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samedi 3 février 2024

Le déserteur : à apprendre au plus vite, à chanter partout



 

Paroles
Le déserteur
Monsieur le PrésidentJe vous fais une lettreQue vous lirez peut-êtreSi vous avez le tempsJe viens de recevoirMes papiers militairesPour partir à la guerreAvant mercredi soir
Monsieur le PrésidentJe ne veux pas la faireJe ne suis pas sur terrePour tuer des pauvres gensC'est pas pour vous fâcherIl faut que je vous diseMa décision est priseJe m'en vais déserter
Depuis que je suis néJ'ai vu mourir mon pèreJ'ai vu partir mes frèresEt pleurer mes enfantsMa mère a tant souffertQu'elle est dedans sa tombeEt se moque des bombesEt se moque des vers
Quand j'étais prisonnierOn m'a volé ma femmeOn m'a volé mon âmeEt tout mon cher passéDemain de bon matinJe fermerai ma porteAu nez des années mortesJ'irai sur les chemins
Je mendierai ma vieSur les routes de FranceDe Bretagne en ProvenceEt je dirai aux gensRefusez d'obéirRefusez de la faireN'allez pas à la guerreRefusez de partir
S'il faut donner son sangAllez donner le vôtreVous êtes bon apôtreMonsieur le PrésidentSi vous me poursuivezPrévenez vos gendarmesQue je n'aurai pas d'armesEt qu'ils pourront tirer

lundi 18 mars 2019

[Replay] Focus sur la lettre remarquable de Frédéric Lordon adressée au Président


Retranscription

La réponse de Frédéric Lordon à Emmanuel Macron l'invitant au grand débat

18 MARS 2019 LE BLOG DE PAEONIA

Rompu aux usages de la bonne société, M. Lordon n’a cependant pas manqué de s’en excuser publiquement à l’occasion d’une assemblée extraordinaire qui se tenait à la Bourse du travail jeudi 14. Nous publions ici sa réponse au président ainsi que la vidéo de son intervention.

Pour clore en beauté le grand débat national, 65 « intellectuels » ont été convié à l’Élysée ce lundi 18 mars, auprès du président en personne. Une rencontre qui sera retransmise en direct sur France Culture. Parmi les invités, nous pourrons écouter l’historien Marcel Gauchet, le sociologue Michel Wieviorka ou encore le psychiatre Boris Cyrulnik mais pas l’économiste et philosophe Frédéric Lordon. Alors que ce dernier était dûment invité par M. Macron, il a préféré décliner. Rompu aux usages de la bonne société, M. Lordon n’a cependant pas manqué de s’en excuser publiquement à l’occasion d’une assemblée extraordinaire qui se tenait à la Bourse du travail jeudi 14 [1]. Nous publions ici sa réponse au président ainsi que la vidéo de son intervention.



Cher Monsieur Macron,

Vous comprendrez que si c’est pour venir faire tapisserie le petit doigt en l’air au milieu des pitres façon BHL, Enthoven, ou des intellectuels de cour comme Patrick Boucheron [2], je préférerais avoir piscine ou même dîner avec François Hollande. Au moins votre invitation ajoute-t-elle un élément supplémentaire pour documenter votre conception du débat. Savez-vous qu’à part les éditorialistes qui vous servent de laquais et répètent en boucle que la-démocratie-c’est-le-débat, votre grand débat à vous, personne n’y croit ? Vous-même n’y croyez pas davantage. Dans une confidence récente à des journalistes, qui aurait gagné à recevoir plus de publicité, vous avez dit ceci : « Je ressoude, et dès que c’est consolidé je réattaque ». C’est très frais. Vous ressoudez et vous réattaquez. C’est parfait, nous savons à quoi nous en tenir, nous aussi viendrons avec le chalumeau.

En réalité, sur la manière dont vous utilisez le langage pour « débattre » comme vous dites, nous sommes assez au clair depuis longtemps. C’est une manière particulière, dont on se souviendra, parce qu’elle aura fait entrer dans la réalité ce qu’un roman d’Orwell bien connu avait anticipé il y a 70 ans très exactement – au moins, après la grande réussite de votre itinérance mémorielle, on ne pourra pas dire que vous n’avez pas le sens des dates anniversaires. C’est une manière particulière d’user du langage en effet parce qu’elle n’est plus de l’ordre du simple mensonge.

Bien sûr, dans vos institutions, on continue de mentir, grossièrement, éhontément. Vos procureurs mentent, votre police ment, vos experts médicaux de service mentent – ce que vous avez tenté de faire à la mémoire d’Adama Traoré par experts interposés, par exemple, c’est immonde. Mais, serais-je presque tenté de dire, c’est du mensonge tristement ordinaire.

Vous et vos sbires ministériels venus de la start-up nation, c’est autre chose : vous détruisez le langage. Quand Mme Buzyn dit qu’elle supprime des lits pour améliorer la qualité des soins ; quand Mme Pénicaud dit que le démantèlement du code du travail étend les garanties des salariés ; quand Mme Vidal explique l’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers par un souci d’équité financière ; quand vous-même présentez la loi sur la fake news comme un progrès de la liberté de la presse, la loi anti-casseur comme une protection du droit de manifester, ou quand vous nous expliquez que la suppression de l’ISF s’inscrit dans une politique de justice sociale, vous voyez bien qu’on est dans autre chose – autre chose que le simple mensonge. On est dans la destruction du langage et du sens même des mots.

Si des gens vous disent « Je ne peux faire qu’un repas tous les deux jours » et que vous leur répondez « Je suis content que vous ayez bien mangé », d’abord la discussion va vite devenir difficile, ensuite, forcément, parmi les affamés, il y en a qui vont se mettre en colère. De tous les arguments qui justifient amplement la rage qui s’est emparée du pays, il y a donc celui-ci qui, je crois, pèse également, à côté des 30 ans de violences sociales et des 3 mois de violences policières à vous faire payer : il y a que, face à des gens comme vous, qui détruisent à ce point le sens des mots – donc, pensez-y, la possibilité même de discuter –, la seule solution restante, j’en suis bien désolé, c’est de vous chasser.

Il y a peu encore, vous avez déclaré : « Répression, violences policières, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit ». Mais M. Macron, vous êtes irréparable. Comment dire : dans un Etat de droit, ce ne sont pas ces mots, ce sont ces choses qui sont inacceptables. À une morte, 22 éborgnés et 5 mains arrachées, vous vous repoudrez la perruque et vous nous dites : « Je n’aime pas le terme répression, parce qu’il ne correspond pas à la réalité ». La question – mais quasi-psychiatrique – qui s’en suit, c’est de savoir dans quelle réalité au juste vous demeurez.

Des éléments de réponse nous sont donnés par un article publié il y a de ça quelques jours par le Gorafi sous le titre : « Le comité de médecine du ministère de l’intérieur confirme que le LBD est bon pour la santé ». On peut y lire ceci : « Christophe Castaner s’est réjoui des résultats des tests du comité de médecins et a aussitôt signé une ordonnance qualifiant de rébellion et outrage à agent toute personne qui mettrait en cause la fiabilité de cette étude ». M. Macron, voyez-vous la minceur de l’écart qui vous tient encore séparé du Gorafi ? Vous êtes la gorafisation du monde en personne. Sauf que, normalement, le Gorafi, c’est pour rire. En réalité, personne ne veut vivre dans un monde gorafisé. Si donc le macronisme est un gorafisme mais pour de vrai, vous comprendrez qu’il va nous falloir ajuster nos moyens en conséquence. Et s’il est impossible de vous ramener à la raison, il faudra bien vous ramener à la maison.

Tous les glapissements éditorialistes du pays sur votre légitimité électorale ne pourront rien contre cette exigence élémentaire, et somme toute logique. En vérité, légitime, vous ne l’avez jamais été. Votre score électoral réel, c’est 10%. 10% c’est votre score de premier tour corrigé du taux d’abstention et surtout du vote utile puisque nous savons que près de la moitié de vos électeurs de premier tour ont voté non par adhésion à vos idées mais parce qu’on les avait suffisamment apeurés pour qu’ils choisissent l’option « ceinture et bretelles ».

Mais quand bien même on vous accorderait cette fable de la légitimité électorale, il n’en reste plus rien au moment où vous avez fait du peuple un ennemi de l’État, peut-être même un ennemi personnel, en tout cas au moment où vous lui faites la guerre – avec des armes de guerre, et des blessures de guerre. Mesurez-vous à quel point vous êtes en train de vous couvrir de honte internationale ? Le Guardian, le New-York Times, et jusqu’au Financial Times, le Conseil de l’Europe, Amnesty International, l’ONU, tous sont effarés de votre violence. Même Erdogan et Salvini ont pu s’offrir ce plaisir de gourmets de vous faire la leçon en matière de démocratie et de modération, c’est dire jusqu’où vous êtes tombé.

Mais de l’international, il n’arrive pas que des motifs de honte pour vous : également des motifs d’espoir pour nous. Les Algériens sont en train de nous montrer comment on se débarrasse d’un pouvoir illégitime. C’est un très beau spectacle, aussi admirable que celui des Gilets Jaunes. Une pancarte, dont je ne sais si elle est algérienne ou française et ça n’a aucune importance, écrit ceci : « Macron soutient Boutef ; les Algériens soutiennent les Gilets Jaunes ; solidarité internationale ». Et c’est exactement ça : solidarité internationale ; Boutef bientôt dégagé, Macron à dégager bientôt.

Dans le film de Perret et Ruffin, un monsieur qui a normalement plus l’âge des mots croisés que celui de l’émeute – mais on a l’âge de sa vitalité bien davantage que celui de son état civil –, un monsieur à casquette, donc, suggère qu’on monte des plaques de fer de 2 mètres par 3 sur des tracteurs ou des bulls, et que ce soit nous qui poussions les flics plutôt que l’inverse. C’est une idée. Un autre dit qu’il s’est mis à lire la Constitution à 46 ans alors qu’il n’avait jamais tenu un livre de sa vie. M. Macron je vous vois d’ici vous précipiter pour nous dire que voilà c’est ça qu’il faut faire, lisez la Constitution et oubliez bien vite ces sottes histoires de plaques de fer. Savez-vous qu’en réalité ce sont deux activités très complémentaires. Pour être tout à fait juste, il faudrait même dire que l’une ne va pas sans l’autre : pas de Constitution avant d’avoir passé le bull.

C’est ce que les Gilets Jaunes ont très bien compris, et c’est pourquoi ils sont en position de faire l’histoire. D’une certaine manière M. Macron, vous ne cessez de les y inviter. En embastillant un jeune homme qui joue du tambour, en laissant votre police écraser à coups de botte les lunettes d’un interpellé, ou violenter des Gilets Jaunes en fauteuil roulant – en fauteuil roulant ! –, vous fabriquez des images pour l’histoire, et vous appelez vous-même le grand vent de l’histoire.

Vous et vos semblables, qui vous en croyez la pointe avancée, il se pourrait que vous finissiez balayés par elle. C’est ainsi en effet que finissent les démolisseurs en général. Or c’est ce que vous êtes : des démolisseurs. Vous détruisez le travail, vous détruisez les territoires, vous détruisez les vies, et vous détruisez la planète. Si vous, vous n’avez plus aucune légitimité, le peuple, lui, a entièrement celle de résister à sa propre démolition – craignez même que dans l’élan de sa fureur il ne lui vienne le désir de démolir ses démolisseurs.

Comme en arriver là n’est souhaitable pour personne, il reste une solution simple, logique, et qui préserve l’intégrité de tous : M. Macron, il faut partir. M. Macron, rendez les clés.

[1] La discussion ce jour-là avait une toute autre teneur. Intitulée Fin du grand débat, début du grand débarras, elle réunissait entre autres Jérome Rodrigues, Hervé Kempf, Priscillia Ludosky et Youssef Brakni. On retrouvera les interventions des uns et des autres ici.

[2] Entre cette intervention et sa transcription, le casting du « Grand Débat avec les Intellectuels » a été révélé. Patrick Boucheron n’en est pas, semble-t-il. Mais son macronisme déclaré et son mépris, tout aussi déclaré, des Gilets Jaunes, ne sont pas de nature à commander une correction sur le fond. Idem d’ailleurs pour les deux autres clowns.


Fin du grand débat, début du grand débarras ! Frédéric LORDON Bourse du Travail Paris 14/03/2019 © ERC Vidéo
https://lundi.am/65-intellectuels-invites-a-debattre-a-l-Elysee

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Source : https://blogs.mediapart.fr/paeonia/blog/180319/la-reponse-de-frederic-lordon-emmanuel-macron-linvitant-au-grand-debat

jeudi 17 janvier 2019

Message de Nouvel an d'un Maire au Président de la République + chanson Le déserteur de Boris Vian




Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être... si vous avez le temps.

Ce dernier soir de l'année, vous vous adresserez aux Français à la télévision. En fait vous vous adresserez surtout à la caméra, avec ou sans prompteur, mais dans un monologue, monocorde, monotone, si formaté qu'on le connait par avance. Votre Cour vous flattera sans doute, les commentateurs et les experts de tous poils disserteront bien sûr. Mais en réalité vous serez bien seul, pathétique, dans les ors de la République face à cette caméra.

Comme des millions de Français, j'éteindrai ma télévision à ce moment précis pour ne pas vous entendre, c'est là une marque ostensible d'irrespect que j'assume. Parce que vous manquez à tous vos devoirs et parce que vous ne respectez pas le Peuple de France.

Lorsque les caméras se seront retirées, lorsque vous vous retrouverez tout seul, ne sachant que faire pour occuper le silence qui suivra en cette triste soirée, Monsieur le Président, je vous invite à me lire ou à écouter "mon" allocution de fin d'année sur mon site herveferon.fr

Nous ne vous croyons pas, parce que vous avez menti. Et voici deux
exemples :

- L'an dernier, lors de vos vœux aux Français vous disiez "L'année 2018 sera celle de la cohésion". Nous ne vous reprochons pas de ne pas y être parvenu, nous vous reprochons de ne jamais en avoir eu l'intention.
- Il y a trois semaines, sous la pression du Peuple en colère, vous annonciez une augmentation de 100€ sur le SMIC. C'était un mensonge et vous le saviez bien ! D'abord cessons de parler du SMIC en brut et de donner l'impression qu'un Smicard touche 1498€ par mois. Le Smicard, lui, ne connait que ce qu'il perçoit réellement, c'est à dire le salaire net et ce salaire net, Monsieur le Président, il est de 1184,93€ ! Ça, c'est le monde réel !!! Le SMIC n'augmentera, pas de 100€, il augmentera comme c'était prévu de 1,8%, c'est à dire qu'il passera de 1184€ à 1210€ ! Soit + 26€...

Je vous interpelle aujourd'hui parce que vous faites défaut à votre fonction en méprisant ainsi le Peuple.

Vous vous comportez comme un monarque, détournant ainsi tous les principes de la Constitution Française. Vous vous êtes même comparé à Jupiter (Dieu de la Terre, du Ciel et de tous les êtres vivants...) dans un moment d'égarement mégalomaniaque indigne de la fonction présidentielle, mais c'était là une première injure faite au Peuple. D'autres petites phrases ont suivi.
Le Roi, lui, avait des sujets et ses sujets lui devaient allégeance, cela s'appelle la monarchie. Le Président de la République, lui, doit être au service des Citoyens. Il doit les entendre, cela s'appelle la démocratie.

Vous exercez votre fonction tout autrement, vous décidez seul, sans véritable stratégie, mais avec obstination. Votre épouse qui n'a aucune légitimité pour cela, intervient sans cesse dans les affaires de la Nation, comme la Pompadour régnait auprès de Louis XV.

Vous le savez, vous avez été élu par une minorité de Français, 43,6% des électeurs inscrits seulement ont voté pour vous ! C'est à dire que 47 millions de Français n'ont pas voté pour vous ! Et parmi ces 43,6% d'électeurs, 43% ont déclaré voter pour vous, pour faire obstacle à Marine Le Pen.

Vous vous appuyez sur la majorité des votes exprimés, mais croyez-vous qu'il y a 50 ans les rédacteurs de la Constitution française avaient imaginé qu'un tel scénario pût être possible ? N'est-ce pas là un premier détournement de l'esprit de la Constitution, au sens par lequel Montesquieu traitait l'esprit des lois ?

Assis donc sur le trône triste de l'illégitimité, drapé de votre solitude amère, vous contemplez avec dédain le Peuple habillé de jaune qui vous crie sa colère, quand votre cote de popularité a pulvérisé tous les records en s'effondrant en dessous des 18%.

Ces gilets jaunes, vous tentez de les dissoudre, de vous en débarrasser. Vous prétextez les casseurs, les infiltrés de toutes sortes pour les décrédibiliser et brouiller leur message. Et puis, vous comptez sur l'usure du temps. À chaque acte, il nous est annoncé qu'ils sont moins nombreux. Et vous et vos Ministres, au fur et à mesure, vous faites dans la provocation, vous revenez immédiatement avec vos mesures insupportables et insupportées, vous décrétez l'Etat permanent de l'injustice sociale.

Je suis contre les violences, contre les dégradations, contre le blocage des petits et des gros commerces. Mais pas d'amalgame, les gilets jaunes, les vrais, ne sont que des gens pauvres qui n'en peuvent plus et qui vous crient leur misère. Ç'est ça la France aujourd'hui Monsieur le Président.
J'ai vu des retraités dans la rue, des femmes avec des enfants, des travailleurs pauvres, des gens inoffensifs que vous avez fait gazer, par l'envoi de grenades lacrymogènes, vous avez fait utiliser les flash Ball sur des Français non-violents, sous prétexte qu'ailleurs, à d'autres moments, il y avait eu des violences inadmissibles ! J'ai vu des femmes, des personnes âgées, les yeux rougis, verser des larmes dues autant au gaz lacrymogène qu'à la tristesse et au dépit. Vous avez fait tirer sur le Peuple. Prenez la Guerre des Farines de 1775, remplacez la farine par l'essence, Louis XVI par Emmanuel Macron et vous avez la Révolte des Gilets Jaunes de 2018-2019. Il n'y a pas de violence dans le mouvement des gilets jaunes qu'il faut considérer avec discernement, en responsabilité politique due par votre fonction. La seule violence, c'est celle que vous leur faite.

Vous êtes dans l'erreur Monsieur le Président.

Sur le fond, les Français sont très largement favorables aux gilets jaunes. Traquez-les, chassez-les, gazez-les, d'autres reviendront de partout, par les rues adjacentes. C'est inéluctable. "Ceux qui veulent éteindre les étoiles en feront toujours naître de nouvelles !"

Que pouvez-vous faire ? Rendez au Peuple sa dignité, renoncez à votre culture de banquier des riches, rendez honneur à la Fonction Présidentielle. Liberté - Égalité - Fraternité. 

Pour cela, vous avez des solutions possibles et si vous renonciez à votre entêtement, ce serait même assez simple :

- Remettez en place l'Impôt sur la Fortune immédiatement.
- Augmentez la TVA sur les produits de luxe à 30%. Croyez-vous vraiment que celui qui a les moyens de s'acheter une Ferrari à 200 000€ sera très gêné si elle lui coûte 20 000€ de plus ?
- diminuez la TVA a minima sur les produits de première nécessité, dont il faut allonger considérablement la liste en prenant en considération la dure réalité du quotidien des Français.
- Luttez contre l'évasion fiscale qui coûte chaque année à la France entre 60 et 80 Milliards. Donnez-vous les moyens, faites-en une priorité absolue, dénoncez l'Europe complice qui abrite en son sein des paradis fiscaux.
- Engagez-vous courageusement contre ce diktat de l'Europe qui contraint la France à emprunter aux banques privées et non à la Banque de France. Quand la dette publique frôle les 100% du PIB, vous surtaxez les français pour payer des intérêts aux banques privées. Le remboursement de ces intérêts est le 4ème poste budgétaire de l'Etat ! C'est à cela qu'il faut vous attaquer et non pas aux pauvres gens !
- En ces temps de populisme ambiant, il est raconté souvent n'importe quoi sur internet à propos des revenus des élus. Je pense que la plupart des élus travaillent beaucoup et sont honnêtes, il est tellement facile d'ironiser et de les suspecter systématiquement du contraire.
Ils méritent d'être bien indemnisés.
Mais je pense que les grands élus pourraient contribuer à l'effort national. 577 députés et 348 sénateurs. Je suis convaincu que s'ils diminuaient leurs indemnités de frais de mandat de 1000€ par mois, ils pourraient continuer à bien vivre et à bien fonctionner. Cela serait vécu comme un acte significatif de solidarité nationale. 925 Parlementaires multipliés par 1000€, multipliés par 12 mois, puis par 5 ans de mandat = 55 500 000€ d'économies.
Lorsque j'étais député, j'ai fait cette proposition qui n'a jamais été retenue, il m'a été conseillé fortement et de tous côtés de ne pas insister...
Mais imaginons qu'on étende cet effort de solidarité à vos Ministres, à vous-même, aux anciens Présidents de la République, à votre armée de conseillers, aux très hauts fonctionnaires et à tous les nantis de la République. Il s'agirait juste de faire un effort de contribution solidaire, il ne s'agit pas de vous mettre sur la paille... Mais les économies se compteraient par milliards.

=> Ainsi, vous pourriez trouver les recettes pour supprimer l'augmentation de la CSG sur les retraites. La retraite n'est pas une allocation sociale, elle est un dû, la diminuer est un acte anti républicain.
=> Vous pourriez aussi revaloriser de façon significative le SMIC. Pensez-vous qu'une personne qui touche le chômage ou même le RSA, ait intérêt à retrouver un travail au SMIC, c'est à dire précaire, en sachant qu'elle devra payer une nounou pour garder ses enfants, ou payer l'essence hors de prix pour aller travailler ? Il n'y a pas assez de différence entre les aides sociales et les bas salaires pour motiver les gens à accepter des emplois souvent pénibles. Car une des incohérences dans notre société est que les emplois les plus pénibles, les moins épanouissants, les moins valorisants sont souvent les plus mal payés.
=> Et puis avec ces recettes, vous pourrez donner le coût de pouce nécessaire aux employeurs des PME, PMI qui sont étranglés par les taxes et les procédures. Ce sont eux les premiers créateurs d'emplois et d'activité. C'est comme ça que vous relancerez l'économie, par la France d'en bas !
=> Avec ces recettes, vous pourrez aussi redonner des moyens aux services publics et garantir l'aménagement des territoires  équilibré. Des moyens à l'offre de soin, aux hôpitaux publics, à l'Ecole de la République, aux bailleurs sociaux que vous étranglez, aux associations d'Education Populaire qui ont disparu par dizaines de milliers depuis le début de votre quinquennat, ...
En République et vous devriez en être le garant, il est normal que le service public coûte cher, pour être de qualité et accessible à tous.

Ce ne sont pas des allocations, des primes, des compensations que demande le Peuple, c'est juste de la dignité. Pas de charité bien ordonnée, juste le respect des valeurs de la République et des Droits de l'Homme et du Citoyen.
=> Avec ces recettes, vous pourrez vous atteler à l'urgence climatique, mais pour cela il faut en avoir la volonté. Ne prenez-pas la planète en otage ! Surtout n'opposez pas l'indispensable nécessité de sauver la planète au minimum à vivre des Français.

Enfin, je suis Maire d'une petite Commune. Les Gouvernements successifs nous ont tout pris. Le pouvoir d'agir, en nous dépossédant de nos domaines de compétences et de nos responsabilités qui sont de plus en plus hyper-concentrés dans les mains des barons locaux Présidents de Métropoles, on a éloigné de nous les lieux de pouvoir avec les Grandes Régions, on nous diminue sans cesse les dotations indispensables pour des services publics de proximité.
Vous vous inscrivez dans cette continuité, vous méprisez les Maires en refusant leur invitation à leur Congrès National et vous diminuez leurs dotations, bien que vous affirmiez le contraire.
Ainsi les Maires ne sont plus que de simples gestionnaires, administrant leurs Communes sans la possibilité de faire vivre les Politiques Publiques. Là aussi, vous tentez de les décrédibiliser... On dira ensuite qu'il y a trop de Maires, trop de communes, trop d'employés municipaux...
Mais ces Maires sont le dernier bastion de cette République solidaire que nous appelons de nos vœux. Chaque jour, ils se battent, ils inventent des solutions pour secourir les plus pauvres et les plus démunis. Ils sont les garants de la cohésion sociale.
Ne les ignorez pas. Si les Maires de France n'avaient pas été là après les attentats du Bataclan, comment la France aurait-elle pu continuer à faire société, à vivre libre et en sécurité. C'est l'extraordinaire réseau des Maires qui a organisé sur tous les territoires la possibilité de continuer à vivre, par leur connaissance de la population, leur proximité sur le terrain. Sans eux, la moindre kermesse d'école, la moindre fête des voisins, la moindre rencontre sportive auraient dû être interdites.
Ils sont sans cesse dans la proximité, ils ont une expertise permanente de la réalité de la vie des habitants et de leurs difficultés. Ce fut une énorme erreur de supprimer totalement la présence des Maires à l'Assemblée. Ils sont les premiers représentants du Peuple.
Moi, comme Maire, je sais ce que ni vous, ni les députés ne savent. Je sais qu'aujourd'hui, il y a des familles, des chômeurs, des retraités, des travailleurs pauvres, des jeunes étudiants, qui font le choix de ne plus faire trois repas par jour, quand ils n’en ont plus les moyens ! Je ne vous dis pas là du Zola, je vous parle de scènes de la vie courante en 2018.
Alors, Monsieur le Président, redonnez-nous les moyens de cette indispensable solidarité, nous sommes là, en proximité auprès de tous les habitants sans exception dans nos Communes.

Le sujet n'est pas de redonner aux Français confiance en vous ou pas, le sujet est de leur redonner espoir, dignité et pouvoir d'achat.

À l'approche de ces 12 coups de minuit, je souhaite à toutes celles et à tous ceux qui m'auront entendu, en espérant naïvement que vous en serez Monsieur le président, une excellente année 2019.

Nous avons tous ensemble la République à reconstruire, des valeurs, la solidarité, le respect, les Droits et les Devoirs. Ainsi nous lutterons tous ensemble contre toutes les formes d'obscurantisme, contre les casseurs, contre le terrorisme, contre toutes les formes de violences physiques ou morales. Ce message Monsieur le Président n'est jamais qu'un message d'amour.
Pour une République à jamais solidaire Une et indivisible, une République Humaniste.
source  : http://herveferon.fr/index.php/component/content/article/57-blog/2914-message-de-nouvel-an-d-un-maire-au-president-de-la-republique