dimanche 6 septembre 2015

Dossier immigration : " Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres» (Antonio Gramsci) / File immigration: " the old world is dying, the New World delays appearing, and in this twilight appear monsters " (Antonio Gramsci)

Immigration et néo-colonialisme


Accueillir les réfugiés politiques dans l'urgence, bien sûr oui, le temps du règlement du conflit ou des menaces pesant sur eux dans leur pays d'origine; dans le cadre d'une politique prenant sérieusement en compte les capacités d'accueil du pays d'arrivée, les risques d'attentats et les troubles sociaux que cette immigration massive va inéluctablement générer. 


Accueillir les réfugiés, bien sûr oui, comme la moindre de nos dettes dues à nos politiques étrangères infâmes et non par la plus abjecte des solidarités, la solidarité droitdelhommiste = je bombarde ton pays riche en ressources (ou j'y organise des révolutions ou j'y crée des monstres) et je t'accueille dans le mien... très endetté et en panne sérieuse de croissance.



Ci-dessous, une compilation de réflexions qui méritent, d'une façon ou d'une autre, d'être portées dans le débat. Vu les enjeux, tout le monde à intérêt à écouter tout le monde et à en tirer ses propres conclusions. 


L'immigration massive est un symptôme. Elle ne peut pas être un objectif (celui de l'inégalable socialiste-mondialiste Attali ou de la FEB par exemple - cf. infra). Attaquons nous à la cause. Parlons-en avec les réfugiés. Ne nous divisons pas. Ne nous trompons pas de cible. Les monstres peuvent surgir de partout, parfois là où on s'y attend le moins. 

Christophe

1. Giulietto Chiesa : Explosion du phénomène migratoire = effondrement de la société globale


Source : http://ilfattoquotidiano.fr/giulietto-chiesa-explosion-du-phenomene-migratoire-effondrement-de-la-societe-globale/


Exemple d’effondrement, ou lorsqu’un phénomène, que l’on a laissé croitre démesurément, se présente soudain sous une forme et des dimensions telles qu’il ne peut plus être tenu sous contrôle par la société, que ce soit  du point de vue économique ou du point de vue organisationnel.
Les causes de ce qui  se passe actuellement sont extrêmement complexes. Elles proviennent à la fois de la globalisation sauvage, des guerres, de la liberté de circulation des capitaux, du pillage opéré par l’Occident vis-à-vis du reste du monde, de la révolution technologique des moyens de communication, des moyens de transport, mais aussi de la coexistence de sociétés extrêmement différentes en termes de rythmes de vie et de culture.
Le rythme et les accélérations imposés par l’Occident ont créé une situation explosive telle, que désormais l’Occident n’est plus capable de la contrôler. Les peuples occidentaux, insuffisamment préparés à ce phénomène, n’ayant pas mis en place les moyens d’accueil, n’étant pas informés sur ses causes, réagissent violemment et par la peur, et ne sont pas en mesure de l’arrêter. Les peuples qui émigrent en fuyant leur terre, agissent par nécessité, par instinct de survie, hypnotisés aussi par le modèle de vie et de consommation qu’ils entrevoient sur leurs téléphones portables ou leurs ordinateurs.

Ni les uns ni les autres ne sont en mesure de comprendre ce qui se passe, et pourquoi. Il faut absolument réfléchir avec attention. Cela n’est que l’un des nombreux « effondrements » qui menacent la société globale. D’autres vont survenir : finance, énergie, eau, nourriture, climat : tous sont déjà hors de contrôle et candidats pour le prochain effondrement.

Giulietto Chiesa

Megachip, le 28.08.2015
Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

1bis 15 avril 2013 IMMIGRATIONISME, MONDIALISME
 L’immigrationisme, contrairement aux autres idéologies collatérales, a été porté par les mouvements soit disant contestataires ou révolutionnaires, sous la forme d’associations antiracistes ou de partis antifascistes. Si nous pouvons évidemment établir un lien entre le travail salarié, forme subtile d’exploitation, et l’esclavage, dans sa  brutalité primitive, de mêmenous pouvons assimiler l’immigration économique à une forme évoluée de la déportation. La modernité de ces deux formes de destruction de l’humain (travail salarié et immigration) se caractérise par l’acceptation, et même la revendication de sa condition par l’individu.
 Ainsi, la déportation économique de toute une population immigrée est soutenue par les prétendus opposants au capitalisme, au nom du droit à la libre circulation !
Soutient-on-le droit à la mobilité des déportés ou des réfugiés des dernières guerres ?
(précision septembre 2015 : oui, finalement, l'idéologie immigrationiste nous montre à voir l'indécent spectacle de populations encourageant les nouveaux déportés du capital en guerre, faisant l'impasse sur les causes et les conséquences de ces guerres de destruction des peuples. Redistribuer les cartes implique un cynisme nécessaire et inhumain, c'est à dire marchand )
De même il est impossible (et pas souhaitable) de stopper les flux migratoires par des contrôles policiers à une époque où les déplacements sont supersoniques, les frontières arbitraires, et les  niveaux de vie incroyablement disproportionnés, de même il est  inenvisageable de ne pas accueillir dignement les déportés économiques qui échouent sur nos plages ou dans nos aéroports. La seule solution est alors de rétablir des rapports d’équité avec les pays à l’économie soi-disant sous développée, de façon à ce que la population indigène ait un avenir (et un présent) sur son territoire, et que les étrangers qui viennent sur notre sol y viennent par choix, et non par désespoir. Ceci nous permettra de les accueillir dans la joie et le respect qu’ils méritent, et leur évitera d’être perçus comme des clandestins. Rétablir des rapports d’équité (et non d’égalité) entre pays, cela sous entend décoloniser effectivement, dans les têtes comme dans les actions, cela suppose un effort conscient du colon comme du colonisé. La première des mesures à prendre serait évidemment d’annuler les dettes odieuses et illégitimes. Puis passer des accords avec les représentants des populations pour leur rendre la maîtrise de leurs richesses minières, agricoles et industrielles. Cela suppose la fin du droit d’ingérence, ce nouvel habillage de l’impérialisme. Cela suppose aussi que les peuples se débarrassent de leurs potentats locaux, ce qui sera facilité du fait qu’ils ne seront plus soutenus par les puissances coloniales.
Face à l'ampleur des phénomènes migratoires,  les medias instrumentalisent  la compassion naturelle qu'ils génèrent pour renforcer l'idéologie mondialiste et son projet marchand. Evoquer la souffrance des réfugiés, politiques ou économiques, sans dénoncer les causes de l'immigration, c'est à dire les guerres, militaires ou économiques, que le démocratisme exporte vers les "axes du mal" ou autres "dictateurs qui massacrent son peuple", c'est marcher les yeux crevés, confiant dans un avenir aux sombres promesses.
Pour plus de clarté, s'apitoyer sur le sort des "migrants" sans dénoncer les guerres (comme si elles étaient des phénomènes naturels), sans accuser les fauteurs de guerre, c'est à dire principalement le lobby militaro-indistruel, le lobby pétrolier et les politiques qui les servent, c'est faire le jeu des esclavagistes pourvoyeurs de main d'oeuvre à bas coût.
En confondant la défense légitime des populations victimes de cette immigration-déportation, et le droit à la libre circulation des êtres humains, en niant la souffrance des populations autochtones, en diabolisant l’expression de cette souffrance en l’assimilant à du racisme, les organisations dites de  gauche ont  jeté ces populations dans les bras des partis dits de droite. Partis qu’elles ont longtemps réussi à ostraciser.
La convergence objective entre les idéologies d'extrème gauche (no border) et les intérêts du capital mondialisé ne trouble en rien nos joyeux militants antifas. Non que l'idéal de suppression des frontières soit néfaste en soi, mais bien parce que ce projet, au stade actuel d'hégémonie de la marchandise, ne peut que combler l'élite mondialisée dans son espoir de détruire la cohérence d'une classe ouvrière unifiée dans une lutte déjà inégale.
La société du spectacle marchandisé génère toujours l'idéologie répondant à ses besoins, piochant à l'occasion dans les milieux les plus divers, spectaculairement opposés à elle, mais essentiellement accordés à ses intérêts.
 La politique migratoire, après avoir été un esclavage qui ne dit pas son nom, une déportation ethnique d’origine économique, pour le plus grand profit  du capital rayonnant, révèle son vrai visage en délaissant toute cette population devenue inutile dans un système prédateur.Désormais, les capitalistes trouvent plus facile et rentable d’exporter leurs industries dans les pays à bas coût de main d’œuvre. Ainsi, après avoir mis en concurrence les populations du sud et du nord, après avoir endetté artificiellement les pays du tiers monde, réduit en esclavage les populations par le biais de cette dette inique, le capital s’expatrie et exploite sans vergogne une innombrable main d’œuvre mise à sa disposition sans protection sociale, mise en esclavage par une oligarchie locale corrompue jusqu’à la moelle, tout en revendant les marchandises finies à un occident décadent, en voie de paupérisation accélérée, mais malgré tout suffisamment riche pour se presser dans les grandes surfaces et acheter les saloperies fabriquées dans ces lointaines contrées.
Ce double mouvement de bascule (apport de population dans les pays développés, puis délocalisation des industries dans les pays sous développés) répond de la même logique mercantile et doit être dénoncé en tant que tel. C’est sur ce mépris des populations que se bâtissent les fortunes, sur la douleur de l’exil (l’immigré), ses difficultés d’insertion dans un monde où personne n’a songé à l’accueillir, et les difficultés de l’indigène mis en compétition avec un sous- prolétariat importé, que s’est développé pendant les trente glorieuses la phase un du mondialisme. La phase deux, que nous vivons actuellement, n’en est que la continuité : l’hypertrophie des capitaux se déplaçant à la vitesse de la lumière et la mise en concurrence mondiale des travailleurs déclenchent catastrophes sociales sur catastrophes écologiques, tétanisant les populations pour l’instant désarmées. Cette tenaille, dans laquelle se trouve broyées les populations les plus fragiles, n’a pas été appréhendée par les organisations gauchistes et droit de l’hommiste, qui n’ont voulu voir que la tragédie de l’immigré, tout en dédaignant le drame de l’ouvrier indigène. C’est sur ce refus d’envisager le problème dans sa globalité que se sont développés des partis dits d’extrême droite, ce qui n’a eu pour effet que d’opposer les populations au lieu de les unir dans un combat commun contre leur ennemi commun, le capital mondialisé. La paupérisation de notre société est programmée, et elle s’accompagne nécessairement d’une destruction des repères, des solidarités, des cultures, en un mot d’une déshumanisation.
Le capitalisme ne conçoit la libre circulation des hommes que sous un apport marchand. Dans ce cadre, l’homme ne peut circuler que si sa métamorphose en tant que marchandise est achevée, c’est à dire s’il a perdu son humanité. A ce stade de son évolution, le système marchand spectaculaire organise la circulation des masses en tant que marchandises échangeables, corvéables, exploitables. 
Que ce soit sous l’angle d’un afflux de main d’oeuvre immigrée, présenté comme réfugiés de guerre ou déportés économiques, ou les migrations touristiques de masse (vouées à la consommation d’un exotisme préfabriqué niant la notion même de voyage), revendiquée comme source de profits, l’humain doit s’effacer puis disparaître pour laisser place à la seule valeur qu’il reconnait : l’argent.
L'importation massive de populations fuyant la misère et les guerres participe de ce projet du chaos organisé, accélérant le mouvement de destruction des solidarités en créant les conditions objectives de l'émergence de conflits entre les peuples.
Les associations antiracistes se parent du voile de la bonne conscience, mais cette idéologie, comme toutes les autres, trouve sa justification dans des intérêts bien compris et soigneusement cachés. Cependant, elle profite comme ses consœurs, d’une part d’autonomie et son fond de commerce est bien le racisme qu’elle dénonce d’un côté, et dont elle se nourrit d’autre part.
Le processus peut se disséquer ainsi :
-organiser la venue d'immigrés en masse, les mettre en concurrence avec la main d'œuvre locale tout en les laissant moisir dans des ghettos insalubres (années 50/70) ;
-organiser la venue des familles de ces immigrés (regroupement familial) au nom des droits de l'homme, du droit de circulation, entraînant une pression maximale sur les travailleurs par le développement du chômage de masse (milieu des années 70 à nos jours).
-développer une sous culture (rap, foot) à l’intention des enfants de ces populations, pour mieux canaliser la révolte qui forcément grondera devant tant de mépris et  d’injustice. Magnifier cette sous culture en l’affublant d’un statut « underground », puis l’officialiser quand elle risque de s’autonomiser dans une subversion radicale, de façon à la dévitaliser, pasteuriser, stériliser.
-maintenir cette population dans la misère, provoquant ainsi le rejet des indigènes, des phénomènes de communautarisme et engendrant délinquance et crime.
-dénoncer les attitudes de rejet comme du racisme, élevé au grade de crime suprême (tout délit ou crime étant punissable légalement avec circonstances aggravantes au cas où il existerait des suspicions de racisme).
-enfin, l’hypocrisie atteint le comble : l’oligarchie, dotée d’un superbe mépris des populations qu’elle manipule, se désintéresse du sort de ces manants qui s’agitent en tout sens, et délocalise les industries à forte main d’œuvre, profitant des nombreuses dérégulations qu’elle a imposées aux états, et  accentue encore la pression sur le chômage (années 2000 et suivantes).
Mais  les délocalisations industrielles ont un effet pervers inattendu. En condamnant les populations, quelles soient d’origines étrangères ou pas, à un chômage de masse, le capitalisme mondialisé découvre sa fiole de rat, et encourage l’unité de ces populations dans une lutte, qui, après tout, pourrait s’avérer finale !
L’idéologie du métissage, qu’il soit culturel, sociologique ou racial, arrive en support à la phase deux du mondialisme. Il devient une valeur en soit, prônée par les ligues et associations droit de l’hommiste, qui remplissent ici leur rôle d’idiot utile. On nous propose un pot pourri culturel, une bouillie  intellectuelle à savourer comme finalité de l’humanité.
 Ainsi, se promener à Hong-Kong ne se distingue pas d’une balade à Dubaï ou à New-York ; les architectures y sont les mêmes. Les architectes, interchangeables, aussi. 
Sur les publicités de nos cités sans âme, les marionnettes sont uniformément café au lait, ce qui semble être la panacée, comme si le noir ou le blanc étaient les couleurs de l’ancien monde.
La musique (world music) réussit l’exploit d’être à la fois informe et uniforme.
L’anglais se banalise dans un patois international, se substituant à la saveur des langues locales.
Il est impossible de déceler l’origine géographique, ethnique, culturelle d’un artiste plasticien.
La destruction des coutumes locales (que ce soit par un abandon de ces coutumes, ou par une marchandisation spectaculaire d’un folklore figé et privé de tout sens que le tourisme de masse détruit dans une consommation effrénée), l’uniformisation des modes de vie, la dénonciation des particularismes, font partie intégrale du projet mondialiste.
La résistance  à cette déculturation est dénoncée comme du chauvinisme ringard, sauf quand il s’agit des populations indiennes d’Amazonie, ou autres peuplades perdues et condamnées, puisque ces populations ont déjà été décimées et ne représentent plus un obstacle à l’expansion de la marchandisation démocratique universelle.
L’idéologie mondialiste, dans sa genèse, s’est (habilement) présentée sous la forme de l'idéologie communiste, prenant le nom d’internationalisme. Elle était porteuse d’espoir pour l’humanité, bien que  nourrissant en son sein le poison de l’universalisme dictatorial. La lutte des classes se soldant momentanément par la défaite des prolétaires, la classe dominante a compris tout le bénéfice qu’elle pouvait tirer de cette idéologie en la mettant effectivement en œuvre sur la base de la libération des échanges, des capitaux, et la suppression de toute réglementation qui freinerait un capital débridé. Le corollaire étant bien évidemment la marchandisation  de l'homme, indispensable à son "droit à la circulation", droit qu'il ne peut user que s'il est auparavant réduit à l'état d'esclave, de marchandise.
 Le mondialisme, et son pendant l’alter mondialisme, s’est imposé comme une évidence. L’idéologie mondialiste, en tant qu’expression des intérêts du moment de l’hyper-classe exploitante, a comme d’habitude, générer sa contestation. Mais c’est dans cette contestation qu’elle trouve sa justification, les nouvelles forces qui lui permettront de se régénérer. Cette contestation ne représente pas un réel danger pour le système, car trop dispersée, sans véritable lien social, culturel, territorial, en un mot trop mondiale ! Elle ne remet pas en cause la nécessité d’une gouvernance mondiale, mais les moyens pour y parvenir et la forme que devrait prendre  cette gouvernance. Le mondialisme est pourtant la négation de tout système réellement démocratique. La démocratie, pour être effective, doit être au plus proche de ses acteurs, les « citoyens ». Plus les institutions seront éloignées, géographiquement, plus les élus (quelle que soit ce mode d’élection, bulletin de vote ou tirage au sort) représenteront un grand nombre de citoyens, plus la démocratie s’éloigne (mécaniquement) de son idéal. La véritable démocratie est forcément locale.
Déterminer quel est le juste niveau qu’il ne faut pas dépasser pour qu’une société puisse se dire démocratique, savoir si la nation, ou la région, sont des limites infranchissables est un débat auquel nous ne pourrons pas échapper.
Une chose est sure, c’est qu’au niveau mondial, un gouvernement ne peut être que dictatorial. Les structures internationales qui tentent de se mettre en place rêvent de détruire le peu de souveraineté qu'il nous reste en démolissant les états nations. Bien que terriblement imparfaits, ces états nations représentent l'ultime rempart contre l'hégémonie des empires en construction (Europe), ou en voie d'hypertrophie (USA).  Ces structures telles que l'ONU, la Banque Mondiale, le FMI etc., ne  cherchent même pas une caution populaire, elles se justifient en arguant du fait qu’elles ont été désignées, dans le meilleur des cas, par des gouvernements élus, ce qui permet tous les systèmes d'influence, de corruption.  Elles n’ont que faire des peuples, elles sont manipulées par des lobbies ouvertement arrogants, affichant leur puissance au nez du pauvre peuple ébahit devant tant de « chutzpah ».
L’Union Européenne semble être une caricature de cette construction mondialiste. Tout en affichant les intentions les plus pures, les rouages du pouvoir y sont ouvertement anti-démocratiques. De plus, quand par malheur les gouvernements archaïques sont, du fait de leur constitution, obligés de consulter leur population, et que celle-ci, dans un reflexe de survie, une réaction de lucidité, se prononce à l’encontre de la volonté des élites, alors on n’hésite pas à faire revoter, ou même à court circuiter le référendum en passant par le vote des députés/sénateurs.
Ce genre de forfaiture ne semble gêner que peu de monde.
 Rejeter les états souverains au prétexte d’un nationalisme honni pour se jeter dans les bras d’un empire européen soumis aux diktats américains  relève de l’aveuglement volontaire. « L’empirisme », stade suprême du nationalisme, se fard de bons sentiments, affirme que les problèmes qui se posent à l’humanité ne peuvent se régler qu’en passant par ses fourches caudines, pour mieux imposer l’ultra libéralisme universel.  
source :  http://democratisme.over-blog.com/article-immigrationisme-mondialisme-117124743.html

2. Intermède 


Chez nous, ça va nettement mieux que là-bas, c'est vrai. Mais ça ne va pas durer. 







http://cgt-cfa.com/WordPress/danslescfa/luttes/halte-au-dumping-social/

Heureusement, les médias sont là pour nous guider, nous apprendre à nous aimer



3. 72 secondes de bonheur avec Michel Onfray  - 4 Sept 2015

(la tête de la journaliste, façon “Seeeeeeeerge, grouille pour couper, un type dit la vérité à l’antenne !!!”)


Merci Michel !
(L’interview complète est ici)
“En ces temps de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire” [Georges Orwell]
Source : https://www.les-crises.fr/72-secondes-de-bonheur-avec-michel-onfray/

Auteur : Olivier Berruyer

4. Michel Onfray : « L’Occident attaque, prétendument pour se protéger, mais il crée le terrorisme »

source : https://www.les-crises.fr/michel-onfray-loccident-attaque-pretendument-pour-se-proteger-mais-il-cree-le-terrorisme/

Source : Russia Today France, le 8 septembre 2015.
Michel Onfray
Michel Onfray
L’Europe, la guerre, le terrorisme, la crise migratoire, autant de questions auxquelles le philosophe a accepté de répondre.
Michel Onfray est docteur en philosophie. Il a publié une soixantaine d’ouvrages dont Traité d’athéologie : Physique de la métaphysique, Le Crépuscule d’une idole, Contre-histoire de la philosophie. Ses derniers ouvrages parus : Avant le silence. Haïkus d’une année, Galilée, 2014. Bestiaire nietzschéen. Les Animaux philosophiques, Galilée, 2014. Cosmos, Flammarion, 2015
On ne présente plus Michel Onfray, philosophe que l’on dit iconoclaste, grand pourfendeur devant l’Eternel (ou ce qui lui tient d’éternité) des conformismes et autres tables de lois. Il revient pour RT France sur les sujets qui ont, ces derniers temps, vrillé l’actualité.
RT France : Comment jugez-vous la façon qu’a l’Europe de traiter de cette crise migratoire ? 
Michel Onfray (M.O.) : L’Europe n’existe pas, sauf par sa monnaie unique. On voit bien dans cette affaire combien elle est impuissante, nulle, désarticulée. Elle bricole, ne parle pas d’une seule voix, elle improvise. C’est pitoyable.
RT France : Quand vous dites «BHL fait partie des gens qui ont rendu possible cet enfant mort», que vouliez-vous dire par là ? Qui sont «les  autres gens» ?
M.O. : Que tous ceux qui ont justifié les guerres contre l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Mali et autres pays musulmans sont responsables et coupables. Ils ont légitimé le bombardement de milliers de personnes sur place. Que la communauté musulmane soit en colère contre l’Occident me parait tout à fait légitime. L’Occident attaque prétendument pour se protéger du terrorisme, mais il crée le terrorisme en attaquant. Quel irakien menaçait la France en 1991 ? Saddam Hussein finançait même la campagne d’un président.
L’Occident attaque prétendument pour se protéger du terrorisme, mais il crée le terrorisme en attaquant.
RT France : Depuis la publication de la photo du petit enfant, les opinions publiques européennes semblent opérer une volte-face sur cette question, comment l’expliquez-vous ? Qu’est-ce que cela dit de nos opinions publiques ?
M.O. : Les médias ont transformé le peuple qui pensait en populace qui ne pense pas et ne réagit plus qu’à l’émotion, au pathos, à la passion. L’image d’un enfant mort interdit de penser : elle arrache immédiatement la pitié. La pitié empêche de penser. La preuve : ceux qui ont rendu possible cette mort en détruisant les pays bombardés vont répondre en bombardant plus encore.
RT France: Pourquoi cette crise migratoire semble-t-elle être traitée politiquement et médiatiquement «hors-sol», comme si elle n’avait pas de causes géopolitiques précises?
M.O. : Parce que le personnel politique est fait de gens médiocres qui n’ont aucune vision d’avenir pour le pays, aucun sens de l’histoire et qu’il n’écoute plus que les communicants qui leur donnent des recettes pour être élus ou réélus. La question n’est plus : «qu’est-ce qui est bon pour la France ?», mais «qu’est-ce qui va permettre ma réélection ?». La guerre, on le sait, hélas, booste les cotes de ceux qui les déclenchent. La testostérone fait plus en la matière que la matière grise. 
RT France : François Hollande a annoncé des frappes aériennes sur la Syrie que vous avez aussitôt vivement condamnées. Pourquoi ?
M.O : Bombarder des combattants de l’Etat Islamique suppose tuer des victimes civiles innocentes, les uns vivant chez les autres, et que ça n’empêchera pas un islamiste radical vivant en France de passer à l’acte. Au contraire !
RT France : Jacques Sapir a lancé l’idée d’un mouvement rassemblant tous les souverainistes, allant même jusqu’à une alliance avec le FN. Vous avez estimé que «l’idée est bonne (…) de fédérer les souverainistes des deux bords». Pourquoi ?
M.O. : Les souverainistes sont majoritaires dans l’opinion mais inexistants parce que répartis dans des partis très hétérogènes qui comptent pour rien dans la représentation nationale. Mais jamais un électeur de Mélenchon ne soutiendra une thèse de Marine Le Pen et vice versa. Seul un tiers au-dessus des partis pourrait fédérer ces souverainistes de droite et de gauche.
RT France : Cette proposition de Sapir ne traduit-elle pas une recomposition des lignes politiques dont le pivot (ou l’axe) ne serait plus l’économie mais le rapport à l’Europe ? Comment voyez-vous cette recomposition politique du paysage français ?
M.O. : L’idée est juste, mais elle n’aboutira pas. Les souverainistes sont représentés par des politiciens qui n’ont en tête que leur ego, leur trajectoire personnel, leur narcissisme. Aucun ne sera capable de jouer la fédération sous la bannière d’un tiers en s’effaçant. Entre la France et eux, ils ne choisiront pas la France.
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Interview intéressante également, après la moitié :


Et deux articles particulièrement puissants de Chris Hedges... 


5. Notre manie d’espérer est une malédiction


 

La croyance naïve selon laquelle l’histoire est linéaire, et le progrès technique toujours accompagné d’un progrès moral, est une forme d’aveuglement collectif. Cette croyance compromet notre capacité d’action radicale et nous berce d’une illusion de sécurité. Ceux qui s’accrochent au mythe du progrès humain, qui pensent que le monde se dirige inévitablement vers un état moral et matériel supérieurs, sont captifs du pouvoir. Seuls ceux qui acceptent la possibilité tout à fait réelle d’une dystopie, de la montée impitoyable d’un totalitarisme institutionnel, renforcé par le plus terrifiant des dispositifs de sécurité et de surveillance de l’histoire de l’humanité, sont susceptibles d’effectuer les sacrifices nécessaires à la révolte. 

L’aspiration au positivisme, omniprésente dans notre culture capitaliste, ignore la nature humaine et son histoire. Cependant, tenter de s’y opposer, énoncer l’évidence, à savoir que les choses empirent, et empireront peut-être bien plus encore prochainement, c’est se voir exclure du cercle de pensée magique qui caractérise la culture états-unienne et la grande majorité de la culture occidentale. La gauche est tout aussi infectée par cette manie d’espérer que la droite. C’est une manie qui obscurcit la réalité, alors même que le capitalisme mondial se désintègre, et avec lui les écosystèmes, nous condamnant potentiellement tous. 


Le théoricien du XIXe siècle Louis-Auguste Blanqui, contrairement à presque tous ses contemporains, écarta la croyance, chère à Karl Marx, selon laquelle l’histoire est une progression linéaire vers l’égalité et une meilleure moralité. Il nous avait averti du fait que ce positivisme absurde était le mensonge perpétré par les oppresseurs : « Toutes les atrocités du vainqueur, la longue série de ses attentats sont froidement transformées en évolution régulière, inéluctable, comme celle de la nature.[….] Mais l’engrenage des choses humaines n’est point fatal comme celui de l’univers. Il est modifiable à tout minute ». Il avait pressenti que les avancées scientifiques et technologiques, plutôt que d’être les présages du progrès, pouvaient être « une arme terrible entre les mains du Capital contre le Travail et la Pensée ». Et à une époque où bien peu le faisaient, il dénonçait le saccage du monde naturel. « La hache abat, personne ne replante. On se soucie peu que l’avenir ait la fièvre ». 

 [L’une des prophéties les plus impressionnantes de Blanqui a jusqu’ici échappé à l’attention des commentateurs. Étroitement liée à sa vision critique du progrès et de l’utilisation de la science par le Capital, elle dénonce un nouveau danger : la destruction de l’environnement naturel par la civilisation capitaliste. Le monde civilisé « dit : ’Après moi le déluge’, ou, s’il ne le dit pas, il le pense et agit en conséquence. Ménage-t-on les trésors amassés par la nature, trésors qui ne sont point inépuisables et ne se reproduiront pas ? On fait de la houille un odieux gaspillage, sous prétexte de gisements inconnus, réserve de l’avenir. On extermine la baleine, ressource puissante, qui va disparaître, perdue pour nos descendants. Le présent saccage et détruit au hasard, pour ses besoins ou ses caprices ». Dans un autre passage du même texte, après une référence à l’anéantissement des peuplades dites « sauvages » par l’irruption de la civilisation européenne, il écrit : « Depuis bientôt quatre siècles, notre détestable race détruit sans pitié tout ce qu’elle rencontre, hommes, animaux, végétaux, minéraux. La baleine va s’éteindre, anéantie par une poursuite aveugle. Les forêts de quinquina tombent l’une après l’autre. La hache abat, personne ne replante. On se soucie peu que l’avenir ait la fièvre ».] NdT (le livre en question: Auguste Blanqui, La Critique Sociale) 


 « L’humanité », écrit Blanqui, « n’est jamais stationnaire. Elle avance ou recule. Sa marche progressive la conduit à l’égalité. Sa marche rétrograde remonte, par tous les degrés du privilège, jusqu’à l’esclavage personnel, dernier mot du droit de la propriété ». De plus, écrit-il, « Je ne suis pas de ceux qui prétendent que le progrès va de soi, que l’humanité ne peut pas reculer ». 


Blanqui avait compris que l’histoire connaissait de longues périodes de stérilité culturelle et de répression brutale. La chute de l’empire romain, par exemple, laissa place à la misère, à travers l’Europe, au cours de l’Age des Ténèbres, entre le VIe et le XIIIe siècle, grossièrement. Il y eut une perte des connaissances techniques (la construction et la maintenance des aqueducs en est un exemple frappant), et un appauvrissement culturel et intellectuel qui entraîna une vaste amnésie historique, effaçant les grands penseurs et les artistes de l’Antiquité. Rien de tout cela ne fut retrouvé avant le XIVe siècle, lorsque l’Europe vit l’avènement de la Renaissance, un développement en grande partie rendu possible par la prospérité de l’Islam, qui, à travers les traductions d’Aristote et d’autres accomplissements intellectuels, en arabe, avait maintenu en vie la connaissance et la sagesse du passé. L’Age des Ténèbres fut marqué par le règne de l’arbitraire, par des guerres incessantes, par l’insécurité, le désordre et la terreur. Et je ne vois rien qui puisse empêcher l’avènement d’un nouvel Age des Ténèbres, si nous n’abolissons pas l’état-entreprise. En effet, plus l’état-entreprise continue à régner, plus un nouvel Age des Ténèbres devient probable. Placer sa confiance en une force mythique appelée progrès pour nous sauver c’est se montrer passif face au pouvoir corporatiste. Seul le peuple peut s’opposer à ces forces. Le destin et l’histoire ne nous garantissent pas la victoire. 


Blanqui a fait l’expérience de revers historiques tragiques. Il a pris part à une série de révoltes françaises, dont une insurrection armée en mai 1839, le soulèvement de 1848 et la Commune de Paris — un soulèvement socialiste qui a pris le contrôle de la capitale française du 18 mars au 28 mai 1871. Les ouvriers, dans des villes comme Marseille et Lyon, ont essayé d’organiser des communes similaires, avant que celle de Paris ne soit militairement écrasée, mais n’y sont pas parvenus. 


L’histoire maladroite de la race humaine se voit toujours rationalisée par les élites au pouvoir et leurs courtisans dans la presse et dans le milieu universitaire, qui lui donnent une signification et une cohérence qu’elle ne possède pas. Ils ont besoin de fabriquer des mythes nationaux afin de masquer l’avarice, la violence et la stupidité qui caractérisent la marche de la plupart des sociétés humaines. En ce qui concerne les États-Unis, le refus de s’attaquer à la crise du changement climatique et nos guerres coûteuses et incessantes au Moyen-Orient ne sont que deux exemples de la folie qui nous précipite vers la catastrophe. 


Sagesse n’est pas connaissance. La connaissance relève du particulier et du concret. La connaissance est le domaine de la science et de la technologie. La sagesse relève de la transcendance. La sagesse nous permet de voir et d’accepter la réalité, peu importe son âpreté. Ce n’est qu’à travers la sagesse que nous sommes capables de faire face au désordre et à l’absurdité de la vie. La sagesse relève du détachement. Une fois la sagesse atteinte, l’idée de progrès moral est oblitérée. La sagesse, à travers les âges, est une constante. Shakespeare surpassait-t-il Sophocle? Homère est-il inférieur à Dante? Le livre d’Ecclésiaste ne possède-t-il pas les mêmes puissants pouvoirs d’observation sur la vie que ce que Samuel Beckett nous offre? Les systèmes de pouvoir craignent, et cherchent à réduire au silence, ceux qui atteignent la sagesse. C’est là l’objet de la guerre que mènent les forces capitalistes contre l’art et les sciences humaines. La sagesse, parce qu’elle parvient à voir à travers le voile d’illusions, est une menace pour le pouvoir. Elle expose les mensonges et les idéologies que le pouvoir utilise pour maintenir ses privilèges et son idéologie pervertie du progrès. 


La connaissance ne mène pas à la sagesse. La connaissance est le plus souvent un outil de répression. La connaissance, à travers la sélection minutieuse et la manipulation de faits, donne une fausse unité à la réalité. Elle crée une mémoire collective et une histoire fictives. Elle fabrique les concepts abstraits d’honneur, de gloire, d’héroïsme, de devoir et de destin qui renforcent le pouvoir de l’État, nourrissent la maladie du nationalisme et engendrent une obéissance aveugle au nom du patriotisme. Elle permet à l’être humain d’expliquer les avancées et les revers en matière de moralité et d’accomplissement humains, ainsi que les processus de naissance et de décomposition dans le monde naturel, comme faisant partie d’un vaste mouvement vers l’avant, dans le temps. L’enthousiasme collectif pour les histoires nationales et personnelles fabriquées, qui est une forme d’arrogance, masque la réalité. Les mythes que nous créons, qui favorisent un espoir fictif et un faux sentiment de supériorité, sont des célébrations de nous-mêmes. Ce sont des simulacres de sagesse. Et ils nous maintiennent passifs. 


La sagesse nous relie à des forces qui ne peuvent être mesurées empiriquement, et qui ne se confinent pas au monde rationnel. Être sage c’est rendre hommage à la beauté, à la vérité, à l’affliction, à la brièveté de la vie, à notre propre mortalité, à l’amour, à l’absurdité et au mystère de l’existence. C’est, pour faire court, honorer le sacré. Ceux qui restent prisonniers des dogmes perpétués par la technologie et la connaissance, qui croient en l’inéluctabilité du progrès humain, sont des idiots savants. 


« La conscience de soi est autant un handicap qu’un pouvoir », écrit le philosophe John Gray. « Le plus accompli des pianistes n’est pas celui qui est le plus conscient de ses mouvements lorsqu’il joue. Le meilleur artisan peut ne pas savoir comment il travaille. Nous sommes bien souvent au summum de notre talent lorsque nous en sommes le moins conscient. C’est peut-être pour cela que de nombreuses cultures ont cherché à perturber ou à diminuer la conscience de soi. Au Japon, on apprend à des archers qu’ils n’atteindront la cible que lorsqu’ils ne penseront plus à elle — ou à eux-mêmes ». 


Artistes et philosophes, qui exposent les imprévisibles courants sous-jacents du subconscient, nous permettent d’affronter une vérité brute. Les œuvres d’art et de philosophie, façonnées par les méandres intuitifs et désarticulés de la psyché humaine transcendent ceux laborieusement construits par l’esprit conscient. Le potentiel libératoire des souvenirs viscéraux ne nous parvient pas à travers l’intellect. Ces souvenirs sont imperméables au contrôle rationnel. Et eux seuls mènent à la sagesse. 


Les puissants ont toujours manipulé la réalité et créé des idéologies définies comme progrès pour justifier les systèmes d’exploitation. C’est ce qu’ont fait les autorités monarchiques et religieuses au Moyen Âge. Et c’est aujourd’hui le fait des grands prêtres de la modernité — les technocrates, les universitaires, les scientifiques, les politiciens, les journalistes et les économistes. Ils déforment la réalité. Ils nourrissent le mythe de l’inéluctabilité préétablie et de la rationalité pure. Mais une telle connaissance — qui domine nos universités — est une anti-pensée. Elle exclut toute alternative. Elle sert à mettre fin à la discussion. Elle est conçue pour donner aux forces de la science, ou au libre marché, ou à la mondialisation, un vernis de discours rationnel, afin de nous persuader de placer notre foi en ces forces et de leur confier notre destin. Ces forces, nous assurent les experts, sont aussi inaltérables que la nature. Elles nous permettront d’aller de l’avant. Les remettre en question est hérésie. 


L’écrivain autrichien Stefan Zweig décrit, dans sa nouvelle de 1942 intitulée « le joueur d’échecs », les obscures spécialisations qui ont créé les technocrates, incapables de remettre en question les systèmes qu’ils servent, ainsi que la société qui les révère sottement. Mirko Czentovic, le champion du monde d’échecs, représente le technocrate. Son énergie mentale est uniquement investie dans les 64 cases d’un plateau d’échecs. En dehors du jeu, c’est un idiot, un monomaniaque comme les autres, qui « se bâtissent, tels des termites, et avec leur matériau particulier, un univers en miniature, singulier et parfaitement unique ». Et lorsque Czentovic « flaire un homme instruit, il rentre dans sa coquille ; ainsi personne ne peut se vanter de l’avoir entendu dire une sottise ou d’avoir mesuré l’étendue de son ignorance, que l’on dit universelle ».


Un avocat autrichien, appelé Dr. B, que la Gestapo avait retenu pendant de nombreux mois en confinement solitaire, défie Czentovic à une partie d’échecs. Durant son confinement, le seul support de lecture de l’avocat était un manuel d’échecs, qu’il a mémorisé. Il reconstituait des parties dans sa tête. Forcé de répliquer l’unique obsession du technocrate Czentovic, du fait de sa captivité, le Dr. B fut lui aussi piégé dans un monde spécialisé, et, contrairement à Czentovic, il devenait temporairement dément lorsqu’il se concentrait sur une petite partie spécialisée de l’activité humaine. Lorsqu’il défia le champion d’échecs, sa démence reparu. 


Zweig, qui portait le deuil de la vaste culture libérale de l’Europe instruite, avalée par le fascisme et la bureaucratie moderne, nous avertissait de l’absurdité et du danger d’une planète dirigée par des technocrates. Pour lui, la montée de l’Age Industriel et de l’homme et de la femme industriels est une terrifiante métamorphose dans la relation des êtres humains avec le monde. En tant que spécialistes et bureaucrates, les êtres humains deviennent des outils, capables de faire fonctionner plus efficacement les systèmes d’exploitation et même la terreur, sans le moindre sentiment de responsabilité personnelle ou de compréhension. Ils se retirent dans le langage obscur de tous les spécialistes, afin de dissimuler ce qu’ils font et de donner à leur travail un vernis clinique et aseptisé. 


C’est le thème central d’Hannah Arendt dans « Eichmann à Jérusalem ». Les êtres humains technocratiques sont spirituellement morts. Ils sont capables de tout, peu importe l’atrocité, parce qu’ils ne réfléchissent pas à la finalité, ou ne la remettent pas en question. « Plus on l’écoutait », écrit Arendt au sujet du nazi Adolf Eichmann lors de son procès, « plus on se rendait à l’évidence que son incapacité à s’exprimer était étroitement liée à son incapacité à penser, à penser notamment du point de vue d’autrui. Il était impossible de communiquer avec lui, non parce qu’il mentait, mais parce qu’il s’entourait de mécanismes de défense extrêmement efficaces contre les mots d’autrui, la présence d’autrui et, partant, contre la réalité même ». 


Zweig, horrifié par un monde dirigé par des technocrates, s’est suicidé avec sa femme en 1942. Il savait qu’à partir de ce moment-là, les Czentovics seraient exaltés au service des monstruosités étatiques et corporatistes. 


La résistance, comme le souligne Alexander Berkman, est avant tout l’apprentissage d’un langage différent, et l’abandon du vocabulaire des technocrates « rationnels » qui nous dirigent. Dès lors que nous découvrons de nouveaux mots et idées à travers lesquels percevoir et expliquer la réalité, nous nous libérons du capitalisme néolibéral, qui fonctionne, et Walter Benjamin le savait, comme une religion d’État. La résistance se fera hors des limites de la culture populaire et académique, où le poids mortifère de l’idéologie dominante entrave la créativité et la pensée indépendante. 


Alors que le capitalisme mondial se désintègre, l’hérésie que craignent nos maîtres corporatistes gagne du terrain. Mais cette hérésie ne sera pas efficace avant d’être séparée de cette manie d’espérer, qui est une partie essentielle de l’endoctrinement corporatiste. Le positivisme ridicule, la croyance selon laquelle nous nous dirigerions vers quelque glorieux futur, va à l’encontre de la réalité. L’espoir, en ce sens, est une forme d’impuissance. 

 

Il n’y a rien d’inévitable dans l’existence humaine, sauf la vie et la mort. Aucune force, divine ou technique, ne nous garantit un avenir meilleur. Lorsque nous abandonnerons les faux espoirs, lorsque nous verrons la nature humaine et l’histoire pour ce qu’elles sont, lorsque nous accepterons que le progrès n‘est pas préétabli, alors nous pourrons agir avec toute l’urgence et toute la passion nécessaires pour appréhender les sombres perspectives qui se profilent à l’horizon. 

 

Chris Hedges


6. «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres» (Antonio Gramsci)


Le joug idéologique et physique de la puissance impériale états-unienne, soutenu par l’idéologie utopique du néolibéralisme et du capitalisme mondialisé, se désagrège. Beaucoup, dont nombre de ceux évoluant au cœur de l’empire états-unien, reconnaissent que chaque promesse faite par les partisans du néolibéralisme est un mensonge. La richesse mondiale, au lieu d’être équitablement répartie comme l’ont promis les partisans du néolibéralisme, a été siphonnée entre les mains d’une élite oligarchique vorace, entraînant ainsi d’immenses inégalités économiques. Les travailleurs pauvres dont les syndicats et les droits ont été éliminés et dont les salaires stagnent ou baissent depuis 40 ans, ont été condamnés à la pauvreté chronique et au chômage, transformant leur vie en une crise interminable, source d’un stress permanent. La classe moyenne s’évapore. Des villes qui produisaient et offraient autrefois des emplois en usine se changent en villes fantômes. Les prisons sont surpeuplées. Les corporations ont orchestré la destruction des barrières commerciales, engrangeant ainsi plus de 2.1 milliards de dollars en profits dans des banques offshores pour éviter de payer des taxes. Et l’ordre néolibéral, malgré sa promesse de construire et de répandre la démocratie, a éviscéré les systèmes démocratiques, les transformant en Léviathans corporatistes. 


La démocratie, particulièrement aux États-Unis, est une farce, vomissant des démagogues d’extrême-droite comme Donald Trump, qui pourrait devenir le candidat républicain à la présidentielle, et peut-être même le président, ou d’insidieux et malhonnêtes larbins corporatistes comme Hillary Clinton, Barack Obama, et, s’il tient sa promesse de soutien au candidat démocrate, Bernie Sanders. Les étiquettes libéral et conservateur sont dépourvues de sens dans l’ordre néolibéral. Les élites politiques, républicaines ou démocrates, servent les intérêts des corporations et de l’empire. Elles sont des facilitatrices, tout comme la majorité des médias et des universitaires, de ce que le philosophe politique Sheldon Wolin appelle notre système de «totalitarisme inversé». 

 

En période de crise nationale et d’indignation publique, d’étranges et dangereux candidats émergent souvent. Ci-dessus, Donald Trump (à gauche), à droite, un épi de maïs (toute ressemblance est purement fortuite). 


L’attraction exercée par Trump, comme celle de Radovan Karadzic, ou de Slobodan Milosevic, lors de l’éclatement de la Yougoslavie, s’explique par sa bouffonnerie, qui s’avère dangereuse, moquant la faillite totale de la charade politique. Elle expose la dissimulation, l’hypocrisie, la corruption légalisée. Nous percevons, à travers cela, une insidieuse — et pour beaucoup, rafraîchissante — honnêteté. Les nazis utilisèrent cette tactique pour prendre le pouvoir lors de la république de Weimar. Les nazis, même aux yeux de leurs opposants, avaient le courage de leurs convictions, quelle qu’ait pu être l’immondice de ces convictions. Ceux qui croient en quelque chose, aussi répugnante soit elle, se voient souvent respectés à contrecœur. 


Ces forces néolibérales détruisent également rapidement les écosystèmes. La Terre n’a pas connu de perturbation climatique de cette envergure depuis 250 millions d’années et l’extinction permienne, qui a annihilé jusqu’à 90% de toutes les espèces. Un pourcentage que nous semblons déterminés à subir. Les changements climatiques sont inarrêtables, avec la fonte rapide de la calotte du Pôle Nord et des glaciers de l'hémisphère nord, le niveau des mers s’élèvera certainement les prochaines décennies, compromettant nombre de villes côtières majeures. Les méga-sécheresses laissent d’immenses parcelles de la Terre, dont des parties de l’Afrique et de l’Australie, la côte Ouest des USA et du Canada, le Sud-Ouest des USA, arides et en proie à d’incontrôlables feux de forêts. Nous avons perdu 7.2 millions d’acres à cause des nombreux incendies qui ont ravagé le pays cette année et les services forestiers ont d’ores et déjà dépensé 800 millions de dollars dans leurs luttes contre les incendies en Californie, à Washington, en Alaska et dans d’autres États. Le mot même de sécheresse fait partie de la supercherie, sous-entendant que tout cela est en quelque sorte réversible. Ça ne l’est pas. 


Des migrants fuyant la violence et la famine régnant dans des pays comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, et l’Érythrée, affluent en Europe. Deux cents mille migrants, sur les 300 000 ayant rejoint l’Europe cette année, ont atterri sur les côtes grecques. Deux mille cinq cents sont morts depuis le début de l’année en mer, sur des bateaux surpeuplés et délabrés ou à l’arrière de camions comme celui que l’on a découvert la semaine dernière en Autriche, qui contenait 71 corps, dont des enfants. C’est le plus important flux de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, une augmentation de 40 % depuis l’an dernier. Et le flot ne fera que croître. D’ici 2050, selon nombre de scientifiques, entre 50 et 200 millions de réfugiés climatiques auront fui vers le Nord, pour échapper aux zones rendues invivables par les températures croissantes, les sécheresses, les famines, les maladies, les inondations côtières et le chaos des États en faillite. 


La désintégration physique, environnementale, sociale et politique s’exprime également à travers une poussée de violence nihiliste motivée par la rage. Des tireurs fous commettent des massacres dans des centres commerciaux, dans des cinémas, des églises et des écoles aux États-Unis; Boko Haram et le groupe État islamique, ou ISIS, sont en pleine frénésie meurtrière. Des attentats suicides sont méthodiquement perpétrés et entraînent des chaos meurtriers en Irak, en Afghanistan, en Arabie saoudite, en Syrie, au Yémen, en Algérie, en Israël et dans les territoires palestiniens, en Iran, en Tunisie, au Liban, au Maroc, en Turquie, en Mauritanie, en Indonésie, au Sri Lanka, en Chine, au Nigeria, en Russie, en Inde et au Pakistan. Ils ont frappé les États-Unis le 11 septembre 2001 et en 2010 lorsque Andrew Joseph Stack III a détourné un petit avion dans un bâtiment d’Austin, au Texas, qui abritait des agents du fisc. Le fanatisme est alimenté par la détresse et le désespoir. Ce n’est pas le produit de la religion, bien que la religion devienne souvent le vernis sacré de la violence. Plus les gens seront désespérés, plus cette violence nihiliste se propagera. 


«Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres», écrivait le théoricien Antonio Gramsci. 


Ces monstres continueront à se propager jusqu’à ce que l’on reconfigure radicalement nos relations entre nous et nos relations avec les écosystèmes. Mais rien ne garantit qu’une telle reconfiguration soit possible, particulièrement si les élites parviennent à s’accrocher au pouvoir à l’aide de leur appareil de surveillance et de sécurité mondial, omniprésent, et de l’importante militarisation de leurs forces de police. Si nous ne renversons pas le système néolibéral, et ce, rapidement, nous libérerons un cauchemar hobbesien de violence étatique croissante et de contre-violence. Les masses pauvres seront condamnées à la misère et à la mort. Certains tenteront de résister violemment. Une petite élite, vivant dans une version moderne de Versailles ou de la cité interdite, aura accès à des commodités refusées à tous les autres. La haine deviendra l’idéologie dominante. 


L’attrait exercé par le groupe État islamique, qui compte plus de 30 000 combattants étrangers, s’explique en ce qu’il exprime la rage ressentie par les dépossédés de la Terre et en ce qu’il s’est libéré des entraves de la domination occidentale. Il défie la tentative néolibérale de transformation de l’opprimé en déchet humain. Vous pouvez condamner sa vision médiévale d’un État musulman et ses campagnes de terreur contre les chiites, les yazidis, les chrétiens, les femmes et les homosexuels — ce que je fais —, mais l’angoisse qui inspire toute cette sauvagerie est authentique ; vous pouvez condamner le racisme des suprématistes blancs qui se rallient à Trump — ce que je fais —, mais ils ne font eux aussi qu’obéir à leur propre frustration et désespoir. L’ordre néolibéral, en transformant les gens en main d’œuvre superflue et par extension en êtres humains superflus, est responsable de cette colère. Le seul espoir restant réside en une réintégration des dépossédés dans l’économie mondiale, afin de leur donner un sentiment d’opportunité et d’espoir, de leur donner un futur. Sans cela, rien n’endiguera le fanatisme. 


État islamique, à l’instar des chrétiens de droite aux États-Unis, vise un retour vers une pureté inatteignable, un utopisme, un paradis sur terre. Il promet d’établir une version du califat du VIIe siècle. Les sionistes du XXe siècle, en cherchant à former l’État d’Israël, ont utilisé la même stratégie en appelant à la re-création de la nation juive mythique de la Bible. ISIS, à l’instar des combattants juifs ayant fondé Israël, cherche à construire son État (maintenant de la taille du Texas) à travers la purification ethnique, le terrorisme et l’utilisation de combattants étrangers. Sa cause utopique, tout comme la cause républicaine de la guerre civile espagnole, attire des dizaines de millions de jeunes, en majorité des jeunes musulmans rejetés par l’ordre néolibéral. État islamique offre une vision recomposée d’une société brisée. Il offre un lieu et un sentiment d’identité — ce que n’offre pas le néolibéralisme — à ceux qui embrassent cette vision. Il appelle à se détourner du culte mortifère du moi qui est au cœur de l’idéologie néolibérale. Il met en avant le caractère sacré du sacrifice personnel. Et il ouvre une voie à la vengeance. 


Jusqu’à ce que nous démantelions l’ordre néolibéral, afin de recouvrer la tradition humaniste rejetant la perception des êtres humains et de la Terre comme marchandises à exploiter, notre forme de barbarie industrielle et économique affrontera la barbarie de ceux qui s’y opposent. Le seul choix qu’offre la société bourgeoise, comme le savait Friedrich Engels, est le socialisme ou la régression vers la barbarie. Il est temps de faire un choix. 


Nous ne sommes pas, aux États-Unis, moralement supérieurs à État islamique. Nous sommes responsables de la mort de plus d’un million d’Irakiens et de la migration forcée de plus de 4 millions d’autres. Nous tuons en plus grand nombre. Nous tuons avec encore moins de discernement. Nos drones, nos avions de combat, notre artillerie lourde, nos bombardements navals, nos mitrailleuses, nos missiles et nos forces prétendument spéciales — des escadrons de la mort dirigés par l’État — ont décapité bien plus de gens, enfants inclus, que État islamique. Lorsque État islamique a brûlé vif un pilote jordanien dans une cage, cela faisait écho aux agissements quotidiens des États-Unis, lorsqu’ils incinèrent des familles dans leurs maisons, avec les frappes aériennes. Cela faisait écho à ce que font les avions de combats israéliens à Gaza. Oui, ce que État islamique a fait était plus brutal. Mais moralement ça n’était pas différent. 


J’ai un jour demandé au co-fondateur du groupe militant Hamas, le Dr Abdel Aziz al-Rantisi, pourquoi le Hamas cautionnait les attentats suicides, qui entraînaient la mort de civils et d’enfants israéliens, alors que les Palestiniens dominaient du point de vue de la morale, en tant que peuple occupé. «Nous arrêterons de tuer leurs enfants et leurs civils dès qu’ils arrêteront de tuer nos enfants et nos civils», m’a-t-il répondu. Il soulignait que le nombre d’enfants israéliens qui avaient été tués s’élevait à ce moment-là à deux douzaines, tandis que les pertes palestiniennes s’élevaient à plusieurs centaines d’enfants. Depuis 2000, 133 Israéliens et 2061 enfants palestiniens ont perdu la vie. L’attentat suicide est un acte de désespoir. C’est, à l’instar des bombardements incessants de Gaza par Israël, un crime de guerre. Mais lorsqu’on le considère comme la réponse à une terreur étatique incontrôlée, il est compréhensible. Le Dr Rantisi a été assassiné en avril 2004 par Israël qui fit tirer sur sa voiture à Gaza un missile Hellfire depuis un hélicoptère Apache. Son fils Mohammed, qui était dans le véhicule avec lui, a aussi été tué dans l’attentat. La spirale de violence qui en résulte, plus d’une décennie après ces meurtres, perdure encore. 


Ceux qui s’opposent à nous offrent une vision d’un monde nouveau. Nous n’offrons rien en retour. Ils offrent un contrepoids au mensonge néolibéral. Ils parlent pour ses victimes, prisonnières de bidonvilles sordides au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. Ils condamnent l’hédonisme grotesque, la société du spectacle, le rejet du sacré, la consommation débridée, la richesse personnelle en tant que fondement principal du respect et de l’autorité, la célébration aveugle de la technocratie, la réification sexuelle — y compris une culture dominée par la pornographie — et la léthargie (largement appuyée par l’abondance des médicaments) utilisée par tous les régimes agonisants, pour détourner l’attention des masses et leur confisquer le pouvoir. De nombreux djihadistes, avant de devenir de violents fondamentalistes, ont été victimes de ces forces. Il y a des centaines de millions de gens comme eux, qui ont été trahis par l’ordre néolibéral. Une véritable poudrière, et nous ne leur offrons rien. 


«Quand sa rage éclate, il retrouve sa transparence perdue, il se connaît dans la mesure même où il se fait ; de loin nous tenons sa guerre comme le triomphe de la barbarie, a écrit Frantz Fanon dans Les Damnés de la Terre, mais elle procède par elle-même à l’émancipation progressive du combattant, elle liquide en lui et hors de lui, progressivement, les ténèbres coloniales. Dès qu’elle commence, elle est sans merci. Il faut rester terrifié ou devenir terrible ; cela veut dire : s’abandonner aux dissociations d’une vie truquée ou conquérir l’unité natale. Quand les paysans touchent des fusils, les vieux mythes pâlissent, les interdits sont un à un renversés : l’arme d’un combattant, c’est son humanité. Car, au premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre.» 


Ceux au pouvoir apprennent-ils l’histoire? Ou peut-être est-ce ce qu’ils veulent. Une fois que les Damnés de la Terre se changeront en État islamique, ou adopteront la contre-violence, l’ordre néolibéral pourra supprimer les dernières entraves qui le retenaient et commencer à tuer en toute impunité. Les idéologues néolibéraux, après tout, sont eux aussi des fanatiques utopistes. Et eux aussi ne savent s’exprimer qu’à travers le langage de la force. Ils sont notre version de État islamique. 


Le monde binaire que les néolibéraux ont créé — un monde de maîtres et de serfs, un monde où les damnés de la terre sont diabolisés et soumis par une perte de liberté, par l’austérité et la violence, un monde où seuls les puissants et les riches ont des privilèges et des droits — nous condamnera et nous entraînera vers une dystopie effrayante. La révolte émergente, mal définie, paraissant éparse, surgit des entrailles de la terre. Nous apercevons ses éclairs et ses tremblements. Nous voyons son idéologie pétrie de rage et d’angoisse. Nous percevons son utopisme et ses cadavres. Plus l’ordre néolibéral engendre de désespoir et de détresse, que ce soit à Athènes, à Bagdad ou à Ferguson, plus les forces de répression étatique sont utilisées pour étouffer l’agitation et extraire les dernières gouttes de sang des économies exsangues, plus la violence deviendra le principal langage de la résistance. 


Ceux d’entre nous qui cherchent à créer un monde un tant soit peu viable disposent de peu de temps. L’ordre néolibéral, pillant la Terre et asservissant les vulnérables, doit être anéanti. Cela n’arrivera que si nous le confrontons en opposition directe, en étant prêts à entreprendre des actes de sacrifices personnels et de révolte prolongée qui nous permettent de faire obstruction et de démanteler tous les aspects de la machinerie néolibérale. Je crois que l’on peut accomplir cela à travers la non-violence. Mais je ne peux nier l’émergence inéluctable de la contre-violence, provoquée par la myopie et l’avarice des mandarins néolibéraux. La paix et l’harmonie n’embraseront peut-être pas la Terre entière si nous y parvenons, mais si nous ne destituons pas les élites dominantes, si nous ne renversons pas l’ordre néolibéral, et si nous ne le faisons pas rapidement, nous sommes perdus. 


Chris Hedges 

Source reseauinternational 

Article original publié en anglais sur le site de truthdig.com
Traduit par Nicolas Casaux, édité et révisé par Héléna Delaunay pour Le Partage
Vu ici 



7. La victoire des non-humains


«...Essayez d'imaginer ce qui est arrivé à l'Amérique pour que des professeurs de droit de Harvard et Berkeley créent des justifications légales à la torture et à l'assassinat extra-judiciaire, et que les présidents américains se livrent à ces crimes odieux. Il est clair que l'Amérique est exceptionnelle dans son immoralité, son manque de compassion humaine, son mépris de la loi et de son document fondateur... Barron, Bybee, Yoo, et Bradford sont membres d'une nouvelle espèce : les non-humains fécondés par le ventre immonde de l'environnement toxique américain fait d'arrogance, d'orgueil, et de paranoïa.»
Paul Craig Roberts

La descente de l’Amérique dans la violence totalitaire s’accélère. Comme le régime de Bush, le régime Obama a un penchant pour récompenser les fonctionnaires du Département de la Justice(sic) qui piétinent partout autour d’eux la Constitution américaine. L’année dernière, le premier président noir des États-Unis a nommé David Barron au poste de juge à la Première cour d’appel du circuit de Boston US. 

Barron est responsable du mémo du Département de la Justice(sic) qui a donné l’aval juridique à Obama pour assassiner un citoyen américain avec un missile tiré depuis un drone. L’exécution a eu lieu sans accusations présentées à un tribunal, sans procès ni condamnation. La cible était un homme religieux dont les sermons ont été considérés comme paranoïaques par le régime d’Obama car ils auraient encouragé le djihadisme. Apparemment, il n’est jamais venu à l’idée d’Obama ou du Département de la Justice(sic) que l’assassinat et le déplacement de millions de musulmans dans sept pays, par Washington, était tout à fait suffisant pour encourager le djihadisme.[c'est moi qui souligne] Les sermons étaient redondants et devraient susciter peu indignation, autre que morale, après des années d’assassinats en masse par Washington dans la poursuite de son hégémonie au Moyen-Orient. 

La confirmation de Barron a heurté certains républicains, certains démocrates, et l’Union américaine des libertés civiles, mais le Sénat américain a confirmé Barron par un vote de 53-45 en mai 2014. Pensez seulement à cela, vous pourriez être jugé, dans l’Amérique de la liberté et de la démocratie, par un monstre qui a légalisé l’assassinat extra-judiciaire. 

En attendant sa récompense, Barron avait un poste à la faculté de la Harvard Law School, qui vous dit tout ce que vous devez savoir sur les écoles de droit. Sa femme s’est présentée pour être gouverneur du Massachusetts [mais pas élue, NdT]. Les élites sont occupées à plein temps pour remplacer la loi par leur pouvoir. 

L’Amérique a maintenant un juge de cour d’appel, qui sera sans aucun doute bien soigné pour atteindre la Cour suprême, et qui a créé le précédent en droit américain que, malgré la Constitution, des citoyens américains peuvent être exécutés sans procès. 

Les facultés de droit ont-elle objecté? Pas David Cole, professeur de droit à l’université de Georgetown, qui a approuvé avec enthousiasme le nouveau principe juridique de l’exécution sans procès. Le professeur Cole s’est lui-même mis sur la liste du Département de la Justice(sic) pour les possibles nominations judiciaires fédérales en déclarant son soutien à Barron, qu’il a décrit comme «réfléchi, attentionné, ouvert d’esprit, et brillant». 

Une fois qu’un pays plonge dans le mal, il n’en ressort pas. Le précédent pour la nomination de Barron par Obama a été la nomination, par George W. Bush, de Jay Bybee Scott à la Cour d’appel des États-Unis pour le neuvième circuit. Bybee était le collègue de John Yoo au Département de la Justice(sic), celui qui a co-rédigé les notes de service légales justifiant la torture, malgré la loi statutaire fédérale américaine et le droit international qui interdisent la torture. Tout le monde savait que la torture était illégale, y compris ceux qui la pratiquent, mais ces deux monstres ont fourni un passeport juridique aux praticiens de la torture. Même Pinochet au Chili n’est pas allé aussi loin. 

Bybee et Yoo se sont débarrassés de la torture en l’appelant techniques d’interrogatoire améliorées. Comme le rapporte Wikipedia, ces techniques sont considérés comme des actes de torture par Amnesty International, Human Rights Watch, les experts médicaux qui traitent les victimes de la torture, des responsables du renseignement, les alliés de l’Amérique, et même par le Département de la Justice (sic). 

D’autres se sont opposés au passeport délivré à la torture par Bybee et Yoo. Il y avait le Secrétaire d’État Colin Powell, l’avocat général de l’US Navy Alberto Mora, et même Philip Zelikow, qui a orchestré, pour le régime de Bush, la dissimulation des événements du 9/11 par la Commission d’enquête. 

Après cinq années d’atermoiements, le Bureau de la responsabilité professionnelle au ministère de la Justice(sic) a conclu que Bybee et John Yoo son adjoint ont commis une «faute professionnelle» en fournissant des conseils juridiques qui étaient en violation avec les lois internationales et fédérales et il a recommandé que Bybee et Yoo soient renvoyés devant les barreaux des États où ils exercent pour des mesures disciplinaires et une possible radiation. 

Mais Bybee et Yoo ont été sauvés par un juge(sic) complaisant du Département de la Justice(sic), David Margolis, qui a conclu que Bybee et Yoo avaient fait preuve d’un mauvais jugement, mais n’avaient pas fourni des conseils juridiques à tort. 

Donc, aujourd’hui, au lieu d’être radié, Bybee est bien installé dans un tribunal fédéral juste en dessous de la Cour suprême. John Yoo enseigne le droit constitutionnel à l’Université de Californie, Berkeley, Faculté de droit, Boalt Hall. 

Essayez d’imaginer ce qui est arrivé à l’Amérique quand des professeurs de droit de Harvard et Berkeley créent des justifications légales pour la torture et l’assassinat extra-judiciaire, et quand les présidents américains se livrent à ces crimes odieux. Il est clair que l’Amérique est exceptionnelle dans son immoralité, son manque de compassion humaine, son mépris de la loi et de son document fondateur. 

Hitler et Staline seraient étonnés de la facilité avec laquelle le totalitarisme s’est installé dans les institutions américaines. Maintenant, nous avons un professeur de droit à West Point qui donne les justifications militaires pour le meurtre des universitaires et des journalistes américains qui critiquent la guerre contre le terrorisme et l’État policier, et qui sont présentés comme une cinquième colonne. C’est aussi là. Quant à l’article du professeur, il est là. 

William C. Bradford, ce professeur qui enseigne à nos futurs officiers militaires qu’ils doivent considérer les Américains moraux comme des menaces à la sécurité nationale, accuse le journaliste Walter Cronkite d’être responsable de la déroute lors de l’offensive du Têt, pendant la guerre du Vietnam, en présentant celle-ci comme une défaite américaine. Têt était une défaite américaine en ce sens que l’offensive a prouvé que l’ennemi vaincu était capable d’une offensive massive contre les forces américaines. L’offensive a réussi dans le sens où elle a démontré aux Américains que la guerre était loin d’être terminée. L’implication de l’argument de Bradford est que le journaliste aurait du être tué pour ses émissions qui ont ajouté aux doutes sur le succès américain. 

Le professeur affirme avoir une liste de 40 personnes, disant la vérité, qui doivent être exterminées, sinon notre pays est perdu. Ici, nous avons la pleine confession que la politique de Washington ne peut pas survivre au dévoilement de la vérité. 

Je ne suis au courant d’aucune information disant que le professeur a été censuré ou congédié pour son manque de respect envers le droit à la liberté d’expression protégé par la Constitution. Cependant, j’ai vu des rapports de professeurs détruits parce qu’ils ont critiqué les crimes de guerre d’Israël, ou utilisé un mot ou un terme interdit par la rectitude politique, ou avaient insuffisamment apprécié les privilèges des minorités protégées. 

Tout ce que cela nous dit est simplement que la moralité est détournée en agenda égoïste tandis que le mal accable la moralité de la société. 

Bienvenue dans l’Amérique d’aujourd’hui. C’est un pays où les faits sont réinterprétés comme de la propagande ennemie, un pays dans lequel les dénonciateurs légalement protégés sont redéfinis comme une cinquième colonne ou comme agents étrangers destinés à l’extermination, un pays qui est à l’abri de la critique où tous les crimes sont imputés à ceux que Washington a l’intention de contrôler. 

Barron, Bybee, Yoo, et Bradford sont membres d’une nouvelle espèce : les non-humains fécondés par le ventre immonde de l’environnement toxique américain fait d’arrogance, d’orgueil, et de paranoïa. 

Paul Craig Roberts

Source counterpunch : http://lesakerfrancophone.net/le-retour-et-la-victoire-des-non-humains/

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone


Vu ici

8. Crise des migrants: qui sont les responsables?

Auteur : Alexandre Latsa


Source : http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150909/1018073345.html


La crise des migrants a pris une tournure encore plus catastrophique ces derniers jours, avec l’augmentation continue du nombre de réfugiés qui déferlent, il n’y a pas d’autres mots, sur le continent européen.


Ce ne sont désormais plus simplement la Grèce et l'Italie qui en sont victimes, mais tous les pays d'Europe de l'est qui bordent l'espace Schengen et ne sont nullement en mesure de défendre leurs frontières, comme on a pu le voir avec la Serbie, la Hongrie ou encore la Macédoine. Pire, les migrants syriens arrivent maintenant à rejoindre l'Europe via l'Arctique en traversant de la frontière russe vers la frontière norvégienne, soit à plus de 4.000 kilomètres de Damas. 



Alors que certains Etats comme la Slovaquie ne souhaitent accueillir que des migrants chrétiens ou que la Hongrie se dépêche d'exécuter les souhaits de ces derniers, à savoir rejoindre majoritairement la France ou l'Allemagne, les chefs d'Etat François Hollande et Angela Merkel viennent de décider de l'établissement d'un mécanisme d'accueil obligatoire et contraignant tous les Etats européens à se repartir l'accueil des migrants, via donc l'établissement de quotas obligatoires d'immigrés.
Que se passera-t-il demain si ces flux triplent ou quadruplent? Va-t-on tripler ou quadrupler les quotas et les imposer aux peuples?

La responsabilité des médias


Le soutien tacite et attendu de la bienpensance de gauche à ces flux humains considérables se double de celui du Mainstream médiatique qui use de méthodes plus viles et sournoises que jamais.


L'AFP avait par exemple le 12 août dernier présenté les migrants à travers le prisme d'une touchante petite fille juste sortie d'un canot sur une petite plage de Grèce. Plus récemment c'est la photo d'un enfant kurde de trois ans, Aylan Kurdi, qui fait le tour du monde médiatique et celui des comptes Twitter de nombreux hommes politiques nationaux comme par exemple Manuel Valls.


On connait désormais l'entourloupe: non seulement cette famille ne fuyait pas la guerre, mais c'est aidés et mal conseillés par des proches au Canada qu'ils ont décidé de rejoindre clandestinement l'Europe car le père avait besoin de se refaire les dents.



Les Francais auraient apprécié que nos journalistes ne nous désinforment pas de manière quasi systématique sur le dossier syrien et nous montrent avec objectivité les massacres commis par les groupes terroristes syriens sur les populations civiles syriennes et notamment les nombreux enfants massacrés et ce depuis 2011. Des massacres commis avec l'aide indirecte de nos gouvernements qui se sont lancés dans une politique de soutien actif aux rebelles syriens, la France ayant dès 2011 livré des armes aux rebelles afin de faire chuter le régime d'Assad.
En Allemagne, les médias alignés soutiennent eux un projet impensable mais qui vient de voir le jour, sorte de AirBnb pour réfugiés visant à structurer l'accueil et le relogement des migrants clandestins. Ce sont les SDF et Allemands de souche défavorisés qui doivent être contents, ils ne bénéficient eux pas de ce type de services ni d'aucune solidarité 2.0. Dans certains autres pays d'Europe, des comités similaires voient du reste le jour visant à loger les migrants comme par exemple en Islande, en Grèce ou au Portugal.

Cette crise des migrants va sans aucun doute et très rapidement accentuer les ruptures au sein de l'Europe entre la majorité des citoyens qui subissent, la minorité activiste dont on peut se demander où sont ses intérêts et quelles sont ses motivations réelles, et la classe politique dont on voit bien qu'hormis en Hongrie, elle souhaite simplement contraindre les populations à accepter cette invraisemblable réalité.


La politique américaine dans la région à l'origine des malheurs de l'Europe?


Il faut en effet être clair sur ce sujet, les politiques menées tant par Nicolas Sarkozy en Libye que François Hollande en Syrie n'ont abouti qu'au pire, à savoir l'affaiblissement sans doute final de ces Etats, les transformant en zone de guerre permanente et donc en zone génératrice de flux migratoires fort vers le nord et l'Europe, avec l'aide pratique et logistique des réseaux sociaux. 

Il faut cependant remettre les politiques européennes dans le contexte de leur soumission géopolitique à Washington qui, en sous-traitant ses projets de reconfiguration du Moyen-Orient, s'évite d'en subir directement les conséquences les plus graves qui sont pour l'Europe.

Une autre question se pose: qui paye et organise ses flux?


Le rôle des réseaux de passeurs est certes réel mais n'explique pas la parfaite organisation des migrants, tant dans leur déplacement en Europe que dans leur accompagnement logistique, vestimentaire ou téléphonique. Comme on peut le voir sur ces vidéos ici ou là, la vague de migrants qui a rallié de force la gare de Budapest pour rejoindre l'Allemagne était propre, structurée et équipée que ce soit de téléphones, bannières, banderoles, etc.


Doit-on simplement soupçonner des mouvements associatifs locaux, ou alors est-ce que nous assistons à une démonstration de la puissance financière de DAESH qui contribue intelligemment à une invasion subtile du continent européen?


Ou est-ce que ce sont les monarchies du Golfe qui financent ces réseaux pour aider des populations civiles à quitter des zones de conflit? Un comble, du reste, alors que les riches monarchies du Golfe, impliquées directement dans les conflits régionaux, n'accueillent elles aucuns migrants, contribuant ainsi, en plus de leur soutien aux groupes terroristes en Syrie, à l'invasion de l'Europe. Où est donc la pourtant très importante solidarité musulmane?

Mais une autre piste est apparue récemment, et c'est la revue Info-Direkt qui a lancé l'information: selon un membre des österreichischen Abwerhamts, les services de renseignement militaires autrichiens, des réseaux américains co-organiseraient indirectement ou directement ces flux, via un système de co-financement contribuant de façon substantielle à payer les coûts du voyage pour les migrants.

L'information est sans doute à prendre avec précaution à ce jour mais pourrait s'avérer bien moins fantaisiste que ne le semblait en son temps l'immixtion américaine dans l'organisation des révolutions de couleurs ou l'immixtion américaine dans les banlieues françaises pour y créer une nouvelle élite issue de l'immigration et destinée à peser politiquement à l'avenir, sorte de nouvelle cinquième colonne atlantiste.

Une immixtion américaine qui pourrait bien tenter, en cumulant ces divers éléments, faire coïncider des conditions propices au déclenchement de Maïdan ethno-religieux au cœur du continent, en y propageant ainsi le conflit de civilisations.

Ce faisant, la politique américaine affaiblirait encore plus une Europe qui, sans aucun doute, joue plus que jamais son destin.




... Nom d’une pipe, Attali-le-mondialiste remet 


le couvert : “il y a des moments où la 


guerre est nécessaire”. Je le vois venir avec 


ses gros sabots. Mais que fait la police  ?


9. Jacques Attali: «Il y a des moments où 
la guerre est nécessaire»
par Béatrice Delvaux

Pour l’intellectuel, la dérive du capitalisme conduirait à une prolifération de conflits menant à un « hyperconflit ».
Jacques Attali est économiste, professeur, écrivain. Il fut aussi le conseiller spécial du président François Mitterrand. Premier président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement après la Chute du Mur de Berlin, il est aujourd’hui avec sa société PlanNet Finance, engagé dans la croisade de la microfinance. Mais, aujourd’hui, il fait surtout figure de prophète ou de devin. Dans son livre Une brève histoire de l’avenir, il « annonçait », dans la foulée du 11 septembre 2001, le déclin de l’empire américain, la toute-puissance de l’empire du marché, et prédisait qu’après la violence de l’argent, viendrait celle des armes. « L’hyperempire », né d’une dérive du capitalisme libéral, générerait des déséquilibres extrêmes et de profondes contradictions. Il s’effondrerait de lui-même laissant le champ libre à une prolifération de conflits. Ceux-ci embraseront alors la planète entière en un conflit global, « l’hyperconflit ». Et après, si l’humanité survit, Attali envisage une nouvelle utopie. Ces prédictions sont déclinées dans une exposition très interpellante ouverte ce vendredi 11 septembre aux Musées des Beaux-Arts de Bruxelles. Vision de notre présent ? Projection anxiogène de notre futur, proche ? « Je suis frappé de voir que ce que j’avais prévu dans mon livre, s’est malheureusement produit », nous confie Jacques Attali. Son livre n’a rien empêché…
Sommes-nous à la veille de la phase de l’hyperconflit ?
Non, on est encore entre la fin de la première étape – la fin de l’empire américain – et le début de la deuxième. Il devrait déjà être clair pour tout le monde, même si cela ne l’est pas, que personne ne remplacera les Etats-Unis comme superpuissance. Mais en même temps, quand vous êtes sur la côte et que vous regardez les vagues, il y en a qui sont loin, mais elles arrivent. La guerre se rapproche, c’est sûr, elle se prépare. Si je prends l’exemple des vagues, la prochaine vague est là, elle est énorme, devant nous. On peut encore la contourner, l’éviter, mais elle se rapproche.
On a l’impression qu’on regarde, éveillé, la catastrophe se préparer sans agir ?
Les gens les plus sophistiqués manquent de courage. Or comme dans les années 30, face à la violence, la seule réponse c’est la violence, et face à la puissance c’est la puissance. Mais les gens sophistiqués n’aiment pas cela. On le voit bien avec Obama par exemple : c’est un grand président et un intellectuel, qui n’ose pas agir. La tragédie de la démocratie, c’est la procrastination. A la manière de la phrase d’un homme politique français : « il n’est pas de problème que l’absence de solution ne puisse résoudre ». Ce n’est vrai qu’en surface et par les temps faciles. Si on applique cette phrase à la Seconde Guerre mondiale, Hitler serait mort dans son lit.
Le parallèle avec les années 30 ne nous pousse pas à l’action ?
Cela ne fait pas encore assez peur. Et quand cela fait peur, cela entraîne une réaction de blocage, de fermeture, et pas de construction.
Les dirigeants du monde ne sont pas impuissants ?
Ils ont tous les moyens d’agir, il ne faut pas procrastiner, il faut vouloir. Si on a eu une Seconde Guerre mondiale c’est parce qu’on a procrastiné devant la dictature. Aujourd’hui on est dans le même état. Il faut que les démocrates réalisent que les barbares ne respectent que la force. Je ne suis pas un pacifiste. Il y a des moments où la guerre est nécessaire en légitime défense.
Comment conscientiser les gens ?
Ce matin, j’ai vu avec plaisir la réaction du patronat belge qui dit qu’il faut accueillir les réfugiés. Il faut passer à ce que j’appelle l’altruisme intéressé, c’est-à-dire comprendre que la forme la plus intelligente de l’égoïsme, c’est l’altruisme. Sur tous les sujets, il devrait être facile d’expliquer, si les hommes politiques avaient du courage. Ce qu’ils n’ont pas. Car c’est notre intérêt d’être altruiste. C’est notre intérêt de payer nos dettes et de ne pas les laisser aux générations suivantes. C’est notre intérêt de nous occuper de l’environnement ou de recevoir les migrants, comme c’est notre intérêt de les aider beaucoup plus chez eux pour qu’ils n’aient pas intérêt à venir chez nous. mille sabords, Attali-le-mondialiste continue sur sa lancée… vous le voyez venir maintenant avec ses gros sabots ?


Dans un large entretien au Soir, Jacques Attali prédit la forte probabilité d’une guerre , mais dénonce l’immobilisme d’hommes politiques peu courageux. Pour cet économiste, professeur, écrivain, conseiller d’Etat honoraire, « les gens n’ont encore rien vu » dans la crise migratoire que traverse actuellement l’Europe.
Et de poursuivre : « Un ami a eu récemment cette phrase très juste : Vous n’avez vu que la bande-annonce du film Les Migrants. Les migrants climatiques vont suivre et toutes les autres formes ensuite. A partir du moment où on admet que les libertés sont fondamentales, la première liberté c’est celle de circulation. Et donc les gens vont venir et c’est très bien. »
« L’arrivée des migrants est une incroyable chance »
Jacques Attali appelle à se doter de politiques d’intégration. « Ces gens-là vont faire de l’Europe, la première puissance du monde. L’intégration espagnole et italienne en Belgique est un succès. On ne voit que les problèmes de l’intégration musulmane mais pas les succès qui sont nombreux. En France, on a quelque 5 millions de musulmans dont 98 % s’intègrent, sont médecins, avocats, journalistes. Normalement, ce qui se passe avec les migrants devrait entraîner la construction d’une Europe plus intégrée, plus puissante, se donnant les moyens de recevoir ces personnes. Leur arrivée est une incroyable chance car cela transforme la démographie européenne. Et nous, au contraire, on a une réaction de petits. »


mille sabords, ce n'est terminé... 
Dans un large entretien au Soir, Jacques Attali prédit la forte probabilité d’une guerre , mais dénonce l’immobilisme d’hommes politiques peu courageux. Pour cet économiste, professeur, écrivain, conseiller d’Etat honoraire, « les gens n’ont encore rien vu » dans la crise migratoire que traverse actuellement l’Europe.
Et de poursuivre : « Un ami a eu récemment cette phrase très juste : Vous n’avez vu que la bande-annonce du film Les Migrants. Les migrants climatiques vont suivre et toutes les autres formes ensuite. A partir du moment où on admet que les libertés sont fondamentales, la première liberté c’est celle de circulation. Et donc les gens vont venir et c’est très bien. »
« L’arrivée des migrants est une incroyable chance »

Jacques Attali appelle à se doter de politiques d’intégration. « Ces gens-là vont faire de l’Europe, la première puissance du monde. L’intégration espagnole et italienne en Belgique est un succès. On ne voit que les problèmes de l’intégration musulmane mais pas les succès qui sont nombreux. En France, on a quelque 5 millions de musulmans dont 98 % s’intègrent, sont médecins, avocats, journalistes. Normalement, ce qui se passe avec les migrants devrait entraîner la construction d’une Europe plus intégrée, plus puissante, se donnant les moyens de recevoir ces personnes. Leur arrivée est une incroyable chance car cela transforme la démographie européenne. Et nous, au contraire, on a une réaction de petits. »
Vous le voyez venir maintenant ou je vous fais 

un dessin ? 


Résultat de recherche d'images pour "attali pension fin de vie"

et tant qu'à faire, embauchons aussi des 

esclaves,


au pire, s'ils ne sont pas contents, ils se feront 

péter (strike ! En France, il reste 58 

réacteurs nucléaires en activité). 



Et l'Etat d'Israël Jacques-a-dit, cosmopolite, métissé et sans murs, mmmh ?


L'immigration massive ou la guerre... 


Un vrai psychopathe. Seigneur, même 

si vous n'existez pas, délivrez-nous du 


mauvais. 



10. Une conspiration ? Jean-Claude Vernochet : oui, mais à ciel ouvert. Rien de nouveau sous le soleil.  




11. Piero San Giorgio, survivaliste, expert en 

effondrement et fatigué de l'actualité immédiate





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17 septembre 2015
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« La première victime de la guerre, c’est la vérité », aurait affirmé Rudyard Kipling. Un constat particulièrement vrai dans le cas tragique de la Syrie. Je propose dans cet article de déconstruire la validité d’une série de graphiques abondamment relayés dans les médias occidentaux ces derniers jours et qui tendraient à prouver le caractère unilatéralement criminel de l’action de Bachar Al-Assad dans la guerre civile.

Le 13 septembre dernier, mon attention a été attirée par un tweet de Kenneth Roth, Directeur exécutif de Human Rights Watch, diffusant un graphique affirmant que seulement 6% des opérations de Bachar Al-Assad étaient dirigées contre Daesh. L’illustration n’étant accompagnée d’aucune source, j’ai demandé à connaître les origines de cette information, rappelant le soutien précoce de la population syrienne à Assad, comme l’avait révélé un sondage qatari dans le Gulf Times en décembre 2012.

Kenneth Roth n’a pas daigné répondre à mon message, mais un certain « Abdul » (@al_7aleem), sous pseudo donc, a repris le flambeau reproduisant une autre infographie, toujours à charge d’Assad, affirmant que « 95,4% des civils tués en Syrie » l’ont été par le régime (1) . Pressé par la nécessité de dévoiler ses sources, il affirme que les données viennent d’une « organisation de droits de l’homme basée en Syrie » et qu’elles ont été compilées par le « Syrian Network for Human Rights ».

Ce « réseau syrien » ne serait, selon Abdul, « pas financé par des gouvernements étrangers » et « imposerait des mesures strictes de validation ». Il est important de noter ici que des quotidiens aussi prestigieux que Le Monde ont repris ces graphiques, comme en témoigne un article sous la plume de Maxime Vaudano, paru le 8 septembre dernier, avec un titre non équivoque reprenant les conclusions du SNHR sans les questionner : « En Syrie, qui de l’EI ou du régime de Bachar Al-Assad a fait le plus de victimes ? » (2). À noter également que le site Internet du SNHR a une rubrique reprenant les différents médias qui le citent (3).

Comme nous allons le voir, ces affirmations sont des mensonges éhontés. Intéressons-nous au fameux « Réseau syrien des Droits de l’Homme ». Sur sa page de présentation, il se présente comme une organisation « indépendante » qui enquête sur « les violations commises par toutes les parties » dans le conflit syrien depuis 2011. Cette organisation, comme l’est l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme aujourd’hui largement discrédité (4) , est enregistrée au Royaume-Uni – une information, qui en soi, n’est pas neutre. Cependant, elle affirme s’appuyer sur « des dizaines de chercheurs et d’activistes » en Syrie. Le problème majeur de cette page d’information ? Rien n’est dit sur ses financements. Or l’on sait d’une part qu’un tel travail nécessite des fonds importants et on sait par ailleurs que personne n’est assez fou pour financer une organisation qui agit contre ses propres intérêts. Ainsi, trouver qui finance le SNHR permet de comprendre quels sont les intérêts de cette organisation. Comme je le disais plus haut, le SNHR se garde bien de préciser qui sont ses bailleurs de fonds. En revanche, le site Internet nous apprend que ce « réseau syrien » est membre du ICRtoP (International Coalition for the Responsability to Protect), comme le montre la capture d’écran qui suit :



Cette « coalition internationale » fait référence à une norme stipulant la « responsabilité de protéger » et servant à justifier l’ingérence militaire dans des pays étrangers. Elle a été gravée dans le marbre avec le document final du sommet mondial des Nations unies de 2005. En soi, ce principe est très contestable car, selon les forces en présence et les intérêts des différents acteurs, il autorise d’attaquer un pays tiers. En cela, il s’oppose au droit international et au principe de non-ingérence qui impose le « respect de la souveraineté politique d’un État par la non-intervention dans ses affaires intérieures » (5). Le ICRtoP n’est pas non plus très explicite quant à ses financements. Mais, comme pour le SNHR, il est possible de remonter à une organisation « parent » grâce au site Internet. En effet, la correspondance pour le ICRtoP doit être adressée au « World Federalist Movement – Institute for Global policy », comme on peut le voir ci-dessous :



Le « World Federalist Movement – Institute for Global Policy » est en revanche plus loquace que les deux précédentes organisations-écrans en ce qui concerne ses financements. Sur sa page « about us – our funders », une liste exhaustive des bailleurs de fonds nous apprend combien les organisations que le mouvement finance sont « indépendantes » et « non gouvernementales ». Jugez-en par vous-mêmes (6) :



Une enquête détaillée de chacun des financements serait sans doute très éclairante, mais ce n’est pas l’objet de cet article. Que voyons-nous ? D’abord que de très nombreux gouvernements, contrairement à ce qu’Abdul avait pu affirmer, financent le SNHR, via le ICRtoP et le World Federalist Movement. Dire que cette organisation n’est pas financée par des fonds gouvernementaux est donc un mensonge patent. Il est intéressant d’ailleurs de constater que parmi ces gouvernements (dont l’Union européenne elle-même), tous sont dans le camp « occidental ». On ne trouve pas, par exemple, de financement russe ou vénézuélien. Ainsi, l’ensemble des bailleurs de fonds rend compte d’une uniformité idéologique évidente. Or, rappelons-le : personne ne souhaite financer une organisation allant contre ses intérêts.

Les gouvernements ne sont pas les seules sources de financement du World Federalist Movement (ni sans doute les plus grosses, bien que les chiffres ne soient pas avancés). En première position, on retrouve la Fondation Ford et, un peu plus loin, l’Open Society Foundations du spéculateur milliardaire étasunien, né en Hongrie, George Soros. Se présentant comme un philanthrope, le trader Soros s’était fait connaître en 1992 en dirigeant une attaque spéculative contre la Livre Sterling, laquelle plongea l’Angleterre dans la récession, avec d’épouvantables conséquences sociales. L’année suivante, Soros fonde l’Open Society Institute qui, comme le rappelle pour nous Bruno Drweski, « soutient à la fois la libéralisation des économies et le morcellement du tissu social par une politique favorisant, sous prétexte de tolérance, l’émergence d’identités culturelles, ethniques, religieuses, morales juxtaposées et opposables les unes aux autres ». Très lié au groupe Carlyle et au complexe militaro-industriel, « Soros coopère et co-finance des initiatives lancées par des organismes comme Human Rights Watch, Freedom House, National Endowment for Democracy. »

Nombreuses sont donc les sources qui dénoncent combien ces organisations liées au Département d’État étasunien, ont participé à la déstabilisation de plusieurs pays dans le monde en formant et en finançant les oppositions (7) , au mépris total du droit de non-ingérence (8). On est donc loin, très loin, d’organismes « indépendants » dont l’objectif serait d’apporter une information rendant compte des violations commises par toutes les parties en présence.

Et qu’en est-il des deux protagonistes qui ont relayé ces informations sur Twitter ? Kenneth Roth, comme expliqué en début d’article, est précisément le Directeur de Human Rights Watch, une organisation elle aussi financée par George Soros (9) . Tandis qu’Abdul est l’animateur d’un blog cherchant à « discréditer les médias assadistes » (10) .



L’iconographie utilisée sur son blog et, en particulier, l’image d’un poing levé n’est pas innocente. Illustrant initialement le mouvement serbe Otpor ! (dont George Soros fut, une nouvelle fois, un des bailleurs de fonds), l’image a été ensuite utilisée pendant les révoltes arabes par des jeunes activistes dont l’auteur Ahmed Bensaada a montré dans son livre Arabesque américaine (11) qu’ils étaient formés et financés par différents organismes proches de la CIA. Ainsi, le militant sur Twitter @al_7aleem est lui aussi lié aux intérêts étasuniens ou, en tout cas, se réclame de cette filiation.

L’armée et les renseignements syriens ont commis des exactions et en commettent certainement encore. Il n’y pas de guerre « propre ». Cependant, les graphiques mensongers plébiscités par la presse occidentale tendent à faire du camp syrien le principal responsable des massacres. Ainsi, l’appui de l’Otan et de ses alliés aux groupes fanatiques et la confiscation précoce du mouvement populaire sont occultés. Comme est occulté le fait qu’en Syrie, à l’instar de la Libye, l’objectif n’était pas, selon les termes de l’Open Society Foundations, de « renforcer la loi, le respect des Droits de l’Homme, des minorités, la diversité des opinions et les gouvernements démocratiquement élus » mais, au contraire, de semer le chaos.

Source : Investig’Action

Notes : 1. L’ensemble de la conversation est accessible sur twitter, @manuwath.

2. http://www.lemonde.fr/les-decodeurs...

3. http://sn4hr.org/blog/category/inmedia/

4. Même Atlantico.fr souligne « l’indiscutable subjectivité » de cet « observatoire :http://sn4hr.org/blog/category/inmedia/

5. http://www.larousse.fr/dictionnaire...

6. http://www.wfm-igp.org/content/our-...

7. http://www.michelcollon.info/Des-mi...

8. Pour plus d’informations à ce sujet, Investig’Action a publié de nombreux articles qu’une recherche sur « Soros » permet de retrouver en partie : http://www.michelcollon.info/spip.p...

9. https://www.hrw.org/news/2010/09/07...

10. http://the-assad-debunkation.tumblr.com/

11. Un livre dont Investig’Action publiera dans les jours qui viennent une nouvelle édition augmentée.

13. Réfugiés: l'Histoire n'est pas un libre-service


source  : http://www.marianne.net/refugies-histoire-n-est-pas-libre-service-100236928.html


A force de s'imaginer sortie de l'Histoire, l'Europe se retrouve dépassée par son retour...
Michael Sohn/AP/SIPA


Cela devait arriver. A force de s'imaginer sortie de l'Histoire, l'Europe se retrouve dépassée par son retour. Divisée. Et honteuse, de s'être hâtivement humiliée devant la « leçon d'humanité » de l'Allemagne. Angela Merkel a vu dans ce chaos migratoire l'occasion d'une massive opération d'« immigration choisie ». Une aubaine pour le patronat et les retraités allemands. Avant de paniquer face à ces foules d'invités qu'elle a encouragés, loin d'être tous des Syriens diplomés. On ne joue pas avec le malheur des gens.


Ce malheur, la France des droits de l'homme ne voulait même pas le voir quand Bruxelles la sollicitait cet été. Avant sa piteuse volte-face provoquée par l'opération Merkel, mais que François Hollande a justifiée par le souci du « jugement de l'Histoire ». Etre contemporain de l'Histoire consiste plutôt à en prendre les devants. Dans ce pays qui aime se flageller, personne n'a rappelé qu'il y a plus d'un siècle Clemenceau envoya la marine nationale (les cuirassés Jules-Ferry, Victor-Hugo, Jules-Michelet, cela ne s'invente pas...) sauver plusieurs milliers d'Arméniens martyrisés par les Ottomans.

Aujourd'hui, les politiques passent plus de temps à commenter leur gestion des conséquences qu'à agir sur les causes. Des spectateurs malades de com et d'image croyant s'être rachetés par leurs larmes versées sur une belle photo horrible d'enfant noyé. Cette « pornographie des cadavres » qui dégoûtait le regretté Pierre Vidal-Naquet. Alors qu'en avril dernier un millier de noyés en trois naufrages ne les avaient pas tant émus. Cela fait quatre ans que Syriens et Irakiens fuient par millions. Au lieu d'ignorer cette tragédie historique avant que ses victimes ne frappent à sa porte, l'Europe devait s'y impliquer. Soit accueillir ceux qui le demandaient en allant les chercher avant qu'ils ne risquent leur vie. Soit les aider à retrouver leur patrie. Mais cette Europe pacifiste et postnationale n'imagine même pas que, parmi ces exilés, des centaines de milliers d'hommes jeunes pourraient constituer la base d'une armée de libération. Nos experts en stratégie ne cessent d'expliquer que seule une intervention au sol peut venir à bout de l'Etat islamique, mais que des troupes occidentales doivent éviter de se mêler de ce conflit interne à l'islam. Sous l'égide de l'ONU, l'Europe aurait pu prendre l'initiative d'une coalition armant et formant des bataillons de réfugiés syriens. Elle n'y a pas songé. Ni BHL qui voue un culte rétrospectif à l'aide des Brigades internationales aux républicains espagnols. Chaque peuple a son Histoire et c'est un des objectifs de l'ordre international d'agir pour qu'il n'en soit pas dépossédé. Agir ? L'Europe n'ose même pas réagir au culot de l'Arabie saoudite refusant les réfugiés pour « protéger [son] peuple » ou à celui des Etats-Unis invoquant des « motifs de sécurité nationale » pour les accueillir au compte-gouttes.

Alors agir ne consiste plus qu'à faire la morale aux autres. Bruxelles la fait à Paris. Le gouvernement la fait aux maires. Et tous accablent les réticences de l'« opinion ». Au lieu de se demander d'où elles viennent, comme le commissaire européen Frans Timmermans : « C'est parce que notre pratique est défaillante, que des gens qui n'ont pas le droit à un titre de séjour ne partent pas, qu'une grande partie de l'opinion refuse les réfugiés. » La France est championne, comme l'a établi la Cour des comptes : « La politique d'asile est devenue la principale source d'arrivée d'immigrants clandestins. » La quasi-totalité des déboutés reste sur le territoire, 50 000 personnes s'ajoutant chaque année aux centaines de milliers de clandestins. Voilà pourquoi tant de Français ne croient plus ce que leurs gouvernants leur racontent et que ceux-ci, tétanisés par une opinion « lepénisée », se sont ridiculisés en refusant d'accueillir plus de 12 000 réfugiés syriens par an...

Feignant de découvrir que l'autre grande cause du chaos actuel - l'immigration économique en provenance des Balkans et de l'Afrique subsaharienne via la Libye - compromet l'accueil des « vrais réfugiés », comme dit Harlem Désir, la France estime soudain qu'il faut sortir du ronron qui avait imposé ce terme indistinct de « migrants » commun à l'extrême droite les refusant tous et à la gauche sans-frontiériste voulant tous les accueillir. Et qu'il faut faire l'inverse de ce qu'elle faisait. « Nous raccompagnerons dans leur pays les immigrés économiques », dit François Hollande. « Si on laisse entendre le contraire, on encourage des flux encore plus massifs », précise Laurent Fabius. Il faut qu'ils « soient dissuadés de venir en Europe », ajoute Bernard Cazeneuve. Comment vont-ils faire ? S'il ne s'agit pas de paroles de circonstance s'ajoutant à des décennies de bobards sur l'immigration, ils pourraient commencer par méditer l'exemple australien. Jusqu'ici un abominable repoussoir. Canberra a réussi à dissuader l'immigration clandestine par des messages internationaux et en faisant reconduire par sa marine militaire toutes les embarcations. Le nombre de noyades dans l'océan Indien est passé de plusieurs centaines à zéro. Les passeurs sont ruinés. Mais sa procédure de droit d'asile a accueilli ces deux dernières années trois fois plus de réfugiés que la France à population égale. Et l'Australie vient de décider de doubler cet accueil au profit de Syriens et d'Irakiens. Où une politique ferme peut se révéler plus généreuse et moins meurtrière que ce mélange d'indifférence et d'angélisme face aux 3 500 morts en Méditerranée...


14. Vague de migrants en Europe : vers la piste américaine ?

Auteur : Alexandre Latsa

Source : http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150924/1018382147.html


Au cours du mois d’août 2015, alors que la crise des migrants s’est mise à faire la une de la majorité du flux médiatique global, une bien étonnante nouvelle est apparue entre les milliers de lignes d’actualité.

Selon le magazine autrichien Direkt, auquel un membre des services de renseignements militaires autrichiens se serait confié, "les services secrets autrichiens disposeraient d'informations démontrant l'implication d'organisations ayant créé un système destiné à favoriser la dynamique migratoire que l'Europe subit".
Reprise uniquement sur différentsmédias non-alignés, cette information avait jusqu'alors paru fantaisiste et surtout relever d'une tendance complotiste américanophobe. Pourtant, peu à peu, Internet a fait son travail et la marée montante d'informations a permis aux commentateurs attentifs ici et là de commencer à récupérer et mettre en lien des informations plus que surprenantes et pour le moins inattendues.
Il y a tout d'abord eu l'apparition publique de cette galaxie d'ONG d'extrême gauche à l'ADN majoritairement allemand, ONG qui ont déployé une énergie considérable à faire absorber de force ce flux humain dont plus personne ne connaît réellement aujourd'hui la réelle dimension, mais dont tout le monde peut constater à quel point il est de densité suffisante pour avoir mis à mal la vie sans frontières des vieilles nations européennes.
Les Allemands ne sont cependant pas les seuls coupables de cette collaboration envers des migrants qui sont en majorité des migrants économiques et dont on comprend bien qu'il sera difficile de les inciter à repartir en Libye, Irak ou Somalie après avoir eu un aperçu même sommaire et brutal de la vie en Scandinavie, en France ou en Allemagne. De nombreux projets croisés et transnationaux ont commencé à voir le jour, comme par exemple l'association franco-allemande SOSMEDITERRANNEE qui bénéficie notamment de subventions de BNP Paribas afin de "sauver des migrants et les accompagner vers les dispositifs d'information et d'assistance aux migrants sur le territoire européen" (Source).
Ne faudrait-il pas plutôt commencer par prévenir le suicide chez nos agriculteurs ou nos petits artisans, aider nos jeunes femmes dans le besoin (les futures mères européennes), parfois contraintes de se prostituer pour payer leurs études, ou tout simplement s'occuper des dizaines de milliers de SDF qui jalonnent les rues des villes européennes?
Cette affaire européenne n'en est peut-être pas une.
Il y a d'abord cette surprenante nouvelle qui tombe à point nommé, à savoir la naissance en Grande-Bretagne d'un nouveau type d'établissement financier destiné aux étrangers et aux migrants et leur permettant d'ouvrir un compte en ligne en s'épargnant les habituelles tracasseries administratives.
Il y a ensuite cette analyse minutieuse faite par Vladimir Shapak. Vladimir Shapak est le créateur d'une application du nom de Scai4Twi permettant l'analyse de l'ADN d'un Tweet, à savoir son contenu et son origine territoriale. L'analyse de plus de 19.000 tweets liés à la thématique des "migrants" a ainsi permis de tirer des conclusions bien étonnantes. Tout d'abord, 93% des tweets émis contenaient des informations positives sur l'Allemagne et l'Autriche, et 76% contenaient des hashtags #RefugeesWelcome+Germany, alors que seuls 6% de ces messages étaient émis d'Allemagne, 36% de sources géo-localisées en Angleterre et en Amérique, parmi lesquelles de nombreux éminents médias américains ou responsables d'ONG américaines dont le trafic de tweets a été particulièrement important, comme on peut le constater ici.
Plus étonnant encore, les liens forts discrets mais surprenants qui entourent la puissante association allemande Fluchthelfer. Fluchthelfer est un site militant appelant les citoyens européens à devenir des "agents d'évasions" en covoiturant des migrants de façon citoyenne et discrète lors de leur déplacements en Europe ou de leur retour de vacances en zones frontalières, telles l'Italie ou la Grèce. En clair, à devenir des passeurs et des trafiquants d'êtres humains et en violant la loi, comme le démontre leur vidéo de promo dans lequel on peut voir de bons vieux Allemands transporter un jeune homme visiblement originaire d'Afrique en lui faisant traverser les inexistantes frontières du dispositif Schengen.
Au cours du mois d'août 2015, des blogueurs se sont intéressés à Fluchthelfer pour découvrir que le nom de l'association avait été déposé, sur Internet, par une puissante structure américaine: l'institut Ayn-Rand, ultra libertaire sur le plan sociétal et dont le conseil d'administration est composé autant d'anciens membres de Goldman Sachs que de membres du Cato Institute, ce dernier prônant également "les libertés individuelles, un gouvernement réduit, les libertés économiques et la paix". Depuis ces "fuites", en juillet et août, le nom de domaine Fluchthelfer a été déposé (le 1er septembre) par un hypothétique Escape Institute dont le titulaire, s'affichant sous le nom de "Paul Ribbeck", utilise un anonymiseur internet au logo rouge et noir. Ce même Paul Ribbeck prétend fournir "des outils de communication informatique pour les personnes et les groupes qui militent en faveur d'un changement social libérateur".
Fluchthelfer a été initié en Allemagne par le collectif PENG qui, parallèlement à son activisme Internet et sociétal, coopère avec des groupes libertairestels que, par exemple, les Pussy Riot ou encore Voïna. Les lecteurs souhaitant en savoir plus sur ces associations et leurs activités peuvent consulter cet article qui recense leurs faits les plus glorieux.
Sans surprise, les liens entre les réseaux américains et européens afin de favoriser, aider et même soutenir cette poussée migratoire sont de moins en moins secrets, et c'est l'Open Society de Georges Soros qui affirme sur son site soutenir « les associations oeuvrant à apporter des solutions relatives à la sécurité et au bien entre migrants légaux et illégaux ».
Bref, une destruction des Etats européens et des identités assistée des forces les plus destructrices de la planète, car pendant que les activistes européens travaillent à leur auto-destruction ainsi qu'à celle des leurs, l'Etat islamique, lui, infiltre les colonnes de faux refugiés. Dans le même temps, cette grande démocratie qu'est le Qatar et qui soutient le terrorisme en Syrie vient d'acheter et d'imposer des places pour migrants à La Sorbonne, complétant sur le plan financier une invasion imposée a l'Europe et aux Européens qui devrait finir par amener la Guerre globale sur le continent européen.
Voilà donc un scénario imposé par des réseaux globaux, qu'ils soient libertaires capitalistes, gaucho-libertaires ou islamiques radicaux, et dont l'objectif, de la Californie à Berlin en passant par Paris, Bruxelles, Raqqa ou Doha, reste le même: la destruction des Etats européens.



15. La marque américaine derrière les afflux de réfugiés


16. BNP Paribas débloque 5 millions d’euros pour aider à l’accueil des réfugiés


Le Monde |  • Mis à jour le  |Par 

L’argent, après les solutions politiques. Les entreprises privées, après les pouvoirs publics. Douze jours après l’électrochoc mondial créé par la photo du petit Aylan Kurdi, BNP Paribas a annoncé, mardi 15 septembre, sa décision delancer un plan de 5 millions d’euros pour aider à l’accueil des réfugiés en Europe, notamment des réfugiés syriens.

La décision a été prise par le comité exécutif du groupe réuni lundi 14 septembre.
Ce plan consacré aux réfugiés passera par la mobilisation de deux outils déjà créés au sein de la banque et dévolus depuis leur création à des actions de solidarité : sa fondation BNP Paribas, partenaire du Samu Social de Paris, des Apprentis d’Auteuil et du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ; et son fonds Urgence & Développement créé en 2012. L’enveloppe de 5 millions d’euros sera répartie entre ces différentes actions, la banque ayant dans l’idée de soutenir aussi bien les salariés qui voudront s’investir dans l’aide aux réfugiés que ses clients.
Ainsi, à travers son fonds Urgence & Développement, la banque française va lancer une collecte de fonds destinés aux réfugiés.
Cette collecte concernera ses 185 000 salariés, répartis dans 75 pays, et sera également ouverte à ses clients en France. Un principe est arrêté : chaque don fera l’objet d’un abondement du même montant par BNP Paribas, dans la limite d’un million d’euros par an.
Les sommes collectées transiteront par ce fonds lancé en 2012 pour faire face aux catastrophes humanitaires, à la demande de salariés soucieux d’aider les victimes. Elles seront réparties à égalité entre trois ONG actives sur le terrain : la Croix-Rouge française, Care et Médecins sans frontières.

Effet d’entraînement

Même si cette initiative ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins suscités par l’afflux de réfugiés en Europe, elle mérite d’être soulignée. D’abord parce qu’elle émane d’une banque, donc d’un secteur dont l’intérêt se porte d’ordinaire davantage sur la recherche de rentabilité que sur les drames humanitaires. Ensuite, parce qu’elle aura un effet d’entraînement.
Vendredi 11 septembre, Air LiquideMichelinSodexo et Total ont de leur côté annoncé leur intention d’engager des « actions concrètes » d’aide aux réfugiés accueillis en France, « dans le cadre qui sera fixé par les pouvoirs publics ». L’assureur Axa y réfléchirait aussi, suivant l’exemple de sa filiale allemande.
Questionnées par la société civile sur leurs responsabilités sociales, les grandes entreprises savent qu’elles ont tout à gagner à s’engager. BNP Paribas l’a compris, qui s’efforce de restaurer l’image dégradée des banques dans l’opinion, depuis la crise financière.
Depuis sa création il y a trois ans, son fonds humanitaire a collecté 1,5 million d’euros et financé une série d’actions ponctuelles (par exemple lors du séisme d’avril au Népal) ou de long terme (l’accès à l’eau).
« Là où BNP Paribas est innovante, c’est avec ce dispositif prêt à servir, qui lui permet d’intervenir très vite à chaque urgence », explique Fabienne Pouyadou, directrice des partenariats de l’ONG Care en France. « L’argent des entreprises complète les subventions publiques et les donations privées, poursuit-elle. Il financera nos actions auprès des réfugiés en Europe, en Serbie, en Turquie auLiban et en Jordanie. » Quatre millions de Syriens ont déjà quitté leur pays.