"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
François Asselineau réagit à chaud, le 24 juillet 2023 à 16h, aux déclarations anti-républicaines du Directeur général de la Police nationale et du Préfet de Police de Paris, ainsi qu'au début de révolte des policiers à travers toute la France.
La situation est très grave et Macron en est l'un des principaux responsables.
16 AVR. 2019 PAR JEAN-MARC B BLOG : LE BLOG DE JEAN-MARC B
Dans nos rangs nous sommes divisés. Très divisés...si le nombre (le peuple) est dehors, les forces de l’ordre tomberont les casques...l’ordre de tirer sur la foule pourrait être l’élément déclencheur. Mais aujourd’hui nous sommes encore loin de ce qui s’est passé en Algérie. Au fond de moi, j’espère que l’on s’unira aux GJ.
16 avril 2019 - CNSJS
Dans les jours qui viennent de s’écouler, des gradés de la police ou de la gendarmerie ont pris publiquement la parole. Alors que le colonel de gendarmerie Michael Di Meo a par exemple reconnu en termes pesés l’existence « de violences policières » contre les GJ, le directeur de la police nationale Eric Morvan n’a pas tardé de justifier l’action des CRS contre les manifestants. La troupe elle, par discipline forcée a gardé jusque là le silence. Pour une des toutes premières fois, nous publions ici l’ITV que nous a adressée un simple gendarme qui porte l’uniforme depuis plus de 17 ans. Comme il nous l’a demandé, nous avons évidemment décidé de respecter totalement son anonymat, pour lui éviter les foudres d’une hiérarchie qui n’accepte pas que la parole puisse prendre la liberté de s’exprimer.
Ce témoignage que j’ai recueilli me ramène en partie au travail que j’avais effectué pour mon documentaire « dans le secret du Burn out » avant le mouvement des Gilets jaunes, maladie qui touche plus qu’on ne le pense des membres des forces de l’ordre. Le rôle que le pouvoir fait jouer aux forces de polices, toutes catégories confondues, n’est pas pour soigner un corps profondément malade. Ce témoignage nous plonge au coeur du mouvement social des Gilets jaunes qui secoue le pays. Il est question de souveraineté, de relation entre « forces de l’ordre » et peuple, de Nation et de son avenir…
Jacques Cotta
1/ Vous êtes gendarme. Quel est votre grade? Pouvez vous retracer rapidement votre carrière?
Mon grade est gendarme de carrière. Je suis dans l’institution depuis 17 ans. D’abord en tant que gendarme adjoint puis en tant que sous-officier au grade de gendarme. Je suis passé par des unités très différentes. Des unités spécialisées, des unités de maintien de l’ordre, des unités d’interventions, des unités d’investigations. Je préfère ne pas nommer les unités car ayant un parcours atypique, il est facile à retracer. Ce que je peux dire c’est que cet éventail large m’a permis d’avoir une vision d’ensemble de l’arme dans laquelle je sers.
2/ Pourquoi êtes vous entré dans la gendarmerie?
Je ne vais pas être très original mais je suis devenu gendarme pour protéger mes concitoyens. J’avais l’envie de servir l’intérêt général, d’ajouter ma pierre à l’édifice, d’aider mon prochain.
3/ Vous désirez témoigner dans la situation actuelle. Pour quelle raison? Est-ce facile? Pourquoi voulez vous demeurer anonyme?
Aujourd’hui, je veux apporter mon témoignage pour peut-être provoquer une prise de conscience de l’opinion publique. Ce qui se passe à mon sens est un dévoiement de la profession. Profession qui est financée par l’argent du contribuable et qui ne sert pas toujours les intérêts des français ou qui la sert mal. Profession qui souffre d’une hiérarchie qui n’écoute plus, sclérosée, assise dans ses certitudes. Cette hiérarchie tue ses propres hommes et femmes par son inertie, sa malveillance, sa violence morale. Bien sûr, il ne s’agit pas de stigmatiser, certains sont de bons chefs. Mais ceux qui font le mal le font en toute impunité, c’est intolérable.
Après avoir subie une situation de dénigrements, de calomnies et de harcèlement, j’ai beaucoup réfléchi au sens de mon engagement. J’ai dressé un bilan de toutes ces années et de ce que j’y avais vu. J’ai commencé à m’intéresser de près au nombre vertigineux de gendarmes qui mettaient fins à leur jour et j’ai étendu à la police. J’ai pris contact avec des associations (l’AFAR présidé par monsieur MORRA Paul, lieutenant de gendarmerie victime également, madame BARCOUDA Margareth dirige l’association Stop-Burn out qui se bat contre la maltraitance au travail…), des victimes comme moi (Madame Besbiss SEAADE qui a sorti un livre par exemple), monsieur CARTERON Frédéric (ancien magistrat qui aujourd’hui défend la cause des gendarmes après le suicide de son ami le major TESAN en septembre 2018. Monsieur TESAN a laissé une lettre ouverte dénonçant sa hiérarchie), monsieur GUILLAUMONT Ronald président de Profession-gendarme (retraité de la gendarmerie qui tient un décompte pour le moins funeste sur le nombre de suicidé).
J’ai lu et me suis renseigné. J’ai découvert que je n’étais pas seul. Quid de Myriam SAKHRI morte en 2011 où l’enquête et le comportement de la justice se sont révélées être pour le moins suspect. Quid de ce gendarme à Matignon qui se suicide en octobre ou novembre 2018. Suicide intervenant bizarrement après une lettre collective de la part de ces mêmes gendarmes de Matignon dénonçant de graves problèmes au travail en août 2018 et consultable sur internet. Quid de ce rapport émis par messieurs BOUTANT (PS) et GROSDIDIER (LR) en juillet 2018 dénonçant un profond malaise chez les forces de l’ordre. Et cela n’est que la partie visible si je puis dire. J’ai été ulcéré par tout ce que j’ai découvert. Et ce silence médiatique, de certains syndicats policiers, des deux associations professionnels nationales des militaires en gendarmerie, des politiques… Silence qui ne peut être autre chose que complice de ces dérives. Il faut que les forces de l’ordre acquièrent une sérénité dans leur quotidien, une cohérence dans leurs missions, une efficacité pour la population, une écoute réel (et pas un simulacre) de la base, de ceux qui sont sur le terrain.
C’est pour tout cela que je témoigne. C’est évidemment très dur car je sais que je m’expose, même sous le couvert de l’anonymat. Il m’arrive d’avoir peur. Je suis perdu et ne sais pas si je resterai dans la gendarmerie. Si je révèle mon identité, je ferai l’objet de sanctions, de nouvelles brimades. Voyez ce qu’ils ont fait à monsieur LANGLOIS Alexandre président du syndicat Vigi-police. Il dénonce des faits on ne peut plus grave. Ils ont cherché à lui nuire par tous les moyens. Leur arsenal est vaste et je ne veux pas que ma famille souffre de tout cela encore plus.
4/ On parle d’un malaise dans les forces de l’ordre. De quoi s’agit-il et est-ce que ça pourrait entrer dans ce qui motive les GJ? Il y a eu des vagues de suicides dans la police et la gendarmerie. Comment réagit-on, dans la troupe comme dans le commandement? On parle souvent de « déséquilibrés » et de « problèmes personnels ». Est-ce à votre avis en relation avec ce qui se passe dans le pays?
Il s’agit de pratiques qui nuisent aux métiers, à la sécurité du pays, des personnes et des biens. Ces pratiques sont dénoncées par des lanceurs d’alertes. Elles sont de plusieurs ordres, illogiques, immorales, illégales entre autre.
Cela peut bien sûr avoir un lien avec le mouvement des gilets jaunes. Ils réclament plus de justice dans plusieurs domaines, plus de démocratie avec leur « mot à dire » plus souvent, plus d’égalité dans la répartition de richesse ou dans le traitement des personnes dans la vie judiciaire, sociale, économique. Aujourd’hui, je suis bien obligé de constater qu’un dossier concernant un officier, un préfet, un élu mis en cause ne sera pas traité avec les même égards qu’un ouvrier, un employé. Les enquêtes seront bâclées voire pas faite du tout. Les officiers et commissaires sont aux ordres des politiques et cela pose donc un problème d’indépendance quand le moment vient d’enquêter sur un député par exemple. Ou aussi quand la police ou la gendarmerie enquête sur elle-même (IGGN ou IGPN). Elle ne saurait être juge et partie à la fois, il y a un conflit d’intérêt. Les gardes à vue illégales sur les GJ, les interdictions préventives de manifester, les GJ refoulées aux gares, tout cela est le fait de politiques qui répercutent directement sur les hiérarchies des forces de l’ordre. Tout cela est sans contrôle. Le système français est archaïque et dans l’armée, nous avons des décennies de retard. Toutes les incohérences du terrain sont connues. Si nous écoutions la base je le répète, nous aurions l’impression d’être valorisé (nous les militaires) et la sécurité s’en trouverait être de meilleur qualité.
Les suicides sont un sujet tabou dans les rangs. Les gens en parlent très peu mais il faut dire aussi qu’ils ignorent aussi le nombre pour beaucoup. Quant au commandement, ceux que j’ai pu croiser à de rares exceptions sont obsédés par leur avancement, leur carrière. Chacun doit marcher au pas au risque de subir les foudres de commandants tyranniques.
Des raisons personnelles, ça doit arriver parfois ou même un mélange des deux, « boulot » et « maison ». En psychologie, j’ai appris qu’un gendarme qui se tue avec son arme de service dans les locaux de travail, cela s’appelle une signature.
Dans mon témoignage, vous avez pu voir que j’ai soulevé un certain nombre de problème dans l’unité où je me trouve. Les réponses face à tout cela et au fait que je ne me sois pas laissé faire ont été par exemple de me refuser l’inscription à la formation OPJ, de faire échouer une permutation pour me rapprocher de ma femme, d’écrire un rapport mensonger sur moi (me fermant ainsi beaucoup de porte pour la suite de ma carrière), de faire écrire un collègue car il avait eu une conversation privée avec moi lors de mon arrêt maladie et de bien vouloir rapporter le contenu de notre échange, etc etc.
Les forces de l’ordre sont surmenées, manquent de moyens, de matériels. Ce sont les mêmes unités qui « ramassent ». Les casseurs sont connus depuis bien longtemps (bien avant les GJ). La justice fait de la réponse pénale à géométrie variable. On évite de s’attaquer aux vraies problèmes pour acheter la paix sociale. Leurs vies de familles sont sur la brèche, ils subissent une pression énorme. Les missions ne sont pas les missions premières d’un gendarme. Les raisons sont nombreuses.
5/ Parlons de la situation actuelle marquée par le mouvement des GJ. Est-ce qu’on en parle dans la gendarmerie? Comment vit-on le terrain? Tous sont-ils identiques (gendarmes, CRS, BAC, etc…)
Je suis en arrêt depuis le mois de septembre 2018 et je ne suis plus sur le terrain depuis que les GJ ont commencé leur mouvement. Je pense qu’on en parle oui, à la machine à café, en patrouille, au bureau, c’est sûr.
J’ai quand même beaucoup de collègues au téléphone. Les réactions sont très variées sur le sujet. Il y a beaucoup de rejet (« on les attend les GJ », « ils nous emmerdent ») car les esprits sont formatés. La prise de conscience sera très dure chez nous pour comprendre que les GJ sont le peuple et qu’ils se battent aussi pour nous. Il y en a qui s’en rende compte mais l’embrigadement, la peur prédomine. Je connais moins bien la police mais en gendarmerie ceux qui pratiquent le maintien de l’ordre sont les gendarmes mobiles. Ils sont composés à 80 % de jeunes gens entre 20 et 30 ans sortis d’école et avec l’esprit très malléable, c’est bien sûr fait exprès. En brigade territoriale, la conscience est plus élevée, mais restent la pression et la peur.
Je le répète, le système de peur est énorme car la hiérarchie a un poids gigantesque et elle est sans contrôle. Aujourd’hui, je suis en difficulté, et ils m’assèchent financièrement (perte de prime), m’obligent à aller voir le médecin « militaire », l’assistante sociale « militaire », je perds mon logement de fonction. Cela fonctionne en vase clos, c’est très bien réglé.
6/ Des bruits font état de demande faite à la gendarmerie de tirer sur la foule si nécessaire. Est-ce que ça vous semble plausible? En avez vous entendu parler? Si oui, pouvez vous donner des précisions?
S’il s’agit de tirer à balle réelles, je ne sais pas. Plausible ? Si nos dirigeants sentent que la situation leur échappe, je pense que c’est un scénario envisageable. Ils montent doucement mais surement dans la graduation de la réponse. Ils essayent de garder l’opinion publique avec eux en matraquant d’images de destructions ou dégradations de biens.
Je n’en ai pas entendu parler. Je pense forcément qu’individuellement, hormis un cas de légitime défense, chacun aurait une décision à prendre. Je pense que les forces de l’ordre rallieraient le peuple, mais ça n’engage que moi.
7/ Toute révolution a vu pour que ça marche la police, l’armée, la gendarmerie « tourner crosse en l’air comme on dit », se ranger contre les ordres parfois du côté du peuple. Croyez vous qu’il serait possible que les forces de l’ordre désobéissent aujourd’hui en france?
Dans nos rangs nous sommes divisés. Très divisés. Depuis notre entrée en école on fonctionne avec une bipolarité. On nous assène de fraternité, de cohésion, de camaraderie. Et en même temps, on nous incite à être meilleur que le collègue, avec la prime au mérite, la notation, les classements d’écoles, de formation. J’ai pu échanger avec monsieur CHOUARD Etienne lors d’une conférence. Il pense que si le nombre (le peuple) est dehors, les forces de l’ordre tomberont les casques. Je pense qu’il a raison mais la vraie question c’est comment obtenir ce nombre et de combien de personnes a t-on besoin ? Ou alors comme je le disais, l’ordre de tirer sur la foule pourrait être l’élément déclencheur. Mais aujourd’hui nous sommes encore loin de ce qui s’est passé en Algérie. Au fond de moi, j’espère que l’on s’unira aux GJ.
8/ Gendarme et GJ, c’est possible?
Publiquement, la réponse est non. Je suis GJ. Un gendarme n’a pas la possibilité d’exprimer ses opinions religieuses, partisanes, politiques ou d’associations publiquement. Dans mon cas si je le faisais, cela leur donnerait un motif de plus pour me mettre aux bancs des accusés (devoir de réserve que monsieur LANGLOIS remet en cause d’ailleurs, car il dit qu’il n’a pas de fondement légal contrairement au secret professionnel. Lui est policier et nous militaires, je ne sais pas si cela fait une différence) et engager d’autres mesures contre moi (disciplinaires par exemple). Dans le secret, il y en a quand même. Je participe à des assemblées constituantes depuis quelques semaines avec des GJ. Je leur ai dit qu’un changement du système, oui, mais un changement du système militaire/policier est très important pour l’après, si’l y en a un.
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Il faut, disait l’autre, pousser ce qui tombe. Ne semblent plus empêcher la fin du cirque que les forces de l’ordre – le fait est sans précédent. Qu’elles fassent défection, ce qui ne serait que bon sens, et c’en est fini de la Macronie. Pas de muscles, pas d’arrogance qui tienne…
C’est dans l’ordre des choses que les voyous, petits délinquants ou bandits d’honneur – s’il en existât jamais – détestent les flics. De bonne guerre que les habitués des manifestations ne portent pas spécialement les CRS dans leur cœur. Presque ordinaire, hélas, que les ”jeunes de quartiers“, comme on dit si mal, se sentent, sinon pis, hargneusement regardés. On sait aussi, et depuis longtemps, que notre police peut très mal agir. De quoi l’on a pu concevoir à titre individuel, communautaire ou simplement civique, une rancœur parfois fort justifiée. Cela d’ailleurs sans s’évaporer pour autant dans les désirs adolescents d’une société sans police, ni verser dans les luttes prétendument politiques sauce « All Cops Are Bastards ». Car le flic, faut-il le dire, a également constitué l’ennemi commode, unique et obsessionnel de certains mouvements, dépourvus par ailleurs de toute vision du monde. La lutte en soi contre “la” police, donc, bigrement œdipienne, est bien entendu stérile et nul ne songe hors quelques incurables niais à l’abolir en tant que telle.
Pourquoi diable alors, à la mi-décembre 2018, ne reste-t-il plus (provisoirement, peut-être…) à la déclarer « remarquable » ou « exemplaire » que Monsieur le procureur de la République de Paris, David Pujadas et quelques politiciens affolés ? Et à croire ces derniers les rares indigents qui n’ont pour s’informer que BFM TV – ou une poignée d’acnéiques que la matraque fascine ? Réponse : l’attitude subie, vue, filmée et portée à la connaissance de tous, de certains policiers à qui les autorités semblent avoir donné toute licence de se tenir comme des brutes. Avec cet effet inédit que rien n’est aujourd’hui plus partagé par le routier, l’étudiant, le retraité, le chômeur, que le sentiment d’une répression excessive.
La stratégie du samedi 8 décembre était rudimentaire. Intimider, casser les genoux, dissuader les plus frileux de grossir les cortèges. Prétendre, ensuite, que le mouvement s’essouffle. Croiser les doigts pour que la prophétie s’autoréalise et que chacun, s’étant tenu pour dit que tout était fini, reste chez soi. Brandir enfin les sanctions pénales, se gargariser des comparutions immédiates pour enfoncer le clou.
Piètre machinerie, ourdie par un pouvoir qui n’a désormais d’alliés qu’une certaine presse, quelques “experts” et les forces de l’ordre – à qui, c’est un signe, il en est à verser des primes trébuchantes. La presse quittera – quitte déjà – le navire à temps, c’est entendu. La cour prépare sa sortie à l’anglaise, et l’on peut dès à présent prendre les paris quant à ceux, aujourd’hui pieux macroniens, qui renieront Jupiter par trois fois avant le chant du coq.
Et la Police ? Et les gendarmes ? Les chaises sont faites pour s’asseoir, les boulangers pour faire du pain, les CRS et les gendarmes mobiles pour maintenir l’ordre. Seulement, voilà : l’ordre vacille. L’ordre soudoie, certes, ses gros bras mais, comme chacun sait au fond de chaque caserne, les méprise. Et exige d’eux des attitudes iniques auxquelles ne peuvent guère se prêter la tête haute que de francs butors. Gazer une vieille dame, pousser un homme aux cheveux gris, agenouiller des adolescents, passer un homme seul à tabac, extraire une jeune homme de son fauteuil roulant… Qui peut donc sans sadisme s’y adonner gaiement ? De surcroît pour défendre une grande andouille que les instances de l’argent ruisselant ont couronné à la hâte, sans finesse ?
Ce ne sera peut-être pas pour ce samedi. Ni même pour cette année. Mais peut-être si, qui sait ? Car la situation est inédite. Le peuple entier (commerçants, soignants, agriculteurs, transporteurs, ouvriers, étudiants, enseignants, petits entrepreneurs, chômeurs, etc.) est, c’est très rare, d’accord sur au moins une chose : il faut que le roi et ses marionnettistes dégringolent et s’en aillent. Ce qui ne saura, certes, jamais constituer une fin en soi – mais, au fond, peu importe.
La force est à ce jour le dernier argument des perruques poudrées. Au flic serions-nous donc tentés de dire : fais défection. Enlève ton casque, mets-toi en arrêt-maladie. Et, sans violence, s’effaceront les rictus cyniques, une page se tournera.
Michel Onfray a reçu RT France dans son domicile de Caen, sa ville de toujours.
Le philosophe a reçu RT France pour un entretien : contestation sociale en France, Etat islamique, politique intérieure et extérieure de l’Hexagone... Michel Onfray nous livre une analyse de l'actualité sombre, mais qu’il veut réaliste.
Il a mis fin à sa période de retraite médiatique. Attaqué de toutes parts pour ses prises de positions iconoclastes, Michel Onfray exècre toujours autant le politiquement correct. Cela tombe bien, il nous a ouvert ses portes pour un entretien détonnant. Une France au bord du chaos, un président qui ne pense qu’à se faire réélire, des politiques sans vision, l’avenir dépeint par le philosophe est peu enthousiasmant.
Durant cet entretien, il a longuement été question de l’islam, dont Michel Onfray a traité dans son dernier ouvrage, Penser l’islam. Une occasion d’aborder les positions explosives de celui qui pense qu’il faut «négocier avec Daesh».
Cela paraît réellement improbable pour certains, complètement démesuré pour d’autres, et pourtant, c’est bien là le constat que nombre de personnes font à l’heure actuelle comme c’est ici le cas avec Yvan Rioufol sur Le Figaro. La contestation monte à un niveau rarement vu, les lois aussi impopulaires soient-elles sont imposées de force, et toute contestation est maintenant réprimée. Ils nous parlent alors de l’avenir, de réformes nécessaires, il s’agit juste de plier aux exigences de Bruxelles notamment.
Mais le chaos est déjà d’actualité, la contestation prend toujours de l’ampleur, le niveau de popularité de nos dirigeants est plus que déplorable (et mérité), et ils viennent encore nous parler de notre sécurité à tous avec l’état d’urgence suite à des attentats dont ils sont en partie responsables car bien évidemment, il nous est expliqué que suivant la DGSI, l’EI va clairement s’attaquer à la France, encore, pour « se venger des frappes de la coalition« . Deux choses à répondre à cela, il ne fait plus de doute qu’ils instrumentalisent cet état d’urgence pour réduire la contestation et les manifestations toujours plus violentes dans les rues, mais également que l’argument est très facile, car si ces psychopathes tarés de DAECH devaient se venger contre ceux qui ont réellement décimé leurs rangs, pourquoi ne s’attaquent-ils pas à la Russie qui a multiplié les exploits dans le domaine? Cette nation ne semble pas trop menacée ni inquiétée, ou si peu, demandez-vous pourquoi…
Ce sont donc les militants d’extrême-gauche qui sont rendus coupables de toues les violences dans le pays à l’heure actuelle, et l’extrême-droite qui est accusée de toutes les dérives passées, présentes et à venir, ce sont également les policiers qui matraquent et gazent à tout va, jamais nos politiques qui usent et abusent du système plus que ne pourrait le faire le plus grand des fraudeurs au RSA, comme l’explique si bien Philippe Pascot dans sa dernière conférenceà voir absolument.
Ce n’est pas non plus les institutions bruxelloises qui sont visées, ni les grands centres financiers comme le FMI qui a poussé au suicide et à la misère la plus totale nombre de grecs, d’italiens, de portugais, d’irlandais, et j’en passe… Ce ne sont ni les Etats-Unis ni la Goldman Sachs qui sont cités alors que les deux imposent plus ou moins ouvertement certains choix politiques en France. On ne peut pas dire que ce sont les grands fraudeurs qui ont planqué leurs milliards dans des paradis fiscaux, ni même la dette du pays, non, encore une fois, ce sont les français qui sont considérés comme étant responsables et qui devraient accepter tout et n’importe quoi, dont la pire sodomie politique!
La situation devient explosive en France, mais nous ne savons pas nous réunir, nous ne savons pas nous retourner contre les véritables responsables, et cela ne serait malheureusement qu’un début, car c’est un colossal bras de fer qui est enclenché, et qui gagne en violence au fil du temps. Tout cela pour quoi? Au nom de d’une Europe qui n’a rien de démocratique, d’un « nouvel ordre mondial » qui donnera le pouvoir à un pays qui n’a rien d’amical comme l’expliquait François Mitterand dans ses dernières déclarations, au nom du pognon avant tout!
Le rêve serait que les policiers comme les manifestants cessent les hostilités pour se retourner contre ceux qui sont responsables de la situation en France, tous ceux qui prétendent aimer et travailler pour la France alors qu’ils ont parfois même un casier judiciaire plus chargé que celui de Mesrine. Le rêve serait que l’armée s’occupe de la sécurité réelle du pays et pas celle illusoire pour tenter de minimiser les contestations. Mais ceci a peu de chance de se concrétiser, ce n’est qu’un espoir au final… Comme le disait l’autre: " I had a dream…"
Qui vient à Nuit debout ? Des sociologues répondent
Une trentaine de sociologues ont parcouru la place de la République en interrogeant les participants à Nuit debout. Ils partagent, dans cette tribune, les premiers enseignements tirés de ces centaines d’entretiens.
Sur Nuit debout, on a tout entendu : “la moyenne d’âge est de 25 ans”, c’est “un entre-soi de bobos parisiens”, on n’y trouve “aucun vrai prolétaire”, mais “une bourgeoisie blanche urbaine”, “des SDF et des punks à chien qui boivent de la bière”, “un rassemblement d’étudiants déclassés, de militants de l’ultra-gauche et de semi-professionnels de l’agitprop”… Ces énoncés, souvent tranchants, mobilisent des catégories toutes faites, disent quoi penser, clament ce que le mouvement est, doit ou ne doit pas devenir, négligent les ordres de grandeur, hiérarchisent les endroits ou les moments de la place, le « vrai » et le « faux » Nuit debout. On plaide ici pour une autre approche : commencer par établir les faits, en enquêtant collectivement.
Depuis les premiers jours de Nuit debout, une trentaine de chercheurs en sciences sociales se sont relayés à Paris, place de la République. Nous y avons travaillé durant six soirées, entre le 8 avril et le 13 mai, de 17 h à 22 h 30. À ce jour, près de 600 personnes ont répondu à notre questionnaire, passé en face-à-face sur la place. Contrairement à nos craintes, les refus de participer à l’enquête ont été rares : les personnes rencontrées, même de culture anarchiste ou libertaire, ont plutôt perçu l’enquête comme un prolongement de leur propre questionnement, et l’occasion de contribuer à une description mieux fondée que celles des observateurs pressés qui saturent les médias.
L’analyse de ces données, produites parallèlement à une ethnographie, commence à peine. Mais les 328 premiers questionnaires exploités dissipent déjà bien des idées reçues sur les gens « debout » au cours des premières semaines du mouvement. Des jeunes ?
Des jeunes ? Non : les personnes présentes n’ont pas principalement la vingtaine. La palette des âges est en réalité très large et varie suivant les heures. Entre 18 h et 18 h 30, par exemple, la moitié de la population a plus de 33 ans. Et une personne sur cinq a plus de cinquante ans. Des hommes ?
Des hommes ? La population sur la place est bien aux deux tiers masculine. Cela peut s’expliquer en partie par le lieu – un espace public urbain – et les horaires tardifs, qui ne favorisent pas la présence des femmes, du fait de possibles engagements familiaux et de l’exposition au harcèlement de rue. Cette distribution inégale est l’objet de réflexions et d’actions au sein du mouvement, en commissions féministes comme en Assemblée générale.
La bibliothèque debout, fin avril.
Des Parisiens ?
Des Parisiens ? Le Figaro écrivait que les gens viennent « d’abord des quartiers centraux de Paris ». Or les quartiers les plus représentés sont plutôt ceux de l’Est parisien, comme le montre la carte des lieux de résidence, et 37 % des participants habitant en Ile-de-France viennent en fait de banlieue. Un participant sur dix n’habite pas même en région parisienne. Des diplômés ?
Un entre-soi de diplômés, sans catégories populaires ? En première approximation, oui : la majorité des participants est diplômée du supérieur long (61 %), alors que ce n’est le cas que du quart de la population française. Mais l’image se brouille à y regarder de plus près : non seulement le taux de chômage est de 20 % parmi les participants, soit le double de la moyenne nationale ; mais on compte 16 % d’ouvriers parmi les actifs - trois fois plus qu’à Paris, et autant que dans l’Ile-de-France prise dans son ensemble. Apolitiques ?
Une fête a-politique ? Plus d’un tiers des personnes a participé à une manifestation contre le projet de loi El Khomri. La proportion des enquêtés déclarant avoir déjà été membre d’un parti politique est même remarquable dans un contexte de désaffection militante : 17 %. Et 22 % ont déjà cotisé à un syndicat. Les engagements citoyens, associatifs ou caritatifs sont également très représentés : plus de la moitié en ont eu un ou plusieurs (aide aux réfugiés, aux sans-papiers, maraudes, associations de parents, de quartier, défense de l’environnement, soutien scolaire, festivals, cafés associatifs, etc.). Egocentriques ?
Une foule amoureuse d’elle-même ? L’émotion vive, le frisson dans le dos de « l’être ensemble », sont loin de primer : la palette des engagements et des ambiances est plus large. Prendre au sérieux le fait que ce mouvement est un rassemblement de place, c’est admettre que la présence, aussi discrète, distraite ou ponctuelle soit-elle, vaut participation : flâner le long des stands, diffuser auprès d’amis ou de collègues des mails, photos ou vidéos.
Certains viennent pour la première fois, parfois de loin, « pour regarder », se tenir au courant, ou pouvoir dire qu’ils y ont été ; d’autres viennent observer, explorer, voir s’ils peuvent être saisis par le mouvement, être utiles. Deux enquêtés sur trois ont apporté du matériel ou des denrées, donné de l’argent, pris la parole en Assemblée générale ou participé à une commission. La participation active et assidue aux commissions (prise de note, statut de “référent”) peut aussi devenir un engagement à temps plein. Près de 10 % des enquêtés sont même devenus des quasi permanents, qui se rendent à la République tous les jours. En leur sein, les mondes professionnels associés au numérique et les ouvriers sont sur-représentés. Sans lendemain ?
Un phénomène sans lendemain ? Il est étonnant que, pour être jugée utile, l’ouverture d’espaces de débats citoyens sur les affaires communes doive promettre de déboucher sur autre chose qu’elle-même. Comme si la politique ne valait qu’à l’horizon d’un but, l’accès au pouvoir et ses échéances électorales. C’est d’autant plus étonnant que le goût du politique et la participation à la gestion des affaires communes sont ce dont on déplore souvent le supposé reflux. S’agissant du devenir de Nuit debout, seules 20 % des personnes enquêtées les 28 avril et 11 mai ont déclaré souhaiter la transformation en parti politique. Beaucoup hésitent, tiraillés entre le désir “que cela prenne forme”, le refus des formes partisanes déjà connues, et le sentiment que l’exploration doit encore se poursuivre.
Une impossible lutte globale ? C’est là un autre préjugé : l’insistance sur « le commun » entraverait l’extension du mouvement et la construction de revendications. Pourtant, la pluralité des causes et des positions, la difficile réductibilité à l’unité ou l’homogénéité militante, avec les tensions qu’elles entraînent, sont aussi une caractéristique positive du mouvement. Notre matériau montre une formidable capacité à faire coexister des références politiques et culturelles diverses, allant du poète Aragon à Mère Teresa ou Coluche, en passant par les chanteurs Brassens, Renaud, Bob Marley, Barbara, Léo Ferré, les films Merci Patron ! et A la recherche de Vivian Maier, ceux de Ken Loach et de Jean-Luc Godard, le comédien Gérard Depardieu, les essayistes Naomi Klein et Stéphane Hessel, les économistes Adam Smith et Karl Marx, le pédagogue Célestin Freinet, la féministe Christiane Rochefort, les écrivains Guy Debord et Jack London, l’écologue Karl Möbius, l’homme politique Léon Trotsky, le mathématicien Grigori Perelman, les sociologues Pierre Bourdieu et Frédéric Lordon, le journaliste Aymeric Caron, et une multitude d’autres… Certaines de ces références sont déjà internationales, et la posture revendicative les traverse largement. De plus, si les horizons se situent presque toujours à gauche, malgré une déception générale à l’égard de l’actuel gouvernement, on rencontre jusqu’à des élus locaux de partis de droite.
Une sympathie en marche ! A Paris, les publics de Nuit debout sont donc bien plus variés qu’on ne l’a dit. Ils ont en partage des formes de participation citoyenne diversifiées – l’écoute des autres et l’imagination d’un avenir commun n’étant pas des moindres. Une limite à l’extension du mouvement réside probablement dans la perception qu’en ont ceux qui se suffisent de descriptions univoques. Voulant clore la question de ce qu’il est, ils s’interdisent la possibilité d’être surpris par le mouvement.
Au contraire, ceux qui s’engagent le plus sont ceux qui ont choisi de payer de leur personne pour infléchir la réponse à cette question. D’autres, quoique sympathisants, n’osent pas venir faire l’expérience, parfois parce qu’ils ne s’en sentent pas la capacité. Car, au-delà d’une disponibilité temporelle, beaucoup évoquée dans les médias, c’est aussi une capacité proprement physique, comme le raconte avec humour cette dame âgée croisée sur la place, qui regrette de ne pas pouvoir concrétiser son engagement à hauteur de sa sympathie pour le mouvement :
« Vous êtes là pour Nuit debout ? — Oh oui, j’aimerais bien, j’aimerais bien... Mais je suis trop vieille, moi, vous savez ! Je peux pas rester debout comme ça si longtemps ! »
Stéphane Baciocchi (EHESS), Alexandra Bidet (CNRS), Pierre Blavier (EHESS), Manuel Boutet (université de Nice), Lucie Champenois (ENS Cachan), Carole Gayet-Viaud (CNRS), Erwan Le Méner (EHESS) sont chercheurs en sciences sociales.
17 mai 2016
Deux syndicats de Police, de gauche (CGT Police) et de droite (Alliance), ont dénoncé la manipulation de certains groupes de casseurs par le gouvernement, et la stratégie de pourrissement et de montée des tensions orchestrée par le ministère de l’Intérieur et le préfet de police de Paris. Le syndicat de police Alliance a lancé un appel à tous les policiers à venir manifester « contre la haine anti flics » sur la place de la République, place de réunion quotidienne des acteurs de la Nuit debout (rebaptisée « place de la Commune » par leurs soins) , le mercredi 18 mai à midi. Pour certains manifestants, il ne s’agit que d’une provocation. Mais d’autres participants à Nuit Debout y voient une occasion de dialogue historique et inespérée avec les forces de l’ordre. Vers une convergence des luttes inattendue et pourquoi pas, réellement révolutionnaire ?
Au vu des violences générées des deux cotés de la matraque par les conditions de contestation et de répression de la « Loi Travail », rien ne semblerait plus impromptu à certains manifestants et à certains policiers, qu’une convergence des luttes entre ces deux forces sociales a priori antagonistes.
« Policiers Debout » : de l’amertume à la révolte ?
Pourtant, de plus en plus de citoyens, du coté des membres des forces de l’ordre comme du coté des manifestants, réfléchissent aux moyens d’unir leurs forces contre ceux qui les poussent, de manière de plus en plus frontale et gratuite, à l’altercation violente. Ainsi, les deux syndicats de police aux perspectives pourtant très divergentes CGT Police etAlliance (syndicat majoritaire dans la police), ont dénoncé la stratégie de pourrissement orchestrée par le ministère de l’Intérieur et le préfet de police de Paris. Les communiqués de CGT Police et d’Alliance stipulent que consigne leur a été donnée de laisser des groupes de casseurs se mélanger aux manifestants pacifiques pour faire monter la tension et augmenter le degré de violence lors des manifestations.
La concentration permanente des médias sur les violences discrédite à la fois policiers et manifestants pour faire le jeu du pouvoir : « ordo ab chao »
Cette confusion ordonnée ne peut faire le jeu que de ceux qui souhaitent discréditer à la fois les mouvements de contestation et l’action de la police. Une stratégie de la tension qui met en péril aussi bien la sécurité des policiers et des militaires, que des citoyens qu’ils ont la mission première de protéger. La concentration permanente des médias sur la violence spectaculaire plutôt que sur les questions de fond que posent les mouvements sociaux, participe de plein pied à cette confusion, ce discrédit et ce mépris volontaires : pas de stratégie de la tension et de la division sans les moyens de diversion et de manipulation médiatiques adaptés.
Face à cet adversaire commun, policiers et militaires sauront-ils converger avec les manifestants ? La question peut surprendre, mais l’initiative a déjà eu lieu le 9 décembre 2013 à Turin par exemple, lorsque des policiers ont enlevé leurs casques anti-émeutes pour soutenir l’initiative d’un mouvement social national contre l’austérité décidée par une oligarchie politique incompétente et déconnectée du réel :
En attendant, pour rallier gendarmes, sapeurs-pompiers, douaniers et citoyens à leur cause, des policiers de province ont repris le symbole des manifestations de la République en baptisant leur mouvement de contestation « Policiers Debout« . Évidemment, le symbole est ici repris avec ironie, mais certaines personnes au sein de Nuit Debout font le pari de le prendre au sérieux et proposent de profiter des manifestations du 18 mai pour établir un dialogue historique avec les policiers ouverts à cette perspective.
« La police avec Nuit Debout ? », l’appel révolutionnaire de la Gazette Debout aux policiers
Beaucoup de citoyens engagés dans l’initiative de Nuit Debout ne sont pas dupes de ces tentatives de déstabilisation, et ils le disent avec intelligence. beaucoup, de leur propre initiative, proposent le dialogue direct avec les policiers lors de la manifestation prévue pour le 18 mai. On peut encore lire sur questions.nuitdebout.fr en réponse à la question « Manif alliance 18 mai : tenter un dialogue sur la place avec la police ? » :
» Les flics sont aussi des prolos qui subissent le système, dialoguer comprendre, et pourquoi pas trouver un terrain d’entente, c’est mieux que de rester dans le confort de la certitude avec ses potes et mettre la poussière sur le tapis. »
La « Gazette Debout » a eu le discernement de publier des extraits du communiqué du syndicat CGT Police sous le titre suivant, révélateur des perspectives de certains de ses participants: « La police avec Nuit Debout ? Plus qu’un slogan, une possibilité« . Elle a également publié la tribune d’un certain Clém intitulée « Qui a intérêt à discréditer Nuit Debout et la police ? ». L’auteur y rapporte et commente ainsi le témoignage d’un ami policier:
Un ami policier me disait : « Il y a des gens violents des deux bords, dont le gouvernement se sert pour discréditer le mouvement. Aucun ordre clair n’est donné aux forces de l’ordre, et ça pousse au conflit. On nous fout autour de Répu et on nous dit : Empêchez-les de bouger… ». Par conviction, il s’est engagé pour défendre la République. Il a fini sa bière en me disant : « Ce que je fais en moment, c’est pas ça, la police. » Il ne faut pas se leurrer. Des personnes violentes dans la police, il y en a. Je veux croire qu’elles sont une minorité. Elles effraient, elles portent atteinte à l’image de ce qui devrait normalement être un «service public », composé d’êtres humains à qui on a ôté la possibilité d’être faillibles…
La Gazette Debout a également relayé le témoignage d’Alexandre Langlois, gardien de la paix au renseignement territorial, secrétaire général de CGT Police, paru dans l’Humanité sous ce titre édifiant : « Tout est mis en place pour que ça dégénère« . Extraits :
« Côté renseignement, on constate depuis une dizaine d’années une double évolution, avec des manifestants beaucoup plus pacifiques qu’avant, mais des casseurs toujours plus violents, organisés de manière quasi paramilitaire. Certains de ces groupes sont identifiés avant qu’ils intègrent les manifestations. Mais aucune consigne n’est donnée pour les interpeller en amont. Prenons l’exemple du 9 avril. En fin de journée, nous savons qu’un groupe de casseurs dangereux vient d’arriver gare du Nord pour aller perturber Nuit Debout, à République. Une compagnie de CRS se trouve sur leur passage, prête à intervenir. (…) Mais ordre leur est confirmé de les laisser gagner place de la République, avec les conséquences que l’on connaît ! Par contre, quand il s’est agi d’aller protéger le domicile privé de Manuel Valls, ce soir-là, cette fois les ordres ont été clairs… C’est important de rappeler que, dans les manifestations, tous les collègues sur le terrain n’interviennent que sur ordre. Si certaines, comme le 1er Mai, se terminent en « souricière » place de la Nation, c’est que l’ordre en a été donné. Le message qui est passé, c’est « casseurs venez, vous pourrez agir en toute impunité, et manifestants ne venez plus avec vos enfants, car c’est dangereux pour vous ». Et à la fin de la journée, les médias ne parlent que des violences, et surtout plus des raisons pour lesquelles les citoyens manifestent. Le pouvoir politique instrumentalise la police, qui sert de bouc émissaire. Cela permet au gouvernement de faire diversion. »
Alexandre Langlois témoigne de l’exaspération des forces de l’ordre, auxquelles sont données des consignes insensées:
» Nous sommes épuisés. Les collègues souffrent d’une perte de sens de leur métier. Aujourd’hui, on leur demande du rendement statistique et d’exécuter des ordres qu’ils jugent incompréhensibles ou injustes. La police est déshumanisée. On compte un suicide en moyenne par semaine dans notre profession. »
Suicides par centaines, journées de travail de 24 heures … des conditions de travail catastrophiques
Patricia Cordier, mère d’un gardien de la paix s’étant donné la mort en 2008, a remis une pétition à Bernard Cazeneuve pour qu’une action d’envergure soit menée afin de prévenir les suicides dans la police. Elle a recueilli plus de 50 000 signatures
Si Manuel Valls, lorsqu’il était ministre de l’intérieur, avait critiqué la « politique du chiffre » mise en place par Nicolas Sarkozy, elle n’a pour autant jamais été abandonnée. Refusant de mettre en cause la responsabilité de certains hauts gradés de la hiérarchie policière pour ne pas faire de vagues, Bernard Cazeneuve quant à lui, ne semble pas avoir pris la pleine mesure du ras-le-bol général et de la tension quotidienne qu’endurent les agents de terrain. Les techniques du « management » appliquées aux services publics sont une catastrophe en général, mais les conséquences du burnout,dans le cas d’un militaire ou d’un policier, peuvent s’avérer irréparables.
En janvier 2015, Bernard Cazeneuve n’avait pas jugé «insensé d’envisager une éventuelle refonte des cycles de travail dans la police nationale, pour améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie privée des policiers». Mais ces belles paroles n’ont guère été suivies d’effet, et les pressions combinées de la mise en place de l’état d’urgence et de la répression des mouvements sociaux d’envergure sont vites venues à bout de ces nobles intentions et de ces beaux discours. Courant 2015, l’alourdissement du plan Vigipirate engage l’affectation massive des Gardiens de la paix dans les Compagnies de CRS. Leur statut militaire ne leur permettant pas de manifester, beaucoup de gendarmes protestent en se mettant en arrêt maladie.
La « politique du chiffre » et le non sens des décrets successifs de l’état d’urgence ont mis les nerfs des représentants de l’ordre et de la justice à rude épreuve
Les quelques 2900 perquisitions enchaînées en un mois et demi après les attentats de Novembre ont mis les policiers à bout de nerfs. Le surplus des dossiers, l’encadrement des perquisitions, ont généré la suppression d’un nombre considérable de congés, pourtant nécessaires au maintien de la santé psychique et physique des militaires et policiers. L’hystérie administrative de l’état d’urgence a également largement entravé le fonctionnement quotidien de notre justice, (en théorie) garante du bon fonctionnement de notre démocratie. La Commission Nationale des Procureurs de la République (CNPR), ont manifesté leur inquiétude à ce propos. L’état d’urgence serait selon eux un prétexte utilisé pour palier au manque de moyens octroyés par l’État aux institutions de la Justice. Notons à ce propos que dans le cadre de l’état d’urgence, des préfets de province se sont pour leur part rendus coupables de perquisitions illégales.
La pression imposée par la sécurisation de la COP21 a également été un facteur d’épuisement. Sommées de protéger l’oligarchie mondiale du ressentiment des peuples, les forces de l’ordre françaises ont dû sacrifier le repos et la formation continue nécessaires au bon déroulement de leurs missions de service public auprès du peuple de France. Certains agents travaillent donc jusqu’à dix jours d’affilée, avec des journées de travail pouvant atteindre 24 heures. Dans de telles conditions, difficile pour le gouvernement de s’étonner de l’augmentation potentielle du nombre et de la gravité des bavures. Dès avril 2015, trois compagnies entières de CRS (soit 240 personnes) ont été mises en arrêt maladie pour « épuisement ». Les journées de travail de 24 heures sont toujours monnaie courante, et sans jamais excuser les violences scandaleuses commises contre les manifestants, la banalisation de telles pratiques les expliquent.
Le Docteur Fatima Idbrik, spécialisé dans l’assistance et le soin psychologique aux forces de l’ordre (clinique spécialisée du Courbat en Indre et Loire), évoque des consommations nombreuses et excessives d’alcool, de médicaments et de drogue directement liées au burnout provoqué par la pression quotidienne liée aux aberrations imposées par la mise en place de l’état d’urgence.
«Depuis début décembre, les demandes de dossier ont doublé, précise la médecin-chef de l’établissement, le Dr Fatima Idbrik. Les patients nous contactent désormais par groupe de dix, ce n’était jamais arrivé auparavant», précise-t-elle.
Suppressions de postes et démantèlement des corps constitués
Les ministres et présidents qui se succèdent ont beau galvaniser l’autorité et fanfaronner en gavant les médias de verbiage en se disant « obsédés par la sécurité des Français« , rien n’y fait… Ceux qui sont chargés de faire appliquer cette autorité sur le terrain ne sont pas dupes et subissent de plein fouet les restrictions budgétaires touchant toutes les administrations publiques au nom des « plans d’austérité » imposés par Bruxelles à notre pays. En France, les forces armées connaissent depuis dix ans des restrictions financières sans précédent dans le cours de leur histoire. Entre 2009 et 2014, les administrations Sarkozy et Hollande ont supprimé 54 000 postes dans l’armée et ont validé le projet d’en supprimer 34 000 supplémentaires d’ici à 2019. Les présidentiables font des pieds et des mains pour obtenir le soutien électoral des forces de l’ordre. Pourtant, depuis les suppressions d’effectifs annoncées depuis 2011, même les gendarmes et les CRS, ne disposant pourtant pas du droit de grève, poussés à bout, se mobilisent et tentent de faire entendre leur voix.
Vers une privatisation rampante de la sécurité publique
Alain Bauer, ancien « grand maître » du Grand Orient De France et président du CNAPS, est l’un des principaux artisans de la privatisation de la sécurité publique en France
Dans le cadre de la contestation générale de la « Loi Travail », il s’en faut de peu pour que tous les secteurs du public ne se mobilisent contre cette « restructuration » globale prenant la crise pour prétexte afin de privatiser tous les services (santé, administration, enseignement, défense) à grands coups de « réformes budgétaires ». La structure historique des institutions publiques chargées de garantir l’ordre et de faire respecter la loi est aujourd’hui menacée par la concurrence de la sécurité privée encouragée par les représentants de l’État, sous le patronage de Manuel Valls, qui encourage la police à « forger des relations opérationnelles avec les agents de sécurité privée« , sur les bons conseils de son ami de toujoursAlain Bauer, ex grand maître du Grand Orient de France, « criminologue » autoproclamé nommé par décret présidentiel, lui-même reconverti dans la sécurité privée, apôtre national de lavidéosurveillance généralisée aux frais de l’État. Précisons qu’A. Bauer a été réélu en 2015 président du Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS), récemment entaché par une affaire de corruption ayant conduit à lagarde à vue de son directeur, le préfetAlain Gardère. Précisons que le syndicat Alliance, très proche de Sarkozy, et dont l’ancien secrétaire général Jean-Luc Garnier est devenu président de la « Fédération professionnelle des métiers de la Sécurité » au sein de l’UMP à la fin de son second mandat, s’est étrangement prononcé en faveur de la collaboration accrue entre la police et la sécurité privée. Cette collaboration ne vise-telle pas, à long terme, une privatisation progressive de la sécurité publique en France ? Des réductions massives d’effectifs de Sarkozy aux décrets invraisemblables de l’état d’urgence sous Hollande, Valls et Cazeneuve, tout semble fait pour favoriser l’épuisement des forces de l’ordre et présenter le recours gouvernemental à la sécurité privée comme une solution miracle. Un décret datant du 1° Août 2014 (décret 2014-888) a d’ores et déjà modifié les conditions de détention et d’usage des armes à feu pour les agents de la sécurité privée.
Germes d’une dissidence citoyenne dans la police et dans l’armée
Le cas du préfet et directeur du CNAPS Alain Gardère n’est pas isolé. Les agents de terrain ne subissent plus les humiliations d’une hiérarchie parfois décadente (le général Germanos condamné pour pédophilie, le patron de la DDSPdu Nord Jean-Claude Menault et son adjoint le commissaire Jean-Christophe Lagarde, « entendus » par leurs confrères sur leur responsabilité dans le réseau de proxénétisme du Carlton de Lille, on encore l’ancien policier et ancien dignitaire du Grand Orient de France Eric Vanlerberghe, également impliqué dans les réseaux des affaires DSK…) sans broncher. Jusque dans les plus hautes sphères de la police et de l’armée, des hommes et des femmes se questionnent sur la nature des intérêts qui poussent nos dirigeants politiques à exploiter les ressources policières et militaires dans des entreprises qui n’ont que peu de relations avec les intérêts du peuple et ceux de la nation.
Les représentants de la « violence physique légitime » selon l’expression du sociologue allemand Max Weber, passeront-ils dans le camp du peuple qu’ils ont le devoir de protéger ?
En refusant d’interroger la responsabilité des hauts gradés, Cazeneuve perpétue une vieille tradition : un plafond de verre judiciaire protège bien souvent la hiérarchie de la mise en cause de ses agents. Le gendarme Christian Bonnery l’avait révélé lors de l’affaire de Rivesaltes, dès 1998. Dans le milieu des armées comme dans celui de la police, des hommes et des femmes remettent en question la légitimité de certaines décisions, non sans conflit avec les plus hautes autorités de l’État. Le politologue et lieutenant-colonel de gendarmerieJean-Hugues Matelly, radié de l’armée par un décret de N. Sarkozy (25 mars 2010), a gagné un procès contre la France devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Comme il aime à le rappeler, « un soldat est avant tout un citoyen« . C’est également la position défendue par Bernard Cordoba, gendarme sommé par sa hiérarchie de démissionner (17 avril 2012) de son poste de vice-président de l’association Gendarmes et Citoyens qui milite pour laliberté d’expression des agents de cette institution. Le major Cordoba avait été l’un des meneurs de la manifestation (pourtant interdite dans le corps militaire) menée par les gendarmes en 2001.
Du plan Vigipirate aux opérations extérieures, quelle considération pour la sécurité des soldats ?
Les décisions a posteriori, prises pour compenser médiatiquement celles qui n’ont pas été prises au bon moment, reviennent cher à l’État français. La mise en place du niveau écarlate du plan Vigipirate initiée après le 7 janvier, poussant les militaires à faire de la figuration sur le territoire national au péril de leur propre sécurité (comme l’a montrél’agression de Nice), coûte 1 million d’euros par jour au contribuable français. Tout ceci au dépens de l’énergie et de la santé des soldats, dont un grand nombre d’exercices importants et de permissions nécessaires à leur équilibre physiologique et psychologique ont dû être brutalement remis en question pour assurer le plus grand déploiement militaire sur le territoire national de toute l’histoire de l’armée française. De l’aveu même du ministère de la défense, ce dispositif n’était pas tenable plus d’un mois. On creuse les budgets dans les bureaux du ministère pour assurer un repas chaud (hors ration de combat) par jour aux soldats, au sein même du territoire national… Lors de l’intervention au Mali, les soldats ont été sommés de déguster leur ration de combat matin, midi et soir durant huit mois. Les guerres « low coast » des administrations Sarkozy et Hollande laissent un goût amer dans la bouche des soldats.
Au moment où on leur demande d’assurer la sécurité des citoyens sur le territoire national en sécurisant des lieux qui ne sont pas de leur prérogative, les opérations extérieures ont mobilisé près de 9000 engagés, tandis que 1000 à 1500 militaires ont été déployés pour renforcer la sécurité de leurs propres sites de fonctionnement sur le territoire, elle aussi menacée. En sus de quoi, les soldats sont priés d’encaisser le coût moral et humain des Lois de Programmation Militaire (LPM) qui se suivent et se ressemblent.
Opérations extérieures et diktats de l’Intérieur : Contestations militaires contre un ordre politique déconnecté du réel
Le général Vincent Desportes a récemment remis Alain Jupé à sa place en lui indiquant qu’un militaire n’avait pas à « la fermer »
Méprisants, vos propos montrent une profonde méconnaissance de la réalité stratégique », écrit l’officier. « Non, les militaires n’ont pas à la fermer comme un ministre. La première loyauté d’un ministre au service d’une politique fluctuante, souvent politicienne, est envers son président (…)La première loyauté d’un militaire au service permanent de la nation, de ses intérêts et de ses valeurs, est envers la France (…) Structuré par l’éthique de conviction, il doit prendre la parole pour lui rester fidèle, plutôt que la renier (…) Votre réponse à l’emporte-pièce contredit le discernement attendu de celui qui vise la plus haute magistrature. »
Devant le tollé suscité et certainement par bas calcul électoral, Juppé n’eût d’autre choix que de se rétracter, formulant des « regrets » sans pour autant formuler d’excuses. Suite à cette polémique, l’association professionnelle nationale de militaires GEND XXI a demandé au président de la République la création d’une commission « afin de permettre à l’ensemble des militaires d’avoir un véritable rôle de citoyen dans le respect du statut et des devoirs des militaires ».
Vers l’union avec le peuple en révolte
Chose extrêmement rare pour être soulignée : face à la réduction des budgets et au mépris manifeste de l’État, les forces de la police et de la justice se sont mobilisées dans un même élan dès 2012 contre cette privatisation antidémocratique de notre système judiciaire. Le 13 Novembre 2014, déjà, près de 9000 policiers se sont déplacés pour une grande manifestation dans la capitale. À la suite de quoi, le gouvernement a vaguement promis d’améliorer leurs conditions de travail. Parce que le pouvoir crève de trouille à l’idée que les forces de l’ordre ne se joignent à tous les mouvements sociaux engendrés par la privatisation rampante de tous nos services publics et par le démantèlement organisé de notre État social et des piliers de notre démocratie. Le « mouvement » médiatique et éphémère du 11 janvier a certes galvanisé la police. Reste à savoir si les pouvoirs politiques en place ne sont pas responsables de la suppression des effectifs qui auraient peut-être permis d’éviter ce massacre. Pour calmer le jeu auprès des policiers, après les évènements du 13 janvier, Bernard Cazeneuve a facilité leur port d’arme en dehors de leur service, dans la stricte limite de la durée de l’état d’urgence.
Le 16 Novembre 2013 à Turin, l’étudiante Nina de Chiffre avait tenté cette approche insolite et symbolique avec le jeune policier Salvatore Piccione. L’image avait fait le tour de la toile.
Nous disposons encore d’une police et d’une armée (relativement) protégées de l’appétit des milices privées et de l’ingérence des milices transnationales de l’Union Européenne telles que l’EUROGENDFOR. Plutôt que de regarder les membres de nos forces armées institutionnelles comme d’éternels ennemis, représentants d’une entité diabolique, montrons leur que nous ne sommes pas du côté du chaos, mais que nous luttons pour la souveraineté populaire et démocratique de l’ordre qu’ils ont pour mission de protéger et de faire respecter à NOTRE service.
Souhaitons que que les policiers français aient un jour ce courage, et que toutes les forces insurrectionnelles douées de bonne volonté aient l’intelligence de faire converger leurs luttes en réalisant que la souveraineté écologique, économique et politique du peuple français ne pourra aboutir que dans le sentiment fraternel d’appartenance à la communauté nationale, dans la perspective inter-nationale de la reconquête de la souveraineté des peuples. Une perspective qui exige de savoir précisément pourquoi nous nous battons et quel genre de reconstitution nous souhaitons établir pour l’avenir de notre démocratie.