vendredi 11 novembre 2022

Les nombreuses « guerres » imbriquées – Un guide sommaire à travers le brouillard

source : https://lesakerfrancophone.fr/les-nombreuses-guerres-imbriquees-un-guide-sommaire-a-travers-le-brouillard

Nous avons maintenant un ensemble embarrassant de « guerres » dont, paradoxalement, l’Ukraine est peut-être celle de moindre importance stratégique.


Par Alastair Crooke – Le 24 octobre 2022 – Source Strategic Culture

Nous avons maintenant un ensemble embarrassant de « guerres » dont, paradoxalement, l’Ukraine est peut-être celle de moindre importance stratégique – bien qu’elle conserve un contenu symbolique significatif. Un « drapeau » autour duquel les histoires sont racontées et le soutien rallié.

Oui, il n’y a pas moins de cinq « guerres » en cours, qui se chevauchent et sont liées entre elles – et elles doivent être clairement différenciées pour être bien comprises.

Ces dernières semaines ont été marquées par plusieurs changements d’époque : le sommet de Samarkand, la décision de l’OPEP+ de réduire la production pétrolière des pays membres de deux millions de barils par jour à partir du mois prochain, et la déclaration explicite du président Erdogan selon laquelle « la Russie et la Turquie sont ensemble et travaillent ensemble » .

Les alliés de base des États-Unis, l’Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Égypte et des groupements tels que l’OPEP+ font un grand pas vers l’autonomie et vers la coalescence de nations non occidentales en un bloc cohérent, qui agit selon ses propres intérêts et fait de la politique « à sa façon » .

Cela nous rapproche du monde multipolaire que la Russie et la Chine préparent depuis plusieurs années – un processus qui signifie « la guerre » du découplage géostratégique de l’« ordre » mondial occidental.

Cette guerre est menée, d’une part, en présentant la Russie et la Chine comme trop méfiantes l’une envers l’autre pour être des partenaires. D’autre part, on présente la Russie comme étant si faible, si dysfonctionnelle et erratique (prête à utiliser des armes nucléaires tactiques), que le binaire « avec nous » ou « contre nous » oblige les États à se ranger du côté de l’Occident. Dans ce cas, l’Ukraine est présentée comme le brillant « Camelot » autour duquel se rassembler, pour combattre les « ténèbres » .

Cela nous mène directement à la « guerre » financière mondiale qui dure depuis longtemps, une guerre à deux niveaux.

Au premier niveau, la Fed américaine joue un « jeu mondial » . Elle augmente les taux d’intérêt pour de nombreuses raisons. Mais ici, il s’agit de protéger le « privilège du dollar » , qui consiste à pouvoir échanger l’argent qu’elle imprime à partir de rien contre de la main-d’œuvre et des marchandises réelles dans le monde entier. Ce privilège de « monnaie de réserve » est à la base du niveau de vie élevé des États-Unis (bien plus élevé qu’il ne le serait autrement). C’est un avantage énorme, et la Fed va protéger cet avantage.

Pour ce faire, le plus grand nombre possible d’États doivent être dans la « filière » du dollar et faire des échanges en dollars. Et placer leur épargne dans les bons du Trésor américain. La Fed fait maintenant tout ce qu’elle peut pour faire s’effondrer la part de marché de l’euro et ainsi faire passer les euros et les euro-dollars dans le circuit du dollar. Les États-Unis menaceront l’Arabie saoudite, les États du Golfe et la Turquie pour les empêcher de quitter ce circuit.

Il s’agit là de la « guerre » contre la Russie et la Chine, qui détournent une grande partie de la planète du système du dollar pour la faire entrer dans une sphère non dollarisée. Le non-respect de l’appartenance au système du dollar est sanctionné par divers outils, depuis les sanctions, le gel des avoirs et les droits de douane jusqu’au changement de régime.

Si la Fed ne protège pas le « privilège du dollar » , elle court le risque de voir tout le monde sortir du circuit. Le bloc Eurasie s’efforce de sortir du circuit du dollar, de créer une résilience économique et de commercer en dehors du circuit. Ce que la Fed essaie de faire, c’est d’arrêter cela.

La deuxième dimension de la guerre financière américaine est la longue lutte menée par les États-Unis (Yellen et Blinken, plutôt que la Fed) pour conserver le contrôle des marchés de l’énergie, et la capacité des États-Unis à fixer le prix des carburants. Les BRICS (avec la volonté des Saoudiens de les rejoindre) ont l’intention de développer un « panier » de devises et de matières premières destiné à servir de mécanisme commercial alternatif au dollar pour le commerce international.

Le groupe eurasien ne prévoit pas seulement de commercer en monnaies nationales, et non en dollars, mais il veut lier cette monnaie d’échange à des produits de base (pétrole, gaz, nourriture, matières premières) qui ont une valeur intrinsèque – qui deviennent ainsi des « monnaies » à part entière. Plus que cela, le groupe cherche à éloigner le contrôle des marchés de l’énergie des États-Unis, et à le relocaliser en Eurasie. Washington a toutefois l’intention de reprendre le contrôle (par le biais du contrôle des prix).

Et c’est là que réside un problème fondamental pour Washington : le secteur des matières premières – avec sa valeur tangible inhérente – devient, en soi, une « monnaie » très recherchée. Une monnaie qui, à cause d’une inflation galopante, surpasse la monnaie fiduciaire dévaluée. Comme le souligne Karin Kneissl, ancienne ministre autrichienne des affaires étrangères, « en 2022 seulement, la banque centrale étasunienne a imprimé plus de papier-monnaie que dans toute son histoire. L’énergie, en revanche, ne peut être imprimée » .

Cette « guerre de l’énergie » prend la forme d’une perturbation ou d’une destruction du transport – et du flux – des produits des producteurs d’énergie eurasiens vers les clients. L’UE vient de goûter à cette « guerre » particulière avec la destruction des pipelines Nordstream.

Nous en arrivons maintenant aux grandes « guerres » : tout d’abord, la guerre pour forcer la Fed à pivoter – à pivoter vers les taux d’intérêt zéro et l’assouplissement quantitatif.

La révolution sociale aux États-Unis, qui a vu une élite métropolitaine radicalisée considérer la diversité, le climat et la justice raciale comme des idéaux utopiques, a trouvé sa « cible » facile dans une UE déjà à la recherche d’un « système de valeurs » pour combler son propre « déficit démocratique » .

La bourgeoisie européenne a donc sauté avec alacrité dans le « train » libéral américain. S’appuyant sur les politiques identitaires de ces derniers, ainsi que sur le « messianisme » du Club de Rome en matière de désindustrialisation, la fusion semblait offrir un ensemble impérial idéal de « valeurs » pour combler les lacunes de l’UE.

Seulement … seulement, les Républicains pro-guerre américains, ainsi que les néo-conservateurs Démocrates pro-guerre, avaient déjà grimpé dans « ce train » . Les forces culturelles-idéologiques mobilisées convenaient parfaitement à leur projet interventionniste : « Notre premier objectif est d’empêcher la réémergence d’un nouveau rival » (doctrine Wolfowitz) – la Russie d’abord, la Chine ensuite.

En quoi cela a-t-il à voir avec la guerre contre la Fed ? Cela a beaucoup à voir. Ces courants s’engagent à imprimer et à dépenser GROS, sinon ils verront leurs projets s’effondrer. Le Reset nécessite l’impression. Le Green nécessite l’impression. Le soutien au « Camelot » ukrainien nécessite l’impression. Le complexe militaro-industriel en a également besoin.

Les libéraux américains woke et les écolos européens woke ont besoin que le robinet de l’argent soit complètement ouvert. Ils ont besoin d’imprimer de l’argent à outrance. Ils doivent donc faire chanter la Fed pour qu’elle n’augmente pas les taux, mais qu’elle revienne à l’ère du taux zéro, afin que l’argent reste à coût zéro et circule librement (et au diable l’inflation).

La CNUCED, qui supplie toutes les banques centrales d’arrêter de relever les taux pour éviter une récession, est l’un des fronts de cette guerre ; la poursuite de la guerre en Ukraine, avec l’énorme déficit financier qui en découle, est un autre moyen de forcer la Fed à « pivoter » . Et forcer la Banque d’Angleterre à « pivoter » vers le QE en est encore un autre.

Pourtant, jusqu’à présent, Jerome Powell résiste.

Il y a aussi l’autre « guerre » (en grande partie invisible) qui reflète la conviction de certains courants conservateurs américains que l’après-2008 a été un désastre, mettant le système économique américain en danger.

Oui, ceux qui soutiennent Powell sont certainement préoccupés par l’inflation (et comprennent aussi que les hausses de taux d’intérêt ont été faite en retard par rapport à l’inflation galopante), mais ils sont encore plus préoccupés par le « risque sociétal » , c’est-à-dire le glissement vers la guerre civile en Amérique.

La Fed pourrait continuer à relever les taux pendant un certain temps – même au prix d’un certain effondrement des marchés, des fonds spéculatifs et des petites entreprises. Powell a le soutien de certaines grandes banques new-yorkaises qui voient avec beaucoup de clarté ce qui les attend avec le modèle libéral et woke : la fin de leur activité bancaire lorsque les renflouements deviendront numériques et seront versés directement sur les comptes bancaires des demandeurs (comme l’a proposé le gouverneur Lael Brainard).

Powell ne dit pas grand-chose (il est probable qu’il se tienne à l’écart de la politique américaine partisane durant cette période délicate).

Cependant, la Fed pourrait tenter de mettre en œuvre une démolition contrôlée de la bulle économique américaine, dans le but précis de ramener l’Amérique sur des rails financiers plus traditionnels. Pour briser la « culture des actifs à effet de levier » … Vous commencez à résoudre l’énorme fossé d’inégalité sociétale que la Fed a contribué à créer, par le biais de l’assouplissement quantitatif facilitant les bulles d’actifs géantes … Vous commencez à rajeunir l’économie américaine en mettant fin aux distorsions. Vous dissipez l’envie de guerre civile parce que le problème n’est plus seulement entre les « nantis » et les « démunis » .

Cette vision est peut-être un peu utopique, mais elle permet de briser la « bulle du tout » , de briser la culture de l’effet de levier et de mettre fin à la confrontation extrême entre les bénéficiaires de la bulle et la baisse des salaires réels aux États-Unis pendant 18 mois consécutifs.

Mais … mais cela n’est possible que si rien de systémique ne se brise.

Quelles sont les implications géostratégiques ? De toute évidence, beaucoup de choses dépendent du résultat de l’élection américaine de mi-mandat. Il semble d’ores et déjà (en fonction des résultats précis des candidats du GOP) que le financement de la guerre en Ukraine sera réduit. L’ampleur de cette réduction dépendra de la marge de succès obtenue par les « populistes » du GOP.

Il n’est pas plausible que l’UE, confrontée à sa propre crise dévastatrice, continue à financer Kiev comme avant.

Mais l’importance de la lutte pour replacer les États-Unis dans le paradigme économique des années 1980 suggère que l’Occident va frôler une rupture systémique au cours des prochaines semaines.

Les euro-élites sont trop lourdement investies dans leur voie actuelle pour changer de narratif dans un avenir proche. Ils continueront donc à blâmer et à dénigrer la Russie – ils n’ont guère le choix s’ils veulent éviter la colère populaire. Et il y a trop peu de signes indiquant qu’ils ont mentalement assimilé le désastre que leurs erreurs ont provoqué.

Et en ce qui concerne Bruxelles, le mécanisme de rotation des dirigeants de l’UE est largement absent. L’Union n’a jamais été équipée d’une marche arrière – un besoin que l’on pensait inimaginable à l’époque.

La question reste donc : « quelle sera la situation en Europe en janvier-février ? ».

Alastair Crooke

Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

jeudi 10 novembre 2022 Abandon de Kherson : qui de Koutouzov ou de Pétain prendra la direction militaire en Russie ?

 Source : https://russiepolitics.blogspot.com/2022/11/abandon-de-kherson-qui-de-koutouzov-ou.html#more


Hier, le commandant de l'Opération militaire Sourovikine et le ministre russe de la Défense Choïgu ont annoncé le retrait de la Russie de Kherson, à peine un mois et demi après le référendum, lors duquel la population se prononçait en faveur de l'entrée dans la Fédération de Russie. En plus du revers militaire faisant perdre à la Russie le seul centre régional qu'elle ait pu prendre, se pose la question de la déroute politique. Non pas revers ici, mais déroute. Beaucoup veulent médiatiquement protéger le haut commandement russe sous les ailes de Koutouzov et ainsi légitimer par l'attente la décision prise. Mais Koutouzov a ensuite attaqué et libéré le territoire national contre Napoléon. L'autre alternative est Pétain, qui sous couvert de "redresser la France" n'a jamais attaqué et l'a finalement trahie. Alors, Koutouzov ou Pétain, qui vaincra dans le combat national ?

Dans une mise en scène assez pénible, Sourovikine et Choïgu se sont donnés le change hier après-midi, comme Dupont et Dupont, pour annoncer l'abandon de la ville de Kherson. Mise en scène, car il aurait été plus honnête d'organiser une déclaration de Poutine en ce sens, cette décision ne pouvant être prise sans, au minimum, son aval. Ce qui explique l'absence totale de réaction à tous les niveaux, sans oublier Kadyrov ou Prigojine : tout le clan patriotique chante en choeur. La décision est donc bien centrale.

Comme l'écrit Colonnel Cassad, très impliqué dans ce conflit :

"Du point de vue militaire, c'est la plus grande défaite purement militaire de la Fédération de Russie depuis 1991."

Sourovikine l'explique ainsi, de manière assez comptable : 

""Nous avons réussi à repousser ces attaques (de Kherson - éd.). Environ 80 à 90% des missiles ont été abattus par les systèmes de défense aérienne russes. Dans le même temps, jusqu'à 20% d'entre eux atteignent encore leurs cibles. Les unités d'ingénierie restaurent les traversées du Dniepr presque quotidiennement et prennent les mesures pour les maintenir en état de marche », a déclaré Surovikine. Selon lui, dans ces conditions, la ville de Kherson et les localités environnantes ne peuvent pas être entièrement approvisionnées ni fonctionner.

"La vie des gens est constamment en danger à cause des bombardements. L'ennemi tire sans discernement sur la ville, il est possible qu'ils utilisent des méthodes de guerre interdites", a ajouté Surovikine. "

Et le duo Sourovikine / Choïgu de se donner la réplique, en avançant le risque d'un bombardement de la station hydro-électrique de Kakhovskaya et d'inondation de la plaine. Tout d'abord Sourovikine, sa popularité médiatique a été montée avant cela pour faire passer la pillule :

"Il y aura une menace supplémentaire pour la population civile et l'isolement complet de nos troupes sur la rive droite du Dniepr. Dans ces conditions, l'option la plus appropriée est d'organiser la défense le long de la barrière du Dniepr. (...) Nous préserverons, surtout, la vie de nos militaires et, en général, l'efficacité au combat de nos troupes, qu'il est vain de maintenir sur la rive droite dans une zone limitée. De plus, une partie des forces et des moyens seront libérés, qui seront utilisés pour des opérations actives, y compris offensives, dans d'autres directions dans la zone de l'opération"

C'était déjà la même explication lors de l'abandon de la région de Kharkov, même si le résultat est désormais le départ de Kherson. Manifestement, ces troupes "libérées" ont été envoyées ailleurs ...

Et Choïgu de confirmer :

"Pour nous, la vie et la santé des militaires russes sont toujours une priorité. Nous devons également tenir compte de la menace qui pèse sur la population civile. Assurez-vous que tous les civils qui le souhaitent peuvent partir. Procéder au retrait des troupes et prendre toutes les mesures pour assurer le transfert en toute sécurité du personnel, des armes et du matériel à travers le Dniepr." 

Donc, l'armée russe et la Russie doivent quitter la ville ... russe ... pour sauver les gens. Car, manifestement, dans cette logique, l'absence de la Russie doit conduire à la pacification de la zone et donc permettre de sauver des vies. Par ailleurs, soulignons que le meilleur moyen de maintenir une armée en état de combat est de ne pas l'utiliser. Etrange logique, mais logique - qui a certaines implications politiques, car elle conduit inévitablement à la capitulation.

La première question qui vient à l'esprit est jusqu'où le commandement armé russe est-il prêt à aller, c'est-à-dire à se retirer pour "sauver des vies" ? Jusqu'à la mer d'Azov? Jusqu'à Sébastopol ? Donetsk ? Et pourquoi s'arrêter en si bon chemin, les régions de Belgorod et de Koursk sont chaque jour sous le tir de l'armée atlantico-ukrainienne, peut-être aussi se retirer ... A chaque retrait, le front avance, donc il conduit, dans cette logique, à de nouveaux retraits. Jusqu'où ? En effet, alors les civils ne seront plus touchés, ils seront occupés, mais vivants, en tout cas pour les survivants. Et les militaires russes n'ayant plus à les protéger ni à protéger la terre nationale russe, ne seront plus en danger. C'est en fait une solution idéale. Mais où poser la frontière de la non-existence de la Russie, qui découle de cette logique mise en oeuvre ?

La deuxième question qui vient immédiatement à l'esprit est également très simple : pourquoi organiser des référendums sur ces territoires, si l'on n'est pas en mesure de les assumer ? Pourquoi ainsi mettre ces populations civiles en danger ? L'on connaît l'étendue des répressions contre les populations à Kharkov, elles seront encore pires contre ceux qui ont voté pour la Russie à Kherson. Alors pourquoi ? Intégrer un territoire national n'est pas un jeu de comm, c'est un acte qui oblige politiquement et juridiquement. Le temps du droit n'est pas celui d'un tweet ou d'une sortie dans les shows politiques, qui pullulent à la télévision russe, remplaçant (et empêchant) par le bruit toute réflexion. Intégrer un territoire, ce n'est pas non plus le bon moyen de faire monter les enchères en vue de négociations. Quand des marchands sont au pouvoir, c'est le pays qui paie. Alors pourquoi ?

Même les réseaux et politiques ukrainiens n'arrivaient pas à y croire hier. Ils ne pensaient pas recevoir un tel cadeau. L'on se rappellera des rumeurs dans les médias anglo-saxons il y a quelques jours de cela, selon lesquelles si la Russie abandonne Kherson, des négociations seront possibles. Zelensky a immédiatement écarté l'idée de négociation. En effet, pourquoi s'arrêter en si bon chemin, si la Russie abandonne son territoire, certes avec des mises en scène difficiles et de belles paroles, mais assez rapidement ? Alors que l'armée ukrainienne était en difficulté après l'essoufflement de son offensive, elle va reprendre du poil de la bête.

Ce qui conduit à la troisième question : les élites russes, considèrent-elles réellement ces territoires comme russes ? La logique des déplacements de populations civiles a un sens, s'il faut les protéger en cas de prévision de combats violents dans la zone. Mais l'armée russe n'annonce pas des combats violents, elle ne prévoit pas d'avancer pour reprendre le territoire national jusqu'aux frontières administratives de la région de Kherson, non, elle prévoit de reculer. D'abord derrière en Dniepr, ensuite on verra jusqu'où il faudra "protéger les vies". Les habitants de Kherson, dans leur majorité, n'ont pas voulu partir. Ils viennent de voter pour que leur terre entre en Russie, pas pour déménager dans une autre région russe, plus loin - sinon ils auraient pu simplement partir. Ils ne veulent pas abandonner leur terre, ils veulent qu'elle soit libérée. La Russie protège les gens, elle les considère comme les siens, mais manifestement, elle a du mal à considérer cette terre comme la sienne. La confiance des populations dans les nouveaux territoires dans les autorités russes va encore tomber en flèche. Et sa légitimité aussi.

Biden parle des difficultés de l'armée russe :

« Tout d’abord, j’ai trouvé intéressant qu’ils aient attendu après les élections pour prendre cette décision, ce que nous savions depuis un certain temps qu’ils allaient faire », a déclaré le président américain, à la Maison Blanche. « Et c’est la preuve qu’ils ont de vrais problèmes, l’armée russe. »

Stoltenberg estime pour sa part que le retrait des forces russes de Kherson, surtout de cette manière très "pacifique" disons, est encourageant pour "la libération" du reste du territoire par l'armée atlantico-ukrainienne. Et pour cause.

Et cela conduit à s'interroger sur la nature de cette décision validée par le Président russe. 

Tout d'abord, cela montre que l'arrivée de Sourovikine n'a fondamentalement rien changé. Il y a des tirs en pagaille sur les infrastructures ukrainiennes, mais sur le champ de bataille, l'on reste toujours dans la logique du retrait stratégique, aucune offensive n'a sérieusement été menée. En revanche, sa cote de popularité est immédiatement montée en flèche et lui donne un capital de confiance dans la population. L'assistance technique sur Telegram a été assurée pour cela.

Ensuite, la question qui se pose est celle de l'avenir. Tous les "experts" dits patriotiques brandissent avec fièvre le portrait de Koutouzov. Le retrait de Moscou et l'abandon de la ville à Napoléon, l'attente, mais ensuite il y eu l'attaque. Bref, l'espoir de l'apparition du Deus ex machina. Et espérons que le cercle vicieux du renforcement / retrait / négociations / échec / montée des enchères / négociations / retrait etc. prenne fin. La Russie n'est effectivement pas en guerre, elle ne sait pas vraiment d'ailleurs ce qu'elle veut atteindre dans cette guerre et même aujourd'hui ses élites dirigeantes ne remettent pas fondamentalement pas en cause la mondialisation, elles tentent de cette manière, par l'utilisation de l'armée, d'y obtenir une place. D'où ces éternelles hésitations. Et il ne peut en être autrement, car les mêmes élites dirigeantes, qui pendant 30 ans ont conduit la Russie dans le marécage globaliste, sont toujours aux manettes. 

Nous avons ainsi pu observer quelques jours après le lancement de l'opération militaire, le lancement d'Abramovitch and co pour négocier (sur le mode Vous avez eu peur, hein ? Alors, combien ?) avec le premier "retrait stratégique" de bonne volonté, ensuite ce même Abramovitch qui aide à la dénazification de l'Ukraine en revoyant à ses frais en Grande-Bretagne des mercenaires étrangers le jour de la mobilisation, jour où sont également libérés une centaine de nazis d'Azov. Négociations qui continuent avec les céréales, qui vont partout sauf dans les pays pauvres, sans que la Russie n'obtienne aucune des compensations promises, mais elle continue, même quand ses navires sont attaqués. Etc. La Russie ne fait plus peur au monde atlantiste et c'est extrêmement dangereux, car cela ouvre la porte à une aggravation du conflit, faute de résistance réelle.

Afin de couvrir cela, le petit monde de la comm en Russie, se devant en bons "patriotes" dont c'est le travail justifier tout ce qui se fait, a trouvé la figure de Koutouzov. Certes. Bien que dans la configuration actuelle, je ne vois pas très bien où "Koutouzovikine" trouvera les ressources pour renverser la situation politique, et donc ensuite militaire. Tout retrait n'est pas toujours suivi d'une attaque. Le problème n'est pas celui de cet homme, qui a un passé remarquable, le problème est systémique.

Et l'on en vient à se souvenir, tout aussi douloureusement, de la figure de Pétain. Héros de la Première Guerre mondiale, il a été appelé à la rescousse lors de la débandade française de la Seconde Guerre mondiale. Il devait apporter l'espoir de la magie contre la triste réalité. Ses discours de 1940 me reviennent de plus en plus en tête ces jours-ci. Et surtout hier. Le premier, celui du 17 juin 1940, soulignait la valeur de l'armée française, l'importance de la dimension humanitaire, ces pauvres civils sur les routes de France, qu'il faut sauver ... Bref, Chers Compatriotes, sauvons des vies et retirons l'armée française de France.

"Français !

à l’appel de M. le président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l’affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli son devoir vis-à-vis de nos alliés, sûr de l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.

En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C’est le coeur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat."

Le problème est que celui du 17 juin a été suivi de celui du 30 octobre 1940. Car une fois le processus mis en route, il n'est plus possible de si facilement l'arrêter. Il faut une force phénoménale pour réellement renverser le cours politique des choses. Et le 30 juin, pour "redresser la France", pour reprendre des forces, la France s'engouffre dans la collaboration d'Etat. Quand Biden parle de négociation, il serait bon de s'en souvenir. Pétain aussi présentait cela comme une grande victoire.

"Français, j'ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich. Cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes. Je vous dois à ce sujet quelques explications. Une telle entrevue n'a été possible, quatre mois après la défaite de nos armes, que grâce à la dignité des Français devant l'épreuve, grâce à l'immense effort de régénération, auquel ils se sont prêtés, grâce aussi à l’héroïsme de nos marins, à l'énergie de nos chefs coloniaux, au loyalisme de nos populations indigènes. La France s'est ressaisie. Cette première rencontre, entre le vainqueur et le vaincu, marque le premier redressement de notre pays."

Cette conception de la dignité humaine et nationale est extrêmement dangereuse. Toute proportion gardée bien sûr, même si les situations ne sont pas totalement comparables, les mécanismes ressortent. Et les dirigeants russes sont face à un choix - Koutouzov ou Pétain ? 

Karine Bechet-Golovko


Une cicatrice sur le coeur

 source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/11/une-cicatrice-sur-le-coeur.html

Parmi les hypothèses que j'évoquais dans mon dernier article sur Kherson, la pire, c'est a dire le retrait des forces russes de Kherson a été choisie par le général Sourovikine, ce 9 novembre 2022. 

Mais ce général d'experience arrivé depuis 1 mois avait-il vraiment le choix ? 

Malheureusement il semble que non. Car Sourovikine a hérité des fruits pourris de cette  stratégie du "trop peu trop tard" qui caractérise de mars à octobre ces "opérations spéciales" russes en Ukraine...

Ce retrait probable des forces russes de leur tête de pont sur la rive droite au Nord de l'embouchure du Dniepr flottait dans l'air de plus en plus lourdement depuis quelques jours et les optimistes dont je suis avaient du mal à lui accorder de la crédibilité, tout en l'évoquant dans sa dimension catastrophique.

Voici ma réaction. "à chaud" publiée sur mon canal Telegram où je m'efforce d'informer tout au long de la journée des événements liés à ce conflit.

MERDE !

L'Etat-Major russe vient d'annoncer l'abandon imminent de Kherson ! 

SOUROVIKINE : "En raison des bombardements constants, Kherson et les colonies adjacentes ne peuvent pas être approvisionnées et fonctionner, la vie des gens est constamment en danger — L'option la plus rapide est d'organiser la défense le long de la ligne de démarcation du Dniepr — La décision de défendre sur la rive gauche du Le Dniepr n'est pas une tâche facile, en même temps, nous maintiendrons la vie de nos militaires et l'efficacité au combat du groupement de troupes . - La manœuvre sera effectuée dans un avenir proche"

CHOÏGOU : "Je suis d'accord avec vos conclusions et propositions. Procéder au retrait des troupes."

C'est le résultat de cette stratégie du "trop peu trop tard" que je dénonce depuis mars 2022.

1/ Retrait de Kiev, Tchernigov, Soumy...

2/ Défaite à Balaklaïa

3 / Retrait d'Izioum et Koupiansk

4 / Défaite à Krasni Liman 

5 / Et là, retrait de Kherson !

Des dents vont grincer et parler de trahison !

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Je ne reviendrai pas ici sur les réactions passionnelles en avalanche qui ont fusé sur les réseaux à l'annonce du retrait de Kherson. Toutes ces réactions, que je salue, depuis celles qui défendent aveuglément le fantasme d'une stratégie russe sans faille à celles qui versent dans un fatalisme sombre et défaitiste, démontrent l'intérêt et une prise de conscience lucide des enjeux et des menaces que ce conflit fait peser sur l'Europe et même le Monde.

Pendant cette nuit blanche passée à mon poste à surveiller un horizon grondant dans les premiers frimas de l'hiver, je n'ai pas cessé de ressasser ce choc majeur que constitue le retrait de Kherson:

Kherson est le chef lieu administratif cette région éponyme située au Nord de la Crimée et le seul centre régional à avoir été libéré par l'armée russe dès le 2 mars 2022 soit 1 semaine seulement après le commencement des opérations militaires en Ukraine.

Voyons pour commencer les réactions de 2 hommes qui sont connus pour ne pas garder leur langue dans leur poché :

SUR LE RETRAIT DE KHERSON:

Tout d'abord Yevgeny Prigozhin, le patron de Wagner, a commenté la décision du retrait des troupes russes de Kherson

« Ni moi ni les groupes Wagner à Kherson ne se sont rendus. Bien sûr, ce n'est pas une étape victorieuse dans cette guerre, mais il est important de ne pas agoniser, de ne pas se battre dans la paranoïa, mais de tirer des conclusions et de travailler sur les erreurs. Et ensuite comprendre qui a raison, qui a tort et quelle est l'essence du problème.

Sourovikine doit retirer ses troupes et sauver des milliers de soldats qui sont en fait encerclés sur le territoire ennemi, qui est complètement coupé des voies d'approvisionnement. Qui et pourquoi a donné des instructions pour prendre cette position est une autre question.

La décision prise par Sourovikine n'est pas facile, mais il a agi comme un homme qui n'a pas peur des responsabilités. Il l'a fait de manière organisée, sans crainte, prenant sur lui l'entièreté de la prise de décision.

Je tiens à souligner que l'opération de retrait des troupes est toujours extrêmement difficile. Tourner le dos à l'ennemi est impossible pour quitter la position.

Le retrait des troupes avec des pertes minimes est la plus grande réussite de Sourovikine, il ne fait pas honneur aux armes russes, mais met l'accent sur les qualités personnelles du commandant.

Lorsque Sourovikine a été nommé à ce poste, il a parfaitement compris ce qui se passerait en octobre-novembre et savait parfaitement quelles seraient les étapes à venir."

Ensuite, le Président de la Republique de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, qui a également soutenu la décision du général Sourovikine de retirer les troupes de Kherson:

«Kherson est une zone très difficile sans la possibilité d'un approvisionnement régulier et stable en munitions et la formation d'un arrière solide et fiable. Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait dès les premiers jours de l'opération spéciale ? C'est une autre question.

Mais dans cette situation difficile, le général a agi avec sagesse et clairvoyance - il a évacué la population civile et a ordonné un regroupement"

Ceci dit, ce retrait reste une cicatrice au cœur que l'Etat Major devra rapidement soigner car: 

Kherson est un symbole politique 

Cette ville de près de 300 000 habitants est aussi un symbole de l'histoire et l'identité russes de cette rive septentrionale de la Mer Noire. Fondée en 1778 par le prince Potemkine sous l'égide de l'impératrice Catherine II, cette ville devient le centre administratif et culturel de la Novorossiya abritant également les chantiers navals d'où sortira la première flotte russe de la Mer Noire, basée à Sébastopol. Potemkine sera d'ailleurs inhumé en sa cathédrale apres sa mort.

 Kherson est un point stratégique 

Située sur la rive droite du Dnieor et à proximité de son embouchure, cette ville est essentielle pour protéger les accès continentaux vers la Crimée, mais aussi organiser des offensives en direction de Nikolaïev puis Odessa ainsi que vers Krivoï Rog, 

Enfin il ne faut pas oublier que Kherson est indissociable des rares franchissements existant par dessus le Dniepr dans ce secteur 2 routiers et 1 ferroviaire), et du barrage hydroélectrique de Kakhovka d'où part également le canal de Crimée alimentant la péninsule russe en eau potable. 


Pourquoi cette humiliation

Appelons un chat un chat et une défaite, même anticipée par un retrait volontaire, une defaite. Mais au lendemain des discours patriotiques célébrant le rattachement référendaire de cette région à sa Mère Patrie, son abandon est même ressenti par beaucoup comme une humiliation, et à juste titre.

Je pense qu'avec Kherson, la Russie paie le prix fort de la demi mesure de sa stratégie que j'ai résumé depuis mars à ce "trop peu, trop tard", auquel se rajoutent les inevirables dysfonctionnements et impérities  d'un commandement (englué dans une rigidité proceduriale) déouvrant les modes opératoires d'un nouveau type de conflit pour lequel les forces ukro-atlantistes se préparaient depuis 8 ans. 

Pour rester sur ce front de Kherson, le retrait auquel nous assistons était prévisible du moment où les forces russes n'avançait plus au milieu d'une steppe ressemblant à un champ de tir sans localités ou coupure naturelle pour y solidifier une vraie défense. 

La fragilité de cette tête de pont russe était prévisible dès mars, lorsque les colonnes russes, trop peu nombreuses avait échoué à prendre le contrôle de Nikolaïev en traversant, plus en amont le Boug Méridional sur laquelle cette ville est posée comme un verrou sur la route vers Odessa. Non seulement Nikolaïev est resté sous le contrôle des forces ukro-atlantistes mais elle est devenue la base arrière de toutes leurs offensives sur Kherson commencées fin août 2022.

Par manque d'effectifs, l'Etat Major russe en concentrant ses moyens offensifs sir le Donbasd a pris le risque de laisser pourrir les situations bancales des fronts Nord et Sud. Et devant les difficultés à progresser dans le Donbass cesx2 fronts latéraux ont fini par céder, d'abord dans le Nord en septembre, puis en octobre dans le Sud. Et avant que n'arrivent les renforts des mobilisés appelés trop tardivement  pour compter les brèches.

Et maintenant ?

Alors que les pluies embourbaient les offensives ukro-atlantistes, que les forces russes leur infligeaient des pertes de plus en plus lourdes, le général Sourovikine a suand même décidé du rerait de la rive droite du Dniepr, donc de Kherson. 

Il est clair qu'il y a derrière cette "décision difficiles" pour reprendre mes termes du Chef d'Etat Major des ordres politiques s'inscrivant certainement dans le cadre d'accords "secrets" entre Moscou et Washington, et qui vraisemblablement ne dureront que le temps du dépouillement des votes du Midterm étasunien

Sur le front, nous entrons dans la période boueuse et, à part dans les villes, peu de mouvements operatifs sont à attendre avant l'arrivée du général Hiver "durcissant la steppe devant les pas des chevaux"

Pendant cette période, le général Sourovikine réorganiser ses corps de bataille qui seront alors renforcés par les renforts arrivant pour, je l'espère de tous mes vœux lancer cette offensive d'hiver dont les russes ont le secret, libérer ma totalité du Donbasd et reprendre Kherson jusqu'à Odessa, sans ou lier Karkhov...

Mais  ne faudra pas trop tarder car le temps profite aussi à l'ennemi et la cicatrice sur le cœur saigne.

Erwan Castel


Bulletin N°107. Retrait de Kherson. Dourakovleff. Lantset 3. 10.11.02022.

 


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 Mobilisation

19:05

 Abandon de Kherson

35:55

 Carte des opérations militaires

Situation à Kherson - 09.11.2022

 


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Le 9 novembre 2022, le commandant en chef russe de l'opération militaire spéciale a annoncé le retrait des troupes russes de Kherson et de la rive droite du Dniepr. Analyse des raisons ayant poussé le commandement russe à cette décision.

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