jeudi 3 mars 2022

L'Europe sous la menace des requins volants.


 Campagnol tvl

Pendant un an, grâce à une avance technologique totale, La Russie a le pouvoir de frapper où elle veut, sans risque d' interception, pour détruire ce qui lui paraît une menace, et sans avoir recours au Nucléaire.

Soumission à l'autorité expliquée en 2 images

 





Guerre au Yémen et Arabie Saoudite

 


La Tchécoslovaquie va emprisonner les personnes ayant publié sur les médias sociaux des messages en faveur de l’invasion russe

3 MARS 2022

« La liberté d’expression a aussi ses limites dans un État démocratique régi par la règle de droit. »

La République tchèque, un État membre de l’OTAN et de l’UE, a menacé ses citoyens d’une peine de trois ans de prison pour avoir exprimé leur soutien à la Russie dans l’invasion en cours de l’Ukraine.

Un communiqué de presse du procureur général du pays, Igor Stříž, indique : « Le bureau du procureur suprême estime nécessaire d’informer les citoyens que la situation actuelle associée à l’attaque de la Fédération de Russie contre l’Ukraine peut avoir des implications sur leur liberté d’expression. »

« La liberté d’expression a également ses limites dans un État démocratique régi par l’État de droit », a ajouté le procureur général.

Il a poursuivi en expliquant que les personnes qui « publiquement (y compris lors de manifestations, sur Internet ou sur les réseaux sociaux) ont donné leur accord (accepté ou soutenu les attaques de la Fédération de Russie contre l’Ukraine) ou ont exprimé leur soutien ou fait l’éloge des dirigeants de la Fédération de Russie à cet égard, elles pourraient également s’exposer à une responsabilité pénale sous certaines conditions ».

Les nouvelles restrictions sont appliquées en vertu des mesures du code pénal, qui font de la remise en question, de la négation, de la justification ou de l’approbation d’un génocide un crime.

Le rapport de Radio Prague International explique que la violation du code pénal peut entraîner une peine de trois ans de prison. Mais le procureur général a admis qu’il serait difficile de porter des accusations.

Le compte Twitter officiel de la police tchèque a déclaré qu’elle surveillait les commentaires sur Internet concernant « les discussions approuvant l’invasion russe et les activités de l’armée russe ».

Lire aussi : La loi australienne qui rend les personnes responsables des liens vers des contenus diffamatoires aura un impact « dévastateur » sur la liberté d’expression si elle n’est pas annulée

Source : https://www.anguillesousroche.com/technologie/la-tchecoslovaquie-va-emprisonner-les-personnes-ayant-publie-sur-les-medias-sociaux-des-messages-en-faveur-de-linvasion-russe/

« Faut-il une guerre pour faire naître l’Europe Fédérale ? » L’édito de Charles SANNAT

 par  | 3 Mar 2022 | A la une, Monnaie et Inflation | 30 commentaires


Mes chères impertinentes, chers impertinents,

Mamamouchi 1er a parlé.

Cela va aller de plus en plus mal.

Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie a-t-il dit.

Il y a deux ans, il nous disait… “nous sommes en guerre”, contre le virus.

Ne chipotons pas et allons à l’essentiel.

Vous l’avez compris l’essentiel ce sera votre “pouvoir d’achat”, en attendant votre “pouvoir de vivre” ou non sous les bombes russes.

Tout dépendra des choix qui seront faits par nos élites.

Macron et tous les autres européistes, sont des europathes. Ils veulent toujours plus d’Europe et voir leur rêve d’Europe Fédérale devenir enfin réalité.

Je sais que presque tous croient à la fable de “l’Europe c’est la paix”, même si les faits leurs montrent et démontrent que l’Europe, actuellement est en guerre.

C’est la faute du méchant Poutine, nous, nous y sommes pour rien. C’est évidemment faux. Les drames sont toujours la conséquence de chaînes de causalité généralement beaucoup plus complexes et nuancées qu’un simple “c’est la faute à Poutine”.

Ne chipotons pas et allons à l’essentiel.

Une fois vitrifié savoir qui a commencé nous fera une belle jambe.

Les Empires comme les nations naissent dans la guerre. 

Historiquement, je ne connais pas beaucoup d’exemple de nation, ou d’empire ayant émergé dans la paix le bonheur et la félicité.

La création de tous les Etats modernes européens est une histoire profondément sanguinaire, et oui, l’histoire est tragique.

Certains de nos europathes voient cette crise comme l’occasion d’aller vers plus d’Europe, l’Europe de la défense, l’Europe de la sécurité. Les peuples soumis à la peur accepteront bien des compromis et l’abandon des derniers restes de leur souveraineté.

Je ne vous dis pas que nos europathes veulent la guerre avec la Russie pour faire plus d’Europe, mais disons que les évènements leur permettent d’avancer vers plus d’Europe. Autant en profiter.

Le problème c’est qu’en voulant plus d’Europe, et la guerre et les tensions leur permettant d’avancer plus vite sur cet objectif central pour tous les europhiles, il y a un risque non négligeable qu’ils prennent presque “goût” à tout cela. Et c’est à partir de ce moment-là que les choses deviennent dangereuses parce que l’on veut aller trop loin dans une logique inadaptée et souffrant d’un biais de raisonnement terrifiant.

L’Europe Fédérale va-t-elle émerger de la troisième guerre mondiale ?

Ne sous-estimez pas la portée de cette question. Elle est centrale et ce risque, ce soir, ne peut plus être écarté totalement.

En attendant, le mamamouchi du Palais, nous a expliqué que d’ici quelques jours nous aurions un plan de résilience.

Le “plan de résilience économique et social”

Un “plan de résilience économique et social” sera annoncé mardi prochain par Jean Castex devant l’Assemblée nationale. En effet les conséquences de la guerre en Ukraine, et les sanctions entre Moscou et les Occidentaux vont “immanquablement” affecter la croissance française.

Comment ?

Essentiellement par l’inflation.

L’inflation pulvérise ses records en Europe et la guerre devrait l’aggraver

Alors même que la guerre en Ukraine n’avait pas encore commencé, les chiffres de l’inflation sont mauvais.

“L’inflation dans la zone euro a pulvérisé un nouveau record en février, à 5,8 % sur un an, toujours propulsée par la flambée de l’énergie, mais aussi désormais de l’alimentation, alors que la guerre en Ukraine fait craindre une folle envolée.

En janvier, l’inflation avait atteint 5,1 %, ce qui représentait déjà le niveau le plus élevé enregistré par l’office européen des statistiques depuis le début de cet indicateur en janvier 1997 pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique. Depuis novembre, il s’est hissé chaque mois un nouveau sommet historique“.

Je ne sais pas encore quels seront les contours du plan résilience économique et social, mais je peux vous dire déjà les conséquences économiques directes de la guerre en Ukraine.

Pénuries et inflation. 

Pénuries et inflation vont durablement marquer l’année 2022. Si la guerre dure en Ukraine, il faudra la financer, mais il faudra aussi et surtout du matériel, beaucoup de matériel et l’on détourne toujours le matériel pour l’armée qui devient prioritaire. Moins de voitures pour les civils, moins de puces électroniques pour nos téléphones. Que fera la Chine dans 6 mois si cela dure encore et toujours ?

Pénuries donc.

Mais aussi inflation. Via les coûts de l’énergie, du gaz, mais pas uniquement. L’Ukraine est l’un des greniers à blé du monde, et aussi un immense producteur d’engrais et de produits azotés. Nous risquons de voir les prix alimentaires exploser et voir aussi des pénuries apparaître, car les prix négociés dans les contrats cadre de la grande distribution sont déjà intenables pour les fabricants et nos PME.

Si la tension ne redescend pas très rapidement et si la diplomatie ne nous permet pas de trouver très vite une porte de sortie par le haut, alors les prochains mois seront très compliqués.

En ce mercredi des cendres, mes poules et moi, avons eu un pressentiment funeste.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT


Source : https://insolentiae.com/faut-il-une-guerre-pour-faire-naitre-leurope-federale-ledito-de-charles-sannat/

Face à Poutine, la prudence du Pentagone

 • Plutôt inquiet des bruits de mise en alerte nucléaire des forces russes, le Pentagone reporte un tir d’essai d’un de ses ICBM pour éviter toute confusion. • C’est une indication de l’état d’esprit du Pentagone, contrastant avec l’état d’esprit général qui tend à ne pas prendre trop “au sérieux” la décision de Poutine de mise en alerte. • Le contraste est frappant avec la crise des missiles de Cuba, en 1962, avec les mêmes circonstances inversées. • Mesure de la décomposition de la réalité en narrative, et de la décadence des élites occidentales.

Sur Sputnik.News, s’il est encore accessible pour nous, on a un rapide compte-rendu de la décision du Pentagone de ne pas exécuter un tir d’essai d’un missile intercontinental stratégique LGM-30C ‘Minuteman III’, prévu pour le week-end prochain. L’essai est reporté sine die, et cette décision est explicitement liée à la mise en alerte des forces nucléaires russes.

« “Le week-end dernier, Poutine a ordonné une alerte spéciale des forces nucléaires russes. Nous avons considéré cela comme dangereux et irresponsable. Une telle rhétorique provocatrice est inacceptable. Les États-Unis n’ont pas pris de mesures similaires. Afin de démontrer que nous n’avons pas l’intention de nous engager dans des actions qui pourraient être mal interprétées, notre lancement d'essai du Minuteman III sera reporté à partir de ce week-end”, a déclaré hier John Kirby, porte-parole du Pentagone.

» Le lancement était prévu pour le week-end prochain, mais ne sera pas effectué en raison des fortes tensions avec la Fédération de Russie, où les forces nucléaires ont été placées en état d'alerte.

» Kirby a déclaré que la décision de reporter le lancement n'affectait pas la posture nucléaire ou la dissuasion des États-Unis. Il a ajouté qu'elle n'était “pas liée à une action ou une inaction spécifique” du président russe Vladimir Poutine, mais a déclaré que les États-Unis aimeraient que Moscou leur rende la pareille en matière de posture nucléaire. »

Ce lancement reporté est l’occasion de signaler l’état actuel de la composante terrestre de la ‘triade’ nucléaire (ICBM, SLBM lancés de sous-marins, missiles ou bombes lancés d’avions), et au-delà des capacités nucléaires stratégiques générales des USA. On en une idée avec ces quelques lignes consacrées au ‘Minuteman III’ :

« Le ‘Minuteman III’ est en service depuis 1970 et est actuellement le seul missile balistique américain basé à terre. Un nouveau système de dissuasion stratégique basé au sol [ICBM] devrait commencer à le remplacer d'ici 2030, mais de récents plans d’économie ont repoussé cette échéance et proposé de maintenir le Minuteman en service jusqu'en 2050. Toutefois, l’amiral Charles Richard, chef du commandement stratégique américain, a déclaré l'année dernière qu'un tel objectif était pratiquement irréalisable, les missiles étant déjà trop vieux. »

Le site ‘Axios.com’ complète la nouvelle d’une appréciation d’ensemble très rapide résumant la situation générale de cette question des forces nucléaires en fonction  de la décision de Poutine de mettre en alerte ses propres forces nucléaires. On remarquera surtout cette extraordinaire précision que très peu de “responsables occidentaux” ont pris “au sérieux” la décision de Poutine...

« Une vue d'ensemble : le 3 janvier, la Russie s'est jointe aux États-Unis, à la Chine, à la France et au Royaume-Uni pour affirmer dans une déclaration commune “qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne devrait jamais être menée”.

» Les responsables occidentaux ont condamné la décision “irresponsable” de Poutine, qui est intervenue après une avalanche de nouvelles sanctions et l’annonce d’une aide militaire à l'Ukraine, mais peu d’entre eux ont affirmé penser qu’il était sérieux.

» Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré mardi : “Nous ferons toujours ce qui est nécessaire pour protéger et défendre nos alliés, mais nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire maintenant de modifier les niveaux d’alerte des forces nucléaires de l'OTAN.” »

Tous ces faits et déclarations d’aspect assez anodins méritent une interprétation substantielle. (... D’autant que, paraissant anodins, ils ne sont pas soumis à ce que nous nommerions la “contre-censure” de la narrative ; c’est-à-dire, la “censure” non par suppression d’une l’information-lambda, mais par substitution d’une narrative à cette information.)

On développera plusieurs thèmes concernant cet aspect des forces nucléaires, de l’alerte nucléaire de Poutine et de la perception de la possibilité d’une guerre nucléaire.

• Le premier thème se révèle à propos du ‘Minuteman III’ et de son état actuel, avec notamment le retard considérable pris dans la modernisation des forces nucléaires US, alors que les Russes ont modernisé leurs propres forces (en piteux état alors) depuis les années 2005-2010, les complétant par une nouvelle catégorie de vecteurs d’armes nucléaires, les missiles hypersoniques. Dans ce dernier domaine également, comme on le sait, les USA sont très fortement en retard, ou les Russes très en avance, et les chefs militaires (US) le savent. Les USA se trouvent donc en position vulnérable dans ce domaine, dans tous les cas psychologiquement et par conséquent au niveau des décisions,. Ce retard est la conséquence de la priorité donnée aux instruments, techniques et tactiques de la ‘Guerre contre la Terreur’. (Ce n’est qu’en 2016 qu’Obama a lancé un grand programme de modernisation des forces nucléaires, alors que dans la programmation de la Guerre Froide, – si celle-ci avait duré, – cette modernisation devait commencer dans le milieu des années 1990.)

• Le second thème concerne le fait lui-même du report de l’essai du missile ICBM, pour ne pas interférer ou envoyer un “mauvais message” par rapport à la situation en Ukraine et la décision des Russes. Ce qui est assez singulier et remarquable est qu’un cas similaire, mais complètement inversé, s’est présenté en octobre 1962, il y a soixante ans, durant la crise des missiles de Cuba, le 27 octobre exactement. Nous laissons à une reprise d’un texte du 21 avril 2015, sur ce site, le soin de vous conter l’aventure, en y ajoutant quelques précisions sur la situation du nucléaire US à cette époque, – tout en se disant que rien n’a été fondamentalement amélioré depuis...

« ...Déjà, pendant la Guerre froide où le contrôle civil sur les militaires était en théorie impeccable, on s’est aperçu, une fois les archives explorées, qu’il y avait eu nombre d’occasions où ce principe fut mis à mal. On connaît le comportement du général LeMay à cet égard, ses initiatives innombrables dans les années 1950, et jusqu’à ce tir de provocation incroyable qu’il ordonna de sa seule autorité le 27 octobre 1962 alors que Kennedy et Krouchtchev tentaient de boucler la crise des missiles de Cuba : un soi-disant essai de tir réel d’un ICBM (tout de même, sans tête nucléaire) de Californie que les Russes pouvaient parfaitement prendre pour le début d’une attaque nucléaire, – et cela, évidemment sans la moindre consultation du président. De même a-t-on appris à un symposium à Cuba en 1991, auquel participaient les protagonistes US, cubains et russes de la crise, que des forces russes de combat équipées de nucléaire tactique étaient déployées à Cuba, et que leurs chefs avaient autorité pour décider de l’emploi du nucléaire en cas d’invasion de l’île par les forces US, – un des scénarios favorisés par tous les chefs militaires à Washington. Présent au symposium, le secrétaire à la défense US du temps de la crise, McNamara, avoua en avoir eu des sueurs [froides ?] rétrospectives... 

» Aujourd’hui, la situation est bien plus volatile à cet égard. Le contrôle du nucléaire par la direction civile, essentiellement US, est extrêmement dégradé par rapport à la Guerre froide, et les forces stratégiques US, comme on a pu le voir, sont elles-mêmes actuellement (voir le 12 novembre 2014) dans un état de discipline extrêmement dégradé qui autorise l’hypothèse catastrophique de tirs plus ou moins accidentels en cas de crise au plus haut niveau. Quant aux Russes, leur intention ne fait pas de doute : s’il y a un conflit conventionnel majeur avec les USA, sinon avec l’OTAN, ils n’hésiteront pas à employer du nucléaire tactique si cela est nécessaire : il s’agit de la défense de la mère-patrie ... »

Dans tous les cas, on peut déduire de ce rappel que le général LeMay est mort et qu’il n’a pas de successeur. Au contraire, les chefs militaires US paraissent extrêmement prudents dans ce domaine et prennent les avertissements russes très au sérieux, alors que LeMay, il y a soixante ans, ne songeait qu’à réaliser une provocation amenant les Russes à des actes justifiant la riposte massive de ses ICBM ‘Atlas’ et ‘Titan’, et de ses centaines de B-47 et B-52 se relayant dans les airs, chargés de bombes nucléaires, dans une ronde mortelle autour de l’URSS (voyez ‘Dr. Strangelove’, où le chef d’état-major de l’USAF, le Général ‘Buck’ Turgidson [George C. Scott] est largement inspiré de LeMay).

On peut tout de même noter que cette annulation du tir de l’ICBM, qui est sans aucun doute une décision autonome du Pentagone, si elle confirme une réelle autonomie des forces armées par rapport à un pouvoir civil devenu inexistant, si elle confirme l’état déplorable des forces nucléaires, montre par contre (par contraste complet avec LeMay, – lequel disposait d’une très forte supériorité sur l’URSS), une très réelle préoccupation des chefs militaires devant la situation actuelle ; eux, sans aucun doute, prennent au sérieux la décision de Poutine de mettre en alerte ses forces nucléaires.

... Ils “prennent au sérieux la décision de Poutine de mettre en alerte ses forces nucléaires”, souvent au contraire des dirigeants civils. Une appréciation remarquable qu’on a souligné plus haut dans les extraits cités est l’idée que parmi les responsables occidentaux (civils) qui condamnent la décision (“irresponsable”) de Poutine de l’alerte nucléaire, « peu d’entre eux ont affirmé penser qu’il était sérieux ». Cela fait partie d’une “ambiance” générale très spécifique au bloc-BAO dans les milieux de la communication politique (“les milieux de la politique” tout court, cela n’existe plus), où les menaces suscitées par cette guerre semblent être affreusement mal mesurées, ou bien radicalement déformées, plongées dans des narrative diverses où Poutine est catégorisé comme un bandit fasciste, ou bien un fou irresponsable, un malade, ou bien un maladroit sans envergure. Alors, tantôt la perspective d’une guerre nucléaire est ridiculisée parce qu’elle vient de Poutine, tantôt elle apparaît comme quelque chose de mythique, de si terrifiant qu’elle ne pourrait être réalisée opérationnellement ; aucun des deux cas ne rejoint la perspective d’une opérationnalité de la guerre nucléaire que nous ne pouvons pourtant plus désormais écarter. On retrouve des aspects de cette “ambiance” dans le texte de 2015 dont nous avons déjà donné un extrait, et qui est comme un avant-goût des événements présents... Donc, extrait d’un texte du 21 avril 2015, où seule l’observation que les militaires partagent cette “inconscience nucléaire” est désormais complètement dépassée, comme on l’a vu ci-dessus...

« Ces dispositions de désordre se placent dans un climat proche de l’irrationnel hystérique de défiance, dans deux mondes complètement séparées (le phénomène des ‘narrative’), qui n’ont aucun rapport direct et indirect du point de vue de la perception de la situation. Le contraire absolu des champs de confrontation soigneusement gérés de la Guerre froide... Dans un climat où l’un des côtés (celui du bloc BAO) a complètement perdu, au niveau de la communication et même chez les militaires, la conscience de ce qu’est un conflit nucléaire, – ‘narrative‘ oblige, – un climat où le nucléaire est perçu essentiellement comme un instrument parmi d’autres de la panoplie des armes de destruction massive dont on a appris à mesurer combien leurs effets étaient très largement exagérés pour les besoins de la communication, la dimension nucléaire s’est très largement et fortement banalisée. Pourtant, la réalité expérimentale, militaire, opérationnelle sinon philosophique, est bien que la dimension nucléaires représente un autre univers qui n’est rien de moins que l’univers suprême, quasi-métaphysique, de la destruction du monde. »

Cela nous conduit à proposer un autre extrait de ce texte d’avril 2015, qui a l’avantage de montrer plusieurs choses qui sont aujourd’hui niées, pour pouvoir mieux s’étonner de cette “soudaine” brutalité de Poutine alors que tout aurait semblé se poursuivre assez bien, cahin-caha, avec l’Ukraine, depuis Maidan. Au contraire, au printemps 2015 on craignait déjà un affrontement au plus haut niveau, avec des provocations américanistes, des hypothèses sur les intentions guerrières d’un Poutine ne pouvant accepter les possibilités d’évolution de l’Ukraine vers une situation d’arsenal antirusse, etc. Même l’analyse de la position interne de Poutine, qui dirige le clan des pragmatiques mais a sur sa droite le clan des “têtes brulées” qui le poussent à, la guerre totale, a de fortes chances d’être aussi pertinente.

 « Notes sur le désordre et la guerre

» 21 avril 2015 ... – ...Un texte intéressant vient du point de vue US, sous la plume de Patrick J. Buchanan, qui est tout le contraire d’un interventionniste, – sous le titre éloquent pour ce qui est de l’opinion de l’auteur, de “l’Ukraine peut entraîner le monde dans la folie” (le 17 avril 2015 sur le blog de Buchanan et le 18 avril 2015 sur Russia Insider)

» Buchanan part effectivement du très récent déploiement des 300 parachutistes de la 173ème brigade, dont il voit bien qu’il introduit un risque réel de confrontation avec la Russie. Cette brigade va entraîner les forces ukrainiennes, dans le but évident de reprendre les combats contre les séparatistes de Novorussia, dont Poutine a fait de leur sauvegarde une des lignes rouges à ne pas franchir ; et se pose alors la question d’un engagement US, notamment de ces forces US actuellement en Ukraine, si un nouveau conflit avec Novorussia a lieu... Buchanan se réfère à un article récent de The National Interest [TNI], revue influente et article qui a eu un retentissement certain à Washington.

» “Une réponse américaine à l'action de la Russie en Ukraine pourrait-elle provoquer une confrontation qui déboucherait sur une guerre américano-russe ?”. Cette question choquante est posée par Graham Allison et Dimitri Simes dans l'article de couverture de The National Interest. La réponse que les auteurs donnent, dans ‘Countdown to War : The Coming U.S. Russia Conflict’, est que la possibilité de voir une collision militaire entre les plus grandes puissances nucléaires du monde grandit. [...]

» “Quelles sont les forces qui nous font ‘trébucher vers la guerre’ ? De notre côté, il y a le président Obama qui ‘aime chercher à humilier Poutine’ et ‘inclut désormais la Russie dans sa liste des fléaux actuels aux côtés de l’État islamique et d’Ebola’. Et puis il y a ce que Jacob Heilbrunn, rédacteur en chef du TNI, appelle la ‘disposition truculente’ qui est devenue le ‘principal moteur de la politique étrangère républicaine’. Un ‘camp triomphaliste’, qui rappelle les partisans de la ‘guerre facile’ de Bush II, a le vent en poupe et nous pousse à la confrontation.

» “Cet état d'esprit américain a son reflet à Moscou. ‘Poutine n'est pas le plus dur des partisans de la ligne dure en Russie’, écrivent les auteurs. ‘L'establishment russe se divise en ... un camp pragmatique, qui est actuellement dominant grâce principalement au soutien de Poutine, et un camp de la ligne dure’ qu'un conseiller de Poutine appelle ‘les têtes brûlées’. Les têtes brûlées pensent que la façon de répondre aux empiètements des États-Unis est d'invoquer la doctrine de Youri Andropov, ‘défier l'ennemi principal’, et de brandir des armes nucléaires pour terrifier l'Europe et diviser l'OTAN. L'opinion publique russe se dirigerait vers les têtes brûlées. [...]

» “En Ukraine, Poutine a tracé deux lignes rouges. Il ne permettra pas à l'Ukraine de rejoindre l'OTAN. Il ne permettra pas que les indépendantistes du Donbass soient écrasés.

» “Les partisans de la ligne dure de la Russie sont convaincus qu'en cas de guerre en Ukraine, la Russie aurait ce que les stratèges de la guerre froide appelaient la ‘domination de l'escalade’. C'est ce que JFK avait lors de la crise des missiles de Cuba, – une supériorité conventionnelle et nucléaire sur mer et sur terre, et dans les airs autour de Cuba. L'Ukraine étant facilement accessible aux forces russes par route, rail, mer et air, et l'armée russe se trouvant juste de l’autre côté de la frontière, alors que la puissance militaire américaine se trouve à un continent de distance, les partisans de la ligne dure pensent que la Russie l'emporterait dans une guerre et que l'Amérique serait confrontée à un choix : accepter la défaite en Ukraine ou passer aux armes atomiques tactiques. Les Russes parlent de recourir en premier à de telles armes.

» “La date décisive pour que Poutine détermine la direction que prendra la Russie semble être cet été. Les auteurs écrivent : ‘Poutine tentera d'exploiter l'expiration des sanctions de l'UE, qui doivent expirer en juillet. Mais si cela échoue et que l'Union européenne se joint aux États-Unis pour imposer des sanctions économiques supplémentaires, comme l'exclusion de Moscou du système de compensation financière SWIFT, Poutine sera tenté de réagir, non pas en battant en retraite, mais en mettant fin à toute coopération avec l’Occident et en mobilisant son peuple contre une nouvelle menace ‘apocalyptique’ pour la ‘Mère Russie’. Comme nous l'a dit un politicien russe de premier plan, ‘nous avons fait face tout seuls à Napoléon et à Hitler’”. »

 

Mis en ligne le 3 mars 2022 à 16H00

Source : https://www.dedefensa.org/article/face-a-poutine-la-prudence-du-pentagone

La situation en Ukraine : Prédictions et réalité

 


Par Dmitry Orlov – Le 27 février 2022 – Source Club Orlov

OrlovJeudi dernier, j’ai reposté mon article « top dix des signes que la Russie a envahi l’Ukraine«  d’il y a 8 ans, lorsque le changement de régime et la guerre civile en Ukraine ont commencé et que l’Occident n’a cessé d’affirmer que la Russie avait envahi le pays. Eh bien, jeudi dernier, la Russie a effectivement envahi le pays.

La Russie avait le droit légal d’envahir l’Ukraine de plusieurs points de vue : pour défendre ses alliés à Donetsk et à Lougansk ; pour se défendre contre les armes de destruction massive ukrainiennes, que le président ukrainien a menacé de commencer à produire à la conférence de Munich sur la sécurité ; et pour empêcher l’OTAN de poursuivre son avancée vers les frontières russes, en violation de son engagement antérieur de « pas un pouce à l’est ». La Russie a exercé son droit de légitime défense en vertu de l’article 51 de la partie 7 de la Charte des Nations unies. L’Ukraine a renoncé à son droit à l’intégrité territoriale en vertu de la déclaration des Nations unies de 1970 en refusant d’honorer les droits de sa population russophone. Elle a également refusé de renouveler son traité d’amitié avec la Russie et n’avait donc plus de frontière définie avec la Russie que celle-ci était tenue de respecter.

D’un point de vue strictement juridique, affirmer que « la Russie a violé l’intégrité territoriale de l’Ukraine » ou qu’il s’agit d’un « acte d’agression russe » n’est que pure foutaise. D’un point de vue moral, le fait que l’ensemble de la communauté internationale soit restée les bras croisés et ait discuté inefficacement de politique pendant huit ans, alors que la population civile de Donetsk et de Lougansk était continuellement bombardée par l’« opération antiterroriste » ukrainienne, est tout à fait honteux.

Les personnes qui s’élèvent aujourd’hui contre l’action militaire de la Russie en Ukraine doivent répondre à une question simple : Où étiez-vous ces huit dernières années pendant que le carnage se déroulait à Donetsk et à Lougansk, que des gens étaient brûlés vifs à Odessa, que le gouvernement ukrainien organisait des opérations terroristes sur le territoire russe [pro-russe, NdT] et que l’ensemble de la population ukrainienne était contrainte de faire des courbettes aux Américains et de parler ukrainien, le plus souvent contre son gré ? Si votre réponse est « Je ne savais pas », vous avez perdu le droit d’avoir une opinion éclairée sur ce qui se passe là-bas aujourd’hui. Gardez cela à l’esprit et agissez en conséquence.

Je vais maintenant passer en revue les dix prédictions que j’ai faites il y a huit ans et voir si elles se sont avérées justes à la lumière des événements qui se sont déroulés ces trois derniers jours. On peut raisonnablement s’attendre à ce que je me sois complètement trompé ; sinon, il s’agira d’un petit miracle. Veuillez garder cela à l’esprit.

1. L’artillerie ukrainienne est silencieuse. Elle ne bombarde plus les quartiers résidentiels de Donetsk et de Lougansk. C’est parce qu’elle a été localisée avec une grande précision avant l’opération et que, avant jeudi après-midi, elle a été complètement anéantie par des attaques aériennes et des tirs de roquette au sol ; c’était le premier point du programme. Les habitants se réjouissent de voir leur terrible épreuve prendre fin.

Ce n’est pas tout à fait vrai. Donetsk et Lougansk continuent d’être bombardés sporadiquement, bien que la plupart des tirs aient été réprimés et que de plus en plus de territoires soient libérés des forces ukrainiennes par la milice du Donbass (avec les forces russes jouant un rôle de soutien). Dans le même temps, de nouvelles possibilités de carnage de civils résultent du fait que les bataillons nazis d’Ukraine, sous la direction de leurs mentors des États-Unis et de l’OTAN, cachent des armes lourdes dans les quartiers résidentiels et utilisent les civils comme boucliers humains.

2. L’activité militaire sur le terrain, à Donetsk et à Lougansk a complètement changé de nature. À la place des petits groupes de résistants, il y a maintenant des bataillons russes de 400 hommes et des dizaines de blindés suivis des convois de véhicules de soutien (camions citerne, communications, cuisines de campagne, hôpitaux de campagne, etc.) Le flux des véhicules entrant et sortant est incessant, et on peut facilement le voir sur les photos des systèmes de reconnaissance ou des satellites. À cela s’ajoute le flot continu des échanges radios en russe que tout le monde peut intercepter sans problème ; l’opération est devenue impossible à cacher.

C’est manifestement le cas. Aucune personne saine d’esprit n’affirmerait aujourd’hui qu’il n’y a pas de forces russes en Ukraine. Elles ont rendu leur présence aussi évidente que possible et la vue de colonnes interminables de véhicules militaires russes roulant sans entrave dans la campagne ukrainienne semble provoquer un changement radical dans la mentalité de la population ukrainienne. Tout au long de l’histoire, elle a toujours été prompte à changer d’allégeance au gré des circonstances et des lignes de bataille, et cette fois-ci ne fera probablement pas exception.

3. L’armée ukrainienne a vite disparu. Les soldats et les officiers ont enlevé leurs uniformes, abandonné leurs armes et font de leur mieux pour se fondre dans la population locale. Personne ne pense que l’armée ukrainienne a la moindre chance contre l’armée russe. La seule et unique fois où l’Ukraine a remporté une victoire militaire contre la Russie, c’était à la bataille de Konotop en 1659, mais à l’époque, l’Ukraine avait comme allié le puissant Khanat de Crimée et, vous l’avez peut-être remarqué, cette fois-ci la Crimée n’est pas dans le camp de l’Ukraine.

Là encore, ce n’est pas tout à fait vrai. Il s’avère qu’un nazi endurci est intégré à chaque détachement des forces ukrainiennes et que son travail consiste à tirer sur ceux qui tentent de se rendre. Néanmoins, un nombre inconnu de soldats ukrainiens se sont rendus, ont signé la promesse de ne plus combattre l’armée russe, ont reçu de la nourriture et ont été renvoyés chez eux. Au total, l’armée ukrainienne ne se révèle pas différente des autres forces organisées et entraînées par l’OTAN, que ce soit en Afghanistan, en Géorgie, en Irak ou ailleurs. Toutes se révèlent immédiatement complètement inutiles dès qu’une véritable force militaire arrive sur place, que ce soit les Russes, les Talibans ou le Califat islamique. Il convient également de noter que les grandes quantités d’armes récemment fournies à l’Ukraine par les États-Unis se sont révélées totalement inutiles. Les missiles antichars Javelin, qui ont contribué à remplir les poches de certains hauts responsables du Pentagone, se sont révélés encore plus inutiles : le temps qu’ils soient prêts à tirer, il n’y a généralement plus personne en vie pour le faire, et les soldats ne s’en servent même pas.

4. Il y a des checkpoints russes partout. On laisse passer les civils locaux mais tous ceux qui sont associés à un gouvernement, étranger ou local, sont retenus pour être questionnés. Un système de filtration a été mis en place pour renvoyer les conscrits ukrainiens démobilisés chez eux, mais les volontaires et les officiers sont enfermés dans des centres de détention préventive pour déterminer si des crimes de guerre ont été commis sur leur ordre.

Ce n’est pas vrai du tout. Les troupes russes ne s’engagent en aucune façon avec les civils, évitant scrupuleusement les quartiers résidentiels et faisant de leur mieux pour que la fourniture d’électricité, d’eau et d’autres produits essentiels ne soit pas perturbée. En ce qui concerne la dénazification, je ne suis toujours pas sûr du plan, mais mon intuition pour le moment est que cela sera laissé aux Ukrainiens eux-mêmes. Il est fort probable qu’une fois qu’ils auront réalisé ce que les nazis et leurs maîtres occidentaux ont fait à leur pays, ils feront de leur mieux pour rassembler les nazis et les pendre aux lampadaires. Les nazis le verront venir (certains le font déjà) et s’enfuiront vers la Pologne ou la Slovénie ou vers des points plus à l’ouest.

5. La plupart des postes frontières sont maintenant sous contrôle russe. Certains sont soutenus par l’aviation, l’artillerie et des bataillons de chars pour dissuader l’OTAN d’essayer d’envahir l’Ukraine. On laisse passer les marchandises civiles et humanitaires. Les hommes d’affaires aussi, à condition qu’ils remplissent les formulaires adéquats (qui sont en russe).

Les gardes-frontières ukrainiens le long de la frontière russe ont abandonné leurs postes. Certains d’entre eux ont marché jusqu’au côté russe et se sont rendus. Les frontières russe et bélarussienne sont contrôlées par les côtés russe et bélarussien. Les postes-frontières occidentaux sont bondés par toutes les personnes qui essaient de fuir.

6. La Russie a instauré une zone d’exclusion aérienne sur toute l’Ukraine. Tous les vols civils ont été annulés. Il y a une foule d’employés du Département d’État étasunien, d’agents de la CIA et du Mossad et d’employés d’ONG occidentales qui se retrouvent coincés à l’aéroport de Borispol à Kiev. Certains appellent nerveusement tous ceux qu’ils connaissent sur leur portable. Les politiciens occidentaux exigent d’être immédiatement évacués, mais les autorités russes veulent les garder sur le territoire pour établir leur éventuelle complicité dans des crimes de guerre.

Les sites de radars en ligne montrent qu’il n’y a aucun vol au-dessus de l’Ukraine. En fait, le trafic aérien a été perturbé sur une grande partie de l’Europe, avec de nombreux espaces aériens fermés et beaucoup de nouvelles restrictions sur le trafic. De nombreux vacanciers, notamment ceux d’Ukraine, sont bloqués où qu’ils se trouvent. Ceux qui se trouvent en Égypte ont de la chance : le gouvernement égyptien paie leur séjour à l’hôtel pendant qu’ils sont bloqués là-bas. Les Occidentaux, en revanche, ayant tiré la leçon du fiasco en Afghanistan, ont fui l’Ukraine à l’avance. Comme il existe une longue liste d’endroits d’où ils doivent se barrer avant que leur chance ne s’épuise, il est bon qu’ils s’y fassent.

7. Les dirigeants ukrainiens, jamais avares de paroles jusqu’ici, comme le président Porochenko, le député Iatseniouk et d’autres, ne donnent plus d’interview aux médias occidentaux. Personne ne sait au juste où ils sont. Le bruit court qu’ils ont déjà quitté le pays. La foule a envahi les résidences qu’ils ont abandonnées et elle est sidérée d’y trouver des toilettes en or pur. Les oligarques ukrainiens sont eux aussi introuvables, excepté le seigneur de guerre Igor Kolomoisky, qui, abandonné par ses hommes de main, a été retrouvé mort d’une crise cardiaque dans sa résidence (selon The Saker).

La tête parlante ukrainienne numéro un, le président-comédien Zelensky, se cache dans un bunker à Lvov, tel un Führer, entouré de ses sbires nazis. Ses missives confuses aux fidèles semblent avoir été préenregistrées. Dans le même temps, la guerre de l’information se poursuit à un rythme soutenu, avec l’arrivée quotidienne de nombreuses fausses nouvelles, trop nombreuses pour être comptabilisées. Les choses sérieuses commenceront lorsque les chaînes de télévision de Kiev seront dénazifiées et que les Ukrainiens sortiront de leur torpeur de huit ans, comprendront certaines choses par eux-mêmes et deviendront extrêmement furieux contre ceux qui leur ont menti pendant huit longues années.

8. Les 800 000 Ukrainiens réfugiés en Russie commencent à rentrer chez eux en masse. Ils vivaient dans des village de tentes, la plupart dans la région voisine de Rostov, mais avec l’hiver qui arrive, ils ont hâte de rentrer à la maison maintenant que les bombardements ont cessé. En même temps qu’eux, des équipes de reconstruction, des camions de ciment et des wagons plats chargés de tuyaux, de câbles et d’armatures en acier arrivent en quantité pour réparer les dégâts causés par les bombardements.

Ce n’est pas encore le cas. Ce sera un processus lent, étant donné que le nombre de réfugiés, huit ans plus tard, se compte en millions et est dispersé dans de nombreuses régions russes.

9. L’activité diplomatique et militaire internationale est intense, surtout en Europe et aux États-Unis. Les armées sont en alerte maximale, les diplomates courent d’une conférence à l’autre autour du globe. Le président Obama vient juste de tenir une conférence de presse pour annoncer que “Nous n’avons pas encore de stratégie en Ukraine”. Ses conseillers militaires lui disent que sa stratégie habituelle de “bombarder un peu pour voir” ne servira à rien dans le cas présent.

C’est bien le cas. L’objectif des dirigeants occidentaux est désormais de paraître déterminés et forts tout en ne faisant rien de conséquent. Ils parlent sans cesse de couper la Russie du système de messagerie bancaire SWIFT, mais reculent d’horreur lorsqu’ils réalisent ce que cela signifiera pour le prix de leur énergie (qui sont déjà dangereusement élevés). La position de la Russie vis-à-vis des sanctions occidentales semble être « Envoyez, nous sommes prêts ! ». Apparemment, huit années ont suffi à la Russie pour se préparer minutieusement à cet événement.

10. Kiev s’est rendu. Il y a des tanks russes sur la place Maïdan. L’infanterie russe éponge ce qui reste de la Garde Nationale ukrainienne. Un couvre-feu est instauré. La conquête de Kiev ressemble à l’opération “Shock and Awe” de Bagdad : quelques boums suivis d’un soupir.

Il est peu probable que les chars russes pénètrent dans le centre-ville ; ils sont concentrés sur la destruction des installations militaires, la démobilisation des militaires ukrainiens et la destruction des bataillons nazis. Un couvre-feu est en effet en vigueur à Kiev.

Un autre développement significatif mérite d’être mentionné : Les forces russes prennent en charge les installations nucléaires de l’Ukraine, y compris celle de Tchernobyl, qui est désormais sous contrôle conjoint russe/ukrainien. Cela réduira le risque que les nazis ukrainiens tentent de faire exploser l’une d’entre elles sur leur chemin vers l’enfer. L’Ukraine possède 15 réacteurs nucléaires, et comme elle n’a pratiquement plus d’autres sources d’énergie, elle les fait tous tourner à plein régime. Deux d’entre eux ont été arrêtés récemment en raison de problèmes techniques. La Russie travaille très dur pour rendre un Tchernobyl 2.0 moins probable.

Je ne suis pas sûr de la note que je dois m’attribuer pour mes prédictions. Les planificateurs politiques et militaires russes se sont révélés bien plus intelligents que moi, mais ce n’est pas du tout une surprise. Après tout, ils disposent de toutes les ressources intellectuelles d’un pays immense et puissant, alors que je ne suis qu’un type avec une chaise de bureau et un ordinateur portable.

Voulez-vous que je fasse d’autres prédictions sur l’Ukraine ? Bien sûr, pourquoi pas !

1. Les régions de Donetsk et de Lougansk vont poursuivre leur chemin vers une intégration de plus en plus étroite dans la Fédération de Russie. Elles font déjà partie de l’espace monétaire russe, leurs systèmes éducatifs sont intégrés à ceux de la Russie (mêmes normes et procédures), leurs systèmes de défense sont totalement intégrés et, sur le plan diplomatique, elles agissent comme une unité bien synchronisée.

2. Une zone plus à l’ouest, englobant probablement tout le bassin du Dniepr et le littoral de la mer Noire, de la frontière biélorusse à la frontière roumaine, fera partie d’une zone russe. Les régions de cette zone bénéficieront d’une autonomie politique dans un cadre général de sécurité et d’économie lié à la Russie. Les contours approximatifs de cette zone peuvent être déterminés à partir de la carte linguistique suivante. Les régions en rouge et orange sont russophones et font naturellement partie de la zone russe. Les deux seules exceptions seront une enclave carpatho-russe (en violet) qui devra être administrée séparément et une enclave hongroise (en vert) qui pourrait tout aussi bien être absorbée par la Hongrie.

3. Plus à l’ouest, il y aura une zone qui sera emballée dans du papier fantaisie avec des rubans et des nœuds et présentée comme un cadeau extra-spécial à l’UE pour qu’elle l’aime, la chérisse et en souffre de migraines et d’anévrismes. En gros, la zone jaune est de langue ukrainienne et constitue un buffet à volonté (mais ne vous étouffez pas) pour l’Occident. Elle possède un sol relativement pauvre et une incidence élevée de carence en iode et d’imbécillité dans la population générale. C’est également de là que vient le nationalisme ukrainien et que provient l’actuel fléau nazi ukrainien. La position russe devrait être (si je peux me permettre de recommander ce que le gouvernement russe devrait faire) du type « Si vous aimez vos nazis ukrainiens, vous pouvez garder vos nazis ukrainiens ».

Dmitry Orlov

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Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.

Il vient aussi de publier son dernier livre, The Arctic Fox Cometh.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Source : https://lesakerfrancophone.fr/la-situation-en-ukraine-predictions-et-realite