Lundi 1er février à 22h35 sur Canal+ dans Spécial Investigation – Un film de Paul Moreira
source : https://www.les-crises.fr/paul-moreira-repond-aux-critiques-sur-son-film-sur-la-revolution-ukrainienne/
Sans eux, la révolution ukrainienne n’aurait jamais triomphé.
En février 2014, des groupes paramilitaires ont affronté la police au coeur de Kiev et ont fait fuir le président Yanoukovitch. Ils ont installé un nouveau gouvernement.
Dans le récit médiatique communément admis, ils ont été présentés comme les héros de la révolution. Ils étaient du bon côté de la barricade. Personne ne s’est vraiment demandé qui ils étaient. En fait, il s’agit de corps francs d’extrême droite, désormais lourdement armés.
Ils s’appellent Secteur Droit, Azov ou Svoboda. Ils ont créé de véritables armées parallèles, largement incontrôlées. A Odessa, en mai 2014, ils ont commis un massacre de masse sans être sanctionnés. 45 personnes brûlées vives. Un massacre passé sous le radar.
Comment a-t-il pu nous échapper ? Pourquoi les démocraties occidentales n’ont-elles pas fait entendre leur voix ?
Sans doute parce que les milices nationalistes ukrainiennes jouaient les soldats supplétifs dans une guerre beaucoup plus large. La révolution ukrainienne a été soutenue massivement par la diplomatie américaine.
Dans la nouvelle guerre froide Russie-USA, l’Ukraine est un pion décisif dans une stratégie de contention de Poutine.
« Les masques de la révolution », de Paul Moreira, explore cette zone restée aveugle.
Lundi 1er février à 22h35 sur Canal+ dans Spécial Investigation
Sans eux, la révolution ukrainienne n’aurait jamais triomphé.
En février 2014, des groupes paramilitaires ont affronté la police au coeur de Kiev et ont fait fuir le président Yanoukovitch. Ils ont installé un nouveau gouvernement.
Dans le récit médiatique communément admis, ils ont été présentés comme les héros de la révolution. Ils étaient du bon côté de la barricade. Personne ne s’est vraiment demandé qui ils étaient. En fait, il s’agit de corps francs d’extrême droite, désormais lourdement armés.
Ils s’appellent Secteur Droit, Azov ou Svoboda. Ils ont créé de véritables armées parallèles, largement incontrôlées. A Odessa, en mai 2014, ils ont commis un massacre de masse sans être sanctionnés. 45 personnes brûlées vives. Un massacre passé sous le radar.
Comment a-t-il pu nous échapper ? Pourquoi les démocraties occidentales n’ont-elles pas fait entendre leur voix ?
Sans doute parce que les milices nationalistes ukrainiennes jouaient les soldats supplétifs dans une guerre beaucoup plus large. La révolution ukrainienne a été soutenue massivement par la diplomatie américaine.
Dans la nouvelle guerre froide Russie-USA, l’Ukraine est un pion décisif dans une stratégie de contention de Poutine.
« Les masques de la révolution », de Paul Moreira, explore cette zone restée aveugle.
Paul Moreira répond aux critiques sur son film sur le massacre d’Odessa
Quand j’ai commencé cette enquête sur l’Ukraine, j’ai découvert avec sidération à quel point le massacre d’Odessa en mai 2014 avait disparu des mémoires… 45 personnes tuées dans un incendie au coeur d’une grande ville européenne en plein milieu du XXIème siècle. Tout avait été filmé par des dizaines de caméras et de téléphones portables. Autour de moi, personne ne s’en souvenait.
45 Ukrainiens d’origine russe sont morts dans l’incendie d’un bâtiment provoqué par les cocktails Molotov de milices nationalistes ukrainiennes.
Après une rapide recherche, je découvrais que l’évènement n’avait pas été censuré. Il avait été abordé, évoqué, mais jamais enquêté. Comme s’il gênait.
Pourquoi ? Probablement parce que les victimes étaient d’origine russe. Ces victimes étaient rapportées comme des « personnes », sans qu’on sache qui elles étaient, qui les avaient tuées et pourquoi elles étaient mortes. Des « personnes » qui n’étaient personne.
Pour qu’on parle de ces morts, il aurait fallu que nos démocraties s’en émeuvent un peu, officiellement, solennellement. Des réactions fortes des chancelleries. Des communiqués des ministères des Affaires Etrangères. Et après l’invasion russe de la Crimée, les populations russophones, dans ce conflit, allaient garder le mauvais rôle.
Qu’est ce qui s’est passé ce 2 mai 2014, à Odessa ? Je l’ai découvert après avoir visionnés des heures d’images, interviewé des dizaines de témoins, retrouvé des victimes et des agresseurs, croisé les récits jusqu’à obtenir une relation des faits qui fasse sens de cette furie. Précision importante : je n’ai interviewé et diffusé que les témoins directs des faits, les gens que je voyais à l’image, cela me permettait de filtrer un peu les exagérations et les mensonges qui naissent toujours, du côté des attaquants comme des victimes. Le résultat de ce travail minutieux est au coeur du film qui est diffusé lundi soir par Canal+.
Lors de mon enquête sur ce massacre à bas bruit, j’ai vu l’importance des milices nationalistes. Elles étaient en première ligne dans les combats de rue à Maïdan, puis s’étaient formées en bataillons pour aller combattre à l’Est les troupes russes. Mais ces bataillons ne s’étaient pas dissous dans l’armée. Ils ne s’imposaient pas la même discipline. Ils pouvaient servir de supplétifs au gouvernement. Ou bien s’ériger en police parallèle. Et, oui, dans leurs rangs, les signes d’une idéologie néo-nazie étaient patents.
Mon enquête allait à l’encontre de la narration communément admise. Je savais que j’allais rencontrer une opposition virulente, qu’on allait m’accuser de faire le jeu de Poutine, de reprendre des éléments de sa propagande. Je ne m’attendais pas à tomber sur autant de déni, frisant parfois l’hystérie. Sur un site ukrainien, je suis qualifié de « terroriste » à la solde des services secrets russes. On demande l’interdiction du film. Et même l’ambassadeur d’Ukraine fait pression sur Canal+. C’est ce qui m’étonne le plus. Car il me semble que l’Ukraine doit de toute urgence se poser la question de ces groupes paramilitaires. Ils sont, comme l’affirme le film, la plus grande menace pour la démocratie ukrainienne.
Renoncer à dire ce que l’on sait parce que « ça fait le jeu de la propagande » russe, c’est soi-même devenir un propagandiste. On omet. Pas parce qu’on est menteur mais parce qu’on est pétri de bonnes intentions. Ne jamais oublier : de ces renoncements, naissent les pires théories du complot.
En France, les accusations sont venues principalement de deux blogs militants et d’un papier inhabituellement violent du journaliste chargé de l’Ukraine au Monde, Benoit Vitkine. Dans les trois publications, les arguments se ressemblent. Je n’ai pas assez nuancé ma perception de l’extrême-droite, elle va du néo-nazi brun-foncé, au beige clair du nationalisme. J’ai exagéré l’importance de ces groupes paramilitaires armés de kalachnikovs et parfois de tanks. Je n’ai pas assez souligné leur rôle héroïque dans leur combat contre les Russes. J’ai exagéré l’influence des Américains dans le changement de régime.
Et puis on met en cause certaines erreurs factuelles.
Je vais tenter d’y répondre ici.
Pour mettre en cause la rigueur de mon documentaire Benoit Vitkine ne cite qu’un seul exemple. Il m’accuse d’avoir sorti de mon imagination la fabrication d’une nouvelle génération de chars par le bataillon nationaliste Azov (pour lequel il semble nourrir une indulgence attendrie). C’est pourtant le cas. Et André Biletsky, le chef du bataillon, m’en a fait l’éloge avec beaucoup de fierté. 1,20 m de blindage à l’avant et des caméras vidéo en guise pilotage. On peut trouver les détails techniques de ces nouvelles bêtes de guerre ici.
Par ailleurs, Benoit Vitkine ne l’ignore pas, André Biletsky vient de l’extrême droite la plus radicale. Son poids électoral est faible (il est député tout de même) mais son poids en acier et en hommes aguerris est fort.
Ensuite, Benoit Vitkine insinue, sans rien citer à l’appui, que mon propos serait de mettre en lumière « l’installation d’un nouveau fascisme en Ukraine. » Vitkine doit être sacrément en colère pour écrire des choses pareilles. Je n’ai jamais dit que le fascisme s’était installé en Ukraine. La phrase clé de mon doc est : « La révolution ukrainienne a engendré un monstre qui va bientôt se retourner contre son créateur. » Puis je raconte comment des groupes d’extrême droite ont attaqué le parlement et tué trois policiers en aout 2015. Jamais je n’ai laissé entendre qu’ils étaient au pouvoir. Même si le pouvoir a pu se servir d’eux.
Le seul « bon point » que veut bien me décerner Benoit Vitkine, c’est d’avoir travaillé sur le massacre d’Odessa, un « épisode souvent négligé ». Je ne vous le fais pas dire, cher confrère…
Anna Colin-Lebedev tient un blog sur le site Mediapart. Elle, en revanche, me reproche justement mon traitement du « drame » d’Odessa. Elle prend un soin précautionneux à ne jamais écrire le mot « massacre », « tuerie », à ne jamais nommer précisément la sauvagerie de ces meurtres. Anna Colin-Lebedev affirme que ce « drame » donc n’est pas passé sous silence du tout. Et comme unique preuve, elle pose en référence des papiers publiés… un an après les faits. Ceux du Monde (de Benoit Vitkine) et de The Economist.
Un blogueur Olivier Berruyer, s’est livré à l’analyse des titres dans les jours qui ont immédiatement suivi le massacre. Cette analyse est disponible sur son site.
Anna Colin-Lebedev me reproche un récit « centré sur les larmes des victimes ». C’est vrai, j’ai donné la parole à une mère de famille qui avait perdu son fils de 17 ans, Vadim Papura. Elle m’a parlé avec réticence, elle était certaine que je ne garderais pas ses déclarations, que l’Occident ne se souciait pas de leur sort.
Je donne la parole aussi à des nationalistes ukrainiens dont certains avouent même un remord. J’ai interviewé les témoins directs de tout bord.
D’après Anna, tout est de la faute de la police, pas suffisamment efficace. C’est là dessus que le film aurait du se concentrer, affirme-t-elle. Pas sur les miliciens qui lancent des cocktails Molotov sur le bâtiment ou achèvent les blessés à terre. Pas sur le fait qu’aucun de ces tueurs n’a fait de prison et que le gouvernement ukrainien a saboté toute enquête judiciaire, comme le rappelle le papier de The Economist qu’elle a la bonté de citer en référence mais qu’elle n’a peut-être pas pris le temps de lire.
Voilà pour l’essentiel des critiques concrètes.
Après, on descend dans le minuscule.
Ainsi, Anna Colin-Lebedev me dit que j’évoque la présence du symbole d’Azov à Maïdan alors que le bataillon n’était pas encore créé. Il sera formé 3 mois plus tard. Certes, mais pour moi, c’est juste un changement de nom : leur symbole est partout à Maïdan, c’est celui du groupe Patriotes d’Ukraine; c’est le même chef, Biletzky, les mêmes hommes et ils se transformeront en bataillon militaire pour aller combattre à Marioupol. Donc, pour des raisons de clarté, j’ai pris la décision éditoriale de ne pas rentrer dans ce niveau de détail. Et ce fameux symbole, ça n’a pas l’air d’émouvoir mes critiques, est emprunté à une division SS, Das Reich.
Igor Moisichuk, d’après Anna Colin-Lebedev, n’était pas porte-parole du Pravy Sektor. Pourtant, il était présenté comme tel dans ce débat télévisé.
Igor est une figure des groupuscules nationalistes qui naviguait entre Azov et Pravy Sektor mais c’était surtout un escroc qui jouait pour son compte personnel. Il a fini par rejoindre le parti Radical et il a été emprisonné, devant notre caméra, après avoir extorqué 100 000 Krunas à un gars de son parti.
Dans le blog « Comité Ukraine » tenu par Renaud Rebardy, je suis accusé de ne pas signaler que le bataillon Azov avait intégré l’armée régulière.
Renaud Rebardy, aura mal entendu et surtout mal compris la nature des relations entre Azov et le gouvernement ukrainien.
Voilà le verbatim du commentaire tiré du film quand je rencontre Azov :
» Officiellement, cette brigade obéit à l’armée nationale ukrainienne. Et pourtant, nombre d’entre eux restent masqués. »
Et voilà ce que me dit leur chef André Biletsky sur leurs moyens :
» – Bon, si on parle finances, en ce qui concerne l’armement, il nous est fourni par l’Etat ainsi qu’une partie de notre équipement. Tout le reste est le fruit du travail des activistes parmi lesquels il y a des petits et des moyens businessmen qui investissent de l’argent et qui rendent tout cela possible. »
Lors de l’interview et dans des propos que j’ai finalement coupés au montage, Biletsky profère une menace voilée contre le gouvernement qu’il juge trop corrompu. La subtilité de Azov c’est qu’ils sont officiellement dans l’armée mais qu’ils gardent une grande marge d’autonomie.
Ensuite, Renaud Rebardy affirme qu’il n’a « jamais été question » de supprimer le russe comme langue officielle dans 13 régions ukrainiennes.
Les faits : le parlement ukrainien l’a proposé le 23 février 2014 et dès le lendemain la guerre démarrait. Les populations russophones s’inquiétaient pour leur avenir et Poutine en profitait pour déclencher des manoeuvres militaires. Le 28 février, le président ukrainien abroge la mesure. Mais c’est trop tard, le diable était sorti de la boite.
Renaud Rebardy, toujours, m’accuse de signaler que la nouvelle ministre des Finances ukrainienne est une ancienne diplomate américaine.
Natalie Jaresko a été naturalisée ukrainienne en décembre 2014 pour entrer au gouvernement.
Elle a travaillé d’abord comme diplomate au State Departement, spécialisée dans les pays de l’Est, de 1989 à 1995 mais par la suite, elle a maintenu un lien fort avec le gouvernement américain puisqu’elle a pris la présidence du Western NIS Enterprise Fund (WNISEF), un fond d’investissement chargé d’investir de l’argent d’une agence d’état américaine (USAID) dans l’économie ukrainienne. Elle y restera jusqu’à sa prise de poste au gouvernement ukrainien (en plus du fonds d’investissement privé qu’elle dirigeait : Horizon Capital).
C’est pas banal, non ?
Benoit Vitkine m’accuse de signaler que les nouveaux ministres de l’Economie sont « pro-business ». C’est pourtant de cette politique qu’ils se revendiquent : « agressivement pro-business », j’ai ça dans mes rushes. Et ça se traduit, par exemple, par une multiplication par quatre des prix du gaz. Entre autres.
Rebardy m’accuse aussi d’être trop sévère avec Oleg Tiagnibok, le chef de Svoboda. Je dis de lui : « Historiquement, il appartient à la mouvance néo-nazie« .
Cet homme a maintes fois déclaré qu’il voulait débarrasser le pays de sa « mafia judéo-moscovite » il utilise assez souvent le terme de » youpin ». Il a par ailleurs été le fondateur du parti social-national (ça vous rappelle quelque chose ?).
Autre critique, venue du blog militant euromaidan : j’ai donné la parole à Alexis Albou, un militant communiste d’Odessa qu’ils accusent d’être homophobe et rouge brun.
Pourquoi j’interroge Albou ? Pas sur ses opinions mais parce que j’ai découvert sur les images amateur sa présence dans le bâtiment d’Odessa, ce fameux 2 mai 2014. Et, je le rappelle, mon dispositif est de retrouver les gens qui sont sur les images et les faire commenter ce qu’on voit. J’essaye d’établir les faits. Et ce qui m’intéressait avec Albou, c’est qu’on le voit sortir intact de la maison des syndicats puis, peu après, à terre, très gravement blessé à la tête.
Qu’est ce qui s’était passé entre les deux ?
Enfin Anna Colin-Lebedev a relevé une phrase écrite dans la présentation du site internet de Premières Lignes qui annonce mon documentaire : « Personne ne s’est vraiment demandé qui ils (les groupes paramilitaires nationalistes ukrainiens) étaient« . Cette phrase est bien évidemment factuellement fausse. Mais si elle a vu le film et écouté surtout, elle sait que cette phrase ne s’y trouve pas. Elle a été écrite pour « vendre » le film sur le site internet de la boite de production et on peut donc l’imputer à un marketing maladroit.
Ceci étant dit. Si on en reste au niveau de la perception publique globale, oui, il est clair que le grand public ne connait ni l’importance des groupes néo-nazis ukrainiens, ni l’existence du massacre d’Odessa. Et cela, parce que cette question a été sous-traitée (ce qui est différend de : pas traité du tout). On sait, un peu, que du côté russe, des nationalistes d’extrême droite sont allés combattre dans le Dombass. Mais moins de l’autre bord.
Pour conclure, j’invite tout le monde à regarder le film, lundi soir sur Canal+ et de se faire son jugement sur pièces. Car, sur les réseaux sociaux, les gens qui m’insultent et me menacent sont précisément ceux qui n’ont pas vu le documentaire. Ils l’ont imaginé. La foi est une drogue puissante.
Paul Moreira
Source : PLTV
Soutien à Paul Moreira, par Olivier Berruyer
source : https://www.les-crises.fr/soutien-a-paul-moreira-et-commentaires/
(posté aux bons soins d’Internet),
Monsieur Moreira,
je tenais à vous apporter ici publiquement mon soutien pour votre documentaire sur l’Ukraine.
Soutien de principe : contrairement aux féroces blogueurs ukrainiens, je n’ai guère d’avis dessus, puisque, tout comme eux d’ailleurs, je ne l’ai pas vu.
Ceci n’est guère gênant, car, contrairement aux calomnies, je ne défends nullement les Russes (avec qui je n’ai aucun lien direct ou indirect, pas plus qu’avec qui que ce soit à l’est de Bastia), j’ai juste longuement cherché à éclairer, modestement mais très longuement, ce dossier – auquel je ne connaissais rien au moment de Maïdan.
Je vous confie au passage qu’il est quand même très agaçant de se dire qu’on est bien obligé de passer du temps, soir et week-end, à s’occuper de ça sur son blog personnel, alors que, je le rappelle, je ne suis pas journaliste, et que c’est non seulement leur métier, mais qu’en plus il y a de fortes aides publiques.
Ce qui est bien normal, car il n’y a pas de Démocratie sans Journalisme de Qualité. Hélas, le Journalisme de Qualité est décédé dans l’indifférence générale dans les années 1970-1980, comme tant d’autres choses.
Par chance, vous faites cependant partie des quelques rares exceptions (hommage aussi ici au très grand Denis Robert), et, ayant apprécié plusieurs de vos reportages passés, je vous soutiens simplement parce que vous êtes un journaliste intègre, et que je sais que votre reportage sera très très au-dessus de la soupe qui nous a été servie depuis 2013.
Sans doute certains points me feront tiquer, mais on est alors dans le cadre du débat normal – Hubert Beuve-Méry disait fort justement «L’objectivité n’existe pas. L’honnêteté, oui ! »
Ce qui nous manque, après, c’est 10 Paul Moreira, faisant 10 reportages sur l’Ukraine, qui auront des axes différents, et nous permettraient de mieux cerner la complexité de la situation.
Vous vous demandez dans un des extraits, à propos de la narrative vendue par les médias, “Mais d’où me venait cette légère impression de m’être fait avoir ?”
J’ai eu envie de vous répondre : “Mais n’est-ce pas tout simplement de l’habitude ?”
Car il faut quand même bien arriver à la triste conclusion qu’en matière de politique internationale, la malinformation est quand même la règle.
Bien entendu, elle se devine plus ou moins aisément suivant les cas, mais on peut identifier quelques cas où sa présence est quasi-certaine ; les plus flagrants sont ceux où il y a un fort enjeu en matière de ressources ou de géopolitique, a fortiori si la zone est un sujet de tension avec la Russie ou la Chine.
Sa présence se détecte alors immédiatement lorsque le sujet est présenté avec unmanichéisme débilitant, “les gentils contre les méchants” (et, par chance, on soutient toujours les gentils !!!), “les démocrates contre le Dictateur”, dans nuance, sans présentation des enjeux, etc.
Le cas ukrainien est donc sur ce thème un cas d’école (qui ne sera évidemment jamais enseigné en école de journalisme. D’ailleurs, comment se fait-il que la plupart des jeunes journalistes que je croise n’ont entendu parler ni de la Charte de Munich, ni de Noam Chomsky ? Mais on apprend quoi dans une école de journalisme ?? Cela me rappelle cette si belle citation de Bertrand Russell : “Les hommes naissent ignorants mais non stupides. C’est l’éducation qui les rend stupides.”)
Ensuite, intervenant avec honnêteté sur un tel sujet, vous ne pouvez qu’être confronté à la horde des chiens de garde, qui font montre d’ailleurs du plus beau visage de la nouvelle “Ukraine Démocratique” depuis qu’on y a chassé l’ignoooble Président PRO-RUSSE corrompu. On ne notera pas qu’il avait été démocratiquement élu ni que presque tous les élus ukrainiens sont corrompus, et que le nouveau Président est un milliardaire qui a été son Ministre (tout comme celui du Président précédent, son adversaire….).
Quand au journaliste du Monde en charge de l’Ukraine que vous égratigner à raison, je me permets de vous rappeler que son prédécesseur en poste en 2013/2014, avec qui j’ai débattu à Arrêts sur Images (mémorable !), à déclaré dans la chaine vidéo du Monde, plus de 15 jours après les évènements, que les manifestants à Maïdan n’étaient pas armés !!!
Il fallait oser, non ? Le bilan officiel du nouveau pouvoir pour les forces de l’ordre est pourtant de 1130 policiers blessés dont 200 par balle dont 17 morts !!
Un commentateur d’@si a formidablement résumé notre débat avec humour :
Un de mes deux haut-parleurs m’ayant lâché dans le fracas des missiles sol-sol, je n’ai capté que l’argumentation de Piotr Smolar:– Faut arrêter le délire! Vous êtes intoxiqué par la propagande russe.
– …
– Il est faux de dire que le gouvernement de Kiev est illégitime et qu’il est composé d’aventuriers et de fascistes.
– …
– Bon, d’accord, il y a quelques ultranationalistes néonazis, mais ils ne sont pas au pouvoir.
– …
– Oui, OK, ils y sont, mais ils sont vraiment minoritaires dans l’opinion.
– …
– Bon, d’accord, ils y ont été portés par les acclamations de la foule, mais en tout cas, ils n’ont aucune influence sur la situation actuelle.
– …
– Bon, OK, ministre de la Défense, chef de la sécurité générale, procureur général, vice-Premier ministre, mais ils ont totalement abandonné leurs discours extrémistes.
– …
– Oui, d’accord, ils participent à des cérémonies à la gloire des Waffen-SS et leurs députés appellent publiquement à brûler les russophones, mais ça n’a absolument aucune conséquence sur les tensions régionales.
– …
– Bon, OK, mais de toute façon, on ne peut pas demander à la population de trancher, ça serait contraire à la Constitution!
– …
– Oui, d’accord, le pouvoir actuel n’est pas non plus légitime, puisque c’est un coup de force qui a chassé le président élu, mais il est quand même issu avant tout d’un grand mouvement populaire pro-européen.
– …
– Bon, OK, les oligarques corrompus que Maidan voulait chasser se sont réinstallés, mais ça n’a aucun rapport avec l’UE ou l’OTAN.
– …
– Oui, d’accord, peut-être que l’aide de la diplomatie euro-atlantique a été déterminante, mais… euh… faut arrêter le délire! vous êtes intoxiqués par la propagande russe….
Bref, à un moment, on ne peut plus présumer la bonne foi…
Arrêtons-nous donc sur ce merveilleux Comité Ukraine de Libération
Le Comité Ukraine de Libération
“Face à l’indifférence et à la guerre de l’information, ce blog propose des éclairages et des décryptages sur la vie d’un pays en révolution.
Il y a quelques mois, nous nous sommes rassemblés à la rédaction de la revue Esprit afin de discuter de l’Ukraine. La guerre avait éclaté en plein centre de l’Europe et nous étions alarmés par l’apathie de l’opinion. C’est pire aujourd’hui, alors que nous avons détourné les yeux vers la Syrie. Aussi voulons-nous ici parler de ce pays européen en péril”
Hmm, tout un programme. Et quelles sont les lumières qui vont nous “éclairer” ? :
Bon, alors déjà, quand on voit Galia Ackerman, Antoine Arjakovsky et Marie Mendras, on se dit qu’on a le tiercé là.
C’est dommage, Bernard-Henri Lévy et Caroline Fourest auraient pu se libérer, on avait le quinté.
Ce club regroupe tout le meilleur du pays en termes de russophobie maladive – si ces gens critiquaient Israël comme ils critiquaient la Russie, ils seraient tous poursuivis depuis belle lurette, et la plupart interdits de médias.
Mais en l’espèce, c’est “Renaud Renardy (journaliste)” qui a pris la plume. Énorme :
Canal+ met en images le discours du Kremlin
La chaîne cryptée diffuse ce lundi 1er février un reportage qui prétend démasquer «les bandes armées d’extrême-droite» qui ont fait la révolution ukrainienne. Il comporte beaucoup d’erreurs factuelles et épouse sans nuance la vision véhiculée par les médias russes.
Par Renaud Rebardy
«Spécial »? Sûrement. Mais «investigation»? Pas du tout. Le reportage réalisé par Paul Moreira qui sera diffusé lundi 1er février au soir sur Canal +, dans l’émission qui porte ce nom, et consacré aux hommes qui ont fait la révolution ukrainienne,ne contient pas de révélation et aucun fait nouveau. Il compte en revanche pas mal d’erreurs factuelles, et semble nourri par une obsession anti-américaine.
Notez que le russophobe qui vous accuse d’américanophobie, c’est un peu comme un nazi qui vous accuse de racisme, vous devez-vous dire que vous vous rapprochez de la vérité…Outre que je suis sûr que le reportage ne va pas très loin, c’est incroyable cette pensée : et au nom de quoi on ne pourrait d’ailleurs pas être “anti-américain”, ou plutôt “anti-gouvernement-ploutocratique-américain”, l’Américain de base, il veut juste payer moins d’impôt et réduire l’État, ce qui serait une TRES BONNE idée (le Tea-Party, espoir pour le monde ?). Peut-on faire le total du nombre de morts causés par les États-Unis et par la Russie depuis 1990 svp ? Pour les États-Unis, on est déjà à près de 4 millions de musulmans morts, selon l’ONG Prix Nobel de la Pais 1984. Et l’ancienne ministre des affaires étrangères de Clinton assume sans broncher 500 000 enfants morts (il y a très peu de pays où ça existe) :Ou encore, si on s’est tapé des attentats en 2015, c’est parce que Daech existe, donc aussi, en partie, à cause des Américains qui ont attaqué l’Irak en 2003 sans écouter Chirac, et qui continuent de soutenir Arabie et Turquie, alors comme on dit “ça commence à bien faire” – fin du coup de gueule.
Sous le titre «Les masques de la révolution ukrainienne» il prétend faire découvrir les «milices incontrôlées d’extrême-droite» qui ont joué un rôle déterminant dans la révolution puis la guerre du Donbass. Il affirme que «derrière les gentils manifestants du Maidan», se trouvaient des groupes néo-nazis qui se sont armés, à la faveur de ces évènements et qui dictent aujourd’hui sa politique au nouveau pouvoir de Kiev. Il insiste longuement sur l’idée que les États-Unis ont volontairement fermé les yeux sur l’existence de ces groupes, parce qu’ils avaient besoin d’eux «pour bloquer Poutine».
Un peu comme le Congrès américain qui a voté la semaine passée la suppression de l’interdiction de financer des groupes néo-nazis en Ukraine, mais chuuuut.
Paul Moreira se rend au sein de l’organisation Pravy Sektor, puis du bataillon Azov. Il ne précise pas que les premiers sont des militants assez isolés et les seconds un régiment désormais totalement intégré au sein de l’armée ukrainienne.
Outre que c’est faux, quand bien même, quel est le rapport ?
Il revient longuement sur les évènements tragiques d’Odessa : la mort de manifestants pro-russes dans l’incendie de la maison des syndicats, le 2 mai 2014. Puis il participe au «Yes forum», à Kiev, où il croise des représentants américains venus exprimer leur soutien à la politique du nouveau gouvernement de Kiev.
Il conclut en que l’Ukraine est aujourd’hui un pays en proie au chaos, à la merci de bandes d’extrémistes armés et sous la coupe des Etats-Unis.
Mais QUI, QUI, QUI, pourrait bien croire ceci ?
Le ton est celui du commentaire plus que de l’exposé des faits. La nuance, on l’aura compris, n’a pas ici sa place.
Je ne commente même pas.
Chemin faisant, Paul Moreira commet quelques erreurs lourdes. Il affirme ainsi quele nouveau pouvoir ukrainien à voulu «interdire l’usage du russe» après la révolution de 2014. Or il n’en a jamais été question. Rappelons les faits : au moment de la révolution, certains députés ont voulu enlever au Russe son statut de langue officielle dans certaines régions de l’est. Et le président s’y est opposé.Personne n’a jamais voulu pénaliser les Ukrainiens qui emploient le russe dans leur vie quotidienne. Et le suggérer relève de l’ignorance ou de la volonté de désinformer.
Euh, ce n’est pas “certains députés”, c’est la majorité, la loi a été votée. Si ce n’est pas “le nouveau pouvoir ukrainien à voulu «interdire l’usage du russe»”, je ne sais pas ce que c’est…
De même, Paul Moreira présente Oleg Tiagnibok, le dirigeant du parti Svoboda, comme étant «issu de la mouvance néo-nazie». Il est un ultra-conservateur et un nationaliste. On peut le classer à l’extrême-droite. Mais cela ne fait pas de lui un admirateur d’Adolf Hitler. En réalité, il est plus proche d’un Viktor Orban, premier ministre de Hongrie, ou d’un Jaroslaw Kazczynski, le dirigeant du PiS, le parti au pouvoir en Pologne. On a le droit de ne pas l’aimer mais il n’est pas nécessaire de dresser un faux portrait de lui pour le combattre.
Le commentaire pratique aussi l’amalgame lorsqu’il présente la nouvelle ministre des finances Natalia Jaresko comme étant «une ancienne diplomate américaine», sans autre précision. La réalité est bien différente. Natalia Jaresko est en effet née aux États-Unis. Mais dans une famille ukrainienne de la diaspora. Elle a brièvement travaillé pour l’administration américaine. Elle est venue vivre en Ukraine dés 1993 et n’a plus quitté ce pays depuis. Elle y travaillait dans la finance. Elle n’est pas l’agent d’influence des Etats-Unis, mais plutôt l’incarnation du lien entre l’Ukraine et sa diaspora. Ces Ukrainiens de l’étranger, en effet, ont fui devant l’avancée des Soviétiques, dans les années 1920 ou après 1939. Ils ont vécu, dans l’exil avec le sentiment qu’ils devaient conserver les traditions. Ils ont espéré des changements dans leur pays d’origine. Ils se sont transmis cet espoir de génération en génération. Certains d’entre eux reviennent aujourd’hui, alors que des changements commencent à se produire. Natalia Jaresko en est l’illustration.
Euh :6 ans au département d’État, dont 3 en tant que chef de la section économique de l’ambassade des États-Unis dans un des pays les plus corrompus du monde, avant de filer dans la finance, c’est une blague ?
Le plus dérangeant est que le reportage de Paul Moreira épouse au plus près la vision de l’Ukraine véhiculée depuis plusieurs années par le Kremlin. Il offre une illustration, dans un langage plus moderne et plus jeune, des thèses contenues dans les discours de Vladimir Poutine. Des reportages semblables à celui-ci, avec les mêmes images violentes, les mêmes déformations des faits, les mêmes commentaires, on a pu en voir des dizaines sur les chaines russes. Il est assez désolant d’être rattrapé, en France, par télé-Poutine.
Voilà, on y est, merci. C’est fabuleux comme l’aveuglement leur fait même perdre toute prudence. J’imagine, là-encore que c’est évidemment faux (la propagande du Kremlin est vraiment grossière, mais c’est le problème des Russes ça, le nôtre, c’est ce qu’on lit là). Mais ce qui est formidable, c’est ce nouveau crime de “Penser comme le Kremlin”, donc ce pseudo-journaliste écrit clairement que, partager l’analyse des Russes vous disqualifie, DONC que les Russes ont toujours et complètement tort, qu’il est impossible qu’ils aient raison.Ce qui est exactement le contraire de la vision que doit avoir un journaliste, à savoir d’être neutre.Ceci devrait lui valoir retrait de la carte de presse (qu’il écrive ce que bon lui semble, mais alors c’est “éditorialiste” ou “blogueur”, il salit la profession là), ou au moins mutation au Service Amérique du Sud (pour ne plus avoir d’affect avec son sujet).
P.S. Pour finir en beauté, revenons sur le “Paul Moreira présente Oleg Tiagnibok, le dirigeant du parti Svoboda, comme étant «issu de la mouvance néo-nazie». Il est un ultra-conservateur et un nationaliste. On peut le classer à l’extrême-droite. Mais cela ne fait pas de lui un admirateur d’Adolf Hitler. En réalité, il est plus proche d’un Viktor Orban”
Rappelons qu’Oleg Tyagnibok, est leader et cofondateur du parti Svoboda, aliasParti Social National d’Ukraine :
Honoré en 2012 par le centre Simon Wiesenthal en tant qu’un des 10 pires antisémites mondiaux, en particulier pour son appel à purger l’Ukraine de 400 000 Juifs et Russes (Source : Centre Simon Wiesenthal) :
Honoré en 2010 de la médaille d’or des vétérans du bataillon de la Waffen SS Galicie (Source) :
(N.B. : vous noterez le respect du journaliste de ce grand journal ukrainien envers ce grand homme par le choix délicieux et judicieux de la photo)
Donc le type décoré de la Croix d’Or de la Waffen SS est juste “d’extrême-droite” ? Ca, c’est de la lumière…
Et encore, par chance, il n’a pas parlé de Yuri Mykhalchyshyn, l’idéologue de Svoboda :
Il anime le blog nachtigal88 - “Nachtigal” est le nom du bataillon ukrainien de la Wehrmacht qui a envahi l’Ukraine en juin 1941, “88″ est un chiffre néonazi : le H est la 8ème lettre de l’alphabet, donc 88 = HH = Heil Hilter). Il y a par exemple traduit l’ABC national-socialiste de Goebbels :
Il a rédigé un livre en 2010, « Feu », recueil de textes de nationalistes ukrainiens mais aussi de traductions en ukrainien des « plus brillants intellectuels nationaux-révolutionnaires européens » – comme Joseph Goebbels, Ernst Röhm, Alfred Rosenberg, Otto Strasser…
Tant de tolérance et de sodomisation de diptères pour défendre des types comme ça dans Libération, venant de soi-disant Grands inquisiteurs contre l’extrême-droite en France ne laisse pas d’étonner…
Monsieur Moreira, pour conclure
Merci donc pour vos lumières.
J’espère que vous poursuivrez, histoire de nous aider à ne plus ressentir l’intense sensation de se faire avoir tout le temps.
Ainsi, par exemple, sur la Libye : quand Patrick Haimzadeh, qui est un ancien diplomate à Tripoli et un des experts français sur ce pays, explique sur France Interque :
Dès le départ, l’objectif c’était effectivement de faire sauter Kadhafi. Al Jazeera avait dès le départ mis en place une cellule de désinformation, en tout cas pour relayer les paroles de libyens qui étaient en fait dans les studios d’Al Jazeera à Doha et qui ont évoqué notamment l’histoire des bombardements. Qui a été centrale, parce que l’histoire des bombardements c’est ce qui a été repris par Nicolas Sarkozy le 21 février, 4 jours après le début de l’insurrection, à Bruxelles, pour déclarer la logique de guerre contre Kadhafi. Mais les bombardements, il n’y en a jamais eu.
Rassurez-moi, c’est une GROSSE BLAGUE ?
Le dossier Syrien est vraiment chouette aussi :
1/ Le fait que la France ait reconnu comme représentant du peuple syrien un machin non représentatif composé en majorité de Frères Musulmans. Ce sont eux surtout qui disaient que Al-Nosra faisait du bon boulot et essayaient de protéger Al-Qaïda… On aura du mal à en avoir une image claire, car la soeur de la journaliste de Libération en charge du dossier Syrien en a fait partie. Cette responsable de la rubrique Syrie à Libération a aussi créé une association militant pour le renversement d’Assad : chapeau la déontologie… Mais comment diable ceci est-il autorisé ? Comment espérer être informé si les journalistes sont des militants politiques ?
2/ Le fait que la France ait livré des armes à des rebelles en Syrie, contrairement au Droit international, comme l’a reconnu François Hollande. Armes qui ont tué des centaines d’appelés du contingent Syriens, et qui se sont retrouvées pour la plupart dans les mains de djihadistes. Et on servi à tuer des milliers d’appelés du contingent syriens. (Source : Le Monde). Rappelons que l’ancien chef de la CIA au Moyen Orient a déclaré :
“Les États-Unis ont été incapables d’identifier le moindre groupe syrien dit « modéré » lorsque la guerre civile a débuté. L’Armée syrienne libre n’a jamais vraiment existé et il était impossible de savoir dans quelles mains les armes données par les États-Unis allaient finir. La racine du mal remonte bien à 2003, lorsque les États-Unis ont adopté cette doctrine du « changement de régime » par la force au Moyen-Orient. Elle n’a conduit qu’à la guerre civile et sectaire.”
(encore un anti-américain primaire, notez)
On continue d’ailleurs…
3/ Le fait que le gouvernement a caviardé le rapport qu’il a rendu public sur l’attaque au gaz en Syrie en 2003, supprimant les passages qui indiquaient qu’Assad pouvait être innocent (ce qui serait logique, notez, mais on ne cherche plus la logique des chose désormais), le tout pour qu’on bombarde la Syrie. Cette manipulation est clairement de la haute trahison, et devrait être traitée comme telle. (source : Malbrunot/Chesnot)
4/ La fait que la France ait refusé la proposition de collaboration d’Assad sur les djihadistes français en Syrie, comme Bernard Squarcini (ancien chef du Renseignement intérieur) en a accusé le gouvernement, avant que Le Drian confirme.
5/ Le rôle de nos alliés, les gouvernements Turc, Saoudien et Qatari (et de leurs proches) dans le soutien au terrorisme, le tout avec l’appui des États-Unis commele New York Times vient de le révéler
6/ Vous aurez noté comme les médias ont voulu nous faire pleurer sur l’assassinat par les Russes du chef militaire de l’armée djihadiste de l’Islam ? (lisez ce papier, franchement)
7/ Moins certain, le fait que la France aurait peut-être participé à la préparation d’un coup d’État en Syrie en 2012 – ce qui mériterait une enquête sévère, après la Libye
Mais attention, si vous traitez ça, vous allez passer dans la catégorie supérieure : “Complotiste !!!”
Vous m’accorderez que le traitement de ces points par la presse a été très en-dessous du minimum acceptable…
J’y pense : j’aurais aussi pu vous parler de votre chtite consœur, la pôvre Ursula Gauthier, honteusement expulsée par les super-méchants Chinois (mon papier ici)
Si on ne peut plus écrire : “Dans une société qui a tendance à se sentir à part, voire mal aimée, et qui en retour n’éprouve que peu de sympathie pour le reste du monde, la force des réactions d’empathie a surpris les observateurs.”
Damned, nous qui étions si bien informés sur la Chine du coup… (vous notez que les Chinois expulsent très rarement des journalistes, et ben, pas de bol, pour une fois que ça arrive, ça tombe sur une Française, dites, quel hasard…)
Bref, pour conclure : plutôt que de répandre le malheur sur la planète, occupons-nous donc de ce qui se passe chez nous, il y a beaucoup à faire au niveau des Médias, des Libertés publiques, de la 1984-isation du pays et donc, de la Démocratie. Arrêtons de vouloir exporter cette dernière, importons-là plutôt ! (exemple : Proportionnelle avec primes de la plupart des autres pays européennes, Votations de la Suisse, et, oh, tiens, 50 % des députés des classes inférieures et moyennes comme dans la nouvelle constitution syrienne {article 60 : “Au moins la moitié des membres de l’Assemblée du peuple sont des ouvriers ou des paysans“}.)
Olivier Berruyer
P.S. M. Moreira, on déjeune ensemble quand vous voulez
Malgré la demande de l'ambassade d'Ukraine en France de ne pas diffuser ce film, la chaîne Canal+ a montré aux Européens une autre vision des évènements tragiques de 2013-2014 en Ukraine.
Source : http://fr.sputniknews.com/france/20160202/1021395455/ukraine-dicumentaire-revolution-moreira.html
Que s'est-il vraiment passé à Odessa le 2 mai 2014? On en a parlé, mais peu, et vaguement. Plus de 40 "personnes" brûlées en plein centre-ville… Une milice paramilitaire à tendance néo-nazie…
Controversé avant même d'être diffusé, le documentaire du réalisateur français Paul Moreira "Ukraine: les masques de la révolution" a été diffusé hier sur Canal+, suscitant une vague de commentaires.
LE FILM :
"Quoi de neuf en Ukraine maintenant que la Place Maïdan a retrouvé son calme?", s'interroge Paul Moreira, réalisateur du film.
Selon lui, l'une des principales conclusions est que les événements ont débouché sur la participation massive d'anciens leaders des milices paramilitaires ukrainiens dans le processus politique.
"Les milices sont devenus une force médiatique et politique", estime-t-il.
Des questions qui dérangent. Qui dérangent, en premier, ceux qui ne veulent pas connaître les résultats de l'enquête allant à l'encontre de la narration communément admise.
Bien avant sa diffusion, le film a été accusé par l'ambassade d'Ukraine de reprendre "les pires traditions de la désinformation". Il donnerait également une idée "déformée et erronée" de la situation en Ukraine, d'après Kiev.
"On voit bien qu’il est hors de question d'avoir un autre avis. J’ai vu ce matin que l’Ambassade d’Ukraine a écrit au Président du Canal+ et demande que le reportage ne soit pas diffusé. On croit rêver! On a l’impression que ces gens se croient en Ukraine. En plus, il ne s’agit pas d’un journaliste qui polémique, il représente plutôt une bonne image d’un journaliste d’investigation. Son travail est critiquable, mais juste sur certains points. Il faut partir de la base qu’il y est allé sans avoir de préjugé", estime Olivier Berruyer, célèbre blogueur français.
Les téléspectateurs français ont également tiré leurs conclusions après la diffusion du documentaire "Ukraine: les masques de la révolution" hier soir sur la chaîne Canal+. Le commentaire le plus populaire sur la toile est devenu "Merci pour la vérité!
Des gens issus des pays différents ont remercié M.Moreira pour son travail ainsi que pour son courage en le qualifiant de "vrai journaliste".
Les internautes ont également contesté les accusations des autorités ukrainiennes de désinformation visant le documentaire.