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"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
mercredi 7 février 2024
dimanche 25 juin 2023
vendredi 16 septembre 2022
lundi 8 août 2022
Le “tournant profond” de Poutine
source : https://www.dedefensa.org/article/le-tournant-profond-de-poutine
8 août 2022 (14H55) – Lorsque l’Opération Militaire Spéciale (OMS) a commencé, le 24 février 2022, tout paraissait clair dans l’esprit des observateurs. La Russie devait aller vite pour régler cette affaire, surtout éviter l’“enlisement”. Certains y voyaient, qui pour s’en réjouir qui pour s’en désoler, une consigne de l’au-delà, une sorte de doctrine “RIP-Brzezinski” opérationnalisé en un piège de type-“néo-Zbig” : faire de l’Ukraine un “second Vietnam” pour la Russie, comme l’Afghanistan avait été, en 1980-1988 et à l’instigation du même Zbigniew Brzezinski, le “Vietnam de l’URSS” (donc “premier Vietnam” de la Russie).
Très vite, en même temps que s’élevait comme un opéra wagnérien scandé par le régiment-Azov le concert d’admiration médiatique et de louanges communicationnelles pour l’héroïsme ukrainien et le génie stratégique de Zelenski, il devint admis que cette doctrine “néo-Zbig” était bien la pensée profonde de D.C. et du Pentagone. Il fallait « mettre la Russie à genoux », la chose fut dite par l’imposant secrétaire à la défense Austin ; c’est-à-dire, faire durer le conflit, pour que la Russie s’y épuise, militairement et économiquement, conduisant en toute logique américaniste à une révolte populaire mettant Poutine à bas et instaurant la démocratie néo-libérale et bien entendu américaniste.
En plus et pour la parfaite équité, il faut être juste et songer aux quarante discours-Macron qui ont fait la France ! Avec son flair infaillible, son intuition quasi-divinatoire, sa sublime vision stratégique, son sens moral exacerbé à la manière de la cithare lancinante comme le destin de l’Anton Karas du ‘Troisième Homme’, la France macroniste avait vu juste avant tout le monde. Elle nous avait averti, dès le lendemain de l’attaque et d’une voix de maître par Bruno Lemaire, que nous allions « faire s’effondrer l’économie russe » et mettre la Russie dans un sinistre et mortel isolement. Ensuite, on la découperait en parts égales, et pour les US un peu plus égale que les autres, comme l’on fait d’une tarte au miel de Samarcande.
Bref, nous étions fixés, c’est-à-dire, – après avoir consulté notre dictionnaire des “idées reçues” à la rubrique Bouvard-et-Pécuchet, – que nous étions mystifiés... Car peu à peu, les choses changèrent très vite. L’opéra wagnérien sur l’héroïque Zelenski se transforma en une ‘Prova d’orchestra’ à-la-Fellini et nous pûmes commencer à reconnaître, dans les torrents de censures diverses déversés sur nous pour nous assurer d’une exceptionnelle récolte idéologique sans canicule inopportune pour l’héroïsme-woke, quelques éclats de ce que nous appelons une vérité-de-situation ; certes et redite, “peu à peu, les choses changèrent très vite” pour nous faire comprendre que les choses n’allaient pas du tout dans le sens impérativement proclamé, mais plutôt inversement, dans le sens interdit par les consignes du Camp du Bien.
Bref (bis), je passe là-dessus car on en connaît assez pour en arriver à la situation présente. Les Russes dominant leur sujet, mais peu à peu sans trop se presser et plutôt en canonnant diablement l’adversaire pour éviter les pertes ; l’économie russe rose de plaisir et pétante de santé tandis que l’inverse survient de l’autre côté, du côté que je nomme, comme vous le savez, bloc-BAO comme si l’on y trouvait la force d’un bloc de granit ; et comme d’habitude, enfer et damnation, simulacre de la chose, papier-mâché plutôt que granit...
Le premier composant de ce développement (tournant ?) “inattendu” (?) de la fortune du monde est peut-être ceci que je désignerais comme le premier élément du “tournant profond” dont l’on parle dans le titre... Ce que l’on annonçait dur comme du granit pour la Russie est en train de se produire pour le bloc de papier-mâché. Au contraire, la Russie caracole, avec une économie florissante et une machinerie militaire qui produit ce qui importe ; au contraire, c’est le bloc-BAO qui sème le carnage dans son économie et qui ne cesse de s’épuiser militairement dans des initiatives grotesques, – par exemple, lorsque CBS.News, pourtant bien vu dans le Camp du Bien, vous annonce que 70% des $milliards d’armements transférés à l’Ukraine au détriment des réserves militaires des donateurs disparaissent dans diverses poches des escouades d’oligarques et des “bataillons spéciaux” des corrompus. (Les tentatives de censure par les petits soldats du GAFAM bloquant la vidéo de CBS.News démontrant cette situation relèvent du pathétique-bouffe ; notre système de censure est vraiment en train de devenir fou tant il est grossier et fait bon marché de lui-même...)
Là-dessus, surprise surprise (pour les prophètes-courts), le deuxième composant du “tournant profond” se trouve dans ce fait que la Russie n’est pas, mais alors pas du tout isolée comme nous le promettaient Lemaire & Cie... Parmi les innombrables signes de la chose, on peut citer une sorte de “preuve par le G20” (celui de novembre en Indonésie). Les pays qui se sont opposées à toute mesure symbolique sinon vexatoire contre la Russie, y compris la non-invitation faite à Poutine, donc ces pays qui ont pris sans équivoque le parti de la Russie sont au nombre de dix : l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, la Russie et la Turquie. Le reste, dans la volaille du camp adverse, c’est le bloc de papier mâché, regroupé autour du sémillant Biden. Qui est isolé par rapport à qui et à quoi ?
Ainsi est apparu le second constat après le premier qui est que la “guerre longue” avantage la Russie et non le bloc-BAO, et le second enchaînant directement sur le premier. Cette situation de “guerre longue” fixe un antagonisme non plus d’une guerre régionale, mais d’un affrontement autour du sort d’une civilisation. Cette idée largement partagée désormais, notamment par Jacques Sapir, est celle du “Grand-Sud” faisant sécession du leadership arrogant du bloc-BAO et mettant en cause tout ce qu’il reste de son vacillant édifice. Du coup, l’Ukrisis du départ, composé de l’affrontement de la Russie contre le régime de Kiev, prend la dimension globale et cosmique de l’affrontement entre l’ordre ancien qui s’effrite affreusement dans ses querelles et troubles internes, qui perd sa puissance économique et militaire, et le reste (“The Rest of the World”) qui lève l’étendard de la révolte et ne cesse de pousser à cette dynamique de déconstruction des déconstructeurs.
Ainsi en suis-je conduit à mon hypothèse centrale du “tournant profond” du président russe Poutine. Je suis soudain poussé par le sentiment intuitif que cet homme, soudain pressé, lui, par un affrontement régional peut-être improvisé et délicat, a découvert tout soudain combien l’adversaire, – l’OTAN et non plus le clown-Zelenski, – était faible, vulnérable, totalement intoxiqué par ses propres narrative, et qu’il y avait là une occasion unique à saisir, une occasion que le destin ordonnait de choisir. Ainsi l’homme de la guerre courte et audacieuse aurait-il choisi de passer à la guerre longue et prudente, pour entretenir une dynamique qui enflamme le monde entier et met mortellement en cause la suprématie d’une civilisation plongée dans l’abîme noir...
« ...notre situation présente, au bord de l’abîme, dégringolant dans l’abîme, disparaissant dans ce trou noir sans fond que nous avons nous-mêmes creusé, et que même nous continuons à creuser au long de la chute comme si nous voulions que cette chute soit encore plus profonde, plus éperdue, plus enfouie, creusant au fond comme l’on fait pour une chute sans fond... »
Évidemment, aujourd’hui que cela semble être fait dans le sens de cette dynamique, on est tenté de penser que l’avisé Poutine ne pouvait pas passer à côté de ce qu’il aurait préparé, et que son “tournant profond” était une évidence qu’il ne pouvait qu’exploiter exactement comme il l’avait prévu. Je suis moins assuré de cela (de cette prévision) dans mon sentiment d’être absolument assuré qu’il y a bien un “tournant profond”, passant d’une Ukrisis locale à l’Ukrisis globale. Je crois que la puissance des événements, qui nous vient de bien au-dessus de nous, a dû surprendre Poutine lui-même, qu’il a caché sa surprise derrière son impassibilité qui fait sa grande force de caractère, et ainsi pouvant s’installer parfaitement pour mieux assurer sa conduite et négocier à merveille ce qui était devenu dans cette aventure incroyable, un “tournant profond” sanctifiant la GrandeCrise dans tous ses états.
La fantastique vitesse de l’événement dont l’impulsion nous vient des dieux nous prend tous par surprise, y compris celui qui en fait le meilleur usage possible. Ainsi sommes-nous assurés de vivre une époque sans pareille dans l’histoire du monde. C’est souvent bien lourd à porter ; c’est parfois lumineux à contempler
jeudi 24 mars 2022
Poutine et la Russie sont-ils vraiment « isolés » ? - François Asselineau
Union Populaire Républicaine
vendredi 4 mars 2022
Dis, papa, Poutine il est méchant ? L'édito (pour la paix) de Charles Sannat
Titre original :
« Macron craint le pire. Poutine est-il devenu fou ? » L’édito de Charles SANNAT
par Charles Sannat | 4 Mar 2022 | A la une, Guerre | 86 commentaires
Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Au milieu des années 90 alors étudiant, je faisais le service ou l’accueil dans certains cénacles diplomatiques à Paris. Cela me permettait de croiser quelques ministres étrangers et de les entendre parler de l’avenir des relations internationales. Comme finalement maintenant les plus vieux parmi nous, j’ai vu tomber le mur de Berlin. Je me souviens aussi de la peur qu’inspirait l’URSS et l’armée rouge. Je me souviens de mon père regardant une émission à la télévision dans les années 80 qui expliquait comment les armées du Pacte de Varsovie seraient à Paris en 48 heures balayant tout sur leur passage. Caché derrière le fauteuil au lieu d’être au lit j’en tremblais de peur. J’ai vu toutes les guerres depuis et tous les coups tordus des uns et des autres.
Hier ma fille me demandait si Poutine était méchant.
Je n’ai aucune naïveté sur ce que sont nos élites, sur le cynisme des Anglo-saxons et des Américains en tête. Je n’ai pas plus de doute sur la violence russe. J’ai vu Eltsine, envahir et détruire la Tchétchénie avec l’appui des Américains et de Bill Clinton qui a laissé la CIA fournir à la Russie de quoi localiser le président tchétchène, Djokhar Doudaïev, alors que celui-ci menait des négociations de paix avec Moscou avec son téléphone portable. Et boum un missile guidé laser dans la tête. Personne ne voyait rien à redire à la destruction de Grozny et de ses habitants.
Hier ma fille me demandait si Poutine était méchant.
Et me venait à l’esprit le discours de Poutine où ce dernier faisait la liste à son peuple russe, de nos propres massacres à nous que nous nous empressons bien vite d’oublier. Guerre en Irak 1, puis la seconde en 2003, Afghanistan, Syrie, Liban, Sanctions pendant 40 ans contre l’Iran, Libye, mais aussi il y a plus longtemps, l’Indochine, le Vietnam, ou encore la Corée. Des millions de morts.
L’histoire est ainsi. Horrible. Tragique. Cynique.
Le 1er octobre 1999, l’armée russe intervint à nouveau dans la république séparatiste avec 140 000 hommes. C’est le jeune Vladimir Poutine qui est le Premier Ministre du vieillissant et alcoolisé Eltsine. Deux mois après Boris Eltsine démissionne le 31 décembre 1999 et laisse la place de président à son Premier Ministre Vladimir Poutine. Ce dernier terminera la guerre en Tchétchénie. Il terminera aussi Grozny la Capitale.
Les chefs d’Etats sont rarement des “gentils”. Ils n’ont pas d’amis. Ils ont des intérêts.
Poutine est un homme d’expérience, c’est un chef d’Etat, dans une nation compliquée, issue d’un empire qui s’est effondré et dont l’immensité du territoire et sa diversité rendent la gestion d’une grande complexité.
Comprendre Poutine, c’est comprendre cette imbrication entre l’histoire, la grande, et la géographie avec ses vastes étendues.
Macron “psychiatrise” Poutine et c’est une erreur d’une immense dangerosité.
Ne pensez pas une seule seconde que j’émets une critique à l’égard du président parce qu’il rentre en campagne. A ce rythme les élections n’auront jamais lieu puisque nous nous serons tous atomisés d’ici-là. La situation est effectivement très grave et il faut bien comprendre tout ce qui se passe. Nous ne jouons pas si ce n’est avec le feu.
“Tu commets une erreur grave”
“Le chef de l’État a bien tenté de faire flancher le maître du Kremlin, essayant tant bien que mal de le ramener à la réalité, lui qui a confié sa volonté de “dénazifier” l’Ukraine, pays dirigé par un président de confession juive.
D’après les informations transmises par l’Élysée à BFMTV, Emmanuel Macron, qui tutoie Vladimir Poutine, lui a ainsi déclaré : “Tu commets une grave erreur: l’Ukraine n’est pas un régime nazi, c’est un mensonge”.
“Tu te racontes des histoires. (…) Les conditions russes sont inacceptables”, a aussi déclaré Emmanuel Macron à Vladimir Poutine.
“Le président de la République a invité le Président Poutine à ne pas se mentir à lui-même”, rajoute l’Élysée.
Une fermeté qui n’a pas empêché Emmanuel Macron de laisser la voie ouverte au dialogue. “Si Vladimir Poutine décide de faire autrement, une autre voie est possible”, souligne la présidence de la République”.
Le registre ici est de considérer que le Président Poutine perd pied avec la réalité.
Le discours des journalistes semble plus décrire les derniers instants d’Hitler dans une Allemagne détruite donnant des ordres pour faire déplacer des divisions qui n’existent plus. Quelques heures après Hitler se suicidait. Il aurait eu la bombe atomique, il l’aurait, aux abois sans doute utilisé.
Psychiatriser Poutine est très dangereux, même si c’est vrai, et peut-être même surtout si c’est vrai.
Que nous le voulions ou non, les dirigeants russes ne nous aiment pas, n’ont plus aucune confiance en nous, à tel point qu’ils ont préféré le chemin des armes après avoir tenté celui de la négociation pendant 8 ans. Poutine n’était pas opposé au rapprochement avec l’ouest et avec l’occident. Bien au contraire.
Mais depuis des années, la méfiance à l’égard de l’ouest est devenue grandissante. Elle s’est transformée en peur, et la peur est devenue pour certain de la paranoïa.
Si vous laissez croire à votre adversaire que vous pensez qu’il n’est plus rationnel et qu’il a sombré dans la folie, qu’il ne voit plus la réalité “telle qu’elle est”, alors vous envoyez un message terriblement dangereux.
Vous dites en substance, “j’ai très peur de toi parce que tu es fou”.
Alors je vais vous dire exactement ce que je pense.
La frappe préventive pour éliminer le fou
Si Poutine et je dis bien si, car en fait je n’y crois pas un seul instant, est un fou isolé dans son bunker et qui menace le monde d’appuyer à n’importe quel instant sur le bouton rouge pour raser la planète, alors il faut le neutraliser immédiatement, y compris par la force, y compris nucléaire si nécessaire.
Imaginez que cette pensée soit celle que nous fassions naître dans l’esprit des Russes en disant ce que nous disons…
Cela ne va pas calmer leurs angoisses, leurs peurs ou leurs criantes, mais renforcer un sentiment de danger, d’oppression ou de paranoïa.
Et je crains fort que ce soit exactement à ce résultat que nous arrivons comme en témoigne les propos de Lavrov le Ministre des Affaires étrangères russe.
Dans un tel contexte, il faut mesurer chaque mot.
Dans un tel contexte de tensions, il faut savoir apaiser.
Dans un tel contexte il faut savoir aussi parfois se taire, parce que parler est plus dangereux que le silence.
C’est d’ailleurs exactement ce qu’ont fait les Américains, car en dehors des discours à la Biden où le vieux sénile de la Maison Blanche a conclu son discours sur l’état de l’Union en disant “que Dieu bénisse nos troupes, et aller me le chercher” en parlant de Poutine, du côté de l’armée ils ont fait ce qu’il fallait faire.
Ils ont dit deux choses.
D’une part qu’ils annulaient un tir de test de missile balistique intercontinental afin que cela ne soit pas pris au mieux pour une provocation, au pire pour une attaque par le système de défense nucléaire russe qui est en état d’alerte et donc sur les dents.
D’autre part, il ont dit qu’il n’était pas nécessaire d’augmenter le niveau d’alerte des forces nucléaires américaines afin, là encore, de ne pas alimenter une escalade nucléaire.
C’est ainsi que fonctionne la sagesse et la pondération dans ces affaires-là.
Il faut se garder de toutes les outrances, des propos malheureux.
Macron commet une erreur dans tous les cas.
Si Poutine n’est pas fou, alors le fait qu’ on le prenne pour un fou irrationnel et dangereux ne peut que le pousser à une méfiance encore plus exacerbée.
Si Poutine est fou, alors ce n’est pas la peine de le lui dire et de l’énerver.
Dans tous les cas, le Maire, comme Macron, devraient se taire car ces propos sont de nature à focaliser une tension sur notre pays.
Si nous voulions le faire, nous pourrions le faire par la voix de l’Europe en faisant déclarer nos méchancetés par des membres de la Commission Européenne qui ne représentent pas franchement un pays spécifiquement et chaque pays individuellement pourrait dire à Poutine “C’est pas moi qui l’ai dit, c’est la méchante Ursula”. L’Union Européenne est une idée, pas encore un pays. Il est plus difficile d’atomiser une idée et une entité supranationale qu’un pays.
Il faut donc sortir de ce jeu totalement immature où on mène des dialogues de sourds qui n’aboutissent à rien.
Encore une fois, quels sont nos objectifs ?
Que cherche-t-ton à obtenir ?
Que veut-on ?
Poutine est-il en position de faiblesse ?
Voilà une sacrée question.
Poutine est-il en position de faiblesse ?
Est-il en train de perdre militairement en Ukraine ?
Là aussi entre la propagande des uns et celles des autres la réalité est beaucoup plus nuancée.
Poutine peut raser Kiev et toutes les villes d’Ukraine en moins de temps qu’il le faut pour dire ouf. N’imaginez pas que je trouve Poutine sympathique.
Je n’ai aucun sentiment quand on parle de relation internationale. Je ne connais que les intérêts supérieurs de ma nation et de protection de notre population, de nos familles.
Pourtant force est de constater que nous voyons tout de même bien peu de corps à la télévision et les Ukrainiens de Kiev ne se gêneraient sans doute pas pour nous montrer toutes les exactions du boucher de Moscou !
L’opération russe est lente aussi parce que la stratégie du maître du Kremlin n’est pas de raser Kiev comme il a fait raser Grozny en Tchétchénie. Politiquement raser des villes ukrainiennes est un prix que Poutine ne veut pas payer.
Pour autant, au 7ème jour de guerre, l’armée russe n’a toujours pas de suprématie aérienne totale et continue à se faire bombarder par les drones turcs que possède l’Ukraine. Au 7ème jour, l’armée russe connait des problèmes logistiques et d’approvisionnements qui sont liés à l’éparpillement d’unités nombreuses sur de multiples points.
Oui la résistance ukrainienne est bien plus forte qu’attendue. Oui l’Ukraine est également massivement aidée par l’Europe qui agit de manière fort déterminée pour endiguer l’Ours russe et lui rendre le prix de son aventure en Ukraine totalement prohibitif.
Finalement et tout bien pesé, je pense que Poutine n’a qu’une seule faiblesse réelle. C’est la peur de pertes civiles massives. Le pire à venir selon Macron est évidemment facile à prévoir. Les massacres pourraient bien arriver puisque les Ukrainiens “ne se rendent pas”. Alors, ils finiront comme les Tchétchènes de Grozny. Sous un tapis de bombes. C’est le risque des prochains jours. L’Europe sera alors sidérée.
Poutine n’est donc pas encore totalement fou, il reste largement rationnel et ses exigences sont parfaitement claires.
Il veut une Ukraine neutre et démilitarisée. Le coup de la dénazification, c’est pour “amuser” la galerie, et là aussi il serait souhaitable que le président français ne réagisse même pas à ce genre de propos.
La question à ce stade est donc de savoir si nous avons le souhait, nous autres Européens de donner des garanties à la Russie de Poutine sur la neutralité future de l’Ukraine.
Pour le moment la réponse est non.
La Géorgie et Moldavie demandent d’ailleurs en urgence leur adhésion à l’Union Européenne.
Pas de quoi rassurer la Russie donc.
La peur de la Russie.
L’histoire est tragique.
Elle est faite de cadavres.
“Le terme Holodomor (ukrainien : Голодомо́р, littéralement « famine », de la racine « го́лод », la faim, et « мор », le fléau, formé comme calque du tchèque « hladomor » (famine) en 19331, mais qu’on peut traduire par « extermination par la faim ») désigne la grande famine qui eut lieu en Ukraine et dans le Kouban, en URSS, en 1932 et 1933 et qui fit, selon les estimations des historiens, entre 2,62 et 5 millions de morts. L’évènement, sans précédent dans l’histoire de l’Ukraine, se produit dans le contexte plus général des famines soviétiques de 1931-1933 et eut un nombre particulièrement élevé de victimes”.
Cette immense famine, ce massacre ne doit rien au hasard, mais tout à Joseph Staline.
Quand vous être ukrainien, géorgien, moldave vous n’avez pas oublié de quoi est capable la Russie.
Quand vous êtes polonais, hongrois, tchèque, vous n’avez pas oublié de quoi Moscou est capable.
Quand tout le monde a peur de l’autre, alors, le pire, effectivement, est devant nous.
C’est pour ces raisons et bien d’autres, ces pour ces dizaines de millions de morts que nous devons agir avec tempérance, hauteur et grandeur, parce qu’en Europe, il n’y a jamais, jamais de petite guerre.
Hier ma fille me demandait si Poutine était méchant.
La seule réponse que j’ai pu lui donner et que finalement, aucun de nous était véritablement gentil.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
jeudi 3 mars 2022
Face à Poutine, la prudence du Pentagone
• Plutôt inquiet des bruits de mise en alerte nucléaire des forces russes, le Pentagone reporte un tir d’essai d’un de ses ICBM pour éviter toute confusion. • C’est une indication de l’état d’esprit du Pentagone, contrastant avec l’état d’esprit général qui tend à ne pas prendre trop “au sérieux” la décision de Poutine de mise en alerte. • Le contraste est frappant avec la crise des missiles de Cuba, en 1962, avec les mêmes circonstances inversées. • Mesure de la décomposition de la réalité en narrative, et de la décadence des élites occidentales.
Sur Sputnik.News, s’il est encore accessible pour nous, on a un rapide compte-rendu de la décision du Pentagone de ne pas exécuter un tir d’essai d’un missile intercontinental stratégique LGM-30C ‘Minuteman III’, prévu pour le week-end prochain. L’essai est reporté sine die, et cette décision est explicitement liée à la mise en alerte des forces nucléaires russes.
« “Le week-end dernier, Poutine a ordonné une alerte spéciale des forces nucléaires russes. Nous avons considéré cela comme dangereux et irresponsable. Une telle rhétorique provocatrice est inacceptable. Les États-Unis n’ont pas pris de mesures similaires. Afin de démontrer que nous n’avons pas l’intention de nous engager dans des actions qui pourraient être mal interprétées, notre lancement d'essai du Minuteman III sera reporté à partir de ce week-end”, a déclaré hier John Kirby, porte-parole du Pentagone.
» Le lancement était prévu pour le week-end prochain, mais ne sera pas effectué en raison des fortes tensions avec la Fédération de Russie, où les forces nucléaires ont été placées en état d'alerte.
» Kirby a déclaré que la décision de reporter le lancement n'affectait pas la posture nucléaire ou la dissuasion des États-Unis. Il a ajouté qu'elle n'était “pas liée à une action ou une inaction spécifique” du président russe Vladimir Poutine, mais a déclaré que les États-Unis aimeraient que Moscou leur rende la pareille en matière de posture nucléaire. »
Ce lancement reporté est l’occasion de signaler l’état actuel de la composante terrestre de la ‘triade’ nucléaire (ICBM, SLBM lancés de sous-marins, missiles ou bombes lancés d’avions), et au-delà des capacités nucléaires stratégiques générales des USA. On en une idée avec ces quelques lignes consacrées au ‘Minuteman III’ :
« Le ‘Minuteman III’ est en service depuis 1970 et est actuellement le seul missile balistique américain basé à terre. Un nouveau système de dissuasion stratégique basé au sol [ICBM] devrait commencer à le remplacer d'ici 2030, mais de récents plans d’économie ont repoussé cette échéance et proposé de maintenir le Minuteman en service jusqu'en 2050. Toutefois, l’amiral Charles Richard, chef du commandement stratégique américain, a déclaré l'année dernière qu'un tel objectif était pratiquement irréalisable, les missiles étant déjà trop vieux. »
Le site ‘Axios.com’ complète la nouvelle d’une appréciation d’ensemble très rapide résumant la situation générale de cette question des forces nucléaires en fonction de la décision de Poutine de mettre en alerte ses propres forces nucléaires. On remarquera surtout cette extraordinaire précision que très peu de “responsables occidentaux” ont pris “au sérieux” la décision de Poutine...
« Une vue d'ensemble : le 3 janvier, la Russie s'est jointe aux États-Unis, à la Chine, à la France et au Royaume-Uni pour affirmer dans une déclaration commune “qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne devrait jamais être menée”.
» Les responsables occidentaux ont condamné la décision “irresponsable” de Poutine, qui est intervenue après une avalanche de nouvelles sanctions et l’annonce d’une aide militaire à l'Ukraine, mais peu d’entre eux ont affirmé penser qu’il était sérieux.
» Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré mardi : “Nous ferons toujours ce qui est nécessaire pour protéger et défendre nos alliés, mais nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire maintenant de modifier les niveaux d’alerte des forces nucléaires de l'OTAN.” »
Tous ces faits et déclarations d’aspect assez anodins méritent une interprétation substantielle. (... D’autant que, paraissant anodins, ils ne sont pas soumis à ce que nous nommerions la “contre-censure” de la narrative ; c’est-à-dire, la “censure” non par suppression d’une l’information-lambda, mais par substitution d’une narrative à cette information.)
On développera plusieurs thèmes concernant cet aspect des forces nucléaires, de l’alerte nucléaire de Poutine et de la perception de la possibilité d’une guerre nucléaire.
• Le premier thème se révèle à propos du ‘Minuteman III’ et de son état actuel, avec notamment le retard considérable pris dans la modernisation des forces nucléaires US, alors que les Russes ont modernisé leurs propres forces (en piteux état alors) depuis les années 2005-2010, les complétant par une nouvelle catégorie de vecteurs d’armes nucléaires, les missiles hypersoniques. Dans ce dernier domaine également, comme on le sait, les USA sont très fortement en retard, ou les Russes très en avance, et les chefs militaires (US) le savent. Les USA se trouvent donc en position vulnérable dans ce domaine, dans tous les cas psychologiquement et par conséquent au niveau des décisions,. Ce retard est la conséquence de la priorité donnée aux instruments, techniques et tactiques de la ‘Guerre contre la Terreur’. (Ce n’est qu’en 2016 qu’Obama a lancé un grand programme de modernisation des forces nucléaires, alors que dans la programmation de la Guerre Froide, – si celle-ci avait duré, – cette modernisation devait commencer dans le milieu des années 1990.)
• Le second thème concerne le fait lui-même du report de l’essai du missile ICBM, pour ne pas interférer ou envoyer un “mauvais message” par rapport à la situation en Ukraine et la décision des Russes. Ce qui est assez singulier et remarquable est qu’un cas similaire, mais complètement inversé, s’est présenté en octobre 1962, il y a soixante ans, durant la crise des missiles de Cuba, le 27 octobre exactement. Nous laissons à une reprise d’un texte du 21 avril 2015, sur ce site, le soin de vous conter l’aventure, en y ajoutant quelques précisions sur la situation du nucléaire US à cette époque, – tout en se disant que rien n’a été fondamentalement amélioré depuis...
« ...Déjà, pendant la Guerre froide où le contrôle civil sur les militaires était en théorie impeccable, on s’est aperçu, une fois les archives explorées, qu’il y avait eu nombre d’occasions où ce principe fut mis à mal. On connaît le comportement du général LeMay à cet égard, ses initiatives innombrables dans les années 1950, et jusqu’à ce tir de provocation incroyable qu’il ordonna de sa seule autorité le 27 octobre 1962 alors que Kennedy et Krouchtchev tentaient de boucler la crise des missiles de Cuba : un soi-disant essai de tir réel d’un ICBM (tout de même, sans tête nucléaire) de Californie que les Russes pouvaient parfaitement prendre pour le début d’une attaque nucléaire, – et cela, évidemment sans la moindre consultation du président. De même a-t-on appris à un symposium à Cuba en 1991, auquel participaient les protagonistes US, cubains et russes de la crise, que des forces russes de combat équipées de nucléaire tactique étaient déployées à Cuba, et que leurs chefs avaient autorité pour décider de l’emploi du nucléaire en cas d’invasion de l’île par les forces US, – un des scénarios favorisés par tous les chefs militaires à Washington. Présent au symposium, le secrétaire à la défense US du temps de la crise, McNamara, avoua en avoir eu des sueurs [froides ?] rétrospectives...
» Aujourd’hui, la situation est bien plus volatile à cet égard. Le contrôle du nucléaire par la direction civile, essentiellement US, est extrêmement dégradé par rapport à la Guerre froide, et les forces stratégiques US, comme on a pu le voir, sont elles-mêmes actuellement (voir le 12 novembre 2014) dans un état de discipline extrêmement dégradé qui autorise l’hypothèse catastrophique de tirs plus ou moins accidentels en cas de crise au plus haut niveau. Quant aux Russes, leur intention ne fait pas de doute : s’il y a un conflit conventionnel majeur avec les USA, sinon avec l’OTAN, ils n’hésiteront pas à employer du nucléaire tactique si cela est nécessaire : il s’agit de la défense de la mère-patrie ... »
Dans tous les cas, on peut déduire de ce rappel que le général LeMay est mort et qu’il n’a pas de successeur. Au contraire, les chefs militaires US paraissent extrêmement prudents dans ce domaine et prennent les avertissements russes très au sérieux, alors que LeMay, il y a soixante ans, ne songeait qu’à réaliser une provocation amenant les Russes à des actes justifiant la riposte massive de ses ICBM ‘Atlas’ et ‘Titan’, et de ses centaines de B-47 et B-52 se relayant dans les airs, chargés de bombes nucléaires, dans une ronde mortelle autour de l’URSS (voyez ‘Dr. Strangelove’, où le chef d’état-major de l’USAF, le Général ‘Buck’ Turgidson [George C. Scott] est largement inspiré de LeMay).
On peut tout de même noter que cette annulation du tir de l’ICBM, qui est sans aucun doute une décision autonome du Pentagone, si elle confirme une réelle autonomie des forces armées par rapport à un pouvoir civil devenu inexistant, si elle confirme l’état déplorable des forces nucléaires, montre par contre (par contraste complet avec LeMay, – lequel disposait d’une très forte supériorité sur l’URSS), une très réelle préoccupation des chefs militaires devant la situation actuelle ; eux, sans aucun doute, prennent au sérieux la décision de Poutine de mettre en alerte ses forces nucléaires.
... Ils “prennent au sérieux la décision de Poutine de mettre en alerte ses forces nucléaires”, souvent au contraire des dirigeants civils. Une appréciation remarquable qu’on a souligné plus haut dans les extraits cités est l’idée que parmi les responsables occidentaux (civils) qui condamnent la décision (“irresponsable”) de Poutine de l’alerte nucléaire, « peu d’entre eux ont affirmé penser qu’il était sérieux ». Cela fait partie d’une “ambiance” générale très spécifique au bloc-BAO dans les milieux de la communication politique (“les milieux de la politique” tout court, cela n’existe plus), où les menaces suscitées par cette guerre semblent être affreusement mal mesurées, ou bien radicalement déformées, plongées dans des narrative diverses où Poutine est catégorisé comme un bandit fasciste, ou bien un fou irresponsable, un malade, ou bien un maladroit sans envergure. Alors, tantôt la perspective d’une guerre nucléaire est ridiculisée parce qu’elle vient de Poutine, tantôt elle apparaît comme quelque chose de mythique, de si terrifiant qu’elle ne pourrait être réalisée opérationnellement ; aucun des deux cas ne rejoint la perspective d’une opérationnalité de la guerre nucléaire que nous ne pouvons pourtant plus désormais écarter. On retrouve des aspects de cette “ambiance” dans le texte de 2015 dont nous avons déjà donné un extrait, et qui est comme un avant-goût des événements présents... Donc, extrait d’un texte du 21 avril 2015, où seule l’observation que les militaires partagent cette “inconscience nucléaire” est désormais complètement dépassée, comme on l’a vu ci-dessus...
« Ces dispositions de désordre se placent dans un climat proche de l’irrationnel hystérique de défiance, dans deux mondes complètement séparées (le phénomène des ‘narrative’), qui n’ont aucun rapport direct et indirect du point de vue de la perception de la situation. Le contraire absolu des champs de confrontation soigneusement gérés de la Guerre froide... Dans un climat où l’un des côtés (celui du bloc BAO) a complètement perdu, au niveau de la communication et même chez les militaires, la conscience de ce qu’est un conflit nucléaire, – ‘narrative‘ oblige, – un climat où le nucléaire est perçu essentiellement comme un instrument parmi d’autres de la panoplie des armes de destruction massive dont on a appris à mesurer combien leurs effets étaient très largement exagérés pour les besoins de la communication, la dimension nucléaire s’est très largement et fortement banalisée. Pourtant, la réalité expérimentale, militaire, opérationnelle sinon philosophique, est bien que la dimension nucléaires représente un autre univers qui n’est rien de moins que l’univers suprême, quasi-métaphysique, de la destruction du monde. »
Cela nous conduit à proposer un autre extrait de ce texte d’avril 2015, qui a l’avantage de montrer plusieurs choses qui sont aujourd’hui niées, pour pouvoir mieux s’étonner de cette “soudaine” brutalité de Poutine alors que tout aurait semblé se poursuivre assez bien, cahin-caha, avec l’Ukraine, depuis Maidan. Au contraire, au printemps 2015 on craignait déjà un affrontement au plus haut niveau, avec des provocations américanistes, des hypothèses sur les intentions guerrières d’un Poutine ne pouvant accepter les possibilités d’évolution de l’Ukraine vers une situation d’arsenal antirusse, etc. Même l’analyse de la position interne de Poutine, qui dirige le clan des pragmatiques mais a sur sa droite le clan des “têtes brulées” qui le poussent à, la guerre totale, a de fortes chances d’être aussi pertinente.
« Notes sur le désordre et la guerre
» 21 avril 2015 ... – ...Un texte intéressant vient du point de vue US, sous la plume de Patrick J. Buchanan, qui est tout le contraire d’un interventionniste, – sous le titre éloquent pour ce qui est de l’opinion de l’auteur, de “l’Ukraine peut entraîner le monde dans la folie” (le 17 avril 2015 sur le blog de Buchanan et le 18 avril 2015 sur Russia Insider)
» Buchanan part effectivement du très récent déploiement des 300 parachutistes de la 173ème brigade, dont il voit bien qu’il introduit un risque réel de confrontation avec la Russie. Cette brigade va entraîner les forces ukrainiennes, dans le but évident de reprendre les combats contre les séparatistes de Novorussia, dont Poutine a fait de leur sauvegarde une des lignes rouges à ne pas franchir ; et se pose alors la question d’un engagement US, notamment de ces forces US actuellement en Ukraine, si un nouveau conflit avec Novorussia a lieu... Buchanan se réfère à un article récent de The National Interest [TNI], revue influente et article qui a eu un retentissement certain à Washington.
» “Une réponse américaine à l'action de la Russie en Ukraine pourrait-elle provoquer une confrontation qui déboucherait sur une guerre américano-russe ?”. Cette question choquante est posée par Graham Allison et Dimitri Simes dans l'article de couverture de The National Interest. La réponse que les auteurs donnent, dans ‘Countdown to War : The Coming U.S. Russia Conflict’, est que la possibilité de voir une collision militaire entre les plus grandes puissances nucléaires du monde grandit. [...]
» “Quelles sont les forces qui nous font ‘trébucher vers la guerre’ ? De notre côté, il y a le président Obama qui ‘aime chercher à humilier Poutine’ et ‘inclut désormais la Russie dans sa liste des fléaux actuels aux côtés de l’État islamique et d’Ebola’. Et puis il y a ce que Jacob Heilbrunn, rédacteur en chef du TNI, appelle la ‘disposition truculente’ qui est devenue le ‘principal moteur de la politique étrangère républicaine’. Un ‘camp triomphaliste’, qui rappelle les partisans de la ‘guerre facile’ de Bush II, a le vent en poupe et nous pousse à la confrontation.
» “Cet état d'esprit américain a son reflet à Moscou. ‘Poutine n'est pas le plus dur des partisans de la ligne dure en Russie’, écrivent les auteurs. ‘L'establishment russe se divise en ... un camp pragmatique, qui est actuellement dominant grâce principalement au soutien de Poutine, et un camp de la ligne dure’ qu'un conseiller de Poutine appelle ‘les têtes brûlées’. Les têtes brûlées pensent que la façon de répondre aux empiètements des États-Unis est d'invoquer la doctrine de Youri Andropov, ‘défier l'ennemi principal’, et de brandir des armes nucléaires pour terrifier l'Europe et diviser l'OTAN. L'opinion publique russe se dirigerait vers les têtes brûlées. [...]
» “En Ukraine, Poutine a tracé deux lignes rouges. Il ne permettra pas à l'Ukraine de rejoindre l'OTAN. Il ne permettra pas que les indépendantistes du Donbass soient écrasés.
» “Les partisans de la ligne dure de la Russie sont convaincus qu'en cas de guerre en Ukraine, la Russie aurait ce que les stratèges de la guerre froide appelaient la ‘domination de l'escalade’. C'est ce que JFK avait lors de la crise des missiles de Cuba, – une supériorité conventionnelle et nucléaire sur mer et sur terre, et dans les airs autour de Cuba. L'Ukraine étant facilement accessible aux forces russes par route, rail, mer et air, et l'armée russe se trouvant juste de l’autre côté de la frontière, alors que la puissance militaire américaine se trouve à un continent de distance, les partisans de la ligne dure pensent que la Russie l'emporterait dans une guerre et que l'Amérique serait confrontée à un choix : accepter la défaite en Ukraine ou passer aux armes atomiques tactiques. Les Russes parlent de recourir en premier à de telles armes.
» “La date décisive pour que Poutine détermine la direction que prendra la Russie semble être cet été. Les auteurs écrivent : ‘Poutine tentera d'exploiter l'expiration des sanctions de l'UE, qui doivent expirer en juillet. Mais si cela échoue et que l'Union européenne se joint aux États-Unis pour imposer des sanctions économiques supplémentaires, comme l'exclusion de Moscou du système de compensation financière SWIFT, Poutine sera tenté de réagir, non pas en battant en retraite, mais en mettant fin à toute coopération avec l’Occident et en mobilisant son peuple contre une nouvelle menace ‘apocalyptique’ pour la ‘Mère Russie’. Comme nous l'a dit un politicien russe de premier plan, ‘nous avons fait face tout seuls à Napoléon et à Hitler’”. »
Mis en ligne le 3 mars 2022 à 16H00
Source : https://www.dedefensa.org/article/face-a-poutine-la-prudence-du-pentagone