Alors que commencent à émerger des information sur les liens entre le troisième fils d'Erdogan et le pétrole de Daech, on se demande quand même ce qui a pris les Turcs de se tirer une balle dans le pied.
Les Russes bombardent maintenant avec allégresse la zone où le vieux Sukhoi 24 a été abattu. Les Turkmènes affiliés à Al Nosra, Al Qaeda en Syrie pour les intimes, vont longtemps regretter d'avoir dansé autour du cadavre du pilote. Les déclarations des officiels russes sur leur annihilation sont peut-être exagérées mais il semble évident qu'ils en ont pris pour leur grade. Si le but d'Ankara était de les protéger, c'est raté...
Les S-400 sont déjà en place ainsi que le Moskva anti-aérien au large des côtes syriennes. Plus un avion ne survolera le ciel syrien, du moins dans sa partie occidentale, sans l'accord de Moscou. Si le sultan comptait encore bombarder de temps en temps les YPG kurdes, c'est fini... Notons d'ailleurs qu'Américains et Turcs s'opposaient depuis longtemps à l'installation de S-400 en Syrie, car susceptible de bouleverser la balance stratégique. L'incident de mardi est un prétexte en or pour le Kremlin.
Ajoutons également que la décision de l'état-major russe d'accompagner désormais les bombardiers en mission par des chasseurs chargés de les protéger signifie tout simplement l'envoi de chasseurs supplémentaires, les quatre Sukhois 30 n'étant pas assez nombreux. Là encore, tout ce qu'Erdogan aura réussi à faire est de donner aux Russes une raison pour renforcer leur présence aérienne en Syrie, changeant la donne stratégique. Obama doit être furax...
Mais ce qui gêne le plus les dirigeants occidentaux est la possibilité, bien réelle maintenant, de voir un avion turc abattu par les Russes dans un contexte de soutien de l'opinion publique occidentale à la Russie. Le choix sera cornélien : soutenir Ankara en se bouchant le nez au nom de l'article 5 de l'OTAN et s'aliéner des pans entiers de l'opinion occidentale très remontée contre la Turquie après les attentats de Paris, ou laisser tomber le sultan et risquer de faire de l'organisation atlantique une coquille vide.
On comprend que les réactions des leaders otaniens aient été pour le moins mesurées après l'incident. Au-delà des déclarations formelles de "solidarité" avec l'allié turc, les messages étaient surtout destinés au sultan : tu te calmes et tu ne nous mets surtout pas dans une situation inextricable.
Pendant ce temps, en Russie, les entreprises turques ont vu débouler des agents du ministère des finances tandis que des tonnes de produits turcs sont bloqués à la frontière, que les camions sont refoulés ainsi que les touristes. Et ce n'est qu'un début, Medvedev ayant donné deux joursaux services compétents pour élaborer des sanctions. Quant aux touristes russes qui allaient en masse se dorer la pilule sur les plages turques, c'est un manque à gagner potentiel de 10 milliards pour Ankara, ce qui n'est pas négligeable.
On comprend dans ces conditions que le sultan soit un peu fébrile, alternant les coups de menton - non, je ne m'excuserai pas - et les ronds de jambe - "Nous aurions agi autrement si nous avions su que l'avion était russe". Voulant à tout prix sauver la face mais commençant sans doute à réaliser l'énormité de la bourde, Erdogan ne sait plus trop sur quel pied danser.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire