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"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
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Le
« nucléaire » est un domaine vaste et complexe, dans lequel il
est très facile de manipuler l'information... et le citoyen. Les enjeux se chiffrent en
milliards d'Euros. La
désinformation envahit la plupart des médias et embrouille les
cerveaux.
Pour ceux qui voudraient mieux comprendre la situation,
il est souvent difficile de trouver des infos fiables, et de
parvenir à bien séparer les rumeurs et les réalités.
Voici,
en très résumé, quelques points essentiels qui vous
permettront d’y voir plus clair :
1.
Le nucléaire mondial (environ 450 centrales, dont 50 à
l’arrêt, en fin de vie) ne représente que 1,5 % de toute
l'énergie
consommée par l'Homme sur notre planète ! (*)
C’est
une quantité dérisoire, et il est donc tout à fait possible de
s'en passer...
En effet, le potentiel d'économie d'énergie (au niveau
mondial, et avec des technologies qui existent déjà), est de
l'ordre de 40 à 50 % (à même niveau de vie, mêmes PIB's, même
production industrielle).
De plus, le potentiel en énergies renouvelables (au
niveau mondial, et avec des technologies qui existent déjà)
représente déjà 50 à 70 % de la consommation mondiale
actuelle.
Des dizaines d'études scientifiques indépendantes et fiables
démontrent cela depuis des années.
Donc, 1,5 % de plus ou de moins...
(*)
Il faut rappeler que les centrales nucléaires ne produisent
que de l’électricité, et que l’électricité n’est qu’une partie
de toutes les énergies consommées par l’Homme sur notre
planète.
A
l’heure actuelle, le nucléaire produit environ 9,5 % de toute
l’électricité mondiale (chiffre en constante décroissance
depuis plus de 20 ans). Et
l’électricité représente environ 16 % du total des énergies
consommées. Le calcul
est simple : 9,5 % x 16 % = 1,5 %.
2.
En tenant compte des énergies fossiles consommées lors de
l'extraction, raffinage, transport et enrichissement de
l'Uranium, ainsi que lors de la construction des centrales
nucléaires, le bilan CO2 de la production d'électricité
d'origine nucléaire est de l'ordre de 150 à 250 gr.CO2 / KWh
électrique.
C'est évidemment moins que la production d'électricité
d'origine fossile (500 à 1200 gr.CO2 / KWh), mais plus que la
production d'électricité d'origine renouvelable (30 à 80
gr.CO2 / KWh).
Actuellement, au niveau mondial, le nucléaire permet de
réduire d'environ 1 % les émissions de CO2 (par rapport
aux énergies fossiles).
Même en doublant le nombre de centrales nucléaires (ce qui est totalement irréaliste : dans quels pays, avec quels budgets, et quels risques de prolifération ?), on pourrait, au mieux, réduire les émissions de CO2 de... 1 % supplémentaire (par rapport aux énergies fossiles).
Et
ce scénario est d’autant plus irréaliste que, entre la
décision de construire une centrale nucléaire et le moment où
celle-ci produit réellement de l’électricité sur le réseau, il
se passe 10 à 20 ans…
De
plus, une centrale nucléaire doit – ensuite – fonctionner
pendant plus de 10 ans pour restituer, sous forme
d’électricité, l’énergie « grise » qui a été consommée pour sa
construction…
Le bilan net (de 1 %) n’arriverait que dans 20 à 30 ans, soit
bien trop tard pour réduire (et de manière totalement
dérisoire) nos problèmes climatiques !
3.
Le problème (extrêmement complexe) des déchets nucléaires,
radioactifs et dangereux pour des milliers, voire des millions
d'années. Depuis le
début de l'industrialisation du nucléaire (années '50), on
nous promet une solution imminente... pour demain.
Après la « solution » de les jeter au fond des océans, on nous
annonce maintenant une « solution définitive et sans
danger » : les jeter (de manière soi-disant contrôlée) au fond
de puits de mines... Autant
dire : « Glisser la poussière sous le coin du tapis ! ».
Les déchets sont toujours là, ils sont toujours
dangereux, mais on ne les voit plus... Et on ne peut plus les
surveiller, ni les contrôler !
Aucun géologue ne peut garantir la stabilité géologique et
hygrométrique du sous-sol, à l'échelle de milliers ou de
millions d'années (d’autant plus que ces déchets dégagent
beaucoup de chaleur, et modifient donc progressivement les
structures géologiques du sous-sol).
Aucun historien ou ethnologue ne peut garantir la stabilité de
nos civilisations, à l'échelle de milliers d'années... Imaginez tout ce qui s'est
passé (en Europe, p.ex.) ces 1000 dernières années...
4.
La sécurité et les risques d'accidents :
Il
faut reconnaître ce qui est : Des sommes colossales sont
investies dans la sécurité nucléaire, et les ingénieurs qui y
travaillent ne sont pas des imbéciles... Même s'ils peuvent parfois
se tromper… L'erreur
est humaine.
La probabilité d'un accident nucléaire grave est très faible,
et les professionnels du nucléaire font tout pour la réduire
encore et encore.
Malgré cela, il y a, chaque année, dans le monde, des dizaines
d'incidents ou d'accidents (chacun choisira son vocabulaire)
dans les centrales nucléaires et les centres de traitement du
combustible neuf ou usagé.
Chacun de ces incidents peut dégénérer, éventuellement se
conjuguer à d'autres incidents, et mener ainsi à un accident
grave, comme Three Mile Island (USA 1979), Tchernobyl (URSS
1986) ou Fukushima (Japon 2011), pour ne reprendre que ceux
qui ont été médiatisés.
Affirmer, comme le font certains, que « tout est sous
contrôle » ou que « tel ou tel accident ne peut (plus) se
(re-)produire », est tout simplement imbécile et ridicule...
Or, combien de fois ne trouve-t-on encore ce genre
d'affirmation lénifiante ?
L'industrie
du nucléaire est, au sujet du risque et de la sécurité, très
comparable à l'aviation civile :
On
prend toutes les mesures pour garantir une sécurité maximum,
mais néanmoins, un accident arrive de temps en temps... La probabilité « zéro »
n'existe pas dans le monde réel.
Or, si un accident d'avion entraîne la mort de 200 ou 300
personnes, un accident grave dans une centrale nucléaire peut
toucher des millions de personnes...
Bien sûr, il ne s'agira pas tellement de décès immédiats, mais
bien d'une contamination radioactive qui entraînera une
surmortalité progressive et diffuse... sur les milliers
d’années qui suivent.
Par exemple, en tenant compte de la quantité de matières radioactives que l'accident de Tchernobyl a projeté dans l'atmosphère (et qui s'est répandue progressivement sur toute la planète), et en respectant les chiffres et méthodes de calcul de la CIPR, on arrive à la conclusion que cet accident nucléaire aura provoqué, dans les 50 ans qui le suivent, un accroissement de mortalité mondiale d'environ 500.000 personnes ! Mais ces morts supplémentaires seront « noyés » dans les statistiques de mortalité ordinaire. Et après ces 50 ans, cette surmortalité continuera encore très longtemps.
Pour
mémoire : Il ne faut pas confondre Risque et Probabilité :
La
Probabilité est la « chance » qu'un certain événement
survienne, dans un certain laps de temps, et dans un certain
cadre de restrictions hypothétiques.
Le Risque encouru est le produit de la Probabilité
par les Conséquences provoquées par cet événement : R = P
x C.
P.ex. : Dans le cas de la circulation automobile, la
Probabilité d'un accident est relativement élevée, mais les
Conséquences sont faibles (quelques morts, tout au plus).
Dans le cas du nucléaire, la Probabilité d'un accident est
(normalement) très faible (du moins dans les pays
« développés »), mais les Conséquences peuvent être
gigantesques, à court, moyen et long terme, en ce qui concerne
la santé publique, mais aussi l'économie, la politique,
l’agriculture, l'habitabilité de régions entières, etc.
Finalement, pourquoi imposer tant de risques à la population et à l’environnement (cf. points 3 et 4), alors que les avantages réels sont si ténus (cf. points 1 et 2) ?
5.
De plus, il ne faut pas oublier que l’Uranium est une
ressource épuisable, et au rythme actuel de consommation
(PWR ou EPR, fission - neutrons lents), les réserves
mondiales d'Uranium (235) sont estimées à 40-50
ans...
Passé ce délai, il n'y aura quasiment plus de combustible
utilisable pour nos centrales nucléaires... Et nous resterons avec des
montagnes de déchets radioactifs.
Si
l'on devait utiliser
des surgénérateurs dits « 4ème génération »
(fission - neutrons rapides), les
réserves mondiales d'Uranium (et Plutonium de retraitement)
sont estimées à 100-200 ans, au rythme actuel de consommation
(càd 1,5 % de l’énergie mondiale).
Mais, jusqu'à présent, aucun surgénérateur au monde n'a
fonctionné de manière industriellement correcte, ni
économiquement rentable.
De plus, aucun surgénérateur n'a réellement produit plus de
Plutonium qu'il n'en a consommé. Ils ont tous été
« sous-générateurs ».
Actuellement, tous les programmes de surgénérateurs
industriels ont été abandonnés.
6.
Quant au réacteur de fusion nucléaire (ITER),
il faut rappeler que ce projet est seulement destiné à tester
la faisabilité de
la fusion au niveau industriel… ITER ne produira jamais
d’électricité, ni même d’énergie utilisable.
De plus, même les plus ardents défenseurs de ce projet disent
qu'il ne faut pas attendre une réalisation industrielle
fonctionnelle avant 50 à 100 ans...
Soit bien trop tard par rapport aux échéances énergétiques et
climatiques planétaires.
En attendant, ce fabuleux et pharaonique projet ITER engloutit
des dizaines de milliards d'Euros… qui seraient bien plus
utiles et fructueux s'ils étaient investis dans les énergies
renouvelables et surtout dans les économies
d'énergie !
7.
On nous annonce actuellement une nouvelle solution
miraculeuse :
Les Small Modular
Reactors (SMR) permettraient, soi-disant, de produire
une électricité moins chère, avec moins de déchets radioactifs
et une meilleure sécurité…
Dans les années ’50 et ’60, les premiers réacteurs industriels
étaient déjà « small », avec des puissances de 100 à 300 MWe.
On n’a ensuite cessé d’augmenter la puissance des nouveaux
réacteurs (vers 900, puis 1400 MWe) afin justement d’améliorer
la rentabilité économique des centrales nucléaires.
Plus une installation industrielle est grosse, plus
elle est rentable.
Et maintenant… Surprise ! On
essaie de nous faire croire le contraire.
Les premières études indépendantes montrent déjà que
l’électricité produite par les SMR serait environ deux fois
plus chère que celle de nos réacteurs actuels.
De
toute manière, ces SMR impliqueraient toujours l’extraction
(très polluante) d’Uranium et la production de (probablement
plus de) déchets radioactifs…
Sans
même parler des risques accrus de prolifération nucléaire vers
un tas de pays désireux d’accéder à la technologie nucléaire
civile… et donc militaire.
De plus, la multiplication de petites centrales nucléaires
rendrait leur surveillance et leur protection plus difficiles,
et rendraient nos pays encore plus vulnérables face aux
risques d’accidents et aux risques d’attaques terroristes.
8.
On pourrait aussi parler de la mauvaise rentabilité
économique du nucléaire :
Depuis une vingtaine d'années, plus aucun producteur
d’électricité ne souhaite investir dans la construction de
nouvelles centrales nucléaires… à moins d’être lourdement
subsidié par l’Etat.
L'industrie nucléaire ne s'est (timidement) développée que
dans les pays où des aides et subsides importants lui ont été
octroyés par les gouvernements.
Par
exemple, l'Etat Français (premier actionnaire à 86 % d’EDF)
éponge régulièrement les déficits d’EDF, et verse, chaque
année, plus de deux milliards d'Euros de subsides au
Commissariat à l'Energie Atomique.
De plus, ORANO (ex-AREVA), ANDRA et autres sont également,
très largement, soutenus financièrement et administrativement
par les Autorités Françaises.
En
Belgique, le programme nucléaire a aussi toujours été
largement soutenu par des aides financières étatiques.
Et ne parlons même pas du dernier accord gouvernemental en vue
de la prolongation de Doel 4 et Tihange 3 qui fait la part
(très) belle à Engie – Electrabel !
Malgré les belles paroles et annonces politiques, ces aides et subsides sont largement plus importants pour le nucléaire que pour les énergies renouvelables, et ce, depuis des dizaines d'années.
Dans
les pays où l'industrie nucléaire n'est pas portée à bout de
bras par les finances publiques, elle ne s'est pas développée,
tout simplement par manque de rentabilité.
Par exemple, aux USA, plus aucune centrale nucléaire n'a été
construite depuis 1980 !
Et si l'on y parle parfois d'un « redémarrage » du nucléaire,
c'est parce que l'Administration Obama a confirmé la décision
de son prédécesseur d'accorder une avance de 8 milliards de
dollars, pour la construction de... deux nouvelles
centrales nucléaires.
Alors que des dizaines de centrales y arrivent progressivement
en fin de vie.
Va-t-on,
comme chez nous, essayer de prolonger arbitrairement leur
durée de fonctionnement, au-delà des limites raisonnablement
prévues lors de leur conception (càd 30 ans) ?
Bien sûr, la rentabilité économique d'une centrale s'améliore
lorsqu'elle est complètement amortie...
Mais la probabilité d’un accident augmente aussi avec l’âge de
l’installation…
J'espère que ces quelques informations permettront d'alimenter vos réflexions… ainsi qu'un débat éclairé et constructif, sur le « chaud » sujet du nucléaire.
Ci-dessous, vous trouverez des liens vers des sources fiables d’informations sur le nucléaire… N’hésitez pas à les consulter régulièrement.
Christian
STEFFENS
MSc. Ingénieur Industriel
Consultant en Energétique, Electricité et Electronique
Sources d’informations de qualité sur le nucléaire Novembre 2021
CRIIRAD - FR - Enquêtes, labo de mesures
agréé, expertises, publications détaillées
https://www.criirad.org/
Réseau
sortir du nucléaire - FR - Association
d’associations, publications, vulgarisation
https://www.sortirdunucleaire.org/
A.C.R.O. - FR - Enquêtes, labo de mesures
agréé, expertises, publications détaillées
https://www.acro.eu.org/
Global
Chance - FR - « Les cahiers de G.C. » Etudes et analyses,
publications détaillées
https://www.global-chance.org/
G.S.I.E.N. - FR - « La Gazette Nucléaire » Publication très
détaillée (assez technique)
https://www.gazettenucleaire.org/
World
Nuclear Industry Status Report - INT - Infos mondiales, rapports
annuels détaillés
https://www.worldnuclearreport.org/
World
Information Service on Energy - INT - Infos mondiales,
publications détaillées
https://www.wiseinternational.org/
Greenpeace - BE & INT - Association
internationale, publications, vulgarisation
https://www.greenpeace.org/belgium/fr/