Arrêt sur info —
Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 6 avril 2022
Source: Ministère des Affaires étrangères
Point de situation en Ukraine
L’opération militaire spéciale se poursuit en Ukraine. Ses objectifs consistent à libérer les républiques populaires de Donetsk (RDP) et de Lougansk (RPL), à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine, à éliminer les menaces pour la Russie émanant du territoire ukrainien où sévissent des néonazis. Les militaires russes font tout pour éviter des victimes parmi la population civile. Ils ne frappent pas les installations civiles et ouvrent tous les jours des couloirs humanitaires pour que les gens puissent quitter les zones dangereuses.
Dans ce contexte, le régime de Kiev soutenu par les superviseurs américains et européens, qui augmentent les livraisons d’armes létales, bombarde les communes, élimine sa propre population et mène le pays vers une catastrophe humanitaire.
Ces derniers temps, les provocations, la désinformation et les mises en scène mensongères sont devenues l’arme principale des nationalistes ukrainiens, qui ont pour but d’accuser la Russie de crimes de guerre. Nous avons assisté à de tels « spectacles » il y a quelques années en Syrie. Pas seulement en Syrie, et pas seulement il y a quelques années.
Le 3 avril, le monde a assisté à un nouveau crime des autorités de Kiev à Boutcha où a été organisée une mise en scène d’un prétendu meurtre de civils par des militaires russes.
Après la vérification et la comparaison des informations, le Ministère russe de la Défense a rapidement fait une déclaration avec un démenti détaillé. Jusqu’au 30 mars, tant que Boutcha se trouvait sous le contrôle des militaires russes, et après leur départ, jusqu’au 3 avril, les habitants locaux se déplaçaient librement dans la ville et utilisaient le réseau mobile. Ils auraient pu se plaindre des actions de qui que ce soit, y compris les militaires russes, mais il n’y avait pas de quoi se plaindre. Les militaires russes ont livré et distribué à la population 452 tonnes d’aide humanitaire à Boutcha et d’autres communes de la région de Kiev. Pendant que Boutcha se trouvait sous le contrôle des forces armées russes, aucun habitant local n’a été victime d’actes de violence. Il n’y avait pas et il n’y a pas de telles informations. Les routes de Boutcha, notamment vers Kiev, n’étaient pas bloquées. Sachant que les forces ukrainiennes bombardaient sans cesse les banlieues sud de la ville, y compris des quartiers résidentiels (ils le font toujours et partout), avec de l’artillerie de gros calibre, des chars et des lance-roquettes multiples (LRM).
Le 31 mars, le maire de Boutcha Anatoli Fedorouk a confirmé dans son communiqué vidéo que les militaires russes avaient quitté la ville, et il n’a mentionné aucun habitant local fusillé. Dépêchez-vous de voir cette vidéo avant qu’elle ne soit supprimé de YouTube, Twitter et d’autres plateformes américaines qui sont complices de cette action criminelle. En diffusant des infox et en bloquant la vérité, le point de vue alternatif, les dossiers des investigations et le discours direct, ils sont complices de cette terrible tragédie résultant des crimes de Kiev. Si ce n’était pas la direction directe du régime de Kiev, alors il s’agit des forces qui ont échappé au contrôle du Président ukrainien Vladimir Zelenski. Ou qui ne lui étaient jamais subordonnées.
J’accuse les médias occidentaux, avant tout américains, non seulement de diffusion d’infox et de désinformation, mais également de complicité du crime commis à Boutcha. Les journaux, la télévision et les commentateurs sont complices de cette action punitive. Je sais que ce n’est pas une première pour eux.
Le monde avait déjà assisté à une opération identique. Sur le continent européen, malheureusement. En octobre 1944, en menant des activités militaires sur le territoire allemand, l’armée soviétique a occupé pendant quelques jours la ville de Nemmersdorf. Après une retraite forcée, des spécialises allemands en matière de propagande ont afflué dans la ville, y compris le chef du département de la propagande NSDAP pour la Prusse orientale Karl Gebhardt. Après deux jours de travail médiatique sanglant, le principal journal nazi Völkischer Beobachter a publié un article intitulé « La férocité des bêtes soviétiques ». Les temps ont changé, par les délais. Quand ils veulent, ils peuvent faire des choses dans un délai réduit. Cela ne rappelle rien? La même chose même dans le titre. Pas besoin d’inventer. Ils copient les choses de l’époque contre les néo-manifestations de laquelle nous luttons aujourd’hui. Cet article décrivait les « horreurs » et les « mutilations » soi-disant infligées à la population civile de Nemmersdorf par les forces soviétiques. C’était fait en détail, ils décrivaient les « tortures », les « meurtres » dont les preuves ont été découvertes par les fascistes.
Le Troisième Reich avait créé une « commission internationale » en y invitant des « gouvernement de poche », notamment l’Estonie. En littéralement une semaine, la commission de Hjalmar Mäe a publié un rapport accusant de tout Moscou. Pour les titres, nous avons déjà compris. La réaction internationale? La même. En une seconde les déclarations des représentants et des dirigeants européens, qui avaient réussi à comprendre ce qui s’y était passé uniquement d’après les photos et à prononcer un verdict, avaient fait le tour du monde.
La « commission internationale » a émis un décret « clair ». Le rapport de Hjalmar Mäe de fin 1944 est devenu l’un des documents les plus cités de la propagande de Goebbels. Ses copies étaient envoyées en langues étrangères à toutes les agences de presse mondiales. Berlin avait ordonné au plus haut niveau d’utiliser « l’affaire Nemmersdorf » en tant que preuve des « cruautés » des forces soviétiques.
Plusieurs historiens ont analysé ce problème après la guerre. L’histoire allemand de la guerre Bernhard Fisch, qui a lui-même participé aux combats de Nemmersdorf, reconnaissait qu’aucune tentative d’identification n’avait été entreprise après la découverte de corps par les Allemands. Les photos publiées représentaient des corps spécialement réunis des victimes de plusieurs villages de la Prusse orientale. N’était-ce pas le cas à Srebrenica? Si. En Syrie? À Alep, à Douma? La même chose. Qui finance tout cela? Washington, Londres et Bruxelles collectif.
Au XXIe, le Ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne a reconnu que les falsifications de Nemmersdorf avaient été spécialement fabriquées par le lieutenant Pfeiffer de la police secrète de la Wehrmacht (Geheime Feldpolizei), après quoi elles ont été relayées par Berlin. De toute évidence, les idéologues et les propagandistes derrière les crimes de Boutcha connaissaient bien cette histoire. Mais comment cela a été commis? Ont-ils ramassé des corps quelques parts pour les faire venir ici ou des militaires ukrainiens donnaient l’ordre sur place de fusiller? Il faut le découvrir. Les méthodes, les formes et les objectifs sont identiques. La même signature. Tant de preuves de l’innocence de la Russie ont été présentées que ce thème devrait être clos de ce point de vue, mais ouvert du point de vue d’accusation directe du régime de Kiev et de tous ceux qui l’aident ou ordonnent de le faire.
Les médias occidentaux peuvent nous bloquer tant qu’ils veulent sur Twitter, censurer, placer des étiquettes, menacer les utilisateurs que l’information est soi-disant « dangereuse pour la santé ». Et en même temps ils diffusent des faits qui ne le sont pas. On peut le faire tant qu’on veut, mais il faut se rappeler que l’histoire remet toujours les points sur les i. La vérité triomphera toujours. Y compris cette fois. Seulement quelques jours se sont écoulés. Même les accusateurs les plus ardents se sont calmés. Ils ont compris l’ampleur de ce qui a été commis à Boutcha par des extrémistes, néonazies, militaires et barbares ukrainiens – appelez-les comme vous voulez.
Ainsi, le 3 avril, des preuves ont été établies de ce qui restait dans cette ville après l’arrivée d’agents du Service de sécurité ukrainien (SBU) et peut être de renseignements d’autres pays (cela reste également à établir). En réalité, non pas de ce qui restait, mais de ce qui a été commis après l’entrée de combattants contrôlés (ou incontrôlés) par le régime de Kiev.
Les politiciens et médias occidentaux, sans même tenter de vérifier quoi que ce soit, de savoir si ces photos sont vraies, l’ont immédiatement publié comme un verdict de la culpabilité de la Russie. Ignorerions-nous quelque chose? Pendant des années ils faisaient la même chose dans ce genre de cas: ils prononçaient un verdict et mettaient en application les menaces promises sans prendre la peine de vérifier les informations. Le Président français, le Premier ministre britannique, le Chancelier allemand et le Secrétaire d’État américain exigeaient immédiatement sans fondement que les autorités russes répondent des crimes. Tous ces gens sont personnellement responsables pour le soutien du crime commis par le régime de Kiev et les forces qu’il contrôle (ou ne contrôle pas) auxquelles il s’associe.
Il m’a été demandé pourquoi Moscou n’a pas immédiatement commencé à réfuter les publications après leur parution. Il faut analyser pour confirmer ou réfuter quelque chose. Cela demande du temps. Et c’est précisément le but. Ils utilisent exprès l’effet d’une intox de masse, de surprise pour inciter immédiatement à faire des commentaires. Il ne faut pas le faire. Il faut vérifier les informations malgré toute l’absurdité de sa présentation. Il est impossible de faire des commentaires officiels sans vérification primaire. Elle a été faite. Il était impossible de croire à l’intensivité et à l’ampleur de la propagation de tels fakes. Une vérification a été faite même malgré toute l’absurdité de ces déclarations et accusations.
À son issue, la Russie a immédiatement demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU afin de discuter ouvertement de la situation actuelle. Peut-être échanger des données si quelqu’un possède des informations supplémentaires. Appeler les choses par leur nom, c’est appeler une provocation criminelle une provocation criminelle. Cependant, la présidence britannique du Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté notre initiative à deux reprises en 24 heures. Pas plus tard qu’hier, une réunion s’est tenue sur la situation en Ukraine, qui avait déjà été prévue auparavant (prévue, c’était au programme). Nous avons droit à une réunion urgente, compte tenu de l’ampleur avec laquelle les infox se sont propagées, de l’enthousiasme avec quel les pays mentionnés ont appelé à lutter contre ces infox et quelles accusations ont été faites. Mais l’essentiel, c’est ce que nous avons vu sur les photos. Nous connaissons Londres – pour étayer leurs accusations, rendre une sentence et l’exécuter, ils n’ont besoin d’aucun fait, sauf leur propre volonté et leur décision.
Nous avons profité de l’occasion de tenir une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour dire et présenter au monde les faits dont nous disposons. Rappeler les promesses non tenues du régime de Kiev de mettre fin à la guerre dans le Donbass et de respecter les droits de la population russophone. La partie russe a exhorté au moins à se rappeler que nous parlons de civils. L’Ukraine et la population de ce pays doivent cesser d’être des pions dans le jeu qui se joue sur leur territoire depuis de nombreuses années par des pays qui ne sont même pas limitrophes. Ils n’ont pas d’intérêts primordiaux, vitaux, véritables sur le territoire de cet État. Ils jouent tout simplement un autre scénario géopolitique de chaos mondial.
Nous avons profité du Conseil de sécurité de l’ONU pour attirer l’attention de la communauté internationale sur l’alimentation continue de l’Ukraine en armes de toutes sortes et « couleurs ». À tel point que les entrepôts sont vides, il n’y a plus rien à y fournir. Il ne s’agit pas d’aide humanitaire, ni de pain, ni de céréales, ni de médicaments, mais d’armes – pour qu’ils se mutilent davantage. Selon les responsables de Berlin, il n’y avait plus rien à fournir. Pouvez-vous l’imaginer? Et ces livraisons continuent. La même chose se fait dans d’autres parties de l’Europe (Est, Centre, Nord).
La discussion au Conseil de sécurité de l’ONU a montré que nos collègues occidentaux évitaient d’analyser les incohérences flagrantes des images de Boutcha, diffusées par leurs médias. En principe, ils n’allaient pas discuter de tout ce qu’il y a sur ces images. Ils ont fait leurs déclarations avec des accusations et sur ce, ils voulaient clore ce dossier. Ça a toujours été le cas. Quand était-ce l’inverse? Peut-être que quelque chose a changé après la provocation en Syrie? Ou après les scénarios fabriqués autour de Salisbury et Amesbury? Est-ce que quelque part une enquête a été menée à son terme, fondée sur la loi, sur le plan juridique? Jamais. Rien. Donc tout restait en suspens. En revanche, les accusations politiques appuyées par l’expulsion de diplomates et les sanctions sont une tradition. Elle était constamment soutenue.
Il est évident que cette terrible infox criminelle a été fabriquée pour justifier un autre volet de sanctions préparées d’avance, y compris l’expulsion massive de diplomates russes d’un certain nombre de pays occidentaux, et pour compliquer (voire interrompre complètement) les négociations, dans lesquelles Kiev a commencé à montrer des signes d’une approche réaliste. Le troisième facteur important est d’attiser une fois de plus la situation non seulement dans la région, mais aussi dans le monde. Il est nécessaire d’expliquer d’une manière ou d’une autre aux gens qui souffrent des sanctions imposées par l’Occident à la Russie, mais qui sont soit revenues en boomerang, soit se sont répercutées dans toutes les régions du monde.
Il faut expliquer pourquoi on continue d’introduire ces sanctions. Partout dans le monde, des gens manifestent, « prennent d’assaut » leurs représentants, responsables, milieux politiques, pour qu’on leur explique pourquoi ces pays subissent ou soutiennent des sanctions contre la Russie. Pourquoi les peuples des États qui ne sont pas impliqués dans la situation autour de l’Ukraine ou en général dans les problèmes du continent européen commencent-ils à souffrir de ces restrictions.
Je pense que ces pays et forces politiques avaient une « demande » pour expliquer au moins quelque chose à leur population, les prix du carburant élevés, les crises alimentaires, les problèmes logistiques dus aux annulations de vols, aux fermetures de frontières, etc. Il devait y avoir une explication. S’il n’y en a pas, il faut l’inventer. Et ils ont réussi. Ils ont sorti le script de 1944 et l’ont mis en œuvre.
C’est pourquoi nous traitons ces gens en Ukraine de néonazis et de punisseurs – ils professent la même logique. Rien ne les distingue des gens qu’on appelait alors fascistes et nazis. Ils glorifient cette idéologie, s’en délectent, considèrent que c’est un outil efficace pour régler des comptes, intimider et détruire ceux qui ne partagent pas leur idéologie ou ne se rangent pas sous leurs bannières. Nous luttons contre cela. Les régions d’Ukraine se sont rebellées contre cela. Pendant de nombreuses années, ils défendaient leurs droits, survivaient et mouraient sans être brisés par la machine néonazie. Cela ne peut être accepté qu’une seule fois. Ensuite cette « noirceur » absorbe. De là il n’y a plus d’issue.
Il y a un crime et un châtiment. Les gens ne sont pas des anges, pas des saints. Tout le monde peut commetre une erreur, fare quelque chose de mal dans cette vie, y compris enfreindre la loi et être puni pour cela. Mais c’est autre chose. Il ne s’agit pas de crime et de châtiment, mais de déshumanisation. Le fait que ce processus puisse ne pas avoir de retour. Les gens deviennent complètement submergés par cette idéologie. C’est une idéologie globale pour une personne. Elle n’a pas d’exceptions.
Dans le contexte de ces terribles et sanglantes infox sur les actions de la Russie, les nationalistes ukrainiens continuent de commettre des crimes de guerre. Un autre exemple est l’explosion d’hier de conteneurs avec des produits chimiques dans la ville de Roubejnoïe, en République populaire de Lougansk. L’explosion a été réalisée en tenant compte de la direction du vent – de sorte que le nuage toxique se déplace vers l’est, profondément dans le territoire de la Répuplique. C’est un autre acte de génocide contre le peuple du Donbass.
Alors que Marioupol est libérée par l’armée russe et que les habitants sont évacués, de plus en plus d’atrocités néonazies font surface. Les habitants de la ville en parlent. Des crimes monstrueux ont été découverts dans la prison secrète Biblioteka à l’aéroport de Marioupol, où des nationalistes ukrainiens ont torturé et tué des gens pendant des années. Il existe des preuves, mais rien de tout cela ne parvient aux médias occidentaux.
Maintenant, on comprend pourquoi ce sont les réseaux sociaux américains qui ont annoncé leur politique et ont commencé à la mettre en œuvre en bloquant ces images. Vous ne trouverez pas cette information dans les médias occidentaux. C’est un génocide informationnel. Il peut être différent, mais il inclut également l’exclusion d’informations importantes, objectives pour des personnes représentant le peuple et le pays. Cette exclusion est un génocide informationnel.
Vous n’y verrez pas de sujets sur les « escadrons de la mort » des nazis ukrainiens, qui circulaient dans les rues de Kharkov dans des voitures prises à des civils et qui tiraient au hasard sur des immeubles résidentiels pour intimider la population. Il y a littéralement quelques journalistes sur des centaines de milliers qui peuvent en parler. Mais ils seront également « enveloppés de ruban adhésif »et collés au « pilier occidental » (comme cela se fait actuellement en Ukraine) et ostracisés s’ils osent dire un mot contre le point de vue officiel.
On ne vous parlera pas des disparitions massives dans cette ville de ceux qui étaient soupçonnés de sympathie pour la Russie ou défendaient leur position. La cruauté et le sadisme avec lesquels les nazis ukrainiens traitent les prisonniers de guerre russes sont incompréhensibles et n’ont aucune justification. Des images non pas de passages à tabac, de meurtres ou de torture, mais de sacrifices au mal ont fait le tour de l’internet. Nous parlons du XXIe siècle, qui a remplacé l’ère monstrueuse du fascisme et du nazisme avec des chambres à gaz et des expériences sur des êtres humains. Non. Tout recommence.
J’ai parlé à mes collègues. Ils m’ont avertie et demandé de ne pas regarder ces images. Je n’ai pas tout regardé. C’est insupportable. Je ne parle pas d’endurer la torture, mais la torture d’avoir pris connaissance de ces images: arracher les yeux, démembrer des gens vivants au centre de l’Europe. Qui protégez-vous, M. Di Maio, M. Macron? Je ne parle pas des Britanniques. C’est inutile. Mais vous êtes les mêmes Européens, dans les pays mêmes où sont nés non seulement la démocratie, mais aussi le système juridique actuel de l’Europe et du monde.
Malheureusement, l’Occident ne le voit pas parce qu’il n’y a pas d’information, mais parce qu’il ne le veut pas. Ils ont choisi l’autre côté de l’histoire. Tout comme ils fermaient les yeux sur les crimes de guerre de Kiev dans le Donbass pendant huit ans. Ils ne voulaient tout simplement pas le voir. Ils savaient mais ne voulaient pas.
Pour cause des atrocités inhumaines des forces de sécurité ukrainiennes contre nos militaires, je tiens à dire que nous travaillons sur les informations fournies. Le ministère des Affaires étrangères de la Russie, les réprésentations étrangères collectent les données. Nous agissons en étroite coordination avec des collègues du ministère de la Défense, du Comité d’enquête, du Bureau du procureur général afin de les envoyer aux organisations internationales. Bien sûr, nous ne pouvons pas compter sur elles. On voit comment les institutions mondiales se discréditent. Pas parce qu’elles sont mal organisées.
Les pères fondateurs du système des Nations unies ont fait du bon travail pour rendre l’Organisation universelle. Mais les résponsables qui y sont représentés discréditent désormais l’ONU par leur inaction et leur position engagée.
Les dirigeants de notre pays et les forces de sécurité impliquées dans la résolution des crimes ont clairement énoncé leur position: toutes les personnes impliquées dans de tels crimes contre le personnel militaire russe seront retrouvées et traduites en justice. Sous quelle forme, cela sera décidé plus tard. Ils recevront leur « récompense ».
Sur la campagne d' »annulation de la culture russe », menée par certains pays occidentaux
L’Occident fait peur à lui-même après avoir lancé une nouvelle campagne d' »annulation de la culture russe ». Nous avons constaté énormément de choses dans son cadre. Il ne s’agit pas de la colère juste, mais des sentiments suscités de manière préméditée. Par des professionnels. Prenons par exemple les propos de Piotr Gliński, vice-premier ministre polonais et ministre de la Culture et du Patrimoine national, affirmant que « la culture russe doit disparaître de l’espace public ». Mais qui es-tu, ministre polonais de la Culture, pour tenir de tels propos? Qui t’a donné ce droit? Il ne suffira pas un milliard d’années pour étudier l’objet qu’il veut annuler. Il est incapable de comprendre même les frontières de la culture russe. Comment peut-on conférer un mandat culturel à ceux qui veulent annuler la culture des nations et des peuples? Des choses similaires sont déjà arrivées par le passé, dans les années 1930 et 1940. C’est ce que nous combattons.
Encore un exemple d’un comportement inimaginable… avant le XXIe siècle. La National Gallery de Londres a changé le nom du tableau Danseuses russes d’Edgar Degas. Elles ne sont plus russes. Ça arrive. C’est normal en Occident. Un homme dans le matin, une femme dans le soir. Un être de genre incompréhensible demain. On peut donc facilement changer l’ethnicité. D’autant plus qu’Edgar Degas est mort il y a longtemps. On a donc réécrit le nom. C’est très simple, il n’est pas nécessaire de changer le passeport ou organiser une opération de changement de sexe. Il suffit de rayer le nom. Ils ont déjà annulé l’histoire il y a longtemps. C’est pour ça qu’ils déboulonnaient des monuments partout en Europe: ils ne voulaient que ces derniers rappellent le passé, que les enfants demandent à leurs papa et maman, ou plutôt à leurs parent A et parent B, qui étaient ces gens portant une casquette étoilée. Mais il faut également annuler la culture pour que rien ne puisse plus rappeler l’histoire annulée.
Il n’y a plus de concerts de Tchaïkovski, de Chostakovitch ou de Rakhmaninov dans un nombre de pays. Les Pays-Bas ont annulé la tournée de l’Ensemble Kvassov académique de chant et de danse des cosaques de Don. Cela aidera certainement à améliorer la vie dans ce pays.
On interdit les écrivains russes et leurs livres. L’Université de Milan-Bicocca a annulé un cycle de quatre cours de l’écrivain Paolo Nori consacrés à Fiodor Dostoïevski, « afin de ne pas provoquer de polémique ». Et pour éviter des questions. L’État décrit par Orwell ne tolère aucune polémique. Il n’y a que la seule vérité établie. Cette décision a été désavouée le lendemain matin, mais elle a néanmoins créé un précédent. Le théâtre Govi de Gènes a en effet annulé le festival annuel Dostoïevski. Il n’a pas changé d’avis. Je vous recommande de relire les Démons de Dostoïevski. Ce livre rappelle bien la situation actuelle. Il s’agit d’une œuvre unique et éternelle. Elle ne cessera d’exister malgré toutes les tentatives de l’annuler.
Nous constatons malheureusement que la russophobie se renforce rapidement en Occident, tandis que les mesures sauvages entreprises sur son territoire violent tous les principes de comportement civilisé. Une imposition agressive de la « culture de l’annulation » se transforme en « annulation de la culture », ce qui menace tous les participants d’une perte totale d’orientation dans le monde moderne. Il est désormais difficile de comprendre de qui il s’agit: d’un homme, d’une femme ou d’un être d’autre genre. On ne sait pas quel genre ce dernier préfère à quelle heure de la journée. On ne sait plus les auteurs de telle ou telle œuvre, car son nom peut être changé au cours de quelques heures. On ne sait plus les événements historiques. On démonte des monuments, ferme des musées, réécrit l’histoire dans les manuels scolaires. Il n’est plus clair qui a attaqué qui. Cela ne s’explique pas par un manque de faits, mais par des modifications des dates, des directions, des chiffres et de la géographie. Tout a été changé. Quel est votre objectif? Voulez-vous qu’une personne perde définitivement le sens du réel? L’ostracisme public, l’omission et l’oubli de faits évidents constituent l’autodestruction.
Nous sommes au courant des tentatives de l’Occident d' »annuler » la contribution de l’Armée rouge à la victoire sur le nazisme au cours de la Seconde Guerre mondiale. Nous l’évoquions chaque semaine depuis des décennies. Et cela commence à se manifester. Ainsi, le musée de la ville allemande de Karlshorst, lieu de signature de l’acte de capitulation de l’Allemagne en 1945, a enlevé le drapeau russe et a effacé la mention de la Russie sur son enseigne. Qui avait donc été présent sur ce lieu? Expliquer-nous. Qui avait libéré qui? Les Allemands de l’ouest avaient libéré ceux de l’est? Quelle est la nouvelle version?
Ce « sabbat culturel » ou plutôt « anticulturel », rappelle de plus en plus l’obscurantisme moyenâgeux. Pour rappel, l’inquisition brûlait à l’époque des livres sous l’égide du christianisme (pas de la barbarie ou des rituels de culte), du Nouveau testament, de l’amour et de la miséricorde. Elle brûlait en même temps des gens, pour économiser le combustible. Est-ce cela ne vous rappelle rien? De bonnes explications. Des motivations bien-pensantes. La Seconde Guerre mondiale a elle aussi commencé avec des idéaux impressionnants. On expliquait à nos ancêtres comment il fallait vivre. Qui était « pure » ou « sale ». Les événements actuels suscitent une analogie encore plus effrayante avec la campagne de destruction de la littérature indésirable en Allemagne nazie. La même campagne s’effectuait depuis des années en Ukraine. On « brûlaient » là-bas tous types de livres: la littérature historique, ethnoculturelle, religieuse, d’enfants. On interdisait même des livres de cuisine. Pourquoi? Parce ce qu’il était inacceptable de partager le borchtch. Ce dernier devait forcément appartenir à un seul peuple, une seule nationalité. On ne pouvait pas admettre qu’il s’agissait d’un plat commun et que les femmes préparaient leurs propres versions de cette soupe dans différentes villes et régions. On rejetait les compromis. Ce sont exactement les choses dont nous parlons: la xénophobie, le nazisme et extrémisme sous tous ces formes.
Dans cette « culture de l’annulation », nous constatons un phénomène récurrent de l’histoire européenne et américaine: il s’agit d’effacer une culture dans l’espace social pour libérer la place aux autres. Juste au nom d’une idée. Ce la ne concerne pas que la Russie. Il s’agit d’une approche générale. La Chine a été ciblée il y a quelques années. On tentait d’accuser les Chinois de la création du coronavirus, on affirmait qu’une chauve-souris chinoise avait infecté tout le monde. La pression a échoué. Mais elle était très dure. Nous avons évoqué la sinophobie, tout d’abord aux États-Unis. Par le passé, les États-Unis ont tenté d’annuler d’autres pays. Cela a provisoirement concerné la culture française au début des années 2000, suite au refus de Paris de soutenir la campagne irakienne de Washington. Certaines tentaient même de mettre fin aux ventes des frites, appelées « french fries » en anglais. Sans parler du cinéma etc. C’était comme ça. Il n’y avait aucun talkshow qui ne se moquait des Français en raison de leur position de principe, qui s’est avérée juste plus tard. Les autorités françaises avaient à l’époque assez d’indépendance pour examiner les faits et faire une distinction entre le vrai et faux.
L’histoire de cette « culture de l’annulation » est beaucoup plus longue qu’une décennie ou un siècle. Ce n’est pas une analogie directe, mais les romains avaient introduit dans leur droit le terme « damnatio memoriae » ou « damnation de la mémoire ». Ainsi, suite à la mort d’un individu, la mémoire de ce dernier devait être effacée de la conscience et de la vie sociales. Il devait être oublié. Il ne s’agissait pas d’un processus naturel, car on faisait tout pour éliminer la mémoire de cette personne condamnée. On peut avoir des opinions différentes à ce sujet, mais cela ne change pas le fait.
Les puissances coloniales d’Europe et d’Amérique effaçaient toutes les manifestations des racines nationales dans leurs protectorats, détruisaient des dizaines d’objets précieux de patrimoine culturelle. Michel Foucault a qualifié plus tard ce processus peu ragoûtant d’impérialisme culturel. Des sociétés entières ont reçu le statut de subalterne. Selon la philosophie des analystes du colonialisme Antonio Gramsci et Gayatri Spivak, leur trace culturelle reste invisible pour le mainstream culturel, alors que l’Occident maintenait sciemment cet état de choses.
Les idéologues du IIIe Reich ont fait des choses inimaginables (jusqu’à récemment, car on constate aujourd’hui des initiatives absolument inédites) dans les années 1930, en effaçant la contribution des personnalités scientifiques et culturelles juives à la vie spirituelle de l’Allemagne. Comme si ces personnes n’ont jamais existé. Cela recommence. Ce sont les acquis d’une seule nationalité ou de plusieurs races choisies qui comptent. Les autres races n’ont aucune importance.
Les Allemands ont accordé à ce phénomène des qualités esthétiques, l’ont complètement accepté. Ils le présentaient comme « aryanisation culturelle ». Il y avait un programme, des objectifs, une idéologie, ainsi que ceux qui assuraient la mise en œuvre de ce concept.
La deuxième moitié du XXe siècle était marquée par une « chasse aux sorcières »: la lutte contre le communisme justifiait l’effacement de tous les éléments « communistes » aux États-Unis (la politique de maccarthysme). L’idéologie reste la même. Aujourd’hui nous constatons la culture de l’annulation et un nouveau génocide culturel. Cette fois-ci ils ciblent le grand héritage russe. Tous ses éléments. Il n y’a ici rien de nouveau. Il s’agit d’une vieille maladie de l’Occident.
Il est absolument impossible de s’imaginer la même chose en Russie. Des maîtres russes de la littérature, de la musique et de la peinture créaient pendant des siècles des chefs-d’œuvre qui étaient des repères morales et spirituelles pour des générations, faisaient partie de la trésorerie de culture mondiale. En même temps, la Russie a toujours apprécié et popularisé les œuvres des maîtres étrangers indépendamment de l’état des relations avec leurs pays. L’année 1812 en est un bon exemple. Relisez la Guerre et la paix. C’est très impressionnant. Nous estimons que le domaine humanitaire doit être indépendant. Ce patrimoine constitue une source d’eau pure qui devrait permettre à l’humanité de préserver sa nature. Il s’agit d’un canal de communication entre les gens qui permettait toujours de développer le dialogue, de rechercher des points de contact et de compréhension, de survivre.
Sur la réaction des Italiens sur l’opération spéciale russe en Ukraine
La vague de russophobie n’est pas parvenue à submerger tous les pays, du moins pas entièrement. Les exemples ne manquent pas, j’en citerai un seul.
Depuis le début de la campagne russophobe et de la chasse aux sorcières antirusse, nous recevons beaucoup de lettres et d’appels de soutien par l’intermédiaire de nos ambassades.
Les citoyens de l’Italie expriment leur solidarité avec la Russie et les Russes. Nous venons de recevoir une série des messages du Consulat général de Russie à Milan. Il s’agit de centaines de lettres adressées au Président russe Vladimir Poutine et écrites par des Italiens ordinaires: journalistes indépendants, juristes internationaux, représentants des milieux universitaires, entrepreneurs, personnalités publiques et du monde culturel. Ces lettres contiennent non seulement de vraies émotions, mais aussi une analyse approfondie des évènements qu’on ne voit pas dans l’establishment politique parmi ceux qui devraient le montrer.
Je n’en citerai que quelques-unes: « pas tous les Italiens sont des marionnettes des États-Unis », « j’ai toujours considéré les Russes comme mes frères, car en 1945 ils m’ont rendu mon père, un soldat italien prisonnier. Alors que l’Italie était dans le camp opposé. « J’exprime ma solidarité avec le peuple et les autorités russes et j’exprime mon désaccord avec la russophobie honteuse », « je ferai tout pour prouver que seules les sanctions contre l’Ukraine, qui reste sous l’emprise des nazis, sont bien fondées », « le gouvernement criminel de l’Ukraine est le seul responsable des pertes civiles inévitables », « l’incitation à la haine alimentée par les médias italiens ternit l’image de mon pays et dénigre la grande civilisation russe”, « je me distancie des sanctions politiques et économiques appliquées par le gouvernement italien, et je continuerai à travailler avec les Russes », « nous allons continuer à promouvoir les projets visant à confirmer l’universalité de la culture russe ».
Les sanctions sont essentielles à la compréhension de toute cette situation. Pourquoi le 24 février 2022 a-t-on annoncé avoir épuisé toutes les autres options? Aujourd’hui, nous voyons que l’Occident, qui marche sous la houlette des États-Unis, non seulement applique, mais aussi invente de nouvelles sanctions de plus en plus sophistiquées, comme des listes individuelles, des interdictions, des accusations, des menaces, des blocus économiques, des expropriations, des saisies, des vols, des blocages, des gels. Ils ont tout appliqué. Ils savent le faire et ils en sont capables. Pas besoin de raison pour bloquer un compte, s’introduire dans une propriété privée même celle des citoyens des pays où cela se passe, quand il s’agit des personnes qui ont la nationalité russe ou qui ont des liens ou font des affaires avec la Russie. Rien n’empêche les pays occidentaux d’appliquer des restrictions de toute sorte pour imposer une décision politique.
Pourquoi rien de tel n’a-t-il été appliqué en huit ans au régime Kiev pour l’amener à mettre en œuvre les Accords de Minsk qui avaient été signé notamment par le Président ukrainien? On aurait pu le faire. Juste une fois ne pas leur envoyer de l’argent auquel ils n’ont pas droit et qui n’a fait qu’encourager le régime de Kiev. On envoyait simplement de l’argent et cet argent s’évaporait. On aurait pu une seule fois lier un versement des tranches de plusieurs milliards à la mise en œuvre au moins d’un seul point des Accords de Minsk.
Nous connaissons bien les représentants du régime de Kiev du XXIe siècle. Ils auraient tué pour cet argent. Ils auraient même dépassé les objectifs des Accords de Minsk. Ils auraient tout faire pour retrouver de l’argent sur leurs comptes bancaires. Il ne s’agit pas des comptes de l’État, mais des comptes personnels où ils transféraient l’argent. Aucune des sanctions que d’autres pays subissent n’a été appliquée au régime de Kiev. Il a commis assez de crimes: des meurtres, des actes de violence, des enlèvements, une fermeture de chaines de télévision, des intimidations envers des journalistes. On a révélé les faits d’un génocide contre la population vivant sur un certain territoire. Alors, qu’est-ce qui empêchait Bruxelles, Paris, Rome, Madrid, Lisbonne et Berlin, (et je n’évoque même pas Londres, ici tout est clair), au moins une fois de retarder les paiements à Kiev et d’associer des versements à la mise en œuvre des Accords de Minsk. Rien de tout cela ne serait arrivé. La situation politique intérieure aurait été réglée depuis longtemps, et les deux régions auraient bénéficié des garanties législatives, linguistiques et d’opportunités économiques, des prestations sociales. Tout aurait été bien. Mais on ne le faisait pas. On payait à Kiev pour le non-respect des Accords de Minsk.
Revenant sur la réaction des Italiens. Il ne s’agit pas de messages anonymes, tous les messages sont signés par des personnes qui n’ont pas peur, en parlent directement et qui comprennent la situation actuelle. Ces messages sont nombreux. Par exemple, le 25 mars, en une seule journée, l’ambassade russe en Italie a reçu environ 2.000 messages. Ce ne sont pas des messages agressifs comme ceux qui soutiennent les néonazis sur le territoire ukrainien, ce sont des messages contenant des mots de soutien et de compréhension. Peut-être pas de soutien, mais de compréhension de l’origine de la crise. Ils parlent ouvertement du désaccord avec les politiques du gouvernement italien qui ne servent pas les intérêts des Italiens, on y souhaite une victoire rapide à la Russie en exprimant une reconnaissance pour l’aide dans la lutte avec la pandémie dans le cadre de la mission humanitaire dans les Apennins. Le message le plus populaire est le suivant – « Ce gouvernement ne me représente pas, et n’agit pas en mon nom ». Le hashtag #NotInMyName devient de plus en plus populaire en Italie, il unit ces gens et leurs pensées.
J’aimerais rappeler, y compris au gouvernement de l’Italie, qui parle si souvent de la Russie, l’année 2020 et la pandémie. L’Italie a été la première victime parmi les pays européens de cette maladie inconnue et inexplorée pour laquelle il n’y avait pas de médicaments ni de vaccins. Est-ce que vous avez oublié comment on voulait vous « annuler »? Je vous le rappelle. Vos personnalités publiques et créatives ont fait un court métrage de quelques minutes racontant ce que représentait l’Italie, que c’était un pays qui a donné au monde de grands artistes, des compositeurs, des architectes, des couturiers, des designers. Vous avez demandé aux Européens et au monde entier comment il était possible d’oublier et d’annuler la culture italienne, l’Italie et le peuple italien. N’étiez-vous pas préoccupés, vexés? On ne vous faisait pas subir ce qu’on fait subir aux populations souffrant pendant huit ans et qui ont été crucifiées déjà deux fois. C’était la Russie qui vous a tendu la main. C’était les forces militaires russes. Vous vous interrogez pourquoi nous avons fait cela? Une seul fois Monsieur Di Maio pourrait se demander pourquoi nous avons fait cela. Nous devions accumuler nos forces en tant que pays, pour nous-mêmes, mais nous avons partagé avec vous l’aide, nos connaissances, nos compétences, nos capacités, notre amour. Nous avons partagé avec nous, tandis que vous menez une campagne antirusse à la tête de la Communauté européenne, contrairement à l’avis de votre peuple. Ce n’est pas nous que vous annulez, vous vous annulez vous-même.
Le commentaire publié sur les pages officielles de Facebook, Twitter et Telegram de l’ambassade russe en Italie contenant les mots de remerciement aux citoyens de l’Italie qui avaient soutenu la Russie, a entrainé une réaction positive sans précédent accumulant des centaines de milliers de vues, des dizaines de milliers de « j’aime » et des milliers de partages. Je sais que cela ne durera pas. Les réseaux sociaux américains le supprimeront pour faire comme si ça ne s’était jamais produit. Mais c’était bien là et sera là.
Nous voyons et apprécions le fait que les Italiens ne se laissent pas tromper par les médias grand public, et, même dans les périodes les plus difficiles marquées par des bouleversements mondiaux, s’efforcent à entretenir des relations étroites avec la Russie, son histoire et sa culture. Les derniers sondages de la RAI (la chaine nationale) sont particulièrement révélateurs: 55% des personnes interrogées sont contre l’envoi d’armes létales à l’Ukraine, 69% des personnes interrogées considèrent qu’il faut dialoguer avec la Russie. Il serait bon que l’Italie et d’autres pays de l’UE écoutent ce genre d’opinion et se laissent guider par la volonté de leurs peuples.
Sur les restrictions des pages du ministère russe des Affaires étrangères et d’autres administrations publiques sur les réseaux sociaux occidentaux
Les entreprises technologiques américaines continuent de « nettoyer » l’espace numérique de tous les points de vue alternatifs en appliquant méthodiquement la volonté de Washington qui a lancé une guerre de l’information contre la Russie.
Je me rappelle très bien comment il y a 15 ans ces mêmes entreprises accusaient la Chine de ne pas les laisser entrer sur leur marché. Maintenant quelque chose ne va pas et ils font tout ce qu’ils imputaient à l’État souverain de la Chine qui n’était pas obligé de les laisser entrer sur son marché. Ils bloquent, saisissent les comptes, intimident les utilisateurs, refusent l’accès aux utilisateurs, parmi d’autres choses.
Aujourd’hui, la plateforme d’hébergement de vidéos YouTube a commis un nouvel acte de censure numérique en supprimant du compte vérifié du ministère russe des Affaires étrangères l’enregistrement de mon briefing du 17 mars en raison d’une violation des directives de la communauté, notamment pour prévenir des propos discriminatoires. Veuillez donner des précisions, de quels propos discriminatoires s’agit-il? Est-ce qu’ils ont bloqué la Galerie nationale de Londres pour avoir renommé un tableau d’Edgar Degas? Est-ce qu’ils ont bloqué des représentants politiques de l’Occident en raison de leurs propos discriminatoires envers la Russie et la culture ou la langue russes? Non? Vous n’avez pas entendu dire qu’ils l’ont fait? Moi non plus.
Nous ne pouvons pas savoir de quels propos il s’agit, car la plateforme ne prend jamais la peine de donner des explications. Nous ne pouvons que supposer que l’administration de la plateforme n’aimait pas les faits dévoilés sur la propagation de l’idéologie néonazie dans les forces armées de l’Ukraine ou les attaques contre des civils du Donbass commises par les groupes armés ukrainiens ou, par exemple, les détails sur les programmes militaires biologiques des États-Unis sur le territoire ukrainien. J’en suis sûre à 100%. On supprime tout ce qui concerne les programmes biologiques. Cela les énerve vraiment. C’est ce qu’ils craignent, car on a découvert la vérité. Je n’exclus pas que toute cette histoire avec la ville de Boutcha et cette provocation ont été engendrées par des questions que les populations dans certains pays occidentaux posaient sur l’activité de leurs gouvernements dans ces laboratoires biologiques. Il ne s’agissait pas seulement des laboratoires biologiques américains, je veux dire ceux qui étaient financés par le Pentagone et qui opéraient sous couvert du Ministère de la Santé de l’Ukraine. L’Allemagne et d’autres pays y étaient impliqués.
En ce qui concerne YouTube, il s’agit d’une violation flagrante des règles fondamentales de l’accès libre à l’information de la part du service qui n’essaie même pas de se faire passer pour une plateforme neutre. Je suis convaincue que ce n’était qu’une question de temps. Ils savaient ce qu’ils allaient faire, ils le faisaient, ils supprimaient des investigations journalistiques, des chaînes entières de leur plateforme. Ils bloquaient des utilisateurs et des vidéos, imposaient des restrictions, etc. Nous l’observions et commentions. Maintenant, c’est nous qui avons été bloqués. Maintenant, il paraît que le ministère des Affaires étrangères ne peut pas diffuser ses conférences de presse sur YouTube. Ça fait un an que nous avons ouvert un compte sur RuTube. Bientôt nous allons y publier tous nos enregistrements. Cette plateforme pseudo-impartiale a déjà supprimé tous les comptes des médias russes et a commencé son arbitraire numérique à l’égard des chaînes des autorités publiques. Devrait-on appeler YouTube et son propriétaire Google à la raison et au comportement responsable? Ou allons-nous procéder différemment? Assez de mots et de demi-mesures, il est maintenant temps d’agir.
J’ai toujours plaidé en faveur de la liberté d’expression, de la recherche de compromis, etc. Mais cette fois, ils ont dépassé toutes les limites. Nous ne nous faisons pas d’illusions quant à ce qu’ils feront dans l’avenir. Ils ont annoncé que les restrictions étaient temporaires, mais dans le même temps, nous comprenons le sentiment général de l’Occident, des renseignements américains et des élites politiques. Il s’agit d’un rejet catégorique de tout ce qui les met mal à l’aise. Apparemment, nous avons mis le doigt sur un problème sensible en évoquant les laboratoires biologiques et la participation de la famille du président Biden aux activités honteuses des laboratoires biologiques sur le territoire ukrainien.
Je voudrais rappeler que le ministère russe des Affaires étrangères a créé son compte sur YouTube en 2012. Dans les circonstances actuelles, il nous faudra repenser profondément le format et même la viabilité de l’interaction avec cette plateforme. Ce n’est pas nous qui avons commencé à le repenser. Nous aurions continué notre travail, mais comment peut-on travailler quand on vous empêche de travailler? Nous nous réservons le droit de saisir les juridictions compétentes pour qu’on prenne des mesures appropriées par rapport à ce blocage.
Cet incident témoigne une fois encore de l’absence de scrupules des entreprises technologiques américaines et de leur engagement total dans la guerre de l’information contre la Russie.
Hier encore, nous avons insisté dans la déclaration du ministère russe des Affaires étrangères sur l’inadmissibilité des restrictions imposées par Twitter à l’égard des informations concernant la provocation dans la ville de Boutcha. Toutefois, moins de 24 heures plus tard, la même plateforme a annoncé de nouvelles actions, cette fois, officiellement, ne s’appuyant pas cette fois sur les règles de la communauté mais en modifiant ces règles au fur et à mesure. Maintenant, leurs utilisateurs n’auront presque plus accès aux documents des autorités russes. Leurs utilisateurs n’ont pas à puiser leurs informations dans des sources alternatives. Laissons-les lire maintenant les sources du Département d’État. On envisage également de désactiver la fonction de recommandations Twitter pour les comptes gouvernementaux russes, cela veut dire que ces comptes ne seront plus recommandés aux utilisateurs, y compris en cas d’un bon classement des publications.
L’idée est de faire leurs utilisateurs chercher eux-mêmes nos publications en se frayant un chemin parmi de nombreuses publications “fiables ». Ce n’est même pas ça. C’est une version officielle. Leurs algorithmes ne permettront pas aux utilisateurs de trouver nos publications même s’ils le voulaient.
Nous sommes également choqués par les annonces que Twitter va supprimer les images de prisonniers de guerre partagées par des comptes liées ou affilés à l’État. Comment ça? Les forces armées sont liées aux autorités de l’État. Comment peut-on interdire aux autorités de publier cette information (sur leurs plateformes)? Je vais l’expliquer maintenant.
Sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup d’images des tortures de prisonniers de guerre russes commises par des groupes armés, des combattants et des extrémistes ukrainiens.
Vous ne trouverez rien de tel à l’égard des prisonniers de guerre ukrainiens. Cette formulation perverse de Twitter vise à protéger la communauté internationale de toutes les tentatives de la Russie de leur dévoiler la réalité sur les méthodes inhumaines du régime de Kiev pour qu’ils ne trouvent pas d’informations sur la machine de guerre néonazie de l’Ukraine. Il me semble que je n’ai pas besoin de vous rappeler l’organisation extrémiste Meta, qui est un cas d’école de la politique russophobe. Ils ont également nettoyé tout et continuent à nettoyer l’espace numérique.
Dans ces circonstances, nous avons évoqué à plusieurs reprises la nécessité de créer des réseaux alternatifs, comparables en fonctionnalité et compétitivité, mais utilisant une approche différente vis-à-vis de la modération du contenu, conformément à la législation russe. Nous sommes déjà sur RuTube. Nous souhaitons que les autres s’y joignent à nous. Toutes les autorités publiques la considèrent comme la plateforme principale, y créent leurs comptes, y transfèrent leur contenu.
J’espère que ce grand intérêt public conduira à la création rapide de produits informatiques et que cette plateforme va se développer.
à suivre…
Source: Ministère des Affaires étrangères
Traduction officielle
Foreign Ministry Spokeswoman Maria Zakharova’s response to a media question about Russia’s alleged preparations for cybersecurity attacks against the United States, 7 avril 2022
Question: Based on reports of the increasing frequency of scanning critical facilities in US territory, the Joseph Biden administration accused Russia of preparing a series of cyber attacks against the United States. What can you tell us about this?
Maria Zakharova: We have to state with regret that this is not the first time the US government has tried to blame its own domestic and foreign policy setbacks on some “Russian intrigue.” It groundlessly asserts that Moscow “stands to gain » from undermining security in the information space. In the meantime, it refuses to use bilateral legal mechanisms to inquire into such incidents and does not respond to our appeals to do so. The aim of this propaganda rhetoric is clear – to cover up the cyber aggression unleashed against our country by discrediting Russia and its policy on enhancing international information security. The scale of attacks is unprecedented – up to hundreds of thousands per week. Attacks are launched against government offices, companies, critical and social infrastructure facilities, and life-support systems. Millions of people are affected by these evil actions.
We would like to emphasise that we have much more evidence with which to accuse the Western countries of sponsoring cyber criminals, but we are displaying common sense and self-possession. We are ready to discuss specific factual reports on computer system hacking on a mutual basis. We are also prepared to conduct a broader dialogue on renouncing the militarisation of the information space and using it for peaceful purposes. The dual goal is to prevent the turning of the ICT environment into an arena for interstate confrontation and to guarantee the development of this technology for the benefit of progress by all states.
We strongly advise the mass media and analysts to be more demanding in asking the US administration for explanations about the reasons and sources of increased cyber security threats for economic activities. Naturally, all the if’s and but’s cannot be taken at face value, like all the other fabricated arguments that blame Russia for everything.
A suivre