Titre original :
Dans un tel contexte, il faut mesurer chaque mot.
Dans un tel contexte de tensions, il faut savoir apaiser.
Dans un tel contexte il faut savoir aussi parfois se taire, parce que parler est plus dangereux que le silence.
C’est d’ailleurs exactement ce qu’ont fait les Américains, car en dehors des discours à la Biden où le vieux sénile de la Maison Blanche a conclu son discours sur l’état de l’Union en disant “que Dieu bénisse nos troupes, et aller me le chercher” en parlant de Poutine, du côté de l’armée ils ont fait ce qu’il fallait faire.
Ils ont dit deux choses.
D’une part qu’ils annulaient un tir de test de missile balistique intercontinental afin que cela ne soit pas pris au mieux pour une provocation, au pire pour une attaque par le système de défense nucléaire russe qui est en état d’alerte et donc sur les dents.
D’autre part, il ont dit qu’il n’était pas nécessaire d’augmenter le niveau d’alerte des forces nucléaires américaines afin, là encore, de ne pas alimenter une escalade nucléaire.
C’est ainsi que fonctionne la sagesse et la pondération dans ces affaires-là.
Il faut se garder de toutes les outrances, des propos malheureux.
Macron commet une erreur dans tous les cas.
Si Poutine n’est pas fou, alors le fait qu’ on le prenne pour un fou irrationnel et dangereux ne peut que le pousser à une méfiance encore plus exacerbée.
Si Poutine est fou, alors ce n’est pas la peine de le lui dire et de l’énerver.
Dans tous les cas, le Maire, comme Macron, devraient se taire car ces propos sont de nature à focaliser une tension sur notre pays.
Si nous voulions le faire, nous pourrions le faire par la voix de l’Europe en faisant déclarer nos méchancetés par des membres de la Commission Européenne qui ne représentent pas franchement un pays spécifiquement et chaque pays individuellement pourrait dire à Poutine “C’est pas moi qui l’ai dit, c’est la méchante Ursula”. L’Union Européenne est une idée, pas encore un pays. Il est plus difficile d’atomiser une idée et une entité supranationale qu’un pays.
Il faut donc sortir de ce jeu totalement immature où on mène des dialogues de sourds qui n’aboutissent à rien.
Encore une fois, quels sont nos objectifs ?
Que cherche-t-ton à obtenir ?
Que veut-on ?
Poutine est-il en position de faiblesse ?
Voilà une sacrée question.
Poutine est-il en position de faiblesse ?
Est-il en train de perdre militairement en Ukraine ?
Là aussi entre la propagande des uns et celles des autres la réalité est beaucoup plus nuancée.
Poutine peut raser Kiev et toutes les villes d’Ukraine en moins de temps qu’il le faut pour dire ouf. N’imaginez pas que je trouve Poutine sympathique.
Je n’ai aucun sentiment quand on parle de relation internationale. Je ne connais que les intérêts supérieurs de ma nation et de protection de notre population, de nos familles.
Pourtant force est de constater que nous voyons tout de même bien peu de corps à la télévision et les Ukrainiens de Kiev ne se gêneraient sans doute pas pour nous montrer toutes les exactions du boucher de Moscou !
L’opération russe est lente aussi parce que la stratégie du maître du Kremlin n’est pas de raser Kiev comme il a fait raser Grozny en Tchétchénie. Politiquement raser des villes ukrainiennes est un prix que Poutine ne veut pas payer.
Pour autant, au 7ème jour de guerre, l’armée russe n’a toujours pas de suprématie aérienne totale et continue à se faire bombarder par les drones turcs que possède l’Ukraine. Au 7ème jour, l’armée russe connait des problèmes logistiques et d’approvisionnements qui sont liés à l’éparpillement d’unités nombreuses sur de multiples points.
Oui la résistance ukrainienne est bien plus forte qu’attendue. Oui l’Ukraine est également massivement aidée par l’Europe qui agit de manière fort déterminée pour endiguer l’Ours russe et lui rendre le prix de son aventure en Ukraine totalement prohibitif.
Finalement et tout bien pesé, je pense que Poutine n’a qu’une seule faiblesse réelle. C’est la peur de pertes civiles massives. Le pire à venir selon Macron est évidemment facile à prévoir. Les massacres pourraient bien arriver puisque les Ukrainiens “ne se rendent pas”. Alors, ils finiront comme les Tchétchènes de Grozny. Sous un tapis de bombes. C’est le risque des prochains jours. L’Europe sera alors sidérée.
Poutine n’est donc pas encore totalement fou, il reste largement rationnel et ses exigences sont parfaitement claires.
Il veut une Ukraine neutre et démilitarisée. Le coup de la dénazification, c’est pour “amuser” la galerie, et là aussi il serait souhaitable que le président français ne réagisse même pas à ce genre de propos.
La question à ce stade est donc de savoir si nous avons le souhait, nous autres Européens de donner des garanties à la Russie de Poutine sur la neutralité future de l’Ukraine.
Pour le moment la réponse est non.
La Géorgie et Moldavie demandent d’ailleurs en urgence leur adhésion à l’Union Européenne.
Pas de quoi rassurer la Russie donc.
La peur de la Russie.
L’histoire est tragique.
Elle est faite de cadavres.
“Le terme Holodomor (ukrainien : Голодомо́р, littéralement « famine », de la racine « го́лод », la faim, et « мор », le fléau, formé comme calque du tchèque « hladomor » (famine) en 19331, mais qu’on peut traduire par « extermination par la faim ») désigne la grande famine qui eut lieu en Ukraine et dans le Kouban, en URSS, en 1932 et 1933 et qui fit, selon les estimations des historiens, entre 2,62 et 5 millions de morts. L’évènement, sans précédent dans l’histoire de l’Ukraine, se produit dans le contexte plus général des famines soviétiques de 1931-1933 et eut un nombre particulièrement élevé de victimes”.
Cette immense famine, ce massacre ne doit rien au hasard, mais tout à Joseph Staline.
Quand vous être ukrainien, géorgien, moldave vous n’avez pas oublié de quoi est capable la Russie.
Quand vous êtes polonais, hongrois, tchèque, vous n’avez pas oublié de quoi Moscou est capable.
Quand tout le monde a peur de l’autre, alors, le pire, effectivement, est devant nous.
C’est pour ces raisons et bien d’autres, ces pour ces dizaines de millions de morts que nous devons agir avec tempérance, hauteur et grandeur, parce qu’en Europe, il n’y a jamais, jamais de petite guerre.
Hier ma fille me demandait si Poutine était méchant.
La seule réponse que j’ai pu lui donner et que finalement, aucun de nous était véritablement gentil.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
Source : https://insolentiae.com/macron-craint-le-pire-poutine-est-il-devenu-fou-ledito-de-charles-sannat/
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