"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
jeudi 10 mars 2022
Jour Z+13, point de situation
jeudi 10 mars 2022
BTR détruit dans un combat en banlieue de Kharkov |
Le pourquoi de cette guerre russo-ukrainienne
Je ne reviendrai pas ici sur les origines de cette guerre commencée il y a 8 ans dans le Donbass et qui a explosé en Ukraine depuis le 24 février, maintes fois rappelés lors d'articles précédents mais il m'a semblé très intéressant de publier ici ce que Biden, alors sénateur étasunien, disait avec justesse en 1997:
"La seule chose qui peut provoquer une
réponse hostile et énergique de la Russie
c'est l'expansion de l'OTAN aux États baltes."
Nous constatons donc ici que l'argumentaire déployé par le Président Poutine concernant cette inadmissibilité sécuritaire de l'expansion de l'OTAN aux frontières de la Russie est légitime et même reconnue de longue date par ceux là mêmes qui dirigent cette alliance militaire au coeur de l'Europe. La crise ukrainienne, qui commence sur le Maïdan en février 2014, qui se radicalise avec le conflit asymétrique du Donbass et finit par exploser par cette guerre moderne en Ukraine est donc bien le fait de cette obstination occidentale à vouloir menacer et provoquer la Russie jusque sur ses frontières occidentales !
Il est vraiment temps que les peuples européens ce libèrent de leurs étatismes capitalistes serviles qui les entrainent dans un chaos voulu par cette ploutocratie mondialiste cherchant dans une fuite en avant suicidaire à se sauver de ses propres folies cannibales...
A / Situation générale
A-1 : Du côté de l'OTAN
Les occidentaux dans leurs provocations habituelles contre la Russie viennent d'arriver au bord d'une nouvelle ligne rouge avec la demande de Washington de voir les avions MIG 29 et les aérodromes polonais mis à dispositions des pilotes ukrainiens Alors que déjà les pistes et et bases aériennes polonaises près de la frontière ukrainienne sont déjà de facto intégrées à la chaîne logistique des forces ukrainiennes au combat, cette action de l'OTAN (car la Pologne est membre à part entière de l'Alliance) serait une nouvelle étape majeur dans l'escalade Est-Ouest et surtout le franchissement d'une nouvelle ligne rouge impardonnable !
Si de prime abord, la Pologne et l'OTAN ont été rétifs à la proposition de Washington, la Russie menaçant de bombarder les aérodromes concernés si elle était mise en œuvre, non seulement ils n'ont pas rejeté formellement l'idée mais le Pentagone a déjà déployé sur les frontières orientales polono-ukrainiennes 2 systèmes de missiles antiaériens "Patriot".
"Patriot" étasunien sur la frontière polono-ukrainienne
Quant aux livraisons d'armes et de munitions, le pont aérien de l'OTAN s'intensifie déversant des milliers de tonnes d'aide militaire aux forces ukrainiennes (jusqu'à 1400 tonnes/jour) sur les aérodromes à l'Est de la Pologne. Ces aides sont aussitôt acheminées sur le front comme par exemple à Kharkov quasiment assiégée où, le 8 mars 2022, il a été signalé qu'une nouvelle cargaison de missiles antichar/casemate britanniques NLAW venaient d'arriver avec des "instructeurs" de l'OTAN. Au total, selon des rapports ukrainiens l'OTAN aurait livré aux forces ukrainiennes depuis la mi janvier 17 000 missiles antichars (principalement "Javelin" et "NLAW") et 2000 missiles antiaériens "Stinger".
Alors que les opérations militaires russes destinées à vidanger l'Ukraine de la guerre du Donbass, de sa militarisation atlantiste rampante et de la résurgence du nazisme européen se poursuivent, les occidentaux, fidèles à leur folie criminelle et suicidaire, au lieu de chercher concrètement une désescalade, surenchérissent en provocations militaires scabreuses.
A-2 : Des civils pris en otage
Dans les précédents articles consacrés à Marioupol, j'ai déjà évoqué la situation dramatique des populations civiles prises au piège dans les villes assiégées (Tchernigov, Kharkov, Soumy, Marioupol, Nyzhin, Volnovakha...) avec les nationalistes ukrainiens qui leur refusent l'évacuation par les corridors humanitaires organisés côté russe et ukrainien, et ce, malgré les pressions diplomatiques et internationales exercées sur Kiev.
La raison de cette "prise d'otage des civils" est simple à expliquer et comprendre : devant la stratégie de frappes sélectives et ciblées de forces russes cherchant à épargner au maximum les populations, les soldats ukrainiens veulent utiliser ces dernières comme "bouclier humain" et les impliquer dans les zones des combats.
Chaque jour de nouvelles preuves de cette stratégie criminelle nous parviennent dont par exemple cette zone d'immeubles résidentiels de Marioupol dont les immeubles habités sont utilisés aussi comme positions de combat par les nationalistes du Régiment Spécial Azov :
Ici, près de l'avenue "Pobedy" à l'Ouest de Marioupol les drones russes repèrent
des postions antichars installées sur le toit d'immeubles encore habités par des
civils interdits d'évacuer pour empêcher qu'ils soient lourdement bombardés.
Ailleurs, si ici et là des évacuations de civils ont pu quand même se faire un tout petit peu le 9 mars (environ 3000 personnes dans le Nord de l'Ukraine) dans certaines villes assiégées les bataillons ou les administrateurs nationalistes aux commandes n'hésitent pas à terroriser la population afin qu'elle reste sur les zones des combats, comme par exemple le maire de la ville de Soumy (Nord Est Ukraine), Alexandre Lyssenko, qui a déclaré publiquement: "Il n'y aura pas de couloirs humanitaires, pas un seul civil n'ira en Russie, et ceux qui tenteront de le faire seront fusillés".
Dans l'ensemble des villes assiégées il y aurait environ 4 millions de personnes bloquées par les forces ukrainiennes, empêchées d'emprunter les corridors d'évacuation humanitaire.
A-3 : Les opérations militaires russes
Sur le front des opérations militaires, l'avancée des forces russes se poursuit inexorablement et si la vitesse de progression semble plus lente que celle des premiers jours c'est essentiellement due :
- La présence, évoquée ci dessus, d'une population civile imbriquée dans le dispositif défensif ukrainien ralentit sensiblement les opérations offensives qui doivent se réaliser précautionneusement et parfois au prix de pertes russes (l'aviation de bombardement par exemple s'approche au plus près de ses cibles pour éviter au maximum les erreurs de tir, et les unités blindées risquent des reconnaissances offensives dans les localités sans préparation d'artillerie massive).
- Après le premier choc des attaques russes, les forces ukrainiennes ont réussi à créer des résistances sur des zones urbaines, des cours d'eau ou des reliefs, engageant des combats qui même s'ils ne repoussent pas leur ennemi le ralentissent un peu voire l'obligent à rechercher des axes de progression alternatifs ou de contournement.
- Les villes aux unités ukrainiennes, encerclées initialement et mises de côté pour privilégier la vitesse et optimiser la surprise des attaques initiales, doivent être maintenant "traitées" pour ne pas immobiliser autour d'elles, loin d'un front qui avance chaque jour un peu plus des forces de combat et d'appui importantes pour la stratégie globale de l'Etat Major russe. De plus, en dehors de leur importance militaire, certaines de ces villes, comme par exemple Kharkov et Marioupol, sont aussi un symbole politique et psychologique important pour chacun des belligérants.
Carte générale des opérations militaires en Ukraine et dans le Donbass
Les actions significatives du front actuel :
- Dans le secteur de Kiev, appuyées par des frappes aériennes de plus en plus intenses, les forces russes, d'une part poursuivent leurs manœuvres d'encerclement de cette immense mégapole de plus de 800 km2 et d'autre part engagent ses défenses périphériques ukrainiennes, notamment dans les banlieues Nord-Ouest.
Les entrepôts militaires ukrainiens à Balakliya, détruits
- Au Nord de l'Ukraine, les villes de Tchernigov et Soumy continuent d'être les cibles de frappes aériennes et d'artillerie sur les positions militaires et ressources de défense ainsi que des attaques d'épuisement sur leurs périphéries, tandis que dans leurs avancées vers le Dniepr, les forces russes ont réalisé un nouveau chaudron urbain à Nyzhin.
Soumy, bombardement d'une position de radicaux nationalistes
- A l'Ouest de l'Ukraine, dans la ville de Kharkov (350 km2) les forces russes rencontrent une résistance importante menée par nombre de bataillons et volontaires nationalistes qui continuent à recevoir quotidiennement des renforts et de la logistique. Cette ville de Kharkov qui est le verrou Nord de l'Est de l'Ukraine est tellement symbolique pour le régime de Kiev que Arsen Avakov, l'ex ministre de l'Intérieur mais toujours homme politique fort du régime de Kiev est venu en prendre la direction. Les forces russes œuvrent toujours pour encercler cette ville et couper ses voies logistiques Sud, tout en poursuivant leur progression vers le Sud depuis un axe partant de Koupiansk, une ville située plus à l'Est tandis qu'à l'Ouest une percée russe vers la ville de Poltava a encerclé sur son passage la ville de Okhtyrka.
Bombardements de positions ukrainiennes à Okhtyrka.
- Dans le Donbass, les opérations se poursuivent avec de plus en plus de bombardements et de combats au sol au Nord et au Sud du front:
- Au Nord, le mouvement tournant des forces républicaines de Lougansk, rejointes par les forces russes venant du Nord, est arrivé à moins de 20 km de Slaviansk (ville symbole où la guerre commença en 2014) et Kramatorsk plus au Sud où se situe l'Etat Major des forces ukrainiennes dans le Donbass. Plus à l'Est de Kramatorsk le pression républicaine s'exerce désormais sur Severodonetsk et Lisichansk,
- Au Centre, si la ligne de front est stable, sauf une petite percée républicaine dans le secteur de Popasnaya, à l'Est de l'arc Svetlodarsk (Nord Est de Gorlovka), en revanche les bombardements ukrainiens se poursuivent, avec des frappes d'artillerie lourdes jusqu'au coeur des zones résidentielles. De leur côté, les forces républicaines et russes augmentent elles aussi leurs frappes sur les positions ukrainiennes et font monter sur les premières lignes des effectifs de combat en renfort.
Une école qui heureusement n'était pas en activité,
bombardée dans les quartiers Nord de Donetsk
Au cours des derniers jours, plusieurs missiles
tactiques ukrainiens "Tochka U" ont été tirés sur
Lougansk, Gorlovka, Donetsk et même Rostov et
Taganrog en Russie, interceptés par la Défense russe.
1 seul Tochka U ukrainien est parvenu a toucher
sa cible: un dépôt de carburant sur Lougansk :
- Au Sud, le nettoyage de Volnovakha est toujours en cours à cause du maintien de la population civile dans la ville et de la résistance ukrainienne qui s'abrite derrière elle. Les unités républicaines ont désormais encerclé ce carrefour routier et ferroviaire et poursuivent leur progression vers l'Ouest.
- Du côte de Marioupol, les bombardements russes et républicains s'intensifient ainsi que les pressions offensives sur les périphéries de la ville où les forces républicaines ont déjà pris quelques quartiers Ouest. Le siège de Maroupol est également un enjeu politico-médiatique très important comme le montre la guerre de l'information qui y fait rage également.
- Au Sud de l'Ukraine, les forces russes poursuivent leur progression sur Zaporodje le long du Dniepr en sécurisant le site de sa centrale nucléaire et vers Odessa sur le chemin de laquelle l'encerclement de la ville de Nikolaïev est en phase terminale. toujours sur cette poussée à l'Ouest de Kherson les forces russes progressent à l'Ouest du Dniepr vers la ville de Krivoï Rog et plus à l'Ouest en direction de Pervomaïsk, avec sur la route Vasnessensk où se trouve une autre centrale nucléaire à aborder avec précaution et sécuriser. Depuis Odessa, les forces de défense antiaérienne ukrainienne ont abattu un Mig 29 roumain qui s'approchait des frontières ukrainiennes.
Lance Roquettes Multiples russes dans le secteur de Kherson
Centrale nucléaire de Zaporodje (à Ernegodar) sécurisée
Parmi les documents saisis dans les Etats majors des unités ukrainiennes conquises plusieurs confirment que les forces ukrainiennes devaient attaquer les républiques du Donbass au tout début de mars, ce qui a vraisemblablement déclenché le lancement des opérations militaires préventives russes visant à démilitariser l'Ukraine.
Pour conclure, signalons le départ effectif des observateurs de l'OSCE, via le territoire de la Fédération de Russie qui seule peut assurer leur sécurité. Leur mission très controversée est donc achevée, avec des observations certes nombreuses et intéressantes démontrant les violations quotidiennes du cessez le feu principalement par les forces ukrainiennes, mais sans efficacité concrètes car pilotées par une partie occidentale partiale et une absence de moyens coercitifs forçant les parties à respecter les accords de paix.
Départ de Donetsk des impuissants observateurs de l'OSCE
B / Concernant Zelensky
Le président ukrainien Zelensky ne serait plus à Kiev, et il y a des signes que son emplacement exact est caché. Zelensky a enregistré deux vidéos prétendument à Kiev, mais quelques indices permettent d'en douter :
- Il enregistre la vidéo sur son smartphone téléphone,
- il y a un montage où le tableau qui est derrière lui disparaît lorsque l'angle change.
- Zelensky a une coiffure légèrement différente et différentes longueurs d'ombre sur son visage.
- Etc..
Erwan Castel
Source : https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/03/jour-z13-point-de-situation.html
Les dangers d'une adhésion de l'Ukraine à l'UE ... pour l'Europe elle-même
jeudi 10 mars 2022
La question de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne va être une des questions centrales du sommet de Versailles, qui doit se dérouler les 10 et 11 mars. Si les instances européennes et certains pays de l'Est y sont favorables, l'on voit une opposition franche de la France. L'entrée de l'Ukraine dans l'UE serait une erreur stratégique terrible pour l'Europe, mais servirait parfaitement les intérêts atlantistes dans le cadre de ce combat global mené avec la Russie et l'asservissement du Continent européen.
Utilisant le conflit armé en Ukraine, Zelensky plaide pour une entrée accélérée de l'Ukraine dans l'Union européenne, ce qui aurait pour effet direct de sortir le conflit de sa dimension locale pour le globaliser. Ursula von der Leyen, elle, soutient l'adhésion, comme cela est formulé sur Euronews :
"Pendant que nous discutons, la foule est dans la rue devant le bâtiment de la Commission et réclame également l'adhésion à l'Union européenne. L'Ukraine devrait-elle être candidate à l'adhésion à l'UE ?
Nous avons un processus avec l'Ukraine qui consiste, par exemple, à intégrer le marché ukrainien dans le marché unique. Nous avons également une coopération très étroite sur le plan énergétique. Autant de sujets sur lesquels nous travaillons en étroite collaboration et au fil du temps. Il y a un sentiment d'appartenance, ils font partie de nous et nous voulons qu'ils nous rejoignent."
Ainsi, le 7 mars, l'UE a lancé la procédure d'examen de la demande d'adhésion déposée par l'Ukraine, ainsi que celles de la Moldavie et de la Géorgie. Si l'Ukraine demande une adhésion sans délai, il est rappelé qu'une telle procédure n'existe pas, en fait elle est extrêmement longue et complexe.
De son côté, pour des raisons politiques, la France ne soutient pas une adhésion de l'Ukraine à l'UE :
"il n'est pas question d'évoquer une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. "Il est trop tôt pour passer de vingt-sept à vingt-huit", souligne l'Élysée qui estime que cette décision ne peut pas être prise en un week-end."
Soutenir l'Ukraine, adopter des sanctions, fournir des armes, à cela les pays européens sont prêts et ils le font, même à l'encontre de l'intérêt national des pays composant l'UE, même au prix de leur économie nationale, déjà mise à mal après deux années de guerre globale covidienne contre les hommes et les Etats. Mais faire entrer l'Ukraine dans l'UE serait offrir sur un plateau la tête de l'Europe aux Etats-Unis.
Même si ce scénario semble peu réaliste, voyons les effets possibles. Sans entrer dans toutes les conséquences économiques et sociales pour les pays européens, l'entrée de l'Ukraine dans l'UE pose la question principale de savoir dans quelles frontières elle entrerait. Puisqu'il y a peu de chances pour que l'Occident reconnaissance la Crimée et l'indépendance du Donbass, cela voudrait dire que l'UE importe en son sein le conflit avec la Russie et que les pays de l'UE entrerait directement en conflit avec la Russie. Le conflit ne serait alors plus local, mais se généraliserait avec le jeu des alliances.
Cela ne signifie pas pour autant qu'il serait militaire, mais un nouveau rideau de fer, que les Atlantistes imposent à l'Europe et au Monde, se dessinerait pour des années entre la Biélorussie, la Russie d'un côté et l'UE de l'autre. Mais un étrange rideau, dont le positionnement déclaratif ne corespondra pas à la réalité politique vécue (avec ou sans Crimée, avec ou sans Donbass, quid des Etats qui soutiennent la Russie, etc.). Cette division, aussi artificielle qu'émotive, servirait parfaitement les intérêts Atlantistes, dans leur volonté d'isoler pour assécher la Russie et au passage terminer le travail d'écrasement des pays européens à travers les institutions de l'UE.
Espérons qu'à défaut d'une vision stratégique, il restera au moins un certain instinct de survie à l'Europe pour éviter de tomber dans ce piège.
source : https://russiepolitics.blogspot.com/2022/03/les-dangers-dune-adhesion-de-lukraine.html#more
Des documents montrent qu’une opération offensive était prévue contre le Donbass en mars de cette année
Publié le mars 10, 2022 par Wayan
Par le Ministère de la Défense Russe − Le 9 mars 2022 − Source The Saker’s Blog
Le ministère russe de la défense a obtenu les documents originaux d’un ordre de combat émanant de la Garde nationale prouvant que l’Ukraine préparait une opération offensive contre le Donbass en mars de cette année.
Briefing du porte-parole du ministère russe de la Défense, le général de division Igor Konashenkov.
Durant une opération militaire spéciale, des documents classifiés (https://function.mil.ru/files/morf/dokumentynua.pdf) émanant du commandement de la Garde nationale ukrainienne se sont retrouvés entre les mains des militaires russes. Ces documents confirment la préparation secrète par le régime de Kiev d’une opération offensive prévue contre le Donbass en mars 2022.
Le ministère russe de la Défense publie l’ordre secret original du commandant de la Garde nationale d’Ukraine, le colonel-général Nikolaï Balan, daté du 22 janvier 2022.
Ordre concernant « l’organisation de la formation d’un groupe tactique de bataillon de la 4e brigade opérationnelle pour effectuer des tâches de combat (spéciales) et une opération de forces conjointes dans le cadre d’une brigade des forces armées de l’Ukraine. »
Ce document est adressé aux chefs des départements territoriaux nord de Kiev, sud d’Odessa et ouest de la Garde nationale d’Ukraine.
L’ordre, porté au commandement de la Garde nationale d’Ukraine, explique le plan de préparation d’un des groupes de choc pour les opérations offensives dans la zone dite « Opération des forces conjointes » dans le Donbass.
Le document approuve la structure organisationnelle du bataillon-groupement tactique de la 4e brigade opérationnelle de la Garde nationale, l’organisation de son soutien global et sa réaffectation à la 80e brigade d’assaut aérienne séparée d’Ukraine.
Je tiens à souligner que depuis 2016, cette formation des troupes d’assaut aérien de l’Ukraine est entraînée par des instructeurs américains et britanniques dans le cadre des programmes de formation « standard OTAN » à Lvov.
Conformément à l’ordre, le commandant adjoint de la Garde nationale a été chargé d’organiser l’entraînement au combat conjoint du bataillon-groupement tactique de la Garde nationale dans le cadre de la 80e brigade d’assaut aérien séparée des forces armées de l’Ukraine du 7 au 28 février 2022.
J’attire votre attention sur le fait que pas moins de cinq sous-paragraphes du 4ème paragraphe sont consacrés aux questions de la sélection minutieuse du personnel, de l’examen par des psychologues et de la garantie de leur forte motivation.
Pour cette raison, les militaires de la Garde nationale reçoivent « du matériel d’agitation visuelle, d’information et de propagande, des drapeaux et des produits d’impression. »
Le commandant adjoint de la Garde nationale pour les effectifs a reçu l’ordre d’organiser « un système efficace de soutien moral et psychologique pour le groupe tactique du bataillon de la 4e brigade opérationnelle, les communications internes des commandants avec les subordonnés, l’information. »
En même temps, il est important « d’expliquer au personnel les décisions de commandement et l’importance des tâches à venir. »
J’attire particulièrement l’attention sur le fait que le 12e paragraphe de l’ordre interdit d’envoyer les militaires de la Garde nationale qui ont présenté des résultats « insatisfaisants » aux tests psychologiques selon le critère de « l’appétit pour le risque » dans la zone de formation du commandement conjoint et sur le lieu des « tâches spéciales de combat ».
Tous les événements de l’entraînement au combat conjoint des nationalistes ont l’ordre d’être achevés d’ici le 28 février afin de garantir davantage l’accomplissement des missions de combat dans le cadre de l’« opération des forces conjointes » ukrainiennes dans le Donbass.
Le document contient les signatures originales des responsables du commandement de la Garde nationale d’Ukraine chargés de ces tâches.
On se souvient des déclarations des dirigeants du régime de Kiev, répliquées par les médias occidentaux, en février, selon lesquelles il n’y avait aucun projet d’attaque armée des républiques populaires de Lougansk et de Donetsk, de leur désir de résoudre toutes les questions de « manière politique et diplomatique ».
Pourtant, les originaux des documents militaires secrets de la Garde nationale d’Ukraine prouvent clairement la fausseté de ces déclarations.
L’opération militaire spéciale des forces armées russes, menée depuis le 24 février, a contrecarré une opération offensive de grande envergure des troupes ukrainiennes contre les républiques populaires de Lougansk et de Donetsk, en mars de cette année.
Donc, une seule question demeure obscure à ce jour : à quel point les dirigeants américains et leurs alliés de l’OTAN ont été impliqués dans la planification et la préparation de l’opération de prise d’assaut du Donbass par le groupement de forces conjointes ukrainien début mars. A quel point tous ceux qui prétendent tant se soucier de la paix en Ukraine aujourd’hui sont impliqués dans cet assaut.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Notes sur les mondes autour de l’Ukraine
• La guerre de l’Ukraine est le premier champ de bataille où, malgré l’importance extraordinaires de la bataille, le principal facteur de cette bataille est, comme jamais auparavant, le “bataille de la Communication”. • C’est aussi la démonstration que cette “bataille”, spécialement pour ceux qui l’ont entrepris d’une façon écrasante et semblent par conséquent la dominer, est loin, très loin, de donner la victoire à ceux-là qui justement le domine. • C’est le facteur-Janus : jamais, encore une fois jamais, la communication n’a montré autant qu’elle est ontologiquement un acteur-Janus qui peut faire s’effondrer ceux-là qui l’ont déclenchée et semblent la dominer. • C’est là le point essentiel de cette “guerre de l’Ukraine”, parce qu’il intervient, non seulement en Ukraine, mais autour de l’Ukraine, dans le formidable affrontement entre ce qui se résume avec une brutalité et une clarté sans égales, à un antagonisme entre deux forces globales, dans lesquelles nous devons identifier le Système et l’antiSystème agissant en réaction. • Ce pourquoi nous pouvons dire qu’il s’agit absolument de notre Grande Crise.
10 mars 2022 (09H45) – Il nous est apparu assez rapidement qu’il y avait effectivement une “bataille de la communication” à côté de ce que l’événement impliquait d’antagonisme opérationnel... “Assez rapidement”, peut-être même dans la minute où les premiers chars russes se sont ébranlés, “peut-être même dans la minute” où Poutine commença son discours du 22 février, puis au terme, après nombre de “peut-être même dans la minute”, pour arriver à ce “peut-être même dans la minute” où commença l’attaque du 11-septembre, en notre début de siècle.
Aussitôt, nous sommes tentés de reproduire cette citation maintes fois signalée, du début de l’essai final dans le livre ‘Chroniques de l’ébranlement’ (PhG, éditions Mols, 2003), mais en la réduisant au strict aspect de la communication :
« D'abord, il y a ceci : en même temps que nous subissions cet événement d'une force et d'une ampleur extrêmes [l’attaque du 11-septembre], nous observions [à la télévision et en temps réel] cet événement en train de s'accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement. L'histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire... »
C’est bien ce que nous voulons dire : “peut-être même dans la minute” où le premier avion frappa la tour de Manhattan, il nous est apparu, consciemment ou (plutôt) inconsciemment, que cet événement, dont la puissance nous était communiquée instantanément par la puissance de la communication, que nous nous trouvions confrontés à deux perceptions dont la seconde devait être le fruit de l’effet-Janus de la communication.
Ce phénomène des deux perceptions contraires, très vite concrétisés par la complexité et le désordre d’une multitude de faits opérationnels avec leur lot d’évidences, d’affirmations, de tromperies, de manipulations, n’a jamais été aussi instantané, lumineux et catégorique que dans cette “guerre de l’Ukraine”. Aussitôt, deux fronts s’établirent : celui de la guerre, celui de l’interprétation de la guerre. La bataille entre deux adversaires fut aussitôt doublée de la bataille entre deux “vérités”, notre tâche étant d’en faire sortir une “vérité-de-situation”.
Il doit être dit ici que nous sommes nous-mêmes engagés dans cette bataille pour la vérité-de-situation, et même nous la percevons clairement surtout parce que nous sommes arcboutés sur notre référence fondamentale, – Système contre antiSystème et ‘Delenda Est Systema’, – qui est bien au-delà, et au-dessus, du champ de la bataille. Nos lecteurs ont certainement deviné où cette vérité-de-situation pour nous se trouve. Mais nous ne voulons en aucun cas en faire état ici : notre sujet n’est pas de déterminer ce qui l’est déjà pour nous, mais bien d’observer comment cette bataille (grossièrement “entre deux ‘vérités’”) peut être réglée ; car cette bataille ne concerne pas une victoire et une défaite, mais bien une réconciliation, si cela est seulement possible, de deux perceptions sur la seule vérité-de-situation.
Le désordre : simulacre et vérité-de-situation
Aujourd’hui, nous en arrivons à une somme astronomique de perceptions d’événements, infiniment plus nombreuses que les événements observables puisqu’allant jusqu’à ce que nombre d’entre eux (l’écrasante majorité) sont fabriqués, imaginés, devinés, malaxés, distordus, etc., et sur lesquels s’affrontent en gros deux perceptions antagonistes. Il ne s’agit donc nullement de la seule propagande, mais aussi et surtout, en plus et bien au-delà de la propagande (d’une autre nature, d’une substance et d’essence différentes), il s’agit de simulacres, de narrative, engageant non pas une tromperie et une interprétation sur des faits donnés sur l’existence desquels s’accordent les deux perceptions, mais bien l’affirmation de deux mondes opérationnels différents parsemés d’événements différents.
Un exemple de l’amoncellement de ce phénomène nous est donnée par cet extrait d’un texte (d’hier 9 mars) d’un observateur indien, monsieur Subratim Barman, dont on ne doit pas cacher qu’il a sa vérité-de-situation, mais qui énumère ici un certain nombre de constituant de ce phénomène. Cette énumération est dans son chef une accusation tout à fait fondée, mais n’en retenez que l’accumulation, la complexité, le désordre en un mot :
« Il y a des clips d'un jeu vidéo qui revendique 22 millions de vues, censés représenter un avion russe abattu, une explosion de gaz à Tianjin, en Chine, qui passe pour une frappe aérienne russe sur des infrastructures civiles. Un clip télévisé d'une manifestation autrichienne d'art de rue contre le changement climatique est présenté comme étant celui de civils morts dans des sacs mortuaires, tués par l'artillerie russe effrénée et aveugle. Des images d'une femme en bandages sur les couvertures de magazines européens, qui s'avèrent être truquées car la femme n'est ni blessée ni une civile mais un membre des services de sécurité ukrainiens, payé pour se déguiser en acteur de crise. Sur Twitter, nous voyons le visage d'un homme dont CNN a montré qu'il était déjà mort en Syrie et maintenant de nouveau à Kiev... »
Et notre observateur de poursuivre, – disons, pour résumer ce qui fait que la perception publique de cette ‘Ukrisis’ est, dans nombre de pays de notre connaissance (voyez, nous ne donnons pas de précision pour n’être pas accusés de la distorsion tragique de partialité dont notre vie intellectuelle est si parfaitement exempte), – que cette situation est une catastrophe sans précédent de la perception :
« Avant que RT ne soit retiré du système de la communication au Royaume-Uni et dans les pays de l'Union européenne, vous pouviez regarder ses émissions et penser que la Fédération de Russie était en train de gagner cette intervention. Passez deux chaînes plus loin à CNN et vous penserez que la Fédération elle-même est détruite et que les forces armées ukrainiennes sont à quelques kilomètres des portes de Moscou, avec le président Poutine en fuite... »
Quelques grands thèmes du jour
On s’arrête à quelques grands thèmes, autant d’exemples par ailleurs évidents pour tous les gens sérieux, sur ces distorsion, cette dyslexie dans la lecture des nouvelle, cette schizophrénie jusqu’alors dissimulée sous les masques covidiens, ce désordre sans nom de la perception
• D’un côté, les tambours de la Résistance, voire de la contre-attaque victorieuse continuent à rouler. On engage des mercenaires qui se prennent pour les Brigades Internationales de Malraux à Hemingway, quoique parfois avec un salaire conséquent venus de leurs employeurs anglo-saxons du type SMP/ESSD, tel ‘Akademi’ qui soulève bien moins de critique morale dans nos chaumières que le Groupe Wagner russe. On ne compte plus les vidéos ad hoc à la gloire de l’Ukraine, tournées live ou en studio, peut-être bien à Hollywood mais certes pas à Bollywood où la popularité de la cause ukrainienne n’est pas évidente. Les pertes russes sont nombreuses, – chasseurs de combat abattus dans des dogfights ou brillent les pilotes ukrainiens, généraux capturés ou tués, soldats russes dont le moral tressaille ; Zelenski est salué dans les plus improbables publications par rapport à l’argument développé, comme un véritable Cyrano de Bergerac de la Résistance à cause du panache (aux dernières nouvelles, on tenterait péniblement de se rattraper), etc... Tout cela, question de perception, certes.
A côté de cela, et tout au contraire, sonnent les rumeurs de négociations, voire d’un accord possible qui passerait par les concessions imperturbablement réclamées par les Russes. Il y a beaucoup de sources à cet égard et l’on s’attachera à l’une précisément, qui nous est habituelle, qui est encore celle d’un citoyen indien, M.K. Bhadrakumar. (Dans un texte plus récent, Bhadrakumar confirme le revirement de Zelenski.)
« Contrairement aux prédictions des médias occidentaux, l'opération spéciale de la Russie en Ukraine entre dans une phase finale réussie sur le plan politique et diplomatique beaucoup plus tôt qu'on ne l'aurait pensé.
» Une lecture attentive des résultats du troisième cycle de pourparlers de paix en Biélorussie la nuit dernière montre que les négociateurs ukrainiens ont demandé un peu plus de temps pour apporter une réponse complète aux conditions russes de cessez-le-feu.
» L'Ukraine a fait part de sa volonté d'être un pays neutre, excluant toute adhésion à l'OTAN. Les principaux points d'achoppement se résument à : a) la reconnaissance de la Crimée comme faisant partie de la Russie ; et b) la souveraineté de Lougansk et de Donetsk.
» Ce sont des exigences non négociables. Mais elles constituent une pilule amère à avaler pour les dirigeants ukrainiens. La position de l'Ukraine est que ces demandes sont “pratiquement” impossibles.
» Mais, comme l'a déclaré à RT Vladimir Medinsky, chef de l'équipe russe, “à mon avis, il y a une grande différence entre impossible et ‘pratiquement impossible’... J'espère que nous finirons par trouver une solution.”
» La partie russe se sent encouragée, bien que les discussions d'hier n'aient donné aucun résultat tangible. Ils ne sont pas pressés de se lancer dans des offensives militaires majeures. »
• Un autre grand thème est l’isolement de la Russie face à la “quasi”- unanimité du reste du monde. La chose fut claironnée avec la « condamnation massive » de la Russie, par la majorité de l’Assemblée Générale de l’ONU. On oublia en général que les votes de condamnation étaient offerts en deux options : condamnation simple et condamnation + sanctions, le décompte réduisant alors considérablement la massivité de la chose en offrant le choix entre le symbole (de communication, nullement religieux) et l’action.
Depuis, des actes très concrets sont venus tempérer ce jugement global pour en autoriser un autre, – d’une perception l’autre, – notamment pour ce qui est de la position diplomatique des USA. C’est ce que montre un texte de ‘ZeroHedge.com’ qui, il faut le préciser, observe depuis le début de la crise une position pas tout à fait tranchée, mais en général critique des actions russes en Ukraine, – au travers de ses propres textes comme de ceux de l’extérieur qu’il reprend. Dans le texte cité, ‘ZeroHedge.com’ montre involontairement ce qu’il faut penser de certains votes de condamnation (symbolique, sans sanctions), puisque le Brésil a voté la condamnation sans sanctions à l’ONU :
« D’abord, le président brésilien Jair Bolsonaro a refusé de condamner l'invasion russe en Ukraine. Puis, l'Inde a fait de même, – le gouvernement Modi tentant de trouver un équilibre entre ses liens historiques avec Moscou et son partenariat stratégique avec Washington.
» Aujourd'hui, les dirigeants saoudiens et émiratis refusent de répondre aux appels de M. Biden, alors que le président américain tente de contenir la flambée des prix du pétrole, selon le Wall Street Journal, qui ajoute que les monarchies du Golfe Persique ont fait savoir “qu'elles ne contribueront pas à atténuer la flambée des prix du pétrole si Washington ne les soutient pas au Yémen et ailleurs”.
» “On s'attendait à un appel téléphonique, mais il n'a pas eu lieu”, a déclaré un responsable américain au sujet d'une discussion prévue entre Biden et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman. “Cela faisait partie de l'ouverture du robinet [du pétrole saoudien]”.
» Selon des responsables du Moyen-Orient et des États-Unis, le cheikh Mohammed bin Zayed al Nahyan des Émirats arabes unis a également refusé de parler à Biden ces dernières semaines.
» Pourtant, le prince Mohammed et le cheikh Mohammed ont tous deux pris des appels téléphoniques du président russe Vladimir Poutine après avoir refusé de parler à Biden, selon le WSJ. Ils ont également parlé avec le président ukrainien Volodymyr Zelenski. »
Qui veut des MiG-29 polonais ? On solde !
Là-dessus, nous mentionnerions un autre chapitre de cette étrange aventure, où toutes les perceptions se heurtent et s’entrechoquent. Il y a d’abord l’immense mais très-résistible appel à venir au secours des Ukrainiens, par tous les moyens, mais en général surtout par celui du transfert de diverses quincailleries militaires, cela permettant à l’industrie de l’armement de “faire le job” (fournir des bénéfices aux actionnaires). Depuis plusieurs jours, lorsqu’on sent qu’il faut passer encore plus à la vitesse supérieure, on parle d’avions de combat à transférer aux Ukrainiens, sans trop s’inquiéter de savoir sur quelles bases (les Russes les ayant toutes neutralisées), dans quelles conditions (les Russes dominant totalement l’espace aérien), etc. Finalement, on finit par se dire, – “on” ? Pour nous, essentiellement les Polonais poussés par la fraction américaniste qui leur est acquise, – qu’il serait bien de transférer des MiG-29 que les pilotes ukrainiens connaissent bien.
Le secrétaire d’État Blinken leur donne “le feu vert” et les Polonais commencent alors à sérieusement réfléchir à ce que serait, selon la Russie, un “acte de guerre” (de la Pologne seule ? De l’OTAN ?). Ils se tournent vers l’OTAN et tombent sur un Stoltenberg aussi muet qu’une carpe et aussi plat qu’une limande : l’OTAN ne prend aucun risque. Ils proposent alors, les Polonais, sous l’argument qu’ils n’ont pas l’infrastructure nécessaire pour cette sorte d’aventure, de transférer (“tout frais payés”, disent-ils !) les MiG-29 aux USA, exactement sur la base de Ramstein, en Allemagne, d’où pourraient être lancés les vols.
La riposte du Pentagone est foudroyante et dévastatrice, ce qui implique, d’abord qu’il y a une absence forte d’autorité centrale dans l’administration Biden où chacun fait à peu près ce qu’il veut ; surtout qu’il y a une aussi forte différence de perception entre le département d’État et le Pentagone... Bref, voici ce que dit le Pentagone, et cela est certes sévère pour les Polonais, mais surtout pour le département d’État qui a laissé passer cela...
« Quelques mots vifs et un rejet rapide de la part du Pentagone mardi soir : La perspective de voir des avions de combat “à la disposition du gouvernement des États-Unis d'Amérique” quitter une base des États-Unis et de l'OTAN en Allemagne pour pénétrer dans un espace aérien contesté par la Russie au sujet de l'Ukraine “suscite de graves inquiétudes pour l'ensemble de l'alliance de l'OTAN”, a déclaré John Kirby, porte-parole du Pentagone, au sujet de l'annonce polonaise qui a pris l'administration Biden par surprise.
» Kirby a décrit comme suit le point de vue du Pentagone sur la déclaration faite par la Pologne, plus tôt dans la journée, selon laquelle elle enverrait tous ses jets MiG-29 de fabrication russe à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, afin que les États-Unis puissent les transférer plus loin en Ukraine :
» “Il n'est tout simplement pas clair pour nous qu'il y ait une justification substantielle pour cela”, a-t-il ajouté, soulignant que la proposition “montre juste certaines des complexités que cette question présente”.
» “Nous continuerons à consulter la Pologne et nos autres alliés de l'OTAN sur cette question et les difficiles défis logistiques qu'elle présente, mais nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit défendable”. »
... Ce même département d’État aussitôt mis en mode hyper-‘damage control’ avec une Victoria Nuland qui était prévue en audition au Congrès, et qui vient soi-disant en ayant appris la nouvelle sur le parcours vers le Congrès ; et la voilà aussitôt au charbon pour dédouaner son ministère sur ordre de Blinker, en affirmant sa complète “surprise”, – ce dont nous nous permettrons de douter, dans tous les cas pour son compte personnel...
Enchaînement : autorisation aux Polonais du département d’État sur pression du clan Nuland, manœuvre de défausse des Polonais (transmission de la “patate chaude”), réaction furieuse du Pentagone, rétropédalage en catastrophe de Nuland :
« Ce niveau d'énorme contradiction entre alliés sur un développement aussi important est juste un peu gênant et même embarrassant. L'administration Biden affirme avoir été complètement "surprise" par la déclaration de la Pologne, il y a quelques heures, selon laquelle elle enverrait tous ses jets MiG-29 de fabrication russe à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, afin que les États-Unis puissent les transférer à l'Ukraine.
» Bien que ce plan éventuel ait été envisagé pendant plusieurs jours, il ne semble pas que la Maison Blanche ait été informée de la décision finale de Varsovie avant que l'annonce ne soit déclarée comme une "affaire conclue" sur le site Internet du ministère polonais des affaires étrangères. Apparemment, pour Washington, il n'y avait pas d'accord conclu du tout.
» La décision de la Pologne de mettre tous ses jets MIG-29 à la disposition des États-Unis n'a pas fait l'objet d'une consultation préalable avec Washington", a déclaré mardi Victoria Nuland, sous-secrétaire du département d'État, à la suite de la déclaration de la Pologne. Et encore :
» “À ma connaissance, nous n'avons pas été préalablement consultés sur le fait qu'ils prévoyaient de nous donner ces avions", a-t-elle déclaré lors d'une audition de la commission des affaires étrangères du Sénat. "J'ai hâte, une fois cette audition terminée, de retourner à mon bureau et de voir comment nous allons répondre à cette proposition de leur part de nous donner ces avions", a-t-elle ajouté.
» Voici comment l'échange a commencé :
» “J'étais dans une réunion où j'aurais dû entendre parler de cela juste avant de venir [à une audition au Sénat], donc je pense que c'était en fait un geste surprise de la part des Polonais", a déclaré la sous-secrétaire d'État aux affaires politiques Victoria Nuland aux législateurs américains.
» Interrogée par un sénateur sur la question de savoir si les responsables américains s'étaient coordonnés à l'avance avec la Pologne avant que Varsovie ne fasse son annonce, Nuland a répondu : “Pas à ma connaissance”. »
Une sorte d’“alternative du diable”
Poursuivons le cas des MiG-29 polonais qui est exemplaire d’irresponsabilité et d’imbrications destructrices dans le système de gouvernement et d’“hégémonie” de l’américanisme, mais sur le plan de la perception :
• Qu’est-ce qui a poussé Blinken à donner son “feu vert” à une telle initiative d’un État “normalement vassal”, pouvant déclencher un conflit avec la Russie impliquant nécessairement l’OTAN ?
• Il s’agit d’une décision irresponsable (même si l’influence d’une Nuland y a poussé) dont on ne voit la cause que dans une perception erronée : d’une part des réactions d’une Russie supposée blessée, sur la défensive et effrayée ; d’autre part de la valeur du totem ukrainien de la Résistance et de la conviction que toutes les consignes de Washington seront exécutées au doigt et à l’œil par Zelenski supposé en position d’une grande autorité (churchillienne, rien que ça).
• Qu’est-ce qui a poussé la Pologne à l’habile manœuvre de transférer les MiG-29 aux USA, sinon une perception complètement différente de celle de Blinken de la réalité de la situation tactique ?
• Qu’est-ce qui a poussé le Pentagone à réagir aussi furieusement, jusqu’à exposer en public la catastrophique gestion crisique de l’administration Bident (du département d’État, et des relations avec les pays vassaux), sinon une perception complètement différente de celle de Blinken de la réalité de la situation stratégique ?
Le cas est encore très réduit et appuyée sur de nombreuses interférences bureaucratiques propres à Washington, qui ne relèvent pas toutes nécessairement de différences de perceptions. L’exemple de l’ONU est plus significatif pour ce que nous voulons montrer. Le résultat du vote a été un simple exercice cosmétique de maquillage avec cette bizarre division, mise en place pour attirer le vote de condamnation comme on attire le chaland, entre les votes de condamnation avec l’acte des sanctions et la symbolique de condamnation sans sanctions (une sorte de “minimum syndical” d’un monde où les pressions US sont toujours importantes, avec un vote pour être quitte de cette pressions plutôt qu’exprimer un sentiment concernant Poutine et l’Ukraine).
Les accrochages avec Washington qui ont suivi (Arabie Saoudite) et vont se poursuivre montrent alors une formidable différence de perception entre un cas et l’autre, notamment sur la situation de puissance triomphante et bienfaisante (pour les ukrainiens) que se sont attribués comme d’habitude les USA, et que ne perçoivent absolument plus (différence de perception) des deux tiers aux trois-quarts de l’humanité. Le camp du bloc-BAO, qui clame que la Russie est complètement isolée, est perçue par les “dissidents” du vote, y compris les adeptes du vote symbolique pour la condamnation seulement, comme lui-même complètement isolé.
Or, les perceptions produisant les convictions, essentiellement du côté du bloc-BAO, ont été et sont essentiellement entretenues dans leur paroxysme actuel par la formidable offensive de la communication, – si même ils n’ont été créées par elle à partir d’une diabolisation de Poutine et de la Russie devenue depuis des années une sorte de ‘business as usual’ de la communication, sorte de pavlovisation de la pensée.
Le paradoxe est là et bien là : ceux qui sont le plus touchés, et de très loin, par l’offensive sont ceux qui l’ont déclenchée et la poursuivent pour que le monde entier, y compris la Russie elle-même, se soumettent à cette perception. Ils sont entretenus, renforcés, emprisonnés dans cette croyance. Il n’y a plus de place dans leurs intellects, ni pour une âme ni pour un esprit critique, tant la communication est forte, bruyante, torrentueuse, – et certes non, en ne parlant évidemment pas des inexistantes nuances nécessaires du contenu mais de la brutalité de la force & de la forme, du déferlement quantitatif...
La question essentielle est alors de savoir comment l’on pourrait revenir à une sorte de “normalité”, à une situation commune aux acteurs, même si cette communauté est là pour permettre l’affrontement des idées et des convictions, – mais au moins qu’on se retrouve sur le même terrain. Nous répétons ce jugement vu plus haut, dans ce cas en italique, comme une citation, pour le mieux mettre en évidence : il ne s’agit pas de propagande qui est la manipulation d’une chose commune à tous, qu’on peut libérer de l’illusion ainsi créée en cessant la manipulation, en “manipulant la manipulation” dans un sens vertueux. Il s’agit de tout autre chose, il s’agit d’une véritable dystopie :
« Il ne s’agit donc nullement de la seule propagande, mais aussi et surtout, en plus et bien au-delà de la propagande (d’une autre nature, d’une substance et d’essence différentes), il s’agit de simulacres, de narrative, engageant non pas une tromperie et une interprétation sur des faits donnés sur l’existence desquels s’accordent les deux perceptions, mais bien l’affirmation de deux mondes opérationnels différents parsemés d’événements différents. »
On trouve, épars et pourtant déjà significatifs, des interventions qui vont dans ce sens, qui posent non pas un problème moral comme ceux que l’on goûte avec délice dans les salons, mais un problème d’équilibre psychologique selon la question de la perception, – c’est-à-dire une question avec la menace sous-jacente de la folie. Voici par exemple une observation d’un lecteur (‘Cesare’, le 9 mars 2022, dans les commentaires du texte du jour de ‘TheMoonofAlabama’ mentionnant l’évolution de Zelenski qu’on a vue plus haut) :
« Que diable fera l'Occident lorsque la guerre sera terminée et qu’il se sera déjà engagé dans une longue guerre économique ? Comment se calmer après avoir comparé la Russie à l'Allemagne nazie en 1939 ? Comment faire pour ne pas reconnaître la Crimée russe alors que l'Ukraine le [ferait] elle-même ? »
En effet, la position que nous avons épousée, – nous parlons de la foule des ‘antipoutiniens’, dont l’immense majorité de nos dirigeants et de nos élites font chaleureusement partie, comme la Lune, – est ancrée dans une conviction quasiment religieuse, zélée, presque tremblante d’émotions. Ce ne sont pas des moutons (y compris élites et dirigeants) qui ont été endormis comme nombre d’observateurs soi-disant antiSystème et armés d’une pensée non pas complotiste mais qui complot contre soi-même pour le plaisir de la dialectique d’une juste raison-subvertie, ce sont des croisés dont la vie intellectuelle a été mise au service de cette conviction de fer.
On craindrait presque d’aller jusqu’à dire, comme possibilité clinique, qu’il s’agit d’une sorte d’“alternative du diable” : c’est poursuivre dans cette voie envers et contre tout, ou c’est devenir fou.
Source : https://www.dedefensa.org/article/notes-sur-les-mondes-autour-de-lukraine
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