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vendredi 9 mai 2025

La Matinale 08/05 : AMGOT, victoire soviétique : deux historiens rétablissent la vérité sur 1945 !


 "La CIA est l'émanation d'intérêts privés" Branca Eric. 

80 ans après : Hitler défait, France et Russie dans le camps de la victoire 🔷 Avec Annie Lacroix-Riz Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université Paris 7. Ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée d'histoire. Auteur de nombreux ouvrages dont le dernier “Le choix de la défaite - 3e édition : Les élites françaises dans les années 1930” (Dunod). A paraitre en Juin : “Industriels et banquiers français sous l'Occupation” (Dunod) 🔷 Avec Eric Branca ‭ Journaliste et historien français, spécialiste du gaullisme et des services secrets, Auteur de nombreux ouvrage dont dernièrement “300 Jours - 13 juillet 1944 - 9 mai 1945 : dix mois pour en finir avec Hitler” (Perrin) Se procurer l’ouvrage : https://www.lisez.com/livres/300-jour... Pour nous soutenir : https://www.tocsin-media.fr/soutien www.tocsin-media.fr

mercredi 7 mai 2025

La lettre de Senta - 9 mai à 17h "European Peace Project"

 

Un manifeste pour la paix sera lu partout en Europe

Le European Peace Project

📣 Vendredi 9 mai à 17h, journée qui célèbre l’Union européenne, des citoyens opposés à la guerre se réuniront partout en Europe clamer à voix haute leur désaccord avec les politiques belliqueuses des dirigeants européens en lisant “le manifeste pour la paix” sur des milliers de places publiques.

A Bruxelles, RDV à la Gare Centrale, où des chanteuses se joignent à l’évènement!

🎸 Après, à 20h au Bozar : un grand concert caritatif pour la PAIX au Congo.

Consultez la carte interactive pour vous joindre à l’évènement en Belgique, en France, en Suisse ou ailleurs en Europe.

Projet européen pour la paix – Le Manifeste

Aujourd’hui, le 9 mai 2025 – exactement 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a coûté la vie à 60 millions de personnes, dont 27 millions de citoyens soviétiques, nous, les citoyens européens, élevons la voix ! Nous avons honte de nos gouvernements et de l’UE qui n’ont pas retenu les leçons du XXe siècle. L’UE, autrefois conçue comme un projet de paix, a été pervertie et a ainsi trahi l’essence même de l’Europe ! Nous, les citoyens européens, prenons donc aujourd’hui, le 9 mai, notre destin et notre histoire en main. Nous déclarons l’échec de l’UE. Nous entamons une diplomatie citoyenne et refusons la guerre planifiée contre la Russie ! Nous reconnaissons la coresponsabilité de « l’Occident », des gouvernements européens et de l’UE dans ce conflit.

Nous, citoyens d’Europe, nous opposons avec le European Peace Project à l’hypocrisie éhontée et aux mensonges diffusés aujourd’hui – Journée de l’Europe – lors des cérémonies officielles et sur les chaînes publiques.

Nous tendons la main aux citoyennes et citoyens d’Ukraine et de Russie. Vous faites partie de la famille européenne et nous sommes convaincus qu’ensemble, nous pouvons organiser une cohabitation pacifique sur notre continent.

Nous avons devant les yeux les images des cimetières militaires – de Volgograd à Riga et à la Lorraine. Nous voyons les tombes fraîches que cette guerre insensée a laissées en Ukraine et en Russie. Alors que la plupart des gouvernements de l’UE et des responsables de la guerre harcèlent et refoulent ce que la guerre signifie pour la population, nous avons appris la leçon du siècle dernier : l’Europe, c’est « plus jamais la guerre » !

Nous nous souvenons des efforts de construction européenne du siècle dernier et des promesses de 1989 après la révolution pacifique. Nous demandons la création d’un Office européen de la jeunesse et de la Russie sur le modèle de l’Office franco-allemand de la jeunesse de 1963, qui a mis fin à « l’hostilité héréditaire » entre l’Allemagne et la France. Nous exigeons la fin des sanctions et la reconstruction du gazoduc Nord Stream II. Nous refusons de gaspiller l’argent de nos impôts dans l’armement et la militarisation, au détriment de l’État social et des infrastructures. Dans le cadre d’une conférence de paix de l’OSCE, nous demandons la création d’une architecture de sécurité européenne avec la Russie et non contre elle, comme le stipule la Charte de Paris de 1990. Nous demandons une Europe neutre, émancipée des États-Unis et jouant un rôle de médiateur dans un monde multipolaire. Notre Europe est post-coloniale et post-impériale.

Nous, citoyens européens, déclarons par la présente que cette guerre est terminée ! Nous ne participerons pas à ces jeux de guerre. Nous ne ferons pas de nos hommes et de nos fils des soldats, de nos filles des infirmières à l’hôpital et de nos pays des champs de bataille.

Nous proposons d’envoyer immédiatement une délégation de citoyens européens à Kiev et à Moscou afin d’entamer le dialogue. Nous ne resterons pas là à regarder notre avenir et celui de nos enfants être sacrifiés sur l’autel de la politique de puissance.

Vive l’Europe, vive la paix, vive la liberté

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dimanche 25 juin 2023

Les trois drapeaux russes et le retour de l'unité nationale

 Source : http://russiepolitics.blogspot.com/2023/06/les-trois-drapeaux-russes-et-le-retour.html


Trois drapeaux pour symboliser l'histoire de la Russie, qui n'a pas commencé en 1991, et pour constituer la Nation au-delà des révolutions. Pour la première fois depuis la chute de l'Union soviétique, le drapeau rouge est levé lors d'une cérémonie devant le Chef de l'Etat. La cérémonie a eu lieu à Saint-Pétersbourg, sur les rives du Golfe de Finlande. C'est également une grande victoire de l'armée russe.

Ce 17 juin, le Président Poutine a assisté à la cérémonie officielle de levée des drapeaux russes à Saint-Petersbourg : le tricolore, le drapeau soviétique et le drapeau impérial.

"Trois immenses bannières se sont envolées dans les airs : chacune représente un peu plus de la moitié du terrain de football - 60 mètres sur 40, elles pèsent près d'une demi-tonne. La levée de trois drapeaux d'un pays est prévue pour coïncider avec les dates d'établissement de chacun d'eux : 165 ans du drapeau de l'Empire russe, 100 ans du drapeau de l'URSS et 330 ans du drapeau tricolore de Pierre le Grand."

L'histoire d'un pays est un tout, au-delà des révolutions et des changements idéologiques, des personnalités qui plaisent ou qui dérangent, des victoires et des défaites. Il est vrai que l'histoire de la Russie est particulièrement riche en rebondissements idéologiques, ce qui complique la construction d'un discours historique national unifié et unificateur, englobant toutes ces périodes. La Russie soviétique s'est construite au départ sur le rejet de l'Ancien Régime, pour ensuite l'intégrer, une fois son pouvoir installé et renforcé, cherchant elle aussi la légitimité dans la continuité. La Russie néolibérale s'est construite en 1991 contre l'URSS, aidée en cela par le monde occidental, qui a lui aussi besoin de voir démoniser son ennemi. La démonisation a survécu de longues années à la chute de l'Union soviétique, la peur était trop grande de le voir renaître de ses cendres (toujours chaudes) sur fond de crise sociale, de désindustrialisation, de dépendance économique et de distanciation des élites politiques de l'opinion populaire. 

Aujourd'hui, le temps s'est accéléré et dans le combat existentiel, qui se mène autour de la vision du monde, la Russie recolle les morceaux, en commençant avec les drapeaux. Démarche saine et salutaire, seule l'unité pouvant lui conférer l'énergie vitale, dont elle besoin pour remporter ce conflit. L'histoire d'un pays est le corps qui va porter la nation, consolider le peuple. Si l'on enlève un morceau par-ci par-là, parce qu'il ne plaît pas, si l'on rajoute un morceau de-ci de-là pour que cela fasse plus joli, l'on perd le corps pour ne se retrouver qu'avec un cadavre. Ou un monstre. Et l'Ukraine en est le parfait exemple. La France est en train de suivre la même voie, en se reniant.

"Le porte-parol du Président russe, Dmitri Peskov, a qualifié la levée du drapeau national de l'URSS sur l'un des trois mâts de symbole de continuité historique. « Il n'y a rien de plus là-bas et il ne doit rien y avoir. C'est précisément le symbole de la continuité de notre État russe », a déclaré le porte-parole. Peskov a noté que l'histoire de la Russie moderne ne se limite pas à l'histoire récente. "C'est l'histoire de l'Union soviétique, c'est l'histoire de l'Empire russe. Nous avons une histoire très ancienne et riche », a-t-il ajouté."

La guerre globale, qui se déroule sous nos yeux, conduit la Russie à vouloir dépasser la fracture historique des Rouges et des Blancs, pour faire revenir au premier plan les Russes.

jeudi 1 septembre 2022

RIP, ‘Gorby’

 

source : https://www.dedefensa.org/article/rip-gorby

31 août 2022 (11H05) – On sait, ou bien on le devine, je n’ai le goût ni des commémorations, ni des cérémonies, ni des convenances. Les condoléances, les biographies pour saluer un mort, ces choses convenues ne sont pas de mon parti. Par conséquent, quand je prends la plume pour saluer un mort, c’est le signe que je lui trouve du mérite, et que je crois que sa vie et sa carrière sont à méditer, aussi bien pour l’histoire que pour notre temps. Gorbatchev entre parfaitement dans ce cadre.

J’ai vécu son aventure, comme journaliste et chroniqueur à Bruxelles, comme l’une des périodes les plus excitantes, sans doute la plus exaltée par rapport aux choses du possible de ma très longue carrière de plus d’un demi-siècle (55 ans exactement). A partir de 1985, il imposa un rythme étourdissant aux relations internationales, au point que tous les autres problèmes, notamment nos longues méditations intellectuelles caractérisant les milieux français de l’esprit, passèrent au second plan. Sa popularité mondiale (j’insiste sur cette ‘mondialisation’) fut extraordinaire, et dans tous les grands pays d’Occident il dépassait en popularité les grands chefs du cru. Il a terminé avec une retraite où il battit dans son propre pays tous les records d’impopularité. Ceci ne dépend pas de cela, et même justifierait cela.

RT.com, qui serait plutôt un réseau que les vrais nationalistes purs et durs de Russie regardent avec une certaine suspicion, titre à son propos ces mots que je lui connaissais pas, – qui marquent aussi bien la gloire et la malédiction du liquidateur de l’URSS :

« Si ce n’est moi, qui ? Et si ce n’est maintenant, quand ? »

C’est dire que ‘Gorby’, comme les yankees, bluffés par son abattage incroyable, l’avaient surnommé alors, est un personnage terriblement contrasté dans la perception qu’on en a. Aujourd’hui, nos crétins-Système le célèbrent pour pouvoir mieux descendre Poutine, – quand on est cons, on dit des conneries en escadrille, c’est normal. (S’ils pouvaient se rappeler, ceux-là, ce que les “ultras” de notre Système qui dézinguent Poutine aujourd’hui ont pu déverser de tombereaux de soupçons sur lui, sur ‘Gorby’ : “agent du KGB montant un piège pour l’Occident”, notamment.)... “Les vrais nationalistes purs et durs de Russie” le détestent et le traitent avec mépris, et je crois qu’en cela, si je peux les comprendre, je dois dire avec fermeté qu’ils n’ont pas raison. Ce qu'on peut lire dans le texte ci-dessous, qui rend compte d'une interview qui est à mon sens la meilleure de lui dans la presse américaniste-occidentaliste, parce que menée par un Stephen Cohen, – ce qu'on peut lire, c'est du Poutine dans le texte, – bref, c'est de l'esprit du Russe dans la présente situatioin.

On a énormément parlé de Gorbatchev sur ce site (on retrouve 165 entrées sur son nom), avec notamment l’idée de trouver un correspondant US pour liquider le monstre, un ‘American Gorbatchev’ (apparition de l’expression le 29 octobre 2008), ce qui montrait une bonne dose d’idéalisme et d’ingénuité dans mon chef, à propos d’Obama. J’ai pensé que le mieux alors, pour le saluer à l’heure de sa mort, était de déterrer un article où je ne trouverais rien à redire par rapport à ce que je pense de Gorbatchev aujourd’hui. C’est le cas notamment et parmi d’autres, – car je n’ai pas beaucoup varié dans mon jugement, – de ce texte du 2 novembre 2009, que je reprends avec comme seul changement sérieux la traduction de citations anglaises en français. Il est vrai que ce texte, pour le vingtième anniversaire de la chute du Mur, était menée par Stephen Cohen (avec sa femme Katrina vanden Heuvel, rédactrice en chef de ‘The Nation’), qui fut jusqu’à sa mort sans doute le meilleur observateur de la Russie chez les universitaires US.

J’y retrouve une idée centrale : Gorbatchev, comme « personnage maistrien », jugement dit et répété dans le texte. On y trouve cette explication qui me va comme un gant, aujourd’hui comme hier :

« Effectivement, Gorbatchev est de ces hommes qui, comme de Gaulle par exemple, ne lésinent pas sur les grands desseins tout en concédant aussitôt, voire simultanément, comme dans une seule pensée, et avec cette joie édifiante qui en dit long sur leur conscience des vanités terrestres, qu’en dernier ressort c’est l’Histoire, ou disons “la force des choses”, qui fixe le destin de leurs desseins. »

... J’aurais pu écrire déjà “métahistoire”, n’est-ce pas ? Dans tous les cas, pour montrer qu’effectivement, c’est “la force des choses”, ou “des forces qui nous dépassent”, qui décident de ce qui importe et de ce qui importe moins, quoiqu’en dise et veuille “l’instrument”, je crois depuis toujours que Gorbatchev eut tort de croire que son dessein d’une ‘perestroïka’ était l’essentiel. Comme je l’ai écrit si souvent, son véritable trait de génie fut l’autre idée qu’il appliqua, la ‘glasnost’, qui libéra la psychologie des gens, qui réalisa une véritable révolution mondiale.

Bon... Il faut bien le dire, n’est-ce pas : nous attendons, nous, notre ‘glasnost’...

PhG – Semper Phi

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L’ombre de Gorbatchev sur notre temps

2 novembre 2009 — Puisque c’est le mois-anniversaire, allons-y. Jamais événement aussi sensationnel, aussi fécond d’illusions, déclencheur d’espoirs, moteur d’enthousiasmes, aura apporté autant de désillusions, de déceptions, de désespoirs que la chute du Mur de Berlin. Toute la responsabilité, absolument toute la responsabilité de cette triste désorientation d’un tel événement libérateur pèse de tout son poids sur l’Ouest, son américanisme, son occidentalisme, sa suffisance et son arrogance. L’Occident a transformé en une folie déstructurante ce qui était au départ un événement structurant parce qu’il détruisait le foyer de déstructuration qu’était l’univers communiste.

Il y a une excellente interview, dans The Nation du 16 novembre 2009, mise en ligne le 28 octobre 2009, du seul homme de la période qui mérite d’être retenu par l’Histoire comme particulièrement et singulièrement grand. Il s’agit de Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev, le seul à avoir deviné d’intuition, malgré certaines pressions de sa raison, ce qu’il faisait, ce qui se passait et ce qui allait advenir. L’un des deux intervieweurs, avec la rédactrice en chef de The Nation Katrina vanden Heuvel, est l’un des meilleurs spécialistes US de la Russie et sans doute le seul à bien comprendre le destin actuel de la Russie, le professeur Stephen F. Cohen. (L’interview a été réalisée à Moscou le 23 septembre dernier.)

Parmi les points intéressants de cette interview.

• Bien sûr, Gorbatchev met, fort justement à notre sens, l’accent sur les réformes qu’il avait entreprises dès 1985, dès son arrivée au pouvoir, et notamment par son attitude propre qui précipita une formidable transformation psychologique des gens en URSS. Comme toujours, nous sommes en désaccord sur l’importance première qu’il accorde à la perestroïka, et seconde à la glasnost. Nous nous en sommes déjà expliqué à plusieurs reprises.

• Pour Gorbatchev, tout était achevé en mars 1989, avec les premières élections libres en URSS. D’ores et déjà, il jugeait que le Mur de Berlin allait rapidement tomber, et le reste avec. Manifestement, il estimait que le rythme de l’Histoire était déjà en route, qui allait tout balayer, d’où ce rappel qu’il fait d’une conférence de presse conjointe avec Kohl sur la réunification de l’Allemagne…

« En juin 1989, j'ai rencontré le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl et nous avons ensuite tenu une conférence de presse. Les journalistes ont demandé si nous avions discuté de la question allemande. J'ai répondu : “L’histoire a donné naissance à ce problème, et l'histoire le résoudra. C'est mon opinion. Si vous demandez au chancelier Kohl, il vous dira que c'est un problème pour le XXIe siècle.” »

• Gorbatchev repousse farouchement l’idée que la fin de la Guerre froide intervint en décembre 1991, avec sa propre chute, la fin de l’URSS et l’arrivée d’Eltsine au pouvoir en Russie, thèse favorisée par les historiens occidentaux US, qui s’appuie implicitement sur l’idée que c’est l’effort d’armement US des années Reagan qui força cette issue. (Nous sommes en complet désaccord avec cette thèse qui ne sert qu’à justifier l’effort de production d’armement aux USA après la chute de l’URSS.) Gorbatchev estime que la Guerre froide se termina formellement à la rencontre qu’il eut avec le nouveau président US Bush-père à Malte en décembre 1989. Il estime au contraire de la thèse sur “la course aux armements” qu’à côté de la nécessité impérative de briser le système bureaucratique soviétique, existait la crainte mutuelle d’une guerre nucléaire, et que c’est l’action conjuguée des deux hommes de la période (Reagan et lui-même) qui résolut cette question. C’est l’exacte antithèse de la “victoire” de l’Ouest par la pression de la production des armements US. Un passage intéressant à cet égard, avec quelques révélations sur les confidences de deux dirigeants US, le futur président Bush-père et le secrétaire d’Etat George Schultz:

The Nation : « Donc la guerre froide s'est terminée en décembre 1989 ? »

Gorbatchev : « Je pense que oui.  »

The Nation : « Beaucoup de gens ne sont pas d'accord, y compris certains historiens américains.  »

Gorbatchev : « Que les historiens pensent ce qu'ils veulent. Mais sans ce que j’ai décrit, rien n'aurait résulté. Laissez-moi vous dire quelque chose. George Shultz, le secrétaire d'État de Reagan, est venu me voir il y a deux ou trois ans. Nous nous sommes longuement remémorés, – comme de vieux soldats se rappelant les batailles passées. J’ai beaucoup de respect pour Shultz, et je lui ai demandé : “Dites-moi, George, si Reagan n'avait pas été président, qui aurait pu jouer son rôle ?” Shultz a réfléchi un moment, puis a dit : “À cette époque, il n'y avait personne d'autre. La force de Reagan était qu'il avait consacré tout son premier mandat à construire l'Amérique, à se débarrasser de toutes les vacillations qui avaient été semées comme des graines. L'esprit de l'Amérique s'était ranimé. Mais pour prendre ces mesures de normalisation des relations avec l'Union soviétique et de réduction des armements nucléaires, – il n'y avait personne d'autre qui aurait pu le faire alors.”

» D'ailleurs, en 1987, après ma première visite aux États-Unis, le vice-président Bush m'a accompagné à l'aéroport, et m'a dit : “Reagan est un conservateur. Un conservateur extrême. Tous les imbéciles et les crétins sont pour lui, et quand il dit que quelque chose est nécessaire, ils lui font confiance. Mais si un démocrate avait proposé ce que Reagan a fait, avec toi, ils ne lui auraient pas fait confiance.”

» En vous disant cela, je veux simplement donner à Reagan le crédit qu'il mérite. J'ai trouvé très difficile de traiter avec lui. La première fois que nous nous sommes rencontrés, en 1985, après avoir discuté, mes collaborateurs m'ont demandé ce que je pensais de lui. “Un vrai dinosaure”, ai-je répondu. Et Reagan a dit de moi : “Gorbatchev est un bolchevik pur et dur !” »

The Nation : « Un dinosaure et un bolchevik ? »

Gorbatchev : « Et pourtant, ces deux personnes sont parvenues à des accords historiques, car certaines choses doivent être au-dessus des convictions idéologiques. Aussi difficile que cela ait été pour nous, aussi disputé que Reagan et moi l'ayons été à Genève en 1985, nous avons néanmoins écrit dans notre appel aux peuples du monde : “La guerre nucléaire est inadmissible, et dans celle-ci il ne peut y avoir de vainqueurs.”... »

• Plusieurs questions portaient sur les conséquences de la façon dont se terminèrent l’URSS et la carrière de Gorbatchev lui-même, avec son brutal remplacement par Eltsine, tout cela en connexion avec le débat sur la fin de la Guerre froide. De ce point de vue, l’ancien Premier secrétaire du PC de l’URSS montre à la fois une extrême lucidité et une certaine déception rentrée, mais, nous semble-t-il, sans jamais d’amertume. Pour lui, ces circonstances elles-mêmes, et le sentiment de triomphe de l’Occident, conduisirent à une situation catastrophique qui engendra tous les événements que nous avons connus depuis. Il dit cela un peu comme on affirme une évidence ou comme on enfonce ce qui lui paraît être une porte ouverte; ou comme on fait, en passant et sans trop y insister, la leçon à un adolescent instable.

« ...Les temps travaillent à travers les gens dans l'histoire. Je vais vous dire autre chose qui est très important sur ce qui s'est passé par la suite dans votre pays. Lorsque les gens [aux USA] sont arrivés à la conclusion qu'ils avaient gagné la guerre froide, ils ont conclu qu'ils n'avaient pas besoin de changer. Qu'il fallait laisser les autres changer. Ce point de vue est erroné, et il a sapé ce que nous avions envisagé pour l'Europe, – une sécurité collective mutuelle pour tous et un nouvel ordre mondial. Tout cela a été perdu à cause de cette pensée confuse dans votre pays, et qui a rendu si difficile la collaboration. Le leadership mondial est maintenant compris comme signifiant que l'Amérique donne les ordres... »

Et, plus loin :

« En Eltsine, Washington s'est retrouvé avec un vassal qui pensait qu'en raison de son anticommunisme, il serait porté dans leurs bras. Des délégations sont venues en Russie les unes après les autres, y compris le président Bill Clinton, puis elles ont cessé de venir. Il s'est avéré que personne n'avait besoin d'Eltsine. Mais à cette époque, la moitié des industries russes étaient en ruine, voire 60 %. C'était un pays dont l'économie non compétitive était largement ouverte au marché mondial, et il est devenu servilement dépendant des importations.

» Combien de choses ont été affectées ! Tous nos plans pour une nouvelle Europe et une nouvelle architecture de sécurité mutuelle. Tout cela a disparu. Au lieu de cela, il a été proposé d'étendre la juridiction de l'OTAN au monde entier. Mais alors la Russie a commencé à revivre. La pluie de dollars provenant de la hausse des prix mondiaux du pétrole a ouvert de nouvelles possibilités. Les problèmes industriels et sociaux ont commencé à être résolus. Et la Russie a commencé à parler d'une voix ferme, ce qui a mis en colère les dirigeants occidentaux. Ils s'étaient habitués à ce que la Russie reste allongée. Ils pensaient qu'ils pouvaient lui arracher les jambes quand ils le voulaient. »

Gorbatchev et la marche de l’Histoire

C’est l’une des interviews les plus intéressantes qu’ait donnée Gorbatchev, sur cette période cruciale, que nous allons célébrer sans doute aux plus mauvais des motifs, avec notre absence caractéristique de sens de l’Histoire, avec notre tendance universelle aujourd’hui à réécrire l’histoire d’hier pour mieux justifier nos engagements et nos choix d’aujourd’hui. On nomme cela “mémoire”, pour brouiller les pistes.

Cette commémoration du 9 novembre 1989 (chute du Mur) à laquelle nous nous préparons avec nos torrents de mélasse humanitaristes et démocratiques rendra un son bien obscène, ou bien extrêmement paradoxal. La chute du Mur et celle de l’URSS, telles que nous les avons interprétées et exploitées, si elles nous procurèrent un moment factice de triomphe, mirent en marche une implacable mécanique qui a conduit à notre actuelle crise catastrophique. La fin de l’URSS interprétée comme elle le fut, par le triomphe absolu de l’Occident américaniste et de son système libéral et capitaliste adoré, montra très vite que le roi restant en place était nu, et, vraiment, fort peu ragoûtant à regarder. Au triomphe de l’effondrement du Mur de Berlin correspond, exactement vingt ans après, comme l’image d’un miroir ricanant, la dévastation d’une planète et d’une civilisation par le système triomphant de 1989. Vingt ans pour nous montrer cela, ce n’est pas attendre trop longtemps en termes de longueur historique. L’Histoire ne s’est pas fait prier.

Sont-ce le fatalisme slave et le sens russe du tragique ? Dans cette interview, Gorbatchev apparaît, à côté de l’image classique de l’homme d’Etat (il mérite ce titre) formidablement volontariste qu’il fut, mais qui fut constamment contrarié dans ses desseins par rapport à ce qu’il espérait, comme un personnage particulièrement maistrien. Il ne cesse de répéter qu’il faut laisser faire et parler l’Histoire, après que certains détonateurs, certains événements, certains acteurs (lui-même, certes, parmi d’autres), aient déclenché l’impulsion initiale ou, plutôt, l’accident initial. (“Accident” plutôt qu’“impulsion” puisque, souvent, cet acte initial conduit à des situations si différentes de celles qu’on avait envisagées et imaginées.)

Personnage maistrien, dans ce cas, mais pas vraiment mécontent de l’être s’il en a conscience. C’est certainement là l’un des traits les plus remarquables, les plus superbes de Gorbatchev. Le contraste entre l’énergie formidable, le volontarisme qui furent les siens lorsqu’il fut à son poste de Premier secrétaire du Parti, fonction infâme qu’il réussit en quelques petites années à rendre noble, et cette acceptation des grandes forces de l’Histoire, fait croire, en effet, à une conscience d’être un personnage maistrien; à côté de cela, dans les mots et dans l’humeur, on découvre chez lui une propension à se satisfaire de cet assemblage apparemment si paradoxal, d’une façon roborative, presque joyeuse. Cette attitude mise en regard de notre arrogance satisfaite pour l’empilement de catastrophes qui caractérise nos actions, de nos récitations “par cœur” de nos principes humanitaires, quel contraste édifiant. Effectivement, Gorbatchev est de ces hommes qui, comme de Gaulle par exemple, ne lésinent pas sur les grands desseins tout en concédant aussitôt, voire simultanément, comme dans une seule pensée, et avec cette joie édifiante qui en dit long sur leur conscience des vanités terrestres, qu’en dernier ressort c’est l’Histoire, ou disons “la force des choses”, qui fixe le destin de leurs desseins.

Ce que fait également apparaître cette interview d’une façon éclatante, c’est la vastitude des projets que Gorbatchev entretenait pour “après” (après le communisme, après l’URSS), si l’“aventurier” imbibé d’alcool, le “vassal de l’Amérique” qui mettait cinq avant des bâtons dans les roues de Gorbatchev pour stopper ses réformes au nom de l’orthodoxie de la nomenklatura du système communiste, – si Eltsine ne lui avait pas été jeté dans les pattes à nouveau, pour le bloquer net, cette fois pour répondre aux consignes du système de l’américanisme. (Eltsine, entre deux muflées carabinées dans les rues de New York ou de Chicago, avait su, au cours de voyages aux USA dans la période intermédiaire, s’assurer à propos des soutiens qu’il fallait pour usurper la position de Gorbatchev.)

Gorbatchev avait des idées de réforme fondamentale du système international, de la sécurité de l’Europe, etc. Mais peut-être est-ce là que parle l’Histoire. S’il était resté en place et s’il avait eu quelque réussite, n’aurait-il pas, indirectement au moins, prolongé le système occidentaliste en lui permettant de s’installer dans un équilibre acceptable? Au lieu de quoi, son élimination mit à nu (“le roi est nu”), sans le moindre doute, sans le moindre recoin d’ombre, ce qu’est et ce que vaut ce système américaniste et occidentaliste. Le paradoxe est en effet que la mise à l’encan obscène de la Russie par les bandes ultra-libérales venues de l’Ouest durant les années-Eltsine fut un des éléments qui contribuèrent à lancer le système de l’américanisme dans les excès qui conduisent à la chute finale. C’est une mise à jour qui, finalement, bien qu’elle soit passé par l’injustice ainsi faite à l’encontre de Gorbatchev et les malheurs épouvantables imposés à la Russie, ne souffrait pas d’attendre, tant l’imposture méritait effectivement d’être exposée pour ce qu’elle est. On en tirera la conclusion que l’Histoire a supplanté Gorbatchev, selon l’ordre et “la force des choses”, après qu’il ait accompli l’essentiel pour quoi il était appelé.

En ce sens, on dira que Gorbatchev, par sa carrière volontaire et par sa destinée involontaire, fut non seulement le destructeur du système communiste, mais le deus ex machina complètement involontaire qui contribua décisivement à mettre en pleine lumière le degré de décadence, de perversité et d’instinct de mort auquel est arrivée en vérité notre civilisation. Après tout, on comprend qu’il n’ait jamais cédé à l’amertume; être à ce point l’instrument de l’ironie grandiose de l’Histoire vous rachète et vous soulage de vingt, de cent Eltsine s’il le faut…

vendredi 27 septembre 2019

Quand le Parlement européen manipule l’Histoire, par Olivier Berruyer

Voici l’incroyable résolution votée la semaine passée par le Parlement européen – qui a défaut de faire l’Histoire, tente de la réécrire…
Je vous renvoie vers cet article qui donne une analyse plus générale.
On voit bien le danger de laisser un Parlement, quel qu’il soit, s’emparer de l’Histoire.
Voici donc la résolution, commentée par mes soins… OB

Résolution du Parlement européen du 19 septembre 2019 sur l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe (2019/2819(RSP))

Le Parlement européen,
– vu les principes universels des droits de l’homme et les principes fondamentaux de l’Union européenne en tant que communauté fondée sur des valeurs communes,
– vu la déclaration effectuée le 22 août 2019 par le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, et par la commissaire Věra Jourová, dans la perspective de la «Journée européenne du souvenir» pour la commémoration des victimes de tous les régimes totalitaires et autoritaires,
– vu la déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies, adoptée le 10 décembre 1948,
– vu sa résolution du 12 mai 2005 sur le soixantième anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale en Europe (8 mai 1945)(1),
– vu la résolution 1481 sur la nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires, adoptée par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe le 26 janvier 2006,
– vu la décision-cadre 2008/913/JAI du Conseil du 28 novembre 2008 sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal(2),
– vu la déclaration sur la conscience européenne et le communisme, adoptée à Prague le 3 juin 2008,
– vu sa déclaration sur la proclamation du 23 août comme Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme, adoptée le 23 septembre 2008(3),
– vu sa résolution du 2 avril 2009 sur la conscience européenne et le totalitarisme(4),
– vu le rapport de la Commission du 22 décembre 2010 sur la mémoire des crimes commis par les régimes totalitaires en Europe (COM(2010)0783),
– vu les conclusions du Conseil des 9 et 10 juin 2011 sur la mémoire des crimes commis par les régimes totalitaires en Europe,
– vu la déclaration de Varsovie du 23 août 2011 sur la Journée européenne de commémoration des victimes des régimes totalitaires,
– vu la déclaration commune du 23 août 2018 des représentants des gouvernements des États membres de l’Union en l’honneur des victimes du communisme,
– vu sa résolution historique sur la situation en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, adoptée le 13 janvier 1983 à la suite de l’«Appel baltique» lancé par 45 ressortissants de ces trois pays,
– vu les résolutions et les déclarations sur les crimes des régimes communistes totalitaires adoptées par plusieurs parlements nationaux,
– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,
A. considérant que 2019 marque le 80e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale, qui a causé des souffrances humaines d’une ampleur sans précédent et conduit à l’occupation de pays européens pendant de nombreuses décennies;
B. considérant qu’il y a 80 ans, le 23 août 1939, l’Union soviétique communiste et l’Allemagne nazie ont signé un pacte de non-agression, connu sous le nom de pacte germano-soviétique ou pacte Molotov-Ribbentrop, dont les protocoles secrets partageaient l’Europe et les territoires d’États indépendants entre les deux régimes totalitaires selon des sphères d’influence, ouvrant la voie au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale;
OB : Moi qui croyait que c’était d’abord la conséquence du Traité de Versailles, de la volonté nazie (exprimée dans Mein Kampf), de la crise de 1929, du chômage te de la misère, de l’absence de réaction face aux multiples violations du Traité de Versailles, des accords de Munich et du refus par les franco-anglais de traiter sérieusement la proposition d’alliance soviétique… (entre autres…)
C. considérant que, parmi les conséquences directes du pacte germano-soviétique et du traité germano-soviétique d’amitié, de coopération et de délimitation du 28 septembre 1939 qui s’ensuivit, l’on compte: l’invasion de la République de Pologne, d’abord par Hitler, puis par Staline deux semaines plus tard, qui a brutalement privé le pays de son indépendance et représenté un drame sans précédent pour la nation polonaise; le déclenchement par l’Union soviétique communiste d’une guerre d’agression contre la Finlande le 30 novembre 1939; l’occupation et l’annexion en juin 1940 par l’Union soviétique de parties du territoire roumain, qui n’ont jamais été restituées; et l’annexion des républiques indépendantes de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie;
OB : Et peut-être l’invasion de l ‘URSS aussi, non ?
D. considérant qu’après la défaite du régime nazi et la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’après-guerre a été synonyme, pour certains pays d’Europe, de reconstruction et de réconciliation, tandis que d’autres sont restés, pendant un demi-siècle, soumis à des dictatures, parfois sous l’occupation ou l’influence directe de l’Union soviétique, et privés de liberté, de souveraineté, de dignité, de droits fondamentaux et de développement socio-économique;
E. considérant que si les crimes du régime nazi ont été jugés et punis lors du procès de Nuremberg, il reste urgent de sensibiliser l’opinion publique, de dresser un bilan moral de cette période et de mener des enquêtes judiciaires sur les crimes du stalinisme et d’autres dictatures;
OB : “urgent” ?
F. considérant que, dans certains États membres, la loi interdit les idéologies communiste ou nazie;
OB : Par chance, ils ne sont plus “privés de liberté, de souveraineté, de dignité, de droits fondamentaux… surtout les communistes locaux, donc.
G. considérant que l’intégration européenne a constitué, dès l’origine, une réponse aux souffrances causées par les deux guerres mondiales et la tyrannie nazie qui a conduit à l’Holocauste, ainsi qu’à l’expansion des régimes communistes totalitaires et non démocratiques en Europe centrale et orientale, et que cette intégration a permis de surmonter de profondes divisions et de vives hostilités grâce à la coopération et à l’intégration, de mettre un terme à la guerre et de garantir la démocratie en Europe; considérant que, pour les pays européens qui ont souffert de l’occupation soviétique ou d’une dictature communiste, l’élargissement de l’Union européenne à partir de 2004 a marqué leur retour au sein de la famille européenne, à laquelle ils appartiennent;
OB : Il faut quand même reconnaître que, plus c’est gros, plus ça passe…
H. considérant qu’il convient d’entretenir la mémoire du passé tragique de l’Europe, afin d’honorer les victimes, de condamner les auteurs de crimes et de jeter les bases d’une réconciliation fondée sur la vérité et l’œuvre de mémoire;
I. considérant que la commémoration des victimes des régimes totalitaires, la reconnaissance et la prise de conscience des séquelles, communes à toute l’Europe, laissées par les crimes commis par les dictatures communistes, nazie et autres revêtent une importance cruciale pour maintenir l’unité de l’Europe et de ses peuples et construire une Europe à même de résister aux menaces extérieures contemporaines;
OB : la manipulation de la mémoire…
J. considérant qu’il y a 30 ans, le 23 août 1989, à l’occasion du 50e anniversaire du pacte germano-soviétique, en mémoire des victimes des régimes totalitaires, deux millions de Lituaniens, de Lettons et d’Estoniens se sont donné la main pour former la «Voie balte», une chaîne humaine et manifestation sans précédent qui allait de Vilnius à Tallinn en passant par Riga;
K. considérant que bien que le Congrès des députés du peuple de l’URSS ait condamné, le 24 décembre 1989, la signature du pacte germano-soviétique ainsi que les autres accords conclus avec l’Allemagne nazie, en août 2019, les autorités russes ont rejeté toute responsabilité dans ce pacte et ses conséquences et promeuvent désormais une théorie selon laquelle la Pologne, les États baltes et l’Europe de l’Ouest sont en réalité les véritables instigateurs de la Seconde Guerre mondiale;
OB : Euh, primo, il est clair que le sort dramatique de la Pologne après la guerre ne l’exonère en rien de son attitude avant la guerre, qui a, comme d’autres élément, concouru à la survenance du drame
Secundo, il faut aussi se rappeler que la Russie n’est pas complètement l’URSS – Staline était géorgien, et je ne pense pas que la Géorgie s’excuse plus que la Russie…
Et puis : “En 2009, invité pour les commémorations des 70 ans de l’invasion de la Pologne, Vladimir Poutine, à l’époque Premier ministre russe, avait qualifié les pactes conclus avec les nazis entre 1934 et 1939 de «moralement inacceptables», condamnant ainsi l’accord Ribbentrop-Molotov… mais aussi les accords signés par les autres puissances de l’époque avec les nazis.
«Nous devons admettre ces erreurs. Notre pays l’a fait. Le Parlement russe a condamné le Pacte Molotov-Ribbentrop. Nous sommes en droit d’attendre la même chose des autres pays qui ont également conclu des accords avec les nazis», avait-il déclaré. […]
En 2009, la Russie a rendu publiques des archives soviétiques dépeignant une Pologne d’avant-guerre très hostile à l’URSS et plus favorable à l’Allemagne nazie. L’ambassadeur de Pologne à Washington aurait ainsi déclaré en 1937 au cours d’une réunion avec un haut responsable du département d’Etat américain : «La Pologne ne voit pas de menace provenant de l’Allemagne nazie. La priorité est d’isoler l’Union soviétique.»
Le pays aurait aussi, toujours selon ces documents, tenté d’attiser, via des agents, des révoltes de minorités ethniques d’URSS pour provoquer sa dislocation.” (source)
L. considérant que la commémoration des victimes des régimes totalitaires et autoritaires, la reconnaissance et la prise de conscience des séquelles, communes à toute l’Europe, laissées par les crimes commis par les dictatures stalinienne, nazie et autres revêtent une importance cruciale pour maintenir l’unité de l’Europe et de ses peuples et construire une Europe à même de résister aux menaces extérieures contemporaines;
OB : Incroyable, il semble que les députés se soient trompés en faisant un copier coller du I/ précédent, à peine modifié… Jouez au jeu des 7 erreurs, je le remets :
I. considérant que la commémoration des victimes des régimes totalitaires, la reconnaissance et la prise de conscience des séquelles, communes à toute l’Europe, laissées par les crimes commis par les dictatures communistes, nazie et autres revêtent une importance cruciale pour maintenir l’unité de l’Europe et de ses peuples et construire une Europe à même de résister aux menaces extérieures contemporaines;
M. considérant que des groupes et des partis politiques ouvertement radicaux, racistes et xénophobes incitent à la haine et à la violence dans la société, par exemple par la diffusion en ligne de discours de haine, qui conduisent souvent à une montée de la violence, de la xénophobie et de l’intolérance;
1. rappelle que, comme en dispose l’article 2 du traité sur l’Union européenne, l’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’état de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités; que ces valeurs sont communes à tous les États membres;
2. souligne que la Seconde Guerre mondiale, conflit le plus dévastateur de l’histoire de l’Europe, a été déclenchée comme conséquence immédiate du tristement célèbre pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939, également connu sous le nom de pacte Molotov-Ribbentrop, et de ses protocoles secrets, dans le cadre desquels deux régimes totalitaires ayant tous deux l’objectif de conquérir le monde se partageaient l’Europe en deux sphères d’influence;
3. rappelle que les régimes communistes et nazi sont responsables de massacres, de génocide, de déportations, de pertes en vies humaines et de privations de liberté d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de l’humanité, qui auront à jamais marqué le XXe siècle; rappelle que le régime nazi est coupable de ce crime abject qu’est l’Holocauste; condamne sans réserve les actes d’agression, les crimes contre l’humanité et les atteintes aux droits de l’homme à grande échelle perpétrés par les régimes totalitaires nazi, communistes et autres;
4. témoigne son profond respect à chacune des victimes de ces régimes totalitaires et demande aux institutions de l’Union européenne et aux parties prenantes de tout mettre en œuvre pour faire en sorte que ces crimes abjects contre l’humanité et ces atteintes graves et systématiques aux droits de l’homme commis par les régimes totalitaires ne sombrent pas dans l’oubli et soient jugés, et garantir que ces crimes ne se reproduisent jamais plus; souligne l’importance d’entretenir la mémoire du passé, car il n’y a pas de réconciliation sans travail de mémoire, et réaffirme qu’il s’élève d’une seule voix à tout régime totalitaire, quelle que soit l’idéologie qui l’étaie;
OB : c’est assez incroyable de lire ça dit comme ça…
5. demande à tous les États membres de l’Union de procéder à une évaluation claire et fondée sur les principes en ce qui concerne les crimes et actes d’agression commis par les régimes communistes totalitaires et le régime nazi;
6. condamne toute démonstration et toute propagation d’idéologies totalitaires, telles que le nazisme et le stalinisme, dans l’Union européenne;
7. condamne le révisionnisme historique et la glorification des collaborateurs nazis qui ont cours dans certains États membres de l’Union; s’alarme de l’acceptation, qui va croissant, d’idéologies radicales et d’une régression vers le fascisme, le racisme, la xénophobie et d’autres formes d’intolérance au sein de l’Union européenne; se dit préoccupé par les informations faisant état de collusions, dans certains États membres, entre, d’un côté, des dirigeants politiques, partis politiques et autorités chargées de faire appliquer la loi et, de l’autre, des mouvements radicaux, racistes et xénophobes ayant diverses étiquettes politiques; demande aux États membres de condamner ces actes le plus fermement possible, car ils ébranlent les valeurs de l’Union que sont la paix, la liberté et la démocratie;
8. demande à tous les États membres de célébrer le 23 août, Journée européenne de commémoration des victimes des régimes totalitaires, tant au niveau de l’Union qu’au niveau national, et de sensibiliser la jeune génération à ces problématiques en incorporant, dans les programmes et manuels scolaires de toutes les écoles dans l’Union européenne, l’histoire des régimes totalitaires et l’analyse des séquelles qu’ils ont laissées; demande aux États membres de soutenir la conservation de traces écrites du passé trouble de l’Europe, par exemple en faisant traduire les comptes rendus des procès de Nuremberg dans toutes les langues de l’Union européenne;
9. demande aux États membres de condamner et de combattre la négation de l’Holocauste sous toutes ses formes, notamment la banalisation et la minimisation des crimes commis par les nazis et leurs collaborateurs, et de veiller à ce que les discours politiques et médiatiques soient exempts de ce type de banalisation;
10. réclame une culture mémorielle partagée, qui dénonce les crimes commis par le passé par les régimes fasciste, stalinien et autres régimes autoritaires, de manière à permettre notamment à la jeune génération d’acquérir la résilience nécessaire pour faire face aux menaces auxquelles la démocratie est confrontée à l’heure actuelle; invite les États membres à encourager l’éducation, par l’intermédiaire de la culture grand public, à la diversité de nos sociétés et à la connaissance de notre histoire commune, notamment les atrocités de la Seconde Guerre mondiale, telles que l’Holocauste, et la déshumanisation systématique des victimes pendant de nombreuses années;
OB : Mais quelles sont donc ces “aux menaces auxquelles la démocratie est confrontée à l’heure actuelle” : je le vois pour ma part surgir régulièrement du Parlement Français macronisé.
11. demande que le 25 mai (anniversaire de l’exécution de Witold Pilecki, héros d’Auschwitz) soit proclamé Journée mondiale des héros de la lutte contre le totalitarisme, ce qui constituera une marque de respect et un hommage à tous ceux qui, en luttant contre la tyrannie, ont fait preuve d’héroïsme et d’un véritable amour du genre humain et indiquera clairement aux générations futures quelle attitude il faut adopter face à la menace de l’asservissement totalitaire;
OB : oui, cette journée mondiale semble clairement à la hauteur de l’enjeu
12. demande à la Commission de fournir un soutien concret aux projets de travail de mémoire et de souvenir historique dans les États membres ainsi qu’aux activités de la plateforme pour la mémoire et la conscience européennes, et d’affecter des ressources financières suffisantes, dans le cadre du programme «L’Europe pour les citoyens», au soutien à la commémoration et au souvenir des victimes du totalitarisme, comme demandé dans la position du Parlement sur le programme «Droits et valeurs» 2021‑2027;
13. déclare que l’intégration européenne en tant que modèle de paix et de réconciliation résulte du libre choix des peuples de l’Europe de s’engager sur la voie d’un avenir partagé et que l’Union européenne a la responsabilité particulière de promouvoir et de préserver la démocratie, le respect des droits de l’homme et l’état de droit, non seulement à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de son territoire;
14. fait observer qu’en adhérant à l’Union européenne et à l’OTAN, les pays d’Europe centrale et orientale ont non seulement pu retourner dans le giron de l’Europe libre et démocratique, mais ont aussi réussi, avec l’aide de l’Union européenne, à mettre en œuvre des réformes et à entrer dans une dynamique de développement socio-économique; souligne toutefois que la possibilité d’adhérer à l’Union devrait demeurer ouverte à d’autres pays européens, comme le dispose l’article 49 du traité sur l’Union européenne;
OB : Mais qu’est-ce que vient faire l’OTAN dans ce texte ? Quant au reste, je ne pense pas que la Grèce approuve ce message
15. maintient que la Russie reste la plus grande victime du totalitarisme communiste et que sa transformation en un État démocratique sera entravée aussi longtemps que le gouvernement, l’élite politique et la propagande politique continueront de blanchir les crimes communistes et de glorifier le régime totalitaire soviétique; invite par conséquent la société russe à accepter son passé tragique;
OB : c’est là où on voit que les types ont vraiment perdu pied… Ces irresponsables ne seront heureux que quand on sera définitivement fâchés avec la Russie semble-t-il.
16. s’inquiète vivement des efforts déployés par les dirigeants de la Russie d’aujourd’hui pour déformer les faits historiques et blanchir les crimes commis par le régime totalitaire soviétique; considère ces tentatives comme un élément dangereux de la guerre de l’information qui est menée contre l’Europe démocratique et qui cherche à diviser notre continent; demande dès lors à la Commission d’agir de manière décisive pour contrecarrer ces tentatives;
17. se dit préoccupé par le fait que des symboles de régimes totalitaires continuent à être utilisés dans les espaces publics et à des fins commerciales, tout en rappelant qu’un certain nombre de pays européens ont interdit l’utilisation de symboles nazis et communistes;
OB : Ah, l’Europe libre veut donc interdire, 30 ans après la fin de l’URSS, les symboles communistes…
18. constate que le maintien, dans les espaces publics (parcs, places, rues, etc.) de certains États membres, de monuments et de mémoriaux glorifiant les régimes totalitaires ouvre la voie à la dénaturation des faits historiques relatifs aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale ainsi qu’à la propagation d’un système politique totalitaire;
OB : Donc là ils parlent des communistes – les symboles de l’Armée rouge, ça compte donc là dedans ?
19. condamne le recours croissant par les forces politiques extrémistes et xénophobes en Europe à la dénaturation des faits historiques et leur emploi d’une symbolique et d’une rhétorique qui font écho à certains aspects de la propagande totalitaire, à savoir le racisme, l’antisémitisme et la haine à l’égard des minorités, sexuelles ou autres;
OB : Et à l’évidence, ce Parlement s’y connait en “dénaturation des faits historiques”…
20. invite instamment les États membres à veiller au respect des dispositions de la décision‑cadre du Conseil, afin de lutter contre les organisations qui diffusent des discours de haine et sèment la violence dans l’espace public et en ligne, et à interdire véritablement les groupes néofascistes et néonazis et toute autre fondation ou association qui exalte et glorifie le nazisme et le fascisme ou toute autre forme de totalitarisme, tout en respectant l’ordre juridique national et la compétence nationale en la matière;
21. souligne qu’il convient de continuer de puiser dans le passé tragique de l’Europe l’inspiration morale et politique nécessaire pour relever les défis du monde contemporain, et en particulier pour lutter pour un monde plus juste, bâtir des sociétés et communautés tolérantes et ouvertes qui accueillent les minorités sexuelles, religieuses et ethniques, et s’assurer que les valeurs européennes bénéficient à tous;
22. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, à la Douma d’État de la Fédération de Russie ainsi qu’aux parlements des pays du partenariat oriental.
OB : c’est une bonne idée, quand on insulte quelqu’un, de lui envoyer le tas de boue, ça améliore les relations. Attendons la réponse – je parie sur une résolution condamnant Munich, et la colonisation…
Ces gens sont fascinants : on a un début de réchauffement avec la Russie par la Président Macron, et il faut que, sans raison, ces politiciens irresponsables jettent de l’huile sur le feu.
Le Canard Enchaîné de la semaine passée a pourtant bien pointé les risques majeurs :
Comment ces irresponsables vont déterrer la dernière guerre, pour se rapprocher de la suivante – qui sera probablement, pour le coup, “la der des ders”.

(1)JO C 92 E du 20.4.2006, p. 392.
(2)JO L 328 du 6.12.2008, p. 55.
(3)JO C 8 E du 14.1.2010, p. 57.
(4)JO C 137 E du 27.5.2010, p. 25.
Voici le détail des votes :
Les Pour :
Les Contre et ensuite les Abstentions :
Certains votes “pour” :
Les 4 seuls Français ayant voté contre :
L’analyse détaillée des votes, par pays et parti, est disponible ici, de façon bien plus conviviale que sur le site du Parlement européen.
La réaction du groupe de gauche au Parlement européen :
EDIT : suite à vos demandes, je vous confirme qu’il semble qu’aucun média n’ait apparemment traité du sujet :