé des dégâts bien plus lourds que l’épidémie elle-même. Une récente étude publiée dans The Lancet a estimé que les 2/3 de la surmortalité observée pendant le temps fort de l’épidémie  en Angleterre est en fait due à d’autres causes que le virus, comme l’impossibilité d’accéder aux soins pour les malades souffrant de maladies graves[5].

Les conséquences du confinement en termes économiques et sociaux comme d’impact sur la santé psychique promettent d’être largement pires que ce qu’il prétendait éviter, avec notamment une perte d’années d’espérance de vie en lien avec une augmentation attendue des suicides[6].

A l’inverse, le politique s’est mêlé de décider de la pratique médicale en interdisant à la médecine de ville l’usage des seuls traitements disponibles contre le nouveau coronavirus alors que ce n’est en aucune manière à un gouvernement de dicter leur conduite aux médecins et de décider de leur pratique.

Déni d’ « accountability »

L’impréparation dans laquelle se sont trouvées les autorités apparaît invraisemblable dès lors que les différents plans établis depuis 20 ans avaient défini les mesures nécessaires à lutter efficacement contre la pandémie : dépistage massif- isolement et traitement des malades -protection de soignants et des groupes à risque. Cette séquence, appliquée pour son premier volet avec l’efficacité qu’on leur connaît par nos voisins allemands, a été défaillante en France et en Suisse alors que nous disposions des mêmes informations au même moment.  Au lieu de mettre à contribution les ressources industrielles et scientifiques disponibles, le gouvernement français a même mis en échec différentes propositions utiles issues de la société civile. Nous nous sommes retrouvés dépourvus des moyens nécessaires pour finalement imposer en catastrophe un confinement généralisé auquel on avait renoncé depuis le milieu du XIXème siècle tellement il est problématique et in fine peu efficace[7].

2/ Médecine et droit de la santé

La controverse au sujet de l’hydroxychloroquine aura masqué cette réalité : les droits fondamentaux des médecins et des soignants auront été violés d’une manière sans précédent.  Du fait des décisions imposées, les médecins généralistes sont restés sur la touche. Cette mise en échec du « premier rideau » essentiel en cas d’épidémie[8] aura eu de lourdes conséquences. Une analyse parue dans la prestigieuse Revue politique et parlementaire en France affirme sans ambiguïté : « Avec le manque de matériel de protection et de tests, les principales causes de l’hécatombe française résident dans la démobilisation des généralistes et dans le refus de les laisser libres d’exercer leur métier de médecin.[9] »

Les droits des patients furent mis à mal de la même manière. Le choix d’un traitement doit se faire dans un processus de décision partagé : un médecin et son patient parcourent ensemble les options thérapeutiques disponibles, le premier informant le second sur les risques, bénéfices et inconvénients de chacune. Le patient donne ensuite son consentement « libre et éclairé » selon la formule juridique consacrée au traitement choisi.

Quand les patients ne sont pas diagnostiqués, qu’on leur refuse d’être soignés par leurs médecin-traitant avec l’injonction angoissante de rester chez eux sauf à ce que leur condition s’aggrave au point de devoir être hospitalisé en urgence, on annihile de facto leur droit d’être soigné !

Un autre repère mis à mal fut celui de la distinction entre la pratique et la recherche. Bien sûr, celle-ci est-elle cruciale pour le développement de l’art médical. Mais considérer qu’en temps de pandémie, il soit requis, avant de soigner les malades, d’avoir obtenu des « preuves » par une méthodologie de recherche (Evidence-Based) lente et particulièrement mal adaptée aux maladies infectieuses, relève d’une aberration épistémologique et éthique.

Science avec ou sans conscience ?

Le délabrement de la probité des publications dans les revues médicales est un très grave problème dont le diagnostic est posé depuis plus de quinze ans mais que l’on ne s’occupe que paresseusement de corriger. En 2015 par exemple, le rédacteur en chef du Lancet (revue qui s’est distinguée il y a peu par la rétractation tragicomique d’un article falsifié) confessait que « l'endémicité apparente des mauvais comportements en matière de recherche est alarmante » tout en reconnaissant au passage que « les rédacteurs en chef des revues scientifiques méritent eux aussi leur part de critiques. Nous aidons et encourageons les pires comportements…[10]»

La recherche « basée sur les données probantes » (Evidence-Based) souffre de toutes sortes de biais allant de petites compromissions avec la vérité jusqu’à des manipulations de grande ampleur. Les études financées par les compagnies pharmaceutiques (seules capables d’investir les dizaines de millions d’Euros nécessaires pour mener de grands essais randomisés) étant notoirement moins fiable que les autres[11].

Pourtant, cette méthodologie (qui n’en est qu’une parmi d’autres, avec comme chacune ses avantages et ses inconvénients) fait l’objet aujourd’hui d’une sorte de fétichisme au sein des milieux de la recherche. Nombre de chercheurs considèrent qu’hors de ses protocoles, aucune conclusion solide ne peut être obtenue – ce qui est simplement faux[12]. Outre que les essais randomisés sont contraires à l’éthique en situation de pandémie, ils ne démontrent en fait pas d’avantage probant sur les études observationnelles[13].

A l’origine de telles dérives formelles, on trouve le recul des humanités, dont nous ne cessons de payer collectivement le prix. La science n’est jamais que la production à un moment donné de la société et de l’époque qui la génèrent. Ses conclusions ne cessent de se modifier comme conséquences des progrès techniques et de l’évolution des idées.

En renonçant à former des penseurs (avec une réelle compétence épistémologique), nous nous sommes condamnés à produire des faiseurs dans une dérive qui voit une certaine « science » adopter les travers des pseudosciences. Les modélisations produites pour prévoir le nombre de victimes de la pandémie en sont un éclatant exemple. Le Pr Fergusson de l’Imperial College de Londres (dont les projections ont précipité le confinement strict de la population en Europe) est un multirécidiviste dont la seule constante est l’échec patent de ses prédictions[14]. En 2005 par exemple, il prédisait que la grippe aviaire ferait jusqu’à 250 millions de victimes. Le décompte de cette épidémie entre 2003 et 2009 s’élèvera en tout et pour tout à… 282 morts. C’est pourtant vers cet « expert » que les autorités se tournent inlassablement pour lire l’avenir.

Une crise civilisationnelle

Le branle-bas de combat face à la pandémie s’étant accompagné de la régression ou de la suspension de droits fondamentaux (comme la liberté de mouvement), la question qui se pose est celle de la pertinence et de la proportionnalité des mesures imposées.

On nous a expliqué ici que les atteintes aux droits fondamentaux visaient à éviter l'engorgement des hôpitaux et protéger les personnes vulnérables. Aujourd'hui que ces risques n'existent plus, on voit dans différents pays les gouvernements demander une extension de leurs pouvoirs spéciaux et de nouvelle mesures sécuritaires discutables (comme le port du masque dans les lieux fermés) être imposées.

Les ébranlements que nous avons évoqués au long de cet article décrivent bien la complexité problématique des temps que nous vivons. Il y a quarante ans, avant la possibilité de séquencer le génôme, il y a fort à parier que l’épidémie en cours serait passée inaperçue. La mortalité aurait été un peu forte au long de quelques semaines, avec une vague inhabituelle de pneumopathies et l’engorgement temporaire de quelques services d’urgence. Mais comme ce fut le cas lors d’épisodes épidémiques précédents un peu plus graves que les autres, on aurait ma foi fait avec sans s’en alerter outre mesure.

Ce que cette crise révèle, c’est que nous avons perdu les moyens de raison garder et de nous souvenir des paramètres fondamentaux de la condition humaine. Le débat d’idées s’est quant à lui envenimé d’une manière frappante, au lieu que la diversité des points de vue et des expertises conduise à une bonification de la décision publique grâce à l’intelligence collective. La « version officielle » soutenue par les autorités et la quasi-totalité des médias a souvent confiné (sans mauvais jeu de mots) à la désinformation et même à la propagande. Les études ou essais cliniques étaient par exemple publiés ou non en fonction de leurs résultats et sans discernement quant à leur bienfacture. Ceux qui osaient porter des questionnements ou même une contestation des dogmes se retrouvant quant à eux relégués au rang de « dissidents ». Dans notre pays, le débat d’idées n’a tout simplement pas eu lieu, alors qu’il est vital pour la santé collective !

Plus de 150 personnalités britanniques du monde de la culture dont Margaret Atwood, Salman Rushdie, Kamel Daoud ou J.K. Rowling, ont récemment signé une lettre ouverte pour protester contre le conformisme idéologique[15].
« La censure, écrivent-ils, se répand également plus largement dans notre culture : une intolérance des opinions opposées, une vogue pour la honte et l'ostracisme publics, et la tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveuglante »
Cette interpellation signale sans doute la déliquescence en cours et le renouveau nécessaire. Nous avons en effet urgemment besoin d’un nouveau contrat social et même au-delà, d’un nouveau projet de civilisation.

[1] Le Grand Entretien par Léa Salamé et Nicolas Demorand, France Inter, 25 juin 2020.
[2] SERRES Michel, Petite Poucette, Éditions Le Pommier, 2012
[3] André Comte-Sponville: "J'aime mieux attraper le Covid-19 dans un pays libre qu'y échapper dans un État totalitaire", L’Écho, 27 mai 2020
[4] Holt-Lunstad J., Smith T. B., et Layton J. B., « Social Relationships and Mortality Risk: A Meta-analytic Review », Plos Medicine, vol. 7, no 7, juillet 2010.
[5] GRIFFIN S., Covid-19: “Staggering number” of extra deaths in community is not explained by covid-19, BMJ 2020;369:m1931
[6] MOSER A.D., SCHECHTER D.S. et al., Years of life lost due to the psychosocial consequences of COVID19 mitigation strategies based on Swiss data, European Psychiatry doi: 10.1192/j.eurpsy.2020.56
[7] « Patrick Zylberman : Depuis 600 ans, la quarantaine n'est absolument pas une solution », Savoirs par Pierre Ropert, France Culture, 4 mars 2020
[8] RAPP C., Principes de lutte contre une épidémie à risque de diffusion nationale, disponible sur www.infectiologie.com

[9] ANDOLFATTO D. & LABBÉ D., Covid-19 : une défaite française, Revue politique et parlementaire, 22 juin 2020

[10] HORTON R., Offline: What is medicine’s 5 sigma? The Lancet Vol 385 April 11, 2015
[11] BANDHARI M., DEVEREAUX P.J. et al., Association between industry funding and statistically significant pro-industry findings in medical and surgical randomized trials, CMAJ • FEB. 17, 2004; 170 (4)
[12] KRAUSS A., Why All Randomised Controlled Trials Produce Biased Results, Ann Med. 2018 Jun;50(4):312-322
[13] ANGLEMYER A., HORVATH H.T. & BERO L., Healthcare outcomes assessed with observational study designs compared with those assessed in randomized trials, Cochrane Systematic Review – Methodology, 29 April 2014
[14] https://statmodeling.stat.columbia.edu/2020/05/08/so-the-real-scandal-is-why-did-anyone-ever-listen-to-this-guy/0
[15] A Letter on Justice and Open Debate, Harper’s magazine, 7 juillet 2020