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mercredi 11 décembre 2024

L'Occident s'autodétruit en Syrie, la Russie ne tombe pas dans le piège !


 

La prise de contrôle jihadiste de la Syrie est avant tout une tragédie pour le peuple syrien, qui pourrait connaître le même sort que la Libye. Mais pour la Russie, c'est une toute autre affaire. Contrairement à Washington, Moscou ne cherche pas à s'étendre excessivement et à se battre pendant 20 ans pour une cause perdue. Au contraire, elle laisse ses ennemis semer les graines de leur propre défaite future. S'il y a une chose qui est claire maintenant, c'est que les gouvernements dirigés par Al-Qaïda reviennent toujours hanter les États-Unis. Mon invité aujourd'hui est Graham Fuller, ancien officier de renseignement de la CIA et géostratège. Original Video:    • West DESTROYING Itself In Syria. Russ...   Produced by: Neutrality Studies Originally Published on: 2024-12-11 Translations by: www.video-translations.org Disclaimer: Read by A.I. Voices. Auto-translated. This video is owned by this channel.

samedi 11 mars 2023

Comment analyser la situation en Turquie et en Syrie ? | Idriss Aberkane


Vous le savez déjà, nous vivons à l'Âge d'Or du terrorisme intellectuel, par lequel des gens sans qualifications ni mérite ni légitimité prétendent interdire - par la violence sociale - toute pensée qui ne serait pas strictement conforme à celle du pouvoir. Les Twitter files, les scandales aussi immenses et nombreux de fact-checkeurs ripoux qui ont désinformé le public en publiant le contraire même des faits, ou en lui interdisant formellement de réfléchir aux pistes qui se sont avérées justes dans la lecture des actualités, a montré à quel point le terrorisme intellectuel désire former un Code de la Pensée, avec ses Sens Uniques, ses Stops, et ses feux tricolores: "vrai, faux, trompeur". Etant passionné d'éducation populaire et publique, je ne vais certainement pas vous dire quoi penser des événements de Turquie et de Syrie, mai plutôt vous initier à une lecture libre de ces faits, hors de toute intimidation sociale, de toute pression psychologique, de tout terrorisme intellectuel, car les peuples méritent une information - et une réflexion - libre et éclairée. (ERRATUM : le Haut Moyen-Âge c’est le début pas la fin du Moyen-Âge bien sûr) #turkey #syria #earthquake Montage par (l'excellentissime) Tilou Martin www.lesmicroproductions.com ______ Mon jeu vidéo éducatif : https://guildoflogos.com/gol-premium/ ✉️ Ma newsletter hebdomadaire : https://idrissaberkane.org/hyperdoctor/ 🎬 Mes cours en ligne vidéo premium : https://www.scanderia.com 📖 Mon dernier livre "Le Triomphe de votre Intelligence" : https://livre.fnac.com/a13510355/Idri... 📖 Mon recueil de poésie "i - poésies & théories" : https://livre.fnac.com/a14122337/Idri... 🎵 Mon nouvel album de rap "Origami" : https://music.imusician.pro/a/3UXs2p8P/ 🎵 Le premier "Octogone" : https://instabio.cc/octogone27 🌐 Mes actus https://www.idrissaberkane.org 📸 Instagram @aberkaneidriss 🐦 Twitter @idrissaberkane 📘 Facebook https://www.facebook.com/DoctorIdriss... Mon CV déjà publié entièrement en 2016 avec toutes les preuves (pour bien faire rager wikimafia qui refuse toujours cette simple vérité) : https://idrissaberkane.org/pour-mes-a... ⚠️ Mon seul compte Télégram est @aberkaneidriss, mais je n'y suis quasiment jamais. Si vous voyez des comptes qui se font passer pour moi merci de les signaler, notamment le compte @idrissaberkane qui est un scam usurpant mon identité. Je ne vous proposerai jamais de conseil ou de demande d'investissement par téléphone, e-mail ou tout autre canal – si vous êtes témoin de telles pratiques par des escrocs merci également de les signaler et de m'en informer par mail à demandes@idrissaberkane.org . ⚠️ Mes communications sont diffusées uniquement sur mes réseaux sociaux officiels : Facebook, Linkedin, Twitter, Instagram & Tiktok – et sur mon site internet www.idrissaberkane.org . ⚠️ Mes newsletters officielles sont : "la semaine de l'HyperDoctor" & "Dans l'Octogone" éditée par Scanderia (www.scanderia.com). 🙏 Merci pour votre soutien 🙏

vendredi 10 juin 2022

Erdogan a-t-il choisi ?

 • Intéressons-nous donc à la Turquie et à l’insaisissable Erdogan, – qui, semble-t-il, pourrait désormais bien être saisi dans ses orientations. • Un observateur excellent, Alexander Mercouris, va jusqu’à désigner “sa” Turquie comme « le cheval de Troie de Poutine dans l’OTAN » : voilà qui ouvre de vastes perspectives... • Voyons comment cette analyse, partagée par Eric Zuesse, nous permet de progresser dans l’examen de l’intéressant phénomène de l’effondrement des USA, du bloc-BAO, de notre civilisation, du Système et du reste...

Parmi la foule d’article de la “presse résistante” (ou “résistentialiste”, comme l’on dit antiSystème ?) qui décrivent les avatars extraordinaires de la politique américaniste et du bloc-BAO, on s’arrête à celui de Eric Zuesse de ce jour dans ‘SouthFront.org’, sous le titre de « L’empire américain est en train d’être défait... », parce qu’il nous donne d’intéressants détails et perspectives sur la Turquie, – par rapport à la Russie et en dépit de l’OTAN et des USA. (La deuxième partie du titre : « L’Asie conduira l’avenir », nous paraît moins cohérent, c’est-à-dire un peu hors de propos...)

Zuesse, commentateur de gauche (de la résistance de gauche), rigoureux et absolument intransigeant sur ses références, commence par introduire une/deux d’entre elles, dont il va faire usage. On retrouve des sources qui sont familières à notre milieu, à notre site également, pour une conclusion à propos d’Ukrisis qui paraît désormais s’installer dans les esprits.

« Alexander Mercouris est un commentateur des affaires internationales dont je suis les prédictions depuis longtemps et qui, jusqu'à présent, a été confirmé (exactitude) à 100%. Personne d'autre ne s'en approche, à l'exception de l'auteur anonyme du blog “Moon of Alabama”. Ces deux-là ont presque toujours prédit les mêmes choses aux mêmes moments, indépendamment l'un de l'autre ; et, puisque MoA a presque toujours prédit les mêmes résultats que Mercouris (bien que souvent sur la base de preuves qui ne sont pas aussi fiables), le bilan de MoA est presque aussi bon. Ils sont tous deux d’accord sur ceci :

» La Russie va gagner sa guerre contre l'Ukraine... »

Zuesse développe ensuite l’un ou l’autre aspect d’actualité de cette défaite des USA, – puisqu’effectivement, selon notre appréciation, l’événement de “la défaite des USA” est beaucoup plus important pour la suite des affaires que l’événement de “la victoire de la Russie”,   – alors qu’on serait tout à fait fondé, selon la logique du discours courant, de considérer qu’il s’agit d’un seul et même “événement”.

Zuesse en arrive donc à sa conclusion, à laquelle nous passons aussitôt, qui est une question que l’on a à l’esprit depuis longtemps, alors que la réponse nous apparaît évidente depuis au moins aussi longtemps, et peut-être plus encore, – et c’est “Non !”, certes. La question concerne la capacité des USA d’accepter son déclin et d’aménager sa position en fonction de ce déclin pour nous éviter de trop forts déferlements de houles vengeresses...

Tout est tranché en effet lorsqu’on transforme la question considérée en celle-ci : comment peut-on imaginer une telle possibilité alors qu’on sait que l’un des traits caractéristiques de la psychologie américaniste telle que nous l’avons identifiée, est l’“indéfectibilité” (ou incapacité de se voir perdant, incapacité de concevoir la défaite dans quelque domaine que ce soit, etc., – marque de cette psychologie allant avec l’“inculpabilité”, ou incapacité de se juger “coupable” dans quelque domaine que ce soit) ?

Quoi qu’il en soit, Zuesse :

« Pour que le gouvernement américain accepte et s'adapte à son déclin en tant que puissance internationale, il devra répudier son idéologie suprémaciste existante (néoconservatisme) et expulser ses partisans de tous les bureaux diplomatiques et de sécurité nationale, mettre fin aux renvois d’ascenseur qui corrompent ces agences, et socialiser leurs entreprises d'armement comme l’ont fait certains autres pays. La seule alternative à cela serait la troisième guerre mondiale, dans le but de maintenir la suprématie mondiale du gouvernement américain. Une telle tentative échouerait inévitablement, car elle détruirait le monde. Une personne qui tenterait une telle chose ne devrait donc pas être tolérée, mais éliminée. Le monde devrait être d'accord avec cela, car ce n'est qu'à cette condition que l'on pourra avoir de bonnes raisons d'espérer en l'avenir. Les néoconservateurs mettent en danger la planète entière. Il n'y a aucune raison de le permettre. Aucune.

» Mais malheureusement, la priorité n°1 du gouvernement américain en ce moment est de vaincre la Russie en Ukraine. En fait, depuis le 25 juillet 1945, la conquête de la Russie est le principal objectif du gouvernement américain. Voilà à quel point les néoconservateurs sont implacablement dangereux. Et c'est pourquoi ils doivent être éliminés, – afin d’empêcher la troisième guerre mondiale. »

Entre ‘regime change’ et ‘rupture radicale

Quoi qu’on en veuille, l’élément essentiel du texte de Zuesse et sa référence à Mercouris n’est pourtant pas la fin du pseudo-“empire américain”, dont finalement il semble que personne ne puisse sérieusement douter ; mais, de façon différente, l’une des dispositions courantes, en train de se dessiner, qui constitue une remarquable accélérateur de plus, un tournant de plus si l’on  veut dans cette route en lacets qui précipite les USA vers leur perte, à la fois suicidaire et inéluctable. L’“élément essentiel”, c’est la Turquie...

« Il s'agit d'une rupture radicale par rapport au passé, lorsque le gouvernement américain était si puissant qu'il était capable d'amener tous les membres de l'OTAN à voter à l'unisson en faveur de toute proposition qui constituerait une menace supplémentaire pour la sécurité nationale de la Russie. »

Le texte de Zuesse, de même que la communication de Mercouris que Zuesse cautionne complètement, concerne effectivement certains aspects à propos de la Turquie et d’Erdogan lui-même, de la plus haute importance. L’affaire est présentée comme d’une telle importance que Mercouris et son compère Christoforou considèrent que la dernière carte à jouer pour les USA est une deuxième (ou nième) tentative de ‘regime change’ contre Erdogan.

La tâche serait expressément confiée à l’inégalable John Bolton, excellente boîte à outils de l’infamie illégale et sans pudeur hors les murs des USA, Bolton l’increvable neocon à la superbe moustache blanche, Bolton en activité subversive et surpuissante au sein du Système et à un haut niveau depuis au moins 9/11 de 2001. Se rappelle-t-on que c’est à Bolton qu’on doit la superbe idée de déployer des missiles antimissiles US en Europe, qu’on découvrirait plus tard capables de se transmuter en l’espace d’une demi-présidence Biden en missiles offensifs sol-sol, avec aller-simple pour Moscou ?

Donc, une Bolton’s story pour fabriquer une narrative sur la chute du tyran Erdogan, remplaçable par une sorte de Zelenski-à-la-turque, c’est-à-dire très démocratique, à partir d’éléments issus d’une vidéo de Mercouris, du 8 juin, intitulée « Effondrement militaire dans le nord du Donbass, Turquie & Russie se rapprochent alors l’UE se fragmente », – à partir de quoi nous enchaînons sur des précisions concernant le malaise entre la Turquie et les USA, explosant aujourd’hui d’une façon subreptice, stealthy, en une sublime « rupture radicale » :

« ...Par conséquent, une nouvelle tentative de coup d'État américain contre Erdogan est probable.

» Mercouris y a discuté, avec son intervieweur et ami Alex Christaforou, de l’effort actuel de John Bolton et de ses soutiens financiers pour précipiter une autre tentative de coup d'État en Turquie. Le 27 août 2018, l’agence américaine AP titrait un de ses texte “Selon un script familier, la Turquie se rapproche de la Russie alors que ses liens avec les USA se détériorent” et rapportait que “Les relations entre la Turquie et la Russie sont assez chaleureuses, ce qui suscite des inquiétudes en Occident quant à une faille potentiellement critique dans l'OTAN. Le président turc pourrait être engagé dans une initiative d’équilibre dont il a le secret, se tournant tactiquement vers la Russie alors que les liens avec les États-Unis continuent de se détériorer”. Puis, le 11 avril 2019, Vox titrait “Comment les relations de l’Amérique avec la Turquie se désintégrent” [...] ses observations explicites [mettant] en évidence le fait que “les actions récentes d’Ankara ont créé une énorme faiblesse au cœur de l’OTAN” (sans que Vox ne note que la même chose était également vraie pour les actions de Washington), et que “à mesure que ce divorce se poursuit, la capacité de l'Amérique à travailler avec la Turquie au Moyen-Orient et en Europe continuera à diminuer, – ce qui signifie la dégradation de l’influence américaine... ”

» Cependant, en réalité, c'est bien plus significatif que cela : ce n’est rien de moins qu'une partie importante du tournant historique mettant fin à la domination de l'Amérique dans les relations internationales. »

Rendez-vous à Madrid

A quels éléments Mercouris et Zuesse se réfèrent-ils pour estimer que la Turquie est en train effectivement d’effectuer ce tournant radical en choisissant finalement Moscou de préférence à Washington, et donc en abandonnant l’habituel script du “Je t’aime, moi non plus”, avec l’un comme avec l’autre ? Tout comme Mercouris lui-même, tout comme Zuesse dans la foulée, il y aurait le jugement décisif du président turc que la Russie l’a décisivement emporté sur le terrain de l’affrontement militaire, et que ce qui apparaît comme sa victoire dans le Donbass est en train de se transformer en “victoire” tout court en Ukraine ; il y a le jugement décisif que la cascade de sanctions lancée contre la Russie n’a rien réussi, sinon l’inverse, mettant les économies du bloc-BAO en piètre posture et grand danger de déséquilibre ; bref, il y a le constat que l’hégémonie des USA et du bloc-BAO est réellement à son terme. Par conséquent, estime Zuesse, il existe désormais une sorte d’accord tacite, sinon explicite mais informel, entre les deux présidents

« La Turquie devra soutenir la Russie sur toute question [comme l’adhésion de la Suède et de la Finlande ?] où l’OTAN (dont la Turquie est membre et qui possède donc comme tout membre un droit de veto géostratégiquement crucial) voudrait prendre une décision qui constituerait une menace réelle contre la souveraineté nationale de la Russie ; c'est-à-dire, où l'Amérique aurait le potentiel de devenir habilitée à dicter à la Russie sa politique intérieure et ses relations extérieures (en d'autres termes : faire de la Russie une nation vassale des États-Unis comme le sont les alliés actuels de l'Amérique).

» La Russie devra répondre aux besoins de la Turquie, car celle-ci contrôle les deux détroits, le Bosphore et les Dardanelles, qui contrôlent l'accès des navires [y compris ceux de l’OTAN] entre la mer Noire et l'océan Atlantique (via la mer Méditerranée), deux passages cruciaux pour la sécurité nationale de la Russie. »

Sur ce dernier point, Mercouris évoque la possibilité d’une sorte d’intégration économique poussée entre la Russie et la Turquie, avec le soutien du rouble actuellement dans une forme mijotée aux stéroïdes apporté à la lira turque actuellement en position délicate. Mercouris affirme également, selon l’analyse qu’il fait de la perception de la situation turque, notamment au travers de commentaires venus de la Chine qui a une forte implantation économique, de communication et d’influence à Ankara, que la position d’Erdogan contre l’adhésion à l’OTAN de la Suède et de la Finlande n’est pas un bluff mais une position politique très ferme. Si c’est le cas, il s’agirait d’un échec retentissant pour l’OTAN et de l’installation d’une position d’une incroyable vulnérabilité pour les deux pays nordiques, en même temps que d’un renforcement décisif de la position d’influence de la Russie.

Sur ce dernier point (comme sur d’autres), on aura une indication précise lors du sommet de l’OTAN de la fin juin. Si la question de l’adhésion de la Suède et de la Finlande est renvoyée aux calendes turques, le jugement exprimé ici par Mercouris-Zuesse en sortira évidemment renforcée, et confortée notre appréciation de l’accélération de la chute. Il s’agira d’une marche de plus dans la descente vertigineuse de l’escalier menant vers les profondeurs de l’effondrement de la politiqueSystème, de l’hégémonie et de la stature exceptionnaliste des États-Unis.

...Rendez-vous à la fin du mois, les 28, 29 et 30 juin à Madrid. On y appréciera le niveau de l’inévitable effondrement américaniste, et combien l’“aventure Ukrisis”, déclenchée par le bloc-BAO et nullement par la Russie, est devenue le moyen choisi par les dieux pour exprimer le juste châtiment de la déesse Némésis pour ceux des terrestres qui se sont abandonnés à la folie de l’hybris.

 

Mis en ligne le 10 juin 2022 à 17H35

Source : https://www.dedefensa.org/article/erdogan-a-t-il-choisi

mardi 6 juin 2017

[crise du Qatar - Noël au Kremlin] Qatarsis et métastases par Obsevatus geopoliticus / [ Crisis of Qatar - Christmas at the Kremlin] Qatarsis and metastases by Obsevatus geopoliticus

source : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2017/06/qatarsis-et-metastases.html


7 Juin 2017 , Rédigé par Observatus geopoliticusPublié dans #Moyen-Orient#Etats-Unis#Chine#Pétrole#Russie
Notre bon vieux Moyen-Orient ne changera donc jamais. Rebondissements, renversements, retournements de veste... une vraie telenovela brésilienne.
La grande affaire très commentée de ces derniers jours est la mise au ban du Qatar par l'Arabie saoudite et ses quelques affidés de circonstance. Si c'était dans les tuyaux depuis une bonne semaine, c'est un véritable séisme dans la région, les précédentes querelles n'ayant jamais conduit à une rupture des relations diplomatiques.
La situation s'aggrave d'heure en heure. Les ports sont interdits à tout bateau en provenance ou à destination du Qatar, les ressortissants de chacun ont quelques jours pour faire leurs valises, tous les postes-frontière sont fermés et l'espace aérien de plusieurs pays a été interdit aux avions de Qatar Airways qui passent désormais au-dessus de l'Iran :
Point culminant dans la brusque escalade, l'Arabie saoudite vient s'envoyer un ultimatum de 24 heures comprenant dix conditions et un risque de guerre, quoique improbable, n'est plus écarté. Diantre, comment en est-on arrivé là ?
D'abord un coup d'oeil sur les pays qui viennent de rompre avec Doha : outre Riyad, l'on trouve principalement l'Egypte, Bahreïn et les Emirats Arabes Unis. Point commun : ces pays sont excédés du soutien qatari bien réel aux Frères musulmans, à la pointe rappelons-le des "printemps arabes" libyen, égyptien et syrien.
Pour le reste, c'est une auberge espagnole qui mêle allègrement farce et réalité. Oui, le Qatar a soutenu l'Etat Islamique et Al Qaeda en Syrak comme nous l'avons montré à plusieurs reprises sur ce blog ; mais voir les Saoudiens l'en accuser est à pleurer de rire étant donné qu'ils ont fait exactement la même chose. L'ex-vice Joe Biden s'était d'ailleurs cru obligé de le reconnaîtrepubliquement :
Oui, le Qatar a paradoxalement de bonnes relations avec l'Iran, ce qui passe très mal à Ryad mais aussi à Bahreïn (en proie au printemps chiite passé sous silence dans la MSN occidentale). De même, le Qatar voit d'un mauvais oeil le front américano-israélo-saoudien qui se met en place. Mais est-ce suffisant pour expliquer la soudaine crise ? Sans doute pas, car c'est un véritable noeud gordien auquel nous avons affaire...
Beaucoup ont fait le rapprochement avec la récente visite de Trump en Arabie saoudite et, de fait, le Donald semble confirmer la chose via une nouvelle tempête de tweets :
Durant mon récent voyage au Moyen-Orient, j’ai déclaré qu’il ne pouvait plus y avoir de financement de l’idéologie radicale. Les dirigeants ont pointé du doigt le Qatar – regardez ! Tous les éléments dans le financement de l’extrémisme religieux pointent vers le Qatar. C'est peut-être le début de la fin de l'horreur du terrorisme.
Le Seoud s'achèterait une virginité à peu de frais tandis que le soutien au djihadisme international serait officiellement (et hypocritement) réduit, ce qui ne peut que plaire au président américain qui n'a jamais varié sur ce sujet (c'est bien le seul...) Une entente Washington-Ryad, donc ?
Cependant, beaucoup d'éléments ne collent pas... Cette crise tue dans l'oeuf le projet d'OTAN arabe évoqué par le Donald il y a quinze jours. Soit il aime se tirer des balles dans le pied (pas impossible), soit il n'est pas réellement derrière cette rupture.
Le Qatar accueille la principale base US au Moyen-Orient ; le Pentagone ainsi que le Département d'Etat sont loin d'être aussi ravis que leur commandant en chef. Par le biais de son porte-parole, le Pentagone a d'ailleurs remercié le Qatar et refusé de commenter les déclarations trumpiennes. Quant à Tillerson, il est bien embarrassé, qui appelle les membres du Conseil de Coopération du Golfe à "rester unis". Le Donald vient d'ailleurs de mettre de l'eau dans son coca, peut-être "fortement conseillé" par son entourage, et a appelé le Seoud pour tenter d'apaiser la situation.
Car le CCG est la pierre angulaire de l'empire américain dans la région - un peu comme l'UE en Europe - et il est aujourd'hui au bord du gouffre. Après le Brexit, le Qatarxit ? A Washington, les stratèges impériaux ne doivent pas être aux anges... Le Koweït et Oman ont en tout cas refusé de suivre leurs collègues et de rompre leurs relations avec Doha, ce qui fissure encore un peu plus le CCG.
Autre élément qui ne cadre pas : la Chine serait en train de modifier ses contrats pétroliers avec Riyad pour payer ses importations d'or noir en yuans, coup terrible porté à la puissance américaine. Le fidèle lecteur ne sera pas surpris, nous en annoncions la possibilité il y a deux ans:
Une chose demeurait, stoïque et inébranlable : le pétrodollar. Saddam avait bien tenté de monter une bourse pétrolière en euros mais il fut immédiatement tomahawkisé. Kadhafi avait lancé l'idée mais les bombes libératrices de l'OTAN tombaient déjà sur Tripoli avant qu'il ait eu le temps de passer un coup de fil. Les stratèges américains pouvaient dormir du sommeil du juste, leurs charmants alliés pétromonarchiques du Golfe resteraient le doigt sur la couture du pantalon.
Sauf que... Une info extrêmement importante, donc passée inaperçue dans la presse française, est sortie il y a quelques jours. La Russie et l'Angola ont dépassé l'Arabie saoudite comme premiers fournisseurs de pétrole à la Chine. Chose intéressante d'après les observateurs, c'est le fait que la Russie (encore ce diable de Poutine !) accepte désormais les paiements en yuans chinois qui a motivé ce changement tectonique. D'après un analyste, si l'Arabie veut reprendre sa part de marché, il faudrait qu'elle commence à songer sérieusement à accepter elle aussi les paiements en yuans... c'est-à-dire mettre fin au pétrodollar.
Et là, cela risque de poser un sérieux dilemme aux Saoudiens : faire une croix sur leur prééminence pétrolière mondiale ou faire une croix sur le pétrodollar au risque de voir les Américains le prendre très mal et éventuellement fomenter un changement de régime.
On imagine mal dans ces conditions une brusque entente américano-saoudienne contre le Qatar... D'autant plus que les contrats des ventes tant vantées d'armes commandées par le Seoud - 110 milliards avait assuré le Donald - ne seraient que "du vent" selon un expert.
Dans cette confusion, le sultan est un peu perdu. Curieusement muet ces derniers jours, il a multiplié les contacts téléphoniques avec Riyad, Doha, Koweït et... Moscou (il semble ne plus pouvoir rien faire sans Poutine depuis quelques mois). Il est finalement sorti de sa réserve pour critiquer les sanctions contre son allié qatari. C'était le minimum syndical : l'AKP tendance Frères musulmans pouvait difficilement rester longtemps silencieuse devant l'offensive contre son "parrain", ce qui pousse d'ailleurs le principal parti d'opposition à réclamer une stricte neutralité turque dans cette affaire.
En réalité, Erdogan est bien embêté : en sus de la base américaine, le Qatar abrite une base turque et un accord de défense existe entre les deux pays prévoyant le soutien d'Ankara si la petite pétromonarchie est attaquée. Le sultan n'aurait jamais imaginé que ce puisse être par l'Arabie saoudite !
Deux piliers du pétrodollar et soutiens du djihadisme en conflit, CCG en crise, Turquie ballotée, Etat profond US divisé... Il faut prendre la rupture saoudo-qatarie pour ce qu'elle est : une énième convulsion du "camp du Bien", un émiettement supplémentaire de l'empire.
Il n'en fallait pas plus à CNN pour accuser... les hackers russes ! Audiard nous avait prévenu : les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Derrière cette nouvelle dégénérescence de la presstituée se cache tout de même une réalité : c'est Noël au Kremlin, qui se garde toutefois de tout triomphalisme.
Il est vrai qu'une coopération, paradoxale elle aussi, existe entre Moscou et Doha, tant sur le plan énergétique (ne pas oublier que le Qatar est entré dans le capital de Rosneft il y a quelques mois) que militaire, malgré les différends - et le mot est faible - sur le dossier syrien. Les ouvertures qataries vers l'Iran sont également bien vues par l'ours. D'un autre côté, les relations se réchauffent doucement avec l'Arabie saoudite et le tout-puissant ben Salman a rendu une petite visite en Russie une semaine après le voyage de Trump et une semaine avant la crise actuelle (a-t-il informé Poutine de ce qui se tramait ?)
Officiellement donc, le Kremlin ne prend pas position. Mais si un coin durable peut être enfoncé entre l'axe américano-saoudo-israélien et la paire turco-qatarie, c'est du pain béni pour Moscou ainsi que pour Téhéran.

source : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2017/06/qatarsis-et-metastases.html

lundi 27 juin 2016

Europe : suicide en direct / Europe : suicide on live

Suicide en direct

28 Juin 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticus

source http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/06/suicide-en-direct.html
Publié dans #Europe#Moyen-Orient#Russie

Suicide en direct

L'info a été soigneusement cachée par les médias grand public, et pour cause : il est difficile de dire s'il faut en rire ou en pleurer...
A peine les Britanniques font-ils leurs valises que les lumineux eurocrates reprennent les négociations sur l'adhésion... de la Turquie ! Sont-ils donc complètement bourrés, masochistes ? Ne comprennent-ils vraiment rien à rien ? Rarement dans l'histoire et dans le monde aura-t-on vu des dirigeants aussi - désolé, il n'y a pas d'autre mot - nullissimes.
Il est vrai que l'Union Ectoplasmique se retrouve prisonnière du piège dans lequel elle s'est elle-même enfermée :
  • que Bruxelles continue de préparer l'adhésion de la Turquie et c'est la révolte généralisée contre l'UE. La cote de popularité de la Turquie dans la population européenne est encore plus basse que celle de Hollande en France, c'est dire. Si Bruxelles passe outre, il n'est pas difficile de prévoir des mouvements de masse, peut-être violents, tandis que le soutien à l'UE s'effondrera.
  • que Bruxelles renonce et Erdogan aura la possibilité de lâcher des centaines de milliers de réfugiés sur le Vieux continent, dont les terroristes daéchiques qu'il contrôle et avec lesquels il fait chanter les europloucs. Et le sultan ne s'en privera sans doute pas, qui a un mépris incommensurable pour l'Europe - voir la une du journal pro-gouvernemental Akit au lendemain du Brexit : "L'union des croisés s'écroule". Là aussi, c'est à terme la disparition de l'UE.
Le choix pour les dirigeants européens se résume à : comment voulez-vous mourir ?
Mais tiendront-ils jusque là ? Selon un sondage continental, huit pays veulent maintenant leur propre référendum (ce qui ne veut toutefois pas forcément dire que les huit souhaitent en sortir) :
Suicide en direct
Même Soros, sans doute dépité d'avoir perdu des milliards, s'y met et prédit la mort dans l'âme la fin de l'Union Européenne. Ses paroles valent de l'or : "Le scénario catastrophe [Brexit, ndlr] s'est matérialisé, rendant la désintégration de l'EU pratiquement irréversible. Elle se dirige vers une désintégration désordonnée qui laissera l'Europe dans un état pire que si l'UE n'avait jamais existé".
Pour la seule fois de ma vie, je suis d'accord avec Soros (ça se fête !) : le réel rattrape cette construction artificielle et passéiste. Le compte à rebours est commencé. Il peut durer longtemps encore, le système peut s'arc-bouter, mais la fin semble inéluctable, Turquie ou pas.
En parlant du sultan, il n'aura échappé à personne qu'il a enfin ravalé sa fierté et présenté, la queue entre les jambes, ses excuses à la Russie pour l'incident du 24 novembre. On pressentait déjà un petit quelque chose hier lorsqu'on a appris que la justice turque rouvrait le dossierd'inculpation d'Alpharslan Celik, accusé d'avoir tué le pilote russe.
Il est vrai que l'aventurisme d'Erdogan a placé son pays dans une situation assez lamentable : isolé d'à peu près tout le monde, en quasi guerre civile, économiquement en chute libre. Désespéré, le sultan veut maintenant réparer les pots cassés, même si c'est sans espoir de retour à la case départ : ce qui est perdu est perdu et Moscou ne renoncera pas à soutenir les Kurdes syriens ni à ses S400 en Syrie.
Les médias russes ont beau jeu de moquer la reddition en rase campagne d'un Erdogan soudain mielleux à souhait après des mois de coups de menton. Ce qui nous intéresse ici, c'est évidemment la réaction du Kremlin. Poutine et son entourage doivent en ce moment peser le pour et le contre.
On se rappelle que les Russes avaient exigé des excuses publiques ET des compensations. Les Turcs ont-ils accédé à certaines demandes secrètes, comme par exemple l'arrêt partiel du soutien aux djihadistes d'Alep ? Rien n'est sûr dans ce théâtre d'ombres, mais cela pourrait peut-être expliquer pourquoi l'actuelle offensive syro-russe sur Alep se fait curieusement dans le silence généralisé alors que la précédente opération soulevait l'indignation des médias officiels turcs (et occidentaux).
Erdogan n'est plus vraiment en état d'exiger quoi que ce soit. Il tombe de Charybde en Scylla depuis quatre ans et tente de se raccrocher à n'importe quelle branche. Son seul atout reste son levier de pression sur l'UE. Ce que nous annoncions il y a six mois se vérifie pleinement. Le sultan est le dindon de la farce syrienne ; les Européens sont les dindons du dindon.

jeudi 26 novembre 2015

Le sultan bon pour l'asile ? / Is the sultan ready for the asylum?


Le sultan bon pour l'asile ?

26 Novembre 2015 , Rédigé par Observatus geopoliticus
http://www.chroniquesdugrandjeu.com/archive/2015-11/
Le sultan bon pour l'asile ?
Alors que commencent à émerger des information sur les liens entre le troisième fils d'Erdogan et le pétrole de Daech, on se demande quand même ce qui a pris les Turcs de se tirer une balle dans le pied.
Les Russes bombardent maintenant avec allégresse la zone où le vieux Sukhoi 24 a été abattu. Les Turkmènes affiliés à Al Nosra, Al Qaeda en Syrie pour les intimes, vont longtemps regretter d'avoir dansé autour du cadavre du pilote. Les déclarations des officiels russes sur leur annihilation sont peut-être exagérées mais il semble évident qu'ils en ont pris pour leur grade. Si le but d'Ankara était de les protéger, c'est raté...
Les S-400 sont déjà en place ainsi que le Moskva anti-aérien au large des côtes syriennes. Plus un avion ne survolera le ciel syrien, du moins dans sa partie occidentale, sans l'accord de Moscou. Si le sultan comptait encore bombarder de temps en temps les YPG kurdes, c'est fini... Notons d'ailleurs qu'Américains et Turcs s'opposaient depuis longtemps à l'installation de S-400 en Syrie, car susceptible de bouleverser la balance stratégique. L'incident de mardi est un prétexte en or pour le Kremlin.
Ajoutons également que la décision de l'état-major russe d'accompagner désormais les bombardiers en mission par des chasseurs chargés de les protéger signifie tout simplement l'envoi de chasseurs supplémentaires, les quatre Sukhois 30 n'étant pas assez nombreux. Là encore, tout ce qu'Erdogan aura réussi à faire est de donner aux Russes une raison pour renforcer leur présence aérienne en Syrie, changeant la donne stratégique. Obama doit être furax...
Mais ce qui gêne le plus les dirigeants occidentaux est la possibilité, bien réelle maintenant, de voir un avion turc abattu par les Russes dans un contexte de soutien de l'opinion publique occidentale à la Russie. Le choix sera cornélien : soutenir Ankara en se bouchant le nez au nom de l'article 5 de l'OTAN et s'aliéner des pans entiers de l'opinion occidentale très remontée contre la Turquie après les attentats de Paris, ou laisser tomber le sultan et risquer de faire de l'organisation atlantique une coquille vide.
On comprend que les réactions des leaders otaniens aient été pour le moins mesurées après l'incident. Au-delà des déclarations formelles de "solidarité" avec l'allié turc, les messages étaient surtout destinés au sultan : tu te calmes et tu ne nous mets surtout pas dans une situation inextricable.
Pendant ce temps, en Russie, les entreprises turques ont vu débouler des agents du ministère des finances tandis que des tonnes de produits turcs sont bloqués à la frontière, que les camions sont refoulés ainsi que les touristes. Et ce n'est qu'un début, Medvedev ayant donné deux joursaux services compétents pour élaborer des sanctions. Quant aux touristes russes qui allaient en masse se dorer la pilule sur les plages turques, c'est un manque à gagner potentiel de 10 milliards pour Ankara, ce qui n'est pas négligeable.
On comprend dans ces conditions que le sultan soit un peu fébrile, alternant les coups de menton - non, je ne m'excuserai pas - et les ronds de jambe - "Nous aurions agi autrement si nous avions su que l'avion était russe". Voulant à tout prix sauver la face mais commençant sans doute à réaliser l'énormité de la bourde, Erdogan ne sait plus trop sur quel pied danser.

jeudi 6 août 2015

Giulietto Chiesa : Pacte USA-Turquie contre l’EIIL, les deux compères feignent de combattre les coupeurs de têtes / Giulietto Chiesa: pact THE USA-TURKEY against the EIIL, both accomplices pretends to fight the cutters of heads

Nous assistons actuellement à un scandale des plus ignobles, à mi-chemin entre la pure violence impériale – qui a désormais outrepassé toutes les limites de le décence -, et la désinformation la plus totale utilisée pour couvrir le tout et justifier la violence comme seule solution possible.
Mais de quoi s’agit-il donc ? Je veux parler de l’"alliance", rétablie récemment, entre les États-Unis et la Turquie en vue de combattre « le plus efficacement possible » (attention au vocabulaire utilisé) le croque-mitaine, c’est-à-dire ce qu’on appelle l’État islamique ou EIIL.
Mais est-ce le véritable objectif ? Bien sûr que non. L’"alliance" nouée ces derniers jours ne concerne pas deux, mais trois parties. Le 3e allié est ce qu’on appelle les "insurgés syriens". C’est comme cela que les désigne pudiquement l’International New York Times du 28 juillet, dans un article coécrit par pas moins de 3 correspondants, Anne Barnard, Michael R.Gordon et Éric Schmitt, qui partagent ainsi joyeusement le mensonge et l’hypocrisie.
Derrière ce noble objectif – celui de combattre l’EIIL -, l’Empire et la Turquie s’apprêtent à mettre en place une bande longue de 100 km aux frontières de la Turquie, où pourront s’installer en toute quiétude les "insurgés syriens" qui ne sont rien d’autre que les restes de l’ASL (Armée syrienne libre), mélangés à des éléments d’al-Qaïda.
La bande de terre fait en réalité partie du territoire d’un État souverain, qui s’appelle la Syrie, et qui va donc être occupé simultanément par trois de ses ennemis, lesquels font semblant d’en combattre un quatrième. […]
Les trois journalistes auteurs de cet article ont sans doute jeté un oeil sur une carte de la région et se sont aperçus que cette "bande", une fois occupée, permettra aux avions américains de survoler la zone où le gouvernement syrien combat les "insurgés". Est-ce que cela est légal ? Quelqu’un leur a donné l’autorisation ? Absolument pas. C’est l’arbitraire le plus total. Tout ça au nom de la guerre contre l’EIIL.
Les trois journalistes auteurs de cette brillante analyse se fient aveuglément à des déclarations anonymes provenant de l’Administration US qui affirment que les coupeurs de tête de l’ex-ASL sont « relativement modérés». Mais voyez-vous cela, nous apprenons dans le même temps qu’ « un grand nombre de ces ‘’rebelles’’ a été entrainé dans le cadre d’un programme secret de la CIA, » ce qui montre combien ces combattants sont vraiment ‘’libres’’. Il est indéniable – apprend-on également – que sur le champ de bataille ces jeunes sont « souvent mélangés, et travaillent de concert avec des insurgés islamiques bien plus extrémistes. »  Tiens tiens. Est-ce que par hasard il ne s’agirait pas précisément des combattants de l’EIIL ? Contentons-nous de survoler tout cela. C’est d’ailleurs ce que fait la gigantesque machine médiatique américaine et mondiale, elle « survole » la situation.
Bon évidemment, les avions américains vont être amenés à abattre les avions syriens. Que voulez-vous, il faut aussi les comprendre ces avions américains. Du reste, l’expérience de la No-Fly Zone en Libye s’est révélée extrêmement positive, comme nous le savons. Les avions de Kadhafi ont été détruits au sol, et c’est ce qui attend les avions de Bashar el-Assad.
Ne faudrait-il pas attendre l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU ? Cela présenterait le risque de voir la Russie et la Chine opposer leur véto. Non non, allons-y. L’Empire s’autorise lui-même. Et les effets – si cela réussit – seront identiques. La Syrie sera liquidée, son territoire deviendra la proie des bandes sanguinaires, exactement comme ce qui s’est passé en ex-Libye.
Aussi parce que, comme l’écrivent nos trois fameux journalistes,  les "insurgés" ont comme principal objectif, non pas de combattre l’État islamique, avec lequel ils ont d’excellents rapports, militaires et financiers, mais celui d’abattre Bashar el-Assad. Ce qui est également l’intérêt non affiché des Américains, en plus du fait que cela constituerait une belle faveur faite à Israël et à l’Arabie saoudite. Après, on verra bien.
L’intérêt des Turcs dans tout cela ? Utiliser la situation pour frapper les milices kurdes, en faisant d’une pierre deux coups. Pour moi qui assiste à cette pantomime sanglante, tout cela me fait immédiatement penser à la question des immigrés, dont on n’arrête pas de parler en long en large et en travers en Italie. Peu nombreux sont ceux qui semblent se rendre compte que des centaines de milliers de malheureux vont à nouveau être obligés – grâce à l’Empire et à nos gouvernants – de tenter de rejoindre nos côtes, pour fuir, pour survivre. Nous préparons, avec la plus grande stupidité, méconnaissance et lâcheté, notre propre tragédie.
Ainsi va le monde. Les journaux occidentaux ont hurlé à gorge déployée pendant un an et demi, et continuent de le faire, à propos de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais ce qui se passe depuis trois ans en Syrie, ils ne le voient pas. Ou plutôt, il ne nous le montrent pas. De toute façon, ils ne nous ont pas non plus montré la guerre en Ukraine ni la soi-disant « invasion » russe. Et donc, nous sommes quittes.
Giulietto Chiesa – ilFattoQuotidiano.it, 1er août 2015
Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr


samedi 4 janvier 2014

Interview de Bahar depuis son exil en Italie : « Ce n’est pas en mettant les journalistes en prison qu’on combat le terrorisme ! »/ Interview of Bahar since his exile in Italy: " to put the journalists in prison is not the right way to fight against the terrorism! "

3 janvier 2014

Après 13 jours de prison suite à un mandat d’arrêt international lancé contre lui, Bahar Kimyongür, citoyen belge, est actuellement assigné à résidence à Massa, en Italie. Militant pour la paix, arrêté à nouveau le 21 novembre, il semble être la tête de Turc du régime Erdogan. Celui-ci veut le condamner à 22 ans de prison pour avoir manifesté dans le Parlement européen contre la torture pratiquée dans les prisons turques. Pourtant, les Justices belge et hollandaise ont jugé infondées les accusations de terrorisme portées contre lui. L’affaire Kimyongür soulève de grandes interrogations sur le fonctionnement d’Interpol et des abus qu’en font certains Etats. Bahar risque l’extradition vers la Turquie et Amnesty dénonce cette violation grave de ses droits fondamentaux. Cette chasse à l’homme est un non sens qu’il est urgent de dénoncer ! Nous avons pu joindre Bahar sur Skype pour une interview. IGA

INTERVIEW SKYPE : INVESTIG'ACTION - La qualité sonore de l'enregistrement est parfois réduite à cause d'une mauvaise connexion. Veuillez nous en excuser.