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mardi 22 novembre 2022

La finance internationale : une bande organisée


 

Sortie en salle le 22 septembre 2021

Dans ce très beau documentaire, présenté au dernier Festival de Cannes, Melati, 18 ans, indo-hollandaise, et coscénariste du film, nous emmène dans un passionnant voyage à travers le monde à la rencontre de jeunes qui, révolté.e.s, comme elle, par les trop nombreux dysfonctionnements, injustices, inégalités, scandales, qui gangrènent nos sociétés, se mobilisent, inventent, créent pour construire un futur meilleur. Elle-même s’est battue, avec sa jeune sœur, dès l’âge de 12 ans contre la pollution plastique à Bali, où elle réside.

Après chaque voyage, elle vient voir Mary, anglaise de 22 ans, basée à Lesbos, investie dans des missions de sauvetage de migrants, et raconte… Respiration régulière et bienvenue. Les deux amies y commentent avec entrain et une grande lucidité ce que Melati a découvert.

Au Liban, Mohamad, 18 ans, réfugié syrien, qui a fui son pays avec sa famille à 12 ans, a fondé, non sans difficultés, une école dans le camp où il s’est retrouvé. Elle accueille aujourd’hui 200 élèves. « L’école est synonyme de dignité » assure-t-il « c’est la seule chose stable dans leur vie. » Et le bonheur qui se lit sur le visage des enfants est éloquent.

Au Malawi, Memory, 22 ans, se bat pour que les filles, devenues mères trop tôt suite à un viol ou un mariage forcé, reprennent le chemin de l’école. Elle a créé une grande chaîne de solidarité féminine, fait supprimer les « camps d’initiation » pour jeunes filles, où la tradition voulait qu’elles soient violées le dernier soir. Et, avec l’appui d’élues, a réussi à faire changer la constitution : repousser l’âge légal du mariage de 15 à 18 ans.

A Rio, René a créé, à 11 ans, un journal dans sa favela « pour lutter contre les préjugés et les mensonges » Il en a aujourd’hui 25. En 2010, lors d’une opération gouvernementale très dure contre les favelas, il a couvert les événements via son compte Twitter, et acquis une belle notoriété. Il veut que son groupe soit « un agent de transformation sociale » et prouver qu’on peut vivre dignement dans ces favelas, même si on est « noir dans un pays raciste ».

Au Colorado, Xiuhtezcati, 19 ans, activiste et rappeur amérindien, se bat contre l’industrie du pétrole et la fracturation hydraulique. Il dénonce un « racisme environnemental » ainsi que l’augmentation des cancers et troubles endocriniens. Avec d’autres, il a attaqué le gouvernement pour non-protection des générations futures. Sa musique et son rap sont pour lui de puissants instruments de combat. Il veut aussi préserver l’héritage de sa communauté.

A Lesbos, Mary participe à une opération de sauvetage, que rejoint Melati. Elle fustige l’attitude des gouvernements européens, l’enfer de Lesbos, « Guatanamo de la Méditerranée », et rappelle le devoir sacré de sauver des vies en mer.

En Ouganda, pays africain qui accueille le plus de réfugiés, Winnie, 25 ans, agricultrice, aide ces derniers à survivre en leur enseignant la permaculture. Elle se mobilise aussi pour faire se rencontrer réfugiés et locaux, plutôt réticents devant ces nouveaux arrivants. Elle-même a pu suivre des études longues en payant ses frais de scolarité avec les légumes qu’elle cultivait.

A Jakarta, Melati s’interroge sur la montée des eaux et nous fait découvrir Bantar Gebang, la terrible décharge à ciel ouvert qui fait vivre 3000 familles.

Chaque rencontre que fait Melati est l’occasion d’échanges chaleureux, riches en enseignement, d’analyses d’une grande clairvoyance et de sagesse, nous faisant découvrir une jeunesse battante, pleine d’espoir et de joie de vivre. Toutes et tous luttent pour quelque chose de plus grand que nous, « bigger than us ».

De très belles images, parfois très dures, nous plongent au cœur de l’environnement de chaque intervenant.e. Camps de refugiés au Liban et en Ouganda, beauté des paysages et des villages en Afrique, terre dévastée au Colorado mais superbe fête amérindienne, favelas déglinguées mais splendeur de Rio. Et partout, des visages, des regards, captés avec tendresse.

Des images d’archive, de manifestations ici et là, des extraits de journaux télévisés complètent les témoignages de ces jeunes, ainsi que, de temps en temps, des extraits de rapports de différentes organisations humanitaires, qui s’inscrivent à l’écran.

Lors de la sortie de cette belle ode à cette jeunesse militante, l’équipe du film va mettre à disposition 100 000 places pour les jeunes. Belle opération dont nous souhaitons la réussite.

Mots-clefs : jeunes, droits des femmes, droits des étrangers, racisme, environnement, climat, alimentation.

BIGGER THAN US

France

Réalisation : Flore Vasseur

Production : Marion Cotillard, Ludovic Dardenay, Denis Carot.

Distribution : Jour2fête

dimanche 22 décembre 2019

Disparition de l'argent cash ou comment le système va essayer de nous la mettre bien profond

La disparition de billet de 500 euros et la suite probable [titre original]

Il est maintenant établi que certains pays nordiques prévoient de
supprimer l’argent-monnaie, le cash autrement dit, au profit du seul
virtuel ! Tous les paiements DEVRONT se faire par carte ou par
application sur votre téléphone portable.
Je vous engage à bien lire ce qui suit, à y réfléchir et si vous voyez
clairement la menace que cela représente pour votre liberté, à le
transmettre au maximum de monde pour qu’au moins les gens comprennent
ce qu’une suppression du cash aura comme conséquences désastreuses.
Ceci dit, arrivera-t-on à l’empêcher ? La question reste posée ...

L’État s’est déjà retourné contre son peuple en lui prenant son argent
en 2008 pour le donner aux banques qui auraient du être mises en
faillite . Il s’apprête à recommencer ... et toujours “pour le bien
des gens” évidemment.

Réflexion soumise à votre sagacité.

Insidieusement, de nombreuses mesures législatives ou réglementaires
tendent à exclure les espèces (le cash / l’argent liquide) de nos
vies, à le rendre hors-la-loi.

De telles dispositions ont récemment été prises : renforcement des
restrictions sur les paiements en espèces, limitation des retraits et
dépôts d'espèces, contraintes sur les systèmes de paiements acceptés
par les commerçants, mesures tendant à rendre obligatoires les
paiements par cartes de débit ou de crédit, etc.

L'instauration d'une société sans espèces consacrerait la disparition
d'un droit fondamental : celui de la propriété de ce qui a été
légitimement acquis et que la monnaie sous forme d'espèces
matérialise.

Article 17 de la Déclaration universelle des droits de l'homme :
1. Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.

En effet :

l'instauration d'une société sans espèces nous soumet au monopole du
lobby bancaire. Lorsque nous déposons de l'argent dans une banque, il
ne nous appartient plus : nous devenons créanciers de notre banque qui
nous doit notre argent. En cas de crise financière et bancaire, la
seule défense que nous ayons en tant que citoyen ordinaire consiste à
retirer notre argent. Dans une société sans espèces, cela deviendra
impossible.

l'instauration d'une société sans espèces institue un droit de regard
de l'État sur tous les achats et ventes que nous effectuons (heures et
lieux compris), ce que les dispositions permettent.

l'instauration d'une société sans espèces rend possible la mise au ban
de la société d'un individu de façon instantanée. Sans aucune
procédure légale, avec seulement l'intervention d'un « fonctionnaire
habilité » ou même par une erreur technique, nos comptes peuvent être
bloqués et nous ne pouvons plus effectuer aucun achat d'aucune autre
façon.

l'instauration d'une société sans espèces rend les déposants
prisonniers de leur banque, sachant que les nouvelles dispositions
européennes prévoient que nous autres déposants serons désormais
sollicités en cas de faillite de notre banque (bail-in).

l'instauration d'une société sans espèces rend possible une taxation
arbitraire de nos dépôts bancaires liquides en cas de nouvelle crise,
comme l'a vivement recommandé madame Lagarde, présidente du Fonds
monétaire international.

l'instauration d'une société sans espèces rend possible l'application
de taux négatifs comme cela est déjà en vigueur dans certains pays. Ce
n'est qu'un impôt de plus prélevé sur nos comptes bancaires ; un impôt
levé arbitrairement -- sans avoir été débattu ni voté -- pour
subventionner les banques toujours « trop grosses pour faire faillite».

La société sans espèces rend possible l'arbitraire et la prédation.
Elle est contraire au droit de propriété.

Emmanuel MALMENDIER
Licence en droit U.Lg.
Master en fiscalité U.Lg. - Hec
Comptable - Fiscaliste agréé

vendredi 1 février 2019

La violence des riches par Michel Collon



Ajoutée le 31 janv. 2019

Dans ce nouveau numéro de Michel Midi, Michel Collon analyse en quoi consiste la violence des riches. L'attention médiatique se focalise sur les débordements des gilets jaunes lors des manifestations. Mais il n'y a pas que les pavés dans les vitrines dans la vie...



Ajoutée le 8 juil. 2017

"Cette émission devrait être montrée dans toutes les écoles de journalisme ! Et dans toutes les écoles tout court, pour un cours d'éducation aux médias. C'est un concentré des trucs du parfait diaboliseur : étiquetage, amalgame, falsification de photos, occultation de mes véritables positions... Un festival signé Lagardère !" Michel Collon répond, vite et clair, aux accusations mensongères formulées contre lui et le site Investig'Action dans cette émission du 25 juin : C Politique (France 5) a tendu un piège à Djordje Kuzmanovic, porte-parole de Mélenchon.



samedi 7 avril 2018

Ce mec a emprunté 500 000 euros avec la ferme intention de ne jamais les rembourser / This guy borrowed 500 000 euros with the firm intention to pay off them never

En 2008, le militant anticapitaliste Enric Durán a emprunté 492 000 € à 39 organismes de crédits différents. Il a tout reversé à des causes anticapitalistes.


En 2008, le militant anticapitaliste Enric Durán a emprunté 492 000 € à 39 organismes de crédits différents sans aucune intention de les rembourser. Mais –comme on peut s'y attendre de la part d'un militant anticapitaliste –, il n'a pas tout claqué dans des couteaux de cuisine en diamants et des frisbees de luxe. Au lieu de ça, il a reversé son fric à quelques causes anticapitalistes indéterminées et le reste à Crisi, un journal gratuit qui a détaillé sa façon de procéder et encouragé la population à faire pareil.
Ce geste hardi de Robin des Bois des temps modernes a fait de lui un héros du jour au lendemain. Mais le problème, quand on devient un héros en jouant avec la légalité, c'est que la police se fait une joie de vous coffrer. Enric a donc passé deux mois en prison en 2011 et a été relâché en attendant son procès, qui s'est tenu le mois dernier. Au minimum, il risquait 8 ans en cage, ce qui explique sûrement pourquoi il a refusé d'assister aux premières convocations. Un mandat d'arrêt a donc été émis à son encontre.
Ça faisait deux ans que j'essayais d'interviewer Enric, mais – que les 14 organismes de crédit qui essayent de l'envoyer en prison pour détournement de fonds en témoignent – c'est un mec sur lequel il est assez difficile de mettre la main. Après d'innombrables emails, nous sommes convenus d'un entretien Skype. Qui a été repoussé de trois heures, mais j'imagine que quand on essaie de mettre en œuvre le renversement complet du système capitaliste, on évolue dans un espace-temps différent. Quand on a enfin réussi à discuter, on a parlé d'enculer les banques, de la théorie de la désobéissance civile et de son dernier projet : créer une ville complètement autonome dans la banlieue de Barcelone.


Enric avec un exemplaire de son journal, Crisi
VICE : Hey Enric, qu'est-ce qui s'est passé exactement avec ton procès ?
Enric Durán : 
La Cour a accepté la démission de mon avocat le 13 février et m'a demandé de revenir le 18, ce que je n'ai pas fait. Aujourd'hui, ce n'est pas très clair. Je ne sais pas s'ils veulent porter l'affaire plus loin parce que je n'ai toujours pas de nouvel avocat, donc continuer serait aller contre mes droits.
Je vois. Revenons au début. Tu es activiste depuis 2000. Comment est-ce que tu t'es intéressé au système financier ?Revenons plutôt à l'époque ou j'ai rejoint le mouvement antimondialisation. En 2005, j'avais commencé à lire un tas de trucs sur la crise de l'énergie, qui était liée au système financier. J'ai réalisé que non seulement ce système était indésirable, mais que ça ne pouvait tout simplement plus continuer comme ça. C'est ce qui a fait naître en moi cette idée d'acte de désobéissance – récupérer l'argent des banques pour l'investir dans des projets anticapitalistes.
Contracter tous ces emprunts était une manière de démontrer comment il est possible de tirer avantage du système ?Il y avait plusieurs idées derrière, mais deux objectifs principaux. L'un était de dénoncer le système financier comme quelque chose d'insoutenable, le second était de montrer que l'on pouvait être désobéissants, courageux, et que l'on pouvait se responsabiliser. Quand j'ai commencé tout ça, j'étais inspiré par des personnages historiques comme Gandhi, et je pensais qu'il était important de porter des actions comme les siennes au XXIe siècle. Nous voulions utiliser l'argent pour un projet qui prouverait que le capitalisme n'était pas la seule voie possible.


Enric devant le tribunal
Comment tu as fait pour emprunter autant de fric ?C'était entre l'été 2005 et le printemps 2008 – il y a à peu près 3 ans, donc. Je me suis renseigné sur les rouages du système d'emprunts, sur les informations que requéraient les banques avant d'accorder un prêt. J'ai appris à exploiter les failles du système. Au début, pour trois demandes que je faisais, j'obtenais un prêt. À la fin, j'en obtenais neuf pour dix demandes. Je suis devenu super efficace. Par exemple, la Banque d'Espagne communique les informations sur les prêts aux autres banques mais seulement pour les prêts supérieurs à 6 000 €. Du coup, je n'ai demandé que des prêts inférieurs à ce montant pendant deux ans, et je transférais systématiquement l'argent pour ne pas que la Banque d'Espagne me grille en contrôlant mes comptes.
Est-ce qu'il y a eu un moment où tu t'es dit : « Putain de merde, j'ai quand même un sacré paquet de fric » ? Ou est-ce que tu investissais tout, tout de suite ?
L'argent était tout de suite investi. Je n'ai jamais eu plus de 50 000 € en même temps. Tout était toujours distribué à différents projets.
Tu n'as révélé aucun des projets dans lesquels tu avais investi, mais sais-tu si l'un d'eux a des problèmes suite à un de tes « dons » ?Pas du tout. En fait, il apparaît que les banques se foutent royalement de savoir où l'argent est passé. Elles n'ont jamais fait aucune enquête et, comme c'était un acte politique, ils voulaient juste me réprimander moi. Ils ne voulaient pas rendre ça plus gros que ça ne l'était déjà.
Tu publies ton propre journal, Crisi. Pourquoi tu n'as pas utilisé les médias traditionnels pour se faire l'écho de ton combat ?J'ai passé pas mal de temps à me demander comment j'allais rendre l'histoire publique. Je voulais qu'elle touche le plus de monde possible, mais j'avais peur des représailles. Donc on a décidé d'utiliser une partie de l'argent pour imprimer le journal, et je pense que c'est l'une des meilleures décisions qu'on ait prises. Les médias ont compris que ce journal était distribué dans la rue, ils ne voulaient pas passer à côté d'un sujet, donc au final, publier notre propre journal nous a aidés à diffuser notre message dans la presse mainstream.


Si tu devais réussir la mission que tu t'es fixée, quelles seraient les conséquences ? À quoi ressemblerait le monde ?

Plein de gens l'ont déjà fait par accident ; ne pas payer ses dettes est une des causes principales du récent effondrement du système financier. Bon, il ne s'agissait pas vraiment de petits crédits et d'hypothèques privées mais de grosses constructions, de sociétés immobilières qui ne pouvaient pas payer leurs dettes et qui ont fait faillite. Il est peu probable qu'on arrive à dessein à provoquer cet effondrement, mais la chose importante à retenir c'est que de petits changements, des petites décisions peuvent quand même rendre le monde meilleur.
Tu dis souvent : « Je préfère une liberté dangereuse à une servitude paisible. » Tu milites pour la désobéissance civile, en somme.
Ouais, tout repose sur ce que tu penses être juste. Il faut agir en son âme et conscience pour faire du mieux qu'on peut, même s'il y a une autorité pour nous dire de faire autrement. Il serait intéressant de lancer un débat sur l'efficacité du système et sur la manière dont le système judiciaire fonctionne. C'est un système prison qui ne vient en aide à personne – ni les victimes, encore moins les prisonniers ou le gouvernement, qui doivent payer pour tout. C'est le moment de tout repenser et de créer quelque chose de nouveau, non ?
J'ai l'impression que t'es une espèce de cobaye kamikaze qui essaye de démembrer le système et de voir si un système alternatif peut fonctionner.
L'objectif principal est de construire un autre système en repartant de rien. Un système ouvert que personne ne t'oblige à rejoindre. Nous pouvons tout revoir avec cette liberté et décider comment nous voulons que le système de santé, l'éducation, l'économie et tout le reste fonctionnent. Nous l'avons déjà mis en pratique à travers la Coopérative intégrale catalane (CIC) et d'autres projets.


Le QG de la Coopérative intégrale catalane
Ouais, parle-moi de la CIC.
C'est une assemblée où nous avons construit une économie commune, organisé la consommation, couvert les besoins, organisé tout le travail et établi des relations financières afin de soutenir de nouveaux projets de production. Nous avons une infrastructure pour couvrir la santé, les besoins alimentaires de base, les transports, l'énergie – toutes les bases. L'idée principale, c'est que la coopérative se fonde sur l'autonomie. Nous avons besoin de profonds changements dans les relations humaines, de plus de confiance entre les gens. Une révolution intégrale, ça ne consiste pas uniquement à changer le système économique, mais à tout changer, à changer l'être humain. Nous souhaitons changer chaque aspect de la vie.
Tu souhaites un jour fonder un parti politique pour soutenir tes idées ?
Le gros problème, ici, c'est que le concept de parti politique est en contradiction avec l'esprit d'assemblée. L'assemblée est un processus ouvert qui fonctionne par consensus. Le concept du parti politique, lui, est basé sur la confrontation.
source : https://www.vice.com/fr/article/4wz3kd/eric-duran-le-robin-des-bois-catalan

samedi 17 juin 2017

Macron ou le ravalement de façade du capitalisme financier ; Le pen ou la future roue de secours du capitalisme financier / Macron or the restoration of facade of the financial capitalism ;Le Pen or the future spare wheel of the financial capitalism

Regards sur les élections présidentielles et législatives françaises : « on ravale la façade »

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L’Histoire continue….. au sein des institutions d’une V° République usée, bien sûr, mais surtout demain et après-demain dans les entreprises, les lieux de cultures, et la rue.

 

Premier constat : la marée médiatique


L’intense bavardage médiatique sur la personnalité des candidats, sur l’interprétation qu’il « fallait » donner à leurs paroles et à leurs gestes, voire à leur style, tenue vestimentaire et autres, leur qualité de « grands » ou de « petits », sur la mise en exergue de tel point de leur programme et le silence sur d’autres, sur la place majeure qu’il convenait d’accorder aux sondages à effet multiplicateur, le tout sur un ton, selon les cas, agressif ou indulgent, a imprégné l’esprit des électeurs et entretenu une confusion inédite.
Sans que les journalistes, tous transformés en « expert » ou en « éditorialiste », n’aient une quelconque légitimité à se prononcer sur tout au nom d’une pseudo omniscience-autoproclamée (économique, écologique, sociale, financière, etc.), ils ont, tout autant que le discours des candidats, fabriqué le « climat » d’une élection que ne devaient gagner ni la gauche radicale de J.L. Mélenchon ni la droite-ultra et néofasciste de M. Le Pen : le Médef et l’establishment parisien avaient choisi et dans leur sillage les grands groupes de presse, les grands hebdos et la plupart des quotidiens du « Monde » à « Libé », via BFM TV et autres chaînes publiques et privées ! Macron était le meilleur !
Le F.N a été soigneusement instrumentalisé (tandis que Le Pen, Philippot et autres ont cru pouvoir en profiter) : il a servi de repoussoir et de justificatif à tous les ralliements et aux votes « utiles ».
La montée dans l’opinion de J. L. Mélenchon, source d’un bref affolement, succédant à une indifférence feinte, a été stoppée par l’évocation subite de quelques leaders d’Amérique latine, de « l’Alliance bolivarienne » et de l’inévitable référence e à la « méchante » Russie, qui auraient eu la sympathie de la France Insoumise, rompant ainsi avec le silence traditionnel en période électorale sur la politique internationale.
Contrairement à leurs prêchi-prêcha habituels, ces « honnêtes » médias n’ont pas insisté sur les droits de l’homme : les milliers de victimes des mouvements migratoires et le refus d’un accueil digne, l’état d’urgence prolongé qui préfigure l’éventuelle répression à venir d’un mouvement social trop radical, et l’indifférence totale vis-à-vis de la misère du Tiers Monde pas même effleurée, ne prêtaient pas à l’insistance sur « l’Humanisme occidental » !
Les grands médias ont, avec aisance, changé de logiciel !
Ils ont été capables de réagir aux dérapages plus ou moins imprévus qui ont troublé la « bien-pensance » hégémonique : les « affaires » suscitées par la presse elle-même ont permis de choisir Macron au détriment de Fillon (second choix des milieux d’affaires) ; la difficulté à imposer la priorité à la question sécuritaire en raison de la réalité trop prégnante du chômage et du pouvoir d’achat a conduit à dénoncer comme « populiste » aussi bien les promesses sociales du F.N que l’analyse critique du capitalisme financier de la France Insoumise ! Les citoyens ont été submergés par cette marée médiatique tous azimuts interdisant de penser par soi-même : le climat pré-macronique, initié par « Paris Match » précédait le « tout-Macron » courtisan qui a suivi l’élection et s’est poursuivi durant la campagne des législatives prolongeant le « délai de grâce », c’est-à-dire le temps des illusions, traditionnel après une consultation. Le plus « convenable » et consensuel des candidats s’est vu ainsi récupéré au-delà de ses propres voix, les 50% de suffrages anti-F. N de ceux qui croyaient (ou feignaient de croire) le néofascisme aux portes de l’Élysée !
Une fois de plus, le vote « utile » a joué, évitant surtout que le nouveau Président soit un mal-élu !
Ainsi, avec habileté et bombardement intensif, tout a été entrepris pour médiatiser à outrance un semi-inconnu, affichant sa volonté de faire du neuf avec du vieux, dans un style bonapartiste, en écartant Fillon, droitier démodé et cléricalisé, en jouant avec Le Pen pour qu’elle fasse peur (juste ce qu’il fallait pour qu’elle soit présente au second tour, adversaire « idéale ») et évidemment en dénonçant Mélenchon, à l’anticapitalisme financier insupportable pour l’oligarchie établie !
Il fallait produire par tous les moyens le plus de « franc-macrons » possible et persuader tout le monde qu’une France nouvelle était née ! Les résultats de cette mobilisation médiatique ont été cependant très médiocres pour les élections législatives : le succès ne provient que du mode de scrutin (majoritaire uninominal). Le mouvement de Macron ne représente au premier tour que 16% des inscrits ! Plus de 51% des citoyens se sont abstenus !! Le « triomphe » est totalement artificiel.
Cet envahissement médiatique n’est pas l’affirmation éclatante de la liberté d’expression, comme certains journalistes le proclament eux-mêmes. C’est, au contraire, une méthode d’asphyxie des citoyens, de destruction de leur esprit critique : submergés par le flot continu des commentaires tous azimuts, ils restent enfermés dans un faux pluralisme étroitement interne au système socio-économique existant et aux institutions césariennes de la V° République, faisant du Chef de l’État une sorte de Zorro, Superman, présenté comme capable de résoudre tous les problèmes ou presque !
L’orchestration de cette bataille de « têtes » et non de programmes, tous les cinq ans, n’est que source d’abêtissement des électeurs, transformés en sous-citoyens en attente d’un sauveur suprême, rapidement déçus évidemment, mais à qui il convient de redonner périodiquement confiance pour perpétuer l’ordre établi. Napoléon (le petit) sommeille chez tous les candidats, souvent jusqu’au ridicule !
A tout cela s’ajoutent les attentats « déjoués » et ceux intervenant à la veille du scrutin : le tour de force a réussi. Le candidat de l’establishment a été élu et il a sa majorité absolue qui ne dérange pas le Médef.

 

Second constat : la question de l’autonomie relative des forces politiques


Chaque force politique est en relation privilégiée avec certaines catégories sociales, groupes d’intérêts, milieux professionnels, etc. et avec certains régimes politiques étrangers (particulièrement les États-Unis, l’éternel grand frère, quel que soit leur Président), mais on ne peut mécaniquement considérer que les partis politiques ou les mouvements style « En Marche » soient l’expression stricte de telle classe sociale ou de tels groupes d’intérêts. La relation est plus complexe mais elle est cependant incontestable : les milieux d’affaires, par exemple, ont clairement choisi de soutenir en premier choix E. Macron. On peut analyser les élections de 2017 en France comme la condamnation par ces mêmes milieux d’affaires de l’autonomie relative jugée trop grande du parti de droite traditionnel, Les Républicains, excessivement animé par des querelles de clan, des manifestations abusives d’égos, d’obsessions électoralistes trop importantes.
Le patronat a besoin avant tout de « paix » sociale, d’habiletés séductrices à l’égard des citoyens passant par des mesures sociétales peu coûteuses, que n’ont pas procuré ces dernières décennies ni le sarkozisme ni le hollandisme. F. Fillon, soigneusement « démoli », durant la campagne, était, par exemple, jugé en cas d’élection comme source de perturbations sociales inutiles pour l’Entreprise, comme l’avait déjà été « l’agitation » sarkoziste. Le mouvement catholique intégriste auquel Fillon avait fait allégeance n’était certainement pas très apprécié !
Il fallait en finir avec une force de droite « classique » dont la médiocrité globale et le conservatisme outrancier devenaient un handicap pour le monde de l’argent, même s’il satisfaisait ses revendications.
Était exclue aussi la solution « allemande » » d’une union nationale droite- « gauche », le Parti Socialiste français étant aussi le siège de multiples contradictions et d’une misère idéologique et pratique atteignant des sommets avec ses « Hollandais », gérant la France comme avait pu l’être la Corrèze, département de F. Hollande !
La solution « ni droite ni gauche » à la Macron est ainsi devenue l’idéal (provisoire) de ceux pour qui « tout doit changer afin que rien d’essentiel ne change », comme l’écrivait Tomasi di Lampedusa, dans « Le Guépard ».
Évidemment, cette solution de type bonapartiste, ralliant tous les opportunistes et tous les ambitieux refoulés, devant leur carrière à leur « chef », mais aussi une fraction des électeurs incertains séduits par le flou délibéré du programme de « La République en Marche » et par sa critique de la « politique », ne pourra à l’avenir que susciter dans la société diverses contradictions très vives et des déceptions profondes, mais… « après lui, le déluge » ! Le système sortira, le moment venu, d’autres gadgets séducteurs sources de pérennisation ….
Pour l’heure, le syncrétisme néolibéralisme-social-démocrate l’emporte sous l’égide d’un homme en osmose avec les milieux d’affaires français, européens et américains. Un césarisme « moderne » et cosmopolite, style « manager yankee, soignant sa ligne au crossfit, appuyé par un « mouvement » à facettes multiples « attrape-tout », se substitue ainsi à un système de partis qui ne fait plus ses « preuves » et handicape la « bonne marche » de la course au profit. Le « terrain est dégagé » par ce ravalement de façade du capitalisme financier.
Cette pseudo « rénovation » va servir quelques-uns et séduire les autres, avant tout ceux de la classe moyenne qui en votant Macron se sont tirés un balle dans le pied sans le savoir, sous couvert d’une prise en compte de leurs intérêts ! L’unique horizon « macronique » est en effet l’Entreprise (la grande) sacralisée, le rêve américain (à peine gallicanisé), mais inaccessible au plus grand nombre, et une décadence aimable sous couvert d’un universalisme hors sol (en Afrique notamment) compensant une régression sociale généralisée !

 

Troisième constat : que devient la gauche ?


L’ « exécution » politique du P.S est la meilleure nouvelle apportée par les élections de 2017. Avaient raison ceux qui souhaitent depuis longtemps la réduction de ce parti à un groupuscule sans importance pour tout le mal politique dont il est responsable depuis des décennies !
Malheureusement, son effondrement n’est sans doute pas définitif tant les « socialistes » ont une capacité de reproduction et tant ils sont utiles au système qui déjà les re-médiatise : ils correspondent en effet sociologiquement à une partie des « couches moyennes » et populaires inaptes à choisir clairement la société qu’ils souhaitent et dotés d’un goût irrépressible pour les compromissions. Leur rôle – essentiel – d’occultation des réalités sociales, de refus des clivages de classe, et leur adhésion à un capitalisme « amélioré », est indispensable au système. Depuis la victoire de Macron, tout est fait pour redonner vie à un P.S dont la défaite a été totale : les médias multiplient les interventions de ceux qui ont été ridiculisés quelques semaines plus tôt !
Avec générosité, le système offre à ce parti de nouvelles possibilités afin qu’il se rende encore utile – comme la CFDT dans le monde syndical – : le système a besoin d’une « opposition de sa majesté », sans risque, pour rendre la pseudo-démocratie « crédible » ! De plus, les cadres du P.S, souvent des professionnels de la politique, n’ont pas d’autres débouchés (à défaut de ralliement à Macron) que leur participation à une reconstruction d’un parti sous une forme ou une autre : ils ont débuté avec le lancement de divers « mouvements » incertains autour de quelques élus (dont B. Hamon, battu au premier tour des législatives) qui espèrent se pérenniser.
Ils sont toujours hostiles par nature à la fois aux communistes (malgré l’extrême (et excessive) indulgence des dirigeants du PCF à leur égard) et plus encore à la France Insoumise de Mélenchon, qui a le grand tort de bien les connaître) : ils ne se chargent pas, en effet, de faire l’Histoire. Ils se satisfont, conformément à leurs « valeurs » ambiguës et à leur indifférence de fait à tout principe, à jouer aux politiciens à coups de mini-tactiques, pour survivre en essayant de profiter de leur instrumentalisation. Cette réalité n’est pas seulement française : elle est italienne, grecque, espagnole, belge, allemande, etc. Nul en Europe n’est l’héritier de S. Allende !
Aujourd’hui, une partie de la social-démocratie s’est réfugiée dans la formule Macron, fusionnée avec une droite renouvelée, pour le plus grand avantage des fondamentaux du conservatisme libéral. Mais le léger « mâtinage » pseudo-socialiste du Macronisme suffit aux ralliés style Valls et autres.
C’est la « France Insoumise », avec un capital humain de 7 millions de citoyens ayant voté pour J.L. Mélenchon, qui constitue le cœur d’un radicalisme en rupture avec le capitalisme financier français et européen, toujours tourné vers les États-Unis. Elle absorbe les « Verts » (avec un programme écologique très avancé) dont l’organisation est en perdition, n’ayant jamais eu la volonté de reconnaître la contradiction majeure entre logique du profit, règne de l’argent et exigences de la protection de l’environnement.
La France Insoumise met à mal la direction du PCF, elle aussi professionnalisée et très inquiète de son avenir immédiat. Cette direction semble prête à poursuivre une stratégie timide et prudente assurant, selon elle, sa survie. Elle se refuse à l’insertion du parti dans la dynamique de la France Insoumise, jugée trop « aventureuse » ! Il apparaît que l’avenir socialiste et la Révolution (dont elle ne parle plus jamais) se soient éloignés à jamais !
On peut penser avec de nombreux militants, particulièrement en province, que cette direction se trompe lourdement, comme elle s’est égarée lors de la dissolution des « Comités antilibéraux » de base qui s’étaient constitués et l’avaient emporté en 2005 contre le Projet de Constitution européenne, lors du refus entre 2012 et 2017 de rassembler à la base dans le « Front de Gauche » les simples citoyens ne souhaitant pas entrer dans l’un des partis le composant, puis en menant une campagne très « réservée » pour J.L. Mélenchon, puis très critique lors des législatives pour des raisons incertaines.
Au lieu d’essayer d’être les plus militants les plus actifs et inventifs et donc les « meilleurs » au sein des 7 millions de citoyens ayant voté Mélenchon, en stimulant des groupes de base, ils se sont coupés pour les législatives des électeurs récemment conquis et parfois arrachés au F.N, dès lors qu’ils n’étaient pas associés à La France Insoumise.
Ces dirigeants ont opté pour une position de repli à la fois sectaire et opportuniste, en comptant une fois de plus que sur quelques alliances ici ou là avec les restes du P.S et des Verts, et ailleurs avec la France Insoumise, la gestion de Paris en étant le modèle, effectivement relativement satisfaisant. Faute d’une volonté de conquête et évidemment d’un scrutin proportionnel les élections législatives n’ont pas confirmé le succès de J. L. Mélenchon aux présidentielles.
Pour le P.C.F le plus grave n’est pas la perte de la plupart de ses députés (dont la discipline de groupe avait d’ailleurs disparu), mais une orientation prudente et craintive, comme si La France Insoumise était perçue comme une « aventure politique » dangereuse par sa radicalité. Qu’est devenu le parti révolutionnaire d’antan, qui semble accablé par trop de défaites accumulées ?

 

Quatrième constat : le F.N, roue de secours éventuelle


Quant au F.N, l’échec relatif des présidentielles, qui a entraîné un plus grand échec aux législatives, a fait surgir les clivages traditionnels des mouvements fascisants qui ont, par exemple, éclaté au sein du fascisme italien et du nazisme dans les années 1930-1940 : le courant « national-social » de Philippot est évidemment contesté, comme ont été éliminés ces mêmes courants en Italie et en Allemagne, avec l’appui du conservatisme « classique ».
Pour les « Frontistes », néanmoins, rien n’est perdu, s’ils se rallient, comme leurs prédécesseurs historiques, aux compromissions « utiles ». Le F.N demeure en effet une ultime « roue de secours » si la solution Macron s’avérait dans quelques années un nouvel échec pour le monde des affaires qui n’a aucune préoccupation démocratique réelle. Nul ne souhaite cette solution « brutale », susceptible de provoquer des réactions contraires dangereuses pour « l’ordre » économique. Mais s’il fallait en passer par là, comme on l’a vu dans le passé, un nouveau syncrétisme affairiste de la droite et du néofascisme pourrait « servir ». Les scrupules n’ont jamais perturbé le monde de l’argent.
En bref, l’Histoire continue….. au sein des institutions d’une V° République usée, bien sûr, mais surtout demain et après-demain dans les entreprises, les lieux de cultures, et la rue.

Robert CHARVIN
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